Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
218 octets enlevés ,  27 décembre 2020 à 04:41
aucun résumé des modifications
Ligne 13 : Ligne 13 :  
L'''[[Iskra]]'' est créée par le travail en commun de vétérans ([[Plékhanov|Plékhanov]], [[Véra Zassoulitch|Zassoulitch]], [[Pavel Axelrod|Axelrod]]), et d'une jeune génération ([[Lénine]], [[Julius Martov|Martov]], [[Alexandre Potressov|Potressov]], rejoints un peu plus tard par [[Léon Trotski|Trotski]]). Bien que des tensions émergent dès le début, le groupe fonctionne de 1900 à 1903. Il polémique contre d'autres sensibilités présentes dans les cercles social-démocrates, comme les ''« [[Marxistes_légaux|marxistes légaux]] »'' et les ''« [[Économisme (Russie)|économistes]] »''. Surtout, il prépare le [[Second_congrès_du_POSDR|second congrès]], prévu pour 1903, qui devait pour la première fois établir et ramifier un parti dans toute la Russie. C’est pour les besoins de cet événement que [[Lénine|Lénine]] a écrit sa brochure de 1902, [[Que_Faire_?|''Que faire ?'']], au nom de toute la rédaction.
 
L'''[[Iskra]]'' est créée par le travail en commun de vétérans ([[Plékhanov|Plékhanov]], [[Véra Zassoulitch|Zassoulitch]], [[Pavel Axelrod|Axelrod]]), et d'une jeune génération ([[Lénine]], [[Julius Martov|Martov]], [[Alexandre Potressov|Potressov]], rejoints un peu plus tard par [[Léon Trotski|Trotski]]). Bien que des tensions émergent dès le début, le groupe fonctionne de 1900 à 1903. Il polémique contre d'autres sensibilités présentes dans les cercles social-démocrates, comme les ''« [[Marxistes_légaux|marxistes légaux]] »'' et les ''« [[Économisme (Russie)|économistes]] »''. Surtout, il prépare le [[Second_congrès_du_POSDR|second congrès]], prévu pour 1903, qui devait pour la première fois établir et ramifier un parti dans toute la Russie. C’est pour les besoins de cet événement que [[Lénine|Lénine]] a écrit sa brochure de 1902, [[Que_Faire_?|''Que faire ?'']], au nom de toute la rédaction.
   −
Lénine a joué un rôle majeur dans la diffusion des idées de l'''Iskra'', à la fois par ses textes, mais aussi et surtout par son travail obstiné d'organisation et de correspondance  (qui reposait dans la pratique beaucoup sur sa femme [[Nadejda Kroupskaïa|Kroupskaïa]]) avec les militants à travers la Russie. Il s'arrangeait pour avoir le plus de délégués possible, en pressant ses contacts en Russie d'être les plus actifs organisateurs, au détriment des autres courants social-démocrates.<ref>Tony Cliff, ''Lénine : 1893-1914. Construire le parti'', 1975</ref>
+
Lénine a joué un rôle majeur dans la diffusion des idées de l'''Iskra'', à la fois par ses textes, mais aussi et surtout par son travail obstiné d'organisation et de correspondance  (qui reposait dans la pratique beaucoup sur sa femme [[Nadejda Kroupskaïa|Kroupskaïa]]) avec les militants à travers la Russie. Il s'arrangeait pour avoir le plus de délégués possible, en pressant ses contacts en Russie d'être les plus actifs organisateurs, au détriment des autres courants social-démocrates.<ref name=":1">Tony Cliff, [http://www.contretemps.eu/cliff-lenine-congres-1903/ ''Lénine : 1893-1914. Construire le parti'' ''– Chapitre 5 – Le congrès de 1903 : naissance du bolchevisme''], 1975</ref>
    
==La fraction bolchévique==
 
==La fraction bolchévique==
Ligne 27 : Ligne 27 :  
Martov remporte d'abord le vote, mais après après le départ des 7 délégués du [[Bund|Bund]] et des 2 [[Économisme|économistes]], les partisans de Lénine se retrouvent en majorité. A ce moment-là, [[Plékhanov|Plékhanov]] est du côté de Lénine, tandis que [[Trotski|Trotski]] est avec Martov. Un  Comité central avec trois proches de Lénine est élu ([[Friedrich Lengnik|Lengnik]], Noskov et [[Krjijanovski]]).
 
Martov remporte d'abord le vote, mais après après le départ des 7 délégués du [[Bund|Bund]] et des 2 [[Économisme|économistes]], les partisans de Lénine se retrouvent en majorité. A ce moment-là, [[Plékhanov|Plékhanov]] est du côté de Lénine, tandis que [[Trotski|Trotski]] est avec Martov. Un  Comité central avec trois proches de Lénine est élu ([[Friedrich Lengnik|Lengnik]], Noskov et [[Krjijanovski]]).
   −
Puis le conflit se tend surtout lors du vote sur le comité de rédaction de l'''Iskra'' (devenu l'organe central du parti) : Lénine propose de le limiter à Plékhanov, Martov et lui-même, au nom de l'efficacité (les autres participant peu au travail). Le fait que des vétérans comme [[Pavel Axelrod|Axelrod]] et [[Véra Zassoulitch|Zassoulitch]] se retrouvent écartés accentue la dramatisation. Lénine considérait les divergences comme un conflit entre ceux qui acceptaient l’esprit d’un parti salariant des [[Permanent|permanents]], d’une part, et ceux qui étaient habitués aux attitudes de cercle et du « réseau de vieux copains ».<ref>Tony Cliff, ''[http://www.contretemps.eu/cliff-lenine-congres-1903/ Lénine : 1893-1914. Construire le parti – chapitre 5]'', 1975</ref> Lorsque Martov, refusant de se plier à la décision du congrès concernant le comité de rédaction, proclama : « nous ne sommes pas des serfs ! », Lénine argumenta contre cet « anarchisme aristocratique » et dit que « les devoirs d’un membre du parti doivent être remplis non seulement par la base, mais par les « gens du sommet » aussi. ».
+
Puis le conflit se tend surtout lors du vote sur le comité de rédaction de l'''Iskra'' (devenu l'organe central du parti) : Lénine propose de le limiter à Plékhanov, Martov et lui-même, au nom de l'efficacité (les autres participant peu au travail). Le fait que des vétérans comme [[Pavel Axelrod|Axelrod]] et [[Véra Zassoulitch|Zassoulitch]] se retrouvent écartés accentue la dramatisation. Lénine considérait les divergences comme un conflit entre ceux qui acceptaient l’esprit d’un parti salariant des [[Permanent|permanents]], d’une part, et ceux qui étaient habitués aux attitudes de cercle et du « réseau de vieux copains »<ref name=":1" />. Lorsque Martov, refusant de se plier à la décision du congrès concernant le comité de rédaction, proclama : « nous ne sommes pas des serfs ! », Lénine argumenta contre cet « anarchisme aristocratique » et dit que « les devoirs d’un membre du parti doivent être remplis non seulement par la base, mais par les « gens du sommet » aussi. ».
    
Se retrouvant en minorité, les ''«&nbsp;martovistes&nbsp;»'' menacent de scissionner. Sous pression, [[Gueorgui Plekhanov|Plekhanov]] fait volte-face. Lénine s'insurge, et fait valoir que s'il avait été minoritaire il serait resté à la rédaction en tant que minorité, sans faire de chantage à l'unité. Lénine tente pourtant activement d'éviter la scission, assurant des pleins droits démocratiques aux menchéviks. Mais ceux-ci refusent tout compromis avec ''«&nbsp;les léninistes&nbsp;»''.
 
Se retrouvant en minorité, les ''«&nbsp;martovistes&nbsp;»'' menacent de scissionner. Sous pression, [[Gueorgui Plekhanov|Plekhanov]] fait volte-face. Lénine s'insurge, et fait valoir que s'il avait été minoritaire il serait resté à la rédaction en tant que minorité, sans faire de chantage à l'unité. Lénine tente pourtant activement d'éviter la scission, assurant des pleins droits démocratiques aux menchéviks. Mais ceux-ci refusent tout compromis avec ''«&nbsp;les léninistes&nbsp;»''.
Ligne 36 : Ligne 36 :  
Lénine quitte alors la rédaction le 1<sup>er</sup> novembre 1903, et commence à organiser sa fraction le 17 novembre. Pendant plusieurs mois, Lénine est cependant hésitant, d'autant plus qu'il reçoit aussi énormément de courriers de ses partisans qui ne comprennent pas sa fermeté. Cela se voit notamment dans le grand nombre de courriers non envoyés, de déclarations non faites, de brouillons d’articles non publiés, que contiennent ses œuvres sur cette période.  [[Anatoli Lounatcharski|Lounatcharski]] écrivit plus tard :
 
Lénine quitte alors la rédaction le 1<sup>er</sup> novembre 1903, et commence à organiser sa fraction le 17 novembre. Pendant plusieurs mois, Lénine est cependant hésitant, d'autant plus qu'il reçoit aussi énormément de courriers de ses partisans qui ne comprennent pas sa fermeté. Cela se voit notamment dans le grand nombre de courriers non envoyés, de déclarations non faites, de brouillons d’articles non publiés, que contiennent ses œuvres sur cette période.  [[Anatoli Lounatcharski|Lounatcharski]] écrivit plus tard :
 
<blockquote>
 
<blockquote>
La difficulté la plus grande dans cette lutte… fut que le deuxième congrès scinda le parti sans établir les véritables divergences de vues entre martovistes et léninistes. Les désaccords paraissaient graviter autour d’un paragraphe des statuts et de la composition d’une rédaction. Bien des camarades étaient troublés par la futilité des raisons qui avaient conduit à la scission.<ref name=":0">Cité in Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal04.htm Staline]''.</ref>
+
La difficulté la plus grande dans cette lutte… fut que le deuxième congrès scinda le parti sans établir les véritables divergences de vues entre martovistes et léninistes. Les désaccords paraissaient graviter autour d’un paragraphe des statuts et de la composition d’une rédaction. Bien des camarades étaient troublés par la futilité des raisons qui avaient conduit à la scission.<ref name=":0">Trotski, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal04.htm ''Staline - II : « révolutionnaire professionnel »''], 1940</ref>
 
</blockquote>
 
</blockquote>
 
[[Ossip Piatnitsky|Piatnitsky]], qui était à cette époque un jeune travailleur, écrit dans ses souvenirs :
 
[[Ossip Piatnitsky|Piatnitsky]], qui était à cette époque un jeune travailleur, écrit dans ses souvenirs :
Ligne 44 : Ligne 44 :  
[[Krjijanovsky]], qui était à l’époque très proche de Lénine, se souvient : ''« Personnellement, je trouvais saugrenu que l’on pût accuser le camarade Martov d’opportunisme. »''<ref name=":0" /> De Saint-Pétersbourg, de Moscou, des provinces arrivaient des protestations et des lamentations.
 
[[Krjijanovsky]], qui était à l’époque très proche de Lénine, se souvient : ''« Personnellement, je trouvais saugrenu que l’on pût accuser le camarade Martov d’opportunisme. »''<ref name=":0" /> De Saint-Pétersbourg, de Moscou, des provinces arrivaient des protestations et des lamentations.
   −
Pendant toute l'année 1904, on insiste des deux côtés sur le fait que le clivage est plus profond que la question de l'organisation. Les accusations fusent, les bolchéviks reproduiraient les travers des [[Blanquistes|blanquistes]], des [[Populisme_russe|populistes]], des [[Jacobins|jacobins]]. Plékhanov dit alors de Lénine : ''«&nbsp;C'est de cette pâte que l'on fait les Robespierre&nbsp;»''.<ref name="MaVie12">Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv14.htm Ma vie, 12. Le congrès du parti et la scission]'', 1930</ref> [[Trotski|Trotski]] le compare également à [[Robespierre|Robespierre]]<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1903/xx/siberian.htm Report of the Siberian Delegation]'', 1903</ref>.  [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|Rosa Luxemburg participe à la polémique]].<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/c_et_d/c_et_d_1.htm Questions d'organisation de la social-démocratie russe]'', 1904</ref>  De son côté Lénine polémique aussi durement  dans sa brochure ''Un pas en avant, deux pas en arrière''<ref name="UnPasEnAvant">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/05/vil19040500.htm Un pas en avant, deux pas en arrière]'', 1904</ref> tout en insistant sur le fait qu'aucune scission ne serait justifiée :
+
Pendant toute l'année 1904, on insiste des deux côtés sur le fait que le clivage est plus profond que la question de l'organisation. Les accusations fusent, les bolchéviks reproduiraient les travers des [[Blanquistes|blanquistes]], des [[Populisme_russe|populistes]], des [[Jacobins|jacobins]]. Plékhanov dit alors de Lénine : ''«&nbsp;C'est de cette pâte que l'on fait les Robespierre&nbsp;»''.<ref name="MaVie12">Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv14.htm Ma vie, 12. Le congrès du parti et la scission]'', 1930</ref> [[Trotski|Trotski]] le compare également à [[Robespierre|Robespierre]]<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1903/xx/siberian.htm Report of the Siberian Delegation]'', 1903</ref>.  [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|Rosa Luxemburg participe à la polémique]].<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/c_et_d/c_et_d_1.htm Questions d'organisation de la social-démocratie russe]'', 1904</ref>  De son côté Lénine polémique aussi durement  dans sa brochure ''Un pas en avant, deux pas en arrière''<ref name="UnPasEnAvant">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/05/vil19040500.htm Un pas en avant, deux pas en arrière]'', 1904</ref> tout en insistant sur le fait qu'aucune scission ne serait justifiée :
 
<blockquote>
 
<blockquote>
 
« les divergences qui séparent actuellement ces deux ailes concernent surtout les problèmes d’organisation, et non les questions de programme ou de tactique (...) le programme importe plus que la tactique, et la tactique importe plus que l’organisation (...) ce sont simplement des ''nuances'' sur lesquelles on peut et ''l’on doit'' discuter, mais pour lesquelles il serait absurde et puéril de nous séparer. »
 
« les divergences qui séparent actuellement ces deux ailes concernent surtout les problèmes d’organisation, et non les questions de programme ou de tactique (...) le programme importe plus que la tactique, et la tactique importe plus que l’organisation (...) ce sont simplement des ''nuances'' sur lesquelles on peut et ''l’on doit'' discuter, mais pour lesquelles il serait absurde et puéril de nous séparer. »
Ligne 134 : Ligne 134 :     
===5<sup>e</sup> congrès (1907)===
 
===5<sup>e</sup> congrès (1907)===
{{See also|1=5e congrès du POSDR}}Le 5<sup>e</sup> congrès se tient à Londres entre le 13 mai et le 1<sup>er</sup> juin 1907. Il réunit 338 délégués, dont 105 bolchéviks et 97 menchéviks (représentant au total 77 000 militant-e-s). Les délégués polonais ([[SDKPiL|SDKPiL]]) et lettons faisaient bloc avec les bolchéviks, tandis que les bundistes étaient alliés aux menchéviks. [[Trotski|Trotski]] est alors non aligné et fait le médiateur entre les deux blocs.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1907/may/19.htm The Fifth Congress of the RSDLP]'', 1907</ref><ref>Staline, ''[https://www.marxists.org/reference/archive/stalin/works/1907/06/20_2.htm The London Congress of the RSDLP (notes of a delegate)]'', 1907</ref><ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal.htm Staline]'', 1940</ref> Les bolchéviks sont désormais plus nombreux que les mencheviks.
+
{{See also|1=5e congrès du POSDR}}Le 5<sup>e</sup> congrès se tient à Londres entre le 13 mai et le 1<sup>er</sup> juin 1907. Il réunit 338 délégués, dont 105 bolchéviks et 97 menchéviks (représentant au total 77 000 militant-e-s). Les délégués polonais ([[SDKPiL|SDKPiL]]) et lettons faisaient bloc avec les bolchéviks, tandis que les bundistes étaient alliés aux menchéviks. [[Trotski|Trotski]] est alors non aligné et fait le médiateur entre les deux blocs. Les bolchéviks sont désormais plus nombreux que les mencheviks.
    
Les débats sont tendus. Les bolchéviks soutiennent qu'il faut se préparer à un soulèvement armé contre le tsarisme, ce que Martov dénonce comme une déviation ''«&nbsp;putschiste&nbsp;»'' et Plékhanov comme une dérive [[Anarchistes_russes|anarchiste]].
 
Les débats sont tendus. Les bolchéviks soutiennent qu'il faut se préparer à un soulèvement armé contre le tsarisme, ce que Martov dénonce comme une déviation ''«&nbsp;putschiste&nbsp;»'' et Plékhanov comme une dérive [[Anarchistes_russes|anarchiste]].
Ligne 255 : Ligne 255 :  
<blockquote>
 
<blockquote>
 
«&nbsp;Des mois de vie politique fébrile avaient créé d'innombrables cadres de la base, avaient éduqué des centaines et des milliers d'autodidactes qui s'étaient habitués à observer la politique d'en bas et non d'en haut et qui, par conséquent, appréciaient les faits et les gens avec une justesse non toujours accessible aux orateurs du genre académique. En première place se tenaient les ouvriers de Piter [Petrograd], prolétaires héréditairement, qui avaient détaché un effectif d'agitateurs et d'organisateurs d'une trempe exceptionnellement révolutionnaire, d'une haute culture politique, indépendants dans la pensée, dans la parole, dans l'action.
 
«&nbsp;Des mois de vie politique fébrile avaient créé d'innombrables cadres de la base, avaient éduqué des centaines et des milliers d'autodidactes qui s'étaient habitués à observer la politique d'en bas et non d'en haut et qui, par conséquent, appréciaient les faits et les gens avec une justesse non toujours accessible aux orateurs du genre académique. En première place se tenaient les ouvriers de Piter [Petrograd], prolétaires héréditairement, qui avaient détaché un effectif d'agitateurs et d'organisateurs d'une trempe exceptionnellement révolutionnaire, d'une haute culture politique, indépendants dans la pensée, dans la parole, dans l'action.
</blockquote>
+
 
  −
<blockquote>
   
Tourneurs, serruriers, forgerons, moniteurs des corporations et des usines avaient déjà autour d'eux leurs écoles, leurs élèves, futurs constructeurs de la République des Soviets. Les matelots de la Baltique, les plus proches compagnons d'armes des ouvriers de Piter, provenant pour une bonne part de ceux-ci, envoyèrent des brigades d'agitateurs qui conquéraient de haute lutte les régiments arriérés, les chefs-lieux de district, les cantons de moujiks. La formule généralisatrice lancée au cirque Moderne par un des leaders révolutionnaires prenait forme et corps dans des centaines de têtes réfléchies et ébranlait ensuite tout le pays. [...] Les usines conjointement avec les régiments envoyaient des délégués au front. Les tranchées se liaient avec les ouvriers et les paysans du plus proche arrière-front. [...] Les usines et les régiments de Petrograd et de Moscou frappaient avec de plus en plus d'insistance aux portes de bois du village. Se cotisant, les ouvriers envoyaient des délégués dans les provinces d'où ils étaient originaires. [...] Le bolchévisme conquérait le pays. Les bolcheviks devenaient une force irrésistible&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''Histoire de la révolution russe'', t. 1, Ed. du Seuil, p. 390-392.</ref>.
 
Tourneurs, serruriers, forgerons, moniteurs des corporations et des usines avaient déjà autour d'eux leurs écoles, leurs élèves, futurs constructeurs de la République des Soviets. Les matelots de la Baltique, les plus proches compagnons d'armes des ouvriers de Piter, provenant pour une bonne part de ceux-ci, envoyèrent des brigades d'agitateurs qui conquéraient de haute lutte les régiments arriérés, les chefs-lieux de district, les cantons de moujiks. La formule généralisatrice lancée au cirque Moderne par un des leaders révolutionnaires prenait forme et corps dans des centaines de têtes réfléchies et ébranlait ensuite tout le pays. [...] Les usines conjointement avec les régiments envoyaient des délégués au front. Les tranchées se liaient avec les ouvriers et les paysans du plus proche arrière-front. [...] Les usines et les régiments de Petrograd et de Moscou frappaient avec de plus en plus d'insistance aux portes de bois du village. Se cotisant, les ouvriers envoyaient des délégués dans les provinces d'où ils étaient originaires. [...] Le bolchévisme conquérait le pays. Les bolcheviks devenaient une force irrésistible&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''Histoire de la révolution russe'', t. 1, Ed. du Seuil, p. 390-392.</ref>.
 
</blockquote>
 
</blockquote>
Ligne 273 : Ligne 271 :  
En revanche il n'y aura pas de crise dans les rangs du parti sur le problème de l'[[Assemblée_constituante_russe|Assemblée constituante]], où la majorité [[SR_de_droite|SR de droite]] désavoue la révolution. [[Boukharine|Boukharine]] proposera l'invalidation des députés de droite et la proclamation d'une Convention révolutionnaire, et le bureau de la fraction bolchevique manifestera quelque hésitation. Mais [[Lénine|Lénine]] imposera sans peine son point de vue&nbsp;: le Congrès des soviets est plus légitime que la Constituante. Celle-ci sera alors dissoute par les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] le 19 janvier 1918.
 
En revanche il n'y aura pas de crise dans les rangs du parti sur le problème de l'[[Assemblée_constituante_russe|Assemblée constituante]], où la majorité [[SR_de_droite|SR de droite]] désavoue la révolution. [[Boukharine|Boukharine]] proposera l'invalidation des députés de droite et la proclamation d'une Convention révolutionnaire, et le bureau de la fraction bolchevique manifestera quelque hésitation. Mais [[Lénine|Lénine]] imposera sans peine son point de vue&nbsp;: le Congrès des soviets est plus légitime que la Constituante. Celle-ci sera alors dissoute par les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] le 19 janvier 1918.
   −
==Evolutions et postérité==
+
==Évolutions et postérité==
    
===Le parti au pouvoir===
 
===Le parti au pouvoir===
Ligne 338 : Ligne 336 :  
*Grigori Zinoviev, [http://www.marxists.org/francais/zinoviev/works/1924/03/histoire_table.htm ''Histoire du Parti bolchevik''], 1924
 
*Grigori Zinoviev, [http://www.marxists.org/francais/zinoviev/works/1924/03/histoire_table.htm ''Histoire du Parti bolchevik''], 1924
 
*Pierre Broué, [https://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch.htm ''Le parti bolchévique''], 1963
 
*Pierre Broué, [https://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch.htm ''Le parti bolchévique''], 1963
 +
*Tony Cliff, ''[https://www.marxists.org/francais/cliff/1975/construire/lenine1.pdf Lénine : 1893-1914. Volume 1 : Construire le parti]'', 1975
 
*<span id="HPC1949" class="ouvrage"><span class="nom_auteur">Collectif</span>, <cite class="italique">Histoire du Parti communiste /bolchévik/ de l'U.R.S.S&nbsp;: Précis rédigé par une commission du Comité central du P.C.(b) de l'U.R.S.S</cite>, Moscou, Éditions en langues étrangères, <time>1949</time> (<abbr title="première" class="abbr">1<sup>re</sup></abbr>&nbsp;<abbr title="édition" class="abbr">éd.</abbr> 1938), 408&nbsp;<abbr title="pages" class="abbr">p.</abbr></span>
 
*<span id="HPC1949" class="ouvrage"><span class="nom_auteur">Collectif</span>, <cite class="italique">Histoire du Parti communiste /bolchévik/ de l'U.R.S.S&nbsp;: Précis rédigé par une commission du Comité central du P.C.(b) de l'U.R.S.S</cite>, Moscou, Éditions en langues étrangères, <time>1949</time> (<abbr title="première" class="abbr">1<sup>re</sup></abbr>&nbsp;<abbr title="édition" class="abbr">éd.</abbr> 1938), 408&nbsp;<abbr title="pages" class="abbr">p.</abbr></span>
 
*<span id="KA" class="ouvrage">Korine <span class="nom_auteur">Amacher</span>, <cite class="italique">La Russie 1598-1917&nbsp;: Révoltes et mouvements révolutionnaires</cite>, Gollion, Infolio, <abbr title="collection" class="abbr">coll.</abbr>&nbsp;«&nbsp;Illico&nbsp;» (<abbr title="numéro" class="abbr">n<sup>o</sup></abbr>&nbsp;28), <time>2011</time>, 222&nbsp;<abbr title="pages" class="abbr">p.</abbr></span>
 
*<span id="KA" class="ouvrage">Korine <span class="nom_auteur">Amacher</span>, <cite class="italique">La Russie 1598-1917&nbsp;: Révoltes et mouvements révolutionnaires</cite>, Gollion, Infolio, <abbr title="collection" class="abbr">coll.</abbr>&nbsp;«&nbsp;Illico&nbsp;» (<abbr title="numéro" class="abbr">n<sup>o</sup></abbr>&nbsp;28), <time>2011</time>, 222&nbsp;<abbr title="pages" class="abbr">p.</abbr></span>

Menu de navigation