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«&nbsp;les ''choses'' elles-mêmes ne sont pas immobiles, elles se développent selon un processus analogue à celui dont Hegel avait fait la loi de la pensée, c'est-à-dire par opposition (''thèse'' et ''antithèse'') qui se trouve dépassées, et résolue en une ''synthèse'' supérieure. Là où Hegel voyait une dialectique de l'idée, le matérialisme dialectique voit «&nbsp;le reflet dans la conscience, du mouvement dialectique du monde réel&nbsp;». Un tel matérialisme ne peut plus se définir, selon la formule d'Aug. Comte, comme la doctrine «&nbsp;qui explique le supérieur par l'inférieur&nbsp;». Ici, en effet, chaque ordre de réalité constitue une synthèse, en quelque mesure, nouvelle, bien qu'en dernière analyse elle se trouve conditionné par ce qui la précède&nbsp;: de même que la vie est quelque chose de relativement nouveau par rapport aux phénomènes physico-chimiques qui la conditionnent, la conscience, tout en dépendant de conditions physiologiques et ''aussi, d'ailleurs, sociales'' (cf. ci-dessus p.370), «&nbsp;amène un stade nouveau de développement, celui où l'homme transforme le monde à son usage, où le monde s'humanise et se rationalise&nbsp;»<ref>René Maublanc, ''Hegel et Marx'', dans recueil ''À la lumière du marxisme'', p.222-226</ref>. La pensée n'est plus un ''épiphénomène'' puisqu'elle réagit sur ses propres conditions&nbsp;» <ref>[[Armand Cuvillier|Cuvillier, A]] (1947). ''Manuel de philosophe'' (p604-605). Tome II. Armand Colin.</ref>.
 
«&nbsp;les ''choses'' elles-mêmes ne sont pas immobiles, elles se développent selon un processus analogue à celui dont Hegel avait fait la loi de la pensée, c'est-à-dire par opposition (''thèse'' et ''antithèse'') qui se trouve dépassées, et résolue en une ''synthèse'' supérieure. Là où Hegel voyait une dialectique de l'idée, le matérialisme dialectique voit «&nbsp;le reflet dans la conscience, du mouvement dialectique du monde réel&nbsp;». Un tel matérialisme ne peut plus se définir, selon la formule d'Aug. Comte, comme la doctrine «&nbsp;qui explique le supérieur par l'inférieur&nbsp;». Ici, en effet, chaque ordre de réalité constitue une synthèse, en quelque mesure, nouvelle, bien qu'en dernière analyse elle se trouve conditionné par ce qui la précède&nbsp;: de même que la vie est quelque chose de relativement nouveau par rapport aux phénomènes physico-chimiques qui la conditionnent, la conscience, tout en dépendant de conditions physiologiques et ''aussi, d'ailleurs, sociales'' (cf. ci-dessus p.370), «&nbsp;amène un stade nouveau de développement, celui où l'homme transforme le monde à son usage, où le monde s'humanise et se rationalise&nbsp;»<ref>René Maublanc, ''Hegel et Marx'', dans recueil ''À la lumière du marxisme'', p.222-226</ref>. La pensée n'est plus un ''épiphénomène'' puisqu'elle réagit sur ses propres conditions&nbsp;» <ref>[[Armand Cuvillier|Cuvillier, A]] (1947). ''Manuel de philosophe'' (p604-605). Tome II. Armand Colin.</ref>.
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Il permet de mieux comprendre l'histoire et de ses potentialités avec son corolaire, le [[Matérialisme_historique|matérialisme historique]]. Si le matérialisme dialectique est défini comme « marxiste », il a été vivement discuté, caricaturé ou rejeté par la majorité des marxistes du XX au XXI comme le montre la [[Bibliographie sur le matérialisme dialectique]].
 
Il permet de mieux comprendre l'histoire et de ses potentialités avec son corolaire, le [[Matérialisme_historique|matérialisme historique]]. Si le matérialisme dialectique est défini comme « marxiste », il a été vivement discuté, caricaturé ou rejeté par la majorité des marxistes du XX au XXI comme le montre la [[Bibliographie sur le matérialisme dialectique]].
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«&nbsp;Les Principes élémentaires de philosophie (1945) se présentent alors comme la première formulation doctrinale d'ensemble en langue française du matérialisme dialectique, alors que les énoncés de Wallon sur ce sujet sont de caractère plus segmentaire, malgré l'antériorité historique incontestable de leur publication (1935, 1935 n.83 et n.84, 1936 n.91, 1937n.97, parmi d'autres). Il reste que la plupart des textes de Wallon sont d'une densité théorique majeure (1935, 1937 n.97, 1946 n.125) par rapport à la perspective dialectique matérialiste, telle qu'elle a pu se présenter parfois dans certains exposés à grande diffusion.&nbsp;»<ref name="ÉJWallonPiaget">[[Émile Jalley]] (2006), ''Wallon et Piaget pour une critique de la psychologie contemporaine'' (p. 245), L'Harmattan.</ref>
 
«&nbsp;Les Principes élémentaires de philosophie (1945) se présentent alors comme la première formulation doctrinale d'ensemble en langue française du matérialisme dialectique, alors que les énoncés de Wallon sur ce sujet sont de caractère plus segmentaire, malgré l'antériorité historique incontestable de leur publication (1935, 1935 n.83 et n.84, 1936 n.91, 1937n.97, parmi d'autres). Il reste que la plupart des textes de Wallon sont d'une densité théorique majeure (1935, 1937 n.97, 1946 n.125) par rapport à la perspective dialectique matérialiste, telle qu'elle a pu se présenter parfois dans certains exposés à grande diffusion.&nbsp;»<ref name="ÉJWallonPiaget">[[Émile Jalley]] (2006), ''Wallon et Piaget pour une critique de la psychologie contemporaine'' (p. 245), L'Harmattan.</ref>
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A posteriori, l'expression est utilisée pour désigner dans son ensemble la dimension philosophique du [[Marxisme|marxisme]] <ref>{{harvsp|Lefebvre|1948|p=23}}</ref> et cela malgré les divergences au sein du marxisme notamment entre ceux qui rejettent le matérialisme et ceux qui rejettent la dialectique :
 
A posteriori, l'expression est utilisée pour désigner dans son ensemble la dimension philosophique du [[Marxisme|marxisme]] <ref>{{harvsp|Lefebvre|1948|p=23}}</ref> et cela malgré les divergences au sein du marxisme notamment entre ceux qui rejettent le matérialisme et ceux qui rejettent la dialectique :
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<blockquote>... il y a des marxistes qui n'acceptent l'existence que de dialectiques concrètes, régionales dans les domaines spécifiques du réel. D'autres n'acceptent qu'une dialectique de l'histoire. Les uns et les autres n'acceptent pas la légitimité de la dialectique de la nature, et plus généralement du matérialisme dialectique, qu'ils considèrent comme une addition « idéologique » à la connaissance positive du marxisme : de la science marxiste, identifiée au matérialisme historique. Nous avons signalé les objections contre ces idées.<ref> ''La Nature dans la pensée dialectique'', [[Eftichios Bitsakis]], éd. L'Harmattan, 2001, p. 244</ref></blockquote>
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... il y a des marxistes qui n'acceptent l'existence que de dialectiques concrètes, régionales dans les domaines spécifiques du réel. D'autres n'acceptent qu'une dialectique de l'histoire. Les uns et les autres n'acceptent pas la légitimité de la dialectique de la nature, et plus généralement du matérialisme dialectique, qu'ils considèrent comme une addition « idéologique » à la connaissance positive du marxisme : de la science marxiste, identifiée au matérialisme historique. Nous avons signalé les objections contre ces idées.<ref> ''La Nature dans la pensée dialectique'', [[Eftichios Bitsakis]], éd. L'Harmattan, 2001, p. 244</ref>
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En définitif, peu de personnalité utilise le concept dans la lignée de Marx et Engels malgré les vulgarisations correctes de
 
En définitif, peu de personnalité utilise le concept dans la lignée de Marx et Engels malgré les vulgarisations correctes de
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*[[Lev_Vygotski|Lev Vygotski]], [[Paul_Langevin|Paul Langevin]], [[Henri_Wallon|Henri Wallon]], [[J.B.S._Haldane|J.B.S. Haldane]], déjà avant guerre&nbsp;;
 
*[[Lev_Vygotski|Lev Vygotski]], [[Paul_Langevin|Paul Langevin]], [[Henri_Wallon|Henri Wallon]], [[J.B.S._Haldane|J.B.S. Haldane]], déjà avant guerre&nbsp;;
 
*[[Jean_Piaget|Jean Piaget]] <ref>Contrairement à Henri Wallon, la dialectique de Piaget est plus une dialectique hégélienne que marxienne selon Tran-Thong même si il se réfère à Marx. Cf Tran-Thong (1992). ''Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine'', édition Vrin (11ème édition).)</ref>, [[Stephen_Jay_Gould|Stephen Jay Gould]], [[Alexandre_Zinoviev|Alexandre Zinoviev]], [[Eftichios_Bitsakis|Eftichios Bitsakis]], [[Richard_Lewontin|Richard Lewontin]] ou [[Émile_Jalley|Émile Jalley]], de l'après guerre à aujourd'hui.
 
*[[Jean_Piaget|Jean Piaget]] <ref>Contrairement à Henri Wallon, la dialectique de Piaget est plus une dialectique hégélienne que marxienne selon Tran-Thong même si il se réfère à Marx. Cf Tran-Thong (1992). ''Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine'', édition Vrin (11ème édition).)</ref>, [[Stephen_Jay_Gould|Stephen Jay Gould]], [[Alexandre_Zinoviev|Alexandre Zinoviev]], [[Eftichios_Bitsakis|Eftichios Bitsakis]], [[Richard_Lewontin|Richard Lewontin]] ou [[Émile_Jalley|Émile Jalley]], de l'après guerre à aujourd'hui.
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Au XX, la négation du matérialisme dialectique a été au profit des démarches empiriques et pragmatiques en science. Aujourd'hui, ses démarches sont cachées sous le vocable de «&nbsp;pratique fondée sur les preuves&nbsp;» ([[Théorie et faits|Evidence-based]]). Elles sont soutenues politiquement afin de déterminer selon eux la meilleur décision sous couvert de science. Cependant, il existe au XXI une émergence de la dialectique en science marquée en France en 2012 par le livre d'[[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'' aux éditions Hermann.
      
Cette émergence des démarches dialectiques ne sont pas sans lien avec la crise en science notamment en génétique et en psychologie scientifique qui se font dépasser dialectiquement suite aux découvertes nouvelles par exemple sur l'épigénétique entre autres. Il y a ainsi une reconnaissance entre autres de l'influence des phénomènes extérieurs dans les transformations internes des choses comme la reconnaissance de l'interpénétration du biologique, du psychologique et du sociologique dans la recherche en pédagogie, en psychologie ou dans la santé. Les démarches dialectiques en science abolissent les visions biologistes (du tout gène, du tout cerveau, du tout inné), culturalistes (du tout acquis) et technicistes (homme machine) dans lesquelles les démarches empiriques et pragmatiques se sont enfermées - comme on le remarque par exemple dans les oppositions de Stuart Ritchie (empirisme) et de Howard Gardner (pragmatisme) sur la notion d'intelligence.
 
Cette émergence des démarches dialectiques ne sont pas sans lien avec la crise en science notamment en génétique et en psychologie scientifique qui se font dépasser dialectiquement suite aux découvertes nouvelles par exemple sur l'épigénétique entre autres. Il y a ainsi une reconnaissance entre autres de l'influence des phénomènes extérieurs dans les transformations internes des choses comme la reconnaissance de l'interpénétration du biologique, du psychologique et du sociologique dans la recherche en pédagogie, en psychologie ou dans la santé. Les démarches dialectiques en science abolissent les visions biologistes (du tout gène, du tout cerveau, du tout inné), culturalistes (du tout acquis) et technicistes (homme machine) dans lesquelles les démarches empiriques et pragmatiques se sont enfermées - comme on le remarque par exemple dans les oppositions de Stuart Ritchie (empirisme) et de Howard Gardner (pragmatisme) sur la notion d'intelligence.
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Au cour du développement de la science d'autres principes émergent. Ainsi, selon [[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]]&nbsp;:
 
Au cour du développement de la science d'autres principes émergent. Ainsi, selon [[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]]&nbsp;:
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Voici l'énoncé de ces principes, essentiellement dus à [https://fr.wikiquote.org/wiki/Friedrich_Engels F. Engels] (1878), sous la forme donnée par J.M Brohm (2003):
 
Voici l'énoncé de ces principes, essentiellement dus à [https://fr.wikiquote.org/wiki/Friedrich_Engels F. Engels] (1878), sous la forme donnée par J.M Brohm (2003):
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Notons que [https://fr.wikiquote.org/wiki/Georges_Politzer Georges Politzer] (1936) regroupe les principes 3 et 5 en un seul. Cela ne présente aucun inconvénient, puisque le contenu des principes n'a pas encore été défini. Qui plus est, ''l'évolution de nos connaissance scientifiques conduit à une révision permanente du contenu de ces principes''. C'est ainsi que [...], ''pour les phénomènes faisant intervenir l'évolution d'au mois trois agents, un nouveau principe, «&nbsp;des comportements erratiques sur l'attracteur&nbsp;»'' mettant en œuvre des découvertes (le chaos déterministe) datant seulement d'une trentaine d'années, et donc totalement inconnues d'Engels ou de Politzer.
 
Notons que [https://fr.wikiquote.org/wiki/Georges_Politzer Georges Politzer] (1936) regroupe les principes 3 et 5 en un seul. Cela ne présente aucun inconvénient, puisque le contenu des principes n'a pas encore été défini. Qui plus est, ''l'évolution de nos connaissance scientifiques conduit à une révision permanente du contenu de ces principes''. C'est ainsi que [...], ''pour les phénomènes faisant intervenir l'évolution d'au mois trois agents, un nouveau principe, «&nbsp;des comportements erratiques sur l'attracteur&nbsp;»'' mettant en œuvre des découvertes (le chaos déterministe) datant seulement d'une trentaine d'années, et donc totalement inconnues d'Engels ou de Politzer.
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*<div class="ref">''Promenade dialectique dans les sciences'', Évariste Sanchez-Palencia, éd. Hermann, 2012, partie Pragmatique et dialectique,&nbsp;p.&nbsp;271-2</div>
 
*<div class="ref">''Promenade dialectique dans les sciences'', Évariste Sanchez-Palencia, éd. Hermann, 2012, partie Pragmatique et dialectique,&nbsp;p.&nbsp;271-2</div>
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En parfait accord avec cette philosophie matérialiste de Marx, F. Engels, en l'exposant dans l'[[Anti-Dühring_(Friedrich_Engels)|Anti-Dühring]] (dont Marx avait lu le manuscrit), écrivait&nbsp;:
 
En parfait accord avec cette philosophie matérialiste de Marx, F. Engels, en l'exposant dans l'[[Anti-Dühring_(Friedrich_Engels)|Anti-Dühring]] (dont Marx avait lu le manuscrit), écrivait&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;L'unité du monde ne consiste pas en son Etre... L'unité réelle du monde consiste en sa matérialité, et celle-ci se prouve... par un long et laborieux développement de la philosophie et de la science de la nature... Le mouvement est le mode d'existence de la matière. Jamais, et nulle part, il n'y a eu de matière sans mouvement, et il ne peut y en avoir... Mais si l'on demande ensuite ce que sont la pensée et la conscience et d'où elles viennent, on trouve qu'elles sont des produits du cerveau humain et que l'homme est lui-même un produit de la nature, qui s'est développé dans et avec son milieu&nbsp;; d'où il résulte naturellement que les productions du cerveau humain, qui en dernière analyse sont aussi des produits de la nature, ne sont pas en contradiction, mais en conformité avec l'ensemble de la nature.&nbsp;»<br /> «&nbsp;Hegel était idéaliste, ce qui veut dire qu'au lieu de considérer les idées de son esprit comme les reflets<ref>dans l'original : Abbilder, parfois Engels parle de « reproduction »</ref> plus ou moins abstraits des choses et des processus réels, il considérait à l'inverse les objets et leur développement comme de simples copies réalisées de l'«&nbsp;Idée&nbsp;» existant on ne sait où dès avant le monde.&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;L'unité du monde ne consiste pas en son Etre... L'unité réelle du monde consiste en sa matérialité, et celle-ci se prouve... par un long et laborieux développement de la philosophie et de la science de la nature... Le mouvement est le mode d'existence de la matière. Jamais, et nulle part, il n'y a eu de matière sans mouvement, et il ne peut y en avoir... Mais si l'on demande ensuite ce que sont la pensée et la conscience et d'où elles viennent, on trouve qu'elles sont des produits du cerveau humain et que l'homme est lui-même un produit de la nature, qui s'est développé dans et avec son milieu&nbsp;; d'où il résulte naturellement que les productions du cerveau humain, qui en dernière analyse sont aussi des produits de la nature, ne sont pas en contradiction, mais en conformité avec l'ensemble de la nature.&nbsp;»<br /> «&nbsp;Hegel était idéaliste, ce qui veut dire qu'au lieu de considérer les idées de son esprit comme les reflets<ref>dans l'original : Abbilder, parfois Engels parle de « reproduction »</ref> plus ou moins abstraits des choses et des processus réels, il considérait à l'inverse les objets et leur développement comme de simples copies réalisées de l'«&nbsp;Idée&nbsp;» existant on ne sait où dès avant le monde.&nbsp;»
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Dans son ''Ludwig Feuerbach'', livre où il expose ses propres idées et celles de Marx sur la philosophie de [[Feuerbach|Feuerbach]], et qu'il n'envoya à l'impression qu'après avoir relu encore une fois le vieux manuscrit de 1844-1845 écrit en collaboration avec Marx sur Hegel, ''Feuerbach et la conception matérialiste de l'histoire'', Engels écrit&nbsp;:
 
Dans son ''Ludwig Feuerbach'', livre où il expose ses propres idées et celles de Marx sur la philosophie de [[Feuerbach|Feuerbach]], et qu'il n'envoya à l'impression qu'après avoir relu encore une fois le vieux manuscrit de 1844-1845 écrit en collaboration avec Marx sur Hegel, ''Feuerbach et la conception matérialiste de l'histoire'', Engels écrit&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;La grande question fondamentale de toute philosophie, et spécialement de la philosophie moderne, est celle... du rapport de la pensée à l'être, de l'esprit à la nature... la question de savoir quel est l'élément primordial, l'esprit ou la nature... Selon qu'ils répondaient de telle ou telle façon à cette question, les philosophes se divisaient en deux grands camps. Ceux qui affirmaient le caractère primordial de l'esprit par rapport à la nature, et qui admettaient, par conséquent, en dernière instance,une création du monde de quelque espèce que ce fût... formaient le camp de l'idéalisme. Les autres, qui considéraient la nature comme l'élément primordial, appartenaient aux différentes écoles du matérialisme.&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;La grande question fondamentale de toute philosophie, et spécialement de la philosophie moderne, est celle... du rapport de la pensée à l'être, de l'esprit à la nature... la question de savoir quel est l'élément primordial, l'esprit ou la nature... Selon qu'ils répondaient de telle ou telle façon à cette question, les philosophes se divisaient en deux grands camps. Ceux qui affirmaient le caractère primordial de l'esprit par rapport à la nature, et qui admettaient, par conséquent, en dernière instance,une création du monde de quelque espèce que ce fût... formaient le camp de l'idéalisme. Les autres, qui considéraient la nature comme l'élément primordial, appartenaient aux différentes écoles du matérialisme.&nbsp;»
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Marx repoussait catégoriquement non seulement l'[[Idéalisme|idéalisme]], toujours lié d'une façon ou d'une autre à la [[Religion|religion]], mais aussi le point de vue, particulièrement répandu de nos jours, de Hume et de Kant, l'[[Agnosticisme|agnosticisme]], le [[Criticisme|criticisme]], le [[Positivisme|positivisme]] sous leurs différents aspects, considérant ce genre de philosophie comme une concession «&nbsp;réactionnaire&nbsp;» à l'idéalisme et, dans le meilleur des cas, comme «&nbsp;une façon honteuse d'accepter le matérialisme en cachette, tout en le reniant publiquement&nbsp;».
 
Marx repoussait catégoriquement non seulement l'[[Idéalisme|idéalisme]], toujours lié d'une façon ou d'une autre à la [[Religion|religion]], mais aussi le point de vue, particulièrement répandu de nos jours, de Hume et de Kant, l'[[Agnosticisme|agnosticisme]], le [[Criticisme|criticisme]], le [[Positivisme|positivisme]] sous leurs différents aspects, considérant ce genre de philosophie comme une concession «&nbsp;réactionnaire&nbsp;» à l'idéalisme et, dans le meilleur des cas, comme «&nbsp;une façon honteuse d'accepter le matérialisme en cachette, tout en le reniant publiquement&nbsp;».
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Le matérialisme de Marx est au contraire critique et pratique, il est un dépassement de cette opposition entre les conceptions idéalistes et matérialistes classiques car, tout en affirmant la détermination première du réel, du concret, il prend en compte les interactions entre ces deux conceptions.
 
Le matérialisme de Marx est au contraire critique et pratique, il est un dépassement de cette opposition entre les conceptions idéalistes et matérialistes classiques car, tout en affirmant la détermination première du réel, du concret, il prend en compte les interactions entre ces deux conceptions.
<blockquote>«&nbsp;Les deux interprétations du monde, le matérialisme et l'idéalisme, tombent avec la praxis (marxiste) révolutionnaire. Elles perdent leur opposition [...]. La spécificité du marxisme , son caractère révolutionnaire (donc son caractère de classe) ne proviennent donc pas d'une prise de position matérialiste, mais de son caractère pratique, dépassant la spéculation, donc la philosophie, donc le matérialisme comme l'idéalisme.&nbsp;»<ref name="lefebvre">Henri Lefèbvre, </ref></blockquote>  
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«&nbsp;Les deux interprétations du monde, le matérialisme et l'idéalisme, tombent avec la praxis (marxiste) révolutionnaire. Elles perdent leur opposition [...]. La spécificité du marxisme , son caractère révolutionnaire (donc son caractère de classe) ne proviennent donc pas d'une prise de position matérialiste, mais de son caractère pratique, dépassant la spéculation, donc la philosophie, donc le matérialisme comme l'idéalisme.&nbsp;»<ref name="lefebvre">Henri Lefèbvre, </ref>
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Car toute pratique est constituée à la fois de concret et de "pensée". Le [[Travail|travail]], par exemple, nécessite à la fois la réflexion et l'action. C'est bien grâce à la relative autonomie de la pensée et de la culture humaine, que les hommes sont capables d'agir en retour sur leurs propres conditions matérielles d'existence.
 
Car toute pratique est constituée à la fois de concret et de "pensée". Le [[Travail|travail]], par exemple, nécessite à la fois la réflexion et l'action. C'est bien grâce à la relative autonomie de la pensée et de la culture humaine, que les hommes sont capables d'agir en retour sur leurs propres conditions matérielles d'existence.
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Ce blocage intellectuel était encore aggravé par la méconnaissance profonde des écrits d’Engels dans laquelle se complait l’Université philosophante.&nbsp;»
 
Ce blocage intellectuel était encore aggravé par la méconnaissance profonde des écrits d’Engels dans laquelle se complait l’Université philosophante.&nbsp;»
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Or, chez Engels, les principes philosophiques, dialectiques matérialistes <blockquote>« ne sont pas le point de départ de la recherche mais son résultat final; ils ne sont pas appliqués à la nature et à l'histoire des hommes mais abstraits de celle-ci; ce ne sont pas la nature et l'empire de l'homme qui se conforment aux principes, mais les principes ne sont exacts que dans la mesure où ils sont conformes à la nature et à l'histoire. »<ref>Engels, F., trad. Émile Bottigelli ''(1971). Anti-Dühring'' (p.66). Éd. sociales.</ref></blockquote>Cependant au XX, quelques scientifiques comme [[Georges_Politzer|Georges Politzer]], [[Lev_Vigotsky|Lev Vigotsky]], [[Paul_Langevin|Paul Langevin]], [[Henri_Wallon|Henri Wallon]], [[J.B.S._Haldane|J.B.S. Haldane]], [[Stephan_Jay_Gould|Stephan Jay Gould]], [[Alexandre_Zinoviev|Alexandre Zinoviev]], [[Richard_Lewontin|Richard Lewontin]], [[William_Lawvere|William Lawvere]] reconnaissent ouvertement la dialectique dans l'objet de leurs études. Ils usent de démarche dialectique. Au XXI, des ouvrages remettent en avant la dialectique dans les sciences comme ceux de&nbsp;: [[Bertell_Ollman|Bertell Ollman]], [[Patrick_Tort|Patrick Tort]], Pascal Charbonnat, [[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]], [[Lucien_Sève|Lucien Sève]], [[Georges_Gastaud|Georges Gastaud]].
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Or, chez Engels, les principes philosophiques, dialectiques matérialistes  
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« ne sont pas le point de départ de la recherche mais son résultat final; ils ne sont pas appliqués à la nature et à l'histoire des hommes mais abstraits de celle-ci; ce ne sont pas la nature et l'empire de l'homme qui se conforment aux principes, mais les principes ne sont exacts que dans la mesure où ils sont conformes à la nature et à l'histoire. »<ref>Engels, F., trad. Émile Bottigelli ''(1971). Anti-Dühring'' (p.66). Éd. sociales.</ref>
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Cependant au XX, quelques scientifiques comme [[Georges_Politzer|Georges Politzer]], [[Lev_Vigotsky|Lev Vigotsky]], [[Paul_Langevin|Paul Langevin]], [[Henri_Wallon|Henri Wallon]], [[J.B.S._Haldane|J.B.S. Haldane]], [[Stephan_Jay_Gould|Stephan Jay Gould]], [[Alexandre_Zinoviev|Alexandre Zinoviev]], [[Richard_Lewontin|Richard Lewontin]], [[William_Lawvere|William Lawvere]] reconnaissent ouvertement la dialectique dans l'objet de leurs études. Ils usent de démarche dialectique. Au XXI, des ouvrages remettent en avant la dialectique dans les sciences comme ceux de&nbsp;: [[Bertell_Ollman|Bertell Ollman]], [[Patrick_Tort|Patrick Tort]], Pascal Charbonnat, [[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]], [[Lucien_Sève|Lucien Sève]], [[Georges_Gastaud|Georges Gastaud]].
    
===Négation de la négation au XXI===
 
===Négation de la négation au XXI===
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Si depuis le XX, les chercheurs rejettent la dialectique, en Chine, on met en lumière la dialectique de/dans la nature depuis des siècles. On l'associe au réel. Le sinologue [[François_Jullien|François Jullien]] montre qu'Hegel a eu tort de voir dans la dialectique chinoise un processus vide parce qu'elle s'exprime en dehors de la logique<ref>Jullien, F. (2012). ''Figures de l'immanence : Pour une lecture philosophique du Yi king, le Classique du changement''. Point.</ref>. Les regards et les actions (moment-position; ''shi wei'') <ref>Yves Richez (2017). ''[https://iste-editions.fr/products/detection-et-developpement-des-talents-en-entreprise Détection et développement des talents en entreprise]'' (p.84). éditions ISTE</ref><ref>Karl Marx use ainsi l' « action » dans le sens de « ''procès'' » dans son livre [[Le Capital]]. Le pédagogue [[John Dewey]] par sa connaissance d'Hegel de la même manière le terme « action » dans le sens de « ''procès'' ». Dewey est un des rares pragmatiques dialecticiens.</ref> associés au réel sont culturellement matérialistes avec des représentations immanentes, fractales, changeantes et athées du monde.  
 
Si depuis le XX, les chercheurs rejettent la dialectique, en Chine, on met en lumière la dialectique de/dans la nature depuis des siècles. On l'associe au réel. Le sinologue [[François_Jullien|François Jullien]] montre qu'Hegel a eu tort de voir dans la dialectique chinoise un processus vide parce qu'elle s'exprime en dehors de la logique<ref>Jullien, F. (2012). ''Figures de l'immanence : Pour une lecture philosophique du Yi king, le Classique du changement''. Point.</ref>. Les regards et les actions (moment-position; ''shi wei'') <ref>Yves Richez (2017). ''[https://iste-editions.fr/products/detection-et-developpement-des-talents-en-entreprise Détection et développement des talents en entreprise]'' (p.84). éditions ISTE</ref><ref>Karl Marx use ainsi l' « action » dans le sens de « ''procès'' » dans son livre [[Le Capital]]. Le pédagogue [[John Dewey]] par sa connaissance d'Hegel de la même manière le terme « action » dans le sens de « ''procès'' ». Dewey est un des rares pragmatiques dialecticiens.</ref> associés au réel sont culturellement matérialistes avec des représentations immanentes, fractales, changeantes et athées du monde.  
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En effet, le biochimiste marxiste et sinologue des sciences [[Joseph Needham]] montre en premier lieu :<blockquote>« de façon détaillée que la 'philosophie perennis' de la chine est un 'matériialisme organique' : cela peut être mis en lumière par les déclarations des philosophes et des penseurs scientifiques de chaque période. La pensée chinoise n'a jamais développée de vision mécaniste du monde, ... »<ref name=":0">Needham, J. (1973). ''La science chinoise et l'Occident''. Points (Sciences). (imp. de 2019) (éd original, 1969)</ref> (Needham, 1969, 14)</blockquote>D'autre part, « la pensée et la pratique mathématiques chinoises furent invariablement algébriques et non pas géométrique ». Elles ne sont donc pas abstraites mais pragmatiques/pratiques (id, p.15). Les nombres en Chine sont utilisés « comme matériaux de mesures quantitatives opérées ''a posteriori'' » et non « sous forme de « numérologie » ou de mysticisme du nombre construit ''a priori'' » (id, p.10) comme au Moyen-âge. Cette démarche apriori domine encore aujourd'hui en occident au XXI siècle essentiellement dans les domaines purement empiriques où le fait fait foi sous couvert de statistiques et de mesures aprioriques (diagnostique). Cette croyance libérale aux faits purs, objectivés et contrôlés (sans cadre théorique, ni sujet, ni histoire) émerge de l'Evidence-based qui peut être traduit par “démarches fondées sur les faits” (selon le point de vue des études de laboratoires contrôlées et randomisées hors sol, hors nature, hors terrain donc sans histoire) ou par “démarches fondées les données probantes” (selon le point de vue de l'étude bibliographique d'articles scientifiques dont les revues sont dirigées à plus de 60% par les pairs (peer) fidèles à l'Evidence-based au détriment de la Science-based, démarches dialectiques fondées sur la science). Dans les pratiques purement empiristes le Fait a substitué Dieu. Or,  « la pratique chinoise , n'[est] pas, comme on peut le croire à première vue, purement empirique » (id. p.15).  
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En effet, le biochimiste marxiste et sinologue des sciences [[Joseph Needham]] montre en premier lieu :
En effet,  pour citer le sémiologue entrepreneur et anthropologue Yves Richez :<blockquote>'''«&nbsp;la pensée chinoise développe elle aussi une pensée dite ''abstraite'', mais le principe s'oriente principalement sur le «&nbsp;procès des choses&nbsp;»<ref>Yves Richez, ISTE, p.49</ref>.'''</blockquote>On est donc sur le principe du [[Devenir (principe)|devenir]], rejeté par les empiristes, mais cher aux utopistes où « les utopies sont comme des enveloppes de brume sous lesquelles s'avancent des idées neuves et réalisables » (Ruyer)<ref>Cuviller, A (1990). ''Vocabulaire philosophique'' (p.241). Le livre de Poche (réimp de 1956).</ref>. En Chine, « l'incarnation du Tao dans l'histoire s'opérait selon un processus continu, toujours renouvelé »<ref name=":0" />  (Needham, 1969, 163, ). Or,  <blockquote>« Personne ne fut explicite à ce sujet que le grand Zhanh Xue-chen.  [...] il sacralis& l'histoire, devenant ainsi le prédécesseur de Hegel, son contemporain mais plus jeune, et de Marx, dans les génération qui suivit; il leur fut naturellement totalement inconnu. »<ref name=":0" /> (id.) </blockquote>Par ailleurs, si en Chine, l'écriture est née du besoin administratif et donc limitant ainsi l'innovation à cause d'un enseignement figuratif par imitation pure, cela n'empêche pas moins qu'il y ait de grandes inventions technologiques et découvertes scientifiques réalisées bien avant l'occident. La méconnaissance de l'atomisme n'a pas empêché une théorie ondulatoire, avec son antithèse onde-particule, « liée à l'éternel flux et reflux des deux principes naturels fondamentaux, le Yang et le Ying ». (JN, p.16).  Cette avancée est le fait que « le sens pratique » (technicité) est a posteriori au regard scientifique (scientificité). La technique dont l'écriture suit la propension dialectique du développement naturel des choses.  
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« de façon détaillée que la 'philosophie perennis' de la chine est un 'matériialisme organique' : cela peut être mis en lumière par les déclarations des philosophes et des penseurs scientifiques de chaque période. La pensée chinoise n'a jamais développée de vision mécaniste du monde, ... »<ref name=":0">Needham, J. (1973). ''La science chinoise et l'Occident''. Points (Sciences). (imp. de 2019) (éd original, 1969)</ref> (Needham, 1969, 14)
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D'autre part, « la pensée et la pratique mathématiques chinoises furent invariablement algébriques et non pas géométrique ». Elles ne sont donc pas abstraites mais pragmatiques/pratiques (id, p.15). Les nombres en Chine sont utilisés « comme matériaux de mesures quantitatives opérées ''a posteriori'' » et non « sous forme de « numérologie » ou de mysticisme du nombre construit ''a priori'' » (id, p.10) comme au Moyen-âge. Cette démarche apriori domine encore aujourd'hui en occident au XXI siècle essentiellement dans les domaines purement empiriques où le fait fait foi sous couvert de statistiques et de mesures aprioriques (diagnostique). Cette croyance libérale aux faits purs, objectivés et contrôlés (sans cadre théorique, ni sujet, ni histoire) émerge de l'Evidence-based qui peut être traduit par “démarches fondées sur les faits” (selon le point de vue des études de laboratoires contrôlées et randomisées hors sol, hors nature, hors terrain donc sans histoire) ou par “démarches fondées les données probantes” (selon le point de vue de l'étude bibliographique d'articles scientifiques dont les revues sont dirigées à plus de 60% par les pairs (peer) fidèles à l'Evidence-based au détriment de la Science-based, démarches dialectiques fondées sur la science). Dans les pratiques purement empiristes le Fait a substitué Dieu. Or,  « la pratique chinoise , n'[est] pas, comme on peut le croire à première vue, purement empirique » (id. p.15).  
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En effet,  pour citer le sémiologue entrepreneur et anthropologue Yves Richez :
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'''«&nbsp;la pensée chinoise développe elle aussi une pensée dite ''abstraite'', mais le principe s'oriente principalement sur le «&nbsp;procès des choses&nbsp;»<ref>Yves Richez, ISTE, p.49</ref>.'''
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On est donc sur le principe du [[Devenir (principe)|devenir]], rejeté par les empiristes, mais cher aux utopistes où « les utopies sont comme des enveloppes de brume sous lesquelles s'avancent des idées neuves et réalisables » (Ruyer)<ref>Cuviller, A (1990). ''Vocabulaire philosophique'' (p.241). Le livre de Poche (réimp de 1956).</ref>. En Chine, « l'incarnation du Tao dans l'histoire s'opérait selon un processus continu, toujours renouvelé »<ref name=":0" />  (Needham, 1969, 163, ). Or,   
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« Personne ne fut explicite à ce sujet que le grand Zhanh Xue-chen.  [...] il sacralis& l'histoire, devenant ainsi le prédécesseur de Hegel, son contemporain mais plus jeune, et de Marx, dans les génération qui suivit; il leur fut naturellement totalement inconnu. »<ref name=":0" /> (id.)  
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Par ailleurs, si en Chine, l'écriture est née du besoin administratif et donc limitant ainsi l'innovation à cause d'un enseignement figuratif par imitation pure, cela n'empêche pas moins qu'il y ait de grandes inventions technologiques et découvertes scientifiques réalisées bien avant l'occident. La méconnaissance de l'atomisme n'a pas empêché une théorie ondulatoire, avec son antithèse onde-particule, « liée à l'éternel flux et reflux des deux principes naturels fondamentaux, le Yang et le Ying ». (JN, p.16).  Cette avancée est le fait que « le sens pratique » (technicité) est a posteriori au regard scientifique (scientificité). La technique dont l'écriture suit la propension dialectique du développement naturel des choses.  
    
Si en occident, technologie et science se séparent à la Renaissance à l'époque de Galilée, elles restent le plus souvent encore amalgamées à cause des visions mécanistes et des pratiques purement empiristes. La technique (mesure : observation-expérimentation) comme moyen apriori de rationalisation (dogme/certitude) fait foi au détriment de la science<ref>Anichini, G., Carraro, F., Geslin, P. Guille-Escuret, G. (2017). ''Technicité versus scientificité - Tensions et équivoques'' (206p.). ISTE.</ref> (contemplation : regard-expérience) comme bon sens (raison/doute).
 
Si en occident, technologie et science se séparent à la Renaissance à l'époque de Galilée, elles restent le plus souvent encore amalgamées à cause des visions mécanistes et des pratiques purement empiristes. La technique (mesure : observation-expérimentation) comme moyen apriori de rationalisation (dogme/certitude) fait foi au détriment de la science<ref>Anichini, G., Carraro, F., Geslin, P. Guille-Escuret, G. (2017). ''Technicité versus scientificité - Tensions et équivoques'' (206p.). ISTE.</ref> (contemplation : regard-expérience) comme bon sens (raison/doute).
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La pensée chinoise est ainsi «&nbsp;insipide&nbsp;» (''dan'') <ref>Yves Richez, ISTE, 2017, p.187 : « La notion d'insipidité au sens chinois renvoie au silence intérieur et à l'indifférence (sans avis arrêté, sans distinction ni préférence, détaché du matériel et honneurs mondains) »</ref>. Elle ne passe pas par des procédures logiques purement idéelles ou spirituelles. Chez les asiatiques, le langage syllabaire et idéographique<ref>Ce langage syllabaire et idéographique concrétise la composante figuratif du « mode opératoire naturel » linguistique chez Yvez Richez, ISTE, 2017.</ref> concrétisent directement la dialectique de/dans la nature dans/par ses représentations. La dialectique des choses est ainsi retranscrite dans les idéogrammes au quotidien; et dans les figures immanentes très symbolisés comme le Yin et le Yang, ou les figures du Yi-King<ref>Jullien, F. (2012). ''Figures de l'immanence : Pour une lecture philosophique du Yi king, le Classique du changement''. Point.</ref>. Junji Itō exploite dans son manga Spirale le mouvement dialectique d'une société capitaliste dans toute sa [[Contradiction|contradiction]]<ref>Postface de Masaru Satō in Junji Itō, ''Spirale'' (2011). Tonkam.</ref> :
 
La pensée chinoise est ainsi «&nbsp;insipide&nbsp;» (''dan'') <ref>Yves Richez, ISTE, 2017, p.187 : « La notion d'insipidité au sens chinois renvoie au silence intérieur et à l'indifférence (sans avis arrêté, sans distinction ni préférence, détaché du matériel et honneurs mondains) »</ref>. Elle ne passe pas par des procédures logiques purement idéelles ou spirituelles. Chez les asiatiques, le langage syllabaire et idéographique<ref>Ce langage syllabaire et idéographique concrétise la composante figuratif du « mode opératoire naturel » linguistique chez Yvez Richez, ISTE, 2017.</ref> concrétisent directement la dialectique de/dans la nature dans/par ses représentations. La dialectique des choses est ainsi retranscrite dans les idéogrammes au quotidien; et dans les figures immanentes très symbolisés comme le Yin et le Yang, ou les figures du Yi-King<ref>Jullien, F. (2012). ''Figures de l'immanence : Pour une lecture philosophique du Yi king, le Classique du changement''. Point.</ref>. Junji Itō exploite dans son manga Spirale le mouvement dialectique d'une société capitaliste dans toute sa [[Contradiction|contradiction]]<ref>Postface de Masaru Satō in Junji Itō, ''Spirale'' (2011). Tonkam.</ref> :
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<blockquote>« Lisez Spirale, de Junji Itō. Vous y trouverez exactement tout ce que Marx a voulu dire. Considérez que cette « spirale » est le « capital ». »(p. 653)<ref>Masaru Satô. À propos de Spirale (p.653). In Junji Itō. ''Spirale''. France. éd. Tokam</ref></blockquote>
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« Lisez Spirale, de Junji Itō. Vous y trouverez exactement tout ce que Marx a voulu dire. Considérez que cette « spirale » est le « capital ». »(p. 653)<ref>Masaru Satô. À propos de Spirale (p.653). In Junji Itō. ''Spirale''. France. éd. Tokam</ref>
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  '''La spirale est une des formes de la dialectique.'''
 
  '''La spirale est une des formes de la dialectique.'''
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«&nbsp;''D'un côté l'alphabet dissocie le signe et l'idée (la chose pensée), de l'autre, le sinogramme associe de manière étroite le signe et la pensée. Cela peut expliquer pourquoi notre culture est si riche en concepts, au même titre que cela explique pourquoi la pensée chinoise, que ce soit d'un point de vue scientifique, réflexion stratégique, artistique, soit restée en proximité du réel. D'un côté, une science euclidienne fondée sur le raisonnement (logismos), de l'autre une science chinoise (philosophia perenis) élaborée à partir d'un matérialisme organique.''&nbsp;»<ref>Yves Richez, ISTE, 2017, p.53</ref>. &nbsp;
 
«&nbsp;''D'un côté l'alphabet dissocie le signe et l'idée (la chose pensée), de l'autre, le sinogramme associe de manière étroite le signe et la pensée. Cela peut expliquer pourquoi notre culture est si riche en concepts, au même titre que cela explique pourquoi la pensée chinoise, que ce soit d'un point de vue scientifique, réflexion stratégique, artistique, soit restée en proximité du réel. D'un côté, une science euclidienne fondée sur le raisonnement (logismos), de l'autre une science chinoise (philosophia perenis) élaborée à partir d'un matérialisme organique.''&nbsp;»<ref>Yves Richez, ISTE, 2017, p.53</ref>. &nbsp;
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Ainsi, la vision du monde de l'occident et de l'orient est transcendantale. Les doctrines sur l'immanence y sont condamnées ou vivement discutées<ref>Pascal Charbonnat (2011). ''Quand les sciences dialoguent avec la métaphysique''. Vuibert.</ref>. Le langage est alphasyllabaire et phonétique<ref>Yves Richez, ISTE, 2017., p.53.</ref>. Or, ces caractéristiques conduisent à rendre les occidentaux et les orientaux aveugle à la dialectique dans/de la nature; Et à mettre ainsi l' «&nbsp;[[Être|Être]]&nbsp;» au centre de toute chose. La notion de l'[[Être|Être]] est inexistante en Chine. En Europe, [[Hegel|Hegel]] est le premier à ne plus faire de l'Être un absolu<blockquote>« si Hegel a pris L'être comme point de départ de sa dialectique, il n'en fait pas un principe absolu. Au surplus, il avertit à maintes reprises ses lecteurs que la synthèse — unité de la thèse et de l'antithèse — est une unité qui préexiste à ses éléments et contient en quelque sorte plus qu'eux, puisqu'elle est à son tour le moment abstrait d'une unité, d'une synthèse ultérieure. Ceci nous permet de préciser ce que Marx emprunte à une méthode avec laquelle il déclare avoir pris plaisir à « flirter » » .<ref>Carmelo, S. (1910). [http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1910_num_17_66_2738 La philosophie de Karl Marx] '''(p.183)'''. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 17ᵉ année, n°66, 1910. pp. 181-210.</ref>. </blockquote>Dès lors afin de mettre en lumière la dialectique dans/de la nature avec des langages alphasyllabaires et phonétiques, il y a une nécessité à utiliser une méthode d'abstraction ou «&nbsp;méthode du passage de l'abstrait au concret&nbsp;» selon le titre de la thèse d'[[Alexandre_Zinoviev|Alexandre Zinoviev]] de 1954. Cette méthode est dite aussi démarche dialectique. Avant Engels, [[John_Stuart_Mill|John Stuart Mill]] a commencé à expliciter cette méthode dialectique&nbsp;:
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Ainsi, la vision du monde de l'occident et de l'orient est transcendantale. Les doctrines sur l'immanence y sont condamnées ou vivement discutées<ref>Pascal Charbonnat (2011). ''Quand les sciences dialoguent avec la métaphysique''. Vuibert.</ref>. Le langage est alphasyllabaire et phonétique<ref>Yves Richez, ISTE, 2017., p.53.</ref>. Or, ces caractéristiques conduisent à rendre les occidentaux et les orientaux aveugle à la dialectique dans/de la nature; Et à mettre ainsi l' «&nbsp;[[Être|Être]]&nbsp;» au centre de toute chose. La notion de l'[[Être|Être]] est inexistante en Chine. En Europe, [[Hegel|Hegel]] est le premier à ne plus faire de l'Être un absolu
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« si Hegel a pris L'être comme point de départ de sa dialectique, il n'en fait pas un principe absolu. Au surplus, il avertit à maintes reprises ses lecteurs que la synthèse — unité de la thèse et de l'antithèse — est une unité qui préexiste à ses éléments et contient en quelque sorte plus qu'eux, puisqu'elle est à son tour le moment abstrait d'une unité, d'une synthèse ultérieure. Ceci nous permet de préciser ce que Marx emprunte à une méthode avec laquelle il déclare avoir pris plaisir à « flirter » » .<ref>Carmelo, S. (1910). [http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1910_num_17_66_2738 La philosophie de Karl Marx] '''(p.183)'''. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 17ᵉ année, n°66, 1910. pp. 181-210.</ref>.  
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Dès lors afin de mettre en lumière la dialectique dans/de la nature avec des langages alphasyllabaires et phonétiques, il y a une nécessité à utiliser une méthode d'abstraction ou «&nbsp;méthode du passage de l'abstrait au concret&nbsp;» selon le titre de la thèse d'[[Alexandre_Zinoviev|Alexandre Zinoviev]] de 1954. Cette méthode est dite aussi démarche dialectique. Avant Engels, [[John_Stuart_Mill|John Stuart Mill]] a commencé à expliciter cette méthode dialectique&nbsp;:
 
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«&nbsp;[...] la méthode dialectique n'est rien d'autre qu'une pensée scientifique dans des conditions où, pour paraphraser Marx, les méthodes d'investigation expérimentale et empirique doivent laisser la place à la force de l'abstraction, à des postulats théoriques et à des déductions appliquées à une interconnexion changeante et complexe de relation et de processus. John Stuart Mill avait déjà tenté de décrire une telle méthode, mais Dieu sait pourquoi on ne l'a jamais rapprochée à la dialectique. En Russie, Tchernychevski, qui avait traduit Mill en russe, l'avait également évoquée.&nbsp;». <ref>Zinoviev, A. (1991). Ma thèse. in Alexandre Zinoviev, ''Les confessions d'un homme en trop (p.324). éd. éditions Folio.''</ref>.
 
«&nbsp;[...] la méthode dialectique n'est rien d'autre qu'une pensée scientifique dans des conditions où, pour paraphraser Marx, les méthodes d'investigation expérimentale et empirique doivent laisser la place à la force de l'abstraction, à des postulats théoriques et à des déductions appliquées à une interconnexion changeante et complexe de relation et de processus. John Stuart Mill avait déjà tenté de décrire une telle méthode, mais Dieu sait pourquoi on ne l'a jamais rapprochée à la dialectique. En Russie, Tchernychevski, qui avait traduit Mill en russe, l'avait également évoquée.&nbsp;». <ref>Zinoviev, A. (1991). Ma thèse. in Alexandre Zinoviev, ''Les confessions d'un homme en trop (p.324). éd. éditions Folio.''</ref>.
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Les militants trotskistes [[Alan_Woods|Alan Woods]] et [[Ted_Grant|Ted Grant]] considèrent que le matérialisme dialectique demeure un outil méthodologique valable pour la recherche scientifique. Ils reconnaissent cependant que même si les chercheurs, selon eux, usent dans leurs travaux de démarches dialectiques, sont pour la plupart réticents à employer l'expression ''«&nbsp;matérialisme dialectique&nbsp;»'', du fait du discrédit idéologique désormais rattaché à ce mot<ref>Alan Woods, Ted Grant, ''Reason in Revolt: Dialectical Philosophy and Modern Science'', Algora Publishing, 2003, pages 187-191</ref>. Cependant doivent-ils employer l'expression pour être ou paraître ''«&nbsp;matérialisme dialectique&nbsp;»'' comme les chercheurs soviétiques le font excessivement à partir des années 50&nbsp;?
 
Les militants trotskistes [[Alan_Woods|Alan Woods]] et [[Ted_Grant|Ted Grant]] considèrent que le matérialisme dialectique demeure un outil méthodologique valable pour la recherche scientifique. Ils reconnaissent cependant que même si les chercheurs, selon eux, usent dans leurs travaux de démarches dialectiques, sont pour la plupart réticents à employer l'expression ''«&nbsp;matérialisme dialectique&nbsp;»'', du fait du discrédit idéologique désormais rattaché à ce mot<ref>Alan Woods, Ted Grant, ''Reason in Revolt: Dialectical Philosophy and Modern Science'', Algora Publishing, 2003, pages 187-191</ref>. Cependant doivent-ils employer l'expression pour être ou paraître ''«&nbsp;matérialisme dialectique&nbsp;»'' comme les chercheurs soviétiques le font excessivement à partir des années 50&nbsp;?
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Toute la manière de concevoir, chez Marx, ce n'est pas une doctrine, c'est une méthode. Elle n'offre pas de dogmes tout apprêtés, mais des points de repère pour une recherche ultérieure, et la méthode de cette recherche.<ref>Engels, lettre à Weiner Sombart in ''Le Capital'' de Karl Marx, Friedrich Engels, éd. Folio Essai, 2008  (ISBN 978-2-07-035574-7), t. 1, partie Introduction générale par Maximilien Rubel (1968), p. 74</ref>
 
Toute la manière de concevoir, chez Marx, ce n'est pas une doctrine, c'est une méthode. Elle n'offre pas de dogmes tout apprêtés, mais des points de repère pour une recherche ultérieure, et la méthode de cette recherche.<ref>Engels, lettre à Weiner Sombart in ''Le Capital'' de Karl Marx, Friedrich Engels, éd. Folio Essai, 2008  (ISBN 978-2-07-035574-7), t. 1, partie Introduction générale par Maximilien Rubel (1968), p. 74</ref>
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Dans notre langage alphasyllabaire et phonétique, les démarches dialectiques permettent de rendre intelligibles et abordables les [[Contradiction|contradictions]] (tendances antagoniques), c'est-à-dire les situations insolites et paradoxales que l'on rencontre dans les observations et les expériences scientifiques<ref name="SPp7">[[Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'', éd. Hermann, 2012, p.7</ref>.<blockquote>Certes, le mode d'exposition doit se distinguer formellement du mode d'investigation. À l'investigation de faire sienne la matière dans le détail, d'en analyser les diverses formes de développement et de découvrir leur lien intime. C'est seulement lorsque la tâche est accomplie que le mouvement réel peut être exposé en conséquence. Si l'on réussit et que la vie de la matière traitée se réfléchit alors idéellement, il peut sembler que l'on ait affaire à une construction '''''a priori''''' [avant toute expérience, M.H].<ref>Marx, K. Le Capital. in Michael Heirich (2015), ''Comment lire le Capital'' (p.52). Smolny</ref></blockquote>Comme l'a récemment expériencié et expérimenté [[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]], ces démarches dialectiques permettent de résoudre des problèmes scientifiques [[Contradiction|contradictoires]], insolites et paradoxaux dans tous les domaines de connaissances dont dans les mathématiques appliquées. <blockquote>«&nbsp;Mais, c'est surtout la sociologie et la psychologie de la recherche, les méthodes de productions de connaissances, si éloignées d'une logique communément admise mais très peu convaincante, qui peuvent trouver dans la dialectique un cadre permettant une ébauche de cohérence.»<ref name="SPp7">[[Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'', éd. Hermann, 2012, p.7</ref> </blockquote>
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Dans notre langage alphasyllabaire et phonétique, les démarches dialectiques permettent de rendre intelligibles et abordables les [[Contradiction|contradictions]] (tendances antagoniques), c'est-à-dire les situations insolites et paradoxales que l'on rencontre dans les observations et les expériences scientifiques<ref name="SPp7">[[Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'', éd. Hermann, 2012, p.7</ref>.
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Certes, le mode d'exposition doit se distinguer formellement du mode d'investigation. À l'investigation de faire sienne la matière dans le détail, d'en analyser les diverses formes de développement et de découvrir leur lien intime. C'est seulement lorsque la tâche est accomplie que le mouvement réel peut être exposé en conséquence. Si l'on réussit et que la vie de la matière traitée se réfléchit alors idéellement, il peut sembler que l'on ait affaire à une construction '''''a priori''''' [avant toute expérience, M.H].<ref>Marx, K. Le Capital. in Michael Heirich (2015), ''Comment lire le Capital'' (p.52). Smolny</ref>
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Comme l'a récemment expériencié et expérimenté [[Évariste_Sanchez-Palencia|Évariste Sanchez-Palencia]], ces démarches dialectiques permettent de résoudre des problèmes scientifiques [[Contradiction|contradictoires]], insolites et paradoxaux dans tous les domaines de connaissances dont dans les mathématiques appliquées.  
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«&nbsp;Mais, c'est surtout la sociologie et la psychologie de la recherche, les méthodes de productions de connaissances, si éloignées d'une logique communément admise mais très peu convaincante, qui peuvent trouver dans la dialectique un cadre permettant une ébauche de cohérence.»<ref name="SPp7">[[Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'', éd. Hermann, 2012, p.7</ref>  
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«&nbsp;Hegel distinguait les connaissances philosophique et mathématique par l’absence de dialectique de la seconde [Heg06, Préface, XLVIII sq. ]. En décrivant la nature dialectique de la pratique mathématique, Cavaillès et Lawvere ont paradoxalement montré, contre Hegel, ce que l’histoire des mathématiques avait de profondément hegelien&nbsp;: le concept philosophique immanent au concept mathématique.&nbsp;»<ref>Baptiste Mélès, « Pratique mathématique et lectures de Hegel, de Jean Cavaillès à William Lawvere », Philosophia Scientiæ [En ligne], 16-1 | 2012, mis en ligne le 01 avril 2015, consulté le 08 novembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/725 ; DOI : 10.4000/philosophiascientiae.725 .</ref>
 
«&nbsp;Hegel distinguait les connaissances philosophique et mathématique par l’absence de dialectique de la seconde [Heg06, Préface, XLVIII sq. ]. En décrivant la nature dialectique de la pratique mathématique, Cavaillès et Lawvere ont paradoxalement montré, contre Hegel, ce que l’histoire des mathématiques avait de profondément hegelien&nbsp;: le concept philosophique immanent au concept mathématique.&nbsp;»<ref>Baptiste Mélès, « Pratique mathématique et lectures de Hegel, de Jean Cavaillès à William Lawvere », Philosophia Scientiæ [En ligne], 16-1 | 2012, mis en ligne le 01 avril 2015, consulté le 08 novembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/725 ; DOI : 10.4000/philosophiascientiae.725 .</ref>
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==Voir aussi==
 
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