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De nombreux militants révolutionnaires inscrivent aujourd'hui leur lutte dans la perspective de la fin de l'État, entrevoyant une <span class="new">société</span> libérée de toute <span class="new">domination</span> et en particulier de la violence étatique. Mais les descriptions des chemins à suivre pour parvenir à cette fin de l'État sont différentes, entre par exemple les [[Anarchistes|anarchistes]] qui revendiquent l'abolition de l'État, de façon un peu métaphysique, et les marxistes qui parlent plutôt d'extinction de l'État dans la phase supérieure du communisme.
 
De nombreux militants révolutionnaires inscrivent aujourd'hui leur lutte dans la perspective de la fin de l'État, entrevoyant une <span class="new">société</span> libérée de toute <span class="new">domination</span> et en particulier de la violence étatique. Mais les descriptions des chemins à suivre pour parvenir à cette fin de l'État sont différentes, entre par exemple les [[Anarchistes|anarchistes]] qui revendiquent l'abolition de l'État, de façon un peu métaphysique, et les marxistes qui parlent plutôt d'extinction de l'État dans la phase supérieure du communisme.
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== Perspective communiste révolutionnaire ==
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== Perspective marxiste classique ==
    
=== Fondement matérialiste ===
 
=== Fondement matérialiste ===
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Mais si une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]] voit le jour et que les [[Classes_sociales|classes]] sont supprimées, le formidable niveau des forces productives actuelles, géré par la population pour la population, permettra une abondance qui relèguera à la préhistoire toute lutte pour la survie, et ouvrira la voie à une ère de civilisation fraternelle. Dans ces conditions, il n'y a aucun besoin d'un État au dessus de la [[Société|société]], et celui-ci disparaît de lui-même.
 
Mais si une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]] voit le jour et que les [[Classes_sociales|classes]] sont supprimées, le formidable niveau des forces productives actuelles, géré par la population pour la population, permettra une abondance qui relèguera à la préhistoire toute lutte pour la survie, et ouvrira la voie à une ère de civilisation fraternelle. Dans ces conditions, il n'y a aucun besoin d'un État au dessus de la [[Société|société]], et celui-ci disparaît de lui-même.
<blockquote>«&nbsp;Le premier acte dans lequel l'État apparaît réellement comme représentant de toute la société, - la prise de possession des moyens de production au nom de la société, - est en même temps son dernier acte propre en tant qu'État. D'un domaine à l'autre, l'intervention d'un pouvoir d'État dans les rapports sociaux devient superflue et entre alors naturellement en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'État n'est pas , il s'éteint&nbsp;»<ref>Anti-Dühring, [[Friedrich Engels]]</ref> «&nbsp;La société, qui réorganisera la production sur la base d'une association libre et égalitaire des producteurs reléguera toute la machine de l'État là où sera dorénavant sa place&nbsp;: au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze&nbsp;»<ref>L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, [[Friedrich Engels]]</ref></blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Le premier acte dans lequel l'État apparaît réellement comme représentant de toute la société, - la prise de possession des moyens de production au nom de la société, - est en même temps son dernier acte propre en tant qu'État. D'un domaine à l'autre, l'intervention d'un pouvoir d'État dans les rapports sociaux devient superflue et entre alors naturellement en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'État n'est pas , il s'éteint&nbsp;»<ref>Friedrich Engels, [https://www.marxists.org/francais/engels/works/1878/06/fe18780611.htm ''Anti-Dühring''], 1878</ref> «&nbsp;La société, qui réorganisera la production sur la base d'une association libre et égalitaire des producteurs reléguera toute la machine de l'État là où sera dorénavant sa place&nbsp;: au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze&nbsp;»<ref>Friedrich Engels, [https://www.marxists.org/francais/engels/works/1884/00/fe18840000.htm ''L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État''], 1884</ref><br/></blockquote>
 
Cette analyse appuyée sur les contradictions et les possibilités réelles est au coeur du marxisme, car elle en fait non pas une [[Utopie|utopie]] mais le progrès à portée de main. Ainsi l'opposition à l'[[État|État]] n'est pas seulement justifiée par la [[Morale|morale]] (l'État est mauvais, il [[Répression|réprime]], etc...) mais parce qu'il est en travers du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]]. Et l'État n'est pas "aboli" par décret révolutionnaire, mais s'éteint de lui-même.
 
Cette analyse appuyée sur les contradictions et les possibilités réelles est au coeur du marxisme, car elle en fait non pas une [[Utopie|utopie]] mais le progrès à portée de main. Ainsi l'opposition à l'[[État|État]] n'est pas seulement justifiée par la [[Morale|morale]] (l'État est mauvais, il [[Répression|réprime]], etc...) mais parce qu'il est en travers du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]]. Et l'État n'est pas "aboli" par décret révolutionnaire, mais s'éteint de lui-même.
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Le seul véritable [[État_ouvrier|État ouvrier]] que l'on connaisse est celui issu de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution d'Octobre 1917]]. Malheureusement la révolution n'a finalement pas été victorieuse car contenue en Russie malgré la vague révolutionnaire qui a suivi la [[Première_guerre_mondiale|Première guerre mondiale]], et l'[[URSS|URSS]] a rapidement vu se développer une dicature bureaucratique. [[Trotsky|Trotsky]] qualifiait l'État qui a en résulté d'[[État_ouvrier_dégénéré|État ouvrier dégénéré]], tandis que d'autres ont développé d'autres analyses ([[Collectivisme_bureaucratique|collectivisme bureaucratique]], [[Capitalisme_d'État|capitalisme d'État]]...).
 
Le seul véritable [[État_ouvrier|État ouvrier]] que l'on connaisse est celui issu de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution d'Octobre 1917]]. Malheureusement la révolution n'a finalement pas été victorieuse car contenue en Russie malgré la vague révolutionnaire qui a suivi la [[Première_guerre_mondiale|Première guerre mondiale]], et l'[[URSS|URSS]] a rapidement vu se développer une dicature bureaucratique. [[Trotsky|Trotsky]] qualifiait l'État qui a en résulté d'[[État_ouvrier_dégénéré|État ouvrier dégénéré]], tandis que d'autres ont développé d'autres analyses ([[Collectivisme_bureaucratique|collectivisme bureaucratique]], [[Capitalisme_d'État|capitalisme d'État]]...).
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== Autres perspectives ==
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== Débats et questionnements marxistes ==
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D'autres penseurs ou courants ont soutenu la notion d'extinction de l'État, tout en ayant une perspective très différente des marxistes.
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La question du dépérissement de l'Etat soulève naturellement des interrogations, étant donné la difficulté à la concevoir.
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Chez le philosophe allemande [[Fichte|Fichte]], qui a précédé Marx, se trouve aussi l'idée de dépassement de l'Etat&nbsp;:
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Pour certains<ref>Henri Maler, [http://www.contretemps.eu/interventions/communisme-%C3%A9tat-d%C3%A9mocratie-domination-retour-critique-sur-d%C3%A9p%C3%A9rissement-%C3%A9tat ''Communisme sans État ou démocratie sans domination ? Retour critique sur le dépérissement de l’État''], 13 mai 2016</ref>, [[Marx|Marx]] entendait seulement par là la fin de ''«&nbsp;l'Etat politique&nbsp;»'', de ''«&nbsp;l'Etat de classe&nbsp;»'', en tant qu'entité de domination de la société. Donc il ne faudrait pas se figurer la perspective de l'extinction de l'Etat comme une disparition de tout pouvoir public et de toute institution, mais comme une disparition de la coupure anti-démocratique entre société et Etat.
<blockquote>''«&nbsp;Seul est véritable et légitime l'Etat qui est capable de résoudre la contradiction [entre contrainte et liberté]. Le moyen lui en est fourni par l'éducation de tous a l'intelligence du droit. Ce n'est que s'il remplit cette condition que l’Etat de contrainte a lui-même le droit d'exister. Il prépare alors son propre dépassement (Aufhebung).&nbsp;»'' <br/></blockquote><blockquote>''«&nbsp;L'Etat, comme toutes les institutions humaines qui ne sont que des moyens, vise sa propre négation : c'est le but de tout gouvernement de rendre le gouvernement superflu. Pour l'instant ce moment n'est assurément pas encore arrivé — et je ne sais pas combien de myriades d'années ou de myriades de myriades d'années peuvent se passer jusqu'à ce moment-là — et il ne s'agit pas, ici, d'une façon générale, d'appliquer cela dans la vie, mais de justifier une proposition spéculative ; ce moment n'est pas encore arrivé; mais il est sûr que, sur le chemin de l'humanité prescrit a priori, se trouve un tel moment où tous les liens étatiques seront superflus. C'est le moment où, au lieu de la force et de la ruse, ce sera la seule raison qui sera universellement reconnue comme arbitre suprême.&nbsp;»'' (Fichte, Destination du savant)<br/></blockquote>
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Par exemple, le sociologue et économiste allemand Franz Oppenheimer admettait que l'État est un garant de l'ordre capitaliste, mais défendait un illusoire retour à une petite paysannerie et une petite-bourgeoisie.
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== Les sources d'inspiration de Marx et Engels ==
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Marx et Engels ont été marqués par la vision de [[Saint-Simon|Saint-Simon]], selon laquelle la société pourrait être organisée d'une façon rationelle, ne laissant donc plus de raison de conflits sociaux. C'est notamment de Saint-Simon que provient l'idée de la transformation de l'Etat en une simple administration de la production.
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Chez le philosophe allemand [[Fichte|Fichte]], qui a précédé Marx, se trouve aussi l'idée de dépassement de l'Etat&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Seul est véritable et légitime l'Etat qui est capable de résoudre la contradiction [entre contrainte et liberté]. Le moyen lui en est fourni par l'éducation de tous a l'intelligence du droit. Ce n'est que s'il remplit cette condition que l’Etat de contrainte a lui-même le droit d'exister. Il prépare alors son propre dépassement (Aufhebung).&nbsp;»''<br/></blockquote><blockquote>''«&nbsp;L'Etat, comme toutes les institutions humaines qui ne sont que des moyens, vise sa propre négation&nbsp;: c'est le but de tout gouvernement de rendre le gouvernement superflu. Pour l'instant ce moment n'est assurément pas encore arrivé — et je ne sais pas combien de myriades d'années ou de myriades de myriades d'années peuvent se passer jusqu'à ce moment-là — et il ne s'agit pas, ici, d'une façon générale, d'appliquer cela dans la vie, mais de justifier une proposition spéculative&nbsp;; ce moment n'est pas encore arrivé; mais il est sûr que, sur le chemin de l'humanité prescrit a priori, se trouve un tel moment où tous les liens étatiques seront superflus. C'est le moment où, au lieu de la force et de la ruse, ce sera la seule raison qui sera universellement reconnue comme arbitre suprême.&nbsp;»'' (Fichte, Destination du savant)<br/></blockquote>
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== Utopies petite-bourgeoises ==
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D'autres penseurs ou courants ont soutenu la notion d'extinction de l'État, mais avec une vision nettement différente de celle des marxistes.
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Par exemple, le sociologue et économiste allemand Franz Oppenheimer admettait que l'État est un garant de l'ordre capitaliste, mais défendait un illusoire retour à une petite paysannerie et une [[petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]].
 
<blockquote>Détruisez «&nbsp;la propriété par la force&nbsp;» de la terre («&nbsp;colonisation intérieure&nbsp;»), et alors une «&nbsp;forte paysannerie&nbsp;» émergera, l’armée des sans emploi disparaîtra, et le profit des capitalistes déclinera jusqu’à rendre inutile la poursuite de leurs activités. Le travail à louer disparaîtra, et par une voie parfaitement indolore la société se transformera en une société de citoyens libres, commerçant pacifiquement entre eux et vendant toute chose «&nbsp;en accord avec la justice&nbsp;». L’Etat dépérira, laissant la place à une «&nbsp;libre citoyenneté&nbsp;» («&nbsp;Freibürgerschaft&nbsp;»). Tel est le «&nbsp;socialisme libéral&nbsp;» d’Oppenheimer.<ref>N. Boukharine, [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1916/00/etat.htm Contribution à une théorie de l'Etat impérialiste], 1916</ref></blockquote>
 
<blockquote>Détruisez «&nbsp;la propriété par la force&nbsp;» de la terre («&nbsp;colonisation intérieure&nbsp;»), et alors une «&nbsp;forte paysannerie&nbsp;» émergera, l’armée des sans emploi disparaîtra, et le profit des capitalistes déclinera jusqu’à rendre inutile la poursuite de leurs activités. Le travail à louer disparaîtra, et par une voie parfaitement indolore la société se transformera en une société de citoyens libres, commerçant pacifiquement entre eux et vendant toute chose «&nbsp;en accord avec la justice&nbsp;». L’Etat dépérira, laissant la place à une «&nbsp;libre citoyenneté&nbsp;» («&nbsp;Freibürgerschaft&nbsp;»). Tel est le «&nbsp;socialisme libéral&nbsp;» d’Oppenheimer.<ref>N. Boukharine, [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1916/00/etat.htm Contribution à une théorie de l'Etat impérialiste], 1916</ref></blockquote>
 
La perspective de [[Proudhon|Proudhon]] est assez similaire. Il pensait aussi que l'anarchie était un "ordre naturel" (fondé sur la petite propriété) contrarié par l'État (qui favorise les puissants). Sa pratique politique était opposée à la violence, et ne ressemblait pas à celle de beaucoup d'anarchistes qui prônent "l'abolition de l'État".
 
La perspective de [[Proudhon|Proudhon]] est assez similaire. Il pensait aussi que l'anarchie était un "ordre naturel" (fondé sur la petite propriété) contrarié par l'État (qui favorise les puissants). Sa pratique politique était opposée à la violence, et ne ressemblait pas à celle de beaucoup d'anarchistes qui prônent "l'abolition de l'État".

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