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=== Travail domestique, exploitation ? ===
 
=== Travail domestique, exploitation ? ===
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[[File:CapitalismeTravailDomestique.jpg|right|362x299px|CapitalismeTravailDomestique.jpg]]Le [[Travail_domestique|travail domestique]] effectué au sein du foyer (majoritairement par les femmes) n'a pas de [[Valeur_d'échange|valeur d'échange]], et donc pas de [[Survaleur|survaleur]] au sens capitaliste. Il existe néanmoins clairement un travail. La nature de ce travail fait débat. L'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] parlait de «&nbsp;''double oppression&nbsp;: le capitalisme et la dépendance familiale et ménagère''&nbsp;»<ref name="3eCongres" /> même si elle considérait que l'oppression domestique serait vaincue par le communisme.
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[[File:CapitalismeTravailDomestique.jpg|right|362x299px|CapitalismeTravailDomestique.jpg]]Le [[Travail_domestique|travail domestique]] effectué au sein du foyer (majoritairement par les femmes) n'a pas de valeur d'échange, et donc pas de survaleur au sens capitaliste. Il existe néanmoins clairement un travail. La nature de ce travail fait débat.
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Pour certains, le capitalisme a besoin du patriarcat parce qu'il permettrait que les femmes exercent un travail domestique sous-payé. Ce travail n'est pas gratuit, puisqu'il est payé dans le salaire que verse l'employeur pour la reproduction de la [[Force_de_travail|force de travail]]. Mais il est sous-payé car invisibilisé et car c'est souvent l'homme qui "sous-traite" l'essentiel du travail domestique à "sa" femme, tout en conservant l'essentiel du pouvoir de décision sur son salaire.
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En général, celles et ceux qui se revendiquent du féminisme marxiste soutiennent que ce sont principalement les capitalistes qui tirent profit du travail domestique, et que celui-ci est structurellement nécessaire au fonctionnement du capitalisme.
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En 1889, [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] défend le travail des femmes comme une émancipation vis-à-vis du mari&nbsp;:
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Le [[féminisme_matérialiste|féminisme matérialiste]] de Delphy repose au contraire sur l'idée que ce sont principalement les hommes qui tirent profit du travail domestique, qui représente une oppression spécifique qui fonde le [[système_patriarcal|système patriarcal]], distinct du système capitaliste.
<blockquote>«&nbsp;Libérée de sa dépendance économique vis-à-vis de l'homme, la femme [qui travaille] est passée sous la domination économique du capitaliste. D'esclave de son mari, elle est devenue l'esclave de son employeur. Elle n'avait fait que changer de maître. Elle a toutefois gagné au change&nbsp;: sur le plan économique, elle n'est plus un être inférieur subordonné à son mari, elle est son égale.&nbsp;»<ref name="Zetkin1889" /></blockquote>
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En 1898, [[Charlotte_Perkins_Gilman|Charlotte Perkins Gilman]] soutient que pour libérer les femmes du travail domestique, il faut professionnaliser celui-ci.<ref>Charlotte Perkins Gilman, [https://en.wikipedia.org/wiki/Women_and_Economics ''Women and Economics''], 1898</ref>
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En 1918, la [[Syndicaliste|syndicaliste]] [[Féministe|féministe]] [[Hélène_Brion|Hélène Brion]] mettait en avant le fait que le travail des femmes à la maison n'était pas reconnu. Elle pointait le fait que la loi sur les [[Retraites_en_France|retraites ouvrières]] (1911) «&nbsp;''ne compte le travail ménager comme métier que lorsqu’il est exercé par une mercenaire''&nbsp;»<ref name="Brion1918" />. Lénine décrivait la femme comme ''«&nbsp;une "esclave domestique", confinée dans la chambre à coucher, la chambre des enfants, la cuisine&nbsp;»''<ref name="LénineCaricature">Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref>, et il critiquait le fait que beaucoup d'ouvriers même communistes se comportent en maître à la maison&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Bien peu d'hommes - même parmi le prolétariat - se rendent compte combien d'efforts et de peine ils pourraient épagner aux femmes s'ils donnaient un coup de main dans le "travail des femmes". Mais non, c'est contraire aux "droits et la dignité d'un homme". Ils veulent leur paix et confort. La vie à la maison de la femme est un sacrifice quotidien à mille trivialités. L'ancien droit masculin du maître survit toujours secrètement. [...] Notre travail communiste parmi les femmes, notre travail politique, comporte une grande part de travail d'éducation parmi les hommes.&nbsp;»''<ref name="ZetkinLenine" /></blockquote>
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En 1921, la communiste [[Marthe_Bigot|Marthe Bigot]] écrivait&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;La mari consciencieux, qui rapporte intégralement sa paye au logis, est persuadé en toute bonne foi qu'il est le seul à subvenir à la vie de la maisonnée. Il parle de "ses charges". "Ma femme et mes gosses&nbsp;!" Il croit, et cela c'est de la pure essence de mentalité bourgeoise, que l'argent qu'il apporte a en soi une valeur quelconque&nbsp;! (Vis-à-vis de lui même, son patron a exactement la même appréciation.) Si l'on admet que la véritable valeur dans la société est le travail on peut dire que, dans la famille, le mari et les enfants vivent sur le travail de la femme.&nbsp;»<ref name="BigotServitude" /></blockquote>
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Le [[Féminisme_matérialiste|féminisme matérialiste]] de [[Christine_Delphy|Christine Delphy]] a donné une centralité au travail domestique, notamment pour se distancier de tout [[Naturalisme|naturalisme]]. [[Sylvia_Federici|Sylvia Federici]] a également fait du travail domestique un élément central de sa théorie.
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Pour d'autres, il faut reconnaître que le capitalisme peut très bien fonctionner sans que le travail domestique repose essentiellement sur les femmes. Par exemple [[Christophe_Darmangeat|Christophe Darmangeat]]<ref name="DarmangeatCapitalisme">Christophe Darmangeat, [http://cdarmangeat.blogspot.fr/2014/01/capitalisme-et-patriarcat-quelques.html Capitalisme et patriarcat : quelques réflexions], janvier 2014</ref> ou le groupe DDT21&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Des hommes, voire des robots, effectueraient-ils les corvées quotidiennes que le profit du patron n’en serait pas modifié. Le travail domestique féminin n’est pas une structure nécessaire sans laquelle le capitalisme ne saurait exister.&nbsp;»<ref>DDT21, [http://ddt21.noblogs.org/?page_id=566 Federici contre Marx], octobre 2015</ref>''</blockquote>
   
=== Féminisme et classes sociales ===
 
=== Féminisme et classes sociales ===
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Devant la tendance à la remise en cause de la domination masculine au sein même du capitalisme, certains marxistes pensent néanmoins que l'on ne doit pas affirmer à la va-vite que capitalisme implique patriarcat. Par exemple [[Christophe_Darmangeat|Christophe Darmangeat]] écrit que&nbsp;:
 
Devant la tendance à la remise en cause de la domination masculine au sein même du capitalisme, certains marxistes pensent néanmoins que l'on ne doit pas affirmer à la va-vite que capitalisme implique patriarcat. Par exemple [[Christophe_Darmangeat|Christophe Darmangeat]] écrit que&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Si les féministes marxistes doivent s'opposer aux féministes bourgeois, ce n'est pas, me semble-t-il, en tentant à toute force de démontrer que «&nbsp;l'égalité des sexes&nbsp;» est structurellement impossible dans le système capitaliste. Impossible, sans doute l'est-elle, mais pour des raisons qui se situent sur un tout autre plan que celui de la survie du capital. Au fond, ce qui oppose les communistes aux féministes bourgeois, c'est la volonté d'en finir non seulement avec l'oppression de genre, mais avec toute oppression.&nbsp;»<ref name="DarmangeatCapitalisme" /></blockquote>  
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<blockquote>«&nbsp;Si les féministes marxistes doivent s'opposer aux féministes bourgeois, ce n'est pas, me semble-t-il, en tentant à toute force de démontrer que «&nbsp;l'égalité des sexes&nbsp;» est structurellement impossible dans le système capitaliste. Impossible, sans doute l'est-elle, mais pour des raisons qui se situent sur un tout autre plan que celui de la survie du capital. Au fond, ce qui oppose les communistes aux féministes bourgeois, c'est la volonté d'en finir non seulement avec l'oppression de genre, mais avec toute oppression.&nbsp;»<ref name="DarmangeatCapitalisme">Christophe Darmangeat, [http://cdarmangeat.blogspot.fr/2014/01/capitalisme-et-patriarcat-quelques.html Capitalisme et patriarcat : quelques réflexions], janvier 2014</ref></blockquote>  
 
Parmi les marxistes qui défendent que la fin du capitalisme est une condition nécessaire, il y a des nuances sur le fait que cela soit une condition suffisante. L'idée qui se dégage de la plupart des marxistes classiques est cependant que si des préjugés persistent sous le socialisme, ils finiront pas disparaître en l'absence de base matérielle&nbsp;:
 
Parmi les marxistes qui défendent que la fin du capitalisme est une condition nécessaire, il y a des nuances sur le fait que cela soit une condition suffisante. L'idée qui se dégage de la plupart des marxistes classiques est cependant que si des préjugés persistent sous le socialisme, ils finiront pas disparaître en l'absence de base matérielle&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Les transformations économiques, même si elles sont radicales, n'impliquent pas du même coup un changement immédiat des mentalités, de l'attitude des hommes envers les femmes.&nbsp;» Clara Zetkin<br/> «&nbsp;je ne vois pas par quelles voies une société qui, sur la base du développement acquis par le capitalisme, ayant aboli entre autres la propriété privée des moyens de production, les inégalités matérielles et les frontières, et ayant élevé d'une manière colossale le niveau matériel et moral de l'humanité, pourrait continuer à entretenir l'oppression d'un sexe par un autre&nbsp;» Christophe Darmangeat<ref name="DarmangeatAuto">Christophe Darmangeat, [http://cdarmangeat.blogspot.fr/2014/07/a-propos-de-la-lutte-autonome-des-femmes.html À propos de la lutte « autonome » des femmes], 2014</ref></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Les transformations économiques, même si elles sont radicales, n'impliquent pas du même coup un changement immédiat des mentalités, de l'attitude des hommes envers les femmes.&nbsp;» Clara Zetkin<br/> «&nbsp;je ne vois pas par quelles voies une société qui, sur la base du développement acquis par le capitalisme, ayant aboli entre autres la propriété privée des moyens de production, les inégalités matérielles et les frontières, et ayant élevé d'une manière colossale le niveau matériel et moral de l'humanité, pourrait continuer à entretenir l'oppression d'un sexe par un autre&nbsp;» Christophe Darmangeat<ref name="DarmangeatAuto">Christophe Darmangeat, [http://cdarmangeat.blogspot.fr/2014/07/a-propos-de-la-lutte-autonome-des-femmes.html À propos de la lutte « autonome » des femmes], 2014</ref></blockquote>  
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Les socialistes ont généralement soutenu le droit au [[Divorce|divorce]] dès qu'il a commencé à être porté par les féministes. On peut relever toutefois qu'[[Eleanor_Marx|Eleanor Marx]] semblait le réserver à la société socialiste&nbsp;:
 
Les socialistes ont généralement soutenu le droit au [[Divorce|divorce]] dès qu'il a commencé à être porté par les féministes. On peut relever toutefois qu'[[Eleanor_Marx|Eleanor Marx]] semblait le réserver à la société socialiste&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Par conséquent, bien que nous soyons théoriquement d'accord avec toutes ces idées, nous croyons que si on les réalisait dans notre système actuel, elles entraîneraient dans la pratique, dans la plupart des cas, une injustice encore plus grande pour la femme. L'homme pourrait en tirer un parti avantageux, non pas la femme, si ce n'est les rares fois où elle a des biens personnels ou de quelconques moyens d'existence. La dissolution de l'union signifierait la liberté pour lui, la faim pour elle et ses enfants.&nbsp;»<ref name="ElMarxQF" /></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Par conséquent, bien que nous soyons théoriquement d'accord avec toutes ces idées, nous croyons que si on les réalisait dans notre système actuel, elles entraîneraient dans la pratique, dans la plupart des cas, une injustice encore plus grande pour la femme. L'homme pourrait en tirer un parti avantageux, non pas la femme, si ce n'est les rares fois où elle a des biens personnels ou de quelconques moyens d'existence. La dissolution de l'union signifierait la liberté pour lui, la faim pour elle et ses enfants.&nbsp;»<ref name="ElMarxQF" /></blockquote>  
Lénine écrivait en 1916 que ''«&nbsp;Dans la majorité des cas, le droit au divorce demeure irréalisable en régime capitaliste, car le sexe opprimé y est économiquement écrasé [...] Seuls des gens absolument dépourvus de réflexions ou absolument ignorants du marxisme en tirent [la conclusion que] la liberté du divorce ne sert à rien. [...] Plus la liberté du divorce est complète, et plus il est évident pour la femme que la source de son «&nbsp;esclavage domestique&nbsp;» est le capitalisme, et non l’absence de droits.&nbsp;»''<ref name="LénineCaricature" />
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Lénine écrivait en 1916 que ''«&nbsp;Dans la majorité des cas, le droit au divorce demeure irréalisable en régime capitaliste, car le sexe opprimé y est économiquement écrasé [...] Seuls des gens absolument dépourvus de réflexions ou absolument ignorants du marxisme en tirent [la conclusion que] la liberté du divorce ne sert à rien. [...] Plus la liberté du divorce est complète, et plus il est évident pour la femme que la source de son «&nbsp;esclavage domestique&nbsp;» est le capitalisme, et non l’absence de droits.&nbsp;»''<ref name="LénineCaricature">Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref>
    
Rétrospectivement, la propagande des organisations féminines de la [[Deuxième_internationale|Deuxième]] et de la [[Troisième_internationale|Troisième internationale]] apparait fortement genrée&nbsp;: appel à la paix au nom de la protection des enfants et des "valeurs féminines", centrage sur la maternité... Il y avait cependant une volonté, chez les bolckéviks, d'impliquer les femmes dans les fonctions où elles étaient sous-représentées&nbsp;:
 
Rétrospectivement, la propagande des organisations féminines de la [[Deuxième_internationale|Deuxième]] et de la [[Troisième_internationale|Troisième internationale]] apparait fortement genrée&nbsp;: appel à la paix au nom de la protection des enfants et des "valeurs féminines", centrage sur la maternité... Il y avait cependant une volonté, chez les bolckéviks, d'impliquer les femmes dans les fonctions où elles étaient sous-représentées&nbsp;:
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[[Category:Féminisme]] [[Category:Théorie]] [[Category:Mouvement ouvrier]]
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