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=== Mépris de classe ? ===
 
=== Mépris de classe ? ===
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Des partisans de la Décroissance peuvent parfois faire preuve d'un certain mépris envers "la masse abrutie", les "CONsommateurs", etc. Le thème de la petite minorité qui serait suffisamment intelligente pour se détacher des biens matériels face au troupeau de moutons consuméristes revient souvent. Beaucoup de messages ou de mots d'ordre de décroissants sont très provoquants pour les classes populaires des pays riches.
    
La Une du journal La Décroissance, en septembre 2004, clamait sur cinq colonnes : ''« Vive la pauvreté ! »''. Il n'est pas sûr que les six millions de personnes en France qui vivent des minima sociaux, que les 3 000 chômeurs supplémentaires par jour, qui vont s'inscrire en ce moment au Pôle emploi, apprécient. De même qu'il n'est pas évident que les millions de travailleurs qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois adorent la Une récente du même journal : ''« Merde au pouvoir d'achat ! »''
 
La Une du journal La Décroissance, en septembre 2004, clamait sur cinq colonnes : ''« Vive la pauvreté ! »''. Il n'est pas sûr que les six millions de personnes en France qui vivent des minima sociaux, que les 3 000 chômeurs supplémentaires par jour, qui vont s'inscrire en ce moment au Pôle emploi, apprécient. De même qu'il n'est pas évident que les millions de travailleurs qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois adorent la Une récente du même journal : ''« Merde au pouvoir d'achat ! »''
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Des « actions » prônées par les décroissants telles que les « journées sans achat » ou les « Noël sans cadeaux ».
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Si l'on prend en compte le fait que la plupart des décroissants (comme des militants en général) sont issus de milieux [[Petits-bourgeois|petits-bourgeois]] (sinon par la richesse, par le capital culturel), ce mépris s'apparente à un [[Mépris_de_classe|mépris de classe]].
 
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Il y a beaucoup d'indécence à prôner ainsi la misère dans une société où tant de gens n'ont rien. Mais cela ne dérange visiblement pas trop les décroissants, qui affichent, pour beaucoup d'entre eux, un mépris assez sidérant pour les plus pauvres, les moins cultivés, ceux qui n'auraient pas, comme eux, assez d'intelligence ou de culture pour comprendre que le confort ne sert à rien.
      
=== Une pensée individualiste ===
 
=== Une pensée individualiste ===
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Certains intégristes de la décroissance vont jusqu'à prôner le refus du développement pour les pays les plus pauvres, et même... de la médecine, pour certains d'entre eux. Exagération ? Pas du tout : l'un des principaux théoriciens de la décroissance, Ivan Illich, dénonçait la médecine moderne sous prétexte qu'elle détourne de l'autodiagnostic et de l'automédication. Notons au passage que le même Illich militait contre l'école - une « drogue » censée préparer les futurs adultes à consommer et à en faire des esclaves. Illich a par exemple publié, en 1971, un article sur ''« le potentiel révolutionnaire de la déscolarisation »''. Même si tous les décroissants ne partagent pas forcément ce point de vue, se réclamer aujourd'hui d'un tel auteur est choquant, à une époque où des dizaines de milliers de jeunes des quartiers pauvres, en France, sont ''« déscolarisés »'', sans que le ''« potentiel révolutionnaire »'' de cette catastrophe sociale saute aux yeux...
      
La décroissance apparaît comme une doctrine individuelle et [[Individualisme|individualiste]], dans ses constats comme dans ses modes d'action. Pour une bonne partie de ses promoteurs, il faut ''« se changer soi-même pour changer le monde »'' - ce qui revient à nier toute possibilité d'un changement de société par des moyens de lutte collective.
 
La décroissance apparaît comme une doctrine individuelle et [[Individualisme|individualiste]], dans ses constats comme dans ses modes d'action. Pour une bonne partie de ses promoteurs, il faut ''« se changer soi-même pour changer le monde »'' - ce qui revient à nier toute possibilité d'un changement de société par des moyens de lutte collective.
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=== Des moyens d'action inefficaces ===
 
=== Des moyens d'action inefficaces ===
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Des « actions » prônées par les décroissants telles que les « journées sans achat » ou les « Noël sans cadeaux ».
    
Certains décroissants prônent, comme modèle d'action collective, le boycott des supermarchés pour préférer le ''« lien direct avec le petit producteur »'', celui de cultiver soi-même ses légumes ou de fabriquer ses vêtements, bref, appellent à ''« changer leurs modes de consommation »''. L'idée étant d'étouffer le grand capital en lui coupant l'oxygène que lui procure la vente de ses marchandises.
 
Certains décroissants prônent, comme modèle d'action collective, le boycott des supermarchés pour préférer le ''« lien direct avec le petit producteur »'', celui de cultiver soi-même ses légumes ou de fabriquer ses vêtements, bref, appellent à ''« changer leurs modes de consommation »''. L'idée étant d'étouffer le grand capital en lui coupant l'oxygène que lui procure la vente de ses marchandises.
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Faudrait-il donc boycotter les produits bon marché ? De toute façon, un tel système serait impossible à généraliser dans une société où les capitalistes régentent toute la vie économique et sociale, où ce sont eux qui maîtrisent et la production, et les prix, et les salaires. Mais même érigé en doctrine, pour une société future, ce système est réactionnaire : le vieux Proudhon (même habillé de fibres bio), avec ses communes indépendantes et son retour à la production artisanale, n'est pas plus séduisant aujourd'hui qu'il ne l'était du temps de Marx. Prôner la fin de la grande production industrielle et de l'agriculture mécanisée, la ''« relocalisation de l'économie »'', c'est vouloir faire revenir le monde trois siècles en arrière. Pour nous, l'avenir est à la mondialisation communiste et pas, comme le prétend le décroissant Paul Ariès, à ''« une Europe dont chaque pays aurait ses propres moyens de vivre »''.
 
Faudrait-il donc boycotter les produits bon marché ? De toute façon, un tel système serait impossible à généraliser dans une société où les capitalistes régentent toute la vie économique et sociale, où ce sont eux qui maîtrisent et la production, et les prix, et les salaires. Mais même érigé en doctrine, pour une société future, ce système est réactionnaire : le vieux Proudhon (même habillé de fibres bio), avec ses communes indépendantes et son retour à la production artisanale, n'est pas plus séduisant aujourd'hui qu'il ne l'était du temps de Marx. Prôner la fin de la grande production industrielle et de l'agriculture mécanisée, la ''« relocalisation de l'économie »'', c'est vouloir faire revenir le monde trois siècles en arrière. Pour nous, l'avenir est à la mondialisation communiste et pas, comme le prétend le décroissant Paul Ariès, à ''« une Europe dont chaque pays aurait ses propres moyens de vivre »''.
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=== Des dérapages réactionnaires ===
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A partir du rejet de l'industrie moderne, certains militants de la décroissances glissent parfois jusqu'à un rejet de "la modernité" en général, voire de tout ce qui est trop collectif...
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Le théoricien Ivan Illich dénonçait la médecine moderne sous prétexte qu'elle détourne de l'autodiagnostic et de l'automédication. Il dénonçait aussi l'école - une « drogue » censée préparer les futurs adultes à consommer et à en faire des esclaves. Illich a par exemple publié, en 1971, un article sur ''« le potentiel révolutionnaire de la déscolarisation »''. Même si tous les décroissants ne partagent pas forcément ce point de vue, se réclamer aujourd'hui d'un tel auteur est choquant, à une époque où des dizaines de milliers de jeunes des quartiers pauvres, en France, sont ''« déscolarisés »'', sans que le ''« potentiel révolutionnaire »'' saute aux yeux...
    
=== Une pensée idéaliste ===
 
=== Une pensée idéaliste ===

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