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*l’avantage de pouvoir assurer par la force des monopoles aux trusts dans les colonies
 
*l’avantage de pouvoir assurer par la force des monopoles aux trusts dans les colonies
 
*l’exportation de capitaux dans les pays moins développés, où ''« le prix de la terre est relativement bas, les salaires de même, les matières premières à bon marché. »''
 
*l’exportation de capitaux dans les pays moins développés, où ''« le prix de la terre est relativement bas, les salaires de même, les matières premières à bon marché. »''
*« ''la conquête de territoires, pas tant pour eux-mêmes directement que pour affaiblir l'adversaire'' »
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 ''la conquête de territoires, pas tant pour eux-mêmes directement que pour affaiblir l'adversaire'' »
 
*la conquête de territoires pour l'émigration
 
*la conquête de territoires pour l'émigration
 
*l’idéologie de domination du capital financier et la canalisation des colères sociales vers le colonialisme
 
*l’idéologie de domination du capital financier et la canalisation des colères sociales vers le colonialisme
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Les trotskistes d'après guerre analysaient le mouvement de décolonisation comme un risque majeur d'effondrement du capitalisme. Ainsi, le 2<sup>e</sup> congrès international de la Quatrième Internationale affirme que la perte de colonies enlèverait à l'Europe toute chance de retrouver « ''l'équilibre économique, même celui d'avant la guerre ''». Michel Pablo indique que « ''la base coloniale du système capitaliste est en train d'être rompue'' ». La révolution coloniale a « ''déjà, pour commencer, mit le capitalisme européen à genoux'' ». « ''Ainsi l'impérialisme américain, qui déborde maintenant de forces productives, est obligé de diriger son surplus vers des marchés artificiels : les dépenses d'armement et 'l'aide à l'étranger'.'' » James P. Cannon le dit comme suit : « ''Le marché mondial […] n'offre plus un débouché suffisant pour le capital surabondant et les marchandises en trop de l'Amérique'' ».
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Les trotskistes d'après guerre analysaient le mouvement de décolonisation comme un risque majeur d'effondrement du capitalisme. Ainsi, le 2<sup>e</sup> congrès international de la Quatrième Internationale affirme que la perte de colonies enlèverait à l'Europe toute chance de retrouver «&nbsp;''l'équilibre économique, même celui d'avant la guerre ''». Michel Pablo indique que «&nbsp;''la base coloniale du système capitaliste est en train d'être rompue''&nbsp;». La révolution coloniale a «&nbsp;''déjà, pour commencer, mit le capitalisme européen à genoux''&nbsp;». «&nbsp;''Ainsi l'impérialisme américain, qui déborde maintenant de forces productives, est obligé de diriger son surplus vers des marchés artificiels&nbsp;: les dépenses d'armement et 'l'aide à l'étranger'.''&nbsp;» James P. Cannon le dit comme suit&nbsp;: «&nbsp;''Le marché mondial […] n'offre plus un débouché suffisant pour le capital surabondant et les marchandises en trop de l'Amérique''&nbsp;».
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== Théories de la dépendance ==
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Après la [[Seconde_guerre_mondiale|Seconde guerre mondiale]], de nombreuses «&nbsp;théories de la dépendance&nbsp;» se sont développées, aux marges de la pensée figée du stalinisme et rompant avec lui. Mais la tendance qui a dominé parmi ces théories est un «&nbsp;tiers-mondisme&nbsp;» lui aussi dogmatique. Toute possibilité de développement capitaliste était niée, 100&nbsp;% des profits réalisés dans la «&nbsp;périphérie&nbsp;» étant rapatriés vers le «&nbsp;centre&nbsp;». L'étude se focalise alors sur les facteurs qui maintiennent la hiérarchie entre économies capitalistes.
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Une des conséquences étant de mettre dans le même sac les classes des pays impérialistes (et d’exagérer le surprofit qu’ils se partageraient en commun), certains parlant même de «&nbsp;nations-prolétaires&nbsp;». Dans l’analyse économique, un rôle prédominant est accordé à la sphère de la circulation (échange inégal).
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Ce type d’analyse débouche logiquement sur l’idée d’un « développement du sous-développement » passant par une politique d’autarcie, ou en tout cas d’un protectionnisme défensif. Et donc d’une perspective d’unité avec la bourgeoisie «&nbsp;nationale&nbsp;» à la place de (ou en attendant) la révolution socialiste.
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Exemples :
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►Pierre Jalée, Le Pillage du Tiers monde, 1965 ; [http://digamo.free.fr/jalee69.pdf Le Tiers Monde dans l’économie mondiale], 1968
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►André Gunder Frank, ''Capitalisme et sous-développement en Amérique latine'', 1968
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►Paul Baran, ''Economie politique de la croissance'', 1967
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►Arghiri Emmanuel, ''L’échange inégal'', 1969
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►Theotonio Dos Santos, [http://digamo.free.fr/dosantos70.pdf The structure of dependence], American Economic Review, 1970.
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►Samir Amin, [http://digamo.free.fr/amin1970.pdf L'accumulation à l'échelle mondiale], 1970
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►Ruy Mauro Marini, ''Dialéctica de la dependencia'', 1972
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►Une des théories inspirées de ce courant est le «&nbsp;système-monde&nbsp;», développé aux États-Unis, notamment par Immanuel Wallerstein au Centre Fernand Braudel pour l’étude de l’économies, des systèmes historiques et des civilisations.<ref>Voir http://en.wikipedia.org/wiki/World-systems_theory</ref>
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== Théories plus récentes ==
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Dans les dernières décennies, plusieurs courants plus ou moins proches du marxisme ont développé des théories qui s'écartent significativement de la théorie classique de l'impérialisme. On peut notamment en trouver un panorama dans l'ouvrage de Razmig Keucheyan, ''Hémisphère gauche.''
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=== Leo Panitch et Sam Gindin ===
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►Leo Panitch et Sam Gindin, [http://digamo.free.fr/panitch12.pdf The Making of Global Capitalism: The Political Economy of American Empire], 2012
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►[http://www.workersliberty.org/blogs/paulhampton/2013/12/29/review-making-global-capitalism-leo-panitch-and-sam-gindin http://www.workersliberty.org/blogs/paulhampton/2013/12/29/review-making-global-capitalism-leo-panitch-and-sam-gindin]
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*Ils parlent de ‘Canadianisation’ de la plupart des pays capitalistes avancés&nbsp;: le capital US pénètre profondément les autres marchés, sans pour autant détruire leur intégrité territoriale (et dans certains cas ont activement remis sur pieds certains pays – Japon, Corée du Sud ou Allemagne de l’Ouest. Selon eux, l’interpénétration du capital a à la fois réduit l’intérêt des capitalistes d’agir comme «&nbsp;bourgeoisie nationale&nbsp;» opposée à la suprématie des Etats-Unis, et réduit les moyens de le faire. La nouvelle forme d’impérialisme ne peut plus être comprise comme l’ancienne «&nbsp;logique de puissance territoriale&nbsp;».
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*Ils critiquent la thèse de Lénine et ceux qui disent que depuis les années 1970, le même schéma de rivalités inter-impérialistes qui a mené à la Première guerre mondiale s’applique. La forme de l’impérialisme à l’époque de Lénine n’était clairement pas un «&nbsp;stade suprême&nbsp;» du capitalisme.
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*Ils pensent que la théorie classique minimise l’importance de la domination informelle, et que l’utilisation politique de l’Etat (militarisme...) d’alors était très lié aux anciennes classes dirigeantes pré-capitalistes, et pas particulièrement à l’intérêt de la bourgeoisie. La différentiation entre sphères économique et politique s’est accentuée.
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*Selon eux le lien fait entre exportation de capital et impérialisme est faux. L’exportation de capital ne joue pas que ce rôle-là.
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*Ils rejettent aussi l’association classique entre protectionnisme et impérialisme, en pointant à la fois l’exemple de la Grande-Bretagne au 19<sup>ème</sup> siècle et l’exemple des Etats-Unis.
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*La notion de «&nbsp;capital financier&nbsp;» aurait été extrapolée abusivement à partir des firmes allemandes (il n’y aurait pas eu d’équivalent aux USA), et empêche de comprendre le capitalisme d’après-guerre. Ils pensent également que les relations entre secteur financier et entreprises étaient fondamentalement différentes en 1900 entre les Etats-Unis et l’Europe.
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*Ils critiquent les visions tiers-mondistes qui nient tout développement de pays dominés, alors que des sous-impérialismes sont apparus selon eux.
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=== Post-imperialisme ===
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Insistant sur le découplage entre les multinationales et les États, certains auteurs ont estimé que l’impérialisme est devenu obsolète, les États ne pouvant plus avoir de politique favorisant «&nbsp;leurs&nbsp;» capitalistes. C’est la thèse notamment de David Becker dans ''Postimperialism'', ou encore David Lockwood dans la revue marxiste australienne ''Reconstruction'' (1994). Ce post-impérialisme serait la réalisation de la possibilité envisagée par Kautsky.
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Puis, en 2000, c’est le livre à succès de [[Antonio_Negri|Antonio Negri]] et [[Michaël_Hardt|Michaël Hardt]],&nbsp;''Empire'' (présenté comme «&nbsp;stade suprême de l’impérialisme&nbsp;») qui va affirmer un dépassement des États-nations par le capital, supprimant les différences entre centre et périphérie (tiers-mondisation du centre…).&nbsp;
    
== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==

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