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Vers la fin du 19<sup>e</sup> siècle, les idées marxistes se diffusent en Russie et sont discutées par plusieurs groupes militants. Le mouvement russe était alors constitué de cercles isolés, de regroupement régionaux discrets, de groupes d’usines sans coordination entre eux, etc. Il n’y avait pas de centre.
 
Vers la fin du 19<sup>e</sup> siècle, les idées marxistes se diffusent en Russie et sont discutées par plusieurs groupes militants. Le mouvement russe était alors constitué de cercles isolés, de regroupement régionaux discrets, de groupes d’usines sans coordination entre eux, etc. Il n’y avait pas de centre.
 
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[[Fichier:Alexandre Oulianov 1887.jpg|vignette|[[Alexandre Oulianov]], frère de Lénine exécuté pour avoir conspiré contre le tsar]]
 
Un [[Premier congrès du POSDR|premier congrès]] avait eu lieu en 1898 et n’avait pu aboutir réellement à une unification du [[Parti_ouvrier_social-démocrate_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]]. En 1901, un groupe d'émigrés fonde un journal, l'''[[Iskra|Iskra]]'' (''L'Étincelle''), visant à centraliser les différents groupes socialistes et cercles ouvriers autour d'une solide théorie [[Marxiste|marxiste]] et d'une organisation efficace (le journal doit être diffusé clandestinement en Russie).  
 
Un [[Premier congrès du POSDR|premier congrès]] avait eu lieu en 1898 et n’avait pu aboutir réellement à une unification du [[Parti_ouvrier_social-démocrate_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]]. En 1901, un groupe d'émigrés fonde un journal, l'''[[Iskra|Iskra]]'' (''L'Étincelle''), visant à centraliser les différents groupes socialistes et cercles ouvriers autour d'une solide théorie [[Marxiste|marxiste]] et d'une organisation efficace (le journal doit être diffusé clandestinement en Russie).  
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===Le 2<sup>e</sup> congrès (1903), origine de la fraction===
 
===Le 2<sup>e</sup> congrès (1903), origine de la fraction===
{{See also|2e congrès du POSDR}}
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{{See also|2e congrès du POSDR}}[[Fichier:2e-congrès-POSDR.jpg|droite|sans_cadre|379x379px|lien=https://wikirouge.net/Fichier:2e-congr%C3%A8s-POSDR.jpg]]Le POSDR tient, en 1903, son second congrès. Les délégués des [[Économisme (Russie)|économistes]] et du [[Union générale des travailleurs juifs|Bund]] (qui réclamaient une organisation autonome pour les social-démocrates juifs), sont mis en minorité. Mais le bloc de l'Iskra se fissure aussitôt. [[Lénine|Lénine]] et [[Julius_Martov|Martov]] ne parviennent pas à s’entendre sur la question des statuts&nbsp;: Lénine veut que l’adhésion au POSDR soit réservée à ceux qui militent activement, alors que Martov veut l’étendre à ceux qui partagent le programme du parti (''«&nbsp;sympathisants&nbsp;»''). Le désaccord conduit à une polarisation du débat entre deux sensibilités.
Le POSDR tient, en 1903, son second congrès. Les délégués des [[Économisme (Russie)|économistes]] et du [[Union générale des travailleurs juifs|Bund]] (qui réclamaient une organisation autonome pour les social-démocrates juifs), sont mis en minorité. Mais le bloc de l'Iskra se fissure aussitôt. [[Lénine|Lénine]] et [[Julius_Martov|Martov]] ne parviennent pas à s’entendre sur la question des statuts&nbsp;: Lénine veut que l’adhésion au POSDR soit réservée à ceux qui militent activement, alors que Martov veut l’étendre à ceux qui partagent le programme du parti (''«&nbsp;sympathisants&nbsp;»''). Le désaccord conduit à une polarisation du débat entre deux sensibilités.
      
L’idée de Lénine était de faire du POSDR une organisation de [[révolutionnaires professionnels]], capables de construire le parti sur des bases solides et résistant à la répression de l’[[Okhrana|Okhrana]]. Lénine disait à Martov&nbsp;: si l’on poursuit votre logique jusqu’à son terme, le parti devra intégrer tout le monde et notre message sera dilué&nbsp;; nous ne serons plus à l’[[Avant-garde|avant-garde]], vous ruinez donc le parti. Martov répliquait&nbsp;: si l’on suit votre logique jusqu’à son terme, on obtiendra une organisation étroite, faite de conspirateurs.
 
L’idée de Lénine était de faire du POSDR une organisation de [[révolutionnaires professionnels]], capables de construire le parti sur des bases solides et résistant à la répression de l’[[Okhrana|Okhrana]]. Lénine disait à Martov&nbsp;: si l’on poursuit votre logique jusqu’à son terme, le parti devra intégrer tout le monde et notre message sera dilué&nbsp;; nous ne serons plus à l’[[Avant-garde|avant-garde]], vous ruinez donc le parti. Martov répliquait&nbsp;: si l’on suit votre logique jusqu’à son terme, on obtiendra une organisation étroite, faite de conspirateurs.
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Pour Lénine, les [[Mencheviks|menchéviks]] sont d'irresponsables désorganisateurs, et le clivage est entre l’aile [[Prolétariat|prolétarienne]] et la tendance [[Intellectuels|intellectualiste]] [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoise]] du parti. Il se moque de ce qu'il considère être un de ''« verbiage et de formules bureaucratiques (c’est-à-dire inutiles pour le travail et soi-disant nécessaires pour la parade)  »'' chez [[Julius Martov|Martov]] (son projet de règles défendu au [[2e congrès du POSDR|congrès]] faisait 48 paragraphes contre 12 pour la version de Lénine).   
 
Pour Lénine, les [[Mencheviks|menchéviks]] sont d'irresponsables désorganisateurs, et le clivage est entre l’aile [[Prolétariat|prolétarienne]] et la tendance [[Intellectuels|intellectualiste]] [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoise]] du parti. Il se moque de ce qu'il considère être un de ''« verbiage et de formules bureaucratiques (c’est-à-dire inutiles pour le travail et soi-disant nécessaires pour la parade)  »'' chez [[Julius Martov|Martov]] (son projet de règles défendu au [[2e congrès du POSDR|congrès]] faisait 48 paragraphes contre 12 pour la version de Lénine).   
 
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[[Fichier:Vperiod.jpg|vignette|''[[Vperiod]]'', journal lancé par Lénine suite à sa rupture avec l'''[[Iskra]]'']]
 
Au départ, tout le monde pensait que la scission ne durerait pas. Pendant des années, la rupture a surtout concerné les milieux [[intellectuels]] dirigeants, en exil. Dans de nombreuses villes, les militants des deux fractions continueront à agir en commun. En fait, 351 organisations du parti restèrent des organisations conjointes bolcheviks-mencheviks jusqu'en 1917, dans certains cas jusqu’en septembre.
 
Au départ, tout le monde pensait que la scission ne durerait pas. Pendant des années, la rupture a surtout concerné les milieux [[intellectuels]] dirigeants, en exil. Dans de nombreuses villes, les militants des deux fractions continueront à agir en commun. En fait, 351 organisations du parti restèrent des organisations conjointes bolcheviks-mencheviks jusqu'en 1917, dans certains cas jusqu’en septembre.
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A partir de l'été 1904, Lénine reconnaît que sa fraction (bien qu'il parle toujours « du parti ») est en déclin. Et le 11 mars 1905 : ''« Les mencheviks sont en ce moment plus forts que nous, il faut une lutte à outrance, une lutte de longue durée. »''<ref>Lénine, Lettre à Goussev, 11 mars 1905</ref>
 
A partir de l'été 1904, Lénine reconnaît que sa fraction (bien qu'il parle toujours « du parti ») est en déclin. Et le 11 mars 1905 : ''« Les mencheviks sont en ce moment plus forts que nous, il faut une lutte à outrance, une lutte de longue durée. »''<ref>Lénine, Lettre à Goussev, 11 mars 1905</ref>
 
===La révolution de 1905===
 
===La révolution de 1905===
 
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[[Fichier:ManifRussie1905.jpg|vignette|388x388px|Le point de départ de la [[Révolution russe (1905)|révolution de 1905]] est une procession religieuse pleine de naïveté qui sera [[Dimanche rouge|impitoyablement réprimée]].|lien=https://wikirouge.net/Fichier:ManifRussie1905.jpg]]La [[Révolution_de_1905|révolution de 1905]], qui prend par surprise l'ensemble des socialistes, impactera beaucoup la situation politique et le [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|POSDR]]. Elle les prend dans une période de recul, et de forte désorganisation. Quatre jours avant qu'elle éclate, [[Nadejda Kroupskaïa|Kroupskaïa]] écrivait au comité des bolcheviks de Saint-Pétersbourg :
La [[Révolution_de_1905|révolution de 1905]], qui prend par surprise l'ensemble des socialistes, impactera beaucoup la situation politique et le [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|POSDR]]. Elle les prend dans une période de recul, et de forte désorganisation. Quatre jours avant qu'elle éclate, [[Nadejda Kroupskaïa|Kroupskaïa]] écrivait au comité des bolcheviks de Saint-Pétersbourg :
   
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Mais où sont les proclamations dont le comité promettait d’inonder la ville ? Nous ne les avons pas reçus. Pas plus qu’aucune correspondance. Nous avons appris par des journaux étrangers qu’il y avait une grève à l’usine Poutilov. Y avons-nous des contacts ? Est-il vraiment impossible d’obtenir des informations sur la grève ? Mais il faut que cela vienne vite… Faites tous les efforts nécessaires pour organiser l’écriture de correspondances par les ouvriers eux-mêmes.
 
Mais où sont les proclamations dont le comité promettait d’inonder la ville ? Nous ne les avons pas reçus. Pas plus qu’aucune correspondance. Nous avons appris par des journaux étrangers qu’il y avait une grève à l’usine Poutilov. Y avons-nous des contacts ? Est-il vraiment impossible d’obtenir des informations sur la grève ? Mais il faut que cela vienne vite… Faites tous les efforts nécessaires pour organiser l’écriture de correspondances par les ouvriers eux-mêmes.
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La droite des menchéviks se déchaîne contre les bolchéviks, accusés  d'[[utopisme]], de [[romantisme révolutionnaire]]. ''«&nbsp;Soulèvement — gouvernement révolutionnaire provisoire — république, voilà tout le schéma politique des bolcheviks.&nbsp;»'' dit [[Noé Jordania|Jordania]]. Plékhanov ne cessait de reprocher un « manque de tact » vis-à-vis de la bourgeoisie libérale<ref>Plékhanov, ''[http://az.lib.ru/p/plehanow_g_w/text_1906_pisma_o_taktike.shtml Lettres sur la tactique et l’absence de tact]'', 1906</ref>.
 
La droite des menchéviks se déchaîne contre les bolchéviks, accusés  d'[[utopisme]], de [[romantisme révolutionnaire]]. ''«&nbsp;Soulèvement — gouvernement révolutionnaire provisoire — république, voilà tout le schéma politique des bolcheviks.&nbsp;»'' dit [[Noé Jordania|Jordania]]. Plékhanov ne cessait de reprocher un « manque de tact » vis-à-vis de la bourgeoisie libérale<ref>Plékhanov, ''[http://az.lib.ru/p/plehanow_g_w/text_1906_pisma_o_taktike.shtml Lettres sur la tactique et l’absence de tact]'', 1906</ref>.
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Les principaux sujets abordés furent la situation politique et les tâches du prolétariat, la question agraire, l'attitude envers la [[Douma d'État de l’Empire russe|Douma]], et les questions d'organisation (Martov fait remplacer la version de 1903 sur les statuts par la sienne). Chaque point soulève une forte polémique entre fractions.
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Les principaux sujets abordés furent la situation politique et les tâches du prolétariat, la question agraire, l'attitude envers la [[Douma d'État de l’Empire russe|Douma]], et les questions d'organisation. Chaque point soulève une forte polémique entre fractions.
    
Néanmoins, le parti est officiellement réunifié et les fractions se sont formellement dissoutes. Lénine annonce solennellement&nbsp;: ''«&nbsp;II n'y a plus de schisme [...] les fractions précédentes des 'bolcheviks' et des 'mencheviks' se sont entièrement fondues.&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1906/ucong/index.htm The Unity Congress of the RSDLP]'', avril 1906</ref> Il déclare que les bolchéviks continueront à défendre leurs positions. La fraction bolchevique sera bientôt dirigée par un centre clandestin, autour du ''[[Proletarii|Proletari]]'', qui continue de paraître, officiellement en tant qu'organe du comité de Saint-Pétersbourg.
 
Néanmoins, le parti est officiellement réunifié et les fractions se sont formellement dissoutes. Lénine annonce solennellement&nbsp;: ''«&nbsp;II n'y a plus de schisme [...] les fractions précédentes des 'bolcheviks' et des 'mencheviks' se sont entièrement fondues.&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1906/ucong/index.htm The Unity Congress of the RSDLP]'', avril 1906</ref> Il déclare que les bolchéviks continueront à défendre leurs positions. La fraction bolchevique sera bientôt dirigée par un centre clandestin, autour du ''[[Proletarii|Proletari]]'', qui continue de paraître, officiellement en tant qu'organe du comité de Saint-Pétersbourg.
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===5<sup>e</sup> congrès (1907)===
 
===5<sup>e</sup> congrès (1907)===
 
{{See also|1=5e congrès du POSDR}}Le 5<sup>e</sup> congrès se tient à Londres entre le 13 mai et le 1<sup>er</sup> juin 1907. Il réunit 338 délégués, dont 105 bolchéviks et 97 menchéviks (représentant au total 77 000 militant-e-s). Les délégués polonais ([[SDKPiL|SDKPiL]]) et lettons faisaient bloc avec les bolchéviks, tandis que les bundistes étaient alliés aux menchéviks. [[Trotski|Trotski]] est alors non aligné et fait le médiateur entre les deux blocs. Les bolchéviks sont désormais plus nombreux que les mencheviks.
 
{{See also|1=5e congrès du POSDR}}Le 5<sup>e</sup> congrès se tient à Londres entre le 13 mai et le 1<sup>er</sup> juin 1907. Il réunit 338 délégués, dont 105 bolchéviks et 97 menchéviks (représentant au total 77 000 militant-e-s). Les délégués polonais ([[SDKPiL|SDKPiL]]) et lettons faisaient bloc avec les bolchéviks, tandis que les bundistes étaient alliés aux menchéviks. [[Trotski|Trotski]] est alors non aligné et fait le médiateur entre les deux blocs. Les bolchéviks sont désormais plus nombreux que les mencheviks.
 
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[[Fichier:Tiflis bank robbery (NY Times, 1907).JPG|vignette|405x405px|Les [[Expropriations (braquages)|braquages]] organisés par des groupes bolchéviks suscitent de vives polémiques dans le parti]]
 
Les débats sont tendus. Les bolchéviks soutiennent qu'il faut se préparer à un soulèvement armé contre le tsarisme, ce que Martov dénonce comme une déviation ''«&nbsp;putschiste&nbsp;»'' et Plékhanov comme une dérive [[Anarchistes_russes|anarchiste]].
 
Les débats sont tendus. Les bolchéviks soutiennent qu'il faut se préparer à un soulèvement armé contre le tsarisme, ce que Martov dénonce comme une déviation ''«&nbsp;putschiste&nbsp;»'' et Plékhanov comme une dérive [[Anarchistes_russes|anarchiste]].
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===La Douma et les otzovistes===
 
===La Douma et les otzovistes===
 
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[[Fichier:A A Bogdanov.jpg|vignette|273x273px|[[Alexandre Bogdanov]], leader de la tendance [[otzoviste]]|alt=|lien=https://wikirouge.net/Fichier:A_A_Bogdanov.jpg]]Les sociaux-démocrates (comme les [[Parti_SR|SR]]) boycottent les élections de la première [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'État de l'Empire russe]] (fin 1905 - début 1906), car elles sont mises en place pour essayer de calmer le mouvement révolutionnaire par une réforme minime du régime. Mais aux élections à la deuxième Douma (janvier 1907), dans un contexte de reflux de la révolution, les social-démocrates et les [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] se présentent et obtiennent 83 sièges.
Les sociaux-démocrates (comme les [[Parti_SR|SR]]) boycottent les élections de la première [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'État de l'Empire russe]] (fin 1905 - début 1906), car elles sont mises en place pour essayer de calmer le mouvement révolutionnaire par une réforme minime du régime. Mais aux élections à la deuxième Douma (janvier 1907), dans un contexte de reflux de la révolution, les social-démocrates et les [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] se présentent et obtiennent 83 sièges.
      
Un courant [[Gauchiste|gauchiste]] se forme au sein des bolchéviks (derrière [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]]), contre la participation, et appelant au rappel des députés (''«&nbsp;[[Otzovistes|otzovistes]]&nbsp;»''). Globalement ces dirigeants ([[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]], [[Vladimir_Bazarov|Bazarov]], [[Anatoli_Lounatcharski|Lounatcharski]]...), à la même époque, sont attirés par une philosophie [[Idéaliste|idéaliste]], ''«&nbsp;l'empirio-criticisme&nbsp;»''. C'est contre eux que Lénine écrira son livre [[Matérialisme_et_empiriocriticisme|''Matérialisme et empiriocriticisme'']]. Cela explique aussi pourquoi Lénine éprouva, en 1911, alors qu’il était en exil, le besoin d’ouvrir une école du parti pour les ouvriers venant de Russie, à Longjumeau. Mais bien souvent, ces mêmes dirigeants bolchéviks méprisent les ouvriers sans formation qui veulent adhérer, et filtrent leur entrée dans le parti.
 
Un courant [[Gauchiste|gauchiste]] se forme au sein des bolchéviks (derrière [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]]), contre la participation, et appelant au rappel des députés (''«&nbsp;[[Otzovistes|otzovistes]]&nbsp;»''). Globalement ces dirigeants ([[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]], [[Vladimir_Bazarov|Bazarov]], [[Anatoli_Lounatcharski|Lounatcharski]]...), à la même époque, sont attirés par une philosophie [[Idéaliste|idéaliste]], ''«&nbsp;l'empirio-criticisme&nbsp;»''. C'est contre eux que Lénine écrira son livre [[Matérialisme_et_empiriocriticisme|''Matérialisme et empiriocriticisme'']]. Cela explique aussi pourquoi Lénine éprouva, en 1911, alors qu’il était en exil, le besoin d’ouvrir une école du parti pour les ouvriers venant de Russie, à Longjumeau. Mais bien souvent, ces mêmes dirigeants bolchéviks méprisent les ouvriers sans formation qui veulent adhérer, et filtrent leur entrée dans le parti.
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===La rupture de 1912 et le succès bolchévik===
 
===La rupture de 1912 et le succès bolchévik===
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Les [[luttes étudiantes]] connaissent un essor à partir de 1910, suivie de luttes ouvrières. Le chômage diminue à ce moment, et la combativité augmente. Il y aura 100 000 grévistes en 1911, dans des grèves partielles, et 400 000 le 1<sup>er</sup> mai. La [[fusillade de la Léna]], en avril 1912, enflamme les masses. Cette remontée convainc Lénine de l'urgence de rebâtir un appareil prêt. Sous la direction de [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], les bolcheviks organisent à Longjumeau<ref>https://www.leparisien.fr/essonne-91/longjumeau-91160/le-saviez-vous-en-1911-lenine-a-cree-une-ecole-a-longjumeau-01-08-2015-4984403.php</ref> une école de cadres  : les 17 militants ainsi formés pénètrent illégalement en Russie pour y resserrer les contacts et préparer une conférence nationale. Mais la police veille : successivement [[Alexeï Rykov|Rykov]], puis [[Noguine]] sont arrêtés ; c'est finalement [[Grigory Ordjonikidze|Ordjonikidzé]] qui parvient à mettre sur pied en Russie un comité d'organisation, avec l'aide du clandestin [[Leonid Sérébriakov|Sérébriakov]]. [[Fedor Dan|Dan]] et [[Julius Martov|Martov]] protestent contre ces préparatifs et quittent le comité de rédaction du  ''[[Sotsial-demokrat]].''
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Une conférence du POSDR est organisée par les bolchéviks en janvier 1912 (conférence de Prague) avec l'essentiel des forces social-démocrates en Russie, et elle déclare l'exclusion des [[liquidateurs|''liquidateurs'']] (droite des menchéviks qui renonce à la [[propagande|propagande]] clandestine, notamment pour la [[république|république]]). Plusieurs petits groupes, surtout de l'émigration ([[Plekhanov|Plekhanov]], [[Grigori_Alexinski|Alexinski]], [[Trotski|Trotski]]...), ne la reconnaissent pas. En août ils se regroupent (''«&nbsp;bloc d'août&nbsp;»'') pour dénoncer le ''«&nbsp;scissionnisme&nbsp;»'' et ''«&nbsp;l'usurpation&nbsp;»'', et ils forment un ''«&nbsp;Comité d'organisation&nbsp;»'', qui s'opposera au Comité central issu de la conférence de 1912.
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La conférence est organisée le 18 janvier 1912 à Prague. De l'émigration, seuls les bolcheviks et quelques « mencheviks du parti » y participent. Par contre, avec plus de 20 représentants d'organisations clandestines de Russie, elle se permet de parler au nom du POSDR. La conférence déclare l'exclusion des [[Liquidationnisme|liquidateurs]], et se prononce pour la création de « noyaux social-démocrates illégaux entourés d'un réseau aussi étendu que possible de sociétés ouvrières légales ». Elle élit un comité central où figurent notamment [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]], [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], [[Grigory Ordjonikidze|Ordjonikidzé]], [[Yakov Sverdlov|Sverdlov]] et  [[Roman Malinovski|Malinovski]]. L'accord avec la ''[[Pravda (Trotski)|Pravda]]'' de Trotsky est annulé. ''[[Rabotchaïa Gazeta]]'' devient l'organe du comité central. C'est aussitôt après que [[Staline]] est coopté à la direction.
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Pendant plus de deux ans (début de 1912&nbsp;milieu de 1914) les deux organisations sont en conflit ouvert. D'un côté la ''[[Pravda|Pravda]]'', de l'autre, le ''Loutch'' (''«&nbsp;le rayon&nbsp;»'', quotidien menchévik qui parût légalement à Pétersbourg de septembre 1912 à juillet 1913). De même à la [[Douma|Douma]] (Lénine insista pour que les groupes parlementaires soient bien distincts)&nbsp;: d'un côté la ''«&nbsp;Fraction ouvrière social-démocrate de Russie&nbsp;»'' (bolchéviks), de l'autre la ''«&nbsp;Fraction social démocrate&nbsp;»'' dirigée par [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]].
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Plusieurs petits groupes, surtout de l'émigration ([[Plekhanov|Plekhanov]], [[Grigori_Alexinski|Alexinski]], [[Trotski|Trotski]]...), ne la reconnaissent pas. En août ils se regroupent (''«&nbsp;[[bloc d'août]]&nbsp;»'') pour dénoncer le ''«&nbsp;scissionnisme&nbsp;»'' et ''«&nbsp;l'usurpation&nbsp;»'', et ils forment un ''«&nbsp;Comité d'organisation&nbsp;»'', qui s'opposera au Comité central issu de la conférence de 1912.[[File:800px-Prawda.16.3.1917.png|350x350px|La ''[[Pravda]]'', quotidien qui donne aux bolchéviks une implantation de masse|lien=https://wikirouge.net/Fichier:800px-Prawda.16.3.1917.png|alt=|vignette]]Pendant plus de deux ans (début de 1912&nbsp;milieu de 1914) les deux organisations sont en conflit ouvert. D'un côté la ''[[Pravda|Pravda]]'', de l'autre, le ''Loutch'' (''«&nbsp;le rayon&nbsp;»'', quotidien menchévik qui parût légalement à Pétersbourg de septembre 1912 à juillet 1913). De même à la [[Douma|Douma]] (Lénine insista pour que les groupes parlementaires soient bien distincts)&nbsp;: d'un côté la ''«&nbsp;Fraction ouvrière social-démocrate de Russie&nbsp;»'' (bolchéviks), de l'autre la ''«&nbsp;Fraction social démocrate&nbsp;»'' dirigée par [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]].
    
L'organisation autour de la ''[[Pravda|Pravda]]'' parvient alors à devenir un [[parti_de_masse|parti de masse]], à l'échelle de la classe ouvrière russe. Les partisans de Lénine n'emploient quasiment pas le terme de bolchéviks à cette période, se présentant comme le POSDR.&nbsp; On peut noter qu'en 1913, Lénine écrit ce qui est peut-être le seul article consacré au terme de ''«&nbsp;bolchévisme&nbsp;»'', dans un ouvrage encyclopédique, et cela désigne alors le passé<ref>N. Roubakine, ''Parmi les livres'', tome II, 2e édit. 1913</ref>. En 1912, les bolchéviks lancent le journal ''[[Pravda|Pravda]]''. Lénine raillera le fait que les groupes très hétérogènes du bloc d'août 1912 n'ont jamais réussi à s'unir sur une politique commune.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800e.htm Le socialisme et la guerre]'', 1915</ref>
 
L'organisation autour de la ''[[Pravda|Pravda]]'' parvient alors à devenir un [[parti_de_masse|parti de masse]], à l'échelle de la classe ouvrière russe. Les partisans de Lénine n'emploient quasiment pas le terme de bolchéviks à cette période, se présentant comme le POSDR.&nbsp; On peut noter qu'en 1913, Lénine écrit ce qui est peut-être le seul article consacré au terme de ''«&nbsp;bolchévisme&nbsp;»'', dans un ouvrage encyclopédique, et cela désigne alors le passé<ref>N. Roubakine, ''Parmi les livres'', tome II, 2e édit. 1913</ref>. En 1912, les bolchéviks lancent le journal ''[[Pravda|Pravda]]''. Lénine raillera le fait que les groupes très hétérogènes du bloc d'août 1912 n'ont jamais réussi à s'unir sur une politique commune.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800e.htm Le socialisme et la guerre]'', 1915</ref>
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===Pendant la guerre (1914-1917)===
 
===Pendant la guerre (1914-1917)===
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En 1914, certains militants bolchéviks, se sont laissés gagner par le patriotisme, comme l'ouvrier [[Klement_Vorochilov|Vorochilov]]. En particulier, les députés bolchéviks à la [[Douma|Douma]] votent dans un premier temps avec les menchéviks une motion où ils s'engagent à ''«&nbsp;défendre les biens culturels du peuple contre toutes atteintes, d'où qu'elles vinssent&nbsp;»''. La Douma souligna par des applaudissements cette reddition. De toutes les organisations et groupes russes du parti, pas un ne prit ouvertement la position [[Défaitiste|défaitiste]] que [[Lénine|Lénine]] proclama à l'étranger. Il y avait cependant très peu de bolchéviks ouvertement [[Social-chauvins|social-chauvins]], contraitement aux menchéviks. Et rapidement, les bolchéviks ont repris les activités révolutionnaires sur le sol russe.
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[[Première guerre mondiale|En 1914]], certains militants bolchéviks, se sont laissés [[Union sacrée (1914)|gagner par le patriotisme]], comme l'ouvrier [[Klement_Vorochilov|Vorochilov]]. En particulier, les députés bolchéviks à la [[Douma|Douma]] votent dans un premier temps avec les menchéviks une motion où ils s'engagent à ''«&nbsp;défendre les biens culturels du peuple contre toutes atteintes, d'où qu'elles vinssent&nbsp;»''. La Douma souligna par des applaudissements cette reddition. De toutes les organisations et groupes russes du parti, pas un ne prit ouvertement la position [[Défaitiste|défaitiste]] que [[Lénine|Lénine]] proclama à l'étranger. Il y avait cependant très peu de bolchéviks ouvertement [[Social-chauvins|social-chauvins]], contrairement aux menchéviks. Et rapidement, les bolchéviks ont repris les activités révolutionnaires sur le sol russe.
 
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[[Fichier:Russian Troops NGM-v31-p372.jpg|vignette|Troupes russes en route vers le front]]
 
En novembre 1914, les 5 députés bolchéviks furent arrêtés et une vague de répression réduit à presque rien l'activité révolutionnaire. En février 1915, l'affaire fut entendue au Palais de Justice. Les accusés se tinrent sur la réserve. [[Kamenev|Kamenev]] et [[Grigori_Petrovski|Petrovsky]] désavouent le [[Défaitiste|défaitisme]] de Lénine. Le département de la police nota avec satisfaction que la sévère sentence rapportée contre les députés n'avait donné lieu à aucun mouvement protestataire chez les ouvriers. Les contacts avec l’exil se réduisent à presque rien&nbsp;: en novembre 1916, [[Alexandre_Zinoviev|Zinoviev]] et [[Lénine|Lénine]], en exil, ne savent pas ce qu’est devenu leur parti.
 
En novembre 1914, les 5 députés bolchéviks furent arrêtés et une vague de répression réduit à presque rien l'activité révolutionnaire. En février 1915, l'affaire fut entendue au Palais de Justice. Les accusés se tinrent sur la réserve. [[Kamenev|Kamenev]] et [[Grigori_Petrovski|Petrovsky]] désavouent le [[Défaitiste|défaitisme]] de Lénine. Le département de la police nota avec satisfaction que la sévère sentence rapportée contre les députés n'avait donné lieu à aucun mouvement protestataire chez les ouvriers. Les contacts avec l’exil se réduisent à presque rien&nbsp;: en novembre 1916, [[Alexandre_Zinoviev|Zinoviev]] et [[Lénine|Lénine]], en exil, ne savent pas ce qu’est devenu leur parti.
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===Le retour de Lénine et la réorientation===
 
===Le retour de Lénine et la réorientation===
 
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[[Fichier:Lenine-GareFinlande.jpg|vignette|364x364px|L'arrivée de Lénine à Petrograd]]
 
Lénine, qui est arrivé à [[Petrograd|Petrograd]] dans la nuit du 3 au 4 avril, présente ses thèses (que l'on retiendra comme [[Thèses_d'avril|''Thèses d'avril'']]) à la réunion du Parti bolchevik du 4 avril. Il en avait déjà tracé les grandes lignes dans le train (le fameux ''«&nbsp;[[Wagon_plombé|wagon plombé]]&nbsp;»'') qui le ramenait vers la Russie. Il prône un redressement immédiat de la ligne politique. Dès son arrivée à Petrograd, en gare de Finlande, Lénine engueule [[Kamenev|Kamenev]] sur ce qu'il écrivait dans la ''[[Pravda|Pravda]]''.
 
Lénine, qui est arrivé à [[Petrograd|Petrograd]] dans la nuit du 3 au 4 avril, présente ses thèses (que l'on retiendra comme [[Thèses_d'avril|''Thèses d'avril'']]) à la réunion du Parti bolchevik du 4 avril. Il en avait déjà tracé les grandes lignes dans le train (le fameux ''«&nbsp;[[Wagon_plombé|wagon plombé]]&nbsp;»'') qui le ramenait vers la Russie. Il prône un redressement immédiat de la ligne politique. Dès son arrivée à Petrograd, en gare de Finlande, Lénine engueule [[Kamenev|Kamenev]] sur ce qu'il écrivait dans la ''[[Pravda|Pravda]]''.
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Alors que les militants de base du parti expliquaient patiemment le point de vue de Lénine aux ouvriers, aux soldats, aux paysans, Lénine parvint à reprendre en main le parti au cours des mois suivants. De février à juillet, la taille du parti bolchevik passa de 24.000 à 240.000 membres.
 
Alors que les militants de base du parti expliquaient patiemment le point de vue de Lénine aux ouvriers, aux soldats, aux paysans, Lénine parvint à reprendre en main le parti au cours des mois suivants. De février à juillet, la taille du parti bolchevik passa de 24.000 à 240.000 membres.
 
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[[Fichier:OuvriersPoutilov.jpg|vignette|421x421px|Les [[Comité d’usine|comités d'usines]] étaient des bastions des bolchéviks]]
 
Fin avril, début juin, le rapport de force commence à évoluer rapidement en faveur des bolchéviks. L'influence des bolchéviks augmenta plus rapidement dans les [[Comités_d'usines|comités d'usines]] et les soviets des quartiers ouvriers. Les questions posées par lutte de classe, plus concrètes et vitales pour les ouvriers, permettaient aux bolchéviks de faire des démonstrations face aux réformistes. Fin avril, les les bolcheviks se trouvèrent majoritaires dans les soviets du [[Quartier_de_Vyborg|quartier de Vyborg]], de Vassilievsyk-Ostrov, du rayon de Narva. Le 3 juin en parallèle, la conférence des [[Comités_d'usines|comités de fabriques et d'usines]] de Pétrograd adoptait, à une majorité également écrasante, une résolution disant que le pays ne saurait être sauvé que par le pouvoir des soviets. [[Volodarski|Volodarski]] disait en juillet&nbsp;: ''«&nbsp;Dans les usines, nous jouissons d'une influence formidable, illimitée. Le travail du parti est rempli principalement par les ouvriers eux-mêmes. L'organisation a monté d'en bas et c'est pourquoi nous avons toutes raisons de penser qu'elle ne se disloquera pas.&nbsp;»''
 
Fin avril, début juin, le rapport de force commence à évoluer rapidement en faveur des bolchéviks. L'influence des bolchéviks augmenta plus rapidement dans les [[Comités_d'usines|comités d'usines]] et les soviets des quartiers ouvriers. Les questions posées par lutte de classe, plus concrètes et vitales pour les ouvriers, permettaient aux bolchéviks de faire des démonstrations face aux réformistes. Fin avril, les les bolcheviks se trouvèrent majoritaires dans les soviets du [[Quartier_de_Vyborg|quartier de Vyborg]], de Vassilievsyk-Ostrov, du rayon de Narva. Le 3 juin en parallèle, la conférence des [[Comités_d'usines|comités de fabriques et d'usines]] de Pétrograd adoptait, à une majorité également écrasante, une résolution disant que le pays ne saurait être sauvé que par le pouvoir des soviets. [[Volodarski|Volodarski]] disait en juillet&nbsp;: ''«&nbsp;Dans les usines, nous jouissons d'une influence formidable, illimitée. Le travail du parti est rempli principalement par les ouvriers eux-mêmes. L'organisation a monté d'en bas et c'est pourquoi nous avons toutes raisons de penser qu'elle ne se disloquera pas.&nbsp;»''
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===Révolution d'Octobre===
 
===Révolution d'Octobre===
 
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{{See also|Révolution d'Octobre}}
 
Le parti de la révolution d’octobre est donc un parti refondu dans la lutte. C’est lui qui, forgé sous la répression de l’été 1917, va conquérir en trois mois la majorité dans les soviets et diriger une insurrection victorieuse. Dans ces moments, les mots d’ordre viennent de Lénine (exilé en Finlande) et de Trotski. Le nombre d’agitateurs diminue, et on n’entend plus guère les voix de Staline, Kamenev et Zinoviev. Ces deux derniers sont explicitement contre la prise de pouvoir. Mais le plus efficace, dans cette période, c’est l’agitation menée à la base par les anonymes, ouvriers et soldats. Voici ce qu’écrit Trotski à ce sujet&nbsp;:
 
Le parti de la révolution d’octobre est donc un parti refondu dans la lutte. C’est lui qui, forgé sous la répression de l’été 1917, va conquérir en trois mois la majorité dans les soviets et diriger une insurrection victorieuse. Dans ces moments, les mots d’ordre viennent de Lénine (exilé en Finlande) et de Trotski. Le nombre d’agitateurs diminue, et on n’entend plus guère les voix de Staline, Kamenev et Zinoviev. Ces deux derniers sont explicitement contre la prise de pouvoir. Mais le plus efficace, dans cette période, c’est l’agitation menée à la base par les anonymes, ouvriers et soldats. Voici ce qu’écrit Trotski à ce sujet&nbsp;:
 
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[[Lénine|Lénine]] était hostile aux autres socialistes en qui il n'avait aucune confiance. Etant donné les refus des autres forces socialistes pendant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]], le premier gouvernement, [[Soviet_des_commissaires_du_peuple|''Soviet des commissaires du peuple'']] (Sovnarkom), est composé uniquement de bolchéviks.
 
[[Lénine|Lénine]] était hostile aux autres socialistes en qui il n'avait aucune confiance. Etant donné les refus des autres forces socialistes pendant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]], le premier gouvernement, [[Soviet_des_commissaires_du_peuple|''Soviet des commissaires du peuple'']] (Sovnarkom), est composé uniquement de bolchéviks.
 
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[[Fichier:Sovnarkom-1918.jpg|vignette|416x416px|Le [[Conseil des commissaires du peuple (URSS)|Sovnarkom]] en 1918]]
 
Aussitôt après le congrès, le [[Comité_central_bolchévik|Comité central bolchévik]] du 29 octobre accepte de négocier, mais les chefs [[Mencheviks|mencheviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] exigent un gouvernement sans [[Lénine|Lénine]] ni [[Trotski|Trotski]], incluant des [[SR_de_droite|SR de droite]] et des [[Troudoviks|troudoviks]], et qui serait responsable, non devant les [[Soviets|soviets]], mais devant «&nbsp;les larges masses de la démocratie révolutionnaire&nbsp;». En parallèle ils ne montrent pas d'empressement à lutter contre les premières tentatives de Blancs contre-révolutionnaires. Lénine est pour rompre le dialogue, mais la tension monte avec toute une partie de dirigeants bolchéviks ([[Kamenev|Kamenev]], [[Zinoviev|Zinoviev]], [[Lozovski|Lozovski]], [[Riazanov|Riazanov]]...) qui votent contre leur parti dans l'[[Comité_exécutif_central_panrusse|exécutif soviétique]], certains allant jusqu'à démissionner.
 
Aussitôt après le congrès, le [[Comité_central_bolchévik|Comité central bolchévik]] du 29 octobre accepte de négocier, mais les chefs [[Mencheviks|mencheviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] exigent un gouvernement sans [[Lénine|Lénine]] ni [[Trotski|Trotski]], incluant des [[SR_de_droite|SR de droite]] et des [[Troudoviks|troudoviks]], et qui serait responsable, non devant les [[Soviets|soviets]], mais devant «&nbsp;les larges masses de la démocratie révolutionnaire&nbsp;». En parallèle ils ne montrent pas d'empressement à lutter contre les premières tentatives de Blancs contre-révolutionnaires. Lénine est pour rompre le dialogue, mais la tension monte avec toute une partie de dirigeants bolchéviks ([[Kamenev|Kamenev]], [[Zinoviev|Zinoviev]], [[Lozovski|Lozovski]], [[Riazanov|Riazanov]]...) qui votent contre leur parti dans l'[[Comité_exécutif_central_panrusse|exécutif soviétique]], certains allant jusqu'à démissionner.
  

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