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| [[Jean Baptista von Schweitzer|Johann Baptist von Schweitzer]] et [[:de:Johann_Baptist_von_Hofstetten|Johann Baptist von Hofstetten]] proposèrent de publier un journal à leurs propres frais, demandant que Lassalle le reconnaisse comme organe de l'ADAV. Il fut nommé ''[[Der Social-Demokrat]]''. | | [[Jean Baptista von Schweitzer|Johann Baptist von Schweitzer]] et [[:de:Johann_Baptist_von_Hofstetten|Johann Baptist von Hofstetten]] proposèrent de publier un journal à leurs propres frais, demandant que Lassalle le reconnaisse comme organe de l'ADAV. Il fut nommé ''[[Der Social-Demokrat]]''. |
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| [[Wilhelm Liebknecht]] , qui était membre de l'ADAV, contribué au journal. Les noms de [[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]] furent inscrits dans la liste des contributeurs. | | [[Wilhelm Liebknecht]] , qui était membre de l'ADAV, contribué au journal. Les noms de [[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]] furent inscrits dans la liste des contributeurs. |
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| === Divisions politiques === | | === Divisions politiques === |
− | Les positions de Lassalle suscitèrent cependant rapidement des désaccords, dont le plus important fut sans doute celui sur la perspective d'[[unification de l'Allemagne]]. | + | Les positions de Lassalle suscitèrent cependant rapidement des désaccords, dont les plus importants furent ceux sur l'[[unification de l'Allemagne]] et le rapport à la monarchie prussienne. |
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| ==== L'unité allemande ==== | | ==== L'unité allemande ==== |
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| Or c'est précisément ce que Marx et Engels reprochaient à Lassalle, de chercher le compromis avec Bismarck. Pour eux et pour leurs partisans (comme Bebel et Liebknecht), c'était inacceptable. | | Or c'est précisément ce que Marx et Engels reprochaient à Lassalle, de chercher le compromis avec Bismarck. Pour eux et pour leurs partisans (comme Bebel et Liebknecht), c'était inacceptable. |
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− | ==== Suffrage féminin ==== | + | ==== Rapport avec la Prusse ==== |
− | Il y avait également des désaccords sur la question du [[droit de vote des femmes]].
| + | [[Ferdinand Lassalle|Lassalle]] avait rencontré le chancelier prussien Bismarck, et échangea beaucoup avec lui. Après la [[révolution allemande de 1918]], sa correspondance fut retrouvée dans un coffre de l'État.<ref name=":0">David Riazanov, ''[https://www.marxists.org/archive/riazanov/1928/07/lassalle.htm Lassalle and Bismarck]'', juillet 1928</ref> |
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| + | L'ampleur de ces rapports n'étaient pas connus de son vivant, mais les observateurs extérieurs pouvaient constater que Lassalle était moins virulent que d'autres militants vis-à-vis de la monarchie prussienne et de Bismarck. Par exemple, dans son célèbre discours de Ronsdorf, Lassalle a recours à des formules flatteuses envers le roi de Prusse. |
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| + | En parallèle, Lassalle critiquait très durement la bourgeoisie libérale. |
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| + | La logique de Lassalle, exprimée par lui-même auprès de Bismarck, était que la bourgeoisie était égoïste, et qu'il fallait plutôt réaliser une alliance de la monarchie et du peuple... C'était une logique inverse à celle de [[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]], qui tout en critiquant la bourgeoisie libérale, considéraient les aristocrates et la monarchie comme l'ennemi principal. Selon la grille d'analyse qu'ils développaient dans le ''[[Manifeste du parti communiste|Manifeste communiste]]'', la position de Lassalle revenait à une forme de [[socialisme féodal]]. |
| ==== Organisations rivales ==== | | ==== Organisations rivales ==== |
− | Ces désaccords firent que certaines associations ouvrières restèrent en dehors de l'ADAV. | + | Ces désaccords firent que certaines associations ouvrières restèrent en dehors de l'ADAV, en particulier celles qui se regrouperont dans la [[Vereinstag Deutscher Arbeitervereine|Fédération des associations ouvrières allemandes]] (Vereinstag Deutscher Arbeitervereine, VDAV). |
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− | Certains socialistes également, comme [[Wilhelm Liebknecht]], qui quitta l'ADAV pour créer le [[Parti populaire saxon]] avec [[August Bebel]]. Puis en 1869, Liebknecht et Bebel fondent le [[Parti_ouvrier_social-démocrate_(Allemagne)|Parti ouvrier social-démocrate]] (Sozialdemokratische Arbeiterpartei, SDAP) à Eisenach en tant que section de l'[[Association internationale des travailleurs]], la Première Internationale. | + | Certains socialistes également, comme [[Wilhelm Liebknecht]], qui quitta l'ADAV pour créer le [[Parti populaire saxon]] (1866) avec [[August Bebel]]. Puis en 1869, Liebknecht et Bebel fondent le [[Parti_ouvrier_social-démocrate_(Allemagne)|Parti ouvrier social-démocrate]] (Sozialdemokratische Arbeiterpartei, SDAP) à Eisenach en tant que section de l'[[Association internationale des travailleurs]], la Première Internationale. |
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| === Mort de Lassalle === | | === Mort de Lassalle === |
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| Liebknecht rencontra ses anciens camarades de l'ADAV, que le manque de support de leur parti convainquit de joindre leurs forces à celles du SDAP en 1875. Avec le SDAP, l'ADAV forma le nouveau Parti ouvrier socialiste d'Allemagne (''Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands'', SAPD) à la Conférence de l'Unité socialiste à Gotha : leur manifeste devint le [[Programme_de_Gotha|programme de Gotha]]. Il appelait à la reconnaissance du suffrage « universel, égal et direct », qui devint ultérieurement partie intégrante de la constitution de la République de Weimar. En 1890 le parti fut renommé ''Sozialdemokratische Partei Deutschlands'' (SPD), [[Parti_social-démocrate_d'Allemagne|Parti social-démocrate d'Allemagne]], et il existe toujours sous ce nom aujourd'hui. | | Liebknecht rencontra ses anciens camarades de l'ADAV, que le manque de support de leur parti convainquit de joindre leurs forces à celles du SDAP en 1875. Avec le SDAP, l'ADAV forma le nouveau Parti ouvrier socialiste d'Allemagne (''Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands'', SAPD) à la Conférence de l'Unité socialiste à Gotha : leur manifeste devint le [[Programme_de_Gotha|programme de Gotha]]. Il appelait à la reconnaissance du suffrage « universel, égal et direct », qui devint ultérieurement partie intégrante de la constitution de la République de Weimar. En 1890 le parti fut renommé ''Sozialdemokratische Partei Deutschlands'' (SPD), [[Parti_social-démocrate_d'Allemagne|Parti social-démocrate d'Allemagne]], et il existe toujours sous ce nom aujourd'hui. |
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| + | == Postérité == |
| + | [[Fichier:Arbeiterbew.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Arbeiterbew.jpg|vignette|Image représentant les figures des débuts du mouvement social-démocrate : (en haut) [[August Bebel|Bebel]] et [[Karl Liebknecht|Liebknecht]] ; (au milieu) [[Karl Marx|Marx]] ; (en bas) [[wen:Carl Wilhelm Tölcke|Tölcke]] et Lassalle)]] |
| + | Les portraits de Lassalle sont restés fréquents dans l'imagerie social-démocrate allemande, souvent mêlés aux portraits de [[Wilhelm Liebknecht|Liebknecht]], [[August Bebel|Bebel]], [[Karl Marx|Marx]], [[Friedrich Engels|Engels]]. Mais peu à peu, avec les succès du [[marxisme]], il y eut une tendance à déconsidérer Lassalle. [[Franz Mehring]] tenta plus tard de le réhabiliter, d'autres comme le bolchévik [[David Riazanov]] critiqueront cette tentative de réhabilitation.<ref name=":0" /> |
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| == Notes et sources == | | == Notes et sources == |