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Dans la [[Révolution_espagnole|Révolution espagnole]] (1936-1939), les staliniens (qui sont au départ faiblement implantés mais qui bénéficient de l'appui de l'État soviétique) font un bloc acritique avec les bourgeois démocrates contre les franquistes, allant pour leur plaire jusqu'à désamorcer l'élan socialiste révolutionnaire et à assassiner des leaders anarchistes et [[POUM|poumistes]]. Or l'élan révolutionnaire était le seul qui pouvait donner aux masses la combativité suffisante pour vaincre le fascisme.
 
Dans la [[Révolution_espagnole|Révolution espagnole]] (1936-1939), les staliniens (qui sont au départ faiblement implantés mais qui bénéficient de l'appui de l'État soviétique) font un bloc acritique avec les bourgeois démocrates contre les franquistes, allant pour leur plaire jusqu'à désamorcer l'élan socialiste révolutionnaire et à assassiner des leaders anarchistes et [[POUM|poumistes]]. Or l'élan révolutionnaire était le seul qui pouvait donner aux masses la combativité suffisante pour vaincre le fascisme.
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Jusqu'au milieu des années 1930, les militants communistes de certains pays ont parfois des réflexes démocratiques élémentaires pour défendre Trotski. Ainsi en août 1936, lorsque des fascistes s'introduisent dans la maison où est hébergé Trotski en Norvège, le PC norvégien convoque immédiatement un meeting de condamnation des fascistes. Mais Moscou opère aussi un recadrage&nbsp;: l'agence Tass affirme que les fascistes rendaient visite à Trotski, l'Humanité reprend cette diffamation, et le PC norvégien revendique alors l'expulsion de Trotski.<ref>Alfred Rosmer, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/rosnor.htm Appendice à Ma vie, de Trotski]'', 1954</ref>
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Jusqu'au milieu des années 1930, les militants communistes de certains pays ont parfois des réflexes démocratiques élémentaires pour défendre Trotski. Ainsi en août 1936, lorsque des fascistes s'introduisent dans la maison où est hébergé Trotski en Norvège, le [[Parti communiste norvégien|PC norvégien]] convoque immédiatement un meeting de condamnation des fascistes. Mais Moscou opère aussi un recadrage&nbsp;: l'agence Tass affirme que les fascistes rendaient visite à Trotski, l'''[[L'Humanité|Humanité]]'' reprend cette diffamation, et le PC norvégien revendique alors l'expulsion de Trotski.<ref>Alfred Rosmer, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/rosnor.htm Appendice à Ma vie, de Trotski]'', 1954</ref>
    
=== Stalinisme et impérialisme ===
 
=== Stalinisme et impérialisme ===
L'Internationale des origines faisait de l'[[anti-impérialisme]] un principe, et devait lutter contre des tendances chauvines présentes dans tout parti de masse. L'Internationale stalinisée va cesser très vite de mener cette lutte, qui n'intéressait plus une bureaucratie tournée vers la préservation de ses intérêts. Les principes vont devenir à géométrie variable.
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L'[[Internationale Communiste|Internationale]] des origines faisait de l'[[anti-impérialisme]] un principe, et devait lutter contre des tendances chauvines présentes dans tout parti de masse. L'Internationale stalinisée va cesser très vite de mener cette lutte, qui n'intéressait plus une bureaucratie tournée vers la préservation de ses intérêts. Les principes vont devenir à géométrie variable.
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Le premier grand recul sur l'internationalisme est dû à la ligne des [[fronts populaires]]. Puisqu'il s'agissait de s'allier aux secteurs petits-bourgeois, il fallait épouser leur discours nationaliste (le nationalisme en tant que discours [[interclassiste]] détournant de la [[lutte de classe]] a toujours été une arme puissante des idéologies bourgeoises). Comme dit plus haut, c'est à ce moment que le PCF reprend l'imagerie [[w:Drapeau de la France|tricolore]], la ''[[La Marseillaise|Marseillaise]]'', etc. Mais cela avait aussi des conséquences dans les pays dominés. Ainsi à la même période, le [[Parti communiste indochinois]] avait pour consigne de ne pas mener une lutte trop frontale contre la France, puisque l'URSS était alliée à la France. Plus tard, en janvier 1947, cinq ministres du PCF entrent au gouvernement français, gouvernement qui mène une guerre coloniale contre un mouvement dirigé par un parti frère... C'est un signe très net du fait que l'[[Internationale Communiste|Internationale]] n'a plus rien d'un [[parti mondial]] de la révolution, mais n'est plus qu'un ensemble de partis [[réformistes]] et [[Nationalisme de gauche|nationalistes de gauche]] dont le point commun et d'être (certes de moins en moins) dirigés au grès des intérêts de Moscou.
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=== Du Pacte germano-soviétique à la Résistance (1939-1941)===
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[[Fichier:Hitler and Stalin. Wonder how long the honeymoon will last?.jpg|vignette|336x336px|Caricature aux États-Unis'','' 9 octobre 1939]]
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Sentant peser la menace des armées nazies, Staline va signer un [[Pacte germano-soviétique|pacte de non agression avec Hitler]] en août 1939. Ce pacte contenait aussi des [[Diplomatie secrète|clauses secrètes]] actant des zones d'influences en Europe. Partout les PC doivent faire l'apologie du pacte et dénoncer la [[Seconde_Guerre_mondiale|Guerre mondiale]] commençante comme un conflit inter-impérialiste. Cela choque profondément de nombreux communistes, qui étaient investis dans l'[[antifascisme]]. Beaucoup quittent les PC, et certains PC quittent l'Internationale comme le [[Parti communiste britannique|PC britannique]]. Cela provoque aussi un vent de condamnation nationaliste, et le PCF est interdit.
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Dès 1940, Staline songe à dissoudre l'[[Internationale Communiste|Internationale]] (un héritage qui rappelait malgré lui l'objectif de [[révolution mondiale]]), mais diffère l'annonce pour ne pas sembler la sacrifier à l'entente avec Hitler. En juillet 1940,  une poignée de dirigeants clandestins du [[PCF]] avec [[Jacques Duclos]] et [[Maurice Tréand]] demandent l'autorisation aux occupants nazis de faire reparaître [[L'Humanité|''L'Humanité'']]. Moscou, avertie, ordonna de mettre fin immédiatement aux démarches.
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Au printemps 1941, Staline préconise maintenant discrètement aux PC d'Europe occupée de conclure des ententes avec des forces non-communistes pour la [[Résistance intérieure française|résistance]] contre les Allemands. Le 15 mai 1941, le PCF fonda ainsi le [[w:Front national (Résistance)|Front National de Lutte pour l'Indépendance de la France]].
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Hitler [[w:opération Barbarossa|attaque finalement l'URSS]] le 22 juin 1941, et aussitôt Staline s'allie avec le Royaume-Uni. Les PC mettent maintenant toute leur énergie la résistance, y compris jusqu'à l'imprudence totale, car  Moscou voulait voir plus de troupes allemandes fixées dans les pays occupés. Les PC pratiquent alors une stratégie d'attaques frontales de l'occupant allemand, exposant ainsi les militant·es, les otages et les populations civiles à de terrifiantes répressions. Cela tendit souvent les relations avec les autres formations de la [[Résistance (France)|Résistance]] en France, en Yougoslavie ou en Pologne, qui critiquaient l'inutilité et le danger des attentats individuels contre les soldats allemands ainsi que le lourd coût des sabotages spectaculaires et des combats de [[guerilla]] prématurés.
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Beaucoup cependant admirèrent la détermination et le courage des communistes, qui leur semblaient les plus décidés à se battre tout de suite et les plus riches en martyrs ([[w:Colonel Fabien|Colonel Fabien]], [[w:Otages de Châteaubriant|otages de Châteaubriant]]...). Le lourd tribut payé par les militant·es communistes restaurera en bonne partie le prestige entamé par le Pacte, tout comme les victoires de l'[[Armée rouge]].
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Le premier grand recul sur l'internationalisme est dû à la ligne des [[fronts populaires]]. Puisqu'il s'agissait de s'allier aux secteurs petits-bourgeois, il fallait épouser leur discours nationaliste (le nationalisme en tant que discours [[interclassiste]] détournant de la [[lutte de classe]] a toujours été une arme puissante des idéologies bourgeoises). Comme dit plus haut, c'est à ce moment que le PCF reprend l'imagerie tricolore, la ''Marseillaise'', etc. Mais cela avait aussi des conséquences dans les pays dominés. Ainsi à la même période, le [[Parti communiste indochinois]] avait pour consigne de ne pas mener une lutte trop frontale contre la France, puisque l'URSS était alliée à la France. Plus tard, en janvier 1947, cinq ministres du PCF entrent au gouvernement français, gouvernement qui mène une guerre coloniale contre un mouvement dirigé par un parti frère... C'est une signe très net du fait que l'Internationale n'a plus rien d'un [[parti mondial]] de la révolution, mais n'est plus qu'un ensemble de partis [[réformistes]] et [[Nationalisme de gauche|nationalistes de gauche]] dont le point commun et d'être (certes de moins en moins) dirigés au grès des intérêts de Moscou.
   
===La II<sup>e</sup> guerre mondiale et la dissolution de l'Internationale===
 
===La II<sup>e</sup> guerre mondiale et la dissolution de l'Internationale===
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A présent, c'est avec les Alliés que Staline négocie le futur repartage de l'Europe (notamment aux [[w:Conférence de Moscou (1943)|conférences de Moscou]] en 1943 et de [[Conférence de Yalta|Yalta]] en 1945). Pour rassurer les alliés il dissout la [[Internationale Communiste|III<sup>e</sup> Internationale]] le 15 mai 1943, en maintenant seulement un « bureau d'information communiste » ([[Kominform]]). Bien sûr la bureaucratie de l'État soviétique contrôlait toujours, par son pouvoir matériel et ses menaces, une grande partie des PC, mais elle n'avait pas besoin d'une Internationale avec des votes censés être démocratiques pour ça.
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{{...}}La [[Seconde guerre mondiale|Deuxième guerre mondiale]] est suivie d'une vague révolutionnaire, mais de nature  « moins socialiste » que celle [[Vague révolutionnaire de 1917-1923|post 1918]].
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A la fin de la [[Seconde guerre mondiale|guerre]], L'[[URSS]] et les [[États-Unis]] apparaissent comme les deux principaux superpuissances, et une sorte d'entente semble s'établir entre eux pour assurer le patronage du monde (découpage de l'Allemagne vaincue, création de l'[[Organisation des nations unies|ONU]]...).
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Elle fut très forte sur le plan anticolonial, mais dans les pays occidentaux, elle fut étouffée, en grande partie du fait des efforts actifs des puissances dominantes à l'issue de la guerre, les [[États-Unis]] et la [[bureaucratie stalinienne]], celle-ci disposant non seulement de l'[[Armée rouge]] mais aussi de nombreux relais dans les partis communistes de tous les pays. La puissance du mouvement ouvrier fut canalisée pour obtenir des réformes sociales (certes non négligeables, comme les systèmes de [[sécurité sociale]]), que la bourgeoisie était prête à accorder pour éviter toute remise en question radicale de la [[propriété  capitaliste]].
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La [[Seconde guerre mondiale|guerre]] est suivie d'une [[Vague révolutionnaire de 1945|vague révolutionnaire]], mais de nature  « moins socialiste » que celle [[Vague révolutionnaire de 1917-1923|post 1918]] (bien que forte sur le plan [[Anti-colonialisme|anticolonial]]), et ce en grande partie à cause des efforts combinés des occidentaux et des appareils staliniens. Par exemple, lorsqu'ils traitaient de la gestion de l'Allemagne après sa défaite, les états-uniens et les soviétiques s'étaient mis d'accord pour ne traiter avec un éventuel gouvernement né d'un soulèvement à caractère socialiste. Un reporter états-unien témoigne :
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« De nombreux Russes, avec lesquels l'auteur a parlé franchement, discutaient les dangers d'une Allemagne communisée. Ils pensaient qu'elle pourrait éventuellement se tourner vers le trotskysme et pourrait ainsi provoquer des dangers pour l'Union soviétique, - une possibilité qui doit être évitée à tout prix. »<ref>C. L. Sulzberger dans le ''New-York Times'' du 31 octobre, cité dans Pierre Broué, ''[https://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch_17.htm Le parti bolchévique]'', 1963</ref>
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La puissance du mouvement ouvrier fut canalisée pour obtenir des réformes sociales (certes non négligeables, comme les systèmes de [[sécurité sociale]]), que la bourgeoisie était prête à accorder pour éviter toute remise en question radicale de la [[propriété  capitaliste]].
    
Les [[Prévision|pronostics]] de [[Léon Trotski|Trotski]] sur la chute du stalinisme après la guerre se sont avérés trop optimistes. La rupture de continuité dans la conscience révolutionnaire de toute une génération a beaucoup joué.<ref>Ernest Mandel, ''[https://www.marxists.org/francais/mandel/works/1978/11/em19781100.htm Actualité du trotskisme]'', Critique Communiste, novembre 1978.</ref> Au début de la [[guerre froide]], beaucoup de [[jeunes]] rejoignaient les communistes en ayant le sentiment qu'il s'agissait, à l'échelle mondiale, du bloc progressiste. Ils n'avaient souvent pas assez de connaissance sur ce qui se passait réellement dans les dictatures staliniennes, et pas assez de repères pour comprendre à quel point les partis communistes jouaient un rôle anti-révolutionnaire dans les pays occidentaux.
 
Les [[Prévision|pronostics]] de [[Léon Trotski|Trotski]] sur la chute du stalinisme après la guerre se sont avérés trop optimistes. La rupture de continuité dans la conscience révolutionnaire de toute une génération a beaucoup joué.<ref>Ernest Mandel, ''[https://www.marxists.org/francais/mandel/works/1978/11/em19781100.htm Actualité du trotskisme]'', Critique Communiste, novembre 1978.</ref> Au début de la [[guerre froide]], beaucoup de [[jeunes]] rejoignaient les communistes en ayant le sentiment qu'il s'agissait, à l'échelle mondiale, du bloc progressiste. Ils n'avaient souvent pas assez de connaissance sur ce qui se passait réellement dans les dictatures staliniennes, et pas assez de repères pour comprendre à quel point les partis communistes jouaient un rôle anti-révolutionnaire dans les pays occidentaux.
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Dans les pays conquis par l'[[Armée rouge]] pendant la [[Seconde guerre mondiale]], les parti communistes prennent progressivement le pouvoir, sous la houlette de Moscou. Dans les premières années, ils font cependant mine de garder un semblant de pluralisme, tout en manœuvrant pour écarter tous les leaders non contrôlés par les PC. En Hongrie, on a parlé de « [[w:Tactique du salami|tactique du salami]] ».
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Dans les pays conquis par l'[[Armée rouge]] pendant la [[Seconde guerre mondiale]], les parti communistes prennent progressivement le pouvoir, sous la houlette de Moscou. Dans les premières années, ils font cependant mine de garder un semblant de [[pluralisme]], tout en manœuvrant pour écarter tous les leaders non contrôlés par les PC. En Hongrie, on a parlé de « [[w:Tactique du salami|tactique du salami]] ».
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Le [[Kominform]] est dissout le 17 avril 1956.
    
==Le régime stalinien==
 
==Le régime stalinien==

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