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Certains penseurs ([[w:Gabriel Bonnot de Mably|Mably]], [[w:Ferdinando Galiani|Galiani]], [[w:Simon-Nicolas-Henri Linguet|Linguet]], [[w:Jacques Necker|Necker]]...) se retrouveront à polémiquer avec les [[physiocrates]], qui sont parmi les premiers économistes à justifier  la liberté du commerce des grains, quelles que soient les conséquences sociales (pauvres subissant des famines pendant que des marchands spéculent sur des grains...). Cependant parmi les penseurs convaincus par les physiocrates, on pouvait  trouver des sortes d'ancêtres des [[Social-libéralisme|sociaux-libéraux]] ([[w:René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson|d'Argenson]], [[w:Guillaume-Thomas Raynal|Raynal]]...), préoccupés par la misère mais qui envisageaient surtout un essor économique encadré de façon à ce que les pauvres rattrapent les riches ([[Théorie du ruissellement|ruissellement]]).
 
Certains penseurs ([[w:Gabriel Bonnot de Mably|Mably]], [[w:Ferdinando Galiani|Galiani]], [[w:Simon-Nicolas-Henri Linguet|Linguet]], [[w:Jacques Necker|Necker]]...) se retrouveront à polémiquer avec les [[physiocrates]], qui sont parmi les premiers économistes à justifier  la liberté du commerce des grains, quelles que soient les conséquences sociales (pauvres subissant des famines pendant que des marchands spéculent sur des grains...). Cependant parmi les penseurs convaincus par les physiocrates, on pouvait  trouver des sortes d'ancêtres des [[Social-libéralisme|sociaux-libéraux]] ([[w:René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson|d'Argenson]], [[w:Guillaume-Thomas Raynal|Raynal]]...), préoccupés par la misère mais qui envisageaient surtout un essor économique encadré de façon à ce que les pauvres rattrapent les riches ([[Théorie du ruissellement|ruissellement]]).
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Diderot déplorait qu’« entre les hommes, l’indigence condamne les uns au travail, tandis que d’autres s’engraissent de la peine et de la sueur des premiers »<ref>Diderot, ''Principes de la philosophie morale'',1745</ref> mais, très légaliste, il n'envisageait que des petits pas, sauf à la fin de sa vie où il semble se radicaliser. De même pour Helvétius, qui souligne le problème de la répartition des richesses : « Ce n’est point de la masse plus ou moins grande des richesses nationales, mais de leur plus ou moins inégale répartition, que dépend le bonheur ou le malheur des peuples. »<ref>Helvétius, ''De l’homme'', 1772</ref>   
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Diderot déplorait qu’« entre les hommes, l’indigence condamne les uns au travail, tandis que d’autres s’engraissent de la peine et de la sueur des premiers »<ref>Diderot, ''Principes de la philosophie morale'',1745</ref> mais, très légaliste, il n'envisageait que des petits pas, sauf à la fin de sa vie où il semble se radicaliser. De même pour Helvétius, qui souligne le problème de la répartition des richesses : « Ce n’est point de la masse plus ou moins grande des richesses nationales, mais de leur plus ou moins inégale répartition, que dépend le bonheur ou le malheur des peuples. »<ref>Helvétius, ''De l’homme'', 1772</ref> On peut également relever que [[w:Jean-Joseph-Louis Graslin|Graslin]] fut un des premiers à défendre une idée assez précise d'un [[impôt progressif]] [[Impôt sur le revenu|sur le revenu]].  
    
[[w:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] influença beaucoup les intellectuels français à la veille de la [[Révolution française (1789)|Révolution]], notamment par son ''Contrat social'' et son ''Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes''. Il peint un tableau très critique des civilisations (« L’esprit universel des lois de tous les pays est de favoriser toujours le fort contre le faible, et celui qui a contre celui qui n’a rien »<ref>Jean-Jacques Rousseau, ''Émile ou De l'éducation'', 1762</ref>), et contrairement à d'autres, il considère que cet état civil est une construction sociale, qui ne découle pas de l'état de nature.  L'idée présente chez Rousseau que l'homme est originellement bon, mais avili par la société, est en fait une idée qui le précède et qui traverse tout le siècle, qui génère beaucoup de discours et d'utopies à base de « bons sauvages » ([[w:Nicolas Guedeville|Guedeville]], [[w:Claude Buffier|Buffier]]...), entre autres basées sur les échos des [[w:Mission jésuite du Paraguay|réductions jésuites du Paraguay]] ou de Tahiti (chez Diderot).<ref>LICHTENBERGER (A.), ''Le socialisme au dix-huitième siècle. Essai sur les idées socialistes dans les écrivains français du dix-huitième siècle, avant la Révolution,'' Paris, 1895.</ref><ref>DUCHET (M.), ''Anthropologie et histoire au siècle des Lumières,'' Paris, 1971.</ref><ref>RIHS (C.), ''Les philosophes utopistes. Le mythe de la cité communautaire en France au dix-huitième siècle,'' Paris, 1970.</ref><ref>VAN WIJNGARDEN, ''Les odyssées philosophiques en France entre 1616 et 1789,'' Amsterdam, 1932.</ref>
 
[[w:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] influença beaucoup les intellectuels français à la veille de la [[Révolution française (1789)|Révolution]], notamment par son ''Contrat social'' et son ''Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes''. Il peint un tableau très critique des civilisations (« L’esprit universel des lois de tous les pays est de favoriser toujours le fort contre le faible, et celui qui a contre celui qui n’a rien »<ref>Jean-Jacques Rousseau, ''Émile ou De l'éducation'', 1762</ref>), et contrairement à d'autres, il considère que cet état civil est une construction sociale, qui ne découle pas de l'état de nature.  L'idée présente chez Rousseau que l'homme est originellement bon, mais avili par la société, est en fait une idée qui le précède et qui traverse tout le siècle, qui génère beaucoup de discours et d'utopies à base de « bons sauvages » ([[w:Nicolas Guedeville|Guedeville]], [[w:Claude Buffier|Buffier]]...), entre autres basées sur les échos des [[w:Mission jésuite du Paraguay|réductions jésuites du Paraguay]] ou de Tahiti (chez Diderot).<ref>LICHTENBERGER (A.), ''Le socialisme au dix-huitième siècle. Essai sur les idées socialistes dans les écrivains français du dix-huitième siècle, avant la Révolution,'' Paris, 1895.</ref><ref>DUCHET (M.), ''Anthropologie et histoire au siècle des Lumières,'' Paris, 1971.</ref><ref>RIHS (C.), ''Les philosophes utopistes. Le mythe de la cité communautaire en France au dix-huitième siècle,'' Paris, 1970.</ref><ref>VAN WIJNGARDEN, ''Les odyssées philosophiques en France entre 1616 et 1789,'' Amsterdam, 1932.</ref>
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Mais son analyse radicale contraste avec ses conclusions plutôt modérées, car au fond Rousseau ne croit pas qu'il soit possible de bouleverser radicalement la [[propriété privée]]. Il se contente de prôner une restriction de l'[[héritage]], un [[impôt progressif]]... Finalement, Rousseau se réfugie en grande partie dans des [[utopies]] [[Romantisme|romantiques]].
 
Mais son analyse radicale contraste avec ses conclusions plutôt modérées, car au fond Rousseau ne croit pas qu'il soit possible de bouleverser radicalement la [[propriété privée]]. Il se contente de prôner une restriction de l'[[héritage]], un [[impôt progressif]]... Finalement, Rousseau se réfugie en grande partie dans des [[utopies]] [[Romantisme|romantiques]].
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Parmi ces philosophes qui estiment que l'homme en société est devenu moins vertueux, il y a souvent l'idée (Rousseau, Helvétius, Mably...) que c'est le résultat de la multiplication des besoins, de trop de civilisation. Rousseau se proclama même ennemi des sciences et des arts jugés inséparables du luxe. Ce type de position s'enferme dans des postures moralisantes, et par ailleurs, impuissantes. A l'inverse, des penseurs comme [[w:François Jean de Chastellux|Chastellux]] ou [[w:Nicolas de Condorcet|Condorcet]] repoussaient les [[utopies]] et les idées d'un âge d'or, défendant l'idée [[positiviste]] d'un progrès de la Raison, et plaçant le bonheur humain dans le futur.
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Dans les années 1760, il y eut une vague de philanthropie naïve dans la philosophie et la littérature (''Manco-Capac, premier Inca du Pérou,'' de [[w:Antoine Le Blanc de Guillet|Le Blanc de Guillet]] en 1763, ''Idées d’un citoyen sur les droits et les devoirs des vrais pauvres'' de [[w:Nicolas Baudeau|Baudeau]] en 1765, ''La République des philosophes ou l’histoire des Ajaoiens''  - œuvre anonyme - en 1768, ''Epître aux pauvres'' de [[w:Jean Fontaine-Malherbe|Fontaine]] en 1769, ''[[w:Paul et Virginie|Paul et Virginie]]'' de [[w:Bernardin de Saint-Pierre|Bernardin de Saint-Pierre]] en 1787, ''Le Tartare à Paris'' de l’abbé André en 1788...). [[w:Friedrich Melchior Grimm|Grimm]] rappelait, pour le déplorer, « le nombre de ces philosophes spéculatifs si prodigieusement multiplié depuis vingt ans ». Et [[w:Louis-François Metra|Métra]] évoquait dans sa ''[[w:Correspondance littéraire secrète|Correspondance secrète]]'' en 1782 « ces assertions répétées depuis trente ans dans presque toutes nos brochures sur la morale, sur l’égalité, la perfectibilité de l’homme, la communauté des biens... ».
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Enfin on peut relever que [[w:Jean-Joseph-Louis Graslin|Graslin]] fut un des premiers à défendre une idée assez précise d'un [[impôt progressif]] [[Impôt sur le revenu|sur le revenu]].
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Parmi ces écrivains qui estiment que l'homme en société est devenu moins vertueux, il y a souvent l'idée (Rousseau, Helvétius, Mably, Bernardin de Saint-Pierre...) que c'est le résultat de la multiplication des besoins, de trop de civilisation. Rousseau se proclama même ennemi des sciences et des arts jugés inséparables du luxe. Ce type de position s'enferme dans des postures moralisantes, et par ailleurs, impuissantes. A l'inverse, des penseurs comme [[w:François Jean de Chastellux|Chastellux]] ou [[w:Nicolas de Condorcet|Condorcet]] repoussaient les [[utopies]] et les idées d'un [[âge d'or]], défendant l'idée [[positiviste]] d'un progrès de la Raison, et plaçant le bonheur humain dans le futur.
    
====La Révolution française et Babeuf====
 
====La Révolution française et Babeuf====

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