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Lénine rappellera souvent le Manifeste de Bâle  pour souligner la trahison de Kautsky<ref>Lénine, [[:fr:La faillite de la IIe internationale|La faillite de la II<sup>e</sup> internationale]], juin 1915</ref>. Après Bâle, certains socialistes apparaissent moins fermes dans leur opposition à la guerre, comme Kautsky qui dira « l'attitude de l'Internationale à l'égard de la guerre n'a pas encore été définie ».
 
Lénine rappellera souvent le Manifeste de Bâle  pour souligner la trahison de Kautsky<ref>Lénine, [[:fr:La faillite de la IIe internationale|La faillite de la II<sup>e</sup> internationale]], juin 1915</ref>. Après Bâle, certains socialistes apparaissent moins fermes dans leur opposition à la guerre, comme Kautsky qui dira « l'attitude de l'Internationale à l'égard de la guerre n'a pas encore été définie ».
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==La guerre de 1914 et l'Union sacrée==
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== Explosion de l'Internationale ==
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=== Marche à la guerre ===
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Encore le 29 juillet 1914, le Bureau socialiste international se réunit et adopte la résolution suivante :
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« Le Bureau Socialiste International, lors de sa réunion tenue aujourd'hui 29 juillet, après avoir écouté les rapports des représentants de tous les pays susceptibles d'être impliqués dans une guerre mondiale sur la situation politique de ces pays, a décidé à l'unanimité qu'il serait du devoir des travailleurs de toutes les nations concernées non seulement de continuer mais d'intensifier encore leurs manifestations contre la guerre, pour la paix et pour le règlement du conflit austro-serbe par un arbitrage international. Les ouvriers allemands et français exerceront la pression la plus énergique sur les gouvernements de leurs pays respectifs, afin que l'Allemagne retienne l'ardeur guerrière de l'Autriche et que la France obtienne de la Russie la non-ingérence dans le conflit. Les travailleurs britanniques et italiens soutiendront, de leur côté, ces efforts de toute leur énergie. Le congrès extraordinaire qui est convoqué à Paris sera une expression vigoureuse de cette volonté de paix du prolétariat international. »
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Un 10<sup>e</sup> congrès était prévu à Vienne du 23 au 29 août 1914, mais en juillet, le Parti social-démocrate autrichien annonce qu'il devra avoir lieu dans un autre pays à cause du risque de guerre.
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Mais le congrès n’a jamais eu lieu en raison du déclenchement de la guerre le 4 août 1914.
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===La guerre de 1914 et l'Union sacrée===
    
Après le déclenchement de la [[Première_guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]], les leaders socialistes (à l'exception des Russes, des Serbes et des Bulgares), votèrent les crédits militaires demandés par les gouvernements, et prônèrent la trêve sociale au nom du [[Nationalisme|nationalisme]] (''«&nbsp;[[Union_sacrée|Union sacrée]]&nbsp;»''). Ils appelaient donc les prolétaires de chaque pays à faire bloc avec leur bourgeoisie contre les prolétaires des autres pays. Des pans entiers des partis socialistes répandaient même ouvertement des discours [[Chauvins|chauvins]].
 
Après le déclenchement de la [[Première_guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]], les leaders socialistes (à l'exception des Russes, des Serbes et des Bulgares), votèrent les crédits militaires demandés par les gouvernements, et prônèrent la trêve sociale au nom du [[Nationalisme|nationalisme]] (''«&nbsp;[[Union_sacrée|Union sacrée]]&nbsp;»''). Ils appelaient donc les prolétaires de chaque pays à faire bloc avec leur bourgeoisie contre les prolétaires des autres pays. Des pans entiers des partis socialistes répandaient même ouvertement des discours [[Chauvins|chauvins]].
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Vers 1916-1917, dans la plupart des partis de l'Internationale, c'est l'aile centriste opposée à la poursuite de la guerre, qui reprend le dessus contre les réformistes les plus chauvins.<ref>Ernest Mandel, ''[https://www.marxists.org/francais/mandel/works/1978/11/em19781100.htm Actualité du Trotskysme]'', 1978</ref> Mais cela ne suffira pas à maintenir l'unité.
 
Vers 1916-1917, dans la plupart des partis de l'Internationale, c'est l'aile centriste opposée à la poursuite de la guerre, qui reprend le dessus contre les réformistes les plus chauvins.<ref>Ernest Mandel, ''[https://www.marxists.org/francais/mandel/works/1978/11/em19781100.htm Actualité du Trotskysme]'', 1978</ref> Mais cela ne suffira pas à maintenir l'unité.
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==La révolution russe et la scission==
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===La révolution russe et la scission===
 
La [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]] de 1917 va ajouter un clivage de plus dans le mouvement ouvrier international&nbsp;: tandis que la révolution enthousiasmait de larges masses ouvrières, elle était globalement condamnée par les vieilles directions [[Réformistes|réformistes]]. La plupart du [[Conférence_de_Zimmerwald_(1915)|mouvement zimmerwaldien]] soutint la révolution russe, mais un certain nombre de dirigeants qui furent dans l'Union sacrée pendant la guerre finit aussi par s'y rallier.
 
La [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]] de 1917 va ajouter un clivage de plus dans le mouvement ouvrier international&nbsp;: tandis que la révolution enthousiasmait de larges masses ouvrières, elle était globalement condamnée par les vieilles directions [[Réformistes|réformistes]]. La plupart du [[Conférence_de_Zimmerwald_(1915)|mouvement zimmerwaldien]] soutint la révolution russe, mais un certain nombre de dirigeants qui furent dans l'Union sacrée pendant la guerre finit aussi par s'y rallier.
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En février 1919, les dirigeants de la Deuxième internationale se réunissent à la Conférence de Berne. Les délégués de l’aile droite et du centre s’étaient violemment affrontés, principalement sur la question de la Russie et&nbsp;des Bolcheviks et sur la reconstitution de la Seconde Internationale. Plusieurs partis socialistes — ceux d’Italie, de Suisse, de&nbsp;Serbie, de Roumanie et d’Amérique — s’étaient abstenus d’envoyer des délégués. Mais l’aile droite l’avait emporté, et l’on avait&nbsp;sévèrement condamné les méthodes de «&nbsp;[[Dictature|dictature]]&nbsp;» employées en&nbsp;Russie.
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Début 1917, un comité de socialistes danois et scandinaves lança un appel à un congrès international à Stockholm, dans l'idée de refonder la Deuxième internationale. L'appel se voulait pacifiste et internationaliste, mais s'inscrivait en réalité dans le camp des  Alliés. C'était essentiellement une tentative des dirigeants socialistes pour canaliser le militantisme anti-guerre croissant, ainsi que la radicalisation engendrée par la révolution russe. Cela souleva beaucoup de débats parmi les socialistes, et notamment en Russie. Finalement, les dirigeant·es de Zimmerwald appelèrent à une conférence du mouvement qui devait se tenir avant ce congrès.
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Répondant directement à cette conférence, le [[Congrès_de_fondation_de_la_Troisième_internationale|congrès de fondation de la Troisième internationale]] a lieu à Moscou en mars 1919. Partout, de nombreux socialistes (majoritaires ou minoritaires selon les pays) quittent la Deuxième Internationale pour rallier l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]]. A partir de cette rupture historique causée par la guerre et la révolution, on distinguera les ''«&nbsp;communistes&nbsp;»'' de leurs ex-camarades ''«&nbsp;socialistes&nbsp;»''.
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Ces rassemblements à Stockholm furent sans cesse reportés, notamment parce que les gouvernements des pays Alliés refusaient que les délégués s'y rendent. Il y eut un débat parmi les bolchéviks sur le fait d'y participer ou non. Lénine était parmi les plus opposés.<ref>Lénine, [[:fr:Sur la conférence de Stockholm|Sur la conférence de Stockholm]], 8 septembre 1917</ref> Il fut décidé d'y aller et que les délégués feraient du mot d'ordre de paix sans annexion une condition sine qua non. Mais le congrès n'arriva même pas à se réunir.
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Mais un certain nombre de courants socialistes rompent avec les social-chauvins tout en voulant garder leurs distance avec les bolchéviks. Ils vont notamment former l'[[Union_des_partis_socialistes_pour_l'action_internationale|Union des partis socialistes pour l'action internationale]], connu sous le nom ''«&nbsp;d'Union de Vienne&nbsp;»'', et raillée par les communistes comme ''«&nbsp;Internationale deux et demie&nbsp;»''.
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En février 1919, les dirigeants de la Deuxième internationale se réunissent à la Conférence de Berne. Les délégués de l’aile droite et du centre s’étaient violemment affrontés, principalement sur la question de la Russie et&nbsp;des Bolcheviks et sur la reconstitution de la Seconde Internationale. Plusieurs partis socialistes — ceux d’Italie, de Suisse, de&nbsp;Serbie, de Roumanie et d’Amérique — s’étaient abstenus d’envoyer des délégués. Mais l’aile droite l’avait emporté, et l’on avait&nbsp;sévèrement condamné les méthodes de «&nbsp;[[dictature]]&nbsp;» employées en&nbsp;Russie.
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En 1923, les derniers partis membres de l'Internationale ouvrière se rassembleront avec ceux de l'Union de Vienne pour former l'[[Internationale_ouvrière_socialiste|Internationale ouvrière socialiste]]. Laquelle en 1951, après une nouvelle perte de contact pendant la guerre, se reformera en [[Internationale_socialiste|Internationale socialiste]].
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=== Troisième internationale ===
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Répondant directement à cette conférence, le [[Congrès_de_fondation_de_la_Troisième_internationale|congrès de fondation de la Troisième internationale]] a lieu à Moscou en mars 1919. Partout, de nombreux socialistes (majoritaires ou minoritaires selon les pays) quittent la Deuxième Internationale pour rallier l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]]. A partir de cette rupture historique causée par la guerre et la révolution, on distinguera les ''«&nbsp;communistes&nbsp;»'' de leurs ex-camarades ''«&nbsp;socialistes&nbsp;»''.
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Selon beaucoup de [[Léninistes|léninistes]], dont les [[Trotskistes|trotskistes]], la rupture entre la Deuxième internationale et l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] a été profonde, et le marxisme a été complètement repensé. Certains ont employé l’expression «&nbsp;marxisme de la&nbsp;IIe Internationale&nbsp;» ([[Karl_Korsch|Karl Korsch]] et [[Georg_Lukàcs|Georg Lukàcs]] notamment) par opposition au marxisme vivant de la IIIe Internationale. D'autres soulignent qu'en grande partie, la IIIe Internationale a plutôt maintenu les meilleures traditions militantes de la IIe Internationale, que celle-ci abandonnait&nbsp;:
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Selon beaucoup de [[léninistes]], dont les [[trotskistes]], la rupture entre la Deuxième internationale et l'[[Internationale communiste]] a été profonde, et le marxisme a été complètement repensé. Certains ont employé l’expression «&nbsp;marxisme de la&nbsp;II<sup>e</sup> Internationale&nbsp;» ([[Karl Korsch]] et [[Georg Lukàcs]] notamment) par opposition au marxisme vivant de la III<sup>e</sup> Internationale. D'autres soulignent qu'en grande partie, la III<sup>e</sup> Internationale a plutôt maintenu les meilleures traditions militantes de la IIe Internationale, que celle-ci abandonnait&nbsp;:
 
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«&nbsp;Nos techniques et nos pratiques, tout notre rapport au monde, sont plus proches de la IIe Internationale que nous le croyons. (...) [L]e terme même de «&nbsp;manifestation&nbsp;», pour désigner un rassemblement de masse ou quelque chose de similaire, provient de cette période et qu’il a été plus ou moins inventé par la gauche socialiste. Ainsi, la presse officielle de parti, les pétitions, les protestations, les placardages, les banderoles, à peu près tout ce que la gauche fait au quotidien, ont été élaborés et déterminés par la logique fondamentale selon laquelle la IIe Internationale se comprenait elle-même, à savoir&nbsp;: nous avons un but, l’enjeu est alors d’articuler la condition présente à ce but plus large.&nbsp;»<ref>[http://revueperiode.net/lire-lenine-entretien-avec-lars-lih/ ''Lire Lénine. Entretien avec Lars Lih''], 2013 </ref>
 
«&nbsp;Nos techniques et nos pratiques, tout notre rapport au monde, sont plus proches de la IIe Internationale que nous le croyons. (...) [L]e terme même de «&nbsp;manifestation&nbsp;», pour désigner un rassemblement de masse ou quelque chose de similaire, provient de cette période et qu’il a été plus ou moins inventé par la gauche socialiste. Ainsi, la presse officielle de parti, les pétitions, les protestations, les placardages, les banderoles, à peu près tout ce que la gauche fait au quotidien, ont été élaborés et déterminés par la logique fondamentale selon laquelle la IIe Internationale se comprenait elle-même, à savoir&nbsp;: nous avons un but, l’enjeu est alors d’articuler la condition présente à ce but plus large.&nbsp;»<ref>[http://revueperiode.net/lire-lenine-entretien-avec-lars-lih/ ''Lire Lénine. Entretien avec Lars Lih''], 2013 </ref>

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