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« un monde où le mensonge sous aucune forme n’aura plus de raison d’être ; un monde où l’argent n’aura plus aucune influence, où la pauvreté et l’inhumanité seront inconnues ; un monde où tous les biens seront produits en abondance et où tous pourront jouir de cette abondance ; un monde où l’esclavage et la servitude n’existeront plus, mais où la plus grande liberté se conciliera avec l’union la plus étroite, union tissée par les liens puissants de l’intérêt et les fils de soie de l’amour ; un monde où l’Amour et la Raison présideront avec sagesse aux destinées de la race humaine ; un monde où le travail pénible ne sera plus nécessaire, et où la production de la richesse sera une source perpétuelle de plaisir et de joie ; un monde dont seront bannies les mauvaises passions ; un monde où l’on n’entendra plus ni louanges ni blâmes ; où personne ne désirera plus se distinguer des autres que par la plus grande somme de bonheur général que, par ses forces naturelles, il pourra donner à la grande famille humaine ; un monde, en un mot, où dès la seconde génération il n’existera plus ni ignorance, ni pauvreté, ni aumône ; où la maladie et la misère n auront presque plus de place, où la guerre n’aura plus de nom, et où la religion, l’amour ou l’argent ne sépareront plus l’homme de l’homme et ne créeront plus d’antagonismes dans aucune portion de l’humanité ».
 
« un monde où le mensonge sous aucune forme n’aura plus de raison d’être ; un monde où l’argent n’aura plus aucune influence, où la pauvreté et l’inhumanité seront inconnues ; un monde où tous les biens seront produits en abondance et où tous pourront jouir de cette abondance ; un monde où l’esclavage et la servitude n’existeront plus, mais où la plus grande liberté se conciliera avec l’union la plus étroite, union tissée par les liens puissants de l’intérêt et les fils de soie de l’amour ; un monde où l’Amour et la Raison présideront avec sagesse aux destinées de la race humaine ; un monde où le travail pénible ne sera plus nécessaire, et où la production de la richesse sera une source perpétuelle de plaisir et de joie ; un monde dont seront bannies les mauvaises passions ; un monde où l’on n’entendra plus ni louanges ni blâmes ; où personne ne désirera plus se distinguer des autres que par la plus grande somme de bonheur général que, par ses forces naturelles, il pourra donner à la grande famille humaine ; un monde, en un mot, où dès la seconde génération il n’existera plus ni ignorance, ni pauvreté, ni aumône ; où la maladie et la misère n auront presque plus de place, où la guerre n’aura plus de nom, et où la religion, l’amour ou l’argent ne sépareront plus l’homme de l’homme et ne créeront plus d’antagonismes dans aucune portion de l’humanité ».
 
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Owen prône par ailleurs la [[non violence]]. Pour lui, la valeur de la raison et de l'exemple suffira à transformer graduellement la société : il compare avec l’évolution des moyens de transport : les vieilles routes subsistent à côté des chemins de fer, et n'ont pas besoin d'être supprimées pour être supplantées inexorablement.
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Owen prône par ailleurs la [[non violence]]. Pour lui, la valeur de la raison et de l'exemple suffira à transformer graduellement la société : il compare avec l’évolution des moyens de transport : les vieilles routes subsistent à côté des chemins de fer, et n'ont pas besoin d'être supprimées pour être supplantées inexorablement. Ce refus de toute hostilité l'éloigne aussi de toute idée de [[grève]].
    
=== Célébrité et lobbying auprès des dirigeants ===
 
=== Célébrité et lobbying auprès des dirigeants ===
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=== Vers le mouvement ouvrier ===
 
=== Vers le mouvement ouvrier ===
Owen a perdu sa fortune dans New Harmony. Et même s'il reste convaincu de son modèle, il doit rentrer en Angleterre. A son retour, il trouve dans le monde ouvrier un grand nombre de militants acquis à ses idées et un nombre encore plus grand de sympathisants.  
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Owen a perdu sa fortune dans New Harmony. Et même s'il reste convaincu de son modèle, il doit rentrer en Angleterre. Après une longue période de frictions avec [[w:William_Allen_(chimiste)|William Allen]]  et ses autres associés, Owen abandonna en 1828 toute participation dans la New Lanark. Il concentra ses activités sur Londres.
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Ses idées, popularisées et adaptées, trouvaient de l'écho chez beaucoup d'artisans prolétarisés, et salariés broyés par la grande industrie.
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Dans le même temps, il trouve dans le monde ouvrier anglais un grand nombre de [[militants]] acquis à ses idées et un nombre encore plus grand de sympathisants parmi les [[Prolétarisation de la petite-bourgeoisie|artisans prolétarisés]], et [[salariés]] broyés par la grande [[industrie]]. Il s'était constitué une sorte de fond commun idéologique, notamment à travers des luttes populaires de 1792-1798 et de 1816-1819, transmis et vulgarisé par les sociétés de secours mutuel, les chapelles dissidentes, les clubs de lecture, les associations [[Radicalisme|radicales]] semi-clandestines... On y popularisait l'idée de [[profit]] injuste et de juste [[salaire]], l’image du capitaliste parasite et celle du prolétaire victime de l’avidité patronale.
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travail en miettes de l’industrie mécanisée, beaucoup sont sensibles aux appels d’Owen à la coopération et à la solidarité, à la justice et à la régénération.  
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Owen s’impose pendant quelques années, entre 1828 et 1834, comme le guide spirituel du mouvement ouvrier. Lui-même s’est jeté sur cette occasion d’unifier la classe ouvrière tout en mettant en pratique ses schémas coopératifs.  
 
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Il s'était donc constitué une sorte de fond commun idéologique, notamment à travers des luttes populaires de 1792-1798 et de 1816-1819, transmis et vulgarisé par les sociétés de secours mutuel, les chapelles dissidentes, les clubs de lecture, les associations [[Radicalisme|radicales]] semi-clandestines... On y popularisait l'idée de profit injuste et de juste salaire, l’image du capitaliste parasite et celle du prolétaire victime de l’avidité patronale. De plus les travailleurs ont tendance à ne retenir de l’owenisme que ce qui leur convient, quitte à l’adapter à leurs besoins et à leur mentalité de façon à le faire davantage leur. Ce sont tous ces facteurs qui expliquent la conjonction soudaine entre un owenisme revu et corrigé par les militants et une action ouvrière en plein dynamisme.
      
Dans un éditorial de 1827, ''Co-operative Magazine'' déclare que le socialisme owenien représente le véritable système « social, coopératif et communioniste ».
 
Dans un éditorial de 1827, ''Co-operative Magazine'' déclare que le socialisme owenien représente le véritable système « social, coopératif et communioniste ».
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Après une longue période de frictions avec [[w:William_Allen_(chimiste)|William Allen]]  et ses autres associés, Owen abandonna en 1828 toute participation dans la New Lanark. De retour des États-Unis, il concentra ses activités sur Londres. Déçu par l'échec de sa communauté de [[w:New_Harmony_(Indiana)|New Harmony]], il abandonna ses activités capitalistes et prit la tête d'une campagne de propagande mêlant [[socialisme]] et [[laïcité]]. L'une des innovations majeures de ce mouvement fut en 1832 l'instauration d'une [[bourse du travail]] équitable basée sur des annonces d'emploi, et d'où les intermédiaires habituels étaient supprimés.
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Owen prit la tête d'une campagne de propagande mêlant [[socialisme]] et [[laïcité]]. L'une des innovations majeures de ce mouvement fut en 1832 l'instauration d'une [[bourse du travail]] équitable basée sur des annonces d'emploi, et d'où les intermédiaires habituels étaient supprimés.
    
En 1833 Owen fonde le Grand National Consolidation Trade Union, tentative d'unification des trade unions (syndicats anglais) qui devait échouer.
 
En 1833 Owen fonde le Grand National Consolidation Trade Union, tentative d'unification des trade unions (syndicats anglais) qui devait échouer.
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« Les temps sont proches où le système maudit du Vieux Monde d’ignorance, de pauvreté, d’oppression, de cruauté, de crime et de misère disparaîtra. Hommes de toutes les nations et de toutes les couleurs, réjouissez-vous avec nous de ce grand événement qui est tout près de se produire ; les temps sont proches où l’humanité sera délivrée de toutes ses faiblesses et de toutes ses folies. Ne regrettez pas que ''The Crisis'' expire, car elle ne meurt que pour être remplacée par le ''Nouveau Monde moral,'' dans lequel vérité, travail et science régneront à jamais. »<ref>Dans le dernier numéro de ''The Crisis''</ref>
 
« Les temps sont proches où le système maudit du Vieux Monde d’ignorance, de pauvreté, d’oppression, de cruauté, de crime et de misère disparaîtra. Hommes de toutes les nations et de toutes les couleurs, réjouissez-vous avec nous de ce grand événement qui est tout près de se produire ; les temps sont proches où l’humanité sera délivrée de toutes ses faiblesses et de toutes ses folies. Ne regrettez pas que ''The Crisis'' expire, car elle ne meurt que pour être remplacée par le ''Nouveau Monde moral,'' dans lequel vérité, travail et science régneront à jamais. »<ref>Dans le dernier numéro de ''The Crisis''</ref>
 
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Le mot « [[w:Socialisme|socialisme]] » commença à être souvent entendu dans les débats de l’"''Association of all Classes of all Nations''" fondée en 1835 par Owen. Pendant toutes ces années, ses idées sur la laïcité gagnèrent suffisamment de terrain chez les ouvriers pour que la ''Westminster Review'' annonce en 1839 qu'une grande partie d'entre eux partageait ces vues. Entre 1830 et 1840 les termes d’''owenisme'' et de ''socialisme'' deviennent synonymes et interchangeables.
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Le ''New Moral World'' tire à 2 000 exemplaires, mais chaque exemplaire est lu par plusieurs dizaines de personnes.
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Owen fonde en 1835 l’''Association of all Classes of all Nations'' (AACAN), qui remplace l’Association pour l’Industrie, l’Humanité et la Science. L'AACAN comptera jusqu’à 70 000 membres. Dans ses débats, le mot « [[w:Socialisme|socialisme]] » commença à être souvent entendu. Ses idées sur la laïcité gagnèrent suffisamment de terrain chez les ouvriers pour que la ''Westminster Review'' annonce en 1839 qu'une grande partie d'entre eux partageait ces vues. Entre 1830 et 1840 les termes d’''owenisme'' et de ''socialisme'' deviennent synonymes et interchangeables. Vers 1840 l’hebdomadaire ''Weekly Dispatch'' tire à 40 000. A la même époque (1839-1841), les owenistes distribuent une moyenne de 2 millions et demi de tracts par an, tandis que le total des conférences prononcées s’élève à 1450.
    
=== Dernières années ===
 
=== Dernières années ===
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* [[w:David_Dale_Owen|David Dale Owen]] (1807-1860) fut nommé en 1839 géologue et entreprit des fouilles extensives au nord-ouest, qui furent publiées par le Congrès.
 
* [[w:David_Dale_Owen|David Dale Owen]] (1807-1860) fut nommé en 1839 géologue et entreprit des fouilles extensives au nord-ouest, qui furent publiées par le Congrès.
 
* Le benjamin, [[w:Richard_Owen_(naturaliste)|Richard Owen]] (1810-1890), fut professeur de sciences naturelles à l'université de [[w:Nashville|Nashville]]. Il ne doit pas être confondu avec son contemporain [[w:Richard_Owen|Richard Owen]] (1804-1892), un célèbre zoologiste et [[w:Paléontologie|paléontologue]] britannique.
 
* Le benjamin, [[w:Richard_Owen_(naturaliste)|Richard Owen]] (1810-1890), fut professeur de sciences naturelles à l'université de [[w:Nashville|Nashville]]. Il ne doit pas être confondu avec son contemporain [[w:Richard_Owen|Richard Owen]] (1804-1892), un célèbre zoologiste et [[w:Paléontologie|paléontologue]] britannique.
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== Autres owenistes ==
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Pendant une vingtaine d’années, entre 1820 et 1840, l’owenisme a largement débordé la personne d’Owen. En dehors des sympathisants ouvriers, quelques bourgeois s'inspirent d'Owen et apportent leurs propres élaborations. Les plus importants d’entre eux sont :
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* [[wen:George Mudie (social reformer)|George Mudie]], journaliste écossais, vient s’établir à Londres, où il publie en 1821-1822 ''The Economist,'' journal qui se donne pour tâche de propager les idées d’Owen. Parmi les thèses les plus couramment exposées par Mudie, il y a l’idée que la misère n’est nullement inévitable ; elle est seulement le fruit de l’ignorance et de l’erreur. Il est aisé en effet de produire beaucoup plus que les hommes ne sont capables de consommer. Le choix est simple : ou bien la concurrence à mort ou bien la coopération. Seule cette dernière permettra d’instaurer l’union harmonieuse des intérêts à la place d’un régime social consistant en un agrégat anarchique d’individus isolés et désunis, maintenus ensemble par la force, sous la menace de la prison et de l’échafaud. Mudie a joué un rôle important dans la vulgarisation de l’owenisme en milieu ouvrier. Ses idées trouvent un écho favorable parmi les artisans et auprès des typographes londoniens. En 1821 Mudie met sur pied la première association coopérative owenienne sous le nom de ''Economic and Co-operative Society.'' Le but proclamé est de créer sur une base communautaire un « Village d’Unité et de Coopération mutuelle » réunissant des activités agricoles, manufacturières et commerciales. Malgré son caractère éphémère, l’entreprise réussit à s’appuyer sur une base authentiquement populaire.
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* [[wen:Abram Combe|Abram Combe]] (1785-1827), esprit sans grande originalité, mais bon organisateur, est un patron (il possède une manufacture de cuir), qui se convertit aux idées d’Owen après une visite à New Lanark. Il est surtout connu par la « parabole de la citerne », interprétation allégorique de la révolution industrielle, des guerres napoléoniennes et de la crise économique de 1816-1820. Sur le plan pratique, Combe, en collaboration avec un autre Ecossais, ancien officier, A.J. Hamilton, fonde à Edimbourg un magasin coopératif, qui ne dure qu’une année ; puis il se lance dans une entreprise plus ambitieuse, l’expérience communiste d’Orbiston (1825-1827). Il y engloutit sa fortune et meurt ruiné.
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* [[wen:John Minter Morgan|John Minter Morgan]] (1782-1854) adopte avec enthousiasme dès 1817 les théories d’Owen et consacre un livre à prouver qu’elles sont parfaitement réalisables (1819). Cet oweniste chrétien, qui rejette l’athéisme de son maître à penser, est surtout connu par son ouvrage ''La révolte des abeilles'' (1827). Dans cette parabole, les abeilles de la ruche (la société) ont abandonné leur état de nature (la vie communautaire). Le flot d’égoïsme qui en a résulté n’a apporté que divisions et malheurs. Heureusement à côté des faux docteurs (les économistes classiques), une abeille sage (Owen) fait son apparition et enseigne la voie du redressement et du bonheur commun. Ainsi l’abondance va pouvoir être partagée et la vertu se répandre. Vulgarisateur au style élégant et évocateur, Minter Morgan trouve de nombreux lecteurs parmi les ouvriers.
    
== Critiques d'Owen ==
 
== Critiques d'Owen ==

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