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Les [[moyens de transport]] se développant, permettant à la ville de s'étendre, et le capital financier supplantant progressivement les autres critères de distinction et de regroupement, une spécialisation des quartiers s'est développée au cours du XIXème.
 
Les [[moyens de transport]] se développant, permettant à la ville de s'étendre, et le capital financier supplantant progressivement les autres critères de distinction et de regroupement, une spécialisation des quartiers s'est développée au cours du XIXème.
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Les quartiers peuvent être plus ou moins attractifs selon les époques. Tel endroit, hier huppé, laisse progressivement la place à une population plus nombreuse et plus pauvre, parce que les ressources se sont taries, ou parce que les classes supérieures ont trouvé mieux ailleurs. Tel autre quartier, parce qu'il dispose d'attraits naturels, que des inconvénients ont été supprimés (décharges, industrie polluante, zone de délinquance, etc.), ou que des avantages nouveaux sont apparus (une nouvelle industrie, une liaison rapide avec les centres économiques, un parc qui le rend agréable, etc.), ou (non exclusif) parce que la classe sociale intermédiaire s'est accrue et ne trouve plus de place suffisante dans les secteurs qu'elle occupait antérieurement, (re)devient d'un rapport qualité prix intéressant. Un même quartier peut d'ailleurs se transformer successivement selon ces deux modalités. C'est le cas du [[Le Marais (quartier parisien)| Marais]], au centre de [[Paris]] : quartier aristocratique lors de sa création au XVIème siècle, devenu populaire et insalubre aux {{s2|XIX|e|XX|e}}, il est redevenu attractif pour les classes sociales les plus aisées depuis les [[années 1980]]<ref>[http://www.cahiersvilleresponsable.fr/le-marais-modele-typique-de-gentrification/ Les Cahiers de la Ville Responsable] ''Le Marais, modèle typique de gentrification''</ref>. Le même phénomène a eu lieu dans le quartier du [[Sablon (Bruxelles)|Sablon]] à [[Bruxelles]], où il a produit un néologisme local : la « ''sablonisation'' »<ref>''Itinéraire de la rénovation des quartiers anciens à Bruxelles : 8 km à pied à travers le Pentagone et Molenbeek'' , Collection Hommes et Paysages, Société Royale Belge de Géographie, 2001, p. 62</ref>.
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Les quartiers peuvent être plus ou moins attractifs selon les époques. Tel endroit, hier huppé, laisse progressivement la place à une population plus nombreuse et plus pauvre, parce que les ressources se sont taries, ou parce que les classes supérieures ont trouvé mieux ailleurs. Tel autre quartier, parce qu'il dispose d'attraits naturels, que des inconvénients ont été supprimés (décharges, industrie polluante, zone de délinquance, etc.), ou que des avantages nouveaux sont apparus (une nouvelle industrie, une liaison rapide avec les centres économiques, un parc qui le rend agréable, etc.), ou (non exclusif) parce que la classe sociale intermédiaire s'est accrue et ne trouve plus de place suffisante dans les secteurs qu'elle occupait antérieurement, (re)devient d'un rapport qualité prix intéressant. Un même quartier peut d'ailleurs se transformer successivement selon ces deux modalités. C'est le cas du Marais, au centre de Paris : quartier aristocratique lors de sa création au XVIème siècle, devenu populaire et insalubre aux XIXe et XXe siècles, il est redevenu attractif pour les classes sociales les plus aisées depuis les années 1980<ref>[http://www.cahiersvilleresponsable.fr/le-marais-modele-typique-de-gentrification/ Les Cahiers de la Ville Responsable] ''Le Marais, modèle typique de gentrification''</ref>. Le même phénomène a eu lieu dans le quartier du Sablon à Bruxelles, où il a produit un néologisme local : la « ''sablonisation'' »<ref>''Itinéraire de la rénovation des quartiers anciens à Bruxelles : 8 km à pied à travers le Pentagone et Molenbeek'' , Collection Hommes et Paysages, Société Royale Belge de Géographie, 2001, p. 62</ref>.
    
==Analyse sociologique ==
 
==Analyse sociologique ==
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Les plus pauvres qui habitaient le quartier avant son embourgeoisement ne peuvent plus suivre en matière de loyer et doivent chercher ailleurs, par exemple dans des quartiers moins chers qui offrent moins d'avantages (zones excentrées ou mal desservies par les réseaux) et plus d'inconvénients (bruit, pollution, délinquance, climat, etc.). Si cela leur est difficile (par manque d'offre ailleurs, par exemple), ils réagiront, eux aussi, pour pouvoir rester sur place, et réclameront des [[Logement social|logements sociaux]], un [[contrôle des loyers]], etc.  
 
Les plus pauvres qui habitaient le quartier avant son embourgeoisement ne peuvent plus suivre en matière de loyer et doivent chercher ailleurs, par exemple dans des quartiers moins chers qui offrent moins d'avantages (zones excentrées ou mal desservies par les réseaux) et plus d'inconvénients (bruit, pollution, délinquance, climat, etc.). Si cela leur est difficile (par manque d'offre ailleurs, par exemple), ils réagiront, eux aussi, pour pouvoir rester sur place, et réclameront des [[Logement social|logements sociaux]], un [[contrôle des loyers]], etc.  
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La gentrification est souvent considérée d'abord d'un bon œil, comme une solution à certains problèmes auxquels doivent faire face les politiques urbaines ; elle peut cependant aussi être vue comme un problème dès lors qu'elle mène à une ségrégation spatiale accrue<ref>Mathieu Van Criekingen, [http://www.brusselsstudies.be/medias/publications/FR_27_BS1_francais.pdf Que deviennent les quartiers centraux à Bruxelles ? Des migrations sélectives au départ des quartiers bruxellois en voie de gentrification], Brussels Studies, 2006</ref>. [[Éric Maurin]] dans ''[[Le Ghetto français]]'' analyse l'embourgeoisement comme une forme de [[Ségrégation (sciences humaines)|ségrégation]]. Le processus de développement et d'expansion urbaine procède souvent par « l'expulsion » des « plus faibles économiquement » vers des zones moins demandées. Ce phénomène engendre potentiellement des problèmes sociaux, surtout s'il se produit rapidement. Les pouvoirs publics sont sollicités pour réduire l'impact du processus, en maintenant un certain degré de [[mixité sociale]].
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La gentrification est souvent considérée d'abord d'un bon œil, comme une solution à certains problèmes auxquels doivent faire face les politiques urbaines ; elle peut cependant aussi être vue comme un problème dès lors qu'elle mène à une ségrégation spatiale accrue<ref>Mathieu Van Criekingen, [http://www.brusselsstudies.be/medias/publications/FR_27_BS1_francais.pdf Que deviennent les quartiers centraux à Bruxelles ? Des migrations sélectives au départ des quartiers bruxellois en voie de gentrification], Brussels Studies, 2006</ref>. Éric Maurin dans ''Le Ghetto français'' analyse l'embourgeoisement comme une forme de ségrégation. Le processus de développement et d'expansion urbaine procède souvent par « l'expulsion » des « plus faibles économiquement » vers des zones moins demandées. Ce phénomène engendre potentiellement des problèmes sociaux, surtout s'il se produit rapidement. Les pouvoirs publics sont sollicités pour réduire l'impact du processus, en maintenant un certain degré de [[mixité sociale]].
    
==Commerces et gentrification==
 
==Commerces et gentrification==
La gentrification comprend aussi une dimension commerciale. Au sein de ces quartiers gentrifiés, certains types de [[commerce|commerces]] sont remis au goût du jour, offrant des produits chers et de qualité (épiceries, fromageries par exemple). Cette évolution explique donc en partie le maintien voire le renouveau des commerces de proximité dans les grandes villes, ainsi que le regain d’intérêt pour les [[marche|marchés]], sous leur forme traditionnelle ou sous de nouvelles formes (marchés spécialisés dans les arts ou la brocante, marchés bio, etc.). À un autre niveau, le processus de gentrification contribue également à l'émergence de nouvelles centralités urbaines au sein des anciens quartiers populaires, que ce soit dans le domaine des [[loisirs]] - avec de nombreux cafés et restaurants, boîtes de nuit, etc. - ou dans le domaine de la [[culture]]. L'exemple de [[Paris]] en témoigne où, depuis les années 1990, se sont développées de nouvelles centralités de ce type dans l'Est et le Nord ([[Quartier des Batignolles|Batignolles]]<ref>[http://www.adels.org/formations_etudes/TextesPicri/RapportPLU.pdf Gentrification et politiques publiques à Paris]</ref>, Bastille, Oberkampf, canal Saint-Martin, avenue Philippe-Auguste etc.), parallèlement à la gentrification de ces quartiers, de même que ceux de Berlin (à Prenzlauer Berg notamment) et de Bruxelles (autour de la rue Dansaert et des Halles Saint-Géry)<ref>Voir Mathieu Van Criekingen et Antoine Fleury, ''La ville branchée : gentrification et dynamiques commerciales à Paris et à Bruxelles'', ''Belgéo'', 2006, 1-2, 113-134</ref>.
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La gentrification comprend aussi une dimension commerciale. Au sein de ces quartiers gentrifiés, certains types de commerces sont remis au goût du jour, offrant des produits chers et de qualité (épiceries, fromageries par exemple). Cette évolution explique donc en partie le maintien voire le renouveau des commerces de proximité dans les grandes villes, ainsi que le regain d’intérêt pour les marchés, sous leur forme traditionnelle ou sous de nouvelles formes (marchés spécialisés dans les arts ou la brocante, marchés bio, etc.). À un autre niveau, le processus de gentrification contribue également à l'émergence de nouvelles centralités urbaines au sein des anciens quartiers populaires, que ce soit dans le domaine des loisirs - avec de nombreux cafés et restaurants, boîtes de nuit, etc. - ou dans le domaine de la culture. L'exemple de Paris en témoigne où, depuis les années 1990, se sont développées de nouvelles centralités de ce type dans l'Est et le Nord Batignolles<ref>[http://www.adels.org/formations_etudes/TextesPicri/RapportPLU.pdf Gentrification et politiques publiques à Paris]</ref>, Bastille, Oberkampf, canal Saint-Martin, avenue Philippe-Auguste etc.), parallèlement à la gentrification de ces quartiers, de même que ceux de Berlin (à Prenzlauer Berg notamment) et de Bruxelles (autour de la rue Dansaert et des Halles Saint-Géry)<ref>Voir Mathieu Van Criekingen et Antoine Fleury, ''La ville branchée : gentrification et dynamiques commerciales à Paris et à Bruxelles'', ''Belgéo'', 2006, 1-2, 113-134</ref>.
    
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==
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=== Liens externes ===
 
=== Liens externes ===
 
* [http://strates.revues.org/document611.html La gentrification selon Chris Hamnett]
 
* [http://strates.revues.org/document611.html La gentrification selon Chris Hamnett]
* {{pdf}} [http://cetai.hec.ca/publicat/cr/96_08.pdf Étude d'un phénomène de gentrification au Québec], mars 1996
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* [http://cetai.hec.ca/publicat/cr/96_08.pdf Étude d'un phénomène de gentrification au Québec], mars 1996
 
* Anne Clerval et Antoine Fleury, [http://espacepolitique.revues.org/index1314.html « Politiques urbaines et gentrification, une analyse critique à partir du cas de Paris »], ''L'Espace politique'' 8, 2009/2 : un article scientifique sur le rôle des politiques publiques dans la gentrification à Paris.
 
* Anne Clerval et Antoine Fleury, [http://espacepolitique.revues.org/index1314.html « Politiques urbaines et gentrification, une analyse critique à partir du cas de Paris »], ''L'Espace politique'' 8, 2009/2 : un article scientifique sur le rôle des politiques publiques dans la gentrification à Paris.
* Marie-Paule Thomas, [http://www.pacte.cnrs.fr/IMG/html_THOMAS_bis.html Les visages de la gentrification] : un article scientifique sur le processus de gentrification à [[Montreuil (Seine-Saint-Denis)|Montreuil]] en [[Seine-Saint-Denis]].
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* Marie-Paule Thomas, [http://www.pacte.cnrs.fr/IMG/html_THOMAS_bis.html Les visages de la gentrification] : un article scientifique sur le processus de gentrification à Montreuil en Seine-Saint-Denis.
 
* Emission radio: [http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2218 Paris populo de chagrin ] (La rotisserie), réalisé à Paris quartier Belleville, 2011.
 
* Emission radio: [http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2218 Paris populo de chagrin ] (La rotisserie), réalisé à Paris quartier Belleville, 2011.
 
* [http://resohab.univ-paris1.fr/jclh05/article.php3?id_article=19 Logement et habitat, éléments-clés du processus de gentrification]
 
* [http://resohab.univ-paris1.fr/jclh05/article.php3?id_article=19 Logement et habitat, éléments-clés du processus de gentrification]

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