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Le '''Parti ouvrier social-démocrate de Russie''', ou POSDR (''Российская Социал-Демократическая Рабочая Партия, РС-ДР''), était la section russe de l'Internationale ouvrière. Fondé en 1898, il se divise dès son 2<sup>e</sup> congrès (1903) en deux fractions durables&nbsp;: les [[Bolchevik|bolcheviks]] et les [[Menchevik|mencheviks]]. Le parti bolchevik devient par la suite le [[Parti_communiste_de_l'Union_soviétique|Parti communiste de l'Union soviétique]].
 
Le '''Parti ouvrier social-démocrate de Russie''', ou POSDR (''Российская Социал-Демократическая Рабочая Партия, РС-ДР''), était la section russe de l'Internationale ouvrière. Fondé en 1898, il se divise dès son 2<sup>e</sup> congrès (1903) en deux fractions durables&nbsp;: les [[Bolchevik|bolcheviks]] et les [[Menchevik|mencheviks]]. Le parti bolchevik devient par la suite le [[Parti_communiste_de_l'Union_soviétique|Parti communiste de l'Union soviétique]].
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==Le populisme russe==
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==Les origines==
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===Le populisme russe===
    
{{Voir|Populisme russe}}
 
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En 1883, la première cellule marxiste russe, ''[[Libération_du_Travail|Libération du Travail]]'', est formée à Genève par d'anciens populistes&nbsp;: [[Gueorgui_Plekhanov|Gueorgui Plekhanov]], [[Pavel_Axelrod|Pavel Axelrod]], [[Vera_Zassoulitch|Vera Zassoulitch]], etc. Une grande partie de l'[[Intelligentsia|intelligentsia]] sera gagnée au marxisme au tournant du 20<sup>e</sup> siècle, mais le populisme restera un courant influent jusqu'au début des années 1920. Des populistes constituent en 1901 le [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|Parti socialiste-révolutionnaire]] (SR). Les partis seront aussi beaucoup désignés par les diminutifs эсер (''«&nbsp;essère&nbsp;»'', S-R) et эсдек (''«&nbsp;essdek&nbsp;»'', S-D).
 
En 1883, la première cellule marxiste russe, ''[[Libération_du_Travail|Libération du Travail]]'', est formée à Genève par d'anciens populistes&nbsp;: [[Gueorgui_Plekhanov|Gueorgui Plekhanov]], [[Pavel_Axelrod|Pavel Axelrod]], [[Vera_Zassoulitch|Vera Zassoulitch]], etc. Une grande partie de l'[[Intelligentsia|intelligentsia]] sera gagnée au marxisme au tournant du 20<sup>e</sup> siècle, mais le populisme restera un courant influent jusqu'au début des années 1920. Des populistes constituent en 1901 le [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|Parti socialiste-révolutionnaire]] (SR). Les partis seront aussi beaucoup désignés par les diminutifs эсер (''«&nbsp;essère&nbsp;»'', S-R) et эсдек (''«&nbsp;essdek&nbsp;»'', S-D).
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==Premiers cercles ouvriers et marxistes==
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===Premiers cercles ouvriers et marxistes===
 
Dans les années 1880, des cercles ouvriers se formaient dans les villes industrielles, souvent éphémères en raison de la [[répression]]. Ils étaient souvent dirigés par des étudiants ou intellectuels marxistes.
 
Dans les années 1880, des cercles ouvriers se formaient dans les villes industrielles, souvent éphémères en raison de la [[répression]]. Ils étaient souvent dirigés par des étudiants ou intellectuels marxistes.
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Il y eut peu de grèves ouvrières dans les années 1880. Dans les six années 1881-1886, il y en eut seulement 48<ref>L. Martov, [http://books.e-heritage.ru/book/10079854 Развитие крупной промышленности и рабочее движение в России], Petersbourg-Moscou, 1923, p. 19.</ref>, et les marxistes n’en n’influencèrent aucune. Dans ce contexte, les cercles (''kroujki'') étaient focalisés sur l'étude de textes, peu tournés vers l'extérieur et très [[Propagandisme|propagandistes]] et [[Avant-garde|avant-gardistes]]. Les ouvriers qui y participaient se coupaient généralement de la masse. L'exception était le mouvement ouvrier en Pologne, en particulier dans le prolétariat [[Union générale des travailleurs juifs|juif]], qui ressemblait déjà à un mouvement de masse.
 
Il y eut peu de grèves ouvrières dans les années 1880. Dans les six années 1881-1886, il y en eut seulement 48<ref>L. Martov, [http://books.e-heritage.ru/book/10079854 Развитие крупной промышленности и рабочее движение в России], Petersbourg-Moscou, 1923, p. 19.</ref>, et les marxistes n’en n’influencèrent aucune. Dans ce contexte, les cercles (''kroujki'') étaient focalisés sur l'étude de textes, peu tournés vers l'extérieur et très [[Propagandisme|propagandistes]] et [[Avant-garde|avant-gardistes]]. Les ouvriers qui y participaient se coupaient généralement de la masse. L'exception était le mouvement ouvrier en Pologne, en particulier dans le prolétariat [[Union générale des travailleurs juifs|juif]], qui ressemblait déjà à un mouvement de masse.
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== Vers l'agitation ==
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===Vers l'agitation===
 
En 1891, suite à une terrible [[Famine russe de 1891-1892|famine]], [[Gueorgui Plekhanov|Plékhanov]] proclama qu'il fallait développer une [[agitation]] à large échelle. Il définit les termes de propagande et agitation, et écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Une secte peut se satisfaire de la propagande dans le sens étroit du mot, pas un parti politique.&nbsp;»<ref name="Plekhanov1892">Plekhanov, ''Les tâches des socialistes face à la famine en Russie'', 1892</ref>'' Son appel eut peu d'effet. En 1894, [[Arkadi_Kremer|Kremer]], un dirigeant du [[Bund_juif|Bund]], écrivit une brochure, ''Ob Agitatsii'' (''Sur l’agitation''), en collaboration avec [[Martov|Martov]]. La brochure condamnait sévèrement la préoccupation des membres des cercles marxistes de leur propre «&nbsp;perfection&nbsp;», et rappelait que&nbsp;: ''«&nbsp;Les larges masses sont amenées à la lutte, non pas par des considérations intellectuelles, mais par le cours objectif des événements&nbsp;»''
 
En 1891, suite à une terrible [[Famine russe de 1891-1892|famine]], [[Gueorgui Plekhanov|Plékhanov]] proclama qu'il fallait développer une [[agitation]] à large échelle. Il définit les termes de propagande et agitation, et écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Une secte peut se satisfaire de la propagande dans le sens étroit du mot, pas un parti politique.&nbsp;»<ref name="Plekhanov1892">Plekhanov, ''Les tâches des socialistes face à la famine en Russie'', 1892</ref>'' Son appel eut peu d'effet. En 1894, [[Arkadi_Kremer|Kremer]], un dirigeant du [[Bund_juif|Bund]], écrivit une brochure, ''Ob Agitatsii'' (''Sur l’agitation''), en collaboration avec [[Martov|Martov]]. La brochure condamnait sévèrement la préoccupation des membres des cercles marxistes de leur propre «&nbsp;perfection&nbsp;», et rappelait que&nbsp;: ''«&nbsp;Les larges masses sont amenées à la lutte, non pas par des considérations intellectuelles, mais par le cours objectif des événements&nbsp;»''
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''Ob Agitatsii ''avait une vision [[mécaniste]] et [[étapiste]] des rapports entre la lutte économique (dans l'entreprise) et la lutte politique (contre le tsarisme). Dans les années suivantes, cela devint le fondement du développement de «&nbsp;l’[[Économisme (Russie)|économisme]]&nbsp;», qui sera sévèrement condamné par [[Lénine]]. Mais dans les années 1894-96, il épousait parfaitement le tournant vers l'agitation. Par exemple dans un projet de programme social-démocrate écrit en 1895, [[Lénine]] insiste beaucoup sur l'importance des luttes pour la progression de la [[conscience_de_classe|conscience de classe]], en soulignant que les luttes économiques amènent les ouvriers à être forcés de s'intéresser aux questions politiques.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1896/00/vil18960000.htm Exposé et commentaire du projet de programme du POSDR]'', Écrit en prison en 1895-1896. Paru pour la première fois en 1924.</ref>
 
''Ob Agitatsii ''avait une vision [[mécaniste]] et [[étapiste]] des rapports entre la lutte économique (dans l'entreprise) et la lutte politique (contre le tsarisme). Dans les années suivantes, cela devint le fondement du développement de «&nbsp;l’[[Économisme (Russie)|économisme]]&nbsp;», qui sera sévèrement condamné par [[Lénine]]. Mais dans les années 1894-96, il épousait parfaitement le tournant vers l'agitation. Par exemple dans un projet de programme social-démocrate écrit en 1895, [[Lénine]] insiste beaucoup sur l'importance des luttes pour la progression de la [[conscience_de_classe|conscience de classe]], en soulignant que les luttes économiques amènent les ouvriers à être forcés de s'intéresser aux questions politiques.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1896/00/vil18960000.htm Exposé et commentaire du projet de programme du POSDR]'', Écrit en prison en 1895-1896. Paru pour la première fois en 1924.</ref>
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Dans sa pratique aussi, Lénine produit essentiellement des écrits d'agitation dans cette période. Par exemple, son tract [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1895/11/vil18951100.htm ''L’ouvrier et l’ouvrière de l’usine Thornton''] se concentrait exclusivement sur des questions économiques, ne faisait aucune allusion à la politique et restait sur un ton très modéré. En novembre 1895, dans son article ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1895/00/vil18950000.htm A quoi pensent nos ministres&nbsp;?]'' Lénine dénoncent les lois qui favorisaient les patrons, en esquivant la question du tsar, qui à cette épique était toujours «&nbsp;le petit père&nbsp;» pour les ouvriers et les paysans. Anna, la sœur de Lénine, rapporte les propos suivants de son frère&nbsp;: ''«&nbsp;Evidemment, si vous commencez d’entrée de jeu par critiquer le tsar et le système social, vous ne faites que braquer les travailleurs&nbsp;»''<ref name="CliffLenine22">Tony Cliff, [https://www.contretemps.eu/lenine-cercle-greve/ ''Lénine : 1893-1914. Construire le parti – chapitre 2''], 1975</ref> Lénine essayait de conduire pas à pas le lecteur à des conclusions politiques plutôt modestes qui n’étaient pas exprimées de façon explicite, comme dans sa brochure ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1895/00/vil18950001.htm Explication de la loi des amendes infligées aux ouvriers d’usine]''.
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Mais dans la pratique surtout, Lénine est concentré sur les luttes économiques. Arrivé à Saint-Pétersbourg en 1893, il y a fondé avec Martov et d'autres une [[Ligue de combat pour l’émancipation de la classe ouvrière|Ligue]] qui diffuse des [[Tract|tracts]] dans les usines, comme [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1895/11/vil18951100.htm ''L’ouvrier et l’ouvrière de l’usine Thornton'']. Quand il aborde la politique, c'est sur un ton très modéré. En novembre 1895, dans son article ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1895/00/vil18950000.htm A quoi pensent nos ministres&nbsp;?]'' Lénine dénoncent les lois qui favorisaient les patrons, en esquivant la question du tsar, qui à cette épique était toujours «&nbsp;le petit père&nbsp;» pour les ouvriers et les paysans. Anna, la sœur de Lénine, rapporte les propos suivants de son frère&nbsp;: ''«&nbsp;Evidemment, si vous commencez d’entrée de jeu par critiquer le tsar et le système social, vous ne faites que braquer les travailleurs&nbsp;»''<ref name="CliffLenine22">Tony Cliff, [https://www.contretemps.eu/lenine-cercle-greve/ ''Lénine : 1893-1914. Construire le parti – chapitre 2''], 1975</ref> Lénine essayait de conduire pas à pas le lecteur à des conclusions politiques plutôt modestes qui n’étaient pas exprimées de façon explicite, comme dans sa brochure ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1895/00/vil18950001.htm Explication de la loi des amendes infligées aux ouvriers d’usine]''. Il passait du temps à étudier les conditions concrètes dans les usines, en interrogeant des ouvriers. Il recevait pour cela une aide précieuse de  [[Nadejda Kroupskaïa|Kroupskaïa]], qui participait depuis 1890 à des écoles du soir pour ouvriers.
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=== Premiers succès, premières divisions ===
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Fin 1895 - début 1896, Lénine et Martov sont arrêtés. Quelques mois plus tard, éclate la première [[grève de masse]] de Russie. C’était une grève des ouvriers du textile de Saint-Pétersbourg, en mai 1896. Les membres de la [[Liberté du Travail|Ligue]], du moins ceux qui étaient encore en liberté, jouèrent un rôle central dans cette grève massive. Elle commença sous la forme d’une protestation contre le non-paiement des salaires pour le congé de trois jours célébrant le couronnement de Nicolas II. Mais elle se transforma bientôt en lutte pour une réduction des heures de travail et une augmentation des salaires et se propagea à vingt des plus grandes usines de Russie, employant 30.000 ouvriers. Ceux-ci poursuivirent la lutte pour la journée de 10 heures ½ pendant trois semaines, et lorsqu’ils décidèrent finalement de reprendre le travail, ils le firent comme un seul homme dans toutes les usines en même temps. Ce n’avait pas seulement été la plus grande grève de Russie jusque-là. C’était aussi la première à aller au-delà des limites d’un seul établissement industriel, et la Ligue de Saint-Pétersbourg y avait joué un rôle de premier plan. Pour la première fois dans la longue histoire du mouvement ouvrier russe, les révolutionnaires avaient mis les masses en action.
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La social-démocratie devenait un mouvement important, même si elle était encore avant tout perçue comme un secteur de l'intelligentsia, cherchant à être l'avant-garde du prolétariat. Un ouvrier de Saint-Pétersbourg disait ironiquement en 1898&nbsp;: ''«&nbsp;Seule différence avec nous, durant l’été les membres du parti vont en vacances… La révolution est en congé.&nbsp;»''<ref>Marc Ferro, ''Des soviets au communisme bureaucratique'', 1980</ref>
    
Vers 1898, le groupe [[Libération du travail]] commence à polémiquer contre une tendance à abandonner la propagande marxiste, que ce soit au nom du [[Révisionnisme (années 1890)|révisionnisme de Bernstein]], ou au nom de la priorité aux luttes économiques (''«&nbsp;[[Économisme (Russie)|économisme]]&nbsp;»''). [[Plekhanov|Plekhanov]] se concentrait sur la critique des révisionnistes et [[Axelrod|Axelrod]] des économistes. C'est notamment sur cette ligne que va se regrouper en 1900 la rédaction de l'''[[Iskra|Iskra]]'', nouveau journal se voulant un point de ralliement pour la social-démocratie russe. L'équipe regroupe des anciens comme [[Plékhanov]], et des jeunes comme [[Lénine]] et [[Martov|Martov]].
 
Vers 1898, le groupe [[Libération du travail]] commence à polémiquer contre une tendance à abandonner la propagande marxiste, que ce soit au nom du [[Révisionnisme (années 1890)|révisionnisme de Bernstein]], ou au nom de la priorité aux luttes économiques (''«&nbsp;[[Économisme (Russie)|économisme]]&nbsp;»''). [[Plekhanov|Plekhanov]] se concentrait sur la critique des révisionnistes et [[Axelrod|Axelrod]] des économistes. C'est notamment sur cette ligne que va se regrouper en 1900 la rédaction de l'''[[Iskra|Iskra]]'', nouveau journal se voulant un point de ralliement pour la social-démocratie russe. L'équipe regroupe des anciens comme [[Plékhanov]], et des jeunes comme [[Lénine]] et [[Martov|Martov]].
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===Congrès de fondation (1898)===
 
===Congrès de fondation (1898)===
 
[[File:POSDR Fondation 1898.png|right|350x244px|POSDR Fondation 1898.png]]  
 
[[File:POSDR Fondation 1898.png|right|350x244px|POSDR Fondation 1898.png]]  
En mars 1898, un congrès (clandestin) est organisé à Minsk pour tenter d'unifier en un parti diverses organisations marxistes ou ouvrières. Le Congrès réunit moins de 15 délégués, venant de trois organisations: le groupe de la [[Rabotchaia_Gazeta|''Rabotchaia Gazeta'']] de Kiev, le [[Union_générale_des_travailleurs_juifs|Bund juif]], et les ''Unions de Lutte pour la libération de la classe ouvrière'' de Saint-Pétersbourg,&nbsp;Moscou et Ekaterinoslav. L'unique délégué ouvrier présent au Congrès était un militant du ''Bund'', qui était alors la plus grande organisation ouvrière. Ce congrès procéda à l'élection d'un Comité Central composé par trois personnes&nbsp;: [[Boris_Eidelman|Boris Eidelman]] (de la ''Rabotchaia Gazeta''), [[Arkadi_Kremer|Arkadi Kremer]] (du ''Bund'') et [[Stepan_Radchenko|Stepan Radchenko]] (de l'Union de lutte de Saint-Pétersbourg). [[Pierre_Struve|Pierre Struve]] était l'un des participants. [[Lénine|Lénine]], alors en exil à Chouchenskoïé (Sibérie) ne fut pas présent à ce congrès. [[Trotsky|Trotsky]] lui, est en prison à Kherson (Ukraine).
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En mars 1898, un congrès (clandestin) est organisé à Minsk pour tenter d'unifier en un parti diverses organisations marxistes ou ouvrières. Le Congrès réunit moins de 15 délégués, venant de trois organisations: le groupe de la [[Rabotchaia_Gazeta|''Rabotchaia Gazeta'']] de Kiev, le [[Union_générale_des_travailleurs_juifs|Bund]], et les ''Unions de Lutte pour la libération de la classe ouvrière'' de Saint-Pétersbourg,&nbsp;Moscou et Ekaterinoslav. L'unique délégué ouvrier présent au Congrès était un militant du Bund, qui était alors la plus grande organisation ouvrière. Ce congrès procéda à l'élection d'un Comité Central composé par trois personnes&nbsp;: [[Boris_Eidelman|Boris Eidelman]] (de la ''Rabotchaia Gazeta''), [[Arkadi_Kremer|Arkadi Kremer]] (du ''Bund'') et [[Stepan_Radchenko|Stepan Radchenko]] (de l'Union de lutte de Saint-Pétersbourg). [[Pierre_Struve|Pierre Struve]] était l'un des participants. [[Lénine|Lénine]], alors en exil à Chouchenskoïé (Sibérie) ne fut pas présent à ce congrès. [[Trotsky|Trotsky]] lui, est en prison à Kherson (Ukraine).
    
Le Congrès adopta un manifeste (dont la rédaction finale fut confiée à [[Struve|Struve]]) et fixa des règles de fonctionnement du Parti même si, sur le plan formel, il n'adopta ni [[Programme_politique|programme]], ni [[Statuts|statuts]]. Le manifeste contenait notamment l'observation très pertinente suivante&nbsp;: ''«&nbsp;Plus l'on va à l'Orient de l'Europe, plus, sous le rapport politique, la bourgeoisie est lâche et vile, et, par conséquent, les tâches culturelles et politiques qui s'imposent au prolétariat n'en sont que plus grandes.&nbsp;»''
 
Le Congrès adopta un manifeste (dont la rédaction finale fut confiée à [[Struve|Struve]]) et fixa des règles de fonctionnement du Parti même si, sur le plan formel, il n'adopta ni [[Programme_politique|programme]], ni [[Statuts|statuts]]. Le manifeste contenait notamment l'observation très pertinente suivante&nbsp;: ''«&nbsp;Plus l'on va à l'Orient de l'Europe, plus, sous le rapport politique, la bourgeoisie est lâche et vile, et, par conséquent, les tâches culturelles et politiques qui s'imposent au prolétariat n'en sont que plus grandes.&nbsp;»''
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Affirmant son analyse marxiste, le POSDR proclame que malgré la prédominance de la [[Paysannerie|paysannerie]] à l'époque, le vrai potentiel révolutionnaire résiderait à terme dans le [[Prolétariat|prolétariat]] industriel (qui pesait alors 3% de la population).
 
Affirmant son analyse marxiste, le POSDR proclame que malgré la prédominance de la [[Paysannerie|paysannerie]] à l'époque, le vrai potentiel révolutionnaire résiderait à terme dans le [[Prolétariat|prolétariat]] industriel (qui pesait alors 3% de la population).
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Les social-démocrates étaient alors surtout des [[Intellectuels|intellectuels]], se voyant comme avant-garde du prolétariat. Un ouvrier de Saint-Pétersbourg disait ironiquement en 1898&nbsp;: ''«&nbsp;Seule différence avec nous, durant l’été les membres du parti vont en vacances… La révolution est en congé.&nbsp;»''<ref>Marc Ferro, ''Des soviets au communisme bureaucratique'', 1980</ref>
      
===Rupture avec les ''«&nbsp;marxistes légaux&nbsp;»''===
 
===Rupture avec les ''«&nbsp;marxistes légaux&nbsp;»''===
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===«&nbsp;Iskristes&nbsp;» contre «&nbsp;économistes&nbsp;»===
 
===«&nbsp;Iskristes&nbsp;» contre «&nbsp;économistes&nbsp;»===
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Avant le second congrès en 1903, un jeune intellectuel nommé [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Vladimir Ilitch Oulianov]] rejoint le parti. En 1901, de l'étranger où ils étaient venus rejoindre les anciens immigrés du groupe Libération du Travail, Vladimir Oulianov et [[Julius_Martov|Julius Martov]] commencent la publication clandestine de l'''[[Iskra|Iskra]]'' (''L'Étincelle''). Ils voulaient grâce à cette publication bâtir un grand parti centralisant, si nécessaire de façon volontariste, les différents groupes socialistes et cercles ouvriers existant en Russie.
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En 1901, de l'étranger où ils étaient venus rejoindre les anciens immigrés du groupe Libération du Travail, Lénine et [[Julius_Martov|Martov]] commencent la publication clandestine de l'''[[Iskra|Iskra]]'' (''L'Étincelle''). Ils voulaient grâce à cette publication bâtir un grand parti centralisant, si nécessaire de façon volontariste, les différents groupes socialistes et cercles ouvriers existant en Russie.
    
Très rapidement se développe à l'intérieur du mouvement une opposition entre «&nbsp;[[Iskra|iskristes]]&nbsp;» et «&nbsp;[[Économisme_(Russie)|économistes]]&nbsp;». Le terme [[Économistes_(Russie)|''économistes'']] désignait les sociaux-démocrates russes qui luttaient plus pour l'amélioration des conditions de vie immédiate des ouvriers (''«&nbsp;revendications économiques&nbsp;»'') que pour les questions démocratiques (''«&nbsp;revendication politique&nbsp;»''), qu'il fallait laisser à la bourgeoisie libérale.
 
Très rapidement se développe à l'intérieur du mouvement une opposition entre «&nbsp;[[Iskra|iskristes]]&nbsp;» et «&nbsp;[[Économisme_(Russie)|économistes]]&nbsp;». Le terme [[Économistes_(Russie)|''économistes'']] désignait les sociaux-démocrates russes qui luttaient plus pour l'amélioration des conditions de vie immédiate des ouvriers (''«&nbsp;revendications économiques&nbsp;»'') que pour les questions démocratiques (''«&nbsp;revendication politique&nbsp;»''), qu'il fallait laisser à la bourgeoisie libérale.

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