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Cette page détaille l''''histoire du [[Parti communiste français|Parti communiste français]]'''.<br>
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[[Image:LogoPCF.png|right]]Cette page détaille l''''histoire du [[Parti communiste français|Parti communiste français]]'''.<br>  
    
== 1920&nbsp;: Fondation de la SFIC  ==
 
== 1920&nbsp;: Fondation de la SFIC  ==
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Un clivage similaire grossit dans la [[CGT|CGT]], avec une forte minorité partisane de l'adhésion à l'[[Internationale Syndicale Rouge|Internationale Syndicale Rouge]] et proche de la SFIC. La direction [[Réformiste|réformiste]] pousse les minoritaires à scissionner pour former la [[CGTU|CGTU]] en 1921.  
 
Un clivage similaire grossit dans la [[CGT|CGT]], avec une forte minorité partisane de l'adhésion à l'[[Internationale Syndicale Rouge|Internationale Syndicale Rouge]] et proche de la SFIC. La direction [[Réformiste|réformiste]] pousse les minoritaires à scissionner pour former la [[CGTU|CGTU]] en 1921.  
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== Années 1920 ==
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== Années 1920 ==
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=== Dynamisme militant ===
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=== Dynamisme militant ===
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Dans ces premières années, le jeune parti est très activiste, et durement réprimé. Le combat [[Anti-militarisme|anti-militariste]] et [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] est très présent (manifestations contre la guerre du Rif en 1925...), et le parti s'engage aussi dans le combat [[Féministe|féministe]]. Il n'est pas rare que les communistes fassent des séjours en prison, aussi bien les militants que les dirigeants. En 1926, le [[Secours_rouge_international|Secours rouge international]] est créé pour être la «&nbsp;Croix-Rouge du peuple&nbsp;» : en France ce sont les communistes ou des intellectuels proches ([[Henri_Barbusse|Henri Barbusse]], [[Romain_Rolland|Romain Rolland]]...) qui y contribuent le plus activement. L’association organise la solidarité à l’égard des prisonniers et déportés. Dès cette période, elle développe des activités sociales destinées aux enfants démunis&nbsp;: colonies de vacances, aide aux enfants des chômeurs... Le parti est minoritaire dans la société, mais dynamique.  
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Dans ces premières années, le jeune parti est très activiste, et durement réprimé. Le combat [[Anti-militarisme|anti-militariste]] et [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] est très présent (manifestations contre la guerre du Rif en 1925...), et le parti s'engage aussi dans le combat [[Féministe|féministe]]. Il n'est pas rare que les communistes fassent des séjours en prison, aussi bien les militants que les dirigeants. En 1926, le [[Secours rouge international|Secours rouge international]] est créé pour être la «&nbsp;Croix-Rouge du peuple&nbsp;»&nbsp;: en France ce sont les communistes ou des intellectuels proches ([[Henri Barbusse|Henri Barbusse]], [[Romain Rolland|Romain Rolland]]...) qui y contribuent le plus activement. L’association organise la solidarité à l’égard des prisonniers et déportés. Dès cette période, elle développe des activités sociales destinées aux enfants démunis&nbsp;: colonies de vacances, aide aux enfants des chômeurs... Le parti est minoritaire dans la société, mais dynamique.  
    
En 1924, aux élections législatives, le Parti obtient 9,82&nbsp;% des suffrages et 26 députés.  
 
En 1924, aux élections législatives, le Parti obtient 9,82&nbsp;% des suffrages et 26 députés.  
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[[Henri Barbé|Henri Barbé]] et [[Pierre Celor|Pierre Celor]], qui accèdent au secrétariat du parti en 1927, sont emblématiques de ce nouveau personnel dirigeant. Suivant les directives staliniennes, ils mènent la politique dite de «&nbsp;[[Classe contre Classe|Classe contre Classe]]&nbsp;», c'est-à-dire un tournant [[Sectaire|sectaire]] qui refuse les [[Front unique|fronts uniques]] avec les socialistes, qu'ils traitent de [[Social-fascisme|social-fascistes]]. Le Parti perd la moitié de ses voix aux élections de 1928.  
 
[[Henri Barbé|Henri Barbé]] et [[Pierre Celor|Pierre Celor]], qui accèdent au secrétariat du parti en 1927, sont emblématiques de ce nouveau personnel dirigeant. Suivant les directives staliniennes, ils mènent la politique dite de «&nbsp;[[Classe contre Classe|Classe contre Classe]]&nbsp;», c'est-à-dire un tournant [[Sectaire|sectaire]] qui refuse les [[Front unique|fronts uniques]] avec les socialistes, qu'ils traitent de [[Social-fascisme|social-fascistes]]. Le Parti perd la moitié de ses voix aux élections de 1928.  
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== Années 1930 ==
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== Années 1930 ==
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=== Stalinisation accrue et dissidences trotskistes<br> ===
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=== Stalinisation accrue et dissidences trotskistes<br> ===
    
En 1930-1931, Moscou impose un nouveau changement de direction&nbsp;: un jeune secrétaire à l'organisation, Maurice Thorez, prend la tête en dénonçant la formation d'une fraction au sommet du parti.<br>  
 
En 1930-1931, Moscou impose un nouveau changement de direction&nbsp;: un jeune secrétaire à l'organisation, Maurice Thorez, prend la tête en dénonçant la formation d'une fraction au sommet du parti.<br>  
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[[Image:Manif-gauches-juillet-35.jpg|right|282x192px|Manif-gauches-juillet-35.jpg]]En 1934, Thorez évince [[Jacques Doriot|Jacques Doriot]] - qui crée le [[Parti populaire français|Parti populaire français]] - et il dirige alors librement le parti, avec [[Jacques Duclos|Jacques Duclos]], [[Benoît Frachon|Benoît Frachon]] et le délégué du Komintern, [[Eugen Fried|Eugen Fried]]. L'équipe Thorez-Duclos-Frachon connaîtra une longévité exceptionnelle et dirigera pratiquement le parti français pendant une trentaine d'années. Les ordres sont directement reçus de Moscou, et toute contestation entraîne l’exclusion (c’est le cas d’[[André Ferrat|André Ferrat]], ancien rédacteur en chef de ''L'Humanité'' qui rejoindra la SFIO). Le grand prestige de l'[[URSS|URSS]] était utilisé pour souder les militants.<br>  
 
[[Image:Manif-gauches-juillet-35.jpg|right|282x192px|Manif-gauches-juillet-35.jpg]]En 1934, Thorez évince [[Jacques Doriot|Jacques Doriot]] - qui crée le [[Parti populaire français|Parti populaire français]] - et il dirige alors librement le parti, avec [[Jacques Duclos|Jacques Duclos]], [[Benoît Frachon|Benoît Frachon]] et le délégué du Komintern, [[Eugen Fried|Eugen Fried]]. L'équipe Thorez-Duclos-Frachon connaîtra une longévité exceptionnelle et dirigera pratiquement le parti français pendant une trentaine d'années. Les ordres sont directement reçus de Moscou, et toute contestation entraîne l’exclusion (c’est le cas d’[[André Ferrat|André Ferrat]], ancien rédacteur en chef de ''L'Humanité'' qui rejoindra la SFIO). Le grand prestige de l'[[URSS|URSS]] était utilisé pour souder les militants.<br>  
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=== Du sectarisme à l'opportunisme&nbsp; ===
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=== Du sectarisme à l'opportunisme&nbsp; ===
    
Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, et les [[6 février 1934|manifestations d'extrême droite de 1934]] en France, la clique stalinienne se sent militairement menacée. Elle va alors opérer un revirement stratégique total, passant du sectarisme à l'opportunisme, afin de se concilier la bourgeoisie démocrate. En France, le PC va prôner l'unité contre le [[Fascisme|fascisme]], ce qui répond dans un premier temps à une forte aspiration des travailleurs. Le 12 février 1934, les cortèges SFIO et SFIC fusionnent dans l’enthousiasme au cri de "Unité, Unité&nbsp;!" et les grèves et manifestations se multiplient dès lors. Mais ce ne sera pas un&nbsp;[[Front unique|front unique]]. Non seulement le PC va remettre à plus tard sa visée révolutionnaire, mais il va jusqu'à brouiller les lignes de [[Classe sociale|classe]] en cherchant l'alliance des communistes jusqu'au [[Parti radical|Parti radical]], qui est un parti bourgeois.  
 
Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, et les [[6 février 1934|manifestations d'extrême droite de 1934]] en France, la clique stalinienne se sent militairement menacée. Elle va alors opérer un revirement stratégique total, passant du sectarisme à l'opportunisme, afin de se concilier la bourgeoisie démocrate. En France, le PC va prôner l'unité contre le [[Fascisme|fascisme]], ce qui répond dans un premier temps à une forte aspiration des travailleurs. Le 12 février 1934, les cortèges SFIO et SFIC fusionnent dans l’enthousiasme au cri de "Unité, Unité&nbsp;!" et les grèves et manifestations se multiplient dès lors. Mais ce ne sera pas un&nbsp;[[Front unique|front unique]]. Non seulement le PC va remettre à plus tard sa visée révolutionnaire, mais il va jusqu'à brouiller les lignes de [[Classe sociale|classe]] en cherchant l'alliance des communistes jusqu'au [[Parti radical|Parti radical]], qui est un parti bourgeois.  
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De 1936 à 1939, le dévouement des militants communistes s'exprime dans un fort soutien aux républicains espagnols&nbsp;: de nombreux volontaires partent se battre dans les [[Brigades internationales|Brigades internationales]] et le soutien matériel est très fort.<br>  
 
De 1936 à 1939, le dévouement des militants communistes s'exprime dans un fort soutien aux républicains espagnols&nbsp;: de nombreux volontaires partent se battre dans les [[Brigades internationales|Brigades internationales]] et le soutien matériel est très fort.<br>  
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== Années 1940 ==
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== Années 1940 ==
    
=== Pacte germano-soviétique et répression<br>  ===
 
=== Pacte germano-soviétique et répression<br>  ===
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A la fin de la guerre, l'Etat français est fragile, les conditions de vie et de travail du prolétariat sont très dures et la colère très grande, notamment contre le patronat qui s'est majoritairement vautré dans la collaboration, du moment qu'il pouvait continuer à faire des profits. A l'inverse, le PCF était auréolé de son engagement dans la Résistance, fort de ses militants actifs et il cultivait son image de martyr, se présentant comme "le parti des 75 000 fusillés" - chiffre exagéré puisque les historiens estiment à 25 000 le nombre de fusillés en France, toutes tendances politiques confondues. Cette situation est d'ailleurs assez générale en Europe, et la fin de la Première guerre mondiale avait déjà déclenché une [[Vague révolutionnaire de 1917-1921|vague révolutionnaire]]. La rapport de force était donc très défavorable à la bourgeoisie. <br>  
 
A la fin de la guerre, l'Etat français est fragile, les conditions de vie et de travail du prolétariat sont très dures et la colère très grande, notamment contre le patronat qui s'est majoritairement vautré dans la collaboration, du moment qu'il pouvait continuer à faire des profits. A l'inverse, le PCF était auréolé de son engagement dans la Résistance, fort de ses militants actifs et il cultivait son image de martyr, se présentant comme "le parti des 75 000 fusillés" - chiffre exagéré puisque les historiens estiment à 25 000 le nombre de fusillés en France, toutes tendances politiques confondues. Cette situation est d'ailleurs assez générale en Europe, et la fin de la Première guerre mondiale avait déjà déclenché une [[Vague révolutionnaire de 1917-1921|vague révolutionnaire]]. La rapport de force était donc très défavorable à la bourgeoisie. <br>  
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=== Le PCF sauve l'Etat bourgeois ===
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=== Le PCF sauve l'Etat bourgeois ===
    
Mais le PCF a tout fait pour aider à la reconstruction... de l'[[Etat bourgeois|Etat bourgeois]]. Staline ne voulait absolument pas d'une révolution, et au contraire il poussait chaque PC à cultiver l'union nationale avec sa bourgeoisie. En France, le PCF travailla main dans la main avec De Gaulle et respecta scrupuleusement la [[Démocratie bourgeoise|démocratie bourgeoise]].  
 
Mais le PCF a tout fait pour aider à la reconstruction... de l'[[Etat bourgeois|Etat bourgeois]]. Staline ne voulait absolument pas d'une révolution, et au contraire il poussait chaque PC à cultiver l'union nationale avec sa bourgeoisie. En France, le PCF travailla main dans la main avec De Gaulle et respecta scrupuleusement la [[Démocratie bourgeoise|démocratie bourgeoise]].  
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Dans le programme du CNR, le PCF a défendu non pas la révolution socialiste, mais une République "sociale", avec certes d'immenses progrès pour le prolétariat (code du travail protecteur, retraites, allocations chômage, allocations familiales...), mais précisément pour contenter sa base sans menacer le [[capitalisme|capitalisme]]. Il précise d'ailleurs bien à ses militants que "l'étape actuelle" n'est pas celle de la [[révolution socialiste|révolution socialiste]], mais celle d'une "démocratie avancée". Le PC a alors une audience qui va bien au delà de sa base ouvrière. Dans cet esprit, de nombreuses associations larges chapeautées par le PCF sont créées, comme l'Union de la jeunesse républicaine de France (<span class="nowrap">250&nbsp;000&nbsp;adhérents</span> en 1945). Cette période va contribuer à forger une référence mythifiée pour la "gauche" française.  
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Dans le programme du CNR, le PCF a défendu non pas la révolution socialiste, mais une République "sociale", avec certes d'immenses progrès pour le prolétariat (code du travail protecteur, retraites, allocations chômage, allocations familiales...), mais précisément pour contenter sa base sans menacer le [[Capitalisme|capitalisme]]. Il précise d'ailleurs bien à ses militants que "l'étape actuelle" n'est pas celle de la [[Révolution socialiste|révolution socialiste]], mais celle d'une "démocratie avancée". Le PC a alors une audience qui va bien au delà de sa base ouvrière. Dans cet esprit, de nombreuses associations larges chapeautées par le PCF sont créées, comme l'Union de la jeunesse républicaine de France (<span class="nowrap">250&nbsp;000&nbsp;adhérents</span> en 1945). Cette période va contribuer à forger une référence mythifiée pour la "gauche" française.  
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L'immédiat après-guerre fut un énorme succès électoral pour le PCF, qui va s'empresser de [[Participation_aux_gouvernements_bourgeois|participer à tous les gouvernements bourgeois]] : il y a des ministres communistes de 1945 à 1947. <br>
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L'immédiat après-guerre fut un énorme succès électoral pour le PCF, qui va s'empresser de [[Participation aux gouvernements bourgeois|participer à tous les gouvernements bourgeois]]&nbsp;: il y a des ministres communistes de 1945 à 1947. <br>  
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Aux législatives de 1945, le PCF fait une percée en obtenant 26,2&nbsp;% des suffrages et 159 députés, devenant le premier parti de France et de la gauche, au détriment de la [[SFIO|SFIO]] (25&nbsp;%) et du Parti radical (13,6&nbsp;%). En juin 1946, le PCF obtient 26&nbsp;% des suffrages mais perd 6 sièges à l'Assemblée nationale. En octobre, il obtient son score le plus important dans les élections législatives&nbsp;: 28,2&nbsp;% des suffrages et 182 sièges, redevenant ainsi le premier parti de France, en ayant débordé ses bastions ouvriers pour être présent dans pratiquement tous les départements.
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Aux législatives de 1945, le PCF fait une percée en obtenant 26,2&nbsp;% des suffrages et 159 députés, devenant le premier parti de France et de la gauche, au détriment de la [[SFIO|SFIO]] (25&nbsp;%) et du Parti radical (13,6&nbsp;%). En juin 1946, le PCF obtient 26&nbsp;% des suffrages mais perd 6 sièges à l'Assemblée nationale. En octobre, il obtient son score le plus important dans les élections législatives&nbsp;: 28,2&nbsp;% des suffrages et 182 sièges, redevenant ainsi le premier parti de France, en ayant débordé ses bastions ouvriers pour être présent dans pratiquement tous les départements.  
    
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Il y avait pourtant d'importantes luttes de classe à cette époque, mais que la direction communiste a étouffées, comme la [[Grève_de_1947_à_Renault|grève de 1947 à Renault Billancourt]].
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Il y avait pourtant d'importantes luttes de classe à cette époque, mais que la direction communiste a étouffées, comme la [[Grève de 1947 à Renault|grève de 1947 à Renault Billancourt]].  
    
Mais une telle dynamique pour un parti communiste, qui est en contradiction avec l'[[Idéologie dominante|idéologie dominante]], ne peut être basée que sur un élan révolutionnaire. Le PCF, devenu stalinien et [[Réformiste|réformiste]], s'est sabordé lui-même en se couchant devant la bourgeoisie, et celle-ci l'a écartée dès qu'elle a pu. En 1947, sur fond de [[Guerre froide|guerre froide]] qui commence, les ministres communistes sont exclus du gouvernement.  
 
Mais une telle dynamique pour un parti communiste, qui est en contradiction avec l'[[Idéologie dominante|idéologie dominante]], ne peut être basée que sur un élan révolutionnaire. Le PCF, devenu stalinien et [[Réformiste|réformiste]], s'est sabordé lui-même en se couchant devant la bourgeoisie, et celle-ci l'a écartée dès qu'elle a pu. En 1947, sur fond de [[Guerre froide|guerre froide]] qui commence, les ministres communistes sont exclus du gouvernement.  
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== Années 1950 et 1960<br>  ==
 
== Années 1950 et 1960<br>  ==
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Après 1947, les militants d'horizons différents qui avaient rejoint le PCF dans l'enthousiasme de la Libération s'en éloignent. Des désaccords idéologiques s'expriment au sein des militants, et une vague d'exclusions a lieu, menées principalement par Jacques Duclos.
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Après 1947, les militants d'horizons différents qui avaient rejoint le PCF dans l'enthousiasme de la Libération s'en éloignent. Des désaccords idéologiques s'expriment au sein des militants, et une vague d'exclusions a lieu, menées principalement par Jacques Duclos.  
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Le PCF restera néanmoins le premier parti ouvrier (et la première force à gauche) jusqu'aux années 1970, avec de forts bastions dans les quartiers et villes populaires.
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Le PCF restera néanmoins le premier parti ouvrier (et la première force à gauche) jusqu'aux années 1970, avec de forts bastions dans les quartiers et villes populaires.  
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Malgré la mort de Staline en 1953, le PCF reste un des PC les plus "orthodoxes" et très lié à la bureaucratie d'URSS. Il soutient&nbsp;1956 l'intervention militaire contre l'[[Insurrection de Budapest|insurrection de Budapest]]. C'est aussi une période durant laquelle le PCF et "sa" CGT écartent - y compris physiquement - les militants trotskistes qui voudraient s'adresser à "leurs" ouvriers. Lors de la répression du [[Printemps de Prague|Printemps de Prague]] en 1968, le PCF commence à se démarquer de la politique soviétique en désapprouvant timidement.  
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Malgré la mort de Staline en 1953, le PCF reste un des PC les plus "orthodoxes" et très lié à la bureaucratie d'URSS. Il soutient&nbsp;1956 l'intervention militaire contre l'[[Insurrection de Budapest|insurrection de Budapest]]. C'est aussi une période durant laquelle le PCF et "sa" CGT écartent - y compris physiquement - les militants trotskistes qui voudraient s'adresser à "leurs" ouvriers.  
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Mais parallèlement le PCF avance toujours plus dans le [[Réformisme|réformisme]] et l'[[Révisionnisme|abandon de toute base marxiste]]. À l'élection présidentielle de 1965, il se désiste directement en faveur du "candidat unique de la gauche" [[François Mitterrand|François Mitterrand]].&nbsp;
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En 1956, le PCF suit une orientation d'«&nbsp;unité nationale&nbsp;» et vote, avec d'autres partis, les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet, qui réprimera durement le mouvement indépendantiste durant la [[Guerre_d'Algérie|guerre d'Algérie]].
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== Années 1970 ==
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Dans les années 1960, le [[Maoïsme|maoïsme]] commence à séduire différents Français&nbsp;; le PCF est alors marqué par le départ ou l'exclusion d'une partie de ses militants.
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En 1976, le PCF commence à s'orienter vers une ligne de type [[Eurocommuniste|eurocommuniste]] à l'image du [[Parti communiste italien|Parti communiste italien]]. Il abandonne la référence à la [[dictature du prolétariat|dictature du prolétariat]] lors de son <abbr class="abbr" title="Vingt-deuxième">XXII<sup>e</sup></abbr> congrès.
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Maurice Thorez décède en 1964, et le nouveau secrétaire [[Waldeck_Rochet|Waldeck Rochet]] laissera moins de traces dans les mémoires.<br>
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== Années 1990 ==
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=== Déclin depuis les années 1990  ===
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La volonté de certains de ses dirigeants comme Robert Hue dans les années 90 d'aller très vite vers une «&nbsp;mutation&nbsp;» s'est traduite par l'abandon des nombreuses références qui existaient encore liées à l'origine prolétarienne et révolutionnaire de ce parti... mais il s'est cassé les dents par exemple sur le changement de nom du parti. La référence au communisme a été gardée...<br>
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Mais parallèlement le PCF avance toujours plus dans le [[Réformisme|réformisme]] et l'[[Révisionnisme|abandon de toute base marxiste]]. À l'élection présidentielle de 1965, il se désiste directement en faveur du "candidat unique de la gauche" [[François Mitterrand|François Mitterrand]].&nbsp;
   −
Le discours «&nbsp;humaniste&nbsp;» du Pc a pris depuis longtemps le pas sur le discours de classe. Les références à la Résistance ou à la Révolution française ont largement pris le pas sur les références aux révolutions ouvrières.<br>
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Au début de [[Mai_68|Mai 68]], le PCF est d'abord hostile au mouvement étudiant qu'il ne contrôle pas. Marchais écrit dans ''L'Humanité'' du 3 mai un article violent intitulé «&nbsp;De faux révolutionnaires à démasquer&nbsp;», où il s'en prend par exemple à «&nbsp;l'anarchiste allemand Cohn-Bendit&nbsp;». En juin 1968, le PCF imprime une affiche en revendiquant d'avoir «&nbsp;été le seul, dès le début, à dénoncer publiquement les agissements, les provocations et les violences des groupes ultra-gauchistes, anarchistes, maoïstes, ou trotskystes, qui font le jeu de la réaction&nbsp;»
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La participation de ministres communistes au gouvernement Jospin entre 1997 et 2002 n’a pas entraîné de levée de boucliers ou de cris scandalisés du côté des bourgeois.... En revanche, c’est au PC que cette participation a posé de sacrés problèmes. A chaque participation gouvernementale (ou même simplement à la majorité gouvernementale) le PC se retrouve en contradiction avec les aspirations de ses propres militants et de sa base ouvrière ou populaire. Les tentatives pour gérer cette contradiction ont amené alors le PC effectuer de nombreux zigzags politiques.  
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Lors de la répression du [[Printemps de Prague|Printemps de Prague]] en 1968, le PCF commence à se démarquer de la politique soviétique en désapprouvant timidement<span class="reference-text" /> dans <span class="reference-text"> ''L'Humanité'' du 22 août 1968 :
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<span class="reference-text">«&nbsp;Le Bureau politique du Parti communiste
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français […] exprime sa surprise et sa réprobation à la suite de  
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l'intervention militaire en Tchécoslovaquie. […] Le Parti communiste
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français n'a cessé de lutter dans ce sens en faisant connaître son
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opposition à toute intervention militaire venant de l'extérieur.&nbsp;»</span>
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<span class="reference-text" /></blockquote>
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== Années 1970  ==
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La campagne sur le Non au referendum de 2005 a permis par exemple au PCF de réafficher une opposition farouche au libéralisme et à l'Union E après avoir participé pendant 5 ans à un gouvernement avec le PS qui a avalisé tous les traités européens... Alors que le PS appelait à voter oui, le PC a fait campagne pour le non...Cette campagne a trouvé un bon écho parmi les militants du PC, ils étaient bien plus à leur aise que lorsqu'il fallait justifier les mesures anti-ouvrières du gouvernement Jospin... Et pour les dirigeants du PC cela devait les amener à redonner au parti une santé électorale... lui permettant de nouveau de négocier des accords avec le PS dans la perspective des élections législatives de 2007&nbsp;!
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[[Georges_Marchais|Georges Marchais]], élu au bureau politique depuis 1961, devient un responsable important du Parti à partir de 1970. Il signe en 1972, le Programme commun d'Union de la Gauche avec le [[Parti_socialiste_(France)|Parti socialiste]].
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== Années 2000 ==
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En 1974, la parution en France de ''L'Archipel du Goulag'' d'Alexandre Soljenitsyne, commence à ébranler le crédit du PCF toujours très stalinien. À la présidentielle, François Mitterrand, s'impose comme le candidat de l'Union de la Gauche, qui échoue de peu (49,19&nbsp;% des voix).
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Aux cantonales de 1976, pour la première fois depuis 1945, le PCF est devancé par le PS. Aux municipales de 1977, PS et PCF obtiennent le meilleur résultat de leur histoire, le PCF devient le parti qui dirige le plus grand nombre de mairie à travers la France.
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En 1976, lors de son <abbr title="Vingt-deuxième" class="abbr">XXII<sup>e</sup></abbr> congrès,&nbsp;le PCF commence à s'orienter vers une ligne de type [[Eurocommuniste|eurocommuniste]] à l'image du [[Parti communiste italien|Parti communiste italien]]. Il abandonne la référence à la [[Dictature du prolétariat|dictature du prolétariat]].
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En 1979, lors du<abbr title="Vingt-troisième" class="abbr">XXIII<sup>e</sup></abbr> congrès, malgré la phrase de Georges Marchais sur le bilan jugé <span class="citation">«&nbsp;globalement positif&nbsp;»</span> des pays staliniens, le PCF abandonne la référence au "Marxisme-Léninisme".
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== Années 1980 ==
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Dans les années 1980, la restructuration capitaliste mondiale érode rapidement les bastions ouvriers du PCF. Comme la direction communiste ne se montre pas utile pour résister et au contraire est associée aux reculs, le PCF ne recrute quasiment plus et décline.
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A la présidentielle de 1981, Georges Marchais n'a que 15,35%, alors que Mitterrand obtient 25,85%, et parvient à se faire élire président. Mitterrand n'avait pas besoin du PCF pour gouverner, mais il a préféré l'associer pour s'éviter toute opposition de gauche. Le PCF a donc de nouveau des ministres : Charles Fiterman (Transports), Anicet Le Pors (Fonction publique), Jack Ralite (Santé) et Marcel Rigout (Formation professionnelle).
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Après le tournant de la rigueur en 1982-1983, le PCF sent qu'il est menacé de perdre sa base populaire. En 1984, il quitte le gouvernement pour protester contre la nouvelle orientation libérale du Parti socialiste.
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Aux élections européennes de 1984 et aux régionales de 1986, le PCF chute tandis que le Front National monte en flèche et le talonne. Aux présidentielles de 1988, le candidat du PCF, André Lajoinie, n'obtient que 6,78, derrière Jean-Marie Le Pen (FN) à 14,38%.
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== Années 1990  ==
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En 1994, [[Robert_Hue|Robert Hue]] remplace Georges Marchais à la tête du parti. Sa volonté est d'aller très vite vers une «&nbsp;mutation&nbsp;» et de se débarrasser des références qui liaient encore le parti à son origine prolétarienne et révolutionnaire... sans réussir à changer le nom du parti, contrairement à d'autres pays. Mais malgré le terme de "communiste", le contenu du discours du PCF s'est quasiment aligné sur un discours «&nbsp;humaniste&nbsp;» bourgeois. Les références à la [[Résistance|Résistance]] ou à la [[Révolution française|Révolution française]] ont largement pris le pas sur les références aux révolutions ouvrières.<br>
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Le PCF commence à perdre ses fiefs : aux municipales de juin 1995, le Havre et Garges-lès-Gonesse, jusqu'ici communistes, basculent à droite.
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En 1997, le PCF retente l'alliance avec le PS dans la gauche plurielle, sur un programme encore plus à droite. Plusieurs ministres entrent au gouvernement Jospin : Jean-Claude Gayssot au ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement, Marie-George Buffet au ministère des Sports, Michelle Demessine (puis Jacques Brunhes à partir de septembre 2001) au secrétariat d'État au Tourisme et en 2000, Michel Duffour au secrétariat d'État au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle. Ce gouvernement Jospin tente de se doter d'une image progressiste mais est totalement soumis à la loi du capital. Il [[Privatisation|privatise]] encore plus que le gouvernement précédent (le communiste Gayssot ouvre le capital d'Air France à la concurrence et ne revient pas sur la séparation SNCF-RFF).<br>
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Signe de leur profonde intégration à l'[[Etat capitaliste|Etat capitaliste]], ces ministres communistes n’ont pas entraîné de levée de boucliers ou de cris scandalisés du côté des bourgeois... En revanche, c’est au PCF que cette participation a posé de sacrés problèmes. A chaque participation gouvernementale (ou même simplement à la majorité gouvernementale) le PC se retrouve en contradiction avec les aspirations de ses propres militants et de sa base ouvrière ou populaire. Les tentatives pour gérer cette contradiction ont amené alors le PC effectuer de nombreux zigzags politiques.
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== Années 2000  ==
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=== Vers l'antilibéralisme ===
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En 2000, le <abbr title="Trentième" class="abbr">XXX<sup>e</sup></abbr> congrès poursuit l'abandon de la conception marxiste-léniniste. Un certain nombre de militants quittent le PCF à l'appel de Rolande Perlican, pour fonder en 2002 «&nbsp;Communistes&nbsp;», un petit parti stalinien orthodoxe.
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En 2001, Robert Hue est remplacé au secrétariat national par Marie-George Buffet. Aux municipales la même année, beaucoup de communes communistes basculent à droite, comme Argenteuil, Colombes, Montluçon, Sète, Nîmes et La Seyne-sur-Mer. <br>
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En 2002, le PCF s'effondre aux présidentielles, obtenant moins que les candidats se réclamant du [[trotskisme|trotskisme]] (Arlette Laguillier et Olivier Besancenot).
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La campagne sur le Non au referendum de 2005 a permis par exemple au PCF de réafficher une opposition farouche au libéralisme et à l'[[Union Européenne|Union Européenne]] après avoir participé pendant 5 ans à un gouvernement avec le PS qui a avalisé tous les traités européens... Alors que le PS appelait à voter oui, le PCF a fait campagne pour le non... Cette campagne a trouvé un bon écho parmi les militants, qui étaient bien plus à leur aise que lorsqu'il fallait justifier les mesures anti-ouvrières du gouvernement Jospin... Et pour les dirigeants du PC cela devait les amener à redonner au parti une santé électorale... lui permettant de nouveau de négocier des accords avec le PS dans la perspective des élections législatives de 2007&nbsp;!
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En 2007, Marie-George Buffet ne fait que 1,93%, le pire résultat de l'histoire du parti.<br>
    
=== Depuis 2008, le Front de Gauche  ===
 
=== Depuis 2008, le Front de Gauche  ===
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Si bon nombre de militants du PC rechignent à voir Mélénchon utiliser leur parti comme marchepied... ils n'ont pour la plupart pas d'autre perspectives qu'électorale, et sur ce seul terrain, l'opération Mélenchon peut leur sembler payante à court terme...<br>  
 
Si bon nombre de militants du PC rechignent à voir Mélénchon utiliser leur parti comme marchepied... ils n'ont pour la plupart pas d'autre perspectives qu'électorale, et sur ce seul terrain, l'opération Mélenchon peut leur sembler payante à court terme...<br>  
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Il a eu lieu en deux temps, d'abord le vote de la direction lors de sa conférence nationale du 5 juin&nbsp;: elle a décidé par 63,6&nbsp;% des voix le soutien à la candidature de Mélenchon... puis le vote des militants sur 3 jours les 16,17 et 18 juin dans toute la France.<br>Du coup, le vote des militants n'a donné qu'une faible majorité pour la candidature Mélenchon&nbsp;: 59,12%, André Chassaigne remportant plus de 36% des votes... mais surtout dans la plupart des bastions militants historiques du PC qui recoupent aussi les endroits où la composition sociale reste la plus populaire, le vote en faveur de Chassaigne a été majoritaire&nbsp;: dans le Centre et<br>sud ouest de la France, Nord Pas de Calais, Seine Maritime, Ardennes, Val de Marne.<br>  
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Il a eu lieu en deux temps, d'abord le vote de la direction lors de sa conférence nationale du 5 juin&nbsp;: elle a décidé par 63,6&nbsp;% des voix le soutien à la candidature de Mélenchon... puis le vote des militants sur 3 jours les 16,17 et 18 juin dans toute la France.<br>Du coup, le vote des militants n'a donné qu'une faible majorité pour la candidature Mélenchon&nbsp;: 59,12%, André Chassaigne remportant plus de 36% des votes... mais surtout dans la plupart des bastions militants historiques du PC qui recoupent aussi les endroits où la composition sociale reste la plus populaire, le vote en faveur de Chassaigne a été majoritaire&nbsp;: dans le Centre et sud ouest de la France, Nord Pas de Calais, Seine Maritime, Ardennes, Val de Marne.<br>  
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La préparation des élections sénatoriales cause bien des soucis au sein du Front de Gauche, puisque par exemple, à Paris, le PC a négocié directement avec le PS et les Verts pour<br>sauver ses élus.... au grand dam du PG qui s'estime lésé et qui menace de présenter des listes à part, «&nbsp;quitte à faire perdre la gauche&nbsp;»....<br>
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La préparation des élections sénatoriales cause bien des soucis au sein du Front de Gauche, puisque par exemple, à Paris, le PC a négocié directement avec le PS et les Verts pour sauver ses élus.... au grand dam du PG qui s'estime lésé et qui menace de présenter des listes à part, «&nbsp;quitte à faire perdre la gauche&nbsp;»....
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== Notes et sources ==
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