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[[File:Vive-la-commune.jpg|right|400x400px|Illustration d'un communard]]La '''Commune de Paris''' est l'une des premières [[Révolutions_socialistes|révolutions prolétariennes]] de l'histoire : Paris sous un [[Gouvernement_des_travailleurs|gouvernement des travailleurs]] pendant 2 mois. Malgré son échec, ou grâce à lui, elle est une précieuse source d'enseignement pour tous les révolutionnaires. Survenue du vivant de [[Karl_Marx|Marx]], elle suscita l'intérêt du père du [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]], et plus tard, celui de [[Léon_Trotski|Trotski]] et de nombreux autres auteurs. {{AjoutDates|1871}}
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[[File:Vive-la-commune.jpg|right|400x400px|Illustration d'un communard]]La '''Commune de Paris''' est l'une des premières [[Révolutions_socialistes|révolutions prolétariennes]] de l'histoire : Paris sous un [[Gouvernement_des_travailleurs|gouvernement des travailleurs]] pendant 2 mois. Malgré son échec, ou grâce à lui, elle est une précieuse source d'enseignement pour tous les révolutionnaires. Survenue du vivant de [[Karl_Marx|Marx]], elle suscita son intérêt et plus tard, celui de [[Léon_Trotski|Trotski]] et de nombreux autres [[Socialisme|socialistes]]. {{AjoutDates|1871}}
    
==Contexte==
 
==Contexte==
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L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
 
L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides. Ses rangs grossissent très vite à Paris (60 bataillons début septembre, 254 bataillons début octobre). On y débat vivement, et un double
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides. Ses rangs grossissent très vite à Paris (60 bataillons début septembre, 254 bataillons début octobre) et ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils.
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On y débat vivement, et l'énervement monte contre les généraux et le gouvernement. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[double pouvoir]] émerge.
(200 bataillons et 180 000 hommes). Ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils et ont des chefs élus. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[double pouvoir]] émerge.
      
Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présentes dans la hiérarchie. Sur la question de participer ou non au commandement de cette institution à d’autres au sein de l’AIT, dont  [[Eugène Varlin|Varlin]] entre au comité central de la Garde, tandis que [[Léo Frankel|Frankel]] s’y oppose.
 
Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présentes dans la hiérarchie. Sur la question de participer ou non au commandement de cette institution à d’autres au sein de l’AIT, dont  [[Eugène Varlin|Varlin]] entre au comité central de la Garde, tandis que [[Léo Frankel|Frankel]] s’y oppose.
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*des « indépendants » comme [[Jules_Vallès|Jules Vallès]] et [[Gustave_Courbet|Gustave Courbet]].
 
*des « indépendants » comme [[Jules_Vallès|Jules Vallès]] et [[Gustave_Courbet|Gustave Courbet]].
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Prévues d'abord le 5 avril, les élections complémentaires, destinées à pourvoir les sièges vacants ou désertés, sont organisées le <time datetime="1871-04-16" class="nowrap date-lien">16 avril 1871</time>. Les réunions du [[Conseil de la Commune|conseil]] sont tenues secrètes au nom des circonstances de guerre.
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Prévues d'abord le 5 avril, les élections complémentaires, destinées à pourvoir les sièges vacants ou désertés, sont organisées le <time datetime="1871-04-16" class="nowrap date-lien">16 avril 1871</time>. Les réunions du [[Conseil de la Commune|conseil]] sont tenues secrètes au nom des circonstances de guerre. Ce n'est qu'à partir du 18 avril  que des compte-rendus des séances seront publiés dans le [[w:Journal officiel de la République française|Journal officiel]] (JO). Ces précautions sont critiquées par certains y compris des marxistes<ref name=":02">Dan La Botz, ''[https://internationalviewpoint.org/spip.php?article7400 Marx’s Commune: An Appreciation and a Critique]'', November 2021</ref>, mais beaucoup soulignent dans la Commune une forte volonté de transparence des décisions (la commission des finances publiait régulièrement  les tableaux détaillés des mouvements de fonds...).<ref name=":1">Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/dossier-thematique/les-services-publics/583-les-services-publics-sous-la-commune Les services publics sous la Commune]'', août 2022</ref>
    
===Intenses débats et autogestion===
 
===Intenses débats et autogestion===
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Dès lors, le petit peuple travailleur de Paris (et les [[intellectuels]] engagés à leurs côtés) s'investit pleinement dans la vie politique et cherche à tâtons une façon d'organiser la cité dans son intérêt. Les lieux d'auto-organisation à l'échelle locale sont divers : les organes de la [[Garde nationale]], des Comités de vigilance, de nombreux [[clubs populaires]] (se réunissant dans des églises ou des théâtres...) comme le [[Club des prolétaires]]<ref name=":0" /><ref>Blog de [[w:Michèle Audin|Michèle Audin]] sur la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/448-les-clubs-sous-la-commune Les clubs sous la Commune]'', juillet 2022</ref>, les clubs animés par l'[[Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés]]... Les citoyen·nes exercent une pression forte sur les élus et leur font directement connaître leurs revendications.
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Dès lors, le petit peuple travailleur de Paris (et les [[intellectuels]] engagés à leurs côtés) s'investit pleinement dans la vie politique et cherche à tâtons une façon d'organiser la cité dans son intérêt. Les lieux d'auto-organisation à l'échelle locale sont divers : les organes de la [[Garde nationale]], des Comités de vigilance, de nombreux [[clubs populaires]] (se réunissant dans des églises ou des théâtres...) comme le [[Club des prolétaires]]<ref name=":0" /><ref>Blog de [[w:Michèle Audin|Michèle Audin]] sur la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/448-les-clubs-sous-la-commune Les clubs sous la Commune]'', juillet 2022</ref>, les clubs animés par l'[[Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés]]... Les citoyen·nes exercent une pression forte sur les élus et leur font directement connaître leurs revendications. Des [[w:Journaux de la Commune de Paris|dizaines de journaux étaient publiés]], certains éphémères, certains à grand tirage comme [[w:Le Cri du peuple (journal, 1871)|Le Cri du Peuple]] ou [[w:Le Père Duchêne (XIXe siècle)|Le Père Duchêne]].<gallery widths="300" heights="200">
 
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Fichier:La Commune annonce 8 avril 1871.jpg
De façon empirique et par souci d'efficacité, les parisiens réalisent peu à peu une auto-centralisation (fédération des clubs...).
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Fichier:PereDuchesneIllustre2 1 0.png
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</gallery>De façon empirique et par souci d'efficacité, les parisiens réalisent peu à peu une auto-centralisation (fédération des clubs...).
    
Parmi les dirigeants de la Commune, les socialistes convaincus du [[collectivisme]] sont loin d'être hégémoniques. Les visions idylliques d'une société de petits producteurs indépendants (donc encore basée sur le [[marché]]) dominent encore ce milieu [[Radicalisme|républicain socialisant]]. Cependant, des mesures sociales radicales sont rapidement prises, sous l'initiative populaire bien plus que par idéologie&nbsp;: en pratique, c'est la [[Socialisation (économie)|socialisation]] sur un mode quasi-communiste qui se dessine, et non des schémas [[blanquistes]] ou [[Pierre-Joseph_Proudhon|proudhoniens]].  
 
Parmi les dirigeants de la Commune, les socialistes convaincus du [[collectivisme]] sont loin d'être hégémoniques. Les visions idylliques d'une société de petits producteurs indépendants (donc encore basée sur le [[marché]]) dominent encore ce milieu [[Radicalisme|républicain socialisant]]. Cependant, des mesures sociales radicales sont rapidement prises, sous l'initiative populaire bien plus que par idéologie&nbsp;: en pratique, c'est la [[Socialisation (économie)|socialisation]] sur un mode quasi-communiste qui se dessine, et non des schémas [[blanquistes]] ou [[Pierre-Joseph_Proudhon|proudhoniens]].  
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Le 20 avril, une [[w:Déclaration au peuple français|déclaration au peuple français]] est diffusée :
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«&nbsp;''La Commune c’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des privilèges auxquels le prolétariat doit son servage, la patrie ses malheurs et ses désastres.&nbsp;''»
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Mais toute cette spontanéité, si elle est remarquable par sa démonstration que le [[prolétariat]] est réellement porteur d'une société nouvelle, se fait sans clairvoyance, sans priorités, et laisse les mains libres à toute la [[réaction]] de France de se renforcer à Versailles. En dehors des mesures socialistes à Paris, les communards accordent trop de temps aux symboles ([[w:Colonne Vendôme|colonne Vendôme]] abattue par [[antimilitarisme]]) et pas assez aux vrais lieux de pouvoir (Banque de France laissée intacte alors qu'elle finance Versailles pendant ce temps).
 
Mais toute cette spontanéité, si elle est remarquable par sa démonstration que le [[prolétariat]] est réellement porteur d'une société nouvelle, se fait sans clairvoyance, sans priorités, et laisse les mains libres à toute la [[réaction]] de France de se renforcer à Versailles. En dehors des mesures socialistes à Paris, les communards accordent trop de temps aux symboles ([[w:Colonne Vendôme|colonne Vendôme]] abattue par [[antimilitarisme]]) et pas assez aux vrais lieux de pouvoir (Banque de France laissée intacte alors qu'elle finance Versailles pendant ce temps).
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*les majoritaires sont les jacobins, les blanquistes et les indépendants&nbsp;; pour eux, le politique l'emporte sur le social&nbsp;; se voulant les continuateurs de l'action des «&nbsp;[[Montagne_(Révolution_française)|montagnards]]&nbsp;» de 1793, ils ne sont pas hostiles aux mesures centralisatrices, voire autoritaires&nbsp;; ils voteront cependant toutes les mesures sociales de la Commune&nbsp;;
 
*les majoritaires sont les jacobins, les blanquistes et les indépendants&nbsp;; pour eux, le politique l'emporte sur le social&nbsp;; se voulant les continuateurs de l'action des «&nbsp;[[Montagne_(Révolution_française)|montagnards]]&nbsp;» de 1793, ils ne sont pas hostiles aux mesures centralisatrices, voire autoritaires&nbsp;; ils voteront cependant toutes les mesures sociales de la Commune&nbsp;;
 
*les minoritaires sont les radicaux et les [[Association Internationale des Travailleurs|Internationalistes]], [[collectivistes]] ou [[proudhoniens]]&nbsp;; ils s'attachent à promouvoir des mesures sociales et anti-autoritaires&nbsp;; ils sont les partisans de la [[République sociale]].
 
*les minoritaires sont les radicaux et les [[Association Internationale des Travailleurs|Internationalistes]], [[collectivistes]] ou [[proudhoniens]]&nbsp;; ils s'attachent à promouvoir des mesures sociales et anti-autoritaires&nbsp;; ils sont les partisans de la [[République sociale]].
Ces tendances se cristallisent le 28 avril à propos de la création d'un [[Comité_de_salut_public_(1871)|Comité de Salut public]], organisme que les minoritaires refusent comme contraire à l'aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Les majoritaires en imposent la création le <abbr class="abbr" title="Premier">1<sup>er</sup></abbr> mai par 45 voix contre 23. La minorité au conseil de la Commune publie un Manifeste le 15 mai qui proteste contre la dictature du Comité de Salut public et annonce que ses membres se retirent dans leurs arrondissements respectifs. Mais ce manifeste qui réjouit le gouvernement d'[[w:Adolphe_Thiers|Adolphe Thiers]], n'est pas compris par les communards parisiens. Les deux tendances feront combat commun dès l'entrée des troupes versaillaises dans Paris.
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Ces tendances se cristallisent le 28 avril à propos de la création d'un [[Comité_de_salut_public_(1871)|Comité de Salut public]], organisme que les minoritaires refusent comme contraire à l'aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Les majoritaires en imposent la création le <abbr class="abbr" title="Premier">1<sup>er</sup></abbr> mai par 45 voix contre 23.  
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Le 18 mai, le Comité de Salut public restreint la [[liberté de la presse]] en interdisant une trentaine de journaux,  pour la plupart conservateurs, mais aussi La Commune, édité par [[w:Jean-Baptiste Millière|Jean-Baptiste Millière]].
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La minorité au conseil de la Commune publie un Manifeste le 15 mai qui proteste contre la dictature du Comité de Salut public et annonce que ses membres se retirent dans leurs arrondissements respectifs. Mais ce manifeste qui réjouit le gouvernement d'[[w:Adolphe_Thiers|Adolphe Thiers]], n'est pas compris par les communards parisiens. Les deux tendances feront combat commun dès l'entrée des troupes versaillaises dans Paris.
    
===Attaque des Versaillais===
 
===Attaque des Versaillais===
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Le bilan fut un des plus effroyables massacres contre-révolutionnaires&nbsp;: plus de 30 000 morts dont au moins 20&nbsp;000 prisonniers fusillés sans jugement (et de nombreux tués à la baïonnette dans leur sommeil…), environ 36&nbsp;000 prisonniers, et des milliers de condamnés et déportés outre-mer. Le 22 mai, [[Adolphe_Thiers|Thiers]] annonçait à l’Assemblée&nbsp;: ''«&nbsp;L’ordre, la justice, la civilisation ont enfin remporté la victoire&nbsp;».'' Marx dira plutôt&nbsp;: ''«&nbsp;la sauvagerie sans masque et la vengeance sans loi&nbsp;»''.
 
Le bilan fut un des plus effroyables massacres contre-révolutionnaires&nbsp;: plus de 30 000 morts dont au moins 20&nbsp;000 prisonniers fusillés sans jugement (et de nombreux tués à la baïonnette dans leur sommeil…), environ 36&nbsp;000 prisonniers, et des milliers de condamnés et déportés outre-mer. Le 22 mai, [[Adolphe_Thiers|Thiers]] annonçait à l’Assemblée&nbsp;: ''«&nbsp;L’ordre, la justice, la civilisation ont enfin remporté la victoire&nbsp;».'' Marx dira plutôt&nbsp;: ''«&nbsp;la sauvagerie sans masque et la vengeance sans loi&nbsp;»''.
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==L'œuvre progressiste de la Commune==
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==L'œuvre de la Commune==
 
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{{voir|Oeuvre sociale de la Commune}}
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[[Insurrection|Insurrection]] populaire devenue en quinze jours une véritable [[Révolution_sociale|révolution sociale]], la Commune a pris de nombreuses décisions exemplaires.
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===Les mesures sociales===
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*Remise des loyers&nbsp;;
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===Travail===
*création des futures [[Bourses_du_travail|Bourses du travail]]&nbsp;;
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La majorité des élus de la Commune étaient des [[Républicanisme|républicains]] radicaux plus que des [[Socialisme|socialistes]], et même parmi les socialistes, peu étaient ceux qui avaient clairement l'objectif d'[[Abolition du salariat|abolir le salariat]]. Cependant, presque tous étaient sincèrement [[Humanisme|humanistes]] et [[Égalitarisme|égalitaristes]], et des [[mesures sociales]] furent prises assez rapidement, comme la suppression du [[travail de nuit]] chez les boulangers, et l'interdiction des amendes et des retenues sur [[salaire]] dans les ateliers et les administrations. On assista à une forte volonté de démocratisation au sein des entreprises et dans les quelques établissements en [[Entreprises publiques|régie]] (désignation des chefs d’atelier par les ouvriers de l'Imprimerie nationale, réorganisation à l'atelier de fabrication d’armements du Louvre...).<ref name=":1" />
*suppression du travail de nuit chez les boulangers&nbsp;;
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*interdiction des amendes et des retenues sur salaire dans les ateliers et les administrations&nbsp;;
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*moratoire sur le [[Mont-de-piété|mont-de-piété]], puis possibilité de retrait gratuit des petits objets&nbsp;;
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*enseignement obligatoire, laïque et gratuit avec intégration de l'instruction professionnelle&nbsp;;
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*recensement des fabriques abandonnées pour être remises à des [[Coopératives|coopératives ouvrières]].
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Mais il n'y a pas de réelle confrontation avec la propriété privée.
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Puis, au fil des délibérations et de la nécessité d'améliorer la  vie quotidienne sous les conditions difficiles, des mesures furent prises qui se dirigeaient nettement dans un sens [[Collectivisme|collectiviste]].<ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/dossier-thematique/democratie-laicite-oeuvre-sociale/573-premisses-de-l-autogestion Prémisses de l’autogestion]'', août 2022</ref>
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===La démocratie ouvrière===
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[[Augustin Avrial|Avrial]], ouvrier membre de la commission du Travail, de l’Industrie et de l’Echange, propose d'établir une liste des ateliers abandonnés par leurs patrons et à les remettre en exploitation sous forme d'[[Associationnisme|associations ouvrières]]. Il s’inspirait d’un projet d’octobre 1870 qui stipulait que les ateliers pouvant servir à la fabrication d’armement devaient être [[Réquisition|réquisitionnés]]. L’initiative d’Avrial, revue par [[Léo Frankel|Frankel]] ne concernait que les ateliers abandonnés dont il fallait dresser la liste avant de les remettre en service. Elle fit l’objet du décret du 16 avril 1871, appelant les syndicats à discuter des modalités, et de ce qu'il conviendrait de faire si plus tard les [[Patronat|patrons]] revenaient (indemnités...). 
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*suppression de l'[[Armée_permanente|armée permanente]], remplacée par la Garde nationale dont tous les citoyens doivent faire partie ([[Armement_du_prolétariat|armement du prolétariat]])&nbsp;;
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Cette initiative traîna un mois avant d’être suivie d’effet. Il y avait une réticence à toucher à la [[Propriété privée|propriété]]. Lorsque le 4 mai, [[Pierre Vésinier|Vésinier]] dépose un projet de décret tendant à réquisitionner les grands ateliers, il n'est pas discuté.<ref>Patrick Le Moal, ''[https://www.contretemps.eu/journal-commune-4-mai-1871/ La Commune au jour le jour. Jeudi 4 mai 1871]'', 4 mai 2021</ref> Finalement lLe 15 mai, une liste est établie avec 42 associations ouvrières de production et 34 chambres syndicales.&nbsp;Frankel avait pour objectif à terme que [[Gestion ouvrière|les travailleur·ses prennent en main la gestion des entreprises]], tout en se fédérant, à l'image de la Garde nationale. Mais la Commune n'avait plus que 8 jours à vivre. ll n’y eut que quelques dizaines d’ateliers confisqués en comprenant les établissements d’Etat.
*élection et [[Révocabilité|révocabilité]] de tous les responsables dans l'administration, la justice, l'enseignement et la Garde nationale&nbsp;;
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===Logement===
*limitation du traitement des employés de la Commune à celui d'un [[Ouvrier|ouvrier]]&nbsp;;
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La Commune se souciait d'organiser concrètement un droit au [[logement]]. Elle décrète le 29 mars 1871 la remise générale des loyers d’octobre 1870, de janvier et d’avril 1871. Les 25 avril 1871, le décret de [[Réquisition des logements|réquisition des appartements vacants]] permettra l’hébergement des familles dont les maisons ont été détruites par les bombardements. Ces deux décrets donnent lieu à la création de commissions municipales chargées de régler les différends qui peuvent surgir entre les propriétaires et les locataires. Ces mêmes commissions assurent l’installation dans les appartements vacants des personnes privées de toit.
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===Actes symboliques===
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===Armée et police===
Un grand nombre d'actes symboliques contre la réaction furent réalisés par la Commune. Un des plus connus est la démolition de la [[w:Colonne Vendôme|colonne Vendôme]]<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2095533h/f1.item Décret du 12 avril 1871], JORF, no 103, 14 avril 1871, p. 275.</ref>, sur laquelle trônait le buste de Napoléon, symbole de l'[[impérialisme français]]. Pour l'anecdote, on peut relever que Marx avait écrit en 1852, « la statue de bronze de Napoléon tombera de la hauteur de la colonne Vendôme »<ref>Karl Marx, ''[[Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte]]'', 1852</ref>.
+
La [[Garde nationale]] se voulait un remplacement de l'[[armée permanente]] par une [[milice populaire]] démocratique mobilisée temporairement. Tous les citoyens pouvaient en faire partie, et élire ses chefs.
   −
Une [[guillotine]] a également été brûlée en place publique dans le 11<sup>e</sup> arrondissement, en tant que symbole de la [[peine de mort]]. Les sentiments étaient cependant partagés, puisque dans les réunions de [[Club politique|clubs]] de ce même arrondissement, un mois plus tard, on réclame « la guillotine comme en 93 ».<ref>{{Lien web|auteur=[[w:Michèle Audin|Michèle Audin]]|titre=Non, la Commune n'a pas… (19) …brûlé la guillotine|jour=21|mois=mai|année=2016|url=https://macommunedeparis.com/2016/05/21/non-la-commune-na-pas-19-brule-la-guillotine/|site=La Commune de Paris|consulté le=9 novembre 2020}}.</ref><ref>Journal illustré de la Commune, ''[https://raspou.team/1871/destruction-de-la-guillotine/ On a brûlé la guillotine]'', RaspouTeam</ref><ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/commune-1871-ephemeride/1194-commune-1871-ephemeride-6-avril-la-guillotine-brulee-place-voltaire-l-appel-de-courbet 6 avril – La guillotine brûlée place Voltaire]'', Août 2022</ref>
+
Une nouvelle police fut créée, surtout dirigée par des [[Louis-Auguste Blanqui|blanquistes]]. Elle était plus populaire et globalement [[progressiste]], mais elle se comporta cependant avec un certain caractère arbitraire. On parlait de révolution [[morale]]. Des pancartes  « Mort aux voleurs » sont affichées. On a arrête des gens pour ivresse publique, on réprime les jeux de hasard...<ref name=":02" />
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Il a également été décidé de confisquer les biens de [[w:Adolphe Thiers|Thiers]]&nbsp;et de brûler sa maison, et de démolir la chapelle expiatoire de Louis XVI (jamais mis en œuvre sans doute faute de temps).<gallery widths="300" heights="200">
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===Administrations publiques===
Fichier:Commune de Paris la guillotine est brûlée.jpg|Une guillotine brûlée
+
Si les forces armées sont les secteurs les plus directement impactés dans une [[révolution sociale]], c'est l'ensemble de l'[[appareil d'État]] qui est bouleversé.
Fichier:L’Année terrible (1874) Illustr. p.157.jpg|Destruction de la [[w:Colonne Vendôme|colonne Vendôme]]
  −
</gallery>
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===La laïcité===
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Dans la journée du 18 mars, les ministres ont rejoint l’Assemblée à Versailles, et [[w:Adolphe Thiers|Thiers]] a ordonné aux fonctionnaires  de  quitter leur poste, ce que les trois quart ont fait. Le Comité central de la Garde nationale a pris possession de tous les organes politiques et administratifs, nommé de nouveaux responsables, désormais payés au niveau d'un [[ouvrier]].
   −
La Commune a ordonné la séparation de l'Eglise et de l’État, instituant par là la [[Laïcité|laïcité]], 34 ans avant que la bourgeoisie ne la déclare enfin.
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Mais il s’est trouvé devant un vide impressionnant&nbsp;: les chefs de service (sauf ceux qui sont restés sur ordre pour saboter) sont souvent partis en emportant matériel, caisse, archives... Il a donc fallu recruter de nouveaux agents, manquant  de [[qualification]] ou tout simplement d'habitudes. La Commune appellera plusieurs fois les anciens agents à revenir, par voie d’affiches et de communiqués au [[w:Journal officiel de la République française|JO]].
   −
===L'éducation gratuite et obligatoire===
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Dans des conditions difficiles, la Commune est parvenue à faire tourner l'essentiel des administrations et services, souvent en les réformant : la santé (une quinzaine d’hôpitaux et hospices soumis à la surveillance de l’Assistance publique), la justice, l'éducation, le courrier, les musées, les bibliothèques, la Monnaie, l’Imprimerie nationale, les Poids et mesures, la voirie, les canalisations d’eau, l’éclairage de la ville (avec quelques restrictions)... Elle assura la collecte des impôts nécessaires au fonctionnement de ces services, au paiement de la solde des gardes nationaux, aux fabrications de guerre par les régies financières existantes et les avances de la Banque de France... Une commission supérieure de comptabilité opérait la vérification générale des comptes des administrations communales.
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===Contrôle et révocabilité===
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Les communards, fidèles aux principes de 1789, étaient favorables à l’[[élection des fonctionnaires et des magistrats]], et à leur recrutement par examen ou concours, mais n'eurent pas le temps de le mettre en place. Ils essayèrent cependant par plusieurs moyens d'assurer des recrutements objectifs sur la base des compétences. De nombreux arrêtés de nomination et de révocation de fonctionnaires furent publiés au [[w:Journal officiel de la République française|JO]].<ref name=":1" /> Un décret prévenait que tous les fonctionnaires accusés de [[corruption]] passeraient en cour martiale.
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Dix ans avant que le républicain bourgeois [[W:Jules Ferry|Jules Ferry]] (membre du gouvernement qui l'a écrasée) ne le fasse, la Commune avait instauré à Paris l'éducation gratuite et obligatoire...
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===Annulation des dettes ===
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La plupart des ouvriers s'étaient [[Dette|endettés]], et avaient régulièrement recours au [[w:Mont-de-piété|mont-de-piété]] (prêts remis contre des objets mis en gage, qui étaient vendus au bout d'un certain temps). Au printemps 1871, on évaluait à près de deux millions le nombre des articles déposés. Un décret du 29 mars suspendit la vente des objets mis en gage, et de grands débats furent engagés sur la façon de liquider cette institution. Il décidé que les petits objets seraient rendus gratuitement.<ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/dossier-thematique/les-services-publics/570-le-mont-de-piete Le Mont-de-Piété]'', août 2022</ref>
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===Les femmes en action===
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=== Les femmes en action ===
 
{{See also|w:Femmes dans la Commune de Paris{{!}}Action des femmes dans la Commune}}
 
{{See also|w:Femmes dans la Commune de Paris{{!}}Action des femmes dans la Commune}}
Lors des élections du  26 mars et du 16 avril, les femmes n'avaient pas le [[Droit de vote des femmes|droit de vote]].
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Les femmes trouvaient des alliés dans certains militants de l'AIT comme [[Léo Frankel|Frankel]] ou [[Eugène Varlin|Varlin]], mais aussi beaucoup d'opposition. Lors des élections du  26 mars et du 16 avril, les femmes n'avaient pas le [[Droit de vote des femmes|droit de vote]]. Elles ne pouvaient pas non plus être membres de la [[Garde nationale]], principale force de la révolution. La Commune réprima les [[Prostitution|prostituées]].<ref name=":02" />
    
Les femmes ont pris une part massive aux mobilisations et se sont organisées en comités de quartier. Si [[Louise Michel]] est bien connue, il ne faut pas oublier [[Elisabeth Dimitrieff]] et [[Nathalie Lemel]], qui ont créé une [[Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés|Union des femmes]]. Plus de mille d'entre elles passeront en conseil de guerre dont les "[[Pétroleuses]]", accusées d'avoir incendié les maisons bourgeoises.&nbsp;La [[réaction]] se déchaînera sur elles''.'' Concernant les indemnités reçues par les proches des [[Garde_nationale|gardes nationaux]], la Commune a donné la consigne aux mairies de ne faire aucune distinction entre femmes dites "illégitimes", mères et veuves.
 
Les femmes ont pris une part massive aux mobilisations et se sont organisées en comités de quartier. Si [[Louise Michel]] est bien connue, il ne faut pas oublier [[Elisabeth Dimitrieff]] et [[Nathalie Lemel]], qui ont créé une [[Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés|Union des femmes]]. Plus de mille d'entre elles passeront en conseil de guerre dont les "[[Pétroleuses]]", accusées d'avoir incendié les maisons bourgeoises.&nbsp;La [[réaction]] se déchaînera sur elles''.'' Concernant les indemnités reçues par les proches des [[Garde_nationale|gardes nationaux]], la Commune a donné la consigne aux mairies de ne faire aucune distinction entre femmes dites "illégitimes", mères et veuves.
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Les femmes trouvaient des alliés dans certains militants de l'AIT comme [[Léo Frankel|Frankel]] ou [[Eugène Varlin|Varlin]], mais aussi beaucoup d'opposition.
      
===Les étrangers et la Commune===
 
===Les étrangers et la Commune===
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Les étrangers furent des centaines à participer à la Commune et, fait unique dans l'histoire mondiale, plusieurs d'entre eux occupèrent des postes de direction&nbsp;: les meilleurs généraux étaient polonais ([[Jarosław_Dombrowski|Dombrowski]] et [[Walery_Wroblewski|Wroblewski]]) et le ministre du Travail fut un Juif hongrois, ouvrier bijoutier, [[Léo_Frankel|Léo Frankel]]. Il avait été élu au conseil général de la Commune suivant les recommandations ci-après de la commission des élections&nbsp;:
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Les étrangers furent des centaines à participer à la Commune et, fait unique dans l'histoire mondiale, plusieurs d'entre eux occupèrent des postes de direction&nbsp;: les meilleurs généraux étaient polonais ([[Jarosław_Dombrowski|Dombrowski]] et [[Walery_Wroblewski|Wroblewski]]) et le ministre du Travail fut un Juif hongrois, ouvrier bijoutier, [[Léo Frankel]]. Il avait été élu au conseil général de la Commune suivant les recommandations ci-après de la commission des élections&nbsp;:
 
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''«&nbsp;Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle&nbsp;; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent (...), la commission est d'avis que les étrangers peuvent être admis, et vous propose l'admission du citoyen Frankel.&nbsp;»''
 
''«&nbsp;Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle&nbsp;; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent (...), la commission est d'avis que les étrangers peuvent être admis, et vous propose l'admission du citoyen Frankel.&nbsp;»''
 
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===Approvisionnement et distribution===
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La question de l’approvisionnement de Paris était cruciale pour la Commune. Les Prussiens eux-mêmes ne faisaient pas un blocus strict car il n'y avait plus d'enjeu militaire, mais les Versaillais s’ingéniaient à rendre le ravitaillement difficile, même si la réduction de la population parisienne depuis 1870 limitait la situation de crise. Surtout, l'insurrection du 18 mars avait fait fuir de nombreux fournisseurs, négociants et fonctionnaires, désorganisant les circuits ([[w:Halles de Paris|Halles]], abattoirs...).
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La Commune lutte contre l'[[inflation]] avec des mesures de [[contrôle des prix]] (en fixant une marge maximale pour les négociants) mais aussi en faisant des pas vers une [[distribution]] planifiée : la Ville s'octroie&nbsp;une priorité d’achat des blés (13 avril), et de nombreux magasins municipaux sont ouverts par les mairies d'arrondissement, les magasins privés étant aussi contrôlés.<ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/450-approvisionner-paris-ou-le-marche-controle Approvisionner Paris ou le marché contrôlé]'', juillet 2022</ref>
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===Éducation gratuite, laïque et obligatoire===
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Environ un tiers des enfants (ceux des prolétaires) ne fréquentaient aucune [[Éducation|école]], un tiers étaient dans des écoles communales, et un tiers dans des écoles religieuses. La Commune met en place une éducation gratuite, laïque et obligatoire, avec intégration de l'[[instruction professionnelle]]. Tout cela 10 ans avant que le républicain bourgeois [[W:Jules Ferry|Jules Ferry]] (membre du gouvernement qui l'a écrasée) ne remettre en place un tel système.
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La Commune a ordonné la séparation de l’Église et de l’État, instituant par là la [[laïcité]], 34 ans avant que celle-ci ne soit acté au niveau de l'État bourgeois.
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===Actes symboliques===
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Un grand nombre d'actes symboliques contre la réaction furent réalisés par la Commune. Un des plus connus est la démolition de la [[w:Colonne Vendôme|colonne Vendôme]]<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2095533h/f1.item Décret du 12 avril 1871], JORF, no 103, 14 avril 1871, p. 275.</ref>, sur laquelle trônait le buste de Napoléon, symbole de l'[[impérialisme français]]. Pour l'anecdote, on peut relever que Marx avait écrit en 1852, « la statue de bronze de Napoléon tombera de la hauteur de la colonne Vendôme »<ref>Karl Marx, ''[[Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte]]'', 1852</ref>.
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Une [[guillotine]] a également été brûlée en place publique dans le 11<sup>e</sup> arrondissement, en tant que symbole de la [[peine de mort]]. Les sentiments étaient cependant partagés, puisque la peine de mort ne fut pas abolie, et dans les réunions de [[Club politique|clubs]] de ce même arrondissement, un mois plus tard, on réclame « la guillotine comme en 93 ».<ref>{{Lien web|auteur=[[w:Michèle Audin|Michèle Audin]]|titre=Non, la Commune n'a pas… (19) …brûlé la guillotine|jour=21|mois=mai|année=2016|url=https://macommunedeparis.com/2016/05/21/non-la-commune-na-pas-19-brule-la-guillotine/|site=La Commune de Paris|consulté le=9 novembre 2020}}.</ref><ref>Journal illustré de la Commune, ''[https://raspou.team/1871/destruction-de-la-guillotine/ On a brûlé la guillotine]'', RaspouTeam</ref><ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/commune-1871-ephemeride/1194-commune-1871-ephemeride-6-avril-la-guillotine-brulee-place-voltaire-l-appel-de-courbet 6 avril – La guillotine brûlée place Voltaire]'', Août 2022</ref>
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Il a également été décidé de confisquer les biens de [[w:Adolphe Thiers|Thiers]]&nbsp;et de brûler sa maison, et de démolir la [[w:Chapelle expiatoire|chapelle expiatoire]] de Louis XVI (jamais mis en œuvre sans doute faute de temps).<gallery widths="200" heights="150">
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Fichier:Commune de Paris la guillotine est brûlée.jpg|Une guillotine brûlée
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Fichier:L’Année terrible (1874) Illustr. p.157.jpg|Destruction de la [[w:Colonne Vendôme|colonne Vendôme]]
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Fichier:Affiche du Comité de Salut public annonçant la destruction de la Chapelle expiatoire de Louis XVI (bgw17 0878).jpg|Annonçant de la destruction de la chapelle expiatoire
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==Leçons de la Commune==
 
==Leçons de la Commune==
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===Possibilité et nécessité d'un nouvel État ouvrier===
 
===Possibilité et nécessité d'un nouvel État ouvrier===
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Marx affirmait depuis le [[Manifeste_du_Parti_communiste|''Manifeste'']] (1847) la nécessité de la prise du pouvoir par le prolétariat, mais n'avait pas de vision précise sur la forme de cette prise de pouvoir. Il s'inscrit d'abord plus ou moins explicitement dans l'idée qu'il s'agit d'une forme républicaine de gouvernement. Il parle de ''«&nbsp;[[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]&nbsp;»'' à partir de 1850, et dès son pamphlet sur le coup d'Etat de Napoléon III (1851), Marx remarquait cependant que la machine bureaucratique de l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]] avait été reprise à l'Etat [[Absolutiste|absolutiste]] et perfectionnée, et qu'il s'agissait pour le prolétariat de la ''«&nbsp;briser&nbsp;»''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm ''Le 18 brumaire de L. Bonaparte''], 1851</ref>. Ecrivant à chaud sur la Commune, Marx dira qu'elle était ''«&nbsp;la forme politique enfin trouvée&nbsp;»<ref name="LGCF3">Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France - 3]'', 1871</ref>'' de la dictature du prolétariat.
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Marx affirmait depuis le [[Manifeste_du_Parti_communiste|''Manifeste'']] (1847) la nécessité de la prise du pouvoir par le prolétariat, mais n'avait pas de vision précise sur la forme de cette prise de pouvoir. Il s'inscrit d'abord plus ou moins explicitement dans l'idée qu'il s'agit d'une forme [[République|républicaine]] de gouvernement. Il parle de ''«&nbsp;[[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]&nbsp;»'' à partir de 1850, et dès son pamphlet sur le coup d'Etat de Napoléon III (1851), Marx remarquait cependant que la machine bureaucratique de l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]] avait été reprise à l'Etat [[Absolutiste|absolutiste]] et perfectionnée, et qu'il s'agissait pour le prolétariat de la ''«&nbsp;briser&nbsp;»''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm ''Le 18 brumaire de L. Bonaparte''], 1851</ref>.
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Écrivant à chaud sur la Commune, Marx dira qu'elle était ''«&nbsp;la forme politique enfin trouvée&nbsp;»<ref name="LGCF3">Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France - 3]'', 1871</ref>'' de la dictature du prolétariat. Les mesures mises en place dans le Paris révolutionnaire (suppression de l'[[armée permanente]], [[révocabilité]] des [[élus]] et [[fonctionnaires]]...) font partie de ce que les marxistes considèrent comme la [[démocratie ouvrière]].
    
===Nécessité de détruire l'État bourgeois===
 
===Nécessité de détruire l'État bourgeois===
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==Bibliographie==
 
==Bibliographie==
 
'''Articles'''
 
'''Articles'''
*Revue Que faire&nbsp;? [http://quefaire.lautre.net/que-faire/que-faire-no07-juillet-aout-2011/article/la-commune-de-paris ''La commune de Paris, une révolution par les urnes&nbsp;?'']
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*Revue Que faire&nbsp;?, [http://quefaire.lautre.net/que-faire/que-faire-no07-juillet-aout-2011/article/la-commune-de-paris ''La commune de Paris, une révolution par les urnes&nbsp;?''], 2011
*Jean-Michel Krivine,[http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?option=com_sectionnav&view=article&Itemid=53&id=2012 ''Il y a 140 ans: La Commune de Paris'']
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*Jean-Michel Krivine, [http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?option=com_sectionnav&view=article&Itemid=53&id=2012 ''Il y a 140 ans: La Commune de Paris''], 2011
 
*''Site internet&nbsp;: [http://www.commune1871.org/ Les amies et amis de la Commune de Paris]''
 
*''Site internet&nbsp;: [http://www.commune1871.org/ Les amies et amis de la Commune de Paris]''
*Articles de LO&nbsp;:  
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*Articles de [[Lutte Ouvrière|LO]]&nbsp;:  
 
**[http://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1960-1963/article/un-dimanche-de-mai ''Un dimanche de mai''], 1961
 
**[http://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1960-1963/article/un-dimanche-de-mai ''Un dimanche de mai''], 1961
 
**[http://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/il-y-a-140-ans-mars-1871-avec-la ''Avec la Commune de Paris, les ouvriers parisiens inventaient la première forme concrète de pouvoir ouvrier''], 2011
 
**[http://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/il-y-a-140-ans-mars-1871-avec-la ''Avec la Commune de Paris, les ouvriers parisiens inventaient la première forme concrète de pouvoir ouvrier''], 2011
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*Articles du NPA&nbsp;:  
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*Articles du [[Nouveau Parti Anticapitaliste|NPA]]&nbsp;:  
 
**[https://npa2009.org/content/la-commune-de-paris-1871-et-les-debats-quelle-suscites-par-michael-lowy ''La Commune de Paris et les débats qu’elle a suscités''], novembre 2009
 
**[https://npa2009.org/content/la-commune-de-paris-1871-et-les-debats-quelle-suscites-par-michael-lowy ''La Commune de Paris et les débats qu’elle a suscités''], novembre 2009
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**Tendance CLAIRE, [http://tendanceclaire.org/article.php?id=57 Leçons de la première prise de pouvoir par le prolétariat]'', 2009''
 
**''[https://npa2009.org/idees/il-y-140-ans-la-commune-de-paris Il y a 140 ans, la Commune de Paris]'', mars 2011
 
**''[https://npa2009.org/idees/il-y-140-ans-la-commune-de-paris Il y a 140 ans, la Commune de Paris]'', mars 2011
 
**[https://npa2009.org/idees/1871-la-commune-de-paris 1871, la Commune de Paris], [https://npa2009.org/idees/la-commune-de-paris-reperes-chronologiques Repères chronologiques], avril 2011
 
**[https://npa2009.org/idees/1871-la-commune-de-paris 1871, la Commune de Paris], [https://npa2009.org/idees/la-commune-de-paris-reperes-chronologiques Repères chronologiques], avril 2011
 
**[https://npa2009.org/idees/une-revolution-exemplaire-lectures-de-marx-lenine-et-trotsky-sur-la-commune-de-paris Une révolution exemplaire&nbsp;? Lectures de Marx, Lénine et Trotski sur la Commune de Paris], avril 2011
 
**[https://npa2009.org/idees/une-revolution-exemplaire-lectures-de-marx-lenine-et-trotsky-sur-la-commune-de-paris Une révolution exemplaire&nbsp;? Lectures de Marx, Lénine et Trotski sur la Commune de Paris], avril 2011
**Tendance CLAIRE du NPA, [http://tendanceclaire.org/article.php?id=57 Leçons de la première prise de pouvoir par le prolétariat]'', 2009''
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**Patrick Le Moal, [https://www.contretemps.eu/commune-paris-au-jour-le-jour/ 150 ans de la Commune. La Commune au jour le jour], 2021
 
'''Vidéos'''
 
'''Vidéos'''
 
*[http://www.dailymotion.com/video/x7u9t7_daniel-bensaid-et-lheritage-de-la-c_news ''Daniel Bensaïd et l'héritage de la Commune de Paris''], 2008
 
*[http://www.dailymotion.com/video/x7u9t7_daniel-bensaid-et-lheritage-de-la-c_news ''Daniel Bensaïd et l'héritage de la Commune de Paris''], 2008

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