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Bakounine reprochait à Marx une trop forte [[Centralisme|centralisation]] autour du Conseil général de Londres, prônant un fonctionnement plus fédéral. Certains [[Anarchistes|anarchistes]] ont défendu par la suite que le marxisme conduisait à la notion d'[[Avant-garde|avant-garde]] [[Léniniste|léniniste]] et que le léninisme conduisait au [[Stalinisme|stalinisme]].
 
Bakounine reprochait à Marx une trop forte [[Centralisme|centralisation]] autour du Conseil général de Londres, prônant un fonctionnement plus fédéral. Certains [[Anarchistes|anarchistes]] ont défendu par la suite que le marxisme conduisait à la notion d'[[Avant-garde|avant-garde]] [[Léniniste|léniniste]] et que le léninisme conduisait au [[Stalinisme|stalinisme]].
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Les marxistes répondent généralement que l'avant-garde est une réalité de fait dans tout mouvement politique, et que la méthode de Bakounine centrée sur l'insurrection encouragée par des [[sociétés_secrètes|sociétés secrètes]] ne permet pas l'émancipation des travailleur-se-s.
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Les marxistes répondent généralement que l'avant-garde est une réalité de fait dans tout mouvement politique, et que la méthode de Bakounine centrée sur l'insurrection encouragée par des [[Sociétés_secrètes|sociétés secrètes]] ne permet pas l'émancipation des travailleur-se-s.
    
=== Lutte des classes ===
 
=== Lutte des classes ===
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Lors de sa demande collective d’adhésion à l’AIT, l'Alliance comprenait dans son programme ''« l’égalisation des classes et des individus »''. Marx critique cette formule en disant qu'il ne s’agit pas d’égaliser les classes, mais de les supprimer. Dans sa lettre à Marx du 22 décembre 1868, Bakounine lui donne raison et explique cette confusion de vocabulaire par la nécessité d’avoir à convaincre l’auditoire bourgeois de la Ligue de la Paix et de la Liberté.
 
Lors de sa demande collective d’adhésion à l’AIT, l'Alliance comprenait dans son programme ''« l’égalisation des classes et des individus »''. Marx critique cette formule en disant qu'il ne s’agit pas d’égaliser les classes, mais de les supprimer. Dans sa lettre à Marx du 22 décembre 1868, Bakounine lui donne raison et explique cette confusion de vocabulaire par la nécessité d’avoir à convaincre l’auditoire bourgeois de la Ligue de la Paix et de la Liberté.
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=== L'abstentionnisme électoral ===
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=== L'abstentionnisme politique et électoral ===
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Alors que les marxistes ont toujours considéré qu'il était utile pour le mouvement ouvrier de faire de la politique au sein des institutions créées par la bourgeoisie, au moins pour y faire de l'[[Agitation|agitation]], Bakounine défendait une position d'[[Abstentionnisme|abstentionnisme]]. Par exemple ses partisans au congrès régional de la fédération romande (avril 1870) écrivaient :
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<blockquote>«&nbsp;toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise gouvernementale ne peut avoir d'autre résultat que la consolidation de l'ordre des choses existant, ce qui paralyserait l'action révolutionnaire socialiste du prolétariat. Le congrès romand commande à toutes les sections de l'AIT de renoncer à toute action ayant pour but d'opérer la transformation sociale au moyen des réformes politiques nationales, et de porter toute leur activité sur la constitution fédérative de corps de métiers, seul moyen d'assurer le succès de la révolution sociale. Cette fédération est la véritable représentation du travail, qui doit avoir lieu absolument en dehors des gouvernements politiques.&nbsp;»</blockquote>
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La conférence de Londres de septembre 1871 confirme la position de Marx sur la question politique, en renvoyant à l'Adresse inaugurale de l'AIT qui disait ''«&nbsp;la conquête du pouvoir politique est devenue le premier devoir de la classe ouvrière&nbsp;»''<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref>. La légitimité de cette conférence sera aussitôt attaquée par les jurassiens. Cette question était cependant peu claire, et l''’Adresse,'' presque inconnue en France, n’avait jamais été discutée par un congrès.
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Bakounine se défendait d'être indifférent à la politique. Par exemple, il avait combattu l'attitude de certains de ses partisans dans la fédération romande, qui soutenaient que les questions politiques et religieuses étaient étrangères à l’association, afin de mieux permettre l’entrée en son sein d’anciens membres du parti radical suisse (parti bourgeois).<ref>Voir la série d’articles intitulée ''Politique de l’Internationale'' qu'il écrit en 1869 dans ''L’Égalité'' de Genève</ref>
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Alors que les marxistes ont toujours considéré qu'il était utile pour le mouvement ouvrier de faire de la politique au sein des institutions créées par la bourgeoisie, au moins pour y faire de l'[[agitation|agitation]], Bakounine défendait une position d'[[abstentionnisme|abstentionnisme]]. Par exemple ses partisans au congrès régional de la fédération romande (avril 1870) écrivaient :
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«&nbsp;toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise gouvernementale ne peut avoir d'autre résultat que la consolidation de l'ordre des choses existant, ce qui paralyserait l'action révolutionnaire socialiste du prolétariat. Le congrès romand commande à toutes les sections de l'AIT de renoncer à toute action ayant pour but d'opérer la transformation sociale au moyen des réformes politiques nationales, et de porter toute leur activité sur la constitution fédérative de corps de métiers, seul moyen d'assurer le succès de la révolution sociale. Cette fédération est la véritable représentation du travail, qui doit avoir lieu absolument en dehors des gouvernements politiques.&nbsp;»
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</blockquote>
   
=== Opposition à l'État ===
 
=== Opposition à l'État ===
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Bakounine, en tant qu'anarchiste, se disait opposé à l'Etat. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] ont toujours considéré que l'Etat était une conséquence des sociétés de classes, et qu'il ne pourrait y avoir extinction de l'Etat que sous le [[Communisme|communisme]]. Ils considéraient qu'un [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]] ([[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]) était un mal nécessaire.
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Bakounine, en tant qu'anarchiste, se disait opposé à l'[[Etat|Etat]]. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] ont toujours considéré que l'Etat était une conséquence des sociétés de classes, et qu'il ne pourrait y avoir [[Extinction_de_l'État|extinction de l'Etat]] que sous le [[Communisme|communisme]]. Ils considéraient qu'un [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]] ([[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]) était un mal nécessaire.
    
Bakounine s'opposait à ce raisonnement. Il considérait que tout Etat, y compris s'il s'agit du gouvernement des savants ou des «&nbsp;hommes de génie couronnés de vertu&nbsp;», comme il l'écrit au cours de sa polémique contre [[Mazzini|Mazzini]], crée en permanence ses élites et ses privilèges. Il soutenait que le prolétariat ne pouvait pas administrer tout entière l'infrastructure étatique et serait poussé à déléguer cette gestion à une [[Bureaucratie|bureaucratie]]., qui utiliserait toujours son pouvoir contre le [[Prolétariat|prolétariat]].
 
Bakounine s'opposait à ce raisonnement. Il considérait que tout Etat, y compris s'il s'agit du gouvernement des savants ou des «&nbsp;hommes de génie couronnés de vertu&nbsp;», comme il l'écrit au cours de sa polémique contre [[Mazzini|Mazzini]], crée en permanence ses élites et ses privilèges. Il soutenait que le prolétariat ne pouvait pas administrer tout entière l'infrastructure étatique et serait poussé à déléguer cette gestion à une [[Bureaucratie|bureaucratie]]., qui utiliserait toujours son pouvoir contre le [[Prolétariat|prolétariat]].
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En 1873, dans ''Étatisme et anarchie'', il oppose le ''«&nbsp;[[Communisme|communisme]]&nbsp;»'' à son ''«&nbsp;[[Collectivisme|collectivisme]]&nbsp;»''&nbsp;:
 
En 1873, dans ''Étatisme et anarchie'', il oppose le ''«&nbsp;[[Communisme|communisme]]&nbsp;»'' à son ''«&nbsp;[[Collectivisme|collectivisme]]&nbsp;»''&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État, tandis que moi je veux l'abolition de l'État... Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.&nbsp;»<ref>Danic Parenteau, ''Les Idéologies Politiques : Le Clivage Gauche-Droite'', [[Presses de l'Université du Québec]], 2008, page 113.</ref></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État, tandis que moi je veux l'abolition de l'État... Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.&nbsp;»<ref>Danic Parenteau, ''Les Idéologies Politiques : Le Clivage Gauche-Droite'', [[Presses de l'Université du Québec]], 2008, page 113.</ref></blockquote>  
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Marx et Bakounine connaissent cependant assez mal leurs positions réciproques. Ainsi, au cours de la polémique, Bakounine ne cesse d’attribuer à Marx des positions qui ne sont pas les siennes (mais celles des [[Lassalliens|Lassalliens]]), ou bien qui ne le sont plus (il ne connaît de Marx que le ''Manifeste'' et l’''Adresse inaugurale''). Or, dès les années 1860, Marx avait tenu à marquer très clairement ses points de désaccord avec les Lassalliens, leur reprochant notamment d’avoir voulu substituer l’aide de l’État à l’action autonome du prolétariat, et à l’occasion de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]], il rappelle que le prolétariat ne doit pas tant prendre le contrôle de la machinerie d’État pour la faire fonctionner à son profit que la briser.
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=== Question nationale ===
 
=== Question nationale ===
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*[https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Polémique_au_sujet_des_prétendues_scissions_de_l’Internationale_»&action=edit&redlink=1 Polémique au sujet des prétendues scissions de l’Internationale],1872  
 
*[https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Polémique_au_sujet_des_prétendues_scissions_de_l’Internationale_»&action=edit&redlink=1 Polémique au sujet des prétendues scissions de l’Internationale],1872  
 
**Voir aussi Marx-Engels, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1872/03/scissions.htm ''Les prétendues scissions dans l'Internationale'']  
 
**Voir aussi Marx-Engels, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1872/03/scissions.htm ''Les prétendues scissions dans l'Internationale'']  
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*[https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Étatisme_et_anarchie&action=edit&redlink=1 Étatisme et anarchie], 1873  
 
*[https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Étatisme_et_anarchie&action=edit&redlink=1 Étatisme et anarchie], 1873  

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