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La période précédant 1914 avait été marquée par de fortes grèves, notamment à Petrograd où les [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont influents. En 1914, la mobilisation et le [[Nationalisme|nationalisme]] mettent dans un premier temps un coup d'arrêt à la [[Lutte_de_classes|lutte de classes]]. Mais la situation économique et sociale se dégrade vite. La guerre a brusquement coupé le pays des marchés européens dont il dépendait largement. Dans les villes comme dans les campagnes, la misère s’aggravait, pendant que l’opulence et la corruption régnaient à la Cour, dans l’[[Aristocratie|aristocratie]] et la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. L'hiver 1916-1917 fut très rude. A Petrograd, il n’y avait plus de viande et presque plus de farine. Une cinquantaine d’usines avaient fermé leurs portes faute de fuel ou d’électricité. Dans le vaste pays, les paysans pauvres réclament des terres, et les [[Minorités_nationales_en_Russie|minorités nationales opprimées]] se révoltent. Le 9 janvier, à l’occasion du 12<sup>e</sup> anniversaire de la [[Révolution_russe_(1905)|révolution de 1905]], le nombre de grévistes, à Petrograd, s’élevait à 145 000, soit près d’un tiers de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] de la capitale. Au cours de cette grève, des manifestations se déroulèrent à Petrograd, Moscou, Bakou, Nijni Novgorod. L'idée de [[Grève_générale|grève générale]] se fait jour. Un rapport de l'[[Okhrana|Okhrana]] sur la situation à Petrograd au début de l'année conclut ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;la société aspire à trouver une issue à une situation politique anormale qui devient, de jour en jour, de plus en plus anormale et tendue&nbsp;»''.
 
La période précédant 1914 avait été marquée par de fortes grèves, notamment à Petrograd où les [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont influents. En 1914, la mobilisation et le [[Nationalisme|nationalisme]] mettent dans un premier temps un coup d'arrêt à la [[Lutte_de_classes|lutte de classes]]. Mais la situation économique et sociale se dégrade vite. La guerre a brusquement coupé le pays des marchés européens dont il dépendait largement. Dans les villes comme dans les campagnes, la misère s’aggravait, pendant que l’opulence et la corruption régnaient à la Cour, dans l’[[Aristocratie|aristocratie]] et la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. L'hiver 1916-1917 fut très rude. A Petrograd, il n’y avait plus de viande et presque plus de farine. Une cinquantaine d’usines avaient fermé leurs portes faute de fuel ou d’électricité. Dans le vaste pays, les paysans pauvres réclament des terres, et les [[Minorités_nationales_en_Russie|minorités nationales opprimées]] se révoltent. Le 9 janvier, à l’occasion du 12<sup>e</sup> anniversaire de la [[Révolution_russe_(1905)|révolution de 1905]], le nombre de grévistes, à Petrograd, s’élevait à 145 000, soit près d’un tiers de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] de la capitale. Au cours de cette grève, des manifestations se déroulèrent à Petrograd, Moscou, Bakou, Nijni Novgorod. L'idée de [[Grève_générale|grève générale]] se fait jour. Un rapport de l'[[Okhrana|Okhrana]] sur la situation à Petrograd au début de l'année conclut ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;la société aspire à trouver une issue à une situation politique anormale qui devient, de jour en jour, de plus en plus anormale et tendue&nbsp;»''.
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L'opposition libérale à la Douma, regroupée dans un "bloc progressiste" autour du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (KD), critiquait non pas la guerre mais l'incapacité du gouvernement tsariste. Elle multipliait donc les appels à un gouvernement de coalition. Mais elle resta toujours strictement légaliste. Malgré leurs critiques, les KD voulait conserver l'ordre à tout prix. Ainsi leur chef [[Milioukov|Milioukov]] disait : ''«&nbsp;Nous marchons sur un volcan... La tension a atteint son extrême degré... Il suffirait d'une allumette jetée par imprudence pour provoquer un épouvantable incendie... Quel que soit le pouvoir — mauvais ou bon — un pouvoir ferme est, pour l'instant, plus nécessaire que jamais.&nbsp;»''
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Certains dans le gouvernement de Tsar, un peu plus lucides sur la situation, étaient favorables à un accord avec les KD, et ils savaient que leur libéralisme était plus que modéré. Ainsi le ministre des Affaires étrangères Sazonov disait : ''«&nbsp;Si l'on conduit l'affaire convenablement et si l'on ouvre une échappée, disait les cadets seront les premiers à chercher un accord. Milioukov est un bourgeois fieffé et il redoute plus que tout la révolution sociale. Au surplus, la plupart des cadets tremblent pour leurs capitaux.&nbsp;»'' Mais la monarchie reste intransigeante jusqu'à sa fin.
    
== Historique ==
 
== Historique ==
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Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et le même jour, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par Michel Rodzianko, ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
 
Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et le même jour, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par Michel Rodzianko, ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
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Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Assemblée constituante]], la légitimité d'un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à tendance [[Libéralisme|libérale]], composé majoritairement de représentants du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire de Russie]] est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des [[Libertés_fondamentales|libertés fondamentales]], le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], l'abolition de la [[Peine_de_mort|peine de mort]], de l'[[Antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, la suppression de la [[Police|police]], la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une [[Amnistie|amnistie]] immédiate de tous les [[Crime_politique|prisonniers politiques]]. L’Église orthodoxe, sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement. Cependant l'Eglise n'est pas [[Séparation_de_l'Eglise_et_de_l'Etat|séparée de l'Etat]] et de l'école, et la gestion de l'état civil lui est laissée... Le [[Droit_au_divorce|droit au divorce]] n'est pas accordé aux femmes.
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Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Assemblée constituante]], la légitimité d'un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à tendance [[Libéralisme|libérale]], composé majoritairement de représentants du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti KD]] (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire de Russie]] est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des [[Libertés_fondamentales|libertés fondamentales]], le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], l'abolition de la [[Peine_de_mort|peine de mort]], de l'[[Antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, la suppression de la [[Police|police]], la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une [[Amnistie|amnistie]] immédiate de tous les [[Crime_politique|prisonniers politiques]]. L’Église orthodoxe, sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement. Cependant l'Eglise n'est pas [[Séparation_de_l'Eglise_et_de_l'Etat|séparée de l'Etat]] et de l'école, et la gestion de l'état civil lui est laissée... Le [[Droit_au_divorce|droit au divorce]] n'est pas accordé aux femmes.
    
Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un [[Double_pouvoir|double pouvoir]], où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du [[Régime_parlementaire|parlementarisme]]. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière directe les «&nbsp;masses&nbsp;».
 
Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un [[Double_pouvoir|double pouvoir]], où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du [[Régime_parlementaire|parlementarisme]]. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière directe les «&nbsp;masses&nbsp;».

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