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[[File:Vive-la-commune.jpg|right|326x228px|Illustration d'un communard]]La '''Commune de Paris''' est l'une des premières [[Révolutions_socialistes|révolutions prolétariennes]] de l'histoire : Paris sous un [[Gouvernement_des_travailleurs|gouvernement des travailleurs]] pendant 2 mois. Malgré son échec, ou grâce à lui, elle est une précieuse source d'enseignement pour tous les révolutionnaires. Survenue du vivant de [[Karl_Marx|Marx]], elle suscita l'intérêt du père du [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]], et plus tard, celui de [[Léon_Trotski|Trotski]] et de nombreux autres auteurs. {{AjoutDates|1871}}
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[[File:Vive-la-commune.jpg|right|400x400px|Illustration d'un communard]]La '''Commune de Paris''' est l'une des premières [[Révolutions_socialistes|révolutions prolétariennes]] de l'histoire : Paris sous un [[Gouvernement_des_travailleurs|gouvernement des travailleurs]] pendant 2 mois. Malgré son échec, ou grâce à lui, elle est une précieuse source d'enseignement pour tous les révolutionnaires. Survenue du vivant de [[Karl_Marx|Marx]], elle suscita l'intérêt du père du [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]], et plus tard, celui de [[Léon_Trotski|Trotski]] et de nombreux autres auteurs. {{AjoutDates|1871}}
    
==Contexte==
 
==Contexte==
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===Général===
 
===Général===
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En 1871, l'empereur [[Napoléon_III|Napoléon III]] règne depuis son [[Coup_d'Etat_de_Louis-Napoléon_Bonaparte|coup d'Etat du 2 décembre 1851]]. Il a combiné une politique de paternalisme envers les plus pauvres à une dure répression contre l'opposition. Il entreprenait souvent des guerres extérieures dont un rôle constant était de renforcer son gouvernement lorsqu'il était affaibli et contesté à l'intérieur.
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En 1871, l'empereur [[Napoléon_III|Napoléon III]] règne depuis son [[Coup_d'Etat_de_Louis-Napoléon_Bonaparte|coup d'Etat du 2 décembre 1851]]. Il a combiné une politique de [[paternalisme]] envers les plus pauvres à une dure répression contre l'opposition. Il entreprenait souvent des guerres extérieures dont un rôle constant était de renforcer son gouvernement lorsqu'il était affaibli et contesté à l'intérieur.
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La grande [[Bourgeoisie_française|bourgeoisie française]], financière, commerçante et liée à l'ancienne [[Aristocratie|aristocratie]] encore puissante, est très conservatrice. Elle contestait peu sous l'Empire, et majoritairement, elle trouve son expression politique dans le [[Monarchisme|monarchisme]], afin avant tout de "ramener l'ordre". Une faible partie de la bourgeoisie est républicaine modérée, mais c'est surtout parmi la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] et le [[Prolétariat|prolétariat]] des grandes villes que l'on défend le plus la République. Les petits artisans et boutiquiers sont dominés par les riches créanciers, et sont très solidaires des ouvriers. Dans ces milieux populaires, la revendication d'une République ''sociale'' est idéologiquement confuse, mais exprime le souhait d'une rupture avec le régime ploutocratique décevant issu de 1789. C'est parmi cette plèbe qui préfigure le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] moderne que l'on trouve des révolutionnaires [[Socialistes|socialistes]].
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La grande [[Bourgeoisie_française|bourgeoisie française]], financière, commerçante et liée à l'ancienne [[Aristocratie|aristocratie]] encore puissante, est très conservatrice. Elle contestait peu sous l'Empire, et majoritairement, elle trouve son expression politique dans le [[Monarchisme|monarchisme]], afin avant tout de "ramener l'ordre". Une faible partie de la bourgeoisie est [[Républicanisme|républicaine]] modérée, mais c'est surtout parmi la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] et le [[Prolétariat|prolétariat]] des grandes villes que l'on défend la [[République]]. Les petits artisans et boutiquiers sont dominés par les riches créanciers, et sont très solidaires des ouvriers. Dans ces milieux populaires, la revendication d'une [[République sociale|République ''sociale'']] est idéologiquement confuse, mais exprime le souhait d'une rupture avec le régime ploutocratique décevant issu de [[Révolution française|1789]]. C'est parmi cette plèbe qui préfigure le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] moderne que l'on trouve des révolutionnaires [[Socialistes|socialistes]].
    
===À Paris===
 
===À Paris===
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Si au [[Moyen-Âge]], la mixité sociale prédominait d'un point de vue géographique, la Révolution industrielle a entraîné une forte tendance à la ségrégation grands bourgeois et (semi-)prolétaires, tendance accentuée par l'urbanisme de Haussmann. Les quartiers de l'ouest (7<sup>e</sup>, 8<sup>e</sup>, 16<sup>e</sup> et 17<sup>e</sup> arrondissements) concentrent les plus riches (avec leurs domestiques) et l'Est est populaire (10<sup>e</sup>, 11<sup>e</sup>, 12<sup>e</sup>, 13<sup>e</sup>, 18<sup>e</sup>, 19<sup>e</sup> et 20<sup>e</sup> arrondissements). Les quartiers centraux ont connu une forte paupérisation mais conservent encore des personnes aisées en 1871.
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Si au [[Moyen-Âge]], la mixité sociale prédominait d'un point de vue géographique, la Révolution industrielle a entraîné une forte tendance à la ségrégation grands bourgeois et (semi-)[[prolétaires]], tendance accentuée par l'urbanisme de Haussmann. Les quartiers de l'ouest (7<sup>e</sup>, 8<sup>e</sup>, 16<sup>e</sup> et 17<sup>e</sup> arrondissements) concentrent les plus riches (avec leurs domestiques) et l'Est est populaire (10<sup>e</sup>, 11<sup>e</sup>, 12<sup>e</sup>, 13<sup>e</sup>, 18<sup>e</sup>, 19<sup>e</sup> et 20<sup>e</sup> arrondissements). Les quartiers centraux ont connu une forte [[paupérisation]] mais conservent encore des personnes aisées en 1871.
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Les [[Ouvriers|ouvriers]] sont très nombreux&nbsp;: 442&nbsp;000 sur 1,8 million d'habitants, selon le recensement de 1866&nbsp;; ainsi que les [[Artisans|artisans]] (près de 70&nbsp;000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et les très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Il ne faut cependant pas se représenter des ouvriers de l'industrie moderne, l'industrialisation était encore très balbutiante, à l'exception de l'usine Cail.<ref>Jeanne Gaillard, “Les Usines Cail Et Les Ouvriers Métallurgistes De Grenelle.” ''Le Mouvement Social'', no. 33/34, 1960, pp. 35–53. ''JSTOR'', www.jstor.org/stable/3777333. Accessed 12 May 2021.</ref>
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Les [[Ouvriers|ouvriers]] sont très nombreux&nbsp;: 442&nbsp;000 sur 1,8 million d'habitants, selon le recensement de 1866&nbsp;; ainsi que les [[Artisans|artisans]] (près de 70&nbsp;000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et les très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Il ne faut cependant pas se représenter des ouvriers de l'industrie moderne, l'[[industrialisation]] était encore très balbutiante, à l'exception de l'usine Cail.<ref>Jeanne Gaillard, “Les Usines Cail Et Les Ouvriers Métallurgistes De Grenelle.” ''Le Mouvement Social'', no. 33/34, 1960, pp. 35–53. ''JSTOR'', www.jstor.org/stable/3777333. Accessed 12 May 2021.</ref>
    
===La guerre franco-allemande (1870)===
 
===La guerre franco-allemande (1870)===
En 1870, les tensions montent rapidement entre la Prusse de Bismarck et la France de Napoléon III. L'[[Association internationale des travailleurs]] (« Première internationale ») et sa section parisienne font de l'agitation contre la guerre&nbsp;: ''«&nbsp;Travailleurs de France, d'Allemagne et d’Espagne, unissons nos voix en un même cri de réprobation!... La guerre pour une question de prépondérance ou de dynastie ne peut être, aux yeux des travailleurs, qu'une criminelle folie.&nbsp;»''<ref>Première internationale (Karl Marx), [[:fr:Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne|Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne]], 23 juillet 1870</ref>
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En 1870, les tensions montent rapidement entre la Prusse de Bismarck et la France de Napoléon III, autour d'une querelle dynastique sur la succession au trône d'Espagne. L'[[Association internationale des travailleurs]] (« Première internationale ») et sa section parisienne font de l'[[agitation]] contre la guerre&nbsp;: ''«&nbsp;Travailleurs de France, d'Allemagne et d’Espagne, unissons nos voix en un même cri de réprobation!... La guerre pour une question de prépondérance ou de dynastie ne peut être, aux yeux des travailleurs, qu'une criminelle folie.&nbsp;»''<ref>Première internationale (Karl Marx), [[:fr:Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne|Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne]], 23 juillet 1870</ref>
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Mais le [[militarisme]] l'emporte, non sans susciter du [[nationalisme]] dans les classes populaires. Lorsque [[w:Guerre franco-prussienne de 1870|la guerre éclate en juillet 1870]], [[Marx|Marx]] préconisait aux socialistes allemands la défense nationale, au nom de l'[[Unification_allemande|unification allemande]]. L'armée française est vaincue en 2 mois.
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Mais le [[militarisme]] l'emporte, non sans susciter du [[nationalisme]] dans les classes populaires. Lorsque [[w:Guerre franco-prussienne de 1870|la guerre éclate en juillet 1870]], [[Marx|Marx]] préconisait aux socialistes allemands la défense nationale, au nom de l'[[Unification_allemande|unification allemande]]. L'armée française sera vaincue en 2 mois.  
    
==Événements==
 
==Événements==
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L'armée française capitule à Sedan le 2 septembre 1870, et Napoléon III est fait prisonnier. Cette nouvelle déclenche une journée d'émeutes à Paris, qui fait chuter l'Empire. Les bourgeois républicains forment un [[w:Gouvernement de la Défense nationale|Gouvernement de la Défense nationale]] à l’Hôtel de Ville, et proclament la [[Troisième République]]. Très modérés lorsqu'ils étaient dans l'opposition à l'Empire, ils essaient à présent de prendre la tête de l'[[État]] pour canaliser l'agitation populaire qui souhaite "chasser l'envahisseur prussien".  
 
L'armée française capitule à Sedan le 2 septembre 1870, et Napoléon III est fait prisonnier. Cette nouvelle déclenche une journée d'émeutes à Paris, qui fait chuter l'Empire. Les bourgeois républicains forment un [[w:Gouvernement de la Défense nationale|Gouvernement de la Défense nationale]] à l’Hôtel de Ville, et proclament la [[Troisième République]]. Très modérés lorsqu'ils étaient dans l'opposition à l'Empire, ils essaient à présent de prendre la tête de l'[[État]] pour canaliser l'agitation populaire qui souhaite "chasser l'envahisseur prussien".  
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Malgré la capitulation de Napoléon III, les troupes allemandes continuent à avancer sur le sol français. L'[[Association internationale des travailleurs]] (AIT) et les socialistes allemands dénoncent alors cette contre-offensive qui prend une nature clairement [[impérialiste]]. Les militants parisiens de l'AIT diffusent une adresse au peuple allemand, l'appelant au retrait des troupes, pour éviter de « verser à flots ton sang et le nôtre ». Le conseil de Londres de l'AIT prend une position anti-guerre.<ref>Première internationale (Karl Marx), [[:fr:Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne|Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne]], 9 septembre 1870</ref>[[File:Affiche rouge, 1871.png|alt=|250x250px|link=|vignette|[[Affiche Rouge (1871)|Affiche rouge]] placardée dans la nuit du 5 au 6 janvier 1871]]Les membres de l’[[Association_Internationale_des_Travailleurs|AIT]] (qu'on appelle les ''Internationalistes''), qui reviennent de prison ou d’exil, sont la force d'impulsion de « comités de vigilance » dans les arrondissements, qui forment un [[Comité central républicain des Vingt arrondissements]] dès le 13 septembre 1870. Celui-ci est méfiant vis-à-vis du  [[w:Gouvernement de la Défense nationale|Gouvernement de la Défense nationale]], et publie une [[Affiche Rouge (1871)|affiche rouge]] appelant à une république sociale et à des mesures énergiques pour la défense de Paris.<ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/466-la-commune-et-la-premiere-internationale La Commune et la Première internationale]'', juillet 2022</ref> Ce Comité est animé conjointement par des révolutionnaires républicains plus ou moins socialistes&nbsp;: [[jacobins]], [[blanquistes]]… La majorité du peuple est cependant encore dans l'expectative.
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Malgré la capitulation de Napoléon III, les troupes allemandes continuent à avancer sur le sol français. L'[[Association internationale des travailleurs]] (AIT) et les socialistes allemands dénoncent alors cette contre-offensive qui prend une nature clairement [[impérialiste]]. Les militants parisiens de l'AIT diffusent une adresse au peuple allemand, l'appelant au retrait des troupes, pour éviter de « verser à flots ton sang et le nôtre ». Le conseil de Londres de l'AIT prend une position anti-guerre.<ref>Première internationale (Karl Marx), [[:fr:Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne|Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne]], 9 septembre 1870</ref>[[File:Affiche rouge, 1871.png|alt=|217x217px|link=|vignette|[[Affiche Rouge (1871)|Affiche rouge]] placardée dans la nuit du 5 au 6 janvier 1871]]Les membres de l’[[Association_Internationale_des_Travailleurs|AIT]] (qu'on appelle les ''Internationalistes''), qui reviennent de prison ou d’exil, sont la force d'impulsion de « comités de vigilance » dans les arrondissements, qui forment un [[Comité central républicain des Vingt arrondissements]] dès le 13 septembre 1870. Celui-ci est méfiant vis-à-vis du  [[w:Gouvernement de la Défense nationale|Gouvernement de la Défense nationale]], et publie une [[Affiche Rouge (1871)|affiche rouge]] appelant à une république sociale et à des mesures énergiques pour la défense de Paris.<ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/466-la-commune-et-la-premiere-internationale La Commune et la Première internationale]'', juillet 2022</ref> Ce Comité est animé conjointement par des révolutionnaires républicains plus ou moins socialistes&nbsp;: [[jacobins]], [[blanquistes]]… La majorité du peuple est cependant encore dans l'expectative.
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Le 18 janvier 1871, l'Empire allemand est proclamé à Versailles (achevant l'[[unification de l'Allemagne]] en une [[Impérialisme_allemand|puissance européenne majeure]]), et le 28 janvier un armistice est signé avec le chancelier allemand Bismarck, dans l'attente d'élections devant décider de la guerre ou de la paix. La nouvelle commence à échauder le petit-peuple parisien, qui se sent trahi par sa soit-disant représentation.
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=== Armistice et élections de février 1871 ===
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Le 18 janvier 1871, l'Empire allemand est proclamé à Versailles (achevant l'[[unification de l'Allemagne]] en une [[Impérialisme_allemand|puissance européenne majeure]]), et le 28 janvier un armistice est signé avec le chancelier allemand Bismarck, dans l'attente d'élections devant décider de la guerre ou de la paix. La nouvelle échaude le petit-peuple parisien, qui se sent trahi.
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=== Élections de février 1871 ===
   
Les [[w:Élections législatives françaises de 1871|élections législatives]] sont organisées en hâte le 8 février, dans des conditions très peu démocratiques (Paris est coupé des campagnes, et la campagne électorale dure 8 jours). Les campagnes (dominées par des notables et des curés) élisent majoritairement des candidats [[monarchistes]] "pour la paix"&nbsp;:&nbsp;sur 750 députés, 450 sont des monarchistes (sans compter les bonapartistes). En revanche, à Paris, 33 députés sur 43 sont des républicains plus ou moins radicaux, et 4 sont des révolutionnaires. Ces élus parisiens sont pour continuer la guerre, les parisiens considérant qu'ils se défendent bien et ne sont pas vaincus. Mais l'Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, élit [[w:Adolphe Thiers|Adolphe Thiers]] chef du pouvoir exécutif et l'envoie négocier la capitulation, qui sera signée le 26 février. Le traité inclut l'annexion de l’Alsace-Moselle et le versement de 5 milliards de francs-or.
 
Les [[w:Élections législatives françaises de 1871|élections législatives]] sont organisées en hâte le 8 février, dans des conditions très peu démocratiques (Paris est coupé des campagnes, et la campagne électorale dure 8 jours). Les campagnes (dominées par des notables et des curés) élisent majoritairement des candidats [[monarchistes]] "pour la paix"&nbsp;:&nbsp;sur 750 députés, 450 sont des monarchistes (sans compter les bonapartistes). En revanche, à Paris, 33 députés sur 43 sont des républicains plus ou moins radicaux, et 4 sont des révolutionnaires. Ces élus parisiens sont pour continuer la guerre, les parisiens considérant qu'ils se défendent bien et ne sont pas vaincus. Mais l'Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, élit [[w:Adolphe Thiers|Adolphe Thiers]] chef du pouvoir exécutif et l'envoie négocier la capitulation, qui sera signée le 26 février. Le traité inclut l'annexion de l’Alsace-Moselle et le versement de 5 milliards de francs-or.
    
Deux candidats de l’Internationale sont élus : [[Benoît Malon|Malon]] et [[Henri Tolain|Tolain]]. Malon se consacrera à la Commune, révolutionnaire, Tolain se rangera du côté versaillais.
 
Deux candidats de l’Internationale sont élus : [[Benoît Malon|Malon]] et [[Henri Tolain|Tolain]]. Malon se consacrera à la Commune, révolutionnaire, Tolain se rangera du côté versaillais.
 
===Exacerbation de la lutte de classe===
 
===Exacerbation de la lutte de classe===
Paris est assiégée et connaît une dure [[famine]] durant l'hiver. On mange même les animaux du zoo. Manquant de soldats, le gouvernement provisoire doit armer le peuple parisien. La bourgeoisie le regrettera très vite, car celui-ci devient vite une menace pour elle. Les classes dominantes regroupées à Versailles songent alors à s'appuyer sur les troupes allemandes contre Paris...
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[[Fichier:Menu-siegedeparis.jpg|vignette|242x242px|Menu dans un café avec des animaux variés]]
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Début 1871, la situation se tend rapidement. Le siège de Paris a d'abord pour effet immédiat d'entraîner une crise sociale : on subit une dure [[famine]] en plein hiver, on mange des rats, des chats et même les animaux du zoo. Manquant de soldats, le gouvernement provisoire doit armer le peuple parisien. La bourgeoisie le regrettera très vite, car celui-ci devient vite une menace pour elle. Les classes dominantes regroupées à Versailles songent alors à s'appuyer sur les troupes allemandes contre Paris...
    
L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
 
L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides (200 bataillons et 180 000 hommes). Ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils et ont des chefs élus. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] émerge.
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides. Ses rangs grossissent très vite à Paris (60 bataillons début septembre, 254 bataillons début octobre). On y débat vivement, et un double
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(200 bataillons et 180 000 hommes). Ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils et ont des chefs élus. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[double pouvoir]] émerge.
    
Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présentes dans la hiérarchie. Sur la question de participer ou non au commandement de cette institution à d’autres au sein de l’AIT, dont  [[Eugène Varlin|Varlin]] entre au comité central de la Garde, tandis que [[Léo Frankel|Frankel]] s’y oppose.
 
Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présentes dans la hiérarchie. Sur la question de participer ou non au commandement de cette institution à d’autres au sein de l’AIT, dont  [[Eugène Varlin|Varlin]] entre au comité central de la Garde, tandis que [[Léo Frankel|Frankel]] s’y oppose.
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*le général Vinoy comme gouverneur militaire (le 6 mars).
 
*le général Vinoy comme gouverneur militaire (le 6 mars).
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Le 9&nbsp;mars&nbsp;1871, le préfet de police interdit 6 journaux d'extrême gauche, dont ''[[Le_Cri_du_peuple|Le Cri du peuple]]'' de [[Jules_Vallès|Jules Vallès]], et ferme les [[Clubs_populaires|clubs populaires]].
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Le 9&nbsp;mars&nbsp;1871, le préfet de police interdit 6 journaux d'[[extrême gauche]], dont ''[[Le_Cri_du_peuple|Le Cri du peuple]]'' de [[Jules_Vallès|Jules Vallès]], et ferme les [[Clubs_populaires|clubs populaires]].
    
Le 10&nbsp;mars&nbsp;1871, l'Assemblée, qualifiée d'«&nbsp;assemblée de ruraux&nbsp;» par les parisiens, transfère son siège à Versailles parce qu'elle craint «&nbsp;le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire&nbsp;»<ref>Jules Simon, Le Gouvernement de Monsieur Thiers, tome I, p. 95</ref>. Ce même jour, elle promulgue une loi qui&nbsp;:
 
Le 10&nbsp;mars&nbsp;1871, l'Assemblée, qualifiée d'«&nbsp;assemblée de ruraux&nbsp;» par les parisiens, transfère son siège à Versailles parce qu'elle craint «&nbsp;le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire&nbsp;»<ref>Jules Simon, Le Gouvernement de Monsieur Thiers, tome I, p. 95</ref>. Ce même jour, elle promulgue une loi qui&nbsp;:
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===18 mars, le feu aux poudres===
 
===18 mars, le feu aux poudres===
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[[File:Barricade18March1871.jpg|right|372x372px]]{{Voir|Soulèvement du 18 mars 1871}}Thiers va mettre le feu aux poudres en ordonnant dans la nuit du 17-18 mars à l'armée d'aller confisquer les canons de la Garde nationale et d'arrêter les meneurs révolutionnaires. Ce même jour, il fait arrêter [[Auguste_Blanqui|Blanqui]] qui se reposait chez un ami médecin dans le Lot, privant le camp révolutionnaire d'un de ses plus importants meneurs.
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[[File:Barricade18March1871.jpg|right|372x372px]]
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{{Voir|w:Soulèvement du 18 mars 1871{{!}}Soulèvement du 18 mars 1871}}
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Thiers va mettre le feu aux poudres en ordonnant dans la nuit du 17-18 mars à l'armée d'aller confisquer les canons de la Garde nationale et d'arrêter les meneurs révolutionnaires. Ce même jour, il fait arrêter [[Auguste_Blanqui|Blanqui]] qui se reposait chez un ami médecin dans le Lot, privant le camp révolutionnaire d'un de ses plus importants meneurs.
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Les canons, regroupés à Montmartre et à Belleville, cristallisaient la crainte du gouvernement. Non seulement les parisiens ne veulent pas capituler, mais ils considèrent que les canons sont à eux, puisqu'ils les ont payés eux-mêmes lors de la souscription contre la Prusse. Mais surtout, ils n'ont aucune confiance dans ce gouvernement, et ne veulent pas que se reproduise la tuerie de [[Juin_1848|juin 1848]].Mais Thiers avait sous-estimé les révolutionnaires parisiens, les croyant plus affaiblis par le siège. Le peuple et la plupart des gardes nationaux se soulèvent, et les soldats refusent de faire feu sur eux. C'est le début de la révolte populaire&nbsp;: peuple et soldats fraternisent. Claude Lecomte et Clément Thomas, deux généraux, sont fusillés par l’armée mutinée.
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Les canons, regroupés à Montmartre et à Belleville, cristallisaient la crainte du gouvernement. Non seulement les parisiens ne veulent pas capituler, mais ils considèrent que les canons sont à eux, puisqu'ils les ont payés eux-mêmes lors de la souscription contre la Prusse. Mais surtout, ils n'ont aucune confiance dans ce gouvernement, et ne veulent pas que se reproduise la tuerie de [[Juin_1848|juin 1848]]. Mais Thiers avait sous-estimé les révolutionnaires parisiens, les croyant plus affaiblis par le siège. Le peuple et la plupart des gardes nationaux se soulèvent, et les soldats refusent de faire feu sur eux. C'est le début de la révolte populaire&nbsp;: peuple et soldats fraternisent. Deux généraux sont fusillés  ([[w:Claude Lecomte (général)|Lecomte]] et [[w:Jacques Léonard Clément-Thomas|Clément-Thomas]]).
    
Le gouvernement de Thiers s'enfuit à Versailles accompagné par une troupe démoralisée, et des milliers de bourgeois parisiens qui s'enfuient également (dont le maire de Paris, [[W:Jules Ferry|Jules Ferry]]). Seul 300 soldats de la Garde nationale sur 300&nbsp;000 rejoignent Thiers.  
 
Le gouvernement de Thiers s'enfuit à Versailles accompagné par une troupe démoralisée, et des milliers de bourgeois parisiens qui s'enfuient également (dont le maire de Paris, [[W:Jules Ferry|Jules Ferry]]). Seul 300 soldats de la Garde nationale sur 300&nbsp;000 rejoignent Thiers.  
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[[Fichier:Commune de Paris, Comité Central, Élections à la Commune, 25 mars 1871.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Commune%20de%20Paris,%20Comit%C3%A9%20Central,%20%C3%89lections%20%C3%A0%20la%20Commune,%2025%20mars%201871.jpg|alt=|vignette|371x371px|[[w:Appel du comité central de la Garde nationale le 25 mars 1871|Appel du comité central de la Garde nationale du 25 mars]]]]
 
[[Fichier:Commune de Paris, Comité Central, Élections à la Commune, 25 mars 1871.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Commune%20de%20Paris,%20Comit%C3%A9%20Central,%20%C3%89lections%20%C3%A0%20la%20Commune,%2025%20mars%201871.jpg|alt=|vignette|371x371px|[[w:Appel du comité central de la Garde nationale le 25 mars 1871|Appel du comité central de la Garde nationale du 25 mars]]]]
Les premières mesures de la Commune sont prises aussitôt par le Comité central. Ce ne sont pas des mesures immédiatement "socialistes", mais elles jettent les bases d'un Etat ouvrier&nbsp;:
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Les premières mesures de la Commune sont prises aussitôt par le Comité central. Ce ne sont pas des mesures immédiatement "socialistes", mais elles jettent les bases d'un État ouvrier&nbsp;:
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*abolition de l'armée permanente
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*abolition de l'[[armée permanente]] et réorganisation de la [[Police (institution)|police]]
*élection et révocabilité de tous les fonctionnaires et soldats
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*élection et [[révocabilité]] de tous les [[fonctionnaires]] et soldats
 
*publication de toutes les décisions et hésitations du comité central
 
*publication de toutes les décisions et hésitations du comité central
 
*fin de la [[Séparation_des_pouvoirs|séparation des pouvoirs]]
 
*fin de la [[Séparation_des_pouvoirs|séparation des pouvoirs]]
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Ce comité est composé essentiellement de [[Petite-bourgeoisie|petits-bourgeois]] modérés, mais très liés au peuple parisien. Ils ne se sentent pas légitimes et appellent de leurs vœux à ce que soit élu un conseil municipal. Les Versaillais s'appuient sur ce sentiment pour co-organiser des élections municipales le 26 mars. Ils promettent hypocritement de ne jamais réprimer Paris dans le sang, et dans le même temps font tout pour qu'aucun des décrets ou journaux de la Commune ne parvienne aux provinces.
 
Ce comité est composé essentiellement de [[Petite-bourgeoisie|petits-bourgeois]] modérés, mais très liés au peuple parisien. Ils ne se sentent pas légitimes et appellent de leurs vœux à ce que soit élu un conseil municipal. Les Versaillais s'appuient sur ce sentiment pour co-organiser des élections municipales le 26 mars. Ils promettent hypocritement de ne jamais réprimer Paris dans le sang, et dans le même temps font tout pour qu'aucun des décrets ou journaux de la Commune ne parvienne aux provinces.
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Malgré cela, les Versaillais perdent les élections (orléanistes et bonapartistes réunis obtinrent 8&nbsp;000 conseillers municipaux sur 700&nbsp;000). Ces élections-là n'ont rien à voir avec des [[Élections|élections]] en temps "normal" de domination bourgeoise. Elles sont proclamées devant une foule de 100 000 personnes, sous le feu d'une situation révolutionnaire. La participation, de 50% en moyenne, masque en fait le fait que c'est une élection parmi le prolétariat uniquement&nbsp;: 76% de participation dans le 20<sup>e</sup> arrondissement, autour de 25% dans les arrondissements de l'Ouest désertés.
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Malgré cela, les Versaillais perdent les élections (orléanistes et [[bonapartistes]] réunis obtinrent 8&nbsp;000 conseillers municipaux sur 700&nbsp;000). Ces élections-là n'ont rien à voir avec des [[Élections|élections]] en temps "normal" de domination bourgeoise. Elles sont proclamées devant une foule de 100 000 personnes, sous le feu d'une situation révolutionnaire. La participation, de 50% en moyenne, masque en fait le fait que c'est une élection parmi le prolétariat uniquement&nbsp;: 76% de participation dans le 20<sup>e</sup> arrondissement, autour de 25% dans les arrondissements de l'Ouest désertés.
    
===Le conseil de la Commune===
 
===Le conseil de la Commune===
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{{Voir|Conseil général de la Commune}}
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{{Voir|Conseil de la Commune}}
    
Les élections du 26 mars instituent le conseil de la Commune. Sur 92 élus, la majorité sont des révolutionnaires (parmi eux 25 ouvriers, et 38 membres de l'[[Association Internationale des Travailleurs|AIT]]), mais ils sont d'une grande diversité politique&nbsp;:
 
Les élections du 26 mars instituent le conseil de la Commune. Sur 92 élus, la majorité sont des révolutionnaires (parmi eux 25 ouvriers, et 38 membres de l'[[Association Internationale des Travailleurs|AIT]]), mais ils sont d'une grande diversité politique&nbsp;:
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*des «&nbsp;indépendants&nbsp;» comme [[Jules_Vallès|Jules Vallès]] et [[Gustave_Courbet|Gustave Courbet]].
 
*des «&nbsp;indépendants&nbsp;» comme [[Jules_Vallès|Jules Vallès]] et [[Gustave_Courbet|Gustave Courbet]].
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Prévues d'abord le 5 avril, les élections complémentaires, destinées à pourvoir les sièges vacants ou désertés, sont organisées le <time datetime="1871-04-16" class="nowrap date-lien">16 avril 1871</time>.
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Prévues d'abord le 5 avril, les élections complémentaires, destinées à pourvoir les sièges vacants ou désertés, sont organisées le <time datetime="1871-04-16" class="nowrap date-lien">16 avril 1871</time>. Les réunions du [[Conseil de la Commune|conseil]] sont tenues secrètes au nom des circonstances de guerre.
    
===Intenses débats et autogestion===
 
===Intenses débats et autogestion===
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===La laïcité===
 
===La laïcité===
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La Commune a ordonné la séparation de l'Eglise et de l'Etat, instituant par là la [[Laïcité|laïcité]], 34 ans avant que la bourgeoisie ne la déclare enfin.
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La Commune a ordonné la séparation de l'Eglise et de l’État, instituant par là la [[Laïcité|laïcité]], 34 ans avant que la bourgeoisie ne la déclare enfin.
    
===L'éducation gratuite et obligatoire===
 
===L'éducation gratuite et obligatoire===
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===Les femmes en action===
 
===Les femmes en action===
 
{{See also|w:Femmes dans la Commune de Paris{{!}}Action des femmes dans la Commune}}
 
{{See also|w:Femmes dans la Commune de Paris{{!}}Action des femmes dans la Commune}}
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Lors des élections du  26 mars et du 16 avril, les femmes n'avaient pas le [[Droit de vote des femmes|droit de vote]].
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Les femmes ont pris une part massive aux mobilisations et se sont organisées en comités de quartier. Si [[Louise Michel]] est bien connue, il ne faut pas oublier [[Elisabeth Dimitrieff]] et [[Nathalie Lemel]], qui ont créé une [[Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés|Union des femmes]]. Plus de mille d'entre elles passeront en conseil de guerre dont les "[[Pétroleuses]]", accusées d'avoir incendié les maisons bourgeoises.&nbsp;La [[réaction]] se déchaînera sur elles''.'' Concernant les indemnités reçues par les proches des [[Garde_nationale|gardes nationaux]], la Commune a donné la consigne aux mairies de ne faire aucune distinction entre femmes dites "illégitimes", mères et veuves.
 
Les femmes ont pris une part massive aux mobilisations et se sont organisées en comités de quartier. Si [[Louise Michel]] est bien connue, il ne faut pas oublier [[Elisabeth Dimitrieff]] et [[Nathalie Lemel]], qui ont créé une [[Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés|Union des femmes]]. Plus de mille d'entre elles passeront en conseil de guerre dont les "[[Pétroleuses]]", accusées d'avoir incendié les maisons bourgeoises.&nbsp;La [[réaction]] se déchaînera sur elles''.'' Concernant les indemnités reçues par les proches des [[Garde_nationale|gardes nationaux]], la Commune a donné la consigne aux mairies de ne faire aucune distinction entre femmes dites "illégitimes", mères et veuves.
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===Spontanéité et nécessité d'un parti===
 
===Spontanéité et nécessité d'un parti===
[[Fichier:AfficheSFIC-1871-1917.png|vignette|Affiche du Parti communiste de 1923]]
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[[Fichier:AfficheSFIC-1871-1917.png|vignette|Affiche du [[SFIC|Parti communiste]] de 1923]]
 
De ces 72 jours, [[Karl_Marx|Marx]], [[Friedrich_Engels|Engels]], [[Lénine|Lénine]], [[Léon_Trotski|Trotski]] ont tiré de nombreuses leçons. Tous sont d'accord pour souligner que la principale faiblesse de la Commune est l'absence d'une direction révolutionnaire. La spontanéité des masses a montré les prodigieuses forces qu'elles sont capables de développer, de façon difficilement prédictible, mais elle est insuffisante. Leur fantastique essor s'est accompagné d'une tendance à s'arrêter en chemin et à se contenter des premiers succès.
 
De ces 72 jours, [[Karl_Marx|Marx]], [[Friedrich_Engels|Engels]], [[Lénine|Lénine]], [[Léon_Trotski|Trotski]] ont tiré de nombreuses leçons. Tous sont d'accord pour souligner que la principale faiblesse de la Commune est l'absence d'une direction révolutionnaire. La spontanéité des masses a montré les prodigieuses forces qu'elles sont capables de développer, de façon difficilement prédictible, mais elle est insuffisante. Leur fantastique essor s'est accompagné d'une tendance à s'arrêter en chemin et à se contenter des premiers succès.
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Mais [[Lénine|Lénine]] écrivait en 1917 que la Commune aurait pu vaincre, si elle avait saisi la banque de France et marché sur Versailles.<ref name="LenCompromis">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170916d.htm Au sujet des compromis]'', Rédigé du 1er au 3 septembre 1917</ref>
 
Mais [[Lénine|Lénine]] écrivait en 1917 que la Commune aurait pu vaincre, si elle avait saisi la banque de France et marché sur Versailles.<ref name="LenCompromis">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170916d.htm Au sujet des compromis]'', Rédigé du 1er au 3 septembre 1917</ref>
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==Les Franc-Maçons et la Commune==
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==Les franc-maçons et la Commune==
    
Dans le Paris de 1871, les ouvriers et les artisans sont particulièrement bien représentés dans les loges.<ref>http://www.commune1871.org/?Les-francs-macons-et-la-Commune</ref> C’est ce qui explique pourquoi l’on trouve de nombreux francs-maçons parmi les responsables de la Commune&nbsp;: environ un tiers. Beaucoup s'impliquent dans la Commune au nom des valeurs humanistes franc-maçonnes.
 
Dans le Paris de 1871, les ouvriers et les artisans sont particulièrement bien représentés dans les loges.<ref>http://www.commune1871.org/?Les-francs-macons-et-la-Commune</ref> C’est ce qui explique pourquoi l’on trouve de nombreux francs-maçons parmi les responsables de la Commune&nbsp;: environ un tiers. Beaucoup s'impliquent dans la Commune au nom des valeurs humanistes franc-maçonnes.
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===Les anarchistes, les marxistes et la Commune===
 
===Les anarchistes, les marxistes et la Commune===
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Marx a rédigé immédiatement [[La_guerre_civile_en_France|''La guerre civile en France'']] au nom du Conseil général de l'[[Association_Internationale_des_Travailleurs|Internationale]], pour prendre la défense de la Commune. C'est dans ce texte sur la Commune que [[Lénine|Lénine]] se replongera en août 1917 pour réfléchir à la question du pouvoir, et écrire les [[Thèses_d'avril|Thèses d'avril]] et [[L'Etat_et_la_Révolution|''L'Etat et la Révolution'']]. Contre [[Kamenev|Kamenev]] [[Thèses_d'avril|en avril]], Lénine se base sur la Commune. Contre l'[[Insurrection_d'Octobre|insurrection]], [[Zinoviev|Zinoviev]] prit l'exemple de la Commune qui se retrouva isolée en 1871. Lénine répondit&nbsp;:
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[[Karl Marx|Marx]] a rédigé immédiatement [[La_guerre_civile_en_France|''La guerre civile en France'']] au nom du Conseil général de l'[[Association_Internationale_des_Travailleurs|Internationale]], pour prendre la défense de la Commune. C'est dans ce texte sur la Commune que [[Lénine|Lénine]] se replongera en août 1917 pour réfléchir à la question du pouvoir, et écrire les [[Thèses_d'avril|''Thèses d'avril'']] et [[L'Etat_et_la_Révolution|''L'Etat et la Révolution'']]. Contre [[Kamenev|Kamenev]], Lénine se base sur la Commune. Contre l'[[Insurrection_d'Octobre|insurrection]], [[Zinoviev|Zinoviev]] mit en avant l'isolement de la Commune et sa défaite. Lénine répondit&nbsp;:
 
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''«&nbsp;L'allusion à la Commune est très superficielle et même bête. Car, en premier lieu, les bolcheviks ont tout de même appris quelque chose depuis 1871, ils n'auraient pas laissé une banque hors de leur mainmise, ils n'auraient pas renoncé à une offensive sur Versailles&nbsp;; et, si les conditions avaient été telles, la Commune même aurait pu vaincre. En outre, la Commune ne pouvait proposer au peuple du premier coup ce que pourront proposer les bolcheviks s'ils détiennent le pouvoir, précisément&nbsp;: la terre aux paysans, l'immédiate proposition de paix. &nbsp;»<ref name="LenCompromis" />''
 
''«&nbsp;L'allusion à la Commune est très superficielle et même bête. Car, en premier lieu, les bolcheviks ont tout de même appris quelque chose depuis 1871, ils n'auraient pas laissé une banque hors de leur mainmise, ils n'auraient pas renoncé à une offensive sur Versailles&nbsp;; et, si les conditions avaient été telles, la Commune même aurait pu vaincre. En outre, la Commune ne pouvait proposer au peuple du premier coup ce que pourront proposer les bolcheviks s'ils détiennent le pouvoir, précisément&nbsp;: la terre aux paysans, l'immédiate proposition de paix. &nbsp;»<ref name="LenCompromis" />''
 
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Mais les anarchistes [[Collectivistes|collectivistes]] et [[Fédéralistes|fédéralistes]] proches de [[Bakounine|Bakounine]] ont aussi considéré que la Commune leur avait donné raison. Dans ses souvenirs, [[James_Guillaume|James Guillaume]] dit avec satisfaction que le Conseil Général de l’[[Association_Internationale_des_Travailleurs|Internationale]] a adopté entièrement le point de vue des fédéralistes.<ref>James Guillaume, L’Internationale, tome II, p. 191</ref> Quant à Bakounine, il affirmait&nbsp;:
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Mais les [[Anarchisme|anarchistes]] [[Collectivistes|collectivistes]] et [[Fédéralistes|fédéralistes]] proches de [[Bakounine|Bakounine]] ont aussi considéré que la Commune leur avait donné raison. Dans ses souvenirs, [[James_Guillaume|James Guillaume]] dit avec satisfaction que le Conseil Général de l’[[Association_Internationale_des_Travailleurs|Internationale]] a adopté entièrement le point de vue des fédéralistes.<ref>James Guillaume, L’Internationale, tome II, p. 191</ref> Quant à Bakounine, il affirmait&nbsp;:
 
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«&nbsp; L’effet de l’insurrection communaliste a été tellement puissant qu’en dépit de la logique et de leurs véritables dispositions, les marxistes, dont toutes les idées se sont trouvées renversées par elle, ont été obligés de s’incliner devant cette insurrection et de s’en approprier les buts et le programme&nbsp;».
 
«&nbsp; L’effet de l’insurrection communaliste a été tellement puissant qu’en dépit de la logique et de leurs véritables dispositions, les marxistes, dont toutes les idées se sont trouvées renversées par elle, ont été obligés de s’incliner devant cette insurrection et de s’en approprier les buts et le programme&nbsp;».
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Au 73<sup>e</sup> jour du pouvoir soviétique, Lénine se mit à danser sur la neige entre les murs du Kremlin pour saluer une durée venant de dépasser celle de la Commune. En 1924, la délégation française au congrès de l'[[Internationale_communiste|Internationale]] déposera au Mausolée, un drapeau rouge de la Commune.
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Au 73<sup>e</sup> jour du pouvoir soviétique, [[Lénine]] se mit à danser sur la neige entre les murs du Kremlin pour saluer une durée venant de dépasser celle de la Commune. En 1924, la délégation française au congrès de l'[[Internationale communiste]] déposa au [[w:Mausolée de Lénine|Mausolée de Lénine]] un [[drapeau rouge]] de la Commune.
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[[Karl Marx|Marx]] n'a pas abordé ouvertement les dissensions autour du [[Comité de salut public (1871)|Comité de salut public]], et les avis des marxistes sont assez divers à ce sujet.
    
===Citations d'écrivains contemporains===
 
===Citations d'écrivains contemporains===
 
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[[Fichier:ZOLA 1870.jpg|vignette|[[w:émile Zola|Zola]] en 1870. Comme la majorité des [[intellectuels]] bourgeois, même de [[gauche]], il cracha sur la Commune.]]
 
Certains écrivains de l'époque prirent la plume pour commenter l'événement, pour la plupart avec un extrême [[Mépris_de_classe|mépris de classe]]&nbsp;:
 
Certains écrivains de l'époque prirent la plume pour commenter l'événement, pour la plupart avec un extrême [[Mépris_de_classe|mépris de classe]]&nbsp;:
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*Charles-Marie Leconte de Lisle à José-Maria de Heredia&nbsp;: ''«&nbsp;La Commune&nbsp;? Ce fut la ligue de tous les déclassés, de tous les incapables, de tous les envieux, de tous les assassins, de tous les voleurs, mauvais poètes, mauvais peintres, journalistes manqués, tenanciers de bas étage.&nbsp;»''
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*[[w:Leconte de Lisle|Charles-Marie Leconte de Lisle]] à [[w:José-Maria de Heredia|José-Maria de Heredia]]&nbsp;: ''«&nbsp;La Commune&nbsp;? Ce fut la ligue de tous les déclassés, de tous les incapables, de tous les envieux, de tous les assassins, de tous les voleurs, mauvais poètes, mauvais peintres, journalistes manqués, tenanciers de bas étage.&nbsp;»''
*Gustave Flaubert à George Sand&nbsp;: ''«&nbsp;La seule chose, j'en reviens toujours là, c'est un gouvernement de mandarins. Le peuple est un éternel mineur. Je hais la démocratie.&nbsp;» «&nbsp;Le premier remède serait d'en finir avec le suffrage universel, la honte de l'esprit humain. Dans une entreprise industrielle (société anonyme), chaque actionnaire vote en raison de son apport. Il en devrait être ainsi dans le gouvernement d'une nation.&nbsp;» «&nbsp;L'instruction obligatoire et gratuite n'y fera rien qu'augmenter le nombre des imbéciles. Le plus pressé est d'instruire les riches qui, en somme, sont les plus forts.&nbsp;»''
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*[[w:Gustave Flaubert|Gustave Flaubert]] à [[w:George Sand|George Sand]]&nbsp;: ''«&nbsp;La seule chose, j'en reviens toujours là, c'est un gouvernement de mandarins. Le peuple est un éternel mineur. Je hais la démocratie.&nbsp;» «&nbsp;Le premier remède serait d'en finir avec le suffrage universel, la honte de l'esprit humain. Dans une entreprise industrielle (société anonyme), chaque actionnaire vote en raison de son apport. Il en devrait être ainsi dans le gouvernement d'une nation.&nbsp;» «&nbsp;L'instruction obligatoire et gratuite n'y fera rien qu'augmenter le nombre des imbéciles. Le plus pressé est d'instruire les riches qui, en somme, sont les plus forts.&nbsp;»''
*[[George_Sand|George Sand]] à [[Gustave_Flaubert|Gustave Flaubert]]&nbsp;: ''«&nbsp;Cette Commune est une crise de vomissements, les saturnales de la folie.&nbsp;»''
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*[[w:George Sand|George Sand]] à [[w:Gustave Flaubert|Gustave Flaubert]]&nbsp;: ''«&nbsp;Cette Commune est une crise de vomissements, les saturnales de la folie.&nbsp;»''
 
*Les communards selon Alphonse Daudet&nbsp;: ''«&nbsp;Des têtes de pions, collets crasseux, cheveux luisants, les toqués, les éleveurs d'escargots, les sauveurs du peuple, les déclassés, les tristes, les traînards, les incapables&nbsp;; Pourquoi les ouvriers se sont-ils mêlés de politique&nbsp;?&nbsp;»''
 
*Les communards selon Alphonse Daudet&nbsp;: ''«&nbsp;Des têtes de pions, collets crasseux, cheveux luisants, les toqués, les éleveurs d'escargots, les sauveurs du peuple, les déclassés, les tristes, les traînards, les incapables&nbsp;; Pourquoi les ouvriers se sont-ils mêlés de politique&nbsp;?&nbsp;»''
*Les ''«&nbsp;[[Pétroleuses|pétroleuses]]&nbsp;»'' selon Dumas fils&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes, à qui elles ressemblent quand elles sont mortes.&nbsp;»''
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*Les ''«&nbsp;[[Pétroleuses|pétroleuses]]&nbsp;»'' selon [[w:Dumas fils|Dumas fils]]&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes, à qui elles ressemblent quand elles sont mortes.&nbsp;»''
*[[Émile_Zola|Émile Zola]]&nbsp;: ''«&nbsp;Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et splendeur&nbsp;»''
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*[[w:Émile Zola|Émile Zola]]&nbsp;: ''«&nbsp;Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et splendeur&nbsp;»''
*Émile Littré&nbsp;: ''«&nbsp;J'abhorre la guerre que le prolétariat parisien vient de susciter. Il s'est rendu cruellement coupable à l'égard de la patrie, ivre qu'il était de doctrines farouches&nbsp;: le devoir étroit des gouvernements est de réprimer fermement le socialisme dans ses écarts anarchiques.&nbsp;»''
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*[[w:Émile Littré|Émile Littré]]&nbsp;: ''«&nbsp;J'abhorre la guerre que le prolétariat parisien vient de susciter. Il s'est rendu cruellement coupable à l'égard de la patrie, ivre qu'il était de doctrines farouches&nbsp;: le devoir étroit des gouvernements est de réprimer fermement le socialisme dans ses écarts anarchiques.&nbsp;»''
*''Le Figaro''&nbsp;: ''«&nbsp;On demande formellement que tous les membres de la Commune, que tous les journalistes qui ont lâchement pactisé avec l'émeute triomphante, que tous les Polonais interlopes et les Valaques de fantaisie soient passés par les armes devant le peuple rassemblé.&nbsp;»''
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*''[[w:Le Figaro|Le Figaro]]''&nbsp;: ''«&nbsp;On demande formellement que tous les membres de la Commune, que tous les journalistes qui ont lâchement pactisé avec l'émeute triomphante, que tous les Polonais interlopes et les Valaques de fantaisie soient passés par les armes devant le peuple rassemblé.&nbsp;»''
*[[Edmond_de_Goncourt|Edmond de Goncourt]]&nbsp;: ''«&nbsp;On les abat à la mitrailleuse. Quand j'ai entendu le coup de grâce, ça m'a soulagé.&nbsp;»''
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*[[w:Edmond de Goncourt|Edmond de Goncourt]]&nbsp;: ''«&nbsp;On les abat à la mitrailleuse. Quand j'ai entendu le coup de grâce, ça m'a soulagé.&nbsp;»''
*[[Victor_Hugo|Victor Hugo]] (dans ''L'Indépendance belge'')&nbsp;: ''«&nbsp;Qu'un vaincu de Paris, qu'un homme de la réunion dite Commune, que Paris a fort peu élue et que, pour ma part, je n'ai jamais approuvée, qu'un de ces hommes, fût-il mon ennemi personnel, surtout s'il est mon ennemi personnel, frappe à ma porte, j'ouvre. Il est dans ma maison. Il est inviolable.&nbsp;»''
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*[[w:Victor Hugo|Victor Hugo]] (dans ''L'Indépendance belge'')&nbsp;: ''«&nbsp;Qu'un vaincu de Paris, qu'un homme de la réunion dite Commune, que Paris a fort peu élue et que, pour ma part, je n'ai jamais approuvée, qu'un de ces hommes, fût-il mon ennemi personnel, surtout s'il est mon ennemi personnel, frappe à ma porte, j'ouvre. Il est dans ma maison. Il est inviolable.&nbsp;»''
*Arthur Rimbaud&nbsp;: «&nbsp;L’ordre est vaincu&nbsp;!&nbsp;» <ref>[https://archive.org/stream/revuedardenneet03ardegoog/revuedardenneet03ardegoog_djvu.txt Full text of Revue d'Ardenne et d'Argonne]</ref> et dans ''Les Mains de Jeanne-Marie'', il voit celles-ci «&nbsp;merveilleuses […] / Sur le bronze des mitrailleuses/A travers Paris insurgé.&nbsp;»<ref>Arthur Rimbaud, Oeuvres poétiques, Paris, Garnier-Flammarion, 1964, 184 p., p.73</ref>
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*[[w:Arthur Rimbaud|Arthur Rimbaud]]&nbsp;: «&nbsp;L’ordre est vaincu&nbsp;!&nbsp;» <ref>[https://archive.org/stream/revuedardenneet03ardegoog/revuedardenneet03ardegoog_djvu.txt Full text of Revue d'Ardenne et d'Argonne]</ref> et dans ''Les Mains de Jeanne-Marie'', il voit celles-ci «&nbsp;merveilleuses […] / Sur le bronze des mitrailleuses/A travers Paris insurgé.&nbsp;»<ref>Arthur Rimbaud, Oeuvres poétiques, Paris, Garnier-Flammarion, 1964, 184 p., p.73</ref>
*[[Paul_Verlaine|Paul Verlaine]], qui a quitté les rangs de la Garde nationale pour ceux des Communards, reconnaît, dans Les Vaincus&nbsp;: «&nbsp; Ils nous ont enchaînés&nbsp;! mais les chaînes sont faites/ Pour tomber&nbsp;» et clame ensuite&nbsp;: «&nbsp;Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance/Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains./La justice le veut d'abord, puis la vengeance." <ref>[http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/paul_verlaine/les_vaincus.html Les vaincus - Paul Verlaine]</ref>
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*[[w:Paul Verlaine|Paul Verlaine]], qui a quitté les rangs de la Garde nationale pour ceux des Communards, reconnaît, dans Les Vaincus&nbsp;: «&nbsp; Ils nous ont enchaînés&nbsp;! mais les chaînes sont faites/ Pour tomber&nbsp;» et clame ensuite&nbsp;: «&nbsp;Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance/Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains./La justice le veut d'abord, puis la vengeance." <ref>[http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/paul_verlaine/les_vaincus.html Les vaincus - Paul Verlaine]</ref>
    
===Basilique du Sacré-cœur===
 
===Basilique du Sacré-cœur===
 
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[[Fichier:Sacré Coeur Vive la Commune.jpg|droite|sans_cadre|259x259px]]
À l'emplacement du point de départ du soulèvement parisien, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre fut construite, en application d'une loi du 24 juillet 1873, pour «&nbsp;expier les crimes des fédérés&nbsp;». Sa construction débuta en 1875. Le choix d'ériger la basilique sur la colline de Montmartre était hautement symbolique pour la droite victorieuse, c'est là que débuta l'insurrection le 18 mars. Après la cérémonie de pose de la première pierre, Hubert Rohault de Fleury fit explicitement le lien&nbsp;:
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À l'emplacement du point de départ du soulèvement parisien, la [[w:Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre|basilique du Sacré-Cœur de Montmartre]] fut construite, en application d'une loi du 24 juillet 1873, pour «&nbsp;expier les crimes des fédérés&nbsp;». Sa construction débuta en 1875. Le choix d'ériger la basilique sur la colline de Montmartre était hautement symbolique pour la droite victorieuse, c'est là que débuta l'insurrection le 18 mars. Après la cérémonie de pose de la première pierre, [[w:Hubert Rohault de Fleury|Hubert Rohault de Fleury]] fit explicitement le lien&nbsp;:
 
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«&nbsp;Oui, c'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-Cœur&nbsp;! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer.&nbsp;»
 
«&nbsp;Oui, c'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-Cœur&nbsp;! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer.&nbsp;»
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==Bibliographie==
 
==Bibliographie==
 
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'''Articles'''
===Articles===
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*Revue Que faire&nbsp;? [http://quefaire.lautre.net/que-faire/que-faire-no07-juillet-aout-2011/article/la-commune-de-paris ''La commune de Paris, une révolution par les urnes&nbsp;?'']
 
*Revue Que faire&nbsp;? [http://quefaire.lautre.net/que-faire/que-faire-no07-juillet-aout-2011/article/la-commune-de-paris ''La commune de Paris, une révolution par les urnes&nbsp;?'']
 
*Jean-Michel Krivine,[http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?option=com_sectionnav&view=article&Itemid=53&id=2012 ''Il y a 140 ans: La Commune de Paris'']
 
*Jean-Michel Krivine,[http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?option=com_sectionnav&view=article&Itemid=53&id=2012 ''Il y a 140 ans: La Commune de Paris'']
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**[https://npa2009.org/idees/une-revolution-exemplaire-lectures-de-marx-lenine-et-trotsky-sur-la-commune-de-paris Une révolution exemplaire&nbsp;? Lectures de Marx, Lénine et Trotski sur la Commune de Paris], avril 2011
 
**[https://npa2009.org/idees/une-revolution-exemplaire-lectures-de-marx-lenine-et-trotsky-sur-la-commune-de-paris Une révolution exemplaire&nbsp;? Lectures de Marx, Lénine et Trotski sur la Commune de Paris], avril 2011
 
**Tendance CLAIRE du NPA, [http://tendanceclaire.org/article.php?id=57 Leçons de la première prise de pouvoir par le prolétariat]'', 2009''
 
**Tendance CLAIRE du NPA, [http://tendanceclaire.org/article.php?id=57 Leçons de la première prise de pouvoir par le prolétariat]'', 2009''
 
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'''Vidéos'''
===Vidéos===
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*[http://www.dailymotion.com/video/x7u9t7_daniel-bensaid-et-lheritage-de-la-c_news ''Daniel Bensaïd et l'héritage de la Commune de Paris''], 2008
 
*[http://www.dailymotion.com/video/x7u9t7_daniel-bensaid-et-lheritage-de-la-c_news ''Daniel Bensaïd et l'héritage de la Commune de Paris''], 2008
 
*[https://www.youtube.com/watch?v=TVBMTTBOUto La commune de Paris 1871 FRANCE5 Lundi histoire], 2004
 
*[https://www.youtube.com/watch?v=TVBMTTBOUto La commune de Paris 1871 FRANCE5 Lundi histoire], 2004
 
*[https://www.youtube.com/watch?v=47bLnavKZ24 Commune de Paris (1871) par Henri Guillemin]
 
*[https://www.youtube.com/watch?v=47bLnavKZ24 Commune de Paris (1871) par Henri Guillemin]
 
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'''Romans'''
=== Romans ===
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* Jean-Pierre Chabrol, ''Le canon fraternité''
   
* Lucien Descaves, ''Philémon, Vieux de la Vieille'', 1913 [Entre le roman et le recueil de témoignages]
 
* Lucien Descaves, ''Philémon, Vieux de la Vieille'', 1913 [Entre le roman et le recueil de témoignages]
 
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* Jean-Pierre Chabrol, ''Le canon fraternité'', 1970
===Ouvrages===
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'''Ouvrages'''
 
   
*Karl Marx, ''[[La guerre civile en France]]'', pamphlet écrit à chaud, le 30 mai 1871, au nom de l'[[Association Internationale des Travailleurs|AIT]]
 
*Karl Marx, ''[[La guerre civile en France]]'', pamphlet écrit à chaud, le 30 mai 1871, au nom de l'[[Association Internationale des Travailleurs|AIT]]
 
*[[Prosper-Olivier Lissagaray]], ''[[Histoire de la Commune de 1871]]'', 1876
 
*[[Prosper-Olivier Lissagaray]], ''[[Histoire de la Commune de 1871]]'', 1876
*[[Léon Trotski]], ''[[:fr:Les leçons de la Commune|Les leçons de la Commune]]'', 4 février 1921
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*[[Léon Trotski]], ''[[:fr:Les leçons de la Commune|Les leçons de la Commune]]'', 4 février 1921
*C. Talès, ''La Commune de 1871''  
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*C. Talès, ''La Commune de 1871'', Librairie du Travail, ''1924''
 
*Jacques Rougerie, ''Paris libre 1871, Le Seuil, collection Politique, 1971''
 
*Jacques Rougerie, ''Paris libre 1871, Le Seuil, collection Politique, 1971''
 
*Robert Tombs, ''Paris, bivouac des Révolutions : La Commune de 1871'', Libertalia, 2014
 
*Robert Tombs, ''Paris, bivouac des Révolutions : La Commune de 1871'', Libertalia, 2014

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