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En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire : le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause.  
 
En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire : le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause.  
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=== Grève générale d'octobre ===
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===Grève générale d'octobre===
 
Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la [[Grève_générale|grève générale]] d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. «&nbsp;À bas la monarchie tsariste&nbsp;! Vive la République démocratique&nbsp;! Vive la révolte armée&nbsp;!&nbsp;» Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de [[Soviet|soviets]]. <span class="mw-redirect">L'année révolutionnaire de 1905</span> fait apparaître  un pic très net du nombre de grévistes.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr03.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>
 
Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la [[Grève_générale|grève générale]] d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. «&nbsp;À bas la monarchie tsariste&nbsp;! Vive la République démocratique&nbsp;! Vive la révolte armée&nbsp;!&nbsp;» Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de [[Soviet|soviets]]. <span class="mw-redirect">L'année révolutionnaire de 1905</span> fait apparaître  un pic très net du nombre de grévistes.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr03.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>
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Les soviets s’imposaient comme la direction révolutionnaire du mouvement ouvrier, mais ils n'envisageaient pas de devenir un nouveau pouvoir, et se limitaient à réclamer l’élection d’une [[Assemblée_constituante|Assemblée constituante]] et la mise en place d’une république parlementaire. Aucun parti socialiste ne revendiquait d'ailleurs cela.
 
Les soviets s’imposaient comme la direction révolutionnaire du mouvement ouvrier, mais ils n'envisageaient pas de devenir un nouveau pouvoir, et se limitaient à réclamer l’élection d’une [[Assemblée_constituante|Assemblée constituante]] et la mise en place d’une république parlementaire. Aucun parti socialiste ne revendiquait d'ailleurs cela.
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=== La contre-révolution s'abat ===
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===La contre-révolution s'abat===
 
La radicalité de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Comprenant très vite que les ouvriers ne limitent pas leurs revendications à la démocratie libérale, mais menacent aussi leurs profits ([[Journée de huit heures|journée de 8 heures]]...), ils préfèrent se jeter dans les bras du tsarisme. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution. En novembre, à Saint-Pétersbourg, 72 usines employant 110.000 salariés furent fermées ; à Moscou, 23 usines, avec 58.634 ouvriers.<ref>S.E. Sef, ''Буржуазия в 1905 году'', Moscow-Leningrad 1926, p. 82.</ref> Là où auparavant la grève était célébrée, elle était maintenant appelée par le dirigeant KD [[Milioukov]] ''« un crime, un crime contre la révolution. »''<ref>P. N. Milioukov, ''Год борьбы. Публицистическая хроника 1905-1906'', Saint-Pétersbourg, 1907, p. 171.</ref>.
 
La radicalité de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Comprenant très vite que les ouvriers ne limitent pas leurs revendications à la démocratie libérale, mais menacent aussi leurs profits ([[Journée de huit heures|journée de 8 heures]]...), ils préfèrent se jeter dans les bras du tsarisme. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution. En novembre, à Saint-Pétersbourg, 72 usines employant 110.000 salariés furent fermées ; à Moscou, 23 usines, avec 58.634 ouvriers.<ref>S.E. Sef, ''Буржуазия в 1905 году'', Moscow-Leningrad 1926, p. 82.</ref> Là où auparavant la grève était célébrée, elle était maintenant appelée par le dirigeant KD [[Milioukov]] ''« un crime, un crime contre la révolution. »''<ref>P. N. Milioukov, ''Год борьбы. Публицистическая хроника 1905-1906'', Saint-Pétersbourg, 1907, p. 171.</ref>.
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==Les effets sur la social-démocratie à l'époque==
 
==Les effets sur la social-démocratie à l'époque==
 
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Au moment où la révolution surprend les social-démocrates, ceux-ci sont fortement divisés et affaiblis. Les bolchéviks tiennent un [[3e congrès du POSDR|congrès séparé]] en avril-mai 1905. Mais l'effet de l'année 1905 sera un rapprochement des [[Bolchéviks|bolchéviks]] et des [[Menchéviks|menchéviks]], d'abord dans la pratique&nbsp;:
En Russie, l'effet immédiat est un rapprochement des [[Bolchéviks|bolchéviks]] et des [[Menchéviks|menchéviks]], d'abord dans la pratique&nbsp;:
   
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''«&nbsp;La tactique de la période de «&nbsp;tourmente&nbsp;» n'a pas écarté, mais bien rapproché les deux ailes de la social‑démocratie. A la place des divergences antérieures, s'est créée une unité de vue sur la question de l'insurrection armée. Les social‑démocrates des deux fractions ont travaillé au sein des Soviets des députés ouvriers, ces organismes de caractère original du pouvoir révolutionnaire embryonnaire, y ont fait entrer les soldats et les paysans, ont publié des manifestes révolutionnaires conjointement avec les partis révolutionnaires petits‑bourgeois. (...) Dans le [[Séverny_Golos|Séverny Golos]], menchéviks et bolchéviks appelaient ensemble à la grève et à l'insurrection, invitaient les ouvriers à ne pas cesser la lutte tant que le pouvoir ne serait pas entre leurs mains. L'ambiance révolutionnaire dictait elle‑même les mots d'ordre pratiques Les discussions ne portaient que sur des détails de l'appréciation des événements.&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/10/vil19201020.htm Contribution à l’histoire de la dictature]'', 20 octobre 1920</ref>
 
''«&nbsp;La tactique de la période de «&nbsp;tourmente&nbsp;» n'a pas écarté, mais bien rapproché les deux ailes de la social‑démocratie. A la place des divergences antérieures, s'est créée une unité de vue sur la question de l'insurrection armée. Les social‑démocrates des deux fractions ont travaillé au sein des Soviets des députés ouvriers, ces organismes de caractère original du pouvoir révolutionnaire embryonnaire, y ont fait entrer les soldats et les paysans, ont publié des manifestes révolutionnaires conjointement avec les partis révolutionnaires petits‑bourgeois. (...) Dans le [[Séverny_Golos|Séverny Golos]], menchéviks et bolchéviks appelaient ensemble à la grève et à l'insurrection, invitaient les ouvriers à ne pas cesser la lutte tant que le pouvoir ne serait pas entre leurs mains. L'ambiance révolutionnaire dictait elle‑même les mots d'ordre pratiques Les discussions ne portaient que sur des détails de l'appréciation des événements.&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/10/vil19201020.htm Contribution à l’histoire de la dictature]'', 20 octobre 1920</ref>
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Il est intéressant de noter que parmi ces ''«&nbsp;détails de l'appréciation des événements&nbsp;»'', Lénine cite celle-ci&nbsp;: ''«&nbsp;Le [[Natchalo|Natchalo]] penchait vers la dictature du prolétariat. La [[Novaïa_Jizn|Novaïa Jizn]] s'en tenait au point de vue de la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie.&nbsp;»'' L'expérience de 1905 fut en effet la matière principale à partir de laquelle [[Parvus|Parvus]] et [[Trotsky|Trotsky]] vont élaborer la théorie de la [[Révolution_permanente|révolution permanente]].
 
Il est intéressant de noter que parmi ces ''«&nbsp;détails de l'appréciation des événements&nbsp;»'', Lénine cite celle-ci&nbsp;: ''«&nbsp;Le [[Natchalo|Natchalo]] penchait vers la dictature du prolétariat. La [[Novaïa_Jizn|Novaïa Jizn]] s'en tenait au point de vue de la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie.&nbsp;»'' L'expérience de 1905 fut en effet la matière principale à partir de laquelle [[Parvus|Parvus]] et [[Trotsky|Trotsky]] vont élaborer la théorie de la [[Révolution_permanente|révolution permanente]].
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Les bolchéviks et les menchéviks fusionnèrent formellement lors du congrès d'unification du POSDR qui eut lieu en avril 1906.
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Les bolchéviks et les menchéviks fusionnèrent formellement lors du [[4e congrès du POSDR|congrès d'unification du POSDR]] qui eut lieu en avril 1906.
    
Plus globalement, la révolution de 1905 provoque un regain de confiance des révolutionnaires et un recul de l'assurance des [[Réformistes|réformistes]] dans la [[Social-démocratie|social-démocratie]] européenne. Son leader [[Karl_Kautsky|Karl Kautsky]] salue avec enthousiasme cette révolution<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/05/kautsky_19050503.htm ''1789-1889-1905''], ''Le Socialiste'', 3 mai 1905</ref>, qui commente ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;Ce qui promet de s’ouvrir c’est (...) une ère de révolutions européennes, qui aboutiront à la dictature du prolétariat, à la mise en train de la société socialiste.&nbsp;»''<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/12/kautsky_19051209.htm ''Ancienne et nouvelle Révolution''], ''Le Socialiste'', 9 décembre 1905</ref> De nombreux débats avaient lieu à cette époque sur l'importance de la [[Grève|grève]] de masse dans la stratégie social-démocrate.
 
Plus globalement, la révolution de 1905 provoque un regain de confiance des révolutionnaires et un recul de l'assurance des [[Réformistes|réformistes]] dans la [[Social-démocratie|social-démocratie]] européenne. Son leader [[Karl_Kautsky|Karl Kautsky]] salue avec enthousiasme cette révolution<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/05/kautsky_19050503.htm ''1789-1889-1905''], ''Le Socialiste'', 3 mai 1905</ref>, qui commente ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;Ce qui promet de s’ouvrir c’est (...) une ère de révolutions européennes, qui aboutiront à la dictature du prolétariat, à la mise en train de la société socialiste.&nbsp;»''<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/12/kautsky_19051209.htm ''Ancienne et nouvelle Révolution''], ''Le Socialiste'', 9 décembre 1905</ref> De nombreux débats avaient lieu à cette époque sur l'importance de la [[Grève|grève]] de masse dans la stratégie social-démocrate.

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