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L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
 
L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides. Ses rangs grossissent très vite à Paris (60 bataillons début septembre, 254 bataillons début octobre) et ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils.
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], milice populaire qui regroupe tous les hommes valides. Ses rangs grossissent très vite à Paris (60 bataillons début septembre, 254 bataillons début octobre) et ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils.
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On y débat vivement, et l'énervement monte contre les généraux et le gouvernement. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[double pouvoir]] émerge.
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On y débat vivement, et l'énervement monte contre les généraux et le gouvernement. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent, en envoyant des délégués d'arrondissement qui tiennent des assemblées et prennent de plus en plus d'assurance. Une situation de [[double pouvoir]] émerge.
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Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présentes dans la hiérarchie. Sur la question de participer ou non au commandement de cette institution à d’autres au sein de l’AIT, dont  [[Eugène Varlin|Varlin]] entre au comité central de la Garde, tandis que [[Léo Frankel|Frankel]] s’y oppose.
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Le 24 février, ils proclament qu'ils ne se laisseront pas désarmer par le gouvernement. Le 3 mars ils élisent un [[w:Comité central de la Garde nationale|comité provisoire]] pour assurer l’organisation.  Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présents dans la hiérarchie.   [[Eugène Varlin|Varlin]] entre au Comité provisoire à la tête de la Garde nationale, tandis que [[Léo Frankel|Frankel]] s’y oppose.
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[[Fichier:Triumphal entry into Paris., by the German army 2.jpg|vignette|199x199px|Soldats prussiens dans Paris]]
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Le 1<sup>er</sup> mars, les troupes prussiennes défilent dans Paris, ce qui est vécu comme une humiliation, car la Garde nationale ne s'est pas battue et ne voulait pas se rendre.  
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Le gouvernement durcit rapidement le ton, en nommant trois bonapartistes à des postes haut-placés à Paris&nbsp;:
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Les 3 et 6 mars, le gouvernement durcit rapidement le ton, en nommant des bonapartistes à des postes haut-placés à Paris&nbsp;([[w:Louis d'Aurelle de Paladines|d'Aurelle de Paladines comme chef de la Garde nationale]], [[w:Joseph Vinoy|Vinoy comme gouverneur militaire]]).
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*Marie-Edmond Valentin comme préfet de police,
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L'[[agitation]] se répand dans Paris ; le 4 mars, la [[w:Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] doit évacuer sa caserne de la rue Mouffetard, le 9 mars, trois bataillons de la [[w:Garde mobile|Garde mobile]] se mutinent…
*le général d'Aurelle de Paladines comme chef de la Garde nationale,
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*le général Vinoy comme gouverneur militaire (le 6 mars).
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Le 9&nbsp;mars&nbsp;1871, le préfet de police interdit 6 journaux d'[[extrême gauche]], dont ''[[Le_Cri_du_peuple|Le Cri du peuple]]'' de [[Jules_Vallès|Jules Vallès]], et ferme les [[Clubs_populaires|clubs populaires]].
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Le 10&nbsp;mars&nbsp;1871, les délégués de la Garde nationale déclarent qu'ils n'obéiront pas au général d'Aurelle de Paladines. L'Assemblée nationale, qualifiée d'«&nbsp;assemblée de ruraux&nbsp;» par les parisiens, transfère son siège à Versailles parce qu'elle craint «&nbsp;le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire&nbsp;»<ref>Jules Simon, Le Gouvernement de Monsieur Thiers, tome I, p. 95</ref>. Ce même jour, elle promulgue une loi qui&nbsp;:
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Le 10&nbsp;mars&nbsp;1871, l'Assemblée, qualifiée d'«&nbsp;assemblée de ruraux&nbsp;» par les parisiens, transfère son siège à Versailles parce qu'elle craint «&nbsp;le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire&nbsp;»<ref>Jules Simon, Le Gouvernement de Monsieur Thiers, tome I, p. 95</ref>. Ce même jour, elle promulgue une loi qui&nbsp;:
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*met fin au moratoire sur les loyers et les [[w:Effet de commerce|effets de commerce]]&nbsp;: 40 000 commerçants en faillite et 300 000 locataires menacés d’expulsion
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*supprime la solde d'un franc cinquante par jour payée aux gardes nationaux.
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*met fin au moratoire sur les loyers et les effets de commerce&nbsp;: 40 000 commerçants en faillite et 300 000 locataires menacés d’expulsion
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Le 11&nbsp;mars, le gouverneur militaire interdit 6 journaux d'[[extrême gauche]], dont ''[[w:Le Cri du peuple (journal, 1871)|Le Cri du peuple]]'' de [[Jules Vallès]], et ferme les [[clubs populaires]]. Le 15 mars, les délégués de la Garde nationale votent les statuts de leur [[w:Comité central de la Garde nationale|Comité central]].
*supprime la solde d'un franc cinquante par jour payée aux gardes nationaux, soldats issus du Paris populaire
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Ce gouvernement était résolument au service de la [[Classe_dominante|classe dominante]] dans son but immédiat de désarmer le dangereux prolétariat parisien. Thiers l'a confirmé de façon éclatante après coup, lors de l'enquête parlementaire sur la Commune&nbsp;:
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Ce gouvernement était résolument au service de la [[classe dominante]] dans son but immédiat de désarmer le [[Classes dangereuses|dangereux]] prolétariat parisien. Thiers l'a confirmé de façon éclatante après coup, lors de l'enquête parlementaire sur la Commune&nbsp;:
 
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«&nbsp;''Les gens d’affaires allaient répétant partout&nbsp;: vous ne ferez jamais d’opérations financières si vous n’en finissez pas avec ces scélérats et si vous ne leur enlevez pas les canons. Il faut en finir, et alors on pourra traiter d’affaires.''&nbsp;»
 
«&nbsp;''Les gens d’affaires allaient répétant partout&nbsp;: vous ne ferez jamais d’opérations financières si vous n’en finissez pas avec ces scélérats et si vous ne leur enlevez pas les canons. Il faut en finir, et alors on pourra traiter d’affaires.''&nbsp;»
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Thiers va mettre le feu aux poudres en ordonnant dans la nuit du 17-18 mars à l'armée d'aller confisquer les canons de la Garde nationale et d'arrêter les meneurs révolutionnaires. Ce même jour, il fait arrêter [[Auguste_Blanqui|Blanqui]] qui se reposait chez un ami médecin dans le Lot, privant le camp révolutionnaire d'un de ses plus importants meneurs.
 
Thiers va mettre le feu aux poudres en ordonnant dans la nuit du 17-18 mars à l'armée d'aller confisquer les canons de la Garde nationale et d'arrêter les meneurs révolutionnaires. Ce même jour, il fait arrêter [[Auguste_Blanqui|Blanqui]] qui se reposait chez un ami médecin dans le Lot, privant le camp révolutionnaire d'un de ses plus importants meneurs.
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Les canons, regroupés à Montmartre et à Belleville, cristallisaient la crainte du gouvernement. Non seulement les parisiens ne veulent pas capituler, mais ils considèrent que les canons sont à eux, puisqu'ils les ont payés eux-mêmes lors de la souscription contre la Prusse. Mais surtout, ils n'ont aucune confiance dans ce gouvernement, et ne veulent pas que se reproduise la tuerie de [[Juin_1848|juin 1848]]. Mais Thiers avait sous-estimé les révolutionnaires parisiens, les croyant plus affaiblis par le siège. Le peuple et la plupart des gardes nationaux se soulèvent, et les soldats refusent de faire feu sur eux. C'est le début de la révolte populaire&nbsp;: peuple et soldats fraternisent. Deux généraux sont fusillés  ([[w:Claude Lecomte (général)|Lecomte]] et [[w:Jacques Léonard Clément-Thomas|Clément-Thomas]]).
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Les canons, regroupés à Montmartre et à Belleville, cristallisaient la crainte du gouvernement. Non seulement les parisiens ne veulent pas capituler, mais ils considèrent que les canons sont à eux, puisqu'ils les ont payés eux-mêmes lors de la souscription contre la Prusse. Mais surtout, ils n'ont aucune confiance dans ce gouvernement, et ne veulent pas que se reproduise la tuerie de [[Juin_1848|juin 1848]]. Mais Thiers avait sous-estimé les révolutionnaires parisiens, les croyant plus affaiblis par le siège.  
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Le gouvernement de Thiers s'enfuit à Versailles accompagné par une troupe démoralisée, et des milliers de bourgeois parisiens qui s'enfuient également (dont le maire de Paris, [[W:Jules Ferry|Jules Ferry]]). Seul 300 soldats de la Garde nationale sur 300&nbsp;000 rejoignent Thiers.  
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Le peuple et la plupart des gardes nationaux se soulèvent, et les soldats refusent de faire feu sur eux. C'est le début de la révolte populaire&nbsp;: peuple et soldats fraternisent. Deux généraux sont fusillés  ([[w:Claude Lecomte (général)|Lecomte]] et [[w:Jacques Léonard Clément-Thomas|Clément-Thomas]]). Le pouvoir retombe de fait entre les mains du [[w:Comité central de la Garde nationale|comité central de la Garde nationale]].
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Le gouvernement de Thiers s'enfuit à Versailles accompagné par une troupe démoralisée, et des milliers de bourgeois parisiens qui s'enfuient également (dont le maire de Paris, [[W:Jules Ferry|Jules Ferry]]). Seuls 300 soldats de la Garde nationale sur 300&nbsp;000 rejoignent Thiers. Le 19 mars, le Comité central refuse de marcher sur Versailles (ce que propose une minorité de ses membres), en avançant que ce n'est pas à Paris de décider du gouvernement de la France.
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Le Comité central contrôle bientôt tout Paris. Le 18 mars, le soulèvement touche La Villette, Belleville, les XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> arrondissements. Les autres arrondissements doivent être conquis en évinçant les maires : le IX<sup>e</sup> le 20 mars, le VI<sup>e</sup> le 22, le VII<sup>e</sup> le 24 mars. Le 24 et 25 mars, on remplace les maires des IV<sup>e</sup>, V<sup>e</sup>, X<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> arrondissements qui ont disparu. Le I<sup>er</sup>, le II<sup>e</sup> et le XVI<sup>e</sup> arrondissements résistent, et une partie des habitants participe aux manifestations des [[w:Amis de l'Ordre|Amis de l'Ordre]] des 21 et 22 mars. 
    
===Premières mesures===
 
===Premières mesures===
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Le pouvoir retombe de fait entre les mains du comité central de la Garde nationale, qui déclare dans son manifeste du 18 mars&nbsp;:
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Le Comité central rédige dès le 18 mars deux deux déclarations. Une est adressée aux Gardes nationaux, l'autre au « Peuple français » :
 
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«''&nbsp;Les prolétaires de la capitale au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques [...] Le prolétariat [...] a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir.&nbsp;''»
 
«''&nbsp;Les prolétaires de la capitale au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques [...] Le prolétariat [...] a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir.&nbsp;''»
 
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[[Fichier:Commune de Paris, Comité Central, Élections à la Commune, 25 mars 1871.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Commune%20de%20Paris,%20Comit%C3%A9%20Central,%20%C3%89lections%20%C3%A0%20la%20Commune,%2025%20mars%201871.jpg|alt=|vignette|371x371px|[[w:Appel du comité central de la Garde nationale le 25 mars 1871|Appel du comité central de la Garde nationale du 25 mars]]]]
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Ce comité est composé essentiellement de [[Petite-bourgeoisie|petits-bourgeois]] modérés, mais très liés au peuple parisien. Ils ne se sentent pas légitimes et appellent de leurs vœux à ce que soit élu un conseil municipal. Ils annoncent des élections pour le 22 mars. Les Versaillais s'appuient sur ce sentiment et obtiennent de co-organiser les élections municipales. Ils promettent hypocritement de ne jamais réprimer Paris dans le sang, et dans le même temps font tout pour qu'aucun des décrets ou journaux de la Commune ne parvienne aux provinces.
Les premières mesures de la Commune sont prises aussitôt par le Comité central. Ce ne sont pas des mesures immédiatement "socialistes", mais elles jettent les bases d'un État ouvrier&nbsp;:
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Néanmoins pendant 8 jours, le Comité central est provisoirement à la tête de Paris, et prend des mesures immédiates qui lui paraissent légitimes et urgentes :
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*abolition de l'[[armée permanente]] et réorganisation de la [[Police (institution)|police]]
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*arrêt des [[Commune de Paris (1871)#Logement|expulsions locatives]] et des [[1918-1923 en Allemagne|ventes au mont-de-piété]],
*élection et [[révocabilité]] de tous les [[fonctionnaires]] et soldats
+
*libération des [[prisonniers politiques]] et fin des « [[w:Tribunaux militaires|conseils de guerre]] »,
*publication de toutes les décisions et hésitations du comité central
+
*liberté de la presse,
*fin de la [[Séparation_des_pouvoirs|séparation des pouvoirs]]
+
*de facto : abolition de l'[[armée permanente]] et réorganisation de la [[Police (institution)|police]].
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Il faut souligner combien le Comité central publiait toutes ses décisions et hésitations. Le 22 mars, il est rejoint et épaulé par le  [[Comité central républicain des Vingt arrondissements]], et le 23 par le reste de l'[[Association Internationale des Travailleurs|AIT]].
    
===Élections du 26 mars===
 
===Élections du 26 mars===
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[[Fichier:Commune de Paris, Comité Central, Élections à la Commune, 25 mars 1871.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Commune%20de%20Paris,%20Comit%C3%A9%20Central,%20%C3%89lections%20%C3%A0%20la%20Commune,%2025%20mars%201871.jpg|alt=|vignette|371x371px|[[w:Appel du comité central de la Garde nationale le 25 mars 1871|Appel du comité central de la Garde nationale du 25 mars]]]]Après un report, les [[w:Élections municipales du 26 mars 1871 à Paris|élections municipales auront finalement lieu le 26 mars]].
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Ce comité est composé essentiellement de [[Petite-bourgeoisie|petits-bourgeois]] modérés, mais très liés au peuple parisien. Ils ne se sentent pas légitimes et appellent de leurs vœux à ce que soit élu un conseil municipal. Les Versaillais s'appuient sur ce sentiment pour co-organiser des élections municipales le 26 mars. Ils promettent hypocritement de ne jamais réprimer Paris dans le sang, et dans le même temps font tout pour qu'aucun des décrets ou journaux de la Commune ne parvienne aux provinces.
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Le 25, le Comité central publiait un [[w:Appel du comité central de la Garde nationale le 25 mars 1871|appel]] à prendre garde, lors du vote, à choisir des candidats sincères. ''« Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ! »''
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Malgré cela, les Versaillais perdent les élections (orléanistes et [[bonapartistes]] réunis obtinrent 8&nbsp;000 conseillers municipaux sur 700&nbsp;000). Ces élections-là n'ont rien à voir avec des [[Élections|élections]] en temps "normal" de domination bourgeoise. Elles sont proclamées devant une foule de 100 000 personnes, sous le feu d'une situation révolutionnaire. La participation, de 50% en moyenne, masque en fait le fait que c'est une élection parmi le prolétariat uniquement&nbsp;: 76% de participation dans le 20<sup>e</sup> arrondissement, autour de 25% dans les arrondissements de l'Ouest désertés.
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Malgré la co-organisation, les Versaillais perdent les élections (orléanistes et [[bonapartistes]] réunis obtinrent 8&nbsp;000 conseillers municipaux sur 700&nbsp;000). Ces élections-là n'ont rien à voir avec des [[Élections|élections]] en temps "normal" de domination bourgeoise. Elles sont proclamées devant une foule de 100 000 personnes, sous le feu d'une situation révolutionnaire. La participation, de 50% en moyenne, masque en fait le fait que c'est une élection parmi le prolétariat uniquement&nbsp;: 76% de participation dans le 20<sup>e</sup> arrondissement, autour de 25% dans les arrondissements de l'Ouest désertés.
    
===Le conseil de la Commune===
 
===Le conseil de la Commune===
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Cette initiative traîna un mois avant d’être suivie d’effet. Il y avait une réticence à toucher à la [[Propriété privée|propriété]]. Lorsque le 4 mai, [[Pierre Vésinier|Vésinier]] dépose un projet de décret tendant à réquisitionner les grands ateliers, il n'est pas discuté.<ref>Patrick Le Moal, ''[https://www.contretemps.eu/journal-commune-4-mai-1871/ La Commune au jour le jour. Jeudi 4 mai 1871]'', 4 mai 2021</ref> Finalement lLe 15 mai, une liste est établie avec 42 associations ouvrières de production et 34 chambres syndicales.&nbsp;Frankel avait pour objectif à terme que [[Gestion ouvrière|les travailleur·ses prennent en main la gestion des entreprises]], tout en se fédérant, à l'image de la Garde nationale. Mais la Commune n'avait plus que 8 jours à vivre. ll n’y eut que quelques dizaines d’ateliers confisqués en comprenant les établissements d’Etat.  
 
Cette initiative traîna un mois avant d’être suivie d’effet. Il y avait une réticence à toucher à la [[Propriété privée|propriété]]. Lorsque le 4 mai, [[Pierre Vésinier|Vésinier]] dépose un projet de décret tendant à réquisitionner les grands ateliers, il n'est pas discuté.<ref>Patrick Le Moal, ''[https://www.contretemps.eu/journal-commune-4-mai-1871/ La Commune au jour le jour. Jeudi 4 mai 1871]'', 4 mai 2021</ref> Finalement lLe 15 mai, une liste est établie avec 42 associations ouvrières de production et 34 chambres syndicales.&nbsp;Frankel avait pour objectif à terme que [[Gestion ouvrière|les travailleur·ses prennent en main la gestion des entreprises]], tout en se fédérant, à l'image de la Garde nationale. Mais la Commune n'avait plus que 8 jours à vivre. ll n’y eut que quelques dizaines d’ateliers confisqués en comprenant les établissements d’Etat.  
 
===Logement===
 
===Logement===
La Commune se souciait d'organiser concrètement un droit au [[logement]]. Elle décrète le 29 mars 1871 la remise générale des loyers d’octobre 1870, de janvier et d’avril 1871. Les 25 avril 1871, le décret de [[Réquisition des logements|réquisition des appartements vacants]] permettra l’hébergement des familles dont les maisons ont été détruites par les bombardements. Ces deux décrets donnent lieu à la création de commissions municipales chargées de régler les différends qui peuvent surgir entre les propriétaires et les locataires. Ces mêmes commissions assurent l’installation dans les appartements vacants des personnes privées de toit.
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La Commune se souciait d'organiser concrètement un droit au [[logement]]. Dès le 18 mars elle avait mit fin à toute expulsion locative. Elle décrète le 29 mars 1871 la remise générale des loyers d’octobre 1870, de janvier et d’avril 1871. Les 25 avril 1871, le décret de [[Réquisition des logements|réquisition des appartements vacants]] permettra l’hébergement des familles dont les maisons ont été détruites par les bombardements. Ces deux décrets donnent lieu à la création de commissions municipales chargées de régler les différends qui peuvent surgir entre les propriétaires et les locataires. Ces mêmes commissions assurent l’installation dans les appartements vacants des personnes privées de toit.
    
===Armée et police===
 
===Armée et police===
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Marx affirmait depuis le [[Manifeste_du_Parti_communiste|''Manifeste'']] (1847) la nécessité de la prise du pouvoir par le prolétariat, mais n'avait pas de vision précise sur la forme de cette prise de pouvoir. Il s'inscrit d'abord plus ou moins explicitement dans l'idée qu'il s'agit d'une forme [[République|républicaine]] de gouvernement. Il parle de ''«&nbsp;[[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]&nbsp;»'' à partir de 1850, et dès son pamphlet sur le coup d'Etat de Napoléon III (1851), Marx remarquait cependant que la machine bureaucratique de l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]] avait été reprise à l'Etat [[Absolutiste|absolutiste]] et perfectionnée, et qu'il s'agissait pour le prolétariat de la ''«&nbsp;briser&nbsp;»''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm ''Le 18 brumaire de L. Bonaparte''], 1851</ref>.
 
Marx affirmait depuis le [[Manifeste_du_Parti_communiste|''Manifeste'']] (1847) la nécessité de la prise du pouvoir par le prolétariat, mais n'avait pas de vision précise sur la forme de cette prise de pouvoir. Il s'inscrit d'abord plus ou moins explicitement dans l'idée qu'il s'agit d'une forme [[République|républicaine]] de gouvernement. Il parle de ''«&nbsp;[[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]&nbsp;»'' à partir de 1850, et dès son pamphlet sur le coup d'Etat de Napoléon III (1851), Marx remarquait cependant que la machine bureaucratique de l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]] avait été reprise à l'Etat [[Absolutiste|absolutiste]] et perfectionnée, et qu'il s'agissait pour le prolétariat de la ''«&nbsp;briser&nbsp;»''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm ''Le 18 brumaire de L. Bonaparte''], 1851</ref>.
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Écrivant à chaud sur la Commune, Marx dira qu'elle était ''«&nbsp;la forme politique enfin trouvée&nbsp;»<ref name="LGCF3">Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France - 3]'', 1871</ref>'' de la dictature du prolétariat. Les mesures mises en place dans le Paris révolutionnaire (suppression de l'[[armée permanente]], [[révocabilité]] des [[élus]] et [[fonctionnaires]]...) font partie de ce que les marxistes considèrent comme la [[démocratie ouvrière]].
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Écrivant à chaud sur la Commune, Marx dira qu'elle était ''«&nbsp;la forme politique enfin trouvée&nbsp;»<ref name="LGCF3">Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France - 3]'', 1871</ref>'' de la dictature du prolétariat. Les mesures mises en place dans le Paris révolutionnaire (suppression de l'[[armée permanente]], [[révocabilité]] des [[élus]] et [[fonctionnaires]]...) font partie de ce que les marxistes considèrent comme la [[démocratie ouvrière]]. A noter que Marx trouvait positif que la Commune ait de fait mis en place un système sans [[séparation des pouvoirs]].
    
===Nécessité de détruire l'État bourgeois===
 
===Nécessité de détruire l'État bourgeois===

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