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{{See also|Ancien Régime}}
 
{{See also|Ancien Régime}}
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=== La réforme radicale (16<sup>e</sup> s.) ===
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=== Réforme radicale (16<sup>e</sup> s.) ===
 
[[Fichier:Guerre des Paysans Freyheit 1525.jpg|vignette|Des aspirations à la liberté et à l'égalité ont été exprimées par des protestants radicaux.]]
 
[[Fichier:Guerre des Paysans Freyheit 1525.jpg|vignette|Des aspirations à la liberté et à l'égalité ont été exprimées par des protestants radicaux.]]
 
Au 16<sup>e</sup> siècle, la [[Réforme_protestante|Réforme]] ébranla l’Église catholique, ce qui fut en partie le reflet [[idéologique]] de la lutte de la [[bourgeoisie]] naissante face à une [[noblesse]] engoncée dans ses privilèges. Mais ce mouvement de remise en question a aussi suscité un ensemble de mouvements plus radicaux (« [[Réforme radicale]] ») exprimant des aspirations plus populaires et [[plébéiennes]]. Comme les mouvements religieux des siècles précédents, ces mouvements avaient une forte composante [[millénariste]] :
 
Au 16<sup>e</sup> siècle, la [[Réforme_protestante|Réforme]] ébranla l’Église catholique, ce qui fut en partie le reflet [[idéologique]] de la lutte de la [[bourgeoisie]] naissante face à une [[noblesse]] engoncée dans ses privilèges. Mais ce mouvement de remise en question a aussi suscité un ensemble de mouvements plus radicaux (« [[Réforme radicale]] ») exprimant des aspirations plus populaires et [[plébéiennes]]. Comme les mouvements religieux des siècles précédents, ces mouvements avaient une forte composante [[millénariste]] :
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* La [[Révolte de Münster]] (1534), durant laquelle les biens sont mis en commun dans la ville.
 
* La [[Révolte de Münster]] (1534), durant laquelle les biens sont mis en commun dans la ville.
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===Les utopies des 16<sup>e</sup> et 17<sup>e</sup> s.===
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===Utopies des 16<sup>e</sup> et 17<sup>e</sup> s.===
 
{{See also|Utopie}}
 
{{See also|Utopie}}
 
Dans le domaine littéraire et intellectuel, le livre ''[[L'Utopie]]'' (1516) de Thomas More sera un événement majeur. More décrit une île fictive dans laquelle toute une société est organisée harmonieusement, sans [[propriété privée]]. Derrière les descriptions fantaisistes se trouve une critique en miroir de la société anglaise (notamment du contraste entre miséreux et [[nobles]] oisifs). Ce livre créé le mot « utopie » et le genre aura beaucoup de succès dans les siècles suivants.
 
Dans le domaine littéraire et intellectuel, le livre ''[[L'Utopie]]'' (1516) de Thomas More sera un événement majeur. More décrit une île fictive dans laquelle toute une société est organisée harmonieusement, sans [[propriété privée]]. Derrière les descriptions fantaisistes se trouve une critique en miroir de la société anglaise (notamment du contraste entre miséreux et [[nobles]] oisifs). Ce livre créé le mot « utopie » et le genre aura beaucoup de succès dans les siècles suivants.
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Il y a cependant des intuitions. Les utopies produites seront très diverses (certaines sont en fait purement conservatrices), mais la critique radicale de la propriété privée se retrouvera dans beaucoup d'entre elles, par exemple dans ''[[w:La Cité du Soleil|La Cité du Soleil]]'' (1602) du moine Tommaso Campanella. Ces utopistes proto-communistes ont souvent peu d'espoir que leur utopie soit autre chose qu'un rêve, mais en même temps ils s'attachent à montrer qu'à partir du moment où la communauté des biens, l'[[éducation]] et le temps libre (voire l'[[abondance]]) serait instaurés, il serait « rationnel » de supposer que la communauté serait harmonieuse.
 
Il y a cependant des intuitions. Les utopies produites seront très diverses (certaines sont en fait purement conservatrices), mais la critique radicale de la propriété privée se retrouvera dans beaucoup d'entre elles, par exemple dans ''[[w:La Cité du Soleil|La Cité du Soleil]]'' (1602) du moine Tommaso Campanella. Ces utopistes proto-communistes ont souvent peu d'espoir que leur utopie soit autre chose qu'un rêve, mais en même temps ils s'attachent à montrer qu'à partir du moment où la communauté des biens, l'[[éducation]] et le temps libre (voire l'[[abondance]]) serait instaurés, il serait « rationnel » de supposer que la communauté serait harmonieuse.
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===La Révolution anglaise et les Niveleurs (17<sup>e</sup> s.)===
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===Révolution anglaise et Niveleurs (17<sup>e</sup> s.)===
 
[[Fichier:The Execution of Charles I of England.jpg|vignette|La [[Première révolution anglaise|guerre civile anglaise]] est un moment d'ébullition politique.]]
 
[[Fichier:The Execution of Charles I of England.jpg|vignette|La [[Première révolution anglaise|guerre civile anglaise]] est un moment d'ébullition politique.]]
 
Pendant la [[Révolution_anglaise|Révolution anglaise]], sous la République de Cromwell qui avait fait condamner le roi à mort en 1649, se développèrent des mouvements minoritaire radicaux. Les [[Niveleurs|Niveleurs]] revendiquaient l'égalité complète en droit, dont le suffrage universel. A leur gauche, les [[Bêcheux|Creuseurs]] eux ne voulaient pas se contenter d'une égalité formelle et prônaient la collectivisation des terres. L’un de ces militants, Chamberlen, publia un programme prévoyant la nationalisation des biens du roi, du clergé, des entreprises commerciales, un minimum vital pour tous, la mise au service de la collectivité des biens nationalisés, une politique de grands travaux et l’exploitation des terres en friches sous le contrôle de l’État.
 
Pendant la [[Révolution_anglaise|Révolution anglaise]], sous la République de Cromwell qui avait fait condamner le roi à mort en 1649, se développèrent des mouvements minoritaire radicaux. Les [[Niveleurs|Niveleurs]] revendiquaient l'égalité complète en droit, dont le suffrage universel. A leur gauche, les [[Bêcheux|Creuseurs]] eux ne voulaient pas se contenter d'une égalité formelle et prônaient la collectivisation des terres. L’un de ces militants, Chamberlen, publia un programme prévoyant la nationalisation des biens du roi, du clergé, des entreprises commerciales, un minimum vital pour tous, la mise au service de la collectivité des biens nationalisés, une politique de grands travaux et l’exploitation des terres en friches sous le contrôle de l’État.
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===18<sup>e</sup> siècle===
 
===18<sup>e</sup> siècle===
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====La philosophie des Lumières====
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====Philosophie des Lumières====
 
{{See also|Lumières (philosophie)}}
 
{{See also|Lumières (philosophie)}}
 
Chacun à sa manière, [[Diderot]], [[Voltaire]], [[D’Holbach]], [[Helvétius]] et d’autres, révolutionnèrent le monde des idées avant la [[Révolution française]] en soumettant toutes les anciennes théories au crible de leur critique impitoyable. Leur cible principale était la [[religion]], et les préjugés dans leur ensemble, qui pour eux étaient la principale cause des malheurs, et le rationalisme allait progressivement apporter une ère de vérité de justice. S'ils faisaient des pas de géants vers des explications [[matérialistes]] de la nature, leur vision de l'histoire et de la morale restait profondément [[Idéalisme historique|idéaliste]]. Malgré tout, parmi eux des ébauches de critiques de l'organisation sociale ont été formulées, même si la plupart se limitent à une timide « bienfaisance » (mot inventé par l'[[w:Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre|abbé de Saint-Pierre]]), ou à des projets plus ambitieux mais utopiques.
 
Chacun à sa manière, [[Diderot]], [[Voltaire]], [[D’Holbach]], [[Helvétius]] et d’autres, révolutionnèrent le monde des idées avant la [[Révolution française]] en soumettant toutes les anciennes théories au crible de leur critique impitoyable. Leur cible principale était la [[religion]], et les préjugés dans leur ensemble, qui pour eux étaient la principale cause des malheurs, et le rationalisme allait progressivement apporter une ère de vérité de justice. S'ils faisaient des pas de géants vers des explications [[matérialistes]] de la nature, leur vision de l'histoire et de la morale restait profondément [[Idéalisme historique|idéaliste]]. Malgré tout, parmi eux des ébauches de critiques de l'organisation sociale ont été formulées, même si la plupart se limitent à une timide « bienfaisance » (mot inventé par l'[[w:Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre|abbé de Saint-Pierre]]), ou à des projets plus ambitieux mais utopiques.
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Parmi ces écrivains qui estiment que l'homme en société est devenu moins vertueux, il y a souvent l'idée ([[w:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[w:Claude-Adrien Helvétius|Helvétius]], [[w:Gabriel Bonnot de Mably|Mably]], [[w:Bernardin de Saint-Pierre|Bernardin de Saint-Pierre]]...) que c'est le résultat de la multiplication des besoins, de trop de civilisation. Rousseau se proclama même ennemi des sciences et des arts jugés inséparables du luxe. Ce type de position s'enferme dans des postures moralisantes, et par ailleurs, impuissantes. A l'inverse, des penseurs comme [[w:François Jean de Chastellux|Chastellux]] ou [[w:Nicolas de Condorcet|Condorcet]] repoussaient les [[utopies]] et les idées d'un [[âge d'or]], défendant l'idée [[positiviste]] d'un progrès de la Raison, et plaçant le bonheur humain dans le futur.
 
Parmi ces écrivains qui estiment que l'homme en société est devenu moins vertueux, il y a souvent l'idée ([[w:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[w:Claude-Adrien Helvétius|Helvétius]], [[w:Gabriel Bonnot de Mably|Mably]], [[w:Bernardin de Saint-Pierre|Bernardin de Saint-Pierre]]...) que c'est le résultat de la multiplication des besoins, de trop de civilisation. Rousseau se proclama même ennemi des sciences et des arts jugés inséparables du luxe. Ce type de position s'enferme dans des postures moralisantes, et par ailleurs, impuissantes. A l'inverse, des penseurs comme [[w:François Jean de Chastellux|Chastellux]] ou [[w:Nicolas de Condorcet|Condorcet]] repoussaient les [[utopies]] et les idées d'un [[âge d'or]], défendant l'idée [[positiviste]] d'un progrès de la Raison, et plaçant le bonheur humain dans le futur.
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====La Révolution française====
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====Révolution française====
 
Les années 1780 sont un moment d'intense critique sociale. On y revendique l'égalité et la fin des privilèges aristocratiques. Mais si la critique de la grande [[Propriété privée|propriété]] y est récurrente, c'est en réalité au nom de l'idéal d'une société harmonieuse de petits propriétaires. Un idéal [[petit-bourgeois]] naïf et généreux.  
 
Les années 1780 sont un moment d'intense critique sociale. On y revendique l'égalité et la fin des privilèges aristocratiques. Mais si la critique de la grande [[Propriété privée|propriété]] y est récurrente, c'est en réalité au nom de l'idéal d'une société harmonieuse de petits propriétaires. Un idéal [[petit-bourgeois]] naïf et généreux.  
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Dans leur lutte contre la noblesse féodale, les révolutionnaires jacobins ont pu se présenter comme des représentants, non pas seulement de leur [[classe sociale]], mais de tous les déshérités et opprimés. C’était vrai, dans une certaine mesure, puisqu’ils étaient en lutte à mort avec les partisans du retour à l’[[Ancien régime]]. Mais la Révolution donna finalement naissance à une [[République]] [[Bourgeoisie|bourgeoise]] qui réalisa non pas la justice et l’égalité éternelle et absolue mais l’égalité devant des lois le plus souvent faites pour protéger la propriété des possédants. Bien sûr c’était un immense progrès et le plus grand réalisable pour l’époque. Mais les grandes idées des philosophes étaient venues buter contre les faits [[Économie|économiques]] et sociaux. La nouvelle société n’était pas la société idéale rêvée par eux de la Justice et de la Raison.
 
Dans leur lutte contre la noblesse féodale, les révolutionnaires jacobins ont pu se présenter comme des représentants, non pas seulement de leur [[classe sociale]], mais de tous les déshérités et opprimés. C’était vrai, dans une certaine mesure, puisqu’ils étaient en lutte à mort avec les partisans du retour à l’[[Ancien régime]]. Mais la Révolution donna finalement naissance à une [[République]] [[Bourgeoisie|bourgeoise]] qui réalisa non pas la justice et l’égalité éternelle et absolue mais l’égalité devant des lois le plus souvent faites pour protéger la propriété des possédants. Bien sûr c’était un immense progrès et le plus grand réalisable pour l’époque. Mais les grandes idées des philosophes étaient venues buter contre les faits [[Économie|économiques]] et sociaux. La nouvelle société n’était pas la société idéale rêvée par eux de la Justice et de la Raison.
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Même si la Révolution française était avant tout dominée par l'idéal petit-bourgeois de la république de petits propriétaires, marginalement, certains se battaient déjà une forme d'organisation [[collectiviste]]. C’est notamment le cas du « premier[[Communisme|communiste]] agissant », [[Gracchus_Babeuf|Gracchus Babeuf]].
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Même si la Révolution française était avant tout dominée par l'idéal petit-bourgeois de la république de petits propriétaires, marginalement, certains se battaient déjà une forme d'organisation [[collectiviste]]. C’est notamment le cas du « premier [[Communisme|communiste]] agissant », [[Gracchus_Babeuf|Gracchus Babeuf]].
    
==== Révolution états-unienne et radicalisme ====
 
==== Révolution états-unienne et radicalisme ====
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[[Fichier:No-landlords-spenceans.jpg|vignette|192x192px|Un [[w:Penny|penny]] marqué d'un slogan [[w:Thomas Spence|spencéen]]]]
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La fin du 18<sup>e</sup> siècle, avec successivement la [[Révolution américaine|révolution états-unienne]] et la [[révolution française]], favorisent la réflexion politique à une échelle internationale (on parle de « [[Révolution atlantique|révolutions atlantiques]] »). Des démocrates radicaux apparaissent en Angleterre, suscitant un mouvement qui rayonnera dans le monde, le [[radicalisme]]. Les radicaux étaient surtout implantés dans les masses petite-bourgeoises. Ils étaient centrés sur les revendications politiques, défendant une vraie démocratie et pas seulement un vague [[libéralisme]] qui contentait les bourgeois. Mais certains allaient jusqu'à la [[démocratie sociale]], et des formes de [[socialisme agraire]].
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*[[w:Thomas Spence|Spence]] prônait la [[collectivisation de la terre]] à l'échelle des paroisses. Il suscitera un petit mouvement appelés « philanthropes spencéens », qui s'est lancé dans des actions militantes clandestines.
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*[[wen:William Ogilvie of Pittensear|Ogilvie]] dénonçait la propriété privée accumulée par une minorité de [[propriétaires terriens]], sans aboutir à des propositions très claires.
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*[[w:Thomas Paine|Paine]] : Partant de l'idéal démocratique, il aboutit à un idéal d'[[État-providence]]. Puisque chacun a un droit naturel à une part égale de la terre, un impôt sur la propriété foncière servirait à compenser le préjudice subi par chaque citoyen dépourvu de terre ; à chacun de ces citoyens seront remis, à l’âge de 21 ans, un petit capital et, à partir de 50 ans, une [[Retraite|rente annuelle]].
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* [[w:Thomas Spence|Spence]] prônait la [[collectivisation de la terre]] à l'échelle des paroisses. Il suscitera un petit mouvement appelés « philanthropes spencéens », qui s'est lancé dans des actions militantes clandestines.
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==Révolution industrielle du 19<sup>e</sup> siècle==
* [[wen:William Ogilvie of Pittensear|Ogilvie]] dénonçait la propriété privée accumulée par une minorité de [[propriétaires terriens]], sans aboutir à des propositions très claires.
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* [[w:Thomas Paine|Paine]] : Partant de l'idéal démocratique trempé dans les [[Révolution atlantique|révolutions atlantiques]], il aboutit à un idéal d'[[État-providence]]. Puisque chacun a un droit naturel à une part égale de la terre, un impôt sur la propriété foncière servirait à compenser le préjudice subi par chaque citoyen dépourvu de terre ; à chacun de ces citoyens seront remis, à l’âge de 21 ans, un petit capital et, à partir de 50 ans, une [[Retraite|rente annuelle]].
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==Révolution industrielle du 19<sup>e</sup> siècle==
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=== Naissance du socialisme moderne ===
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[[Fichier:Adolph Menzel - Eisenwalzwerk - Google Art Project.jpg|droite|sans_cadre|398x398px]]
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C'est le contexte de la [[révolution industrielle]] qui va véritablement engendrer le socialisme moderne, en tant que mouvement de masse. Car en entraînant à marche forcée l'humanité dans un nouveau [[mode de production]], le [[capitalisme]], elle va créer un ensemble de facteurs convergents :
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* la [[prolétarisation de la paysannerie]] et [[Prolétarisation de la petite-bourgeoisie|de la petite-bourgeoisie]], créant un large [[prolétariat]] sans moyen de production,
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* l'[[urbanisation]] et l'[[instruction]] de masse, permettant l'échange d'idées et l'organisation à une échelle sans précédant,
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* l'émergence de [[moyens de production]] [[Industrie|de masse]], interdépendants, qui posent la question de la [[Socialisation (économie)|socialisation du travail]].
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* l'émergence de [[Mouvement ouvrier|mouvements ouvriers]], souvent défensifs, mais susceptibles d'être réceptifs aux idées socialistes.
    
[[Friedrich_Engels|Friedrich Engels]] définissait le [[Socialisme|socialisme]] moderne comme l’expression d’une double prise de conscience&nbsp;:
 
[[Friedrich_Engels|Friedrich Engels]] définissait le [[Socialisme|socialisme]] moderne comme l’expression d’une double prise de conscience&nbsp;:
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#Des conflits existant entre la classe des possédants et celle des non possédants dans la société capitaliste.
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#Des conflits existant entre la [[Classe possédante|classe des possédants]] et celle des [[Prolétaires|non possédants]] dans la société capitaliste.
#De l’anarchie qui règne dans la production capitaliste.
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#De l’irrationalité qui règne dans la [[Capitalisme|production capitaliste]], plus [[Productivité du travail|productive]] et pourtant plus [[Inégalités sociales|inégalitaire]] que jamais.
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Dès ses débuts, il se rattache, comme continuation et développement, aux idées des [[Philosophie|philosophes]] des [[Les_Lumières|Lumières]] notamment celles des [[Matérialisme_mécaniste|philosophes matérialistes du 18<sup>e</sup> siècle]]. Mais cette [[Infrastructure et superstructure|infrastructure]] favorable au socialisme ne signifie pas automatiquement émergence d'un mouvement ayant une [[Socialisme scientifique|analyse scientifique]] et une [[Tactique et stratégie|stratégie]] claire. Le 19<sup>e</sup> siècle a vu progressivement des clarifications se dégager, mais cela a beaucoup reculé au 20<sup>e</sup> siècle.
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Dès ses débuts, il se rattache, comme continuation et développement, aux idées des [[Philosophie|philosophes]] des [[Les_Lumières|Lumières]] notamment celles des [[Matérialisme_mécaniste|philosophes matérialistes du 18<sup>e</sup> siècle]].
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On peut noter qu'au 19<sup>e</sup> siècle, les différents courants du socialisme sont essentiellement nommés par rapport à des fondateurs&nbsp;: [[saint-simonisme]], [[Charles_Fourier|fourierisme]], [[blanquisme]], [[lassallisme]], [[Bakouninisme|bakounisme]], [[marxisme]]... A la fin du 19<sup>e</sup> siècle, quand le mouvement [[social-démocrate]] de masse apparaît, on parle surtout d'un mouvement « socialiste » (qui a l'air plus unifié qu'il ne l'est réellement), même si le marxisme est de fait dominant en son sein. A  partir du 20<sup>e</sup> siècle, le socialisme se fragmente, et  d'autres adjectifs émergent pour désigner les tendances au sein du marxisme&nbsp;: [[révisionnisme]], [[économisme]], [[réformisme]], [[maximalisme]]...
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===Les trois grands utopistes===
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===Premiers socialistes et communistes===
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Au début du 19<sup>e</sup> siècle, se manifestent des penseurs qui sont révoltés par l’organisation [[Capitalisme|capitaliste]] , généralisée par la [[Révolution_industrielle|Révolution industrielle]] . Bien que leur critiques du mode de production actuel aient fortement contribué au socialisme, ils avaient en commun de prôner non pas réellement des actions politiques contre le pouvoir existant, mais la création de communautés à l'intérieur du système, pour montrer l'exemple d'une vie harmonieuse et saine. Ce sont principalement Saint-Simon, Owen et Fourier, que l'on appelle les [[Socialisme_utopique|socialistes utopiques]] .
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====Angleterre====
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{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme au Royaume-Uni}}
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===Auguste Blanqui===
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====France====
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{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme en France}}
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[[Louis-Auguste_Blanqui|Blanqui]] était un républicain communiste et, pour lui, la [[république]] devait aboutir à l'[[égalité]] réelle. Il rejetait les chimères des «&nbsp;systèmes sortis tout équipés, de cervelles fantaisistes&nbsp;», marquant par là une rupture avec le [[socialisme utopique]] du début du siècle. Mais il faisait l'erreur fondamentale de croire qu'une insurrection de quelques hommes bien préparés suffirait à aboutir à une [[révolution socialiste]], ignorant la nécessité de l'auto-organisation des travailleurs.
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[[Louis-Auguste_Blanqui|Louis-Auguste Blanqui]] était un républicain communiste et, pour lui, la [[République|république]] devait aboutir à l'[[Égalité|égalité]] réelle. Il rejettait les chimères des «&nbsp;systèmes sortis tout équipés, de cervelles fantaisistes&nbsp;», marquant par là une rupture avec le [[Socialisme_utopique|socialisme utopique]] du début du siècle. Mais il faisait l'erreur fondamentale de croire qu'une insurrection de quelques hommes bien préparés suffirait à aboutir à une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]], ignorant la nécessité de l'auto-organisation des travailleurs.
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Louis Blanc
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=== Louis Blanc ===
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==== Allemagne ====
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{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme en Allemagne}}
    
===Le socialisme scientifique===
 
===Le socialisme scientifique===
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{{See also|Socialisme utopique|Socialisme scientifique|Marxisme}}
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Au début du 19<sup>e</sup> siècle, se manifestent des penseurs qui sont révoltés par l’organisation [[Capitalisme|capitaliste]] , généralisée par la [[Révolution industrielle]]. Bien que leur critiques du mode de production actuel aient fortement contribué au socialisme, ils avaient en commun de prôner non pas réellement des actions politiques contre le pouvoir existant, mais la création de communautés à l'intérieur du système, pour montrer l'exemple d'une vie harmonieuse et saine. Ce sont principalement Saint-Simon, Owen et Fourier, que l'on appelle les [[Socialisme_utopique|socialistes utopiques]] .
    
Les socialistes utopistes comme les philosophes des Lumières avant eux, se donnaient pour ambition, non pas de libérer une classe opprimée, mais d’affranchir l’humanité entière, d’établir presque d’emblée une harmonie universelle fondée sur la «&nbsp;Raison&nbsp;» et la «&nbsp;Justice&nbsp;» éternelles en régénérant la société. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], tout en reconnaissant pour leur propre vision du monde l’importance de l’œuvre passée des utopistes et de leurs critiques impitoyables du capitalisme, fondèrent le [[Socialisme_scientifique|socialisme moderne]] en en faisant la théorie défendant les intérêts bien réels de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] en lutte, fondée sur l’étude de l’histoire et de l’économie capitaliste. Ils défendire un [[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]], c’est-à-dire une philosophie selon laquelle les contradictions font partie de la vie réelle. On ne peut donc pas abolir les contradictions sociales d’un coup de baguette magique, ou en construisant d’emblée une nouvelle société idéale. Ces contradictions ne peuvent être résolues qu’au travers des conflits réels, des [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] et des [[Révolution|révolutions]].
 
Les socialistes utopistes comme les philosophes des Lumières avant eux, se donnaient pour ambition, non pas de libérer une classe opprimée, mais d’affranchir l’humanité entière, d’établir presque d’emblée une harmonie universelle fondée sur la «&nbsp;Raison&nbsp;» et la «&nbsp;Justice&nbsp;» éternelles en régénérant la société. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], tout en reconnaissant pour leur propre vision du monde l’importance de l’œuvre passée des utopistes et de leurs critiques impitoyables du capitalisme, fondèrent le [[Socialisme_scientifique|socialisme moderne]] en en faisant la théorie défendant les intérêts bien réels de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] en lutte, fondée sur l’étude de l’histoire et de l’économie capitaliste. Ils défendire un [[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]], c’est-à-dire une philosophie selon laquelle les contradictions font partie de la vie réelle. On ne peut donc pas abolir les contradictions sociales d’un coup de baguette magique, ou en construisant d’emblée une nouvelle société idéale. Ces contradictions ne peuvent être résolues qu’au travers des conflits réels, des [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] et des [[Révolution|révolutions]].
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On peut noter qu'au 19<sup>e</sup> siècle, les différents courants du socialisme sont essentiellement nommés par rapport à des fondateurs&nbsp;: [[Saint-simonisme|saint-simonisme]], [[Charles_Fourier|fourierisme]], [[Blanquisme|blanquisme]], [[Lassallisme|lassallisme]], [[Bakouninisme|bakounisme]], [[Marxisme|marxisme]]... A partir du 20<sup>e</sup> siècle, quand le mouvement [[Social-démocrate|social-démocrate]], basé sur le marxisme, devient hégémonique, d'autres adjectifs émergent pour désigner les tendances au sein du marxisme&nbsp;: [[Révisionnisme|révisionnisme]], [[Économisme|économisme]], [[Réformisme|réformisme]], [[Maximalisme|maximalisme]]...
      
=== Synthèses extra-européennes ===
 
=== Synthèses extra-européennes ===
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[[Mao Zedong]] en parle également [[wen:On the People's Democratic Dictatorship|dans un discours de 1949]], au moment où son parti prend le pouvoir.
 
[[Mao Zedong]] en parle également [[wen:On the People's Democratic Dictatorship|dans un discours de 1949]], au moment où son parti prend le pouvoir.
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En revanche, les traditions orientales « présocialistes » ont pu être utilisées, surtout au 20<sup>e</sup> siècle, comme une machine de guerre contre le socialisme marxiste, auquel était opposé un socialisme plus enraciné et religieux. Une telle utilisation a été importante dans les pays d'Islam (par exemple le « socialisme islamique » de l'Algérien Tijani, d'inspiration directement antimarxiste) et dans les pays bouddhiques du « Petit Véhicule », dans l'Asie du Sud-Est, en particulier en Birmanie et au Cambodge.
 
En revanche, les traditions orientales « présocialistes » ont pu être utilisées, surtout au 20<sup>e</sup> siècle, comme une machine de guerre contre le socialisme marxiste, auquel était opposé un socialisme plus enraciné et religieux. Une telle utilisation a été importante dans les pays d'Islam (par exemple le « socialisme islamique » de l'Algérien Tijani, d'inspiration directement antimarxiste) et dans les pays bouddhiques du « Petit Véhicule », dans l'Asie du Sud-Est, en particulier en Birmanie et au Cambodge.
  

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