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Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "[[Socialisme_dans_un_seul_pays|socialisme dans un seul pays]]". C'est notamment ce qui fera que Trotsky dénoncera le ''« nationalo-socialisme »'' de Staline.
 
Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "[[Socialisme_dans_un_seul_pays|socialisme dans un seul pays]]". C'est notamment ce qui fera que Trotsky dénoncera le ''« nationalo-socialisme »'' de Staline.
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== La nouvelle idéologie d'État ==
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=== Assassinats d'opposants ===
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C'est principalement en URSS qu'ont eu lieu des éliminations massives d'opposants, ou même de leaders communistes qui potentiellement auraient pu inquiéter Staline (notamment lors des [[Grandes purges]]).
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===Calomnies et falsifications===
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Néanmoins au plus fort de la terreur stalinienne, des oppositionnels ont été éliminés y compris à l'international :
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Le régime  stalinien et ses relais à l'échelle mondiale vont se faire une spécialité de transformer la réalité à leur guise et de calomnier leurs opposants.
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*Des révolutionnaires sont assassinés par les staliniens pendant la [[Révolution espagnole (1931-1939)|guerre d'Espagne]], comme [[Erwin Wolf]], [[Kurt Landau]], [[Hans Freud]], ou le leader du [[Parti ouvrier d'unification marxiste|POUM]], [[Andreu Nin]], tué par le [[NKVD]]
<span class="st">En 1929, la ''[[Pravda|Pravda]]'' titre sur «&nbsp;Mister Trotski au ''service'' de la bourgeoisie britannique&nbsp;».</span>
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*[[Rudolf Klement]] assassiné à Paris en 1938 (découpé en morceaux et jeté dans la Seine),
 
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*[[Léon Trotski]], assassiné le 21 août 1940 à Mexico par [[Ramon Mercader]].
<span class="st">Le 20 juin 1937, paraît dans ''L'Humanité'' un article de George Soria, </span>''«&nbsp;Le trotskisme au service de Hitler&nbsp;»'' <span class="st">qui invente que le [[POUM|POUM]] préparerait un complot avec les franquistes. Le même Soria récidive dans le numéro du 25 septembre en titrant </span>''«&nbsp;Le trotskisme au service de Franco&nbsp;»''<span class="st">.</span>
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*Des trotskistes ont été tués en France au sein même de la résistance : [[Pietro Tresso]], [[Abram Sadek]], [[Maurice Sieglmann]] (alias « Pierre Salini »), [[Jean Reboul]].<ref>Pierre Broué et Raymond Vacheron, ''Meurtres au maquis'', en collaboration avec Alain Dugrand, Bernard Grasset, 1997  <small>(<nowiki>ISBN 2-246-54021-6</nowiki>)</small></ref>, [[Marcel Brocard]]<ref>Le Maîtron, ''[https://maitron.fr/spip.php?article17996 BROCARD Marcel, Alfred, Louis dit parfois Pierre]''</ref>, [[Mathieu Bucholz]],
 
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*De nombreux trotskistes sont tués par les staliniens au sein de la résistance et de la [[Guerre civile grecque (1946-1949)|guerre civile grecque]] : Stavros Verouchis, P. Anastasiou, M. Kapetanakis, L. Kapetanakis, M. Xanthopoulos, M. Zisimopoulos, K. Ladas, Themelis, Karoyeridis, Pagonis...
''[[L'Humanité|L'Humanité]]'' du 20 avril 1934 affiche en première page ''«&nbsp;La fraction trotskiste dans le camp de la contre-révolution&nbsp;»''<ref>https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k404980f</ref>.
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*En 1945, le maire de Saigon et leader trotskiste vietnamien [[Tạ Thu Thâu]] est assassiné par le Viet-minh, ainsi que de nombreux autres trotskistes : Tran Van Tach, Phan Van Hum, Nguyen Van So, Trân Van Chanh, Phan Van Hum...
 
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*D'autres, trotskistes ou non, ont été tués en d'autres occasions : [[Walter Held]] en essayant de traverser l'URSS, [[Ignace Reiss]] en Suisse, [[Sandalio Junco]] à Cuba...
Ces pratiques iront jusqu'à la [[Falsification_de_photographies_en_URSS|falsification de nombreuses photographies]] (opposants comme Trotski effacés...).
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Cette propagande anti-trotskiste se poursuivra dans l'après-guerre. Par exemple en 1969 paraissent aux Editions de Moscou ''Le parti des bolchéviks en lutte contre le trotskisme'', et ''Le Trotskisme, cet antiléninisme''.
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=== Culte de la personnalité de Staline ===
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[[Fichier:Abécédaire soviétique 1921.jpg|vignette|363x363px|Poster de 1921 représentant l'alphabet, avec Lénine et Trotski.]]
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Juste après Octobre 1917, le prestige de [[Lénine]] est immense, mais il n'y a pas de [[culte de la personnalité]] au sens strict. Déjà, il n'était pas encore très bien connu dans les régions reculées de l'ex [[Empire russe|empire Russe]]. Ensuite, il était loin d'être le seul dirigeant inspirant le respect pour sa conduite dans la révolution : [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], bon orateur, disposait d'une aura à Petrograd, [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] à Mouscou... Par ailleurs, Trotski jouissait d'un immense prestige également, en particulier pour son rôle dans l'organisation de l'Armée rouge. Pendant les années 1918-1921, il était très courant d'entendre désigner le parti bolchévik par l'expression « parti de Lénine et Trotski », aussi bien en Russie qu'à l'étranger.
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Dans les matériels éducatifs et de propagande, il était bien plus souvent question d'idées et d'accomplissements collectifs que de « grands hommes », mais si des dirigeants bolchéviks étaient mis en avant, c'était fréquemment Lénine et Trotski. Staline est  absent des matériels à destination du grand public dans toute cette période, et il n'est connu que des cadres du parti.
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Ce n'est que la puissance de l'appareil du parti devenu machine bureaucratique contrôlant l'État qui permettra  à Staline de  réécrire l'histoire au fil des années, et d'instaurer un véritable [[culte de la personnalité]] autour de sa personne. Dans les années 1930 il ne restera plus que Lénine et Staline (avec une prétendue filiation naturelle) dans l'imagerie étatique.{{...}}
      
==Stalinisme et Internationale Communiste==
 
==Stalinisme et Internationale Communiste==
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===La II<sup>e</sup> guerre mondiale et la dissolution de l'Internationale===
 
===La II<sup>e</sup> guerre mondiale et la dissolution de l'Internationale===
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==Le régime stalinien==
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===Calomnies et falsifications===
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Le régime  stalinien et ses relais à l'échelle mondiale vont se faire une spécialité de transformer la réalité à leur guise et de calomnier leurs opposants.
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<span class="st">En 1929, la ''[[Pravda|Pravda]]'' titre sur «&nbsp;Mister Trotski au ''service'' de la bourgeoisie britannique&nbsp;».</span>
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==Assassinats d'opposants==
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<span class="st">Le 20 juin 1937, paraît dans ''L'Humanité'' un article de George Soria, </span>''«&nbsp;Le trotskisme au service de Hitler&nbsp;»'' <span class="st">qui invente que le [[POUM|POUM]] préparerait un complot avec les franquistes. Le même Soria récidive dans le numéro du 25 septembre en titrant </span>''«&nbsp;Le trotskisme au service de Franco&nbsp;»''<span class="st">.</span>
C'est principalement en URSS qu'ont eu lieu des éliminations massives d'opposants, ou même de leaders communistes qui potentiellement auraient pu inquiéter Staline (notamment lors des [[Grandes purges]]).
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Néanmoins au plus fort de la terreur stalinienne, des oppositionnels ont été éliminés y compris à l'international :
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''[[L'Humanité|L'Humanité]]'' du 20 avril 1934 affiche en première page ''«&nbsp;La fraction trotskiste dans le camp de la contre-révolution&nbsp;»''<ref>https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k404980f</ref>.
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Ces pratiques iront jusqu'à la [[Falsification_de_photographies_en_URSS|falsification de nombreuses photographies]] (opposants comme Trotski effacés...).
*Des révolutionnaires sont assassinés par les staliniens pendant la [[Révolution espagnole (1931-1939)|guerre d'Espagne]], comme [[Erwin Wolf]], [[Kurt Landau]], [[Hans Freud]], ou le leader du [[Parti ouvrier d'unification marxiste|POUM]], [[Andreu Nin]], tué par le [[NKVD]]
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*[[Rudolf Klement]] assassiné à Paris en 1938 (découpé en morceaux et jeté dans la Seine),
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*[[Léon Trotski]], assassiné le 21 août 1940 à Mexico par [[Ramon Mercader]].
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*Des trotskistes ont été tués en France au sein même de la résistance : [[Pietro Tresso]], [[Abram Sadek]], [[Maurice Sieglmann]] (alias « Pierre Salini »), [[Jean Reboul]].<ref>Pierre Broué et Raymond Vacheron, ''Meurtres au maquis'', en collaboration avec Alain Dugrand, Bernard Grasset, 1997  <small>(<nowiki>ISBN 2-246-54021-6</nowiki>)</small></ref>, [[Marcel Brocard]]<ref>Le Maîtron, ''[https://maitron.fr/spip.php?article17996 BROCARD Marcel, Alfred, Louis dit parfois Pierre]''</ref>, [[Mathieu Bucholz]],
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*De nombreux trotskistes sont tués par les staliniens au sein de la résistance et de la [[Guerre civile grecque (1946-1949)|guerre civile grecque]] : Stavros Verouchis, P. Anastasiou, M. Kapetanakis, L. Kapetanakis, M. Xanthopoulos, M. Zisimopoulos, K. Ladas, Themelis, Karoyeridis, Pagonis...
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*En 1945, le maire de Saigon et leader trotskiste vietnamien [[Tạ Thu Thâu]] est assassiné par le Viet-minh, ainsi que de nombreux autres trotskistes : Tran Van Tach, Phan Van Hum, Nguyen Van So, Trân Van Chanh, Phan Van Hum...
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*D'autres, trotskistes ou non, ont été tués en d'autres occasions : [[Walter Held]] en essayant de traverser l'URSS, [[Ignace Reiss]] en Suisse, [[Sandalio Junco]] à Cuba...
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==Le régime stalinien==
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Cette propagande anti-trotskiste se poursuivra dans l'après-guerre. Par exemple en 1969 paraissent aux Editions de Moscou ''Le parti des bolchéviks en lutte contre le trotskisme'', et ''Le Trotskisme, cet antiléninisme''.
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===Répression de toute opposition===
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===Culte de la personnalité de Staline===
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[[Fichier:Abécédaire soviétique 1921.jpg|vignette|363x363px|Poster de 1921 représentant l'alphabet, avec Lénine et Trotski.]]
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Juste après Octobre 1917, le prestige de [[Lénine]] est immense, mais il n'y a pas de [[culte de la personnalité]] au sens strict. Déjà, il n'était pas encore très bien connu dans les régions reculées de l'ex [[Empire russe|empire Russe]]. Ensuite, il était loin d'être le seul dirigeant inspirant le respect pour sa conduite dans la révolution : [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], bon orateur, disposait d'une aura à Petrograd, [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] à Mouscou... Par ailleurs, Trotski jouissait d'un immense prestige également, en particulier pour son rôle dans l'organisation de l'Armée rouge. Pendant les années 1918-1921, il était très courant d'entendre désigner le parti bolchévik par l'expression « parti de Lénine et Trotski », aussi bien en Russie qu'à l'étranger.
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Dans les matériels éducatifs et de propagande, il était bien plus souvent question d'idées et d'accomplissements collectifs que de « grands hommes », mais si des dirigeants bolchéviks étaient mis en avant, c'était fréquemment Lénine et Trotski. Staline est  absent des matériels à destination du grand public dans toute cette période, et il n'est connu que des cadres du parti.
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Ce n'est que la puissance de l'appareil du parti devenu machine bureaucratique contrôlant l'État qui permettra  à Staline de  réécrire l'histoire au fil des années, et d'instaurer un véritable [[culte de la personnalité]] autour de sa personne. Dans les années 1930 il ne restera plus que Lénine et Staline (avec une prétendue filiation naturelle) dans l'imagerie étatique.
 
===Domination sociale===
 
===Domination sociale===
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Entre 1985 et 1987, la police politique de la Pologne stalinienne lança une vaste campagne d'arrestations et de fichage des homosexuel-les du pays (Opération Hyacinthe<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Hyacinthe</ref>).
 
Entre 1985 et 1987, la police politique de la Pologne stalinienne lança une vaste campagne d'arrestations et de fichage des homosexuel-les du pays (Opération Hyacinthe<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Hyacinthe</ref>).
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=== Répression puis instrumentalisation de la religion ===
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La [[révolution d'Octobre]] a entraîné une vague d'[[anticléricalisme]], relativement populaire. Des églises et des reliques ont été brûlées, d'autres biens sont confisqués, et un bon nombre de membres du clergé orthodoxe ont payé le prix d'une ancestrale collaboration avec le tsarisme. S'ajoute à cela le sentiment anti-religieux propre aux cadres bolchéviks, en tant que militants formés à l'idée que la [[religion]] est un pilier de l'[[aliénation]] des masses. Cependant la [[liberté de croyance]] n'était pas remise en cause et la direction du parti bolchévik tendait à modérer la propagande anti-religieuse, [[Lénine]] notamment intervenant régulièrement dans ce sens. Les religions des [[Minorités nationales en Russie|minorités nationales du pays]] (musulmans, juifs...) faisaient l'objet d'une attention encore plus particulière.
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Avec la stalinisation, un durcissement s'opère. La politique passe d'une attitude plutôt [[Laïcité|laïque]] à un [[athéisme]] d'État, et à une répression de toute pratique religieuse<ref>[[wikifr:Politique_anti-religieuse_soviétique|https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_anti-religieuse_soviétique]]</ref>.  Après la mort de Lénine, de nombreuses églises ont été détruites par le régime (par exemple à Oulianovsk<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Oulianovsk</ref>). En 1925 est créée une organisation de masse destinée à promouvoir activement l'athéisme, l'[[Union des sans-dieu]].<ref>Anderson, John (1994). ''[https://archive.org/details/religionstatepol0000ande/page/3 Religion, State and Politics in the Soviet Union and Successor States]''. Cambridge, England: Cambridge University Press. [https://archive.org/details/religionstatepol0000ande/page/3 pp. 3]. <nowiki>ISBN 0-521-46784-5</nowiki>.</ref>
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La saisie de tous les biens restant à l'Église est ordonnée en 1934, officiellement pour lutter contre la Grande Famine. Avec la Seconde guerre mondiale, la politique soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change : pour souder la population autour du régime, il ne s'agit plus de persécuter, mais d'instrumentaliser l'Église. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l'élection d'un nouveau patriarche en 1943 (le dernier n'avait pas été remplacé à sa mort en 1925). Staline s'adresse à la radio aux citoyens en utilisant non plus le terme de « camarades » mais celui de « frères ». Pratiquer l'orthodoxie ne conduit plus au Goulag et même des membres du Parti et de la [[Nomenklatura]] finissent par s'y adonner.
    
===Recul artistique, scientifique...===
 
===Recul artistique, scientifique...===

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