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Et la possibilité de participer aux élections, [[Parlementarisme|d’élire des députés au Parlement]], en était une de taille. Elle permit à la fois de mener des batailles politiques larges, à l’échelle du pays, et d’avoir une tribune, d’autant que les discours des parlementaires pouvaient être publiés, ce qui permettait de contourner la [[censure]] sur la presse. Les [[élections]] permettaient aussi de mesurer la croissance de l’influence social-démocrate [[Vote ouvrier|dans la classe ouvrière]].
 
Et la possibilité de participer aux élections, [[Parlementarisme|d’élire des députés au Parlement]], en était une de taille. Elle permit à la fois de mener des batailles politiques larges, à l’échelle du pays, et d’avoir une tribune, d’autant que les discours des parlementaires pouvaient être publiés, ce qui permettait de contourner la [[censure]] sur la presse. Les [[élections]] permettaient aussi de mesurer la croissance de l’influence social-démocrate [[Vote ouvrier|dans la classe ouvrière]].
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Au moment de la légalisation du SPD, certains militants refusent de faire un tournant dans la façon de militer et de se concentrer sur la bataille électorale, le groupe dit des Jeunes ([[Die Jungen]]). Formé au printemps et à l'été 1890, il était dirigé par d'anciens étudiants universitaires: jeunes lettrés et éditeurs de journaux du parti, ainsi que des dirigeants de syndicats et de partis d'organisations locales. Leurs dirigeants étaient [[Paul Ernst]], [[Paul Kampffmeyer]], [[Hans Müller]], [[Bruno Wille]], [[Wilhelm Werner]], [[Carl Wildberger]] et d'autres. Ils se lancèrent dans une campagne de dénonciation du Conseil exécutif (Vorstand) du parti, qu'ils accusaient d'être corrompu, [[opportuniste]] et [[Démocratie interne|anti-démocratique]]. En octobre 1891, les dirigeants des Jeunes sont expulsés du Parti.
    
===Le plus grand parti d'Allemagne===
 
===Le plus grand parti d'Allemagne===
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|}Le résultat, ce fut qu’elle progressait inexorablement à chaque [[Élections|élection]]. Et lorsque les [[lois antisocialistes]] furent abandonnées en 1890, le parti avait multiplié par trois le nombre de voix, représentant 20 % de l’électorat et obtenant 36 députés, même si pendant des années encore certains d’entre eux continuèrent les allers-retours entre le [[Parlementarisme|parlement]] et la prison.  
 
|}Le résultat, ce fut qu’elle progressait inexorablement à chaque [[Élections|élection]]. Et lorsque les [[lois antisocialistes]] furent abandonnées en 1890, le parti avait multiplié par trois le nombre de voix, représentant 20 % de l’électorat et obtenant 36 députés, même si pendant des années encore certains d’entre eux continuèrent les allers-retours entre le [[Parlementarisme|parlement]] et la prison.  
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En 1912, le parti compte plus d'un million d'adhérents et devient le premier parti du Reichstag, avec 35 % des suffrages et 110 députés.
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En 1912, le SPD devient le premier parti du Reichstag, avec 35 % des suffrages (1,5 million de voix) et 110 députés.
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Mais c'est alors bien plus qu'un parti pour élections, mais aussi un parti d'adhérents-militants, avec une vocation à « organiser la classe ». Il compte plus d'un million d'adhérents (il ne retrouvera presque jamais ce sommet au 20<sup>e</sup> siècle), il édite des dizaines de journaux et fonde une école où les militants peuvent étudier le [[marxisme]].  
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Ainsi, le parti ouvrier allemand réussit à regrouper et à unifier les travailleurs derrière leurs objectifs de classe. La multiplication de [[Grève|grèves]] de plus en plus puissantes, les succès électoraux, la participation croissante d’ouvriers et de jeunes à l’activité du parti, tout cela lui conférait un poids important dans la vie politique du pays.
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Surtout, dans ces années-là, le [[syndicalisme]] progresse encore plus rapidement que le parti. Regroupant moins de 300 000 membres avant 1900, les syndicats en comptaient deux millions et demi quinze ans plus tard. Ils avaient souvent été créés par des militants social-démocrates (à l'inverse par exemple du Royaume-Uni où ce sont les syndicats qui ont créé le [[Parti travailliste (Royaume-Uni)|parti travailliste]]), et ils avaient des liens étroits avec le SPD.  
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Au moment de la légalisation du SPD, certains militants refusent de faire un tournant dans la façon de militer et de se concentrer sur la bataille électorale, le groupe dit des Jeunes ([[Die Jungen]]). Formé au printemps et à l'été 1890, il était dirigé par d'anciens étudiants universitaires: jeunes lettrés et éditeurs de journaux du parti, ainsi que des dirigeants de syndicats et de partis d'organisations locales. Leurs dirigeants étaient [[Paul Ernst]], [[Paul Kampffmeyer]], [[Hans Müller]], [[Bruno Wille]], [[Wilhelm Werner]], [[Carl Wildberger]] et d'autres. Ils se lancèrent dans une campagne de dénonciation du Conseil exécutif (Vorstand) du parti, qu'ils accusaient d'être corrompu, [[opportuniste]] et [[Démocratie interne|anti-démocratique]]. En octobre 1891, les dirigeants des Jeunes sont expulsés du Parti.
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Il y avait aussi des [[coopératives]] de consommation, des chorales ouvrières, des associations sportives... Tout cet ensemble faisait figure de ''« contre-société »'' ouvrière dans l'Empire allemand.
    
Vers la fin de sa vie, [[Friedrich Engels|Engels]] voyait les progrès croissants du parti social-démocrate allemand, devenu un parti ouvrier de masse et prétendant au pouvoir. Il voyait aussi les risques de guerre en Europe (qui a finalement [[Guerre de 1914-1918|éclaté en 1914]]). Il considérait que le choc de la guerre précipiterait le pouvoir dans les mains des socialistes, mais qu'une telle situation était plus risquée, notamment parce que le parti n'étant pas suffisamment prêt, il devrait prendre des mesures de [[Terreur rouge|terreur]] :
 
Vers la fin de sa vie, [[Friedrich Engels|Engels]] voyait les progrès croissants du parti social-démocrate allemand, devenu un parti ouvrier de masse et prétendant au pouvoir. Il voyait aussi les risques de guerre en Europe (qui a finalement [[Guerre de 1914-1918|éclaté en 1914]]). Il considérait que le choc de la guerre précipiterait le pouvoir dans les mains des socialistes, mais qu'une telle situation était plus risquée, notamment parce que le parti n'étant pas suffisamment prêt, il devrait prendre des mesures de [[Terreur rouge|terreur]] :

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