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[[File:ManifRussie1905.jpg|right|346x231px|Manifestations russes de 1905]]{{InfoCalendrierJulien}}En '''1905 eurent lieu d'importants soulèvements dans toute la Russie''' qui faillirent mettre à bas le [[Régime_tsariste|régime tsariste]].{{#set:Date=22/01/1905|Date fin=25/12/1905}}
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<div class="capturedImage floatright" style="vertical-align: middle;  width: 346px">[[File:ManifRussie1905.jpg|right|346x231px|Manifestations russes de 1905]]</div>
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{{InfoCalendrierJulien}}En '''1905 eurent lieu d'importants soulèvements dans toute la Russie''' qui faillirent mettre à bas le [[Régime_tsariste|régime tsariste]].{{#set:Date=22/01/1905|Date fin=25/12/1905}}
    
La répression et l'expérience qui s'ensuivit créa les conditions de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe de 1917]].
 
La répression et l'expérience qui s'ensuivit créa les conditions de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe de 1917]].
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=== Les miettes ne suffisent plus ===
 
=== Les miettes ne suffisent plus ===
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En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire&nbsp;: le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause. Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la [[grève_générale|grève générale]] d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. «&nbsp;À bas la monarchie tsariste&nbsp;! Vive la République démocratique&nbsp;! Vive la révolte armée&nbsp;!&nbsp;» Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de soviets.
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En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire&nbsp;: le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause. Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la [[Grève_générale|grève générale]] d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. «&nbsp;À bas la monarchie tsariste&nbsp;! Vive la République démocratique&nbsp;! Vive la révolte armée&nbsp;!&nbsp;» Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de soviets.
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Doté d’une milice et d’une influence de masse, le [[soviet_de_Saint-Pétersbourg|soviet de Saint-Pétersbourg]] s’engagea dans une confrontation ouverte avec le gouvernement en proclamant le 19 octobre la [[journée_de_huit_heures|journée de huit heures]] et la fin de la [[censure|censure]]. Le 8 décembre, le [[soviet_de_Moscou|soviet de Moscou]] alla encore plus loin en appelant à l’[[insurrection|insurrection]], tandis que le soviet de Novorossisk proclamait la [[République|République]] ou que celui de Tchita décidait d’organiser la socialisation de la Poste, des chemins de fer et des terres de l’Etat.
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Doté d’une milice et d’une influence de masse, le [[Soviet_de_Saint-Pétersbourg|soviet de Saint-Pétersbourg]] s’engagea dans une confrontation ouverte avec le gouvernement en proclamant le 19 octobre la [[Journée_de_huit_heures|journée de huit heures]] et la fin de la [[Censure|censure]]. Le 8 décembre, le [[Soviet_de_Moscou|soviet de Moscou]] alla encore plus loin en appelant à l’[[Insurrection|insurrection]], tandis que le soviet de Novorossisk proclamait la [[République|République]] ou que celui de Tchita décidait d’organiser la socialisation de la Poste, des chemins de fer et des terres de l’Etat.
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Les soviets s’imposaient comme la direction révolutionnaire du mouvement ouvrier, mais ils n'envisageaient pas de devenir un nouveau pouvoir, et se limitaient à réclamer l’élection d’une Assemblée constituante et la mise en place d’une république parlementaire. Aucun parti socialiste ne revendiquait d'ailleurs cela.
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Les soviets s’imposaient comme la direction révolutionnaire du mouvement ouvrier, mais ils n'envisageaient pas de devenir un nouveau pouvoir, et se limitaient à réclamer l’élection d’une [[Assemblée_constituante|Assemblée constituante]] et la mise en place d’une république parlementaire. Aucun parti socialiste ne revendiquait d'ailleurs cela.
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La radicalité de la [[classe_ouvrière|classe ouvrière]] effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], qui préfère se jeter dans les bras du régime pour sauver ses propriétés. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution.
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La radicalité de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], qui préfère se jeter dans les bras du régime pour sauver ses propriétés. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution. Le régime peut (contrairement à 1917) compter sur l'[[Armée_russe_en_1917|armée]] (et les [[cosaques|cosaques]]) qui lui restent solidement aquise.
    
=== La contre-révolution s'abat ===
 
=== La contre-révolution s'abat ===
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Ce sont les menchéviks qui ont le plus soutenu la création des soviets à l'origine. Mais la plupart y voyaient seulement un moyen de créer un parti de masse ou des syndicats à l'allemande, et en aucun cas des organes de pouvoir durables. Les mencheviks de Saint-Pétersbourg sous l'influence de [[Trotsky|Trotsky]], agissent en contradiction avec la ligne des dirigeants de l'émigration.
 
Ce sont les menchéviks qui ont le plus soutenu la création des soviets à l'origine. Mais la plupart y voyaient seulement un moyen de créer un parti de masse ou des syndicats à l'allemande, et en aucun cas des organes de pouvoir durables. Les mencheviks de Saint-Pétersbourg sous l'influence de [[Trotsky|Trotsky]], agissent en contradiction avec la ligne des dirigeants de l'émigration.
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Les bolcheviks ont été beaucoup plus réticents à l'égard des soviets&nbsp;&nbsp;: certains y voient une tentative de dresser un organisme informe et irresponsable en rival de l'autorité du parti. En témoigne un article paru le 7&nbsp;novembre 1905 dans la ''Novaïa Jizn'', le quotidien officiel du parti, qui expliquait leur défiance envers les soviets en arguant que ''«  seul un parti rigoureusement de classe est à même de diriger le mouvement politique du prolétariat et de veiller à la pureté de ses mots d’ordre et non ce fatras politique, cette organisation politique confuse et hésitante. »'' Les bolcheviks de Saint-Pétersbourg commencent par refuser de participer en tant que tels au soviet des délégués ouvriers et il faudra, pour les y décider, tout le prestige et l'insistance de [[Trotsky|Trotsky]] auprès de [[Krassine|Krassine]], représentant du comité central. De manière générale, ceux qui sont les plus favorables aux soviets ne consentent à y voir, dans le meilleur des cas, que des auxiliaires du parti.
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Les bolcheviks ont été beaucoup plus réticents à l'égard des soviets&nbsp;&nbsp;: certains y voient une tentative de dresser un organisme informe et irresponsable en rival de l'autorité du parti. En témoigne un article paru le 7&nbsp;novembre 1905 dans la ''Novaïa Jizn'', le quotidien officiel du parti, qui expliquait leur défiance envers les soviets en arguant que ''«&nbsp; seul un parti rigoureusement de classe est à même de diriger le mouvement politique du prolétariat et de veiller à la pureté de ses mots d’ordre et non ce fatras politique, cette organisation politique confuse et hésitante. »'' Les bolcheviks de Saint-Pétersbourg commencent par refuser de participer en tant que tels au soviet des délégués ouvriers et il faudra, pour les y décider, tout le prestige et l'insistance de [[Trotsky|Trotsky]] auprès de [[Krassine|Krassine]], représentant du comité central. De manière générale, ceux qui sont les plus favorables aux soviets ne consentent à y voir, dans le meilleur des cas, que des auxiliaires du parti.
    
C'est ainsi qu'après la dissolution du soviet de Pétersbourg, Lénine approuve les [[Bolcheviks|bolcheviks]] qui s'y sont opposés à l'admission des [[Anarchistes_russes|anarchistes]]&nbsp;&nbsp;: à ses yeux, le soviet n'est «&nbsp;ni un parlement ouvrier, ni un organe d'auto gouvernement prolétarien&nbsp;», mais seulement une «&nbsp;organisation de combat pour atteindre des buts définis&nbsp;». En 1907, il admet qu'il faudrait étudier scientifiquement la question de savoir si les soviets constituent vraiment «&nbsp;un pouvoir révolutionnaire&nbsp;». En janvier 1917, dans une conférence sur la révolution de 1905, il ne mentionne les soviets qu'en passant, les définissant comme des «&nbsp;organes de lutte&nbsp;». C'est seulement au cours des semaines suivantes qu'il modifiera son analyse, sous l'influence de [[Boukharine|Boukharine]], de [[Pannekoek|Pannekoek]], et surtout du rôle joué par les nouveaux [[Soviets|soviets]] russes.
 
C'est ainsi qu'après la dissolution du soviet de Pétersbourg, Lénine approuve les [[Bolcheviks|bolcheviks]] qui s'y sont opposés à l'admission des [[Anarchistes_russes|anarchistes]]&nbsp;&nbsp;: à ses yeux, le soviet n'est «&nbsp;ni un parlement ouvrier, ni un organe d'auto gouvernement prolétarien&nbsp;», mais seulement une «&nbsp;organisation de combat pour atteindre des buts définis&nbsp;». En 1907, il admet qu'il faudrait étudier scientifiquement la question de savoir si les soviets constituent vraiment «&nbsp;un pouvoir révolutionnaire&nbsp;». En janvier 1917, dans une conférence sur la révolution de 1905, il ne mentionne les soviets qu'en passant, les définissant comme des «&nbsp;organes de lutte&nbsp;». C'est seulement au cours des semaines suivantes qu'il modifiera son analyse, sous l'influence de [[Boukharine|Boukharine]], de [[Pannekoek|Pannekoek]], et surtout du rôle joué par les nouveaux [[Soviets|soviets]] russes.
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Sur cette question aussi, [[Trotsky|Trotsky]] fait figure d'isolé et de précurseur. Placé au cœur de l'expérience du soviet de Pétersbourg, il en dégage les leçons et conclut&nbsp;&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'y a aucun doute qu'à la prochaine explosion révolutionnaire, de tels conseils ouvriers se formeront dans tout le pays. Un soviet pan-russe des ouvriers, organisé par un congrès national, [...] assurera la direction.&nbsp;» '' Trotsky dit haut et fort, même devant ses juges, que le soviet, ''«&nbsp;organisation-type de la révolution&nbsp;»'', parce qu' ''«&nbsp;organisation même du prolétariat&nbsp;»'' serait l'''«&nbsp;organe du pouvoir du prolétariat.&nbsp;»''<ref>Trotsky, ''Discours devant le tribunal'', 19 sept. 1906 », cité par Fourth International, mars 1942, p. 85. </ref> Trotsky écrira dans son [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm ''1905''] que les soviets avaient constitué ''« le premier embryon d’un pouvoir révolutionnaire » ''et qu’ils pouvaient représenter une alternative à la démocratie parlementaire, en expliquant que les soviets ''«  c’est la véritable démocratie, non falsifiée, sans les deux Chambres, sans bureaucratie professionnelle, conservant aux électeurs le droit de remplacer quand ils le veulent leurs députés. »''
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Sur cette question aussi, [[Trotsky|Trotsky]] fait figure d'isolé et de précurseur. Placé au cœur de l'expérience du soviet de Pétersbourg, il en dégage les leçons et conclut&nbsp;&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'y a aucun doute qu'à la prochaine explosion révolutionnaire, de tels conseils ouvriers se formeront dans tout le pays. Un soviet pan-russe des ouvriers, organisé par un congrès national, [...] assurera la direction.&nbsp;» '' Trotsky dit haut et fort, même devant ses juges, que le soviet, ''«&nbsp;organisation-type de la révolution&nbsp;»'', parce qu' ''«&nbsp;organisation même du prolétariat&nbsp;»'' serait l'''«&nbsp;organe du pouvoir du prolétariat.&nbsp;»''<ref>Trotsky, ''Discours devant le tribunal'', 19 sept. 1906 », cité par Fourth International, mars 1942, p. 85. </ref> Trotsky écrira dans son [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm ''1905''] que les soviets avaient constitué ''« le premier embryon d’un pouvoir révolutionnaire » ''et qu’ils pouvaient représenter une alternative à la démocratie parlementaire, en expliquant que les soviets ''«&nbsp; c’est la véritable démocratie, non falsifiée, sans les deux Chambres, sans bureaucratie professionnelle, conservant aux électeurs le droit de remplacer quand ils le veulent leurs députés. »''
    
=== Donner une direction ===
 
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