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=== Premières mesures ===
 
=== Premières mesures ===
Les premières mesures du gouvernement provisoire se veulent en rupture avec la période précédente. La [[peine de mort]] est abolie dans le domaine politique. Les [[w:Châtiment corporel|châtiments corporels]] sont supprimés le 12 mars et la [[w:Contrainte judiciaire|contrainte par corps]] le 19 mars. Le 4 mars une commission est mise en place pour résoudre le problème de l'[[esclavage]] dans les colonies françaises. Ses travaux en permettent l'abolition le 27 avril.
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Les premières mesures du gouvernement provisoire se veulent en rupture avec la période précédente. La [[peine de mort]] est abolie dans le domaine politique. Les [[w:Châtiment corporel|châtiments corporels]] sont supprimés le 12 mars et la [[w:Contrainte judiciaire|contrainte par corps]] le 19 mars.  
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Dans le domaine politique, les changements sont importants. La [[liberté de la presse]] et celle de [[Liberté de réunion|réunion]] sont proclamées le 4 mars. Le 5 mars le gouvernement institue le [[suffrage universel]] masculin, en remplacement du [[suffrage censitaire]] en vigueur depuis 1815. D'un coup le corps électoral passe de 250 000 à 9 millions d'électeurs. Cette mesure démocratique fait du monde rural, qui regroupe les trois quarts des habitants, le maître de la vie politique, et ce, pour de nombreuses décennies. Des élections destinées à désigner les membres d'une assemblée constituante sont prévues pour le 9 avril. La [[Garde nationale]], jusque-là réservée aux notables, aux boutiquiers, est ouverte à tous les citoyens (mesure qui indispose une partie des anciens Gardes nationaux qui manifesteront leur mécontentement le 15 mars). Cependant le gouvernement n'est pas disposé à aller plus loin en faveur des républicains les plus radicaux. Le 25 février, dans un discours célèbre, Lamartine s'oppose à l'adoption du [[drapeau rouge]] (devenu très populaire dans les foules parisiennes) et obtient le maintien du drapeau tricolore comme emblème national.  
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Dans le domaine politique, les changements sont importants. La [[liberté de la presse]] et celle de [[Liberté de réunion|réunion]] sont proclamées le 4 mars. Le 5 mars le gouvernement institue le [[suffrage universel]] masculin, en remplacement du [[suffrage censitaire]] en vigueur depuis 1815 (le corps électoral passe soudain de 250 000 à 9 millions d'électeurs). La [[Garde nationale]], jusque-là réservée aux notables, aux boutiquiers, est ouverte à tous les citoyens (mesure qui indispose une partie des anciens Gardes nationaux qui manifesteront leur mécontentement le 15 mars). Cependant le gouvernement n'est pas disposé à aller plus loin en faveur des républicains les plus radicaux. Le 25 février, dans un discours célèbre, Lamartine s'oppose à l'adoption du [[drapeau rouge]] (devenu très populaire dans les foules parisiennes) et obtient le maintien du drapeau tricolore comme emblème national.  
    
La situation économique est très préoccupante. Si les épargnants sont (provisoirement ?) républicains, ils n'en négligent pas pour autant leurs intérêts. Ils retirent leurs économies des caisses d'épargne et des banques, qui ne peuvent faire face à leurs échéances et ne peuvent soutenir le crédit aux entreprises et au commerce. De nombreux établissements de crédit et de nombreuses entreprises font faillite. Aussi le gouvernement prend-il des mesures pour relancer l'activité. Le 7 mars, il permet la fondation du [[w:Comptoir national d'escompte de Paris|Comptoir national d'escompte de Paris]], de même que dans les grandes villes, pour favoriser le financement du petit commerce. Le 15 mars, pour faire face à l'effondrement de l'encaisse-or de la Banque de France, il décrète le cours forcé du billet de banque et fait imprimer des billets de 100 francs, pour permettre les transactions importantes. Le 16 mars, pour faire face aux difficultés de trésorerie de l'État, le ministre des Finances, Garnier-Pagès, institue l'impôt additionnel de 45 centimes (soit une augmentation de 45 % !) qui frappe les revenus. Le mécontentement est tel que le gouvernement doit accepter des dégrèvements et renonce à percevoir l'impôt avant les élections du 23 avril.
 
La situation économique est très préoccupante. Si les épargnants sont (provisoirement ?) républicains, ils n'en négligent pas pour autant leurs intérêts. Ils retirent leurs économies des caisses d'épargne et des banques, qui ne peuvent faire face à leurs échéances et ne peuvent soutenir le crédit aux entreprises et au commerce. De nombreux établissements de crédit et de nombreuses entreprises font faillite. Aussi le gouvernement prend-il des mesures pour relancer l'activité. Le 7 mars, il permet la fondation du [[w:Comptoir national d'escompte de Paris|Comptoir national d'escompte de Paris]], de même que dans les grandes villes, pour favoriser le financement du petit commerce. Le 15 mars, pour faire face à l'effondrement de l'encaisse-or de la Banque de France, il décrète le cours forcé du billet de banque et fait imprimer des billets de 100 francs, pour permettre les transactions importantes. Le 16 mars, pour faire face aux difficultés de trésorerie de l'État, le ministre des Finances, Garnier-Pagès, institue l'impôt additionnel de 45 centimes (soit une augmentation de 45 % !) qui frappe les revenus. Le mécontentement est tel que le gouvernement doit accepter des dégrèvements et renonce à percevoir l'impôt avant les élections du 23 avril.
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Issu d'un soulèvement antimonarchique, le gouvernement provisoire fait tout pour éviter une intervention de la [[w:Sainte-Alliance|Sainte-Alliance]] (l'accord réactionnaire de 1815 entre monarchies européennes pour restaurer l'ordre d'[[Ancien régime]] après [[Révolution française|1789]] et les [[Guerres napoléoniennes|guerres de Napoléon]]). Dès le 4 mars, Lamartine, ministre des Affaires étrangères, annonce que la France a des intentions pacifiques. Mais cela cause des dissensions : les républicains radicaux veulent venir en aide aux démocrates des autres pays qui se soulèvent. Ledru-Rollin laisse se constituer une légion belge, qui intervient sans succès en Belgique (30 mars), dont le roi [[w:Léopold Ier de Belgique|Léopold <abbr>I<sup>er</sup></abbr>]] est le gendre de Louis-Philippe et demande une intervention contre la France. Il en est de même dans les Alpes où les [[Voraces lyonnais]] tentent vainement d'envahir la Savoie appartenant au Roi de Piémont (3 avril).
 
Issu d'un soulèvement antimonarchique, le gouvernement provisoire fait tout pour éviter une intervention de la [[w:Sainte-Alliance|Sainte-Alliance]] (l'accord réactionnaire de 1815 entre monarchies européennes pour restaurer l'ordre d'[[Ancien régime]] après [[Révolution française|1789]] et les [[Guerres napoléoniennes|guerres de Napoléon]]). Dès le 4 mars, Lamartine, ministre des Affaires étrangères, annonce que la France a des intentions pacifiques. Mais cela cause des dissensions : les républicains radicaux veulent venir en aide aux démocrates des autres pays qui se soulèvent. Ledru-Rollin laisse se constituer une légion belge, qui intervient sans succès en Belgique (30 mars), dont le roi [[w:Léopold Ier de Belgique|Léopold <abbr>I<sup>er</sup></abbr>]] est le gendre de Louis-Philippe et demande une intervention contre la France. Il en est de même dans les Alpes où les [[Voraces lyonnais]] tentent vainement d'envahir la Savoie appartenant au Roi de Piémont (3 avril).
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== Tension de la lutte des classes ==
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== Une II<sup>e</sup> République sous tension ==
Les ouvriers révolutionnaires reconnaissent le gouvernement provisoire et lui font initialement confiance, mais ils restent très vigilants et mobilisés. Cela créé de fait des éléments de « [[double pouvoir]] ».
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Les ouvriers révolutionnaires ainsi que la petite-bourgoisie radicale reconnaissent le gouvernement provisoire et lui font initialement confiance, mais ils restent très vigilants et mobilisés. Cela créé de fait des éléments de « [[double pouvoir]] » et une intense [[lutte de classe]].
    
=== Paris et les Ateliers nationaux ===
 
=== Paris et les Ateliers nationaux ===
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Jusqu'au 15 juin 1849.
 
Jusqu'au 15 juin 1849.
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=== La Constituante ===
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Aussitôt après la révolution, le gouvernement provisoire annonce un processus d'[[w:Constitution française du 4 novembre 1848|Assemblée constituante]], pour définir le nouveau régime. Les élections destinées à désigner les membres d'une assemblée constituante sont prévues pour le 9 avril.
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Mais avec le suffrage universel masculin, le centre de gravité électoral est désormais sur les [[Paysannerie|paysans]] (les trois quarts des habitants), qui sont économiquement et idéologiquement dominés par les notables ruraux, donc par leurs idées monarchistes ou en tout cas très conservatrices.
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Les républicains radicaux en sont conscients, et savent qu'ils doivent faire campagne à la campagne pour diffuser les idées républicaines. Ils ont donc besoin de temps. Une manifestation ouvrière parisienne, le 17 mars, obtient le report des élections au 23 avril. Le 16 avril, une autre manifestation, réclamant un second report, est écrasée par Ledru-Rollin s'appuyant sur la Garde nationale. Les élections du 23 avril donnent une majorité aux modérés (monarchistes camouflés et républicains modérés). Les républicains « avancés » sont nettement battus. La nouvelle assemblée se réunit le 4 mai. Elle proclame la République et met fin à l'existence du gouvernement provisoire. Elle élit une [[w:Commission exécutive (1848)|Commission exécutive]] de 5 membres dont sont exclus les éléments les plus progressistes du gouvernement provisoire. La Seconde République entre alors dans une nouvelle phase.
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=== L'esclavage dans les colonies ===
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Le 4 mars une commission est mise en place pour résoudre le problème de l'[[esclavage]] dans les colonies françaises. Ses travaux en permettent l'abolition le 27 avril.
    
== Suites ==
 
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