Ligne 165 : |
Ligne 165 : |
| | | |
| Selon lui, par ces moyens, les colonies permettent de contrecarrer la baisse du taux de profit, et d'accorder des salaires plus élevés, servant de ''« soupape »'' aux [[États_impérialistes|États impérialistes]]. | | Selon lui, par ces moyens, les colonies permettent de contrecarrer la baisse du taux de profit, et d'accorder des salaires plus élevés, servant de ''« soupape »'' aux [[États_impérialistes|États impérialistes]]. |
− | <blockquote>''« l'exploitation des "tiers" (producteurs pré-capitalistes) et de la main-d'œuvre coloniale a conduit à une hausse des salaires des travailleurs européens et américains. »''<ref>Boukharine, ''[https://www.marxists.org/archive/bukharin/works/1917/imperial/index.htm Imperialism and World Economy, Chapter 14: World Economy and Proletarian Socialism]'', 1915</ref></blockquote> | + | <blockquote>''« l'exploitation des "tiers" (producteurs pré-capitalistes) et de la main-d'œuvre coloniale a conduit à une hausse des salaires des travailleurs européens et américains. »''<ref>Boukharine, ''[https://www.marxists.org/archive/bukharin/works/1917/imperial/index.htm Imperialism and World Economy, Chapter 14: World Economy and Proletarian Socialism]'', 1915</ref><br/></blockquote> |
| Il accuse [[Kautsky|Kautsky]] de vouloir prouver que la colonisation est inefficace pour le capitalisme pour estomper les contradictions. | | Il accuse [[Kautsky|Kautsky]] de vouloir prouver que la colonisation est inefficace pour le capitalisme pour estomper les contradictions. |
| + | |
| + | === La conception de Trotsky === |
| + | |
| + | Trotsky a bien sûr assuré en grande partie une transmission de l’héritage de l’[[Internationale_communiste|Internationale communiste]]. Mais sa vision s’en distingue en partie. |
| + | |
| + | Pour Trotsky, l’idée centrale est que l’élargissement de la base de la production capitaliste, après avoir dépassé les [[Féodalisme|féodalités]] en [[nations|nations]] bourgeoises, se heurte désormais à ces frontières nationales. Dès 1914 – avant Lénine donc – il pense que le capitalisme est passé ''« du stade national au stade impérialiste et mondial »''.<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref> La guerre est un ''« soulèvement des forces productrices contre leur exploitation sous une forme national-gouvernementale »''. Comme par ailleurs ''« un nouveau partage des colonies n'élargit pas la base du développement capitaliste ; ce qu'il gagne d'un côté, il le perd de l'autre »'', ''« voici le monde capitaliste placé devant ces deux possibilités :'' ''Guerre permanente ''ou ''Révolution »'' |
| + | |
| + | Trotsky confirme l’idée de stagnation à l’époque impérialisme. Le regain économique des années 1920 ne lui apparaissait pas durable, et un an avant 1929 il écrivait : ''« Une grande crise aux États-Unis ferait à nouveau retentir le tocsin des guerres et des révolutions. Nous le répétons : les situations révolutionnaires ne manqueront pas. »''<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/ical212.html ''L’Internationale communiste après Lénine''], 1928</ref> La grande dépression des années 1930 lui font réaffirmer que la période est celle de « ''l’agonie du capitalisme'' » (sous-titre du [[Programme_de_transition]]) et que « ''les forces productives ont cessé de croître ''». |
| + | |
| + | Si la « ''contradiction principale'' » reste celle « ''entre les forces productives et la propriété privée des moyens de production'' », Trotsky n’explique pas comment elle opère. Il affirme qu’au stade impérialiste, les phases de crise détruisent davantage que ne créent les phases d’essor.<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/archive/trotsky/1934/xx/nationalism.htm ''Nationalism and Economic Life''], 1934</ref> La seule possibilité réelle de [[croissance|croissance]] capitaliste qu’il évoque est le dépassement de l’autre contradiction, entre les forces productives et le cadre national : |
| + | <blockquote> |
| + | '' « Si les frontières des Etats pouvaient être effacées d'un seul coup, les forces productives, même sous le capitalisme, pourraient continuer à s'élever pendant un certain temps --au prix, il est vrai, d'innombrables sacrifices-- à un niveau supérieur. »''<ref>Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1934/06/34061000.htm ''La guerre et la IVème Internationale''], 1934</ref> |
| + | </blockquote> |
| + | Trotsky voit dans la [[Seconde_guerre_mondiale|Seconde guerre mondiale]] et en particulier dans le fascisme, cette tendance centralisatrice : |
| + | <blockquote> |
| + | ''« Dans la mesure où le prolétariat à une étape donnée s'avère incapable de conquérir le pouvoir, l'impérialisme commence à diriger la vie économique par ses propres méthodes [...] L'Etat totalitaire qui soumet tous les aspects de la vie économique, politique et culturelle au capital financier, est l'instrument qui sert à créer un état super nationaliste [...] sur le monde entier. »''<ref>Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1940/08/lt19400820.htm ''Bonapartisme, fascisme et guerre''], 20 août 1940</ref> |
| + | </blockquote> |
| + | Par ailleurs, Trotsky ne partageait pas tout à fait la position de Lénine sur le [[défaitisme_révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]]. |
| | | |
| == Débats ultérieurs == | | == Débats ultérieurs == |