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Déjà avant 1917, des débats ont lieu dans les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] entre [[Bolchéviks|bolchéviks]] (qui défendent le contrôle ouvrier) et certains [[Anarchistes_russes|anarchistes]] qui avancent la [[Autogestion|gestion directe]]. Entre septembre et octobre, dans quelques usines les comités prirent effectivement la direction, face à des patrons qui tentaient de cesser l'activité.
 
Déjà avant 1917, des débats ont lieu dans les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] entre [[Bolchéviks|bolchéviks]] (qui défendent le contrôle ouvrier) et certains [[Anarchistes_russes|anarchistes]] qui avancent la [[Autogestion|gestion directe]]. Entre septembre et octobre, dans quelques usines les comités prirent effectivement la direction, face à des patrons qui tentaient de cesser l'activité.
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Le nouveau pouvoir bolchévik-[[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|SR de gauche]] normalise en premier lieu la sphère gouvernementale. La forme soviet est refusée dans le sein des institutions gouvernementales. Un  soviet d'employés  avait  pris  le  contrôle  du  Commissariat  du  Peuple  des  Postes  et  Télégraphes  et  un  autre s'était  établi  dans  l'Amirauté.  Le  9  novembre ([[a.s]]),  le  commissaire  du  peuple  du  Ministère  (sic)  des Postes et Télégraphes, lançait un appel  qui  concluait  ainsi  :  ''«  je  déclare  qu'aucun  soi-disant  groupe d'initiative ou comité pour l'administration des Postes et Télégraphes ne peut usurper des fonctions qui  sont  celles  du  pouvoir  central,  et  celles  qui  m'appartiennent  en  tant  que  Commissaire  du Peuple »''. Le soviet de l'Amirauté sera dissout par décret du 28 novembre.
    
Le [[Décret_sur_le_contrôle_ouvrier|''décret sur le contrôle ouvrier'']] fut le troisième publié par le nouveau pouvoir soviétique, juste après [[Insurrection_d'Octobre_1917|l'insurrection]]. La première proposition de Lénine laisse une assez grande place à l'autogestion, mais d'autres dirigeants bolchéviks veulent déjà la limiter fortement au profit du pouvoir de commissaires du gouvernement, au nom de l'efficacité. Lors du débat, il est proposé de n’introduire le contrôle ouvrier que dans les grandes usines et fabriques ou dans les chemins de fer. Plusieurs auteurs, comme l'historien [[Marc Ferro]], ont fait remarquer que si ce décret semble s'appuyer sur la vitalité des <span class="mw-redirect">comités d'usine</span>, il marquerait plutôt un tournant centralisateur, limitant fortement les prérogatives des comités. En terme de représentation, le nombre de membres du bureau du conseil pan-russe des comités d'usine (créé par ce décret) est fixé d'avance à 5, alors que pour les syndicats la délégation est établie en fonction de leur nombre.
 
Le [[Décret_sur_le_contrôle_ouvrier|''décret sur le contrôle ouvrier'']] fut le troisième publié par le nouveau pouvoir soviétique, juste après [[Insurrection_d'Octobre_1917|l'insurrection]]. La première proposition de Lénine laisse une assez grande place à l'autogestion, mais d'autres dirigeants bolchéviks veulent déjà la limiter fortement au profit du pouvoir de commissaires du gouvernement, au nom de l'efficacité. Lors du débat, il est proposé de n’introduire le contrôle ouvrier que dans les grandes usines et fabriques ou dans les chemins de fer. Plusieurs auteurs, comme l'historien [[Marc Ferro]], ont fait remarquer que si ce décret semble s'appuyer sur la vitalité des <span class="mw-redirect">comités d'usine</span>, il marquerait plutôt un tournant centralisateur, limitant fortement les prérogatives des comités. En terme de représentation, le nombre de membres du bureau du conseil pan-russe des comités d'usine (créé par ce décret) est fixé d'avance à 5, alors que pour les syndicats la délégation est établie en fonction de leur nombre.
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Le nouveau pouvoir bolchévik - SR de gauche tente de normaliser la sphère gouvernementale. Un soviet d'employés avait pris le contrôle du Commissariat du Peuple des  Postes et  Télégraphes et un autre s'était établi dans  l'AmirautéLe 9 novembre ([[a.s]])le commissaire du peuple du Ministère (sic) des Postes et Télégraphes, lançait un appel  qui  concluait ainsi  : ''«  je déclare qu'aucun soi-disant groupe d'initiative ou comité pour l'administration des Postes et Télégraphes ne peut usurper des fonctions qui sont celles du pouvoir centralet celles qui m'appartiennent en tant que Commissaire du Peuple »''.
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Le 28 novembre se réunit le Conseil pan-russe du contrôle ouvrier, qui décide de subordonner les comités d'usine aux [[Syndicats_en_Russie|syndicats]]. Cependant ce Conseil du contrôle ouvrier tombera vite à l'eau,
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Après la prise du pouvoir, les bolchéviks laissèrent tomber le soviet central des comités d'usine, censé être remplacé par le Conseil pan-russe du contrôle ouvrier. Celui-ci se réunit pour la première fois le 28 novembre 1917. Il est traversé des mêmes débats que les comités d'usines, le porte-parole  des  Comités  d'usine,  Jivotov, déclara ainsi :<blockquote>«  Dans  les  Comités d'usine  nous élaborons les instructions  qui viennent de la base, dans la perspective de voir comment elles peuvent s'appliquer à l'industrie dans son ensemble ; ce sont là des instructions  de  l'atelier,  de  la  vie  ;  ce  sont  les seules  instructions qui  puissent  réellement  avoir  de  la valeur.  Elles  montrent  de  quoi  sont  capables  les  Comités  d'usine et  devraient donc tenir la première place dans  tout  ce  qui  concerne  le  contrôle  ouvrier  »Pour  le  porte-parole  des  Comités,  « le contrôle est l'affaire du Comité dans chaque établissement. Les Comités de chaque ville devraient se réunir (...) et établir ensuite une coordination sur des bases régionales ».</blockquote>Mais les délégués étaient en grande partie nommés par le parti bolchévik, et la position centralisatrice prévalut, telle qu'exprimée par [[Larine]],  représentant de la fraction bolchevik dans les syndicats, qui affirma que les ''«  syndicats représentent les  intérêts  de  la  classe  dans  son  ensemble,  tandis  que  les comités  d'usine  ne  représentent  que  les  intérêts  particuliers  de  leur  entreprise.  Il  faut  donc  que les comités d'usine  soient  subordonnés  aux  syndicats  »''. Le Conseil pan-russe du contrôle ouvrier, après avoir été un écho affaibli des comités d'usine, fut lui-même aussitôt délaissé. En Janvier 1918, Riazanov  déclara qu'il ne s'était  réuni qu'une fois, et en mai 1918qu'il  ne s'était  jamais réellement réuni. (D'après une  autre source  «  il essaya de  se réunir » mais  ne  put  rassembler  le  quorum<ref>E. H. Carr,  The Bolshevik Revolution,  1917-1923,  Penguin  éd., vol. 2</ref>). Le [[Conseil_suprême_de_l'économie_nationale|conseil suprême de l'économie]] ([[Vesenkha|Vesenkha]]) créé en décembre centralisera de plus en plus la gestion de l'économie.
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Le 28 novembre se réunit le Conseil pan-russe du contrôle ouvrier, qui décide de subordonner les comités d'usine aux [[Syndicats_en_Russie|syndicats]]. Cependant ce Conseil du contrôle ouvrier tombera vite à l'eau, et s'effacera devant le [[Conseil_suprême_de_l'économie_nationale|conseil suprême de l'économie]] ([[Vesenkha|Vesenkha]]) créé en décembre.
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Début décembre, les comités d'usine publient un ''Manuel Pratique pour l’exécution du contrôle ouvrier dans l’industrie'', initiative qui déplaît aux dirigeants bolcheviks. Le 13 décembre, les ''[[Izvestia|Izvestia]]'' publient les ''Instructions sur le contrôle ouvrier'', connues sous le nom de ''«&nbsp;Contre-manuel&nbsp;»''. Cependant globalement les ouvriers n'eurent pas de sentiment de dépossession à ce moment-là. L'antagonisme avec les anciens patrons était le plus fort (d'autant plus que cet antagonisme est avivé par le déclenchement de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]]), et a occulté la question de l'[[Autogestion|autogestion]] ou de la gestion centrale par l'Etat, considéré comme ''«&nbsp;[[Etat_ouvrier|ouvrier]]&nbsp;»''.
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Début décembre, les comités d'usine publient un ''Manuel Pratique pour l’exécution du contrôle ouvrier dans l’industrie'' , initiative qui déplaît aux dirigeants bolcheviks. Le 13 décembre, les ''[[Izvestia|Izvestia]]'' publient les ''Instructions sur le contrôle ouvrier'', connues sous le nom de ''«&nbsp;Contre-manuel&nbsp;»''. Cependant globalement les ouvriers n'eurent pas de sentiment de dépossession à ce moment-là. L'antagonisme avec les anciens patrons était le plus fort (d'autant plus que cet antagonisme est avivé par le déclenchement de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]]), et a occulté la question de l'[[Autogestion|autogestion]] ou de la gestion centrale par l'Etat, considéré comme ''«&nbsp;[[Etat_ouvrier|ouvrier]]&nbsp;»''.
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En janvier 1918, un journal de métallos écrivait que ''« la classe ouvrière de par sa nature (...) doit occuper la place centrale  dans la production et spécialement dans son organisation  (...).  À  l'avenir  toute  la  production (...)  doit  refléter  l'esprit  et  la  volonté  du prolétariat  »''.<ref>Filipov, ''Ob organizatsii proizvodstva [Sur l'organisation de la production]'',   Vestnik  metallista  [La  voix  des  métallurgistes], janvier 1918</ref>
    
Dans les premières années suivant la [[Révolution_d'octobre|Révolution d'octobre]], la question du contrôle ouvrier dans les entreprises fut au cœur de profonds débats et clivages dans le [[Parti_bolchévik|parti bolchévik]].
 
Dans les premières années suivant la [[Révolution_d'octobre|Révolution d'octobre]], la question du contrôle ouvrier dans les entreprises fut au cœur de profonds débats et clivages dans le [[Parti_bolchévik|parti bolchévik]].

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