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La rupture entre Bakounine et Netchaïev éclate en juin 1870. Netchaïev dérobe à Ogarev des documents qu'il juge compromettants, la menace de leur possible utilisation lui permettant de garder Ogarev sous sa coupe. Il refuse, en outre, de signer un reçu pour les sommes du fonds Bakhmetev qui lui ont été versées. Ogarev et Bakounine comprennent qu'ils ont été trompés. Bakounine écrit à Netchaïev une longue lettre<ref>Michel Bakounine, ''Œuvres complètes'', volume 5, ''Relations avec Serge Netchaïev'', pages 221-253, Ivrea, 1977.</ref> dans laquelle il rejette vigoureusement les conceptions autoritaires et les méthodes manipulatrices de Netchaïev.
 
La rupture entre Bakounine et Netchaïev éclate en juin 1870. Netchaïev dérobe à Ogarev des documents qu'il juge compromettants, la menace de leur possible utilisation lui permettant de garder Ogarev sous sa coupe. Il refuse, en outre, de signer un reçu pour les sommes du fonds Bakhmetev qui lui ont été versées. Ogarev et Bakounine comprennent qu'ils ont été trompés. Bakounine écrit à Netchaïev une longue lettre<ref>Michel Bakounine, ''Œuvres complètes'', volume 5, ''Relations avec Serge Netchaïev'', pages 221-253, Ivrea, 1977.</ref> dans laquelle il rejette vigoureusement les conceptions autoritaires et les méthodes manipulatrices de Netchaïev.
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Le 14 août 1872, Netchaïev est finalement arrêté par la police suisse et extradé le 26 octobre vers la Russie. Son procès, qui s'ouvre en janvier 1873 à Moscou, révèle l'existence d'un document étrange, ''Le catéchisme du révolutionnaire''<ref>À ne pas confondre avec le ''Catéchisme révolutionnaire'' de la Fraternité Internationale qui date quant à lui de 1865. Les deux textes sont consultables sur [[Wikisource]], le premier y est attribué à Bakounine, le second à Netchaïev.</ref>, qui suscite beaucoup de questions. Il est en effet difficile, compte tenu de l'absence de sources, de savoir dans quelle mesure Bakounine a participé à la rédaction de ce texte.
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Le 14 août 1872, Netchaïev est finalement arrêté par la police suisse et extradé le 26 octobre vers la Russie. Son procès, qui s'ouvre en janvier 1873 à Moscou, révèle l'existence d'un document étrange, ''Le catéchisme du révolutionnaire''<ref>À ne pas confondre avec le ''Catéchisme révolutionnaire'' de la Fraternité Internationale qui date quant à lui de 1865. Les deux textes sont consultables sur Wikisource, le premier y est attribué à Bakounine, le second à Netchaïev.</ref>, qui suscite beaucoup de questions. Il est en effet difficile, compte tenu de l'absence de sources, de savoir dans quelle mesure Bakounine a participé à la rédaction de ce texte.
    
==== La guerre de 1870 ====
 
==== La guerre de 1870 ====
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==== Le congrès de La Haye ====
 
==== Le congrès de La Haye ====
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La scission de la Première Internationale n'est pas due à une querelle de personnes<ref>Annie Kriegel écrit par exemple ''L'Association internationale des Travailleurs (1864-1876)'', dans ''Histoire générale du socialisme'', vol. 1 (Des origines à 1875), Jacques Droz (dir.), P.U.F., 1972, p. 621-622 : « Mais par-delà le conflit de personnes, c'est, entre Bakounine et Marx, un conflit d'ordre théorique fondamental qui porte, en particulier, sur deux points : sur le problème de la discipline intérieure de l'AIT, les bakouninistes exigeant l'autonomie complète pour les sections ou fédérations nationales et la fin de la </ref>. Certes, la différence de tempérament entre Marx et Bakounine a joué son rôle. Fondamentalement, toutefois, le conflit reste [[Idéologie|idéologique]] et [[Organisation|organisationnel]]. Ce sont deux logiques du socialisme qui s'affrontent à cet instant. La branche «&nbsp;libertaire&nbsp;» et la branche «&nbsp;autoritaire&nbsp;» du socialisme - pour reprendre une terminologie propre aux anarchistes - se séparent. Les points de friction sont au nombre de deux. Tout d'abord la question de l'organisation&nbsp;: faut-il une Internationale constituée de fédérations autonomes ou une organisation dont la centralisation permet une meilleure coordination&nbsp;? Ensuite sur la question de la politique&nbsp;: faut-il faire de l'Internationale une organisation de masse qui privilégie l'action économique (préfigurant ainsi le [[Syndicalisme_révolutionnaire|syndicalisme révolutionnaire]]) ou un parti politique qui défend les intérêts de classe du prolétariat en jouant le jeu de la démocratie bourgeoise pour la dépasser&nbsp;? Ces questions ne pouvaient pas être résolues dans le cadre de l'AIT.
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La scission de la Première Internationale n'est pas qu'une querelle de personnes, même si la différence de tempérament entre Marx et Bakounine a joué un rôle. Il s'agit d'une rupture politique entre deux courants du socialisme, sur deux principales questions&nbsp;:
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Aussi, avec un recul que ne pouvaient pas avoir les protagonistes du conflit, les péripéties de la scission apparaissent bien anecdotiques. La rupture est immédiatement consécutive au congrès de La Haye (du 2 au 9 septembre 1872). Il s'agit du premier véritable congrès après celui de Bâle, en 1869. La série des congrès avait été interrompue par la guerre franco-prussienne, seule une «&nbsp;conférence&nbsp;» ayant pu se tenir à Londres en septembre 1871. Le conflit s'est entre-temps envenimé, notamment en Suisse et en Espagne.
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*La question de l'organisation&nbsp;: faut-il une Internationale constituée de [[Fédéralisme|fédérations]] autonomes ou un [[Centralisme|centralisme]] permettant une meilleure coordination&nbsp;?
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*La question de la politique&nbsp;: faut-il faire de l'Internationale une organisation qui privilégie l'action économique (préfigurant ainsi le [[Syndicalisme_révolutionnaire|syndicalisme révolutionnaire]]) ou un parti politique qui défend les intérêts de classe du prolétariat y compris dans les élections bourgeoises&nbsp;?
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James Guillaume s'emploie à démontrer dans le détail comment la majorité du congrès de La Haye aurait été fabriquée et ne représenterait pas le véritable rapport de forces dans l'Internationale<ref>Guillaume discute notamment la validité d'un certain nombre de mandats. Le simple fait de choisir La Haye comme lieu du congrès a toutefois été déterminant quant aux résultats de celui-ci. En effet, les règlements administratifs de l'Internationale, qui permettaient à chaque section d'envoyer au congrès un délégué avec voix délibérative, donnaient ''de facto'' une sur-représentation aux sections les plus proches géographiquement, compte tenu des difficultés économiques que la plupart des sections éprouvaient à envoyer un délégué. Pour ces raisons, Paul Lafargue avait dans un premier temps suggéré à Engels (dans une lettre du 17 mai 1872) d'organiser le congrès en Angleterre : </ref>. D'autant plus que les Italiens ont décidé de ne pas venir et que les délégués espagnols ([[Tomás_González_Morago|Morago]], [[Nicolas_Marselau|Marselau]], [[Rafael_Farga_i_Pellicer|Farga Pellicer]] et [[Charles_Alerini|Alerini]]) ont reçu le mandat impératif de ne pas participer aux votes tant que les congressistes n'auraient pas une représentativité proportionnelle au nombre des adhérents qu'ils représentent. Le congrès exclut Guillaume et Bakounine, en l'absence de ce dernier, l'exclusion d'[[Adhémar_Schwitzguébel|Adhémar Schwitzguébel]] n'étant pas prononcée<ref>Exclusion de Bakounine décidée par 27 voix pour, 6 contre et 7 abstentions. Exclusion de Guillaume par 25 voix pour, 9 contre, 8 abstentions. Exclusion de Schwitzguébel repoussée par 17 voix contre, 15 pour et 7 abstentions. Compte rendu du congrès de La Haye dans Jacques Freymond, La Première Internationale. Recueil de documents, volume 2. Droz (Genève), 1962.</ref>. Les motifs de l'exclusion de Bakounine ont déjà été évoqués&nbsp;: la création de l'Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste, «&nbsp;fondée avec des statuts complètement opposés à ceux de l'Internationale&nbsp;» lui est reprochée au premier chef, les accusations d'escroquerie liées à l'épisode Netchaïev étant évoquées en sus. Le congrès décide en outre un renforcement des pouvoirs du Conseil général, ainsi que son transfert aux États-Unis. Enfin, une résolution du congrès déclare que «&nbsp;le prolétariat ne peut agir comme classe qu'en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes.&nbsp;»
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La rupture est immédiatement consécutive au congrès de La Haye (du 2 au 9 septembre 1872). Il s'agit du premier véritable congrès après celui de Bâle, en 1869. James Guillaume s'emploie à démontrer dans le détail comment la majorité du congrès de La Haye aurait été fabriquée et ne représenterait pas le véritable rapport de forces dans l'Internationale. Il<span class="reference-text">discute notamment la validité d'un certain nombre de mandats.</span>
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<span class="reference-text">Ce qui a certainement joué un rôle majeur, c'est la localisation du congrès. En effet, les règlements administratifs de l'Internationale, qui permettaient à chaque section d'envoyer au congrès un délégué avec voix délibérative, donnaient ''de facto'' une sur-représentation aux sections les plus proches géographiquement, compte tenu des difficultés économiques que la plupart des sections éprouvaient à envoyer un délégué. Pour ces raisons, [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]] avait dans un premier temps suggéré à Engels d'organiser le congrès en Angleterre&nbsp;: </span>''«&nbsp;les Bakounistes y seraient coulés avant de paraître&nbsp;»<ref>Lettre de Paul Lafargue à Engels du 17 mai 1872</ref>''<span class="reference-text">Genève avait ensuite été envisagé. Lorsque le Conseil général choisit finalement La Haye, Henri Perret écrit à Jung (7 juillet 1872)&nbsp;: </span>''«&nbsp;Si le Congrès avait eu lieu à Genève, vous aviez trente délégués, rien que de Genève, parfaitement assurés, plus les autres groupes de la Fédération romande&nbsp;; les Allemands auraient eu un bon nombre de délégués [...] nous étions sûrs d'une belle majorité&nbsp;»''<span class="reference-text">Le choix de La Haye (séance du Conseil général du 18 juin 1872) au détriment de Genève avait pour avantage de rendre la présence de Bakounine pratiquement impossible, l'accès de la France et de l'Allemagne lui étant interdit. La décision du Conseil général entraîna, outre la décision des italiens de ne pas se rendre au congrès, une protestation (le 15 juillet) du Comité fédéral jurassien qui jugeait le lieu "extrêmement excentrique".</span>
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D'autant plus que les Italiens ont décidé de ne pas venir et que les délégués espagnols ([[Tomás_González_Morago|Morago]], [[Nicolas_Marselau|Marselau]], [[Rafael_Farga_i_Pellicer|Farga Pellicer]] et [[Charles_Alerini|Alerini]]) ont reçu le mandat impératif de ne pas participer aux votes tant que les congressistes n'auraient pas une représentativité proportionnelle au nombre des adhérents qu'ils représentent. Le congrès exclut Guillaume et Bakounine, en l'absence de ce dernier, l'exclusion d'[[Adhémar_Schwitzguébel|Adhémar Schwitzguébel]] n'étant pas prononcée<ref>Exclusion de Bakounine décidée par 27 voix pour, 6 contre et 7 abstentions. Exclusion de Guillaume par 25 voix pour, 9 contre, 8 abstentions. Exclusion de Schwitzguébel repoussée par 17 voix contre, 15 pour et 7 abstentions. Compte rendu du congrès de La Haye dans Jacques Freymond, La Première Internationale. Recueil de documents, volume 2. Droz (Genève), 1962.</ref>. Les motifs de l'exclusion de Bakounine ont déjà été évoqués&nbsp;: la création de l'Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste, ''«&nbsp;fondée avec des statuts complètement opposés à ceux de l'Internationale&nbsp;»'' lui est reprochée au premier chef, les accusations d'escroquerie liées à l'épisode Netchaïev étant évoquées en sus. Le congrès décide en outre un renforcement des pouvoirs du Conseil général, ainsi que son transfert aux États-Unis. Enfin, une résolution du congrès déclare que ''«&nbsp;le prolétariat ne peut agir comme classe qu'en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes.&nbsp;»''
    
Le congrès de La Haye est à peine clôturé que le 15 septembre 1872 s'ouvre le [[Congrès_de_Saint-Imier|Congrès de Saint-Imier]]. C'est le début de l'Internationale «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;». Il réunit des représentants des fédérations espagnole, italienne, jurassienne, de sections françaises et américaines. Bakounine est l'un des délégués de la fédération italienne. Le congrès de Saint-Imier est le résultat de discussions préparatoires qui se sont déroulées à Amsterdam, dans la continuité du congrès de La Haye, et à Zurich, le 13 septembre, en présence de Bakounine. Les résolutions finales du congrès de Saint-Imier portent indubitablement sa marque.
 
Le congrès de La Haye est à peine clôturé que le 15 septembre 1872 s'ouvre le [[Congrès_de_Saint-Imier|Congrès de Saint-Imier]]. C'est le début de l'Internationale «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;». Il réunit des représentants des fédérations espagnole, italienne, jurassienne, de sections françaises et américaines. Bakounine est l'un des délégués de la fédération italienne. Le congrès de Saint-Imier est le résultat de discussions préparatoires qui se sont déroulées à Amsterdam, dans la continuité du congrès de La Haye, et à Zurich, le 13 septembre, en présence de Bakounine. Les résolutions finales du congrès de Saint-Imier portent indubitablement sa marque.
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L'idée centrale chez Bakounine est la liberté, le bien suprême que le révolutionnaire doit rechercher à tout prix. C'est avant tout au nom de cette liberté qu'il considère qu'il faut abattre ces obstacles que sont Dieu, l'État, et le Capital.
 
L'idée centrale chez Bakounine est la liberté, le bien suprême que le révolutionnaire doit rechercher à tout prix. C'est avant tout au nom de cette liberté qu'il considère qu'il faut abattre ces obstacles que sont Dieu, l'État, et le Capital.
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Certes Bakounine a rationalisé sa définition de la [[Liberté|liberté]], et n'en faisant pas un mot creux comme les [[Démocratie_bourgeoise|démocrates bourgeois]]. Sa notion de liberté s'est séparée de celle des [[Lumières_(philosophie)|Lumières]] et de la [[Révolution_française|Révolution française]], dans ce qu'elle n'est pas une affaire individuelle mais une question sociale. Ainsi, dans ''[[Dieu_et_l'État|Dieu et l'État]]'' en 1882, il réfute [[Jean-Jacques_Rousseau|Jean-Jacques Rousseau]]&nbsp;: le bon sauvage, qui aliène sa liberté à partir du moment où il vit en société, n'a jamais existé. Au contraire, c'est le fait social qui crée la liberté&nbsp;: ''«&nbsp;Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d'autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté.&nbsp;»''<ref>Michel Bakounine, ''L'Empire Knouto-Germanique et la révolution sociale 1870-1871'', [[Institut international d'histoire sociale]], Champ libre, 1982, page 173.</ref> La véritable liberté n'est pas possible sans l'égalité de fait (économique, politique et sociale).
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Certes Bakounine a rationalisé sa définition de la [[Liberté|liberté]], et n'en faisant pas un mot creux comme les [[Démocratie_bourgeoise|démocrates bourgeois]]. Sa notion de liberté s'est séparée de celle des [[Lumières_(philosophie)|Lumières]] et de la [[Révolution_française|Révolution française]], dans ce qu'elle n'est pas une affaire individuelle mais une question sociale. Ainsi, dans ''[[Dieu_et_l'État|Dieu et l'État]]'' en 1882, il réfute [[Jean-Jacques_Rousseau|Jean-Jacques Rousseau]]&nbsp;: le bon sauvage, qui aliène sa liberté à partir du moment où il vit en société, n'a jamais existé. Au contraire, c'est le fait social qui crée la liberté&nbsp;: ''«&nbsp;Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d'autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté.&nbsp;»''<ref>Michel Bakounine, ''L'Empire Knouto-Germanique et la révolution sociale 1870-1871''</ref> La véritable liberté n'est pas possible sans l'égalité de fait (économique, politique et sociale).
    
Mais l'idée de liberté chez Bakounine reste quelque chose de très émotionnel. Il n'hésitait pas à écrire&nbsp;: ''«&nbsp;Il est fort possible que Marx puisse s’élever théoriquement à un système encore plus rationnel de la liberté que Proudhon, mais l’instinct de la liberté lui manque&nbsp;: il est, de la tête aux pieds, un autoritaire.&nbsp;»<ref name="NoticeBio">https://fr.wikisource.org/wiki/Bakounine/Œuvres/TomeII2</ref>''
 
Mais l'idée de liberté chez Bakounine reste quelque chose de très émotionnel. Il n'hésitait pas à écrire&nbsp;: ''«&nbsp;Il est fort possible que Marx puisse s’élever théoriquement à un système encore plus rationnel de la liberté que Proudhon, mais l’instinct de la liberté lui manque&nbsp;: il est, de la tête aux pieds, un autoritaire.&nbsp;»<ref name="NoticeBio">https://fr.wikisource.org/wiki/Bakounine/Œuvres/TomeII2</ref>''
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Bakounine défendait une conception [[Matérialiste|matérialiste]] du monde. Il reprochait par exemple à l'anarchiste [[Proudhon|Proudhon]] d'être ''«&nbsp;resté toute sa vie un idéaliste incorrigible&nbsp;»'', et reconnaissait à [[Marx|Marx]] sa pertinence dans ce domaine&nbsp;:
 
Bakounine défendait une conception [[Matérialiste|matérialiste]] du monde. Il reprochait par exemple à l'anarchiste [[Proudhon|Proudhon]] d'être ''«&nbsp;resté toute sa vie un idéaliste incorrigible&nbsp;»'', et reconnaissait à [[Marx|Marx]] sa pertinence dans ce domaine&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;Marx, comme penseur, est dans la bonne voie. Il a établi comme principe que toutes les évolutions politiques, religieuses et juridiques dans l’histoire sont, non les causes, mais les effets des évolutions économiques. C’est une grande et féconde pensée, qu’il n’a pas absolument inventée&nbsp;: elle a été entrevue, exprimée en partie, par bien d’autres que lui&nbsp;; mais enfin, à lui appartient l’honneur de l’avoir solidement établie et de l’avoir posée comme base de tout son système économique.&nbsp;»<ref name="NoticeBio" />''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Marx, comme penseur, est dans la bonne voie. Il a établi comme principe que toutes les évolutions politiques, religieuses et juridiques dans l’histoire sont, non les causes, mais les effets des évolutions économiques. C’est une grande et féconde pensée, qu’il n’a pas absolument inventée&nbsp;: elle a été entrevue, exprimée en partie, par bien d’autres que lui&nbsp;; mais enfin, à lui appartient l’honneur de l’avoir solidement établie et de l’avoir posée comme base de tout son système économique.&nbsp;»<ref name="NoticeBio" />''</blockquote>  
Bakounine était par conséquent [[Athée|athée]], Dieu n'étant pour lui que ''«&nbsp;l'être universel, éternel, immuable, créé par la double action de l'imagination religieuse et de la faculté abstractive de l'homme&nbsp;»''<ref>Michel Bakounine, ''Théorie générale de la révolution'', textes assemblés et annotés par Étienne Lesourd, d'après G.P. Maximow, Éditions Les Nuits Rouges, 2008, page 103.</ref>, pure spéculation dont l'origine se trouve dans la dépendance et la peur de phénomènes naturels inexpliqués. Au nom de la liberté, Bakounine attachait une grande importance au combat contre la soumission à l'idée de Dieu&nbsp;: ''«&nbsp;Dieu est, donc l'homme est esclave. L'homme est libre, donc il n'y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons.&nbsp;''»<ref>Michel Bakounine, ''Catéchisme de la franc-maçonnerie moderne''. Cité par Jean Préposiet, ''Histoire de l'anarchisme'', Tallandier, 1993.</ref>. On peut voir aussi dans le titre de sa brochure [[Dieu_et_l'Etat|''Dieu et l'Etat'']] la centralité qu'avait la critique de la religion chez Bakounine, et qu'elle gardera globalement dans le mouvement [[Anarchiste|anarchiste]] (avec par exemple le slogan [[Ni_Dieu_ni_maître|''Ni Dieu ni maître'']]).
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Bakounine était par conséquent [[Athée|athée]], Dieu n'étant pour lui que ''«&nbsp;l'être universel, éternel, immuable, créé par la double action de l'imagination religieuse et de la faculté abstractive de l'homme&nbsp;»''<ref>Michel Bakounine, ''Théorie générale de la révolution'', textes assemblés et annotés par Étienne Lesourd, d'après G.P. Maximow, Éditions Les Nuits Rouges, 2008, page 103.</ref>, pure spéculation dont l'origine se trouve dans la dépendance et la peur de phénomènes naturels inexpliqués. Au nom de la liberté, Bakounine attachait une grande importance au combat contre la soumission à l'idée de Dieu&nbsp;: ''«&nbsp;Dieu est, donc l'homme est esclave. L'homme est libre, donc il n'y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons.&nbsp;''»<ref>Michel Bakounine, ''Catéchisme de la franc-maçonnerie moderne''. Cité par Jean Préposiet, ''Histoire de l'anarchisme'', Tallandier, 1993.</ref>. On peut voir aussi dans le titre de sa brochure [[Dieu_et_l'Etat|''Dieu et l'Etat'']] la centralité qu'avait la critique de la religion chez Bakounine, et qu'elle gardera globalement dans le mouvement [[Anarchiste|anarchiste]] (avec par exemple le slogan [[Ni_Dieu_ni_maître|''Ni Dieu ni maître'']]). Par contraste, on peut souligner que dans la propagande [[Marxiste|marxiste]], la critique de la [[Religion|religion]] n'a pas ce rôle central. Néanmoins, Bakounine s'accordait sur le fait qu’il ne saurait être question d’ériger l’athéisme en «&nbsp;principe obligatoire&nbsp;» dans l'[[AIT|AIT]], bien que celui-ci constitue le «&nbsp;point de départ […] ''négatif''&nbsp;» de toute «&nbsp;philosophie sérieuse&nbsp;».
 
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Par contraste, on peut souligner que dans la propagande [[Marxiste|marxiste]], la critique de la [[Religion|religion]] n'a pas ce rôle central.
      
=== L'organisation et l'action révolutionnaire ===
 
=== L'organisation et l'action révolutionnaire ===
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Bakounine et ses partisans se sont souvent opposés aux marxistes sur la question de l'organisation, même s'ils ont cohabité un certain temps dans l'AIT. De fait, Bakounine était souvent plus préoccupé d'actions immédiates très volontaristes que d'organisation sur le long terme.
 
Bakounine et ses partisans se sont souvent opposés aux marxistes sur la question de l'organisation, même s'ils ont cohabité un certain temps dans l'AIT. De fait, Bakounine était souvent plus préoccupé d'actions immédiates très volontaristes que d'organisation sur le long terme.
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Bakounine reprochait à Marx une trop forte [[Centralisme|centralisation]] autour du Conseil général de Londres, prônant un fonctionnement plus fédéral. Certains [[Anarchistes|anarchistes]] ont défendu par la suite que le marxisme conduisait à la notion d'[[Avant-garde|avant-garde]] [[Léniniste|léniniste]] et que le léninisme conduisait au [[Stalinisme|stalinisme]].
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Bakounine reprochait à Marx une trop forte [[Centralisme|centralisation]] autour du Conseil général de Londres, prônant un fonctionnement [[Fédéraliste|fédéraliste]]. Il faisait explicitement le lien avec la société future&nbsp;: ''«&nbsp;Si c’est être mystique et rêveur que de s’imaginer que l’Internationale contient en germe toute l’organisation de la société humaine future, nous nous avouons humblement et mystiques et rêveurs&nbsp;»''. A l'inverse Marx (en lien avec sa notion de [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]) considérait que seule une force suffisamment organisée pouvait vaincre la bourgeoisie&nbsp;:
 
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<blockquote>«&nbsp;Tous les socialistes entendent par anarchie ceci&nbsp;: le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir de l’État qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. L’Alliance prend la chose au rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen le plus infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie.&nbsp;»<ref>[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1872/03/scissions.htm ''Les Prétendues scissions dans l'Internationale''], texte adopté par le conseil général, essentiellement rédigé par Karl Marx. Publié à Genève, 1872</ref></blockquote>
Les marxistes répondent généralement que l'avant-garde est une réalité de fait dans tout mouvement politique, et que la méthode de Bakounine centrée sur l'insurrection encouragée par des [[Sociétés_secrètes|sociétés secrètes]] ne permet pas l'émancipation des travailleur-se-s.
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Certains [[Anarchistes|anarchistes]] ont défendu par la suite que le marxisme conduisait à la notion d'[[Avant-garde|avant-garde]] [[Léniniste|léniniste]] et que le léninisme conduisait au [[Stalinisme|stalinisme]]. D'autres marxistes<ref>Et le situationniste Guy Debord dans ''La Société du Spectacle''</ref> répondent généralement que l'avant-garde est une réalité de fait dans tout mouvement politique, et que la méthode de Bakounine centrée sur l'insurrection encouragée par des [[Sociétés_secrètes|sociétés secrètes]] ne permet pas l'émancipation des travailleur-se-s.
    
=== Lutte des classes ===
 
=== Lutte des classes ===
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La conférence de Londres de septembre 1871 confirme la position de Marx sur la question politique, en renvoyant à l'Adresse inaugurale de l'AIT qui disait ''«&nbsp;la conquête du pouvoir politique est devenue le premier devoir de la classe ouvrière&nbsp;»''<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref>. La légitimité de cette conférence sera aussitôt attaquée par les jurassiens. Cette question était cependant peu claire, et l''’Adresse,'' presque inconnue en France, n’avait jamais été discutée par un congrès.
 
La conférence de Londres de septembre 1871 confirme la position de Marx sur la question politique, en renvoyant à l'Adresse inaugurale de l'AIT qui disait ''«&nbsp;la conquête du pouvoir politique est devenue le premier devoir de la classe ouvrière&nbsp;»''<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref>. La légitimité de cette conférence sera aussitôt attaquée par les jurassiens. Cette question était cependant peu claire, et l''’Adresse,'' presque inconnue en France, n’avait jamais été discutée par un congrès.
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Bakounine se défendait d'être indifférent à la politique. Par exemple, il avait combattu l'attitude de certains de ses partisans dans la fédération romande, qui soutenaient que les questions politiques et religieuses étaient étrangères à l’association, afin de mieux permettre l’entrée en son sein d’anciens membres du parti radical suisse (parti bourgeois).<ref>Voir la série d’articles intitulée ''Politique de l’Internationale'' qu'il écrit en 1869 dans ''L’Égalité'' de Genève</ref>
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Bakounine se défendait d'être indifférent à la politique. Par exemple, il avait combattu l'attitude de certains de ses partisans dans la fédération romande, qui soutenaient que les questions politiques et religieuses étaient étrangères à l’association, afin de mieux permettre l’entrée en son sein d’anciens membres du parti radical suisse (parti bourgeois).<ref>Voir la série d’articles intitulée ''Politique de l’Internationale'' qu'il écrit en 1869 dans ''L’Égalité'' de Genève</ref> La ''Protestation de l’Alliance,'' en juin 1871 écrira ''«&nbsp;nous ne faisons pas abstraction de la politique, puisque nous voulons positivement la tuer&nbsp;»''. Un an plus tard, Bakounine lancera aux marxistes&nbsp;: ''«&nbsp;Entre votre politique et la nôtre, il y a, en effet, un abîme. La vôtre est une politique positive, la nôtre est toute négative.&nbsp;»''
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Suite à son exclusion (juin 1872), Bakounine affirme explicitement que sa tendance ''«&nbsp;repousse ''''toute action politique qui n’aurait point pour but immédiat et direct le triomphe des travailleurs contre le capital'''''<b>&nbsp;».<ref>Bakounine, ''L’Écrit contre Marx'', 1872</ref></b>
    
=== Opposition à l'État ===
 
=== Opposition à l'État ===
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En 1873, dans ''Étatisme et anarchie'', il oppose le ''«&nbsp;[[Communisme|communisme]]&nbsp;»'' à son ''«&nbsp;[[Collectivisme|collectivisme]]&nbsp;»''&nbsp;:
 
En 1873, dans ''Étatisme et anarchie'', il oppose le ''«&nbsp;[[Communisme|communisme]]&nbsp;»'' à son ''«&nbsp;[[Collectivisme|collectivisme]]&nbsp;»''&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État, tandis que moi je veux l'abolition de l'État... Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.&nbsp;»<ref>Danic Parenteau, ''Les Idéologies Politiques : Le Clivage Gauche-Droite'', [[Presses de l'Université du Québec]], 2008, page 113.</ref></blockquote>  
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<blockquote>«&nbsp;Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État, tandis que moi je veux l'abolition de l'État... Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.&nbsp;»</blockquote>  
 
Marx et Bakounine connaissent cependant assez mal leurs positions réciproques. Ainsi, au cours de la polémique, Bakounine ne cesse d’attribuer à Marx des positions qui ne sont pas les siennes (mais celles des [[Lassalliens|Lassalliens]]), ou bien qui ne le sont plus (il ne connaît de Marx que le ''Manifeste'' et l’''Adresse inaugurale''). Or, dès les années 1860, Marx avait tenu à marquer très clairement ses points de désaccord avec les Lassalliens, leur reprochant notamment d’avoir voulu substituer l’aide de l’État à l’action autonome du prolétariat, et à l’occasion de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]], il rappelle que le prolétariat ne doit pas tant prendre le contrôle de la machinerie d’État pour la faire fonctionner à son profit que la briser.
 
Marx et Bakounine connaissent cependant assez mal leurs positions réciproques. Ainsi, au cours de la polémique, Bakounine ne cesse d’attribuer à Marx des positions qui ne sont pas les siennes (mais celles des [[Lassalliens|Lassalliens]]), ou bien qui ne le sont plus (il ne connaît de Marx que le ''Manifeste'' et l’''Adresse inaugurale''). Or, dès les années 1860, Marx avait tenu à marquer très clairement ses points de désaccord avec les Lassalliens, leur reprochant notamment d’avoir voulu substituer l’aide de l’État à l’action autonome du prolétariat, et à l’occasion de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]], il rappelle que le prolétariat ne doit pas tant prendre le contrôle de la machinerie d’État pour la faire fonctionner à son profit que la briser.
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=== Oeuvres complètes ===
 
=== Oeuvres complètes ===
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[https://fr.wikisource.org/wiki/Bakounine/Œuvres [1]]
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[https://fr.wikisource.org/wiki/Bakounine/Œuvres Œuvres sur Wikisource]
    
== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
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*Jean-Christophe Angaut, ''Bakounine jeune hégélien (La philosophie et son dehors)'', ENS Éditions, 2007. {{ISBN|978-2-84788-116-5}}.  
 
*Jean-Christophe Angaut, ''Bakounine jeune hégélien (La philosophie et son dehors)'', ENS Éditions, 2007. {{ISBN|978-2-84788-116-5}}.  
 
*Jean-Christophe Angaut, ''La liberté des peuples - Bakounine et les révolutions de 1848'', Atelier de création libertaire, 2009.  
 
*Jean-Christophe Angaut, ''La liberté des peuples - Bakounine et les révolutions de 1848'', Atelier de création libertaire, 2009.  
*{{pl}} Jacek Uglik, ''Michała Bakunina filozofia negacji'', Varsovie, 2007.  
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*Jacek Uglik, ''Michała Bakunina filozofia negacji'', Varsovie, 2007.  
 
*[[François-Xavier_Coquin|François-Xavier Coquin]], ''Réflexions en marge d'une "confession"&nbsp;: La confession de Bakounine (1851)'', Revue Historique, 1988/2, p. 493-520 in ''Combats pour l'histoire Russe'', L'âge d'homme, 2011, p. 147-176  
 
*[[François-Xavier_Coquin|François-Xavier Coquin]], ''Réflexions en marge d'une "confession"&nbsp;: La confession de Bakounine (1851)'', Revue Historique, 1988/2, p. 493-520 in ''Combats pour l'histoire Russe'', L'âge d'homme, 2011, p. 147-176  
 
*[[Normand_Baillargeon|Normand Baillargeon]], ''L'ordre moins le pouvoir. Histoire et actualité de l'anarchisme'', Agone, 2001 & 2008, Lux Éditeur 2004.  
 
*[[Normand_Baillargeon|Normand Baillargeon]], ''L'ordre moins le pouvoir. Histoire et actualité de l'anarchisme'', Agone, 2001 & 2008, Lux Éditeur 2004.  
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*{{Ouvrage|prénom1=Réné|nom1=Berthier|lien auteur1=René Berthier (libertaire)|titre=Bakounine politique|sous-titre=révolution et contre-révolution en Europe centrale|lieu=Paris|éditeur=Monde libertaire|lien éditeur=Éditions du Monde libertaire|année=1991|pages totales=240|ISBN=  
 
*{{Ouvrage|prénom1=Réné|nom1=Berthier|lien auteur1=René Berthier (libertaire)|titre=Bakounine politique|sous-titre=révolution et contre-révolution en Europe centrale|lieu=Paris|éditeur=Monde libertaire|lien éditeur=Éditions du Monde libertaire|année=1991|pages totales=240|ISBN=  
 
2-903013-19-5}}.  
 
2-903013-19-5}}.  
*{{en}} Robert Graham, ''Anarchism&nbsp;: A Documentary History of Libertarian Ideas'', ''From Anarchy to Anarchism (300 CE to 1939)'', volume I, Black Rose Books, 2005, <small>[https://libcom.org/files/Graham%20R%20(Ed.)%20-%20Anarchism%20-%20A%20Documentary%20History%20of%20Libertarian%20Ideas%20Volume%20One%20-%20From%20Anarchy%20to%20Anarchism%20(300%20CE%20to%201939).pdf texte intégral]</small>.  
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*Robert Graham, ''Anarchism&nbsp;: A Documentary History of Libertarian Ideas'', ''From Anarchy to Anarchism (300 CE to 1939)'', volume I, Black Rose Books, 2005, <small>[https://libcom.org/files/Graham%20R%20(Ed.)%20-%20Anarchism%20-%20A%20Documentary%20History%20of%20Libertarian%20Ideas%20Volume%20One%20-%20From%20Anarchy%20to%20Anarchism%20(300%20CE%20to%201939).pdf texte intégral]</small>.  
 
*James Guillaume, ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', 2 volumes, Éditions Gérard Lebovici, 1985.  
 
*James Guillaume, ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', 2 volumes, Éditions Gérard Lebovici, 1985.  
  

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