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Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "[[Socialisme_dans_un_seul_pays|socialisme dans un seul pays]]". C'est notamment ce qui fera que Trotsky dénoncera le ''« nationalo-socialisme »'' de Staline.
 
Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "[[Socialisme_dans_un_seul_pays|socialisme dans un seul pays]]". C'est notamment ce qui fera que Trotsky dénoncera le ''« nationalo-socialisme »'' de Staline.
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=== Assassinats d'opposants ===
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===Assassinats d'opposants===
 
C'est principalement en URSS qu'ont eu lieu des éliminations massives d'opposants, ou même de leaders communistes qui potentiellement auraient pu inquiéter Staline (notamment lors des [[Grandes purges]]).
 
C'est principalement en URSS qu'ont eu lieu des éliminations massives d'opposants, ou même de leaders communistes qui potentiellement auraient pu inquiéter Staline (notamment lors des [[Grandes purges]]).
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Dans les matériels éducatifs et de propagande, il était bien plus souvent question d'idées et d'accomplissements collectifs que de « grands hommes », mais si des dirigeants bolchéviks étaient mis en avant, c'était fréquemment Lénine et Trotski. Staline est  absent des matériels à destination du grand public dans toute cette période, et il n'est connu que des cadres du parti.
 
Dans les matériels éducatifs et de propagande, il était bien plus souvent question d'idées et d'accomplissements collectifs que de « grands hommes », mais si des dirigeants bolchéviks étaient mis en avant, c'était fréquemment Lénine et Trotski. Staline est  absent des matériels à destination du grand public dans toute cette période, et il n'est connu que des cadres du parti.
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Ce n'est que la puissance de l'appareil du parti devenu machine bureaucratique contrôlant l'État qui permettra  à Staline de  réécrire l'histoire au fil des années, et d'instaurer un véritable [[culte de la personnalité]] autour de sa personne. Dans les années 1930 il ne restera plus que Lénine et Staline (avec une prétendue filiation naturelle) dans l'imagerie étatique.
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Ce n'est que la puissance de l'appareil du parti devenu machine bureaucratique contrôlant l'État qui permettra  à Staline de  réécrire l'histoire au fil des années, et d'instaurer un véritable [[culte de la personnalité]] autour de sa personne.  
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Dans les années 1930 l'imagerie étatique consistait essentiellement en de lourdes répétitions de messages du type « Marx-Engels-Lénine-Staline », afin de présenter Staline comme l'héritier direct de ses illustres prédécesseurs.
 
===Domination sociale===
 
===Domination sociale===
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Entre 1985 et 1987, la police politique de la Pologne stalinienne lança une vaste campagne d'arrestations et de fichage des homosexuel-les du pays (Opération Hyacinthe<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Hyacinthe</ref>).
 
Entre 1985 et 1987, la police politique de la Pologne stalinienne lança une vaste campagne d'arrestations et de fichage des homosexuel-les du pays (Opération Hyacinthe<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Hyacinthe</ref>).
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=== Répression puis instrumentalisation de la religion ===
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===Répression puis instrumentalisation de la religion===
 
La [[révolution d'Octobre]] a entraîné une vague d'[[anticléricalisme]], relativement populaire. Des églises et des reliques ont été brûlées, d'autres biens sont confisqués, et un bon nombre de membres du clergé orthodoxe ont payé le prix d'une ancestrale collaboration avec le tsarisme. S'ajoute à cela le sentiment anti-religieux propre aux cadres bolchéviks, en tant que militants formés à l'idée que la [[religion]] est un pilier de l'[[aliénation]] des masses. Cependant la [[liberté de croyance]] n'était pas remise en cause et la direction du parti bolchévik tendait à modérer la propagande anti-religieuse, [[Lénine]] notamment intervenant régulièrement dans ce sens. Les religions des [[Minorités nationales en Russie|minorités nationales du pays]] (musulmans, juifs...) faisaient l'objet d'une attention encore plus particulière.
 
La [[révolution d'Octobre]] a entraîné une vague d'[[anticléricalisme]], relativement populaire. Des églises et des reliques ont été brûlées, d'autres biens sont confisqués, et un bon nombre de membres du clergé orthodoxe ont payé le prix d'une ancestrale collaboration avec le tsarisme. S'ajoute à cela le sentiment anti-religieux propre aux cadres bolchéviks, en tant que militants formés à l'idée que la [[religion]] est un pilier de l'[[aliénation]] des masses. Cependant la [[liberté de croyance]] n'était pas remise en cause et la direction du parti bolchévik tendait à modérer la propagande anti-religieuse, [[Lénine]] notamment intervenant régulièrement dans ce sens. Les religions des [[Minorités nationales en Russie|minorités nationales du pays]] (musulmans, juifs...) faisaient l'objet d'une attention encore plus particulière.
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Avec la stalinisation, un durcissement s'opère. La politique passe d'une attitude plutôt [[Laïcité|laïque]] à un [[athéisme]] d'État, et à une répression de toute pratique religieuse<ref>[[wikifr:Politique_anti-religieuse_soviétique|https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_anti-religieuse_soviétique]]</ref>.  Après la mort de Lénine, de nombreuses églises ont été détruites par le régime (par exemple à Oulianovsk<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Oulianovsk</ref>). En 1925 est créée une organisation de masse destinée à promouvoir activement l'athéisme, l'[[Union des sans-dieu]].<ref>Anderson, John (1994). ''[https://archive.org/details/religionstatepol0000ande/page/3 Religion, State and Politics in the Soviet Union and Successor States]''. Cambridge, England: Cambridge University Press. [https://archive.org/details/religionstatepol0000ande/page/3 pp. 3]. <nowiki>ISBN 0-521-46784-5</nowiki>.</ref>
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Avec la stalinisation, un durcissement s'opère. La politique passe d'une attitude plutôt [[Laïcité|laïque]] à un [[athéisme]] d'État, et à une répression de toute pratique religieuse<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_anti-religieuse_soviétique</ref>.  Après la mort de Lénine, de nombreuses églises ont été détruites par le régime (par exemple à Oulianovsk<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Oulianovsk</ref>). En 1925 est créée une organisation de masse destinée à promouvoir activement l'athéisme, l'[[Union des sans-dieu]].<ref>Anderson, John (1994). ''[https://archive.org/details/religionstatepol0000ande/page/3 Religion, State and Politics in the Soviet Union and Successor States]''. Cambridge, England: Cambridge University Press. [https://archive.org/details/religionstatepol0000ande/page/3 pp. 3]. <nowiki>ISBN 0-521-46784-5</nowiki>.</ref>
    
La saisie de tous les biens restant à l'Église est ordonnée en 1934, officiellement pour lutter contre la Grande Famine. Avec la Seconde guerre mondiale, la politique soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change : pour souder la population autour du régime, il ne s'agit plus de persécuter, mais d'instrumentaliser l'Église. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l'élection d'un nouveau patriarche en 1943 (le dernier n'avait pas été remplacé à sa mort en 1925). Staline s'adresse à la radio aux citoyens en utilisant non plus le terme de « camarades » mais celui de « frères ». Pratiquer l'orthodoxie ne conduit plus au Goulag et même des membres du Parti et de la [[Nomenklatura]] finissent par s'y adonner.
 
La saisie de tous les biens restant à l'Église est ordonnée en 1934, officiellement pour lutter contre la Grande Famine. Avec la Seconde guerre mondiale, la politique soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change : pour souder la population autour du régime, il ne s'agit plus de persécuter, mais d'instrumentaliser l'Église. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l'élection d'un nouveau patriarche en 1943 (le dernier n'avait pas été remplacé à sa mort en 1925). Staline s'adresse à la radio aux citoyens en utilisant non plus le terme de « camarades » mais celui de « frères ». Pratiquer l'orthodoxie ne conduit plus au Goulag et même des membres du Parti et de la [[Nomenklatura]] finissent par s'y adonner.
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La période stalinienne entraînera dans les domaines artistiques, scientifiques et culturels une véritable chape de plomb. Toute production intellectuelle (comme manuelle) est mise au pas au service du régime. Ceux qui étaient reconnus dans leur domaine sont souvent mis à l'écart, même ceux qui avaient percé dans la période de la fin des années 1920 déjà bureaucratisée. Staline se méfie d'eux parce que leur poste et leur influence n'est pas totalement subordonnée à lui, ou parce que les créations ou recherches qu'ils ont développées ne sont pas parfaitement adaptées à la propagande de l'Etat. Ainsi les recherches novatrices sur l'écologie sont mises de côté, les thèses de l'historien [[Pokrovsky|Pokrovsky]] sont rejetées... Le symbole le plus caricatural de la ''«&nbsp;science&nbsp;»'' manipulée (et donc non scientifique) est la doctrine de [[Affaire_Lyssenko|Lyssenko]], qui conduira au rejet pendant plusieurs années de la [[Génétique|génétique]], considérée comme ''«&nbsp;bourgeoise&nbsp;»''.
 
La période stalinienne entraînera dans les domaines artistiques, scientifiques et culturels une véritable chape de plomb. Toute production intellectuelle (comme manuelle) est mise au pas au service du régime. Ceux qui étaient reconnus dans leur domaine sont souvent mis à l'écart, même ceux qui avaient percé dans la période de la fin des années 1920 déjà bureaucratisée. Staline se méfie d'eux parce que leur poste et leur influence n'est pas totalement subordonnée à lui, ou parce que les créations ou recherches qu'ils ont développées ne sont pas parfaitement adaptées à la propagande de l'Etat. Ainsi les recherches novatrices sur l'écologie sont mises de côté, les thèses de l'historien [[Pokrovsky|Pokrovsky]] sont rejetées... Le symbole le plus caricatural de la ''«&nbsp;science&nbsp;»'' manipulée (et donc non scientifique) est la doctrine de [[Affaire_Lyssenko|Lyssenko]], qui conduira au rejet pendant plusieurs années de la [[Génétique|génétique]], considérée comme ''«&nbsp;bourgeoise&nbsp;»''.
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=== Le « diamat » et le « marxisme » officiel ===
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Dans la doctrine officielle de l'Etat soviétique, le [[matérialisme dialectique]] (abrégé ''« diamat »'' en russe) est devenu un [[dogme]]. On professait comme un prêt à penser les « trois lois de la dialectique » évoquées par Engels dans ''Dialectique de la nature'' , et il fallait impérativement voir la dialectique en œuvre dans toute science. Même des [[Science|scientifiques]] reconnus dans leur discipline furent purgés parce qu'ils ne montraient pas assez qu'ils appliquaient le ''« diamat »''. Cela pouvait aller jusqu'à l'incompétence flagrante et même la contradiction frontale avec le savoir scientifique accumulé jusque là.
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C'était, en partie, un effort pour contraindre la science à s'adapter aux besoins spécifiques de l'Union soviétique pour se maintenir comme puissance mondiale. Il ne pouvait plus être question de science pure. Les scientifiques devaient justifier leur travail en démontrant sa pertinence dans le cadre du Plan quinquennal. Mais c'était aussi un effort [[idéologique]] pour justifier l’État soviétique, tant aux yeux de ses propres citoyens que pour les sympathisants d'Occident, comme une société totalement organisée selon les intérêts du prolétariat.
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On pourrait croire que la pensée marxiste, a minima, a pu progresser avec un tel soutien d'un des États les plus puissants du monde. Mais c'est tout l'inverse. Avec l'intimidation généralisée de toute pensée sceptique, l'impossibilité de remettre en question ne serait-ce que des points particuliers du marxisme, celui-ci ne pouvait que se transformer une idéologie grotesque, et se vider de ce qui potentiellement en fait un [[socialisme scientifique]]. Comble de l'ironie, certains ouvrages de Marx étaient même censurés en URSS.<ref>Maximilien Rubel, « Karl Marx, auteur maudit en URSS », 1951, ''Preuves'' <abbr>n<sup>o</sup></abbr> 7 et 8.</ref>
    
==Le stalinisme après Staline==
 
==Le stalinisme après Staline==

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