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[[File:Travailleurs2.jpg|right|Travailleurs2.jpg|506x506px]]Le '''prolétariat''' est l’ensemble des personnes obligées de vendre leur [[Force_de_travail|force de travail]] pour vivre, ne possédant pas de [[Moyen_de_production|moyen de production]]. Par extension y sont aussi inclus ceux qui sont sans emploi ([[Chômeurs|chômeurs]]), ceux qui en ont vécu ([[Retraite|retraités]]) et ceux qui en vivront (jeunes de familles prolétaires). Dans notre [[Capitalisme|société capitaliste]], c'est la [[Classes_sociales|classe sociale]] dont les intérêts objectifs sont diamétralement opposés à ceux de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], et qui seule est capable de [[Révolution_socialiste|le renverser]].
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[[File:Travailleurs2.jpg|right|Travailleurs2.jpg|506x506px]]Le '''prolétariat''' est l’ensemble des personnes obligées de vendre leur [[Force_de_travail|force de travail]] pour vivre, ne possédant pas de [[Moyen_de_production|moyen de production]]. Par extension y sont aussi inclus ceux qui sont sans emploi ([[Chômeurs|chômeurs]]), ceux qui en ont vécu ([[Retraite|retraités]]) et ceux qui en vivront (jeunes de [[Famille|familles]] prolétaires). Dans notre [[Capitalisme|société capitaliste]], c'est la [[Classes_sociales|classe sociale]] dont les intérêts objectifs sont diamétralement opposés à ceux de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], et qui seule est capable de [[Révolution_socialiste|le renverser]].
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==Définitions==
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==Origines du terme==
    
===Étymologie===
 
===Étymologie===
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Le mot prolétaire désigne à l'origine un citoyen romain qui n'a que ses enfants (''proles'') comme richesse. Il forme la classe la moins considérée de la ''civitas'' (ensemble des citoyens), constituée de ceux qui ne peuvent s'acheter aucune pièce d'armure et qui ne possèdent le droit de vote qu'en théorie. C'est la dernière [[Classes_sociales|classe sociale]].
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Le mot prolétaire désigne à l'origine un citoyen romain de la [[plèbe]] qui n'a que ses enfants (''proles'') comme richesse. Il forme la classe la moins considérée de la ''[[w:Civitas|civitas]]'' (ensemble des hommes ayant le statut de citoyens, au dessus des [[Esclavage|esclaves]]), constituée de ceux qui ne peuvent s'acheter aucune pièce d'armure et qui ne possèdent le [[droit de vote]] qu'en théorie.  
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===Prolétariat et classe ouvrière===
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=== Réutilisation au 19<sup>e</sup> siècle ===
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Suite à la [[révolution industrielle]], le mot prolétaire se voit réutilisé pour désigner les nouvelles couches de travailleur·ses pauvres qui s'élargissent. Le terme a été largement employé par les jeunes mouvements [[Socialisme|socialistes]] et [[Communisme|communistes]].
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Le prolétariat est une catégorie plus générale que celle de "classe ouvrière", car on peut être prolétaire dans de nombreux secteurs non-industriels&nbsp;: saisonnier agricole, enseignant, dessinateur dans un bureau d'études...
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En 1825, [[w:Jacques_Marquet_de_Montbreton_de_Norvins|Jacques Marquet de Montbreton de Norvins]] affirme : «&nbsp;L'[[w:Premier Empire|Empire]] a doté tous les prolétaires. Il n'y a plus de prolétaires en France&nbsp;»<ref>''Portefeuille de 1813'', p. 489. Cité dans {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Samuel Hayat|titre=Quand la République était révolutionnaire|sous-titre=citoyenneté et représentation en 1848|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2014|pages totales=405|passage=204|isbn=978-2-02-113639-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Jd-TBQAAQBAJ}}.</ref>. Cela faisait référence à l'attribution de nombreuses terres à des paysans à la suite de la Révolution française, facilitée par l'émigration de nombreux nobles.
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Toutefois, le terme de classe ouvrière est souvent employé au sens de "[[Classe_travailleuse|classe travailleuse]]", donc pour désigner le prolétariat dans son ensemble.
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En <time class="nowrap date-lien" datetime="1848-03">mars 1848</time>, une proclamation du [[w:Gouvernement_provisoire_de_1848|Gouvernement provisoire]] écrite par [[w:Alphonse_de_Lamartine|Lamartine]] annonce qu'«&nbsp;il n'y a plus de prolétaires en France&nbsp;» à dater de la loi électorale provisoire qui substitue le [[suffrage universel masculin]] au [[suffrage censitaire]].<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Samuel Hayat|titre=Quand la République était révolutionnaire|sous-titre=citoyenneté et représentation en 1848|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2014|pages totales=405|passage=203-204|isbn=978-2-02-113639-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Jd-TBQAAQBAJ}}.</ref> C'est ici une utilisation édulcorée de « prolétaire » (celle d'un [[républicanisme]] bourgeois), qui fait comme si l'[[égalité en droit]] résolvait la question de l'[[égalité sociale]].
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[[Karl Marx]] et [[Friedrich Engels]] n'ont donc pas inventé le terme de prolétariat, mais ils ont en revanche donné une définition plus précise, et ont vu dans cette classe un rôle politique majeur, en tant que [[sujet révolutionnaire]].
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== Définition marxiste ==
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=== Marx et Engels ===
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Dans le ''[[Manifeste du parti communiste|Manifeste communiste]]'' (1848), [[Karl Marx|Marx]] parle du prolétariat comme étant «&nbsp;la classe des [[travailleur]]s modernes&nbsp;». C'est à ce moment qu'ils définissent cette classe comme opposée à la [[bourgeoisie]]. C'est le [[rapport social de production]] entre ces deux classes (principales) qui les définit mutuellement, et qui alimente la [[lutte des classes]].
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Dans le ''[[Le Capital|Capital]]'' (1867), Marx écrit :
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«&nbsp;Par prolétaire, au sens économique, il faut entendre le travailleur salarié qui produit du capital et le met en valeur.&nbsp;»<ref>Marx, ''Œuvres I'', [[Bibliothèque de la Pléiade]], Gallimard, Paris, 1967, <span style="white-space:nowrap">{{abréviation discrète|1=p.|2=page}}&nbsp;1123</span>.</ref>
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«&nbsp;Il faut entendre par ''prolétaire'' le salarié qui produit le capital et le fait fructifier, et que M. Capital […] jette sur le pavé dès qu'il n'en a plus besoin&nbsp;» <ref>Karl Marx, ''Le Capital'', 1867, Garnier-Flammarion, 1969, <span style="white-space:nowrap">{{abréviation discrète|1=p.|2=page}}&nbsp;675</span>.</ref>
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Dans une note de 1888 au ''Manifeste'', dans un but de clarification, [[Friedrich Engels|Engels ]]<nowiki/>écrit :
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« Par bourgeoisie, on entend la classe des capitalistes modernes, qui possèdent les moyens de la production sociale et emploient du travail salarié ; par prolétariat, la classe des travailleurs salariés modernes qui, ne possédant pas en propre leurs moyens de production, sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre<ref>[[Friedrich Engels]], note au ''Manifeste communiste'', 1888. Dans Karl Marx, ''Philosophie'', Gallimard, 1994, p. 594.</ref>. »
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Marx et Engels évoquent parfois une couche en dessous du prolétariat (le ''[[lumpen-prolétariat]]''), qui est à l'écart du [[marché du travail]] et qui est numériquement bien plus faible.
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===Prolétaires, ouvrier·ères, travailleur·ses===
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Les termes évoluent par rapport à leur origine, et se trouvent employés dans des sens différents selon les contextes.
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Si l'on utilise le terme de « [[classe ouvrière]] » pour parler du groupe des ouvriers d'industrie, alors le prolétariat est une catégorie plus générale, car on peut être prolétaire dans de nombreux secteurs non-industriels&nbsp;: saisonnier agricole (« ouvrier agricole »), caissier·ère dans un supermarché, serveur·euse dans un restaurant, ambulancier·ère, dessinateur·ice dans un bureau d'études...
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Toutefois, le terme de classe ouvrière est souvent employé au sens de « [[classe travailleuse]] ». Dans ce cas, cela correspond en théorie au prolétariat. Cependant, il y a bien évidemment des couches différentes parmi les travailleur·ses (cf. infra), et il arrive que l'on emploie le terme de prolétaires pour désigner celles et ceux qui sont tout en bas de cette classe (
    
===Prolétariat et salariat===
 
===Prolétariat et salariat===
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Globalement, le [[Salariat|salariat]] correspond au prolétariat. Mais le capitalisme a imposé partout la forme du salariat, si bien qu'on considère "salariés" certains dirigeants d'entreprises ou hauts fonctionnaires, qui font en réalité partie de la bourgeoisie. On va même parfois jusqu'à considérer dans les statistiques que les revenus des PDG sont des salaires, alors que ce sont des revenus du [[Capital|capital]] et non pas du [[Travail|travail]].
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Le [[Salariat|salariat]] dans son sens historique correspond au prolétariat. Mais le capitalisme a imposé partout la forme du « salariat » au sens de [[contrat de travail]], si bien qu'on considère "salariés" certains dirigeants d'entreprises ou hauts fonctionnaires, qui font en réalité partie de la bourgeoisie. Les revenus des PDG et autres cadres dirigeants (bonus, [[dividendes]]...) sont souvent beaucoup plus dépendants des [[profits]], car ceux-ci s'identifient à l'entreprise bien plus que les simples travailleur·ses.
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==Prolétariat et conscience de classe==
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Dans certaines entreprises, l'encadrement s'efforce de maintenir la fiction d'un ensemble de collaborateurs « dans le même bateau », notamment en encourageant largement l'''[[w:Intéressement|intéressement]]'', c'est-à-dire une part de revenu (même très faible) variant en fonction des bénéfices réalisés. Ceci afin que les travailleur·ses n'aient pas d'autres horizon que la [[concurrence]] sur le marché capitaliste, et ne considèrent pas les efforts qu'on leur demande pour cela comme de l'[[exploitation]].
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Une première évidence s'impose&nbsp;: il est a priori plus facile de faire naître la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] dans un milieu ouvrier, où beaucoup de travailleurs sont réunis et sont sur le même plan. A l'inverse, c'est plus difficile lorsque les travailleurs sont peu et très hiérarchisés (secrétaire, technicien, ingénieur...) ou dispersés (routiers, télétravail...). La proximité avec le patron ou la direction joue aussi un rôle important&nbsp;: dans une très petite entreprise, des rapports personnels directs masquent souvent l'exploitation ou la rendent taboue. L'augmentation du recours à la sous-traitance par les grands trusts est un facteur de destruction de la conscience de classe.
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Le critère clé dans la définition marxiste du prolétariat n'est pas le montant du salaire, mais la position dans les rapports de production. Par exemple il peut arriver qu'un petit patron gagne moins d'argent qu'un salarié, mais cela n'en fait pas un prolétaire. Le fait qu'il possède un petit capital et soit directement investi dans la concurrence pour le profit a un profond impact sur son être social.
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Cependant, cela ne signifie pas qu'un salarié pourrait avoir un salaire de plus en plus élevé sans que cela ait de conséquence. La quantité peut se transformer en qualité. Un salarié avec un salaire élevé peut par exemple plus facilement lancer une petite entreprise, ou devenir un petit [[rentier]] de l'immobilier.
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=== Travail productif et non productif ===
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Il peut être utile de distinguer, à des fins d'analyse économique, différentes sous-catégories dans le prolétariat.
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Par exemple, [[Karl Marx|Marx]] distingue le travail productif du travail non productif. Le travail productif est celui qui créé de la valeur nouvelle et donc de la plus-value. On le trouve dans les [[usines]], la conception de [[Logiciel|logiciels]], les chantiers, les mines, les [[transports]], l'[[agriculture]]... A l'inverse le prolétariat non productif ne créé pas directement de la plus-value, ce qui ne change rien au fait qu'il doive lui aussi vendre sa force de travail comme marchandise. Ce terme n'a pas de connotation dévalorisante, et ne signifie pas nécessairement qu'il soit inutile au fonctionnement du capitalisme, loin de là.
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{{Voir|Travail productif et travail non productif}}
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==Sociologie==
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=== Origine des prolétaires ===
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Le gros des prolétaires d'aujourd'hui est issu de la [[prolétarisation de la paysannerie]], qui constituait l'immense majorité de la population avant le [[capitalisme]]. Dans une plus faible mesure, certains sont issus de la prolétarisation de petits [[artisans]] ou d'autres couches sociales.
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Cela étant, ce serait un matérialisme mécaniste de penser que c'est la seule voie de formation de l’identité prolétarienne. Le peuple travailleur de Paris pendant la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]] avait une conscience de classe aigüe, alors que la grande [[Industrie|industrie]] était encore embryonnaire. Au 19<sup>e</sup> siècle plus généralement, les lieux de travail ne ressemblaient pas aux grandes usines que nous connaissons, sans que cela empêche la révolte. La conscience d'être simplement "les pauvres exploités" peut aussi être très forte, lorsqu'elle est évidente dans la famille, le voisinage, la communauté... et que l'illusion d'ascension sociale n'existe pas.
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Dans le ''[[Manifeste du parti communiste|Manifeste communiste]]'', Marx écrit que le prolétariat «&nbsp;se recrute dans toutes les couches de la population&nbsp;».<gallery widths="300" heights="250">
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Fichier:Honoré Daumier 034.jpg|''Le Wagon de troisième classe'', [[w:Honoré Daumier|Honoré Daumier]], huile sur toile (1862)
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Fichier:Vincent Van Gogh - The Potato Eaters.png|''Les Mangeurs de pommes de terre'', [[w:Vincent van Gogh|Vincent van Gogh]], huile sur toile (1885)
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==Couches au sein du prolétariat==
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===Strates au sein du prolétariat===
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Le prolétariat n'est pas un ensemble sociologique homogène. Pour le [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]], il s'agit de mettre en avant les intérêts communs objectifs à l'ensemble, mais pas de bêtement nier les différentes couches en son sein. Au contraire, les étudier, c'est mieux comprendre comment l'[[Idéologie_dominante|idéologie dominante]] peut nous diviser, et comment on peut se battre pour réunifier.
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Le prolétariat n'est pas un ensemble sociologique homogène. Pour le [[socialisme scientifique]], il s'agit de mettre en avant les intérêts communs objectifs à l'ensemble, mais pas de nier les différentes couches en son sein. Au contraire, les étudier, c'est mieux comprendre comment l'[[idéologie dominante]] peut nous diviser, et comment on peut se battre pour réunifier.
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Il existe une reproduction sociale relative&nbsp;: les travailleurs diplômés ont plus de chances de voir leurs enfants diplôm2s aussi, tandis que les non-qualifiés forment souvent les non-qualifiés des générations suivantes. Certaines exceptions sont facilement compréhensibles&nbsp;: les profs par exemple, s'ils ne sont pas particulièrement bien payés, ont un "capital culturel" qui peut les aider eux ou leurs enfants à se retrouver parmi les plus qualifiés.
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Il existe une [[reproduction sociale]] relative&nbsp;: les travailleur·ses diplômé·es ont plus de chances de voir leurs enfants diplômé·es aussi, tandis que les non-qualifié·es forment souvent les non-qualifié·es des générations suivantes. Certaines exceptions sont facilement compréhensibles&nbsp;: les enseignant·es par exemple, s'ils ne sont pas particulièrement bien payé·es, ont un "[[capital culturel]]" qui peut les aider eux ou leurs enfants à se retrouver parmi les plus qualifiés.
    
Toutefois cela ne forme pas des classes&nbsp;: il est bien plus facile de "s'élever" ou de "chuter" au sein du prolétariat que de sortir de la condition de prolétaire (de devenir capitaliste, rentier, député...).
 
Toutefois cela ne forme pas des classes&nbsp;: il est bien plus facile de "s'élever" ou de "chuter" au sein du prolétariat que de sortir de la condition de prolétaire (de devenir capitaliste, rentier, député...).
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La délimitation est bien sûr floue pour certains catégories comme les ingénieurs ou les cadres. Ils ne possèdent pas non plus leur outil de travail. Mais leurs salaires et leurs fonctions dans les entreprises les rangent plus souvent dans le camp des patrons que dans celui des prolétaires. Pourtant aujourd'hui la catégorie des cadres n'est plus homogène, une partie de plus en plus grande se prolétarise. C'est-à-dire que ses conditions de travail sont régies par le capital&nbsp;: horaires, division et intensité du travail alors que la participation au profit est de plus en plus limitée. Par ailleurs dans des entreprises de plus en plus nombreuses la grande majorité du personnel est composée de cadres, ce qui les amène à des comportements proches de la classe ouvrière&nbsp;: syndicalisme, actions collectives. Seuls les cadres dits supérieurs échappent au processus.
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La délimitation est bien sûr floue pour certains catégories comme les ingénieurs ou les [[Management|cadres]]. Ils ne possèdent pas non plus leur outil de travail. Mais leurs salaires et leurs fonctions dans les entreprises les rangent plus souvent dans le camp des patrons que dans celui des prolétaires. Pourtant aujourd'hui la catégorie des cadres n'est plus homogène, une partie de plus en plus grande se prolétarise. C'est-à-dire que ses conditions de travail sont régies par le capital&nbsp;: horaires, division et [[intensité du travail]] alors que la participation au profit est de plus en plus limitée. Par ailleurs dans des entreprises de plus en plus nombreuses la grande majorité du personnel est composée de cadres, ce qui les amène à des comportements proches de la classe ouvrière&nbsp;: [[syndicalisme]], actions collectives. Seuls les cadres dits supérieurs échappent au processus.
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==Distinctions économiques==
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===Le prolétariat d'aujourd'hui===
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Il peut être utile de distinguer, à des fins d'analyse économique, différentes sous-catégories dans le prolétariat.  
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Les statistiques de l’INSEE sont éclairantes même si les définitions des catégories socioprofessionnelles utilisées ne recoupent pas la définition marxiste. Les ouvriers au sens le plus restrictif sont aujourd’hui environ 7 millions en France, soit a peu près 27% de la population active et les employés sont environ 7,8 millions soit 30% de la même population active. A cela s'ajoute les chômeurs et les retraités... et une bonne partie de ceux que l'INSEE classe comme «&nbsp;cadres&nbsp;» ou profession intermédiaires. Au total le salariat, la classe ouvrière au sens large représente entre 70 et 80% de la population adulte. C’est donc encore de loin la force sociale majoritaire dans la société.
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Par exemple, Marx distingue le travail productif du travail non productif. Le travail productif est celui qui créé de la valeur nouvelle et donc de la plus-value. On le trouve dans les usines, la conception de logiciels, les chantiers, les mines, les transports, l'agriculture... A l'inverse le prolétariat non productif ne créé pas directement de la plus-value, ce qui ne change rien au fait qu'il doive lui aussi vendre sa force de travail comme marchandise. Ce terme n'a pas de connotation dévalorisante, et ne signifie pas nécessairement qu'il soit inutile au fonctionnement du capitalisme, loin de là.
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==Prolétariat et socialisme==
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{{Voir|Travail productif et travail non productif}}
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===Prolétariat et conscience de classe===
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==Le prolétariat d'aujourd'hui==
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Une première évidence s'impose&nbsp;: il est a priori plus facile de faire naître la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] dans un milieu ouvrier, où beaucoup de travailleurs sont réunis et sont sur le même plan. A l'inverse, c'est plus difficile lorsque les travailleurs sont peu et très hiérarchisés (secrétaire, technicien, ingénieur...) ou dispersés (routiers, télétravail...). La proximité avec le patron ou la direction joue aussi un rôle important&nbsp;: dans une très petite entreprise, des rapports personnels directs masquent souvent l'exploitation ou la rendent taboue. L'augmentation du recours à la sous-traitance par les grands trusts est un facteur de destruction de la conscience de classe.
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Les Statistiques de l’INSEE sont éclairantes même si les définitions des catégories socioprofessionnelles utilisées ne recoupent pas la définition marxiste. Les ouvriers au sens le plus restrictif sont aujourd’hui environ 7 millions en France, soit a peu près 27% de la population active et les employés sont environ 7.8 millions soit 30% de la même population active. A cela s'ajoute les chômeurs et les retraités... et une bonne partie de ceux que l'INSEE classe comme «&nbsp;cadres&nbsp;» ou profession intermédiaires. Au total le salariat, la classe ouvrière au sens large représente entre 70 et 80% de la population adulte. C’est donc encore de loin la force sociale majoritaire dans la société.
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Cela étant, ce serait un matérialisme mécaniste de penser que c'est la seule voie de formation de l’identité prolétarienne. Le peuple travailleur de Paris pendant la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]] avait une conscience de classe aigüe, alors que la grande [[Industrie|industrie]] était encore embryonnaire. Au 19<sup>e</sup> siècle plus généralement, les lieux de travail ne ressemblaient pas aux grandes usines que nous connaissons, sans que cela empêche la révolte. La conscience d'être simplement "les pauvres exploités" peut aussi être très forte, lorsqu'elle est évidente dans la famille, le voisinage, la communauté... et que l'illusion d'[[ascension sociale]] n'existe pas.
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==Le rôle révolutionnaire du prolétariat==
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===Classe révolutionnaire ===
    
Les classes sociales existent toujours, leurs intérêts s’opposent et restent inconciliables. La bourgeoisie étant organisée et ayant conscience d’avoir des intérêts communs, il est nécessaire d’organiser les salariés en reconstruisant la conscience d’être une classe, d’avoir des intérêts communs.
 
Les classes sociales existent toujours, leurs intérêts s’opposent et restent inconciliables. La bourgeoisie étant organisée et ayant conscience d’avoir des intérêts communs, il est nécessaire d’organiser les salariés en reconstruisant la conscience d’être une classe, d’avoir des intérêts communs.
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Cette notion de prolétariat comme [[Classe_révolutionnaire|classe révolutionnaire]] est une idée centrale que Marx exprimait dans le ''Manifeste communiste''&nbsp;:
 
Cette notion de prolétariat comme [[Classe_révolutionnaire|classe révolutionnaire]] est une idée centrale que Marx exprimait dans le ''Manifeste communiste''&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle. &nbsp;»<ref>Marx et Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000a.htm Le manifeste du Parti communiste]'', 1847</ref>''</blockquote>
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''«&nbsp;Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle. &nbsp;»<ref>Marx et Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000a.htm Le manifeste du Parti communiste]'', 1847</ref>''
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Selon [[w:Maximilien_Rubel|Maximilien Rubel]], «&nbsp;le postulat de l'auto-émancipation prolétarienne sous-tend l'œuvre de Marx comme un leitmotiv&nbsp;»<ref>Maximilien Rubel, ''Marx critique du marxisme'', Payot, 2000, p. 288.</ref>.
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==Notes et sources==
 
==Notes et sources==
    
<references />
 
<references />
 
[[Catégorie:Classes sociales|Classes_sociales]]
 
[[Catégorie:Classes sociales|Classes_sociales]]

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