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[[Fichier:Georges Marchais (cropped).JPG|vignette|320x320px|[[Georges Marchais]],  secrétaire général du PCF de 1972 à 1994]]
[[File:Logo_du_Parti_communiste_français.png|right]][[Georges Marchais]], élu au bureau politique depuis 1961, devient un responsable important du Parti à partir de 1970.
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[[Georges Marchais]], élu au bureau politique depuis 1961, devient un responsable important du Parti à partir de 1970.
    
Le [[Parti socialiste (France)|Parti socialiste]] vient de se refonder en 1969, à partir de la vieille SFIO (affaiblie dans les dernières années) et sous l'impulsion de [[François Mitterrand]]. Ce vieux politicien bourgeois (au passé [[Régime de Vichy|vichyste]]) appelle à l'union de la gauche et manie les formules "radicales" pour capter tout un électorat sur sa gauche et faire pression sur le PC.
 
Le [[Parti socialiste (France)|Parti socialiste]] vient de se refonder en 1969, à partir de la vieille SFIO (affaiblie dans les dernières années) et sous l'impulsion de [[François Mitterrand]]. Ce vieux politicien bourgeois (au passé [[Régime de Vichy|vichyste]]) appelle à l'union de la gauche et manie les formules "radicales" pour capter tout un électorat sur sa gauche et faire pression sur le PC.
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''« Notre objectif fondamental, c'est de refaire un grand parti socialiste sur le terrain occupé par le PCF lui-même afin de faire la démonstration que, sur les cinq millions d'électeurs communistes, trois millions peuvent voter socialiste. »''<ref>Slate, ''[http://www.slate.fr/story/144448/ps-communistes-centristes Le PS ruiné par son ex et par son meilleur coup d'un soir]'', 24 avril 2017</ref>
 
''« Notre objectif fondamental, c'est de refaire un grand parti socialiste sur le terrain occupé par le PCF lui-même afin de faire la démonstration que, sur les cinq millions d'électeurs communistes, trois millions peuvent voter socialiste. »''<ref>Slate, ''[http://www.slate.fr/story/144448/ps-communistes-centristes Le PS ruiné par son ex et par son meilleur coup d'un soir]'', 24 avril 2017</ref>
 
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Il fallut tout le poids du PCF pour faire passer Mitterrand pour un ami des travailleur·ses. Et les militant·es du PCF, finalement convaincus par leur direction, distribuèrent massivement le  Programme commun, dans les usines, les quartiers, les lycées, et ne toléraient aucune critique contre Mitterrand. Ce fut le [[programme politique]] le plus diffusé au 20<sup>e</sup> siècle en France.<ref>Christophe Batardy, ''[http://www.theses.fr/2016NANT2018 Le programme commun de gouvernement : pour une histoire programmatique du politique (1972-1977) (thèse de doctorat en histoire)]'', 2016</ref> En miroir des illusions dans la classe ouvrière, une grande partie de la bourgeoisie avait une peur très exagérée de cette union de la gauche. La famille Bettencourt mit préventivement sa fortune à l'abri à l'étranger, en signant un accord avec le groupe américano-suisse Nestlé, en 1974.<ref>Les Echos, ''[https://www.lesechos.fr/2018/02/nestle-tire-un-trait-sur-le-pacte-avec-la-famille-bettencourt-967858 Nestlé tire un trait sur le pacte avec la famille Bettencourt]'', Février 2018</ref>  
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Il fallut tout le poids du PCF pour faire passer Mitterrand pour un ami des travailleur·ses. Et les militant·es du PCF, finalement convaincus par leur direction, distribuèrent massivement le  Programme commun, dans les usines, les quartiers, les lycées, et ne toléraient aucune critique contre Mitterrand. Ce fut le [[programme politique]] le plus diffusé au 20<sup>e</sup> siècle en France.<ref>Christophe Batardy, ''[http://www.theses.fr/2016NANT2018 Le programme commun de gouvernement : pour une histoire programmatique du politique (1972-1977) (thèse de doctorat en histoire)]'', 2016</ref> En miroir des illusions dans la classe ouvrière, une grande partie de la bourgeoisie avait une peur très exagérée de cette union de la gauche. La famille Bettencourt mit préventivement sa fortune à l'abri à l'étranger, en signant un accord avec le groupe américano-suisse Nestlé, en 1974.<ref>Les Echos, ''[https://www.lesechos.fr/2018/02/nestle-tire-un-trait-sur-le-pacte-avec-la-famille-bettencourt-967858 Nestlé tire un trait sur le pacte avec la famille Bettencourt]'', Février 2018</ref>[[File:Logo_du_Parti_communiste_français.png|right|263x263px]]Aux [[w:Élection présidentielle française de 1974|présidentielles de 1974]], Mitterand obtient en tant que candidat PS-PC-[[w:Mouvement des radicaux de gauche|MRG]] un score de 43% (49% au second tour). Pendant ces années, le PS parvient à attirer à lui toute une frange militante ou sympathisante issue de l'après [[Mai 1968|1968]], notamment en se montrant plus capable de surfer sur des revendications emergeantes ([[féminisme]], [[Écologisme|écologie]], [[régionalisme]], peur de l'arme atomique...) que le PC pris dans la sclérose [[Stalinisme|stalinienne]]. De plus, la parution en France de ''L'Archipel du Goulag'' d'Alexandre Soljenitsyne, ébranle beaucoup le PCF.  
 
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Aux [[w:Élection présidentielle française de 1974|présidentielles de 1974]], Mitterand obtient en tant que candidat PS-PC-[[w:Mouvement des radicaux de gauche|MRG]] un score de 43% (49% au second tour). Pendant ces années, le PS parvient à attirer à lui toute une frange militante ou sympathisante issue de l'après [[Mai 1968|1968]], notamment en se montrant plus capable de surfer sur des revendications emergeantes ([[féminisme]], [[Écologisme|écologie]], [[régionalisme]], peur de l'arme atomique...) que le PC pris dans la sclérose [[Stalinisme|stalinienne]]. De plus, la parution en France de ''L'Archipel du Goulag'' d'Alexandre Soljenitsyne, ébranle beaucoup le PCF.  
      
Aux cantonales de 1976, pour la première fois depuis 1945, le PCF est devancé par le PS. Aux municipales de 1977, PS et PCF obtiennent le meilleur résultat de leur histoire, le PCF devient le parti qui dirige le plus grand nombre de mairie à travers la France.
 
Aux cantonales de 1976, pour la première fois depuis 1945, le PCF est devancé par le PS. Aux municipales de 1977, PS et PCF obtiennent le meilleur résultat de leur histoire, le PCF devient le parti qui dirige le plus grand nombre de mairie à travers la France.
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Ces zigs-zags desservaient profondément le PCF, qui avait habitué sa base à espérer une victoire électorale tout en apparaissant comme un obstacle à cette victoire. Marchais n'obtient que 15,35%, alors que Mitterrand obtient 25,85%.
 
Ces zigs-zags desservaient profondément le PCF, qui avait habitué sa base à espérer une victoire électorale tout en apparaissant comme un obstacle à cette victoire. Marchais n'obtient que 15,35%, alors que Mitterrand obtient 25,85%.
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A la surprise générale, Mitterrand est élu au second tour, malgré la division de la gauche. Mitterrand n'avait pas besoin du PCF pour gouverner, mais il a préféré l'associer pour s'éviter toute opposition de gauche. Le PCF a donc de nouveau des ministres&nbsp;: [[Charles Fiterman]] (Transports), [[Anicet Le Pors]] (Fonction publique), [[Jack Ralite]] (Santé) et [[Marcel Rigout]] (Formation professionnelle).
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A la surprise générale, Mitterrand est élu au second tour, malgré la division de la gauche. Mitterrand n'avait pas besoin du PCF pour gouverner, mais il a préféré l'associer pour s'éviter toute opposition de gauche. Il confia à l'homme de droite Chaban-Delmas :
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« J'ai besoin des communistes, je vais les utiliser, je vais continuer à les réduire. À moins qu'ils ne reçoivent un ordre de Moscou, ils ne rompront pas. Ils ne vont pas bouger. Je les aurai à la main, au moins jusqu'aux municipales »<ref>Cité dans Favier et Martin-Rolland, La décennie Mitterrand</ref>
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Mitterrand dira plus tard au dirigeant du PCF Marcel Rigout :
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« Pour me permettre d'arriver au pouvoir,  il fallait que votre parti soit diminué par rapport au mien, sinon les gens auraient eu peur. Mais je me suis trompé, je vous voyais à 18 %, je n'avais pas imaginé que Marchais vous ferait tomber si bas. Vous m'avez trop aidé. »<ref>Cité dans Favier et Martin-Rolland, La décennie Mitterrand</ref>
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Pourtant dans ces années il y avait un regain de [[guerre froide]], de par la présence de missiles soviétiques proches de l'Europe occidentale, ou le fait que le [[w:État de siège en Pologne de 1981 à 1983|mouvement de grèves en Pologne]] était sous la menace de l'état de siège. Mitterrand dut rassurer les États-Unis. Il expliqua au vice-président George Bush que la participation d'un Parti communiste affaibli était ''« le moyen (...) de ramener le communisme à son vrai niveau »''.
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Mitterrand dira plus tard au dirigeant du PCF Marcel Rigout :  
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Mais de nombreux signes montraient à la bourgeoisie qu'il n'y avait pas réellement de raison de craindre une volonté révolutionnaire des vieux appareils staliniens, comme le fait que les PC avaient facilité la continuité de l'[[État bourgeois]] lors de la chute des dictatures [[w:Transition démocratique espagnole|en Espagne]] et [[Révolution des Œillets|au Portugal]].
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Le PCF a donc de nouveau des ministres&nbsp;: [[Charles Fiterman]] (Transports), [[Anicet Le Pors]] (Fonction publique), [[Jack Ralite]] (Santé) et [[Marcel Rigout]] (Formation professionnelle). Et comme toujours, l'entrée dans les salons de l'élite a de profonds impacts, même sur des hommes issus du mouvement ouvrier.  Jack Ralite racontait ainsi ultérieurement sa nomination :  
 
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« Pour me permettre d'arriver au pouvoir,  il fallait que votre parti soit diminué par rapport au mien, sinon les gens auraient eu peur. Mais je me suis trompé, je vous voyais à 18 %, je n'avais pas imaginé que Marchais vous ferait tomber si bas. Vous m'avez trop aidé. »<ref>Cité dans Favier et Martin-Rolland, La décennie Mitterrand</ref>
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« C'est que ce n'est pas commun ce qui vous arrive là. Vous devenez ministre. Vous vous rendez compte ! (...) Ne m'en parlez pas trop, j'aurais les larmes yeux. »
 
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Le ministre des Transports, Charles Fiterman, eut droit aux honneurs particuliers dus à un ministre d'État. Il fut logé dans le prestigieux hôtel de Roquelaure (18<sup>e</sup> siècle), avec salons élégants, appartement de fonction et grand jardin, honneur qu'il fit partager à des représentants de l'appareil du PCF, pour qui « la quête éperdue de la reconnaissance sociale (passait) par une certaine valorisation du costume trois-pièces », selon un journaliste des Échos. Fiterman joua à fond son rôle de ministre de Mitterrand, se faisant donner du monsieur le ministre par les journalistes de L'Humanité et les syndicalistes en délégation. Il mit en évidence dans son bureau la maquette du TGV, appelé le train de la Très Grande Victoire par la presse du Parti, faisant passer pour une conquête de la gauche, voire une « très grande victoire » pour les travailleurs, ce qui était surtout une victoire des trusts chargés de la fabrication du TGV.<ref name=":2">Lutte ouvrière, ''[https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/avec-mitterrand-et-apres-la-gauche-17106 Avec Mitterrand et après... la gauche au gouvernement]'', Cercle Léon Trotski n°126, 2011</ref>
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Après le [[tournant de la rigueur]] en 1982-1983, le PCF sent qu'il est menacé de perdre sa base populaire. En 1984, il quitte le gouvernement pour protester contre la nouvelle orientation libérale du Parti socialiste.
 
Après le [[tournant de la rigueur]] en 1982-1983, le PCF sent qu'il est menacé de perdre sa base populaire. En 1984, il quitte le gouvernement pour protester contre la nouvelle orientation libérale du Parti socialiste.
  

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