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=== Le self made man ===
 
=== Le self made man ===
Owen naît à Newtown, dans le [[w:Montgomeryshire|Montgomeryshire]] (Pays de Galles),  dans une famille modeste (son père combinait les professions de quincaillier, sellier et maître de poste). C'est un des rares exemples de [[self-made-man]]. Dès l’âge de 7 ans, il est promu moniteur de ses camarades à la petite école locale.
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Owen naît à [[w:Newtown (Powys)|Newtown]] (Pays de Galles),  dans une famille modeste (son père combinait les professions de quincaillier, sellier et maître de poste). C'est un des rares exemples de [[self-made-man]]. Dès l’âge de 7 ans, il est promu moniteur de ses camarades à la petite école locale.
    
Le jeune Owen y suit de courtes études, travaille dès l'âge de 10 ans comme commis chez un drapier du Lincolnshire, puis dans une maison de commerce de [[w:Manchester|Manchester]]. Âgé de 18 ans, il  s'associe par la suite avec un [[artisan]] pour construire des machines à filer le coton, mais le succès n'est pas au rendez-vous et les deux associés se séparent. Owen poursuit son activité en indépendant, puis devient en 1791 sous-directeur de la filature de Bank Top Mill. Propriété de l'industriel [[wen:Peter Drinkwater|Peter Drinkwater]], c'est l'une des plus grandes [[manufactures]] textiles de Grande-Bretagne, employant 4 500 personnes. Dans cette manufacture, Owen utilise les premiers sacs de coton importés dans le pays depuis les États du Sud américain.
 
Le jeune Owen y suit de courtes études, travaille dès l'âge de 10 ans comme commis chez un drapier du Lincolnshire, puis dans une maison de commerce de [[w:Manchester|Manchester]]. Âgé de 18 ans, il  s'associe par la suite avec un [[artisan]] pour construire des machines à filer le coton, mais le succès n'est pas au rendez-vous et les deux associés se séparent. Owen poursuit son activité en indépendant, puis devient en 1791 sous-directeur de la filature de Bank Top Mill. Propriété de l'industriel [[wen:Peter Drinkwater|Peter Drinkwater]], c'est l'une des plus grandes [[manufactures]] textiles de Grande-Bretagne, employant 4 500 personnes. Dans cette manufacture, Owen utilise les premiers sacs de coton importés dans le pays depuis les États du Sud américain.
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Owen tenta activement de convaincre les dirigeants d'Angleterre et d'ailleurs d'agir sur la [[question sociale]]. Il obtint des entrevues avec les principaux membres du gouvernement dont le premier ministre, [[w:Robert_Jenkinson_(2e_comte_de_Liverpool)|Lord Liverpool]], ainsi qu'avec de nombreux dirigeants et hommes d'État européens. New Lanark devint un lieu de pèlerinage très fréquenté par les réformateurs socialistes, hommes d'État, personnages royaux et même par [[w:Nicolas_Ier_de_Russie|Nicolas I<sup>er</sup>]], futur [[w:Tsar|tsar de Russie]]. De l'avis général des visiteurs, les résultats obtenus par Owen étaient extraordinaires. Les enfants étaient joyeux, aimables, gracieux et respiraient la santé et le bien-être. L'[[alcoolisme]] était inconnu et les naissances illégitimes extrêmement rares.   
 
Owen tenta activement de convaincre les dirigeants d'Angleterre et d'ailleurs d'agir sur la [[question sociale]]. Il obtint des entrevues avec les principaux membres du gouvernement dont le premier ministre, [[w:Robert_Jenkinson_(2e_comte_de_Liverpool)|Lord Liverpool]], ainsi qu'avec de nombreux dirigeants et hommes d'État européens. New Lanark devint un lieu de pèlerinage très fréquenté par les réformateurs socialistes, hommes d'État, personnages royaux et même par [[w:Nicolas_Ier_de_Russie|Nicolas I<sup>er</sup>]], futur [[w:Tsar|tsar de Russie]]. De l'avis général des visiteurs, les résultats obtenus par Owen étaient extraordinaires. Les enfants étaient joyeux, aimables, gracieux et respiraient la santé et le bien-être. L'[[alcoolisme]] était inconnu et les naissances illégitimes extrêmement rares.   
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Les idées d'Owen furent rapportées par la commission de la loi sur la pauvreté de la [[w:Chambre_des_lords|Chambre des lords]]. Il fit du lobbying pour l'adoption d'une loi pour réglementer le travail des enfants et des femmes, qui aboutit au [[w:Factory_Act|Factory Act]] (1819). Résultat décevant pour Owen.  
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Les idées d'Owen furent rapportées par la commission de la loi sur la pauvreté de la [[w:Chambre_des_lords|Chambre des lords]]. Il fit du [[lobbying]] pour l'adoption d'une loi pour réglementer le [[travail des enfants]] et [[Travail des femmes|des femmes]], qui aboutit au [[w:Factory_Act|Factory Act]] (1819). Résultat décevant pour Owen.  
    
Au [[w:Congrès d'Aix-la-Chapelle (1818)|Congrès d’Aix-la-Chapelle]] Owen dépose son plan pour la solution de la question sociale devant les monarques et les ministres assemblés de l’Europe.  
 
Au [[w:Congrès d'Aix-la-Chapelle (1818)|Congrès d’Aix-la-Chapelle]] Owen dépose son plan pour la solution de la question sociale devant les monarques et les ministres assemblés de l’Europe.  
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Ses propositions pour combattre le [[paupérisme]] (la pauvreté) étaient basées sur ces principes. Il préconisait l'installation de [[Communautés idéales|communautés harmonieuses]] d'environ 1200 personnes, toutes bénéficiaires d'un emploi, vivant dans un seul immeuble avec cuisines et salles à manger communes ; chaque couple disposant d'un appartement privé et élevant ses enfants jusqu'à l'âge de trois ans ; âge auquel ceux-ci auraient été pris en charge par la communauté. La famille se serait néanmoins retrouvée au complet lors des repas et à d'autres moments privilégiés. Les communautés, fondées par des individus, des communes, des comtés ou des États, auraient été, dans tous les cas, supervisées par des personnes hautement qualifiées. Owen fut sans doute inspiré par New Lanark pour définir la taille de ces communautés, et il devait bientôt considérer ce projet comme  seul capable d'offrir une nouvelle organisation de société. Dans sa forme la plus aboutie, ce projet comportait une évolution. Owen considérait qu'un nombre de 500 à 3000 personnes était idéal pour une bonne organisation du travail de la communauté. Essentiellement agricole, celle-ci devrait posséder du matériel moderne, offrir nombre d'emplois différents et être, autant que possible, autonome. Ces cantons (comme il les nommait), de plus en plus nombreux, fédérés et unis se seraient développés par dizaines, centaines, milliers ; jusqu'à rassembler le monde entier dans une organisation et un intérêt communs.
 
Ses propositions pour combattre le [[paupérisme]] (la pauvreté) étaient basées sur ces principes. Il préconisait l'installation de [[Communautés idéales|communautés harmonieuses]] d'environ 1200 personnes, toutes bénéficiaires d'un emploi, vivant dans un seul immeuble avec cuisines et salles à manger communes ; chaque couple disposant d'un appartement privé et élevant ses enfants jusqu'à l'âge de trois ans ; âge auquel ceux-ci auraient été pris en charge par la communauté. La famille se serait néanmoins retrouvée au complet lors des repas et à d'autres moments privilégiés. Les communautés, fondées par des individus, des communes, des comtés ou des États, auraient été, dans tous les cas, supervisées par des personnes hautement qualifiées. Owen fut sans doute inspiré par New Lanark pour définir la taille de ces communautés, et il devait bientôt considérer ce projet comme  seul capable d'offrir une nouvelle organisation de société. Dans sa forme la plus aboutie, ce projet comportait une évolution. Owen considérait qu'un nombre de 500 à 3000 personnes était idéal pour une bonne organisation du travail de la communauté. Essentiellement agricole, celle-ci devrait posséder du matériel moderne, offrir nombre d'emplois différents et être, autant que possible, autonome. Ces cantons (comme il les nommait), de plus en plus nombreux, fédérés et unis se seraient développés par dizaines, centaines, milliers ; jusqu'à rassembler le monde entier dans une organisation et un intérêt communs.
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=== Libre échange ===
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Il est à noter que même s'il défendait une [[socialisation de l'économie]] sur le plan intérieur, Owen apportait son soutien à la revendication du « [[libre-échange]] international », comme la quasi totalité de la [[gauche]] d'alors (dominée par le [[radicalisme]]). L'objectif immédiat était l'abolition des [[Corn Laws]], qui protégeaient les intérêts des [[aristocrates fonciers]] anglais, en maintenant des prix du blé élevés.
    
=== Tentatives de réalisation ===
 
=== Tentatives de réalisation ===
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En 1823, Owen proposa de généraliser son système de « home-colonies » (colonies à l'intérieur du pays)  pour remédier à la famine en Irlande.  
 
En 1823, Owen proposa de généraliser son système de « home-colonies » (colonies à l'intérieur du pays)  pour remédier à la famine en Irlande.  
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En 1824, Owen lui-même lance sa colonie de [[w:New_Harmony_(Indiana)|New Harmony]] dans l'[[w:Indiana|Indiana]] (États-Unis). Il acquiert, en 1824, 8 000 hectares de terrain, des bâtiments, des usines, des ateliers. Les premiers membres de la communauté s’installent en 1825. Dès le départ surgissent des désaccords et des rivalités, mais avec son inaltérable optimisme Owen est convaincu que ces difficultés passagères seront aisément surmontées.   
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En 1824, Owen lui-même lance sa colonie de [[w:New_Harmony_(Indiana)|New Harmony]] dans l'[[w:Indiana|Indiana]] (États-Unis). Il se lance dans l'aventure avec plusieurs partenaires, dont son fils [[w:Robert Dale Owen|Robert Dale Owen]]. Il acquiert, en 1824, 8 000 hectares de terrain, des bâtiments, des usines, des ateliers. Les premiers membres de la communauté s’installent en 1825. Dès le départ surgissent des désaccords et des rivalités, mais avec son inaltérable optimisme Owen est convaincu que ces difficultés passagères seront aisément surmontées.   
    
Son idée est de réaliser un exemple d’exploitation collective de la terre et des ateliers, et d’égalité des rémunérations (et la [[monnaie]] était abolie, au profit d'un système de [[Bon de travail|bons de travail]]). Le tout avec  édifices publics,  cuisine, réfectoire, église, bibliothèque...  
 
Son idée est de réaliser un exemple d’exploitation collective de la terre et des ateliers, et d’égalité des rémunérations (et la [[monnaie]] était abolie, au profit d'un système de [[Bon de travail|bons de travail]]). Le tout avec  édifices publics,  cuisine, réfectoire, église, bibliothèque...  
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En 1825, une autre expérimentation fut entreprise sous la direction d'un de ses émules, [[wen:Abraham Combe|Abraham Combe]], à Orbiston (près de [[w:Glasgow|Glasgow]]). Un échec également au bout de deux ans.
 
En 1825, une autre expérimentation fut entreprise sous la direction d'un de ses émules, [[wen:Abraham Combe|Abraham Combe]], à Orbiston (près de [[w:Glasgow|Glasgow]]). Un échec également au bout de deux ans.
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=== Féminisme ===
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Dans son journal ''[[wen:New Moral World|New Moral World]]'', Owen écrit à propos de sa société rêvée : « Les femmes ne seront plus esclaves ou dépendantes des hommes... Elles seront égales en éducation, en droit, en privilèges et en liberté personnelle. »
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=== Racisme et esclavage ===
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Malgré toutes ses généreuses proclamations [[Humanisme|humanistes]], Owen n'a pas eu de préoccupation pour les Noirs. Or, une grande partie de sa fortune reposait en réalité sur l'[[esclavage]] des Noirs au Sud des États-Unis, pour produire le coton utilisé dans sa filature de New Lanark. Il n'a aucunement pris part aux campagnes [[Abolitionnisme|abolitionnistes]].<ref>Owen Museum, [https://www.robertowenmuseum.co.uk/wp-content/uploads/2021/01/Owen-and-Slavery.pdf Robert Owen and Slavery], 2021</ref>
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Owen a plusieurs fois soutenu que la condition des ouvriers anglais était pire que celle des esclaves noirs. Y compris avoir visité des plantations esclavagistes dans les Caraïbes, aux côtés des maîtres.
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Lorsqu'il lance sa colonie de [[w:New Harmony (Indiana)|New Harmony]], il ne veut pas de Noirs - sachant qu'il y avait des servant·es noir·es dans la [[wen:Harmony Society|Harmony Society]] rachetée par Owen. La Constitution provisoire est explicite : « Les personnes de tous âges et descriptions, à l'exclusion des personnes de couleur, peuvent devenir membres de la Société provisoire. »  (...) Les personnes de couleur peuvent être admises comme aides à la Société, si nécessaire ; ou si cela s'avérait utile, pour les préparer et leur permettre de devenir associés dans des Communautés en Afrique ; ou dans un autre pays, ou dans un autre endroit de ce pays.  »<ref>''[https://www.uj.edu.pl/c/document_library/get_file?uuid=7eaa4287-a540-4d8f-b5a7-0e5203476c0e&groupId=1479490 Constitution of the Preliminary Society of New Harmony]'', May 1, 1825</ref>
    
=== Vers le mouvement ouvrier ===
 
=== Vers le mouvement ouvrier ===
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Robert Owen eut quatre fils, [[w:Robert_Dale_Owen|Robert Dale]], William, David Dale et Richard, lesquels devinrent tous citoyens des États-Unis.
 
Robert Owen eut quatre fils, [[w:Robert_Dale_Owen|Robert Dale]], William, David Dale et Richard, lesquels devinrent tous citoyens des États-Unis.
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* [[w:Robert_Dale_Owen|Robert Dale Owen]], l'aîné (1801-1877), fut dans son pays d'adoption un ardent défenseur des doctrines de son père. Il siégea à la Chambre des Représentants de l'[[w:Indiana|Indiana]] (1836-1839 et 1851-1852) et fut élu représentant au Congrès des États-Unis (1844-1847), où il rédigea la loi créant la [[w:Smithsonian_Institution|Smithsonian Institution]]. Il fut élu membre de la Convention constitutionnelle de l'Indiana en 1850, où il plaida pour que veuves et femmes mariées puissent jouir de leurs propriétés, et pour l'adoption d'un système commun d'école gratuite. Il permit plus tard l'instauration d'une loi facilitant le [[divorce]]. Entre 1853 et 1858, il fut ambassadeur des États-Unis à [[w:Naples|Naples]]. Il était un grand partisan du [[w:Spiritualisme_moderne_anglo-saxon|spiritualisme]] et fut l'auteur de deux livres sur le sujet : ''Footfalls on the Boundary of Another World'' (1859) et ''The Debatable Land Between this World and the Next'' (1872).
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* [[w:Robert_Dale_Owen|Robert Dale Owen]], l'aîné (1801-1877), fut dans son pays d'adoption un ardent défenseur des doctrines de son père. Il fut un dirigeant du ''[[wen:Working Men's Party (New York)|Working Men's Party]]'' à New York (1829-1831), et lutta pour l'abolition de l'esclavage. Il siégea à la Chambre des Représentants de l'[[w:Indiana|Indiana]] (1836-1839 et 1851-1852) et fut élu représentant au Congrès des États-Unis (1844-1847), où il rédigea la loi créant la [[w:Smithsonian_Institution|Smithsonian Institution]]. Il fut élu membre de la Convention constitutionnelle de l'Indiana en 1850, où il plaida pour que veuves et femmes mariées puissent jouir de leurs propriétés, et pour l'adoption d'un système commun d'école gratuite. Il permit plus tard l'instauration d'une loi facilitant le [[divorce]]. Entre 1853 et 1858, il fut ambassadeur des États-Unis à [[w:Naples|Naples]]. Il était un grand partisan du [[w:Spiritualisme_moderne_anglo-saxon|spiritualisme]] et fut l'auteur de deux livres sur le sujet : ''Footfalls on the Boundary of Another World'' (1859) et ''The Debatable Land Between this World and the Next'' (1872).
 
* [[w:David_Dale_Owen|David Dale Owen]] (1807-1860) fut nommé en 1839 géologue et entreprit des fouilles extensives au nord-ouest, qui furent publiées par le Congrès.
 
* [[w:David_Dale_Owen|David Dale Owen]] (1807-1860) fut nommé en 1839 géologue et entreprit des fouilles extensives au nord-ouest, qui furent publiées par le Congrès.
 
* Le benjamin, [[w:Richard_Owen_(naturaliste)|Richard Owen]] (1810-1890), fut professeur de sciences naturelles à l'université de [[w:Nashville|Nashville]]. Il ne doit pas être confondu avec son contemporain [[w:Richard_Owen|Richard Owen]] (1804-1892), un célèbre zoologiste et [[w:Paléontologie|paléontologue]] britannique.
 
* Le benjamin, [[w:Richard_Owen_(naturaliste)|Richard Owen]] (1810-1890), fut professeur de sciences naturelles à l'université de [[w:Nashville|Nashville]]. Il ne doit pas être confondu avec son contemporain [[w:Richard_Owen|Richard Owen]] (1804-1892), un célèbre zoologiste et [[w:Paléontologie|paléontologue]] britannique.
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Pendant une vingtaine d’années, entre 1820 et 1840, l’owenisme a largement débordé la personne d’Owen. En dehors des sympathisants ouvriers, quelques bourgeois s'inspirent d'Owen et apportent leurs propres élaborations. Les plus importants d’entre eux sont :
 
Pendant une vingtaine d’années, entre 1820 et 1840, l’owenisme a largement débordé la personne d’Owen. En dehors des sympathisants ouvriers, quelques bourgeois s'inspirent d'Owen et apportent leurs propres élaborations. Les plus importants d’entre eux sont :
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* [[w:Frances Wright|Frances Wright]]  fonda en 1825 une communauté à [[wen:Nashoba Community|Nashoba]] (près de [[w:New Harmony (Indiana)|New Harmony]]),  communauté multiraciale destinée à démontrer les vertus émancipatrices de l’éducation sur les esclaves.
 
* [[wen:George Mudie (social reformer)|George Mudie]], journaliste écossais, vient s’établir à Londres, où il publie en 1821-1822 ''The Economist,'' journal qui se donne pour tâche de propager les idées d’Owen. Parmi les thèses les plus couramment exposées par Mudie, il y a l’idée que la misère n’est nullement inévitable ; elle est seulement le fruit de l’ignorance et de l’erreur. Il est aisé en effet de produire beaucoup plus que les hommes ne sont capables de consommer. Le choix est simple : ou bien la concurrence à mort ou bien la coopération. Seule cette dernière permettra d’instaurer l’union harmonieuse des intérêts à la place d’un régime social consistant en un agrégat anarchique d’individus isolés et désunis, maintenus ensemble par la force, sous la menace de la prison et de l’échafaud. Mudie a joué un rôle important dans la vulgarisation de l’owenisme en milieu ouvrier. Ses idées trouvent un écho favorable parmi les artisans et auprès des typographes londoniens. En 1821 Mudie met sur pied la première association coopérative owenienne sous le nom de ''Economic and Co-operative Society.'' Le but proclamé est de créer sur une base communautaire un « Village d’Unité et de Coopération mutuelle » réunissant des activités agricoles, manufacturières et commerciales. Malgré son caractère éphémère, l’entreprise réussit à s’appuyer sur une base authentiquement populaire.
 
* [[wen:George Mudie (social reformer)|George Mudie]], journaliste écossais, vient s’établir à Londres, où il publie en 1821-1822 ''The Economist,'' journal qui se donne pour tâche de propager les idées d’Owen. Parmi les thèses les plus couramment exposées par Mudie, il y a l’idée que la misère n’est nullement inévitable ; elle est seulement le fruit de l’ignorance et de l’erreur. Il est aisé en effet de produire beaucoup plus que les hommes ne sont capables de consommer. Le choix est simple : ou bien la concurrence à mort ou bien la coopération. Seule cette dernière permettra d’instaurer l’union harmonieuse des intérêts à la place d’un régime social consistant en un agrégat anarchique d’individus isolés et désunis, maintenus ensemble par la force, sous la menace de la prison et de l’échafaud. Mudie a joué un rôle important dans la vulgarisation de l’owenisme en milieu ouvrier. Ses idées trouvent un écho favorable parmi les artisans et auprès des typographes londoniens. En 1821 Mudie met sur pied la première association coopérative owenienne sous le nom de ''Economic and Co-operative Society.'' Le but proclamé est de créer sur une base communautaire un « Village d’Unité et de Coopération mutuelle » réunissant des activités agricoles, manufacturières et commerciales. Malgré son caractère éphémère, l’entreprise réussit à s’appuyer sur une base authentiquement populaire.
 
* [[wen:Abram Combe|Abram Combe]] (1785-1827), esprit sans grande originalité, mais bon organisateur, est un patron (il possède une manufacture de cuir), qui se convertit aux idées d’Owen après une visite à New Lanark. Il est surtout connu par la « parabole de la citerne », interprétation allégorique de la révolution industrielle, des guerres napoléoniennes et de la crise économique de 1816-1820. Sur le plan pratique, Combe, en collaboration avec un autre Ecossais, ancien officier, A.J. Hamilton, fonde à Edimbourg un magasin coopératif, qui ne dure qu’une année ; puis il se lance dans une entreprise plus ambitieuse, l’expérience communiste d’Orbiston (1825-1827). Il y engloutit sa fortune et meurt ruiné.
 
* [[wen:Abram Combe|Abram Combe]] (1785-1827), esprit sans grande originalité, mais bon organisateur, est un patron (il possède une manufacture de cuir), qui se convertit aux idées d’Owen après une visite à New Lanark. Il est surtout connu par la « parabole de la citerne », interprétation allégorique de la révolution industrielle, des guerres napoléoniennes et de la crise économique de 1816-1820. Sur le plan pratique, Combe, en collaboration avec un autre Ecossais, ancien officier, A.J. Hamilton, fonde à Edimbourg un magasin coopératif, qui ne dure qu’une année ; puis il se lance dans une entreprise plus ambitieuse, l’expérience communiste d’Orbiston (1825-1827). Il y engloutit sa fortune et meurt ruiné.
 
* [[wen:John Minter Morgan|John Minter Morgan]] (1782-1854) adopte avec enthousiasme dès 1817 les théories d’Owen et consacre un livre à prouver qu’elles sont parfaitement réalisables (1819). Cet oweniste chrétien, qui rejette l’athéisme de son maître à penser, est surtout connu par son ouvrage ''La révolte des abeilles'' (1827). Dans cette parabole, les abeilles de la ruche (la société) ont abandonné leur état de nature (la vie communautaire). Le flot d’égoïsme qui en a résulté n’a apporté que divisions et malheurs. Heureusement à côté des faux docteurs (les économistes classiques), une abeille sage (Owen) fait son apparition et enseigne la voie du redressement et du bonheur commun. Ainsi l’abondance va pouvoir être partagée et la vertu se répandre. Vulgarisateur au style élégant et évocateur, Minter Morgan trouve de nombreux lecteurs parmi les ouvriers.
 
* [[wen:John Minter Morgan|John Minter Morgan]] (1782-1854) adopte avec enthousiasme dès 1817 les théories d’Owen et consacre un livre à prouver qu’elles sont parfaitement réalisables (1819). Cet oweniste chrétien, qui rejette l’athéisme de son maître à penser, est surtout connu par son ouvrage ''La révolte des abeilles'' (1827). Dans cette parabole, les abeilles de la ruche (la société) ont abandonné leur état de nature (la vie communautaire). Le flot d’égoïsme qui en a résulté n’a apporté que divisions et malheurs. Heureusement à côté des faux docteurs (les économistes classiques), une abeille sage (Owen) fait son apparition et enseigne la voie du redressement et du bonheur commun. Ainsi l’abondance va pouvoir être partagée et la vertu se répandre. Vulgarisateur au style élégant et évocateur, Minter Morgan trouve de nombreux lecteurs parmi les ouvriers.
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* [[John Goodwyn Barmby]] et [[Catherine Barmby]], [[owenistes]] convaincus, proposèrent l'ajout du [[suffrage des femmes]] aux exigences du [[mouvement chartiste]].
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* [[wen:John Doherty (trade unionist)|John Doherty]],  irlandais venu travailler comme ouvrier à Manchester, et marqué par Owen, fut actif dans les coopératives et les syndicats, acteur de la première [[wen:National Association for the Protection of Labour|tentative de constitution d'un syndicat national en 1830]].
    
== Critiques d'Owen ==
 
== Critiques d'Owen ==
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Pour certains historiens du mouvement ouvrier, Owen fait figure de capitaliste venu au peuple, d’homme de bien qui, sans s’intégrer à la classe ouvrière, a tenté de lui donner une impulsion militante, mais n’a pas su l’orienter faute de sens politique. Pour les coopérateurs Owen se réduit avant tout au fondateur du mouvement coopératif. Pour d’autres il est le premier militant en Angleterre du courant laïciste et athée. En Amérique Owen a surtout été considéré à travers son expérience de New Harmony et l’owenisme devient un laboratoire d’expériences communautaires, une quête de la société idéale. Plus récemment [[wen:J. F. C. Harrison|J.F.C. Harrison]] a mis l’accent sur l’unité de l’owenisme, de part et d’autre de l’Atlantique, en tant que mouvement global, idéologique, culturel, social, sans séparer arbitrairement le maître de ses disciples ni les divers aspects de l’œuvre.  
 
Pour certains historiens du mouvement ouvrier, Owen fait figure de capitaliste venu au peuple, d’homme de bien qui, sans s’intégrer à la classe ouvrière, a tenté de lui donner une impulsion militante, mais n’a pas su l’orienter faute de sens politique. Pour les coopérateurs Owen se réduit avant tout au fondateur du mouvement coopératif. Pour d’autres il est le premier militant en Angleterre du courant laïciste et athée. En Amérique Owen a surtout été considéré à travers son expérience de New Harmony et l’owenisme devient un laboratoire d’expériences communautaires, une quête de la société idéale. Plus récemment [[wen:J. F. C. Harrison|J.F.C. Harrison]] a mis l’accent sur l’unité de l’owenisme, de part et d’autre de l’Atlantique, en tant que mouvement global, idéologique, culturel, social, sans séparer arbitrairement le maître de ses disciples ni les divers aspects de l’œuvre.  
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Un musée est dédié à Robert Owen dans sa ville natale de [[w:Newtown (Powys)|Newtown]].<ref>https://www.robertowenmuseum.co.uk/</ref>
    
== Œuvres écrites de Robert Owen ==
 
== Œuvres écrites de Robert Owen ==
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* [[w:Édouard Dolléans|Édouard Dolléans]], ''Robert Owen'' (Paris, 1905)
 
* [[w:Édouard Dolléans|Édouard Dolléans]], ''Robert Owen'' (Paris, 1905)
 
* H. Simon, ''Robert Owen: sein Leben und seine Bedeutung für die Gegenwart'' (Jena, 1905)
 
* H. Simon, ''Robert Owen: sein Leben und seine Bedeutung für die Gegenwart'' (Jena, 1905)
* [[w:Frank Podmore|Frank Podmore]], ''Robert Owen: A Biography'', 2 vols. Londres : Allen & Unwin, 1905.
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* [[w:Frank Podmore|Frank Podmore]], ''[https://dspace.gipe.ac.in/xmlui/bitstream/handle/10973/22298/GIPE-003124.pdf?sequence=3&isAllowed=y Robert Owen: A Biography]'', 2 vols. Londres : Allen & Unwin, 1905.
 
* G. D. H. Cole (London, Ernest Benn Ltd., 1925)
 
* G. D. H. Cole (London, Ernest Benn Ltd., 1925)
 
'''Autres ouvrages'''
 
'''Autres ouvrages'''
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[[Catégorie:Royaume-Uni]]
 
[[Catégorie:Royaume-Uni]]
 
[[Catégorie:Utopistes]]
 
[[Catégorie:Utopistes]]
<references />
   
[[Catégorie:Socialistes]]
 
[[Catégorie:Socialistes]]

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