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[[File:MortWatTyler.jpg|thumb|right|370x273px|Mise à mort de Wat Tyler qui mena une révolte contre le servage (1381)]]Le '''servage''' (du latin ''servus'' « esclave ») est la condition de quiconque est tenu par la loi, la coutume ou un accord, de vivre et de travailler sur une terre appartenant à une autre personne et de fournir à cette autre personne, contre rémunération ou gratuitement, certains services déterminés, sans pouvoir changer sa condition.
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[[File:MortWatTyler.jpg|thumb|right|370x273px|Mise à mort de Wat Tyler qui mena une révolte contre le servage (1381)]]Le '''servage''' désigne la condition des [[Paysans|paysans]] liés à une terre qu'ils cultivent en partie pour eux-mêmes et en partie pour un [[Exploitation|exploiteur]] (un seigneur, une abbaye, un domaine royal...).
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Le servage désigne à partir du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] la condition des paysans attachés à un [[Manse_(tenure)|manse]] servile, terre qu'ils cultivent et ne peuvent quitter.
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C'est le [[Rapport_de_production|rapport de production]] et d'[[Exploitation|exploitation]] qui domine pendant le [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] européen.
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== Origines ==
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== Caractéristiques et tendances générales ==
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A la fin de l'[[Empire_romain|Empire romain]], le statut de [[Colonat_partiaire|colon]] évolue. Désormais, les colons, sont liés juridiquement à la terre qu'ils exploitent ou au propriétaire de la terre, dans une forme qui préfigure le servage. Les troubles sociaux et les [[Invasions_barbares|invasions]] qui accompagnent le [[Déclin_de_l'Empire_romain_d'Occident|déclin de l'empire]] poussent les grands propriétaires à se retirer sur leurs domaines (''villa''), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. Le propriétaire alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte, en échange d'une part de la récolte et de temps de travail ([[Corvée|corvée]]) sur les terres du propriétaire. Les enfants des paysans héritent à leur tour du statut de dépendance de leurs parents. Progressivement ce système évolue vers le servage<ref name=":34">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Mazoyer, Marcel,|nom1=Roudart, Laure|titre=Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine|passage=Chapitre VI Les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère des régions tempérées|lieu=|éditeur=Éditions du Seuil|date=2002|pages totales=|isbn=9782020530613|oclc=300189713|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300189713}}</ref>.
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=== Proximité et différence avec l'esclavage ===
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== Différence avec l'esclavage ==
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Le mot servage vient du latin ''servus'' «&nbsp;esclave&nbsp;», et il s'agit bien d'un rapport de servitude. Mais l'[[Esclavagisme_antique|esclavagisme]] de la [[Grèce_antique|Grèce]] et de la [[Rome_antique|Rome antique]] a quasiment disparu au [[Moyen_Âge|Moyen Âge]], faisant apparaître diverses formes atténuées avec de nombreux termes selon les régions et pays.
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&nbsp;Le servage est une institution caractérisant l'organisation socio-économique du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] et qui subsiste en [[Empire_tsariste|Russie]] jusqu'au milieu du 19<sup>e</sup> siècle et au Tibet jusqu'en 1959. Sa différence avec l'[[Esclavage|esclavage]] provient du statut juridique du serf, il n'est pas assimilé à une chose comme l'était l'esclave et dispose d'une personnalité juridique. Il peut se marier, posséder des biens et ne peut être vendu..
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La différence principale avec l'esclave est que le serf n'est pas considéré comme une chose (un «&nbsp;bien meuble&nbsp;»), et possède un minimum de droits&nbsp;: il peut se marier, posséder des biens et ne peut être vendu. Mais s'il n'appartient pas formellement à une autre personne, il reste lié à une terre, qui appartient à un propriétaire [[Noble|noble]] (ou [[Clergé|clérical]]) et qu'il n'a pas le droit de quitter.
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Les serfs sont une classe de travailleurs agricoles. Ils doivent résider et travailler dans un endroit, et cultiver la terre, propriété de leur seigneur, lequel peut être un noble, un dignitaire ecclésiastique ou une institution religieuse comme un monastère. De ce fait, le serf est juridiquement considéré non pas comme une «&nbsp;chose&nbsp;», un «&nbsp;bien meuble&nbsp;», mais comme une «&nbsp;personne&nbsp;», liée à une autre personne. Les serfs cultivent les terres de leur seigneur (la «&nbsp;[[Réserve_(histoire)|réserve seigneuriale]]&nbsp;»). En contrepartie, ils sont autorisés à travailler un lopin de terre (leur «&nbsp;[[Tenure_(féodalité)|tenure]]&nbsp;») pour nourrir leur famille et subvenir à leurs besoins.
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Vers la fin de l'[[Antiquité|Antiquité]] et le début du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]], l'échange d'[[Argent|argent]] s'est effondré, et les rapports de production se sont largement repliés sur des exploitations agricoles à petite échelle. Par conséquent le servage était à l'origine fondé sur une [[Exploitation|exploitation]] «&nbsp;en nature&nbsp;»&nbsp;: le serf devait donner une partie de sa récolte, et/ou effecter du travail non payé ([[Corvée_seigneuriale|corvée]]) pour un seigneur (entretien du château, des douves, des bois...). Plusieurs [[Impôt_seigneurial|impôts]] étaient prélevés par le seigneur, dont la [[Taille|''taille'']] justifiée par la protection militaire des terres (contre les brigands, les envahisseurs...) et qui était souvent arbitraire. C'est de ce temps que vient l'expression ''«&nbsp;taillable et corvéable à merci&nbsp;»''.
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À partir du 13<sup>e</sup> siècle, les serfs sont soumis de plus en plus à une taxe arbitraire appelée ''[[Taille_(impôt)|taille]]'', qui devient annuelle à partir de 1439. Les seigneurs ont le droit de [[Mainmorte|mainmorte]], en vertu duquel les serfs ne peuvent pas transmettre leurs biens. En échange, le seigneur protège le serf des brigands et lui doit son assistance alimentaire. Ainsi, le serf n'appartient pas à son seigneur, mais est attaché à la terre (souvent un [[Fief|fief]], dont le propriétaire ultime est plus haut dans la chaîne de vassalité), la contrepartie étant qu'il ne peut être chassé de cette terre, puisqu'il ne fait qu'un avec elle&nbsp;; en outre, il possède des biens, peut exercer une action et témoigner en justice, peut contracter (mariages, contrats de vente) plus ou moins librement (le plus souvent entre serfs).
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=== Mécanismes de base ===
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Sa condition de servage pouvait parfois être actée par «&nbsp;contrat&nbsp;», ce qui préfigurait le type de «&nbsp;liberté&nbsp;» généralisée plus tard dans la condition de [[Prolétaire|prolétaire]]&nbsp;:
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Parmi les terres du seigneur, une partie est concédée (''«&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenure_(féodalité) tenures]&nbsp;»''), et une partie est directement utilisée par le seigneur («&nbsp;réserve seigneuriale&nbsp;»). On employait aussi le terme de [https://fr.wikipedia.org/wiki/Manse_(tenure) manse], proche de tenure. Le seigneur pouvait être un noble, un dignitaire ecclésiastique ou une institution religieuse comme un monastère.
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La réserve seigneuriale comporte des moyens de production (fours, lavoirs, moulins, forges...), et des terres agricoles (domaine) sur lesquelles travaillent des serfs de corvée. Les tenures peuvent être exploitées par des serfs ou par des paysans libres ([[Roturiers|roturiers]], ou ''«&nbsp;vilains&nbsp;»''). Un puissant seigneur (comme un roi) peut aussi concéder une tenure à un autre noble [[Vassal|vassal]] (on parle de ''«&nbsp;tenure noble&nbsp;»'', ou encore de ''«&nbsp;fief&nbsp;»'').
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En plus des [[Corvées|corvées]], les serfs devaient comme les paysans libres payer toutes sortes d'[[Impôt_seigneurial|impôts seigneuriaux]].
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Le seigneur avait «&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_suite droit de suite]&nbsp;», qui l’autorisait à poursuivre celui qui était en fuite hors de son domaine. Les seigneurs passaient entre eux des accords d’«&nbsp;entrecours&nbsp;» par lesquels ils s’engageaient à se livrer mutuellement les fugitifs.
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La condition de servage pouvait parfois être actée par «&nbsp;contrat&nbsp;», ce qui préfigurait le type de fausse «&nbsp;liberté&nbsp;» généralisée plus tard dans la condition de [[Prolétaire|prolétaire]]&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Moi, Berterius, dans la villa d'Asine, près de l'église de Saint-Pierre, devant le peuple assemblé et l'illustre Comte Teubolt, de mon plein gré, sans être ni forcé ni circonvenu, dans le libre exercice de ma volonté, j'ai mis la courroie à mon cou, selon la loi romaine, je me suis livré par les mains à Alvadius et à son épouse Ermengarde. Car il est établi que tout homme libre peut rendre meilleure ou pire sa condition personnelle. Donc, à partir de ce jour, vous et vos héritiers, vous ferez de moi et de mes proches ce que vous voudrez, ayant droit de nous posséder, de nous vendre, de nous donner ou de nous affranchir. Si de moi-même ou par le conseil d'hommes méchants, je veux me soustraire de votre service, vous pourrez me détenir et me punir, vous et vos régisseurs, comme tous vos autres serfs nés dans la condition servile.&nbsp;»<ref>Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, fin du IXe siècle, n°30, traduction de Alexandre Bruel, Paris, 1876-1903</ref></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Moi, Berterius, dans la villa d'Asine, près de l'église de Saint-Pierre, devant le peuple assemblé et l'illustre Comte Teubolt, de mon plein gré, sans être ni forcé ni circonvenu, dans le libre exercice de ma volonté, j'ai mis la courroie à mon cou, selon la loi romaine, je me suis livré par les mains à Alvadius et à son épouse Ermengarde. Car il est établi que tout homme libre peut rendre meilleure ou pire sa condition personnelle. Donc, à partir de ce jour, vous et vos héritiers, vous ferez de moi et de mes proches ce que vous voudrez, ayant droit de nous posséder, de nous vendre, de nous donner ou de nous affranchir. Si de moi-même ou par le conseil d'hommes méchants, je veux me soustraire de votre service, vous pourrez me détenir et me punir, vous et vos régisseurs, comme tous vos autres serfs nés dans la condition servile.&nbsp;»<ref>Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, fin du IXe siècle, n°30, traduction de Alexandre Bruel, Paris, 1876-1903</ref></blockquote>  
Mais s'il n'est pas nécessairement complètement dénué de droit d'[[Héritage_(droit)|héritage]], celui-ci est dans tous les cas fortement limité, en particulier par l'[[Échute|échute]]&nbsp;: en l'absence d'héritier direct, ses biens reviennent à son seigneur lors de son décès.<!--Ce qui lie le serf à son seigneur est un contrat analogue du contrat de vassalité : il lui doit fidélité,-->
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=== Du «&nbsp;servage personnel&nbsp;» au «&nbsp;servage réel&nbsp;» ===
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Au cours du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]], il y a eu une tendance à l'assouplissement des contraintes pesant sur le serf. D'abord une augmentation des possibilité, par exemple&nbsp;:
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L'Eglise et ses différentes structures (abbayes, monastères...) ont également détenu des serfs et même des esclaves. Néanmoins elle a eu tendance à pousser dans le sens de la transformation de l'esclavage en servage, et du servage en colonat.
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*possibilité de se marier avec un serf d'une seigneurie différente, à condition de payer une taxe ([https://fr.wikipedia.org/wiki/Formariage ''formariage''])  
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*possibilité de quitter la seigneurie à condition de payer une taxe (''<span class="new">forfuyance</span>'' ou ''franchise'')
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Le [[Christianisme|christianisme]] s'opposait en général à ce que des chrétiens appartiennent à d'autres chrétiens (notamment depuis Léon III et le concile de Latran), ce qui n'a pas empêché l'institution du servage d'exister dans les terres dominées par le christianisme. Certains, comme Alcuin, conseiller de Charlemagne à la tête de l'Académie palatine, ou Raban Maur, autre artisan important de la «&nbsp;[[Renaissance_carolingienne|Renaissance carolingienne]]&nbsp;», considéraient l'esclavage et le servage comme légitimes&nbsp;; d'autres, tels l'évêque Jonas d'Orléans ou Agobard de Lyon pensaient qu'on devait traiter un esclave de la même façon qu'un homme libre&nbsp;; de façon marginale, Smaragde, l'abbé de Saint-Mihiel, réclamait jusqu'à l'abrogation de l'esclavage.
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Plus largement, il y eut progressivement un passage d'un «&nbsp;servage personnel&nbsp;» (c'est la personne qui a le statut de serf, à vie et héréditaire) à un «&nbsp;servage réel&nbsp;» (c'est la terre est qui considérée tenure servile). Ainsi un homme libre qui acquiert une tenure ''servile'' devient serf. Cela entraînait principalement l'impossibilité de vendre sa terre ou sa maison à un tiers, ni de la léguer. À la mort du serf, tous ses biens immeubles revenaient au seigneur (même si, presque toujours, ce dernier les concédait à nouveau à un de ses enfants). De plus en plus, le serf avait les mêmes droits civils et politiques qu'un homme libre. Le droit du seigneur reste exorbitant, mais le risque d'arbitraire est diminué par la formalisation.
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Selon l'historien Paul Allard, le servage, d'origine romaine, aurait coexisté un temps avec l'[[Esclavage_en_Rome_antique|esclavage]], étant lié de très près avec le [[Colonat|colonat]]<!-- en raison de l'ancienneté de cette étude, le conditionnel demeure de rigueur, tant que ce n'est pas confirmé par des sources plus récentes -->. Au 4<sup>e</sup> siècle, une loi de Valentinien et Gratien aurait renforcé l'institution du colonat, en interdisant aux propriétaires de vendre des esclaves ruraux sans les terres cultivées par eux.
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Dans le royaume de France cela se formalisa sous le nom de&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Mainmorte ''mainmorte'']&nbsp;: la majeure partie de l'héritage d'un serf revient à son seigneur, et la totalité s'il n'a pas de descendant direct (''échute''). On disait que les terres étaient ''«&nbsp;précaires&nbsp;»''.
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Contrairement aux serfs, les esclaves sont la propriété privée d'un maître. En effet, les esclaves sont des outils vivants aux yeux des maîtres. Ce ne sont pas des personnes mais des biens meubles, comparables aux animaux domestiques, ils sont traités comme ceux-ci. À la ville et dans les campagnes, dans les ateliers, sur les navires, aux champs, les esclaves féminins ainsi que masculins, exclus du peuple, figuraient parmi les instruments de production. Là où le travail n'était pas imposé par la nécessité, l'esclavage n'existait pas. Les esclaves peuvent être achetés, vendus, négociés ou offerts en cadeau…
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Il y a donc une forme de continuité entre le servage et les diverses formes d'exploitation de terres qui se sont perpétuées après le Moyen-Âge&nbsp;:
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L'[[Église_romaine|Église]], opposée à l'esclavage et propriétaire de nombreuses terres disposant de serfs, aurait alors accordé à ces derniers, un certain nombre de droits, notamment ceux relatifs à l'héritage et au [[Mariage|mariage]]. À la fin du 19<sup>e</sup> et au début du 20<sup>e</sup> siècle, un débat opposait toutefois Ernest Renan et Ettore Cicotti d'un côté, et Paul Allard de l'autre, au sujet des serfs de l'Église&nbsp;: les premiers pensaient que les serfs de l'Église obtenaient moins facilement la liberté que les autres, tandis qu'Allard affirmait que le principe d'inaliénabilité, issu du [[Droit_canon|droit canon]], pouvait être assoupli, et qu'on ne pouvait déduire du [[Concile_d'Épaone|concile d'Épaone]] (417) que les esclaves ou les serfs des monastères ne pouvaient être affranchis. Selon P. Allard (1913), le ''Polyptyque d'Irminon'', inventaire de biens rédigé au 9<sup>e</sup> siècle par l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, montre une grande variété des statuts de serfs dans l'Église. Mais c'est, selon lui, saint Benoît d'Aniane, moine [[Bénédictin|bénédictin]] des 8<sup>e</sup> et 9<sup>e</sup> siècles, qui marque une rupture, en refusant que son monastère, fondé en 807, possède des serfs.
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*[https://fr.wikipedia.org/wiki/Fermage fermage]&nbsp;: le bailleur reçoit un loyer annuel fixe, payable en argent, mais souvent stipulé en nature ce qui constitue une indexation sur le cours des produits récoltés. C'est ce statut qui a été généralisé après la [[Révolution_française|Révolution]] par le [[Code_civil_(France)|Code civil]] de 1804 (alors sous le nom de ''«&nbsp;louage d'ouvrage&nbsp;»'')
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*[https://fr.wikipedia.org/wiki/Métayage métayage]&nbsp;: le bailleur reçoit une partie de l'argent de la récolte (et partage donc les aléas de récolte)
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*[https://fr.wikipedia.org/wiki/Colonat_partiaire colonat partiaire]&nbsp;: le bailleur reçoit une partie de la récolte en nature (utilisé dans les colonies d'outre-mer françaises jusqu'en 2006<ref>Clicanoo.re, ''[https://www.clicanoo.re/Societe/Article/2005/10/19/LAssemblee-nationale-vote-la-fin-des-colons_44100 L'Assemblée nationale a voté la fin des </ref>)
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*[https://fr.wikipedia.org/wiki/Engagisme engagisme] (ou [https://fr.wikipedia.org/wiki/Coolie coolies], ou [https://fr.wikipedia.org/wiki/Indenture indenture])&nbsp;: un système principalement utilisé pour faire venir des travailleurs dans les [[Colonies|colonies]]
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== Servage personnel ou servage réel ==
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== Origine du servage en Europe ==
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=== Servage personnel ===
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=== Evolution du «&nbsp;colonat&nbsp;» romain ===
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Dans le servage personnel, c'est la personne qui a le statut de serf, indépendamment de son activité ou de sa profession. Le serf est attaché à une terre qu'il doit exploiter soit à son propre compte, plus rarement au compte de son seigneur. Il est soumis à l'obligation juridique d'y rester, et doit accepter son nouveau seigneur quand cette terre est léguée ou vendue. Ce statut est héréditaire.
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Dans l'[[Empire_romain|Empire romain]], il existait un rapport nommé [https://fr.wikipedia.org/wiki/Colonat_partiaire colonat], qui coexistait avec l'[[Esclavagisme_antique|esclavage]]. Au 4<sup>e</sup> siècle, vers la fin de l'Empire, une loi de Valentinien et Gratien interdit aux propriétaires de vendre des esclaves ruraux sans les terres cultivées par eux. Désormais, les colons, sont liés juridiquement à la terre qu'ils exploitent ou au propriétaire de la terre, dans une forme qui préfigure le servage.
   −
Pour devenir libre, le serf devait acheter sa «&nbsp;franchise&nbsp;», ou alors s'enfuir. En effet, le seigneur avait «&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_suite_en_France#Ancien_Droit droit de suite]&nbsp;», lequel l’autorisait à poursuivre celui qui était en fuite de son domaine, et des accords d’«&nbsp;entrecours&nbsp;» par lesquels les seigneurs s’engageaient à se livrer mutuellement les fugitifs. Toutefois, à partir du 10<sup>e</sup> siècle, l'Église crée avec le roi et les comtes des terres de refuges ou [https://fr.wikipedia.org/wiki/Sauveté sauvetés] qui permettent à ceux qui s'y installent de s'affranchir des effets du ''droit de suite'' et les rend ainsi libres, eux et leurs familles. C'est le développement du nombre des sauvetés, des [[Villefranche_(ville)|villefranches]] puis des [[Bastide_(ville)|bastides]] qui fera disparaître complètement le servage.
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Les troubles sociaux et les [[Invasions_barbares|invasions]] qui accompagnent le [[Déclin_de_l'Empire_romain_d'Occident|déclin de l'empire]] poussent les grands propriétaires à se retirer sur leurs domaines (''villa''), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. Le propriétaire alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte, en échange d'une part de la récolte et de temps de travail ([[Corvée|corvée]]) sur les terres du propriétaire. Les enfants des paysans héritent à leur tour du statut de dépendance de leurs parents. Progressivement ce système évolue vers le servage<ref name=":34">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Mazoyer, Marcel,|nom1=Roudart, Laure|titre=Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine|passage=Chapitre VI Les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère des régions tempérées|lieu=|éditeur=Éditions du Seuil|date=2002|pages totales=|isbn=9782020530613|oclc=300189713|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300189713}}</ref>.
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Le servage personnel avait entièrement disparu en France avant le 14<sup>e</sup> siècle.
+
=== Le rôle de l'Eglise catholique ===
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=== Servage réel ===
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L'Eglise et ses différentes structures (abbayes, monastères...) ont également détenu des serfs et même des esclaves. Néanmoins elle a eu tendance à pousser (timidement) dans le sens de la transformation de l'esclavage en servage, et de l'assouplissement de la servitude sur les serfs. Elle tendait à accorder aux serfs un certain nombre de droits, notamment ceux relatifs à l'héritage et au [[Mariage|mariage]].
   −
Dans le servage réel, le servage est un droit réel, ou plutôt une restriction des droits attachés à un domaine foncier, en particulier le droit d'aliéner. Ils se transmettent avec la propriété de celle-ci. Un homme libre qui acquiert une [[Tenure_(féodalité)|tenure]] ''servile'' devient serf. En plus de certaines servitudes, ce droit réel consistait essentiellement dans le fait de ne pas pouvoir vendre sa terre ou sa maison à un tiers, ni la léguer à son successeur. À la mort du serf, tous ses biens immeubles revenaient au seigneur qui, presque toujours, les concédait à nouveau à ses enfants capables de lui succéder. Le servage réel était plus connu sous l'appellation de mainmorte ou d'aubaine. Ces terres étaient aussi appelées «&nbsp;précaires&nbsp;» et correspondaient au statut de louage qui a été généralisé après la [[Révolution_française|Révolution]] par le [[Code_civil_(France)|Code civil]] de 1804. Celui qui était serf à titre réel avait les mêmes droits civils et politiques qu'un homme libre.
+
À la fin du 19<sup>e</sup>, un débat opposait toutefois Ernest Renan et Ettore Cicotti d'un côté, et Paul Allard de l'autre, au sujet des serfs de l'Église&nbsp;: les premiers pensaient qu'ils obtenaient moins facilement la liberté que les autres en raison notamment du principe d'inaliénabilité du droit canon (droit utilisé par l'Eglise, issu du droit romain).
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== Servage et exploitation ==
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Au 8<sup>e</sup> siècle, les théologiens débattaient de la question. Certains, comme Alcuin, conseiller de Charlemagne à la tête de l'Académie palatine, ou Raban Maur, autre artisan important de la «&nbsp;[[Renaissance_carolingienne|Renaissance carolingienne]]&nbsp;», considéraient l'esclavage et le servage comme légitimes&nbsp;; d'autres, tels l'évêque Jonas d'Orléans ou Agobard de Lyon pensaient qu'on devait traiter un esclave de la même façon qu'un homme libre. De façon marginale, Smaragde, l'abbé de Saint-Mihiel, réclamait jusqu'à l'abolition de l'esclavage. Assez vite, le dogme dominant s'est opposé à ce que des chrétiens appartiennent à d'autres chrétiens, ce qui condamnait l'esclavage direct.
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Succédant à l'esclavage, le servage, dans l'analyse [[Marxisme|marxiste]], représente l'une des trois formes d'exploitation du travail avec l'esclavage précisément et le salariat. Au niveau général, l'exploitation désigne le fait qu'une personne travaille gratuitement pour une autre. Ce travail gratuit peut prendre des formes simples, comme dans l'esclavage, ou complexes. Au niveau du servage, le serf se voit contraint de travailler gratuitement sur les terres du seigneur et de lui donner en nature une partie de sa récolte. Pour indiquer ce travail gratuit on dit qu'il est soumis à la [[Taille_(impôt)|taille]] et à la [[Corvée_seigneuriale|corvée seigneuriale]]&nbsp;: entretien du château, des douves ou des bois. C'est de ce temps que vient l'expression «&nbsp;taillable et corvéable à merci&nbsp;».
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Le moine [[Bénédictin|bénédictin]] Benoît d'Aniane refuse que son monastère, fondé en 807, possède des serfs.
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== Le servage en Europe ==
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== Évolutions du servage en Europe ==
    
Dates d'abolition du servage (ou lien assimilé)&nbsp;:
 
Dates d'abolition du servage (ou lien assimilé)&nbsp;:
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=== France ===
 
=== France ===
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A partir du 10<sup>e</sup> siècle, l'Église crée avec le roi et les comtes des terres de refuges (''«&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Sauveté sauvetés]&nbsp;»'') qui permettent à ceux qui s'y installent de ne pas être poursuivis. C'est le développement du nombre des sauvetés, des [[Villefranche_(ville)|villefranches]] puis des [[Bastide_(ville)|bastides]] qui fera disparaître complètement le servage.
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À partir du 13<sup>e</sup> siècle, les serfs sont soumis de plus en plus à une taxe arbitraire appelée ''[[Taille_(impôt)|taille]]'', qui devient annuelle à partir de 1439.
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Le servage personnel avait entièrement disparu en France avant le 14<sup>e</sup> siècle.
    
[[File:Oratores-bellatores-laboratores.jpg|thumb|right|330x338px|Un prêtre, un chevalier et un serf, représentant les trois ordres de la société médiévale]]En France, le servage a fortement diminué avec l'essor économique de la fin du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] qui permit aux serfs de racheter leur liberté, l'esclavage de traite ayant disparu au milieu du 11<sup>e</sup> siècle et le servage étant progressivement remplacé par l'[[Société_d'Ancien_Régime_en_France#Les_trois_ordres_de_la_société|ordre des laboratores]] qui offre librement son travail en échange de garanties assurant des moyens élémentaires d'existence<ref>{{ouvrage|auteur=Mathieu Arnoux|titre=Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe, XIe-XIVe siècle|éditeur=Albin Michel|date=2012|pages totales=378|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Un acte d'affranchissement, appelé «&nbsp;lettres de manumission&nbsp;» leur est remis.
 
[[File:Oratores-bellatores-laboratores.jpg|thumb|right|330x338px|Un prêtre, un chevalier et un serf, représentant les trois ordres de la société médiévale]]En France, le servage a fortement diminué avec l'essor économique de la fin du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] qui permit aux serfs de racheter leur liberté, l'esclavage de traite ayant disparu au milieu du 11<sup>e</sup> siècle et le servage étant progressivement remplacé par l'[[Société_d'Ancien_Régime_en_France#Les_trois_ordres_de_la_société|ordre des laboratores]] qui offre librement son travail en échange de garanties assurant des moyens élémentaires d'existence<ref>{{ouvrage|auteur=Mathieu Arnoux|titre=Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe, XIe-XIVe siècle|éditeur=Albin Michel|date=2012|pages totales=378|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Un acte d'affranchissement, appelé «&nbsp;lettres de manumission&nbsp;» leur est remis.
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En métropole, le servage qui subsistait était un servage réel qui consistait dans la persistance de terres qui étaient détenues en mainmorte ou en précaires. Autrement dit, leur possesseur ne pouvait pas les aliéner en les vendant ou en les léguant à leurs enfants. Le plus souvent, les biens fonciers, terres ou maisons, étaient détenus en censive, c'est-à-dire comme une propriété héréditaire avec la charge de payer au seigneur une redevance fixe annuelle assez modique et inchangée depuis le 13<sup>e</sup> siècle. Les terres ou les maisons sous statut servile étaient l'équivalent des censives, sauf qu'elles étaient inaliénables, comme actuellement pour un locataire qui ne peut pas revendre son titre d'occupation ou sous-louer.
 
En métropole, le servage qui subsistait était un servage réel qui consistait dans la persistance de terres qui étaient détenues en mainmorte ou en précaires. Autrement dit, leur possesseur ne pouvait pas les aliéner en les vendant ou en les léguant à leurs enfants. Le plus souvent, les biens fonciers, terres ou maisons, étaient détenus en censive, c'est-à-dire comme une propriété héréditaire avec la charge de payer au seigneur une redevance fixe annuelle assez modique et inchangée depuis le 13<sup>e</sup> siècle. Les terres ou les maisons sous statut servile étaient l'équivalent des censives, sauf qu'elles étaient inaliénables, comme actuellement pour un locataire qui ne peut pas revendre son titre d'occupation ou sous-louer.
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Lors de la vente des [[Biens_nationaux|biens nationaux]], c'est l'ancien statut de servage réel, rebaptisé «&nbsp;louage d'ouvrage&nbsp;» puis [[Fermage|fermage]], qui a été préféré et généralisé en 1801 par le Code civil&nbsp;: l'ancien seigneur ayant été remplacé par un bourgeois propriétaire et l'ancien censitaire par un locataire libre, c'est-à-dire précaire.
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Lors de la vente des [[Biens_nationaux|biens nationaux]], c'est l'ancien statut de servage réel, rebaptisé «&nbsp;louage d'ouvrage&nbsp;» puis fermage, qui a été préféré et généralisé en 1801 par le Code civil&nbsp;: l'ancien seigneur ayant été remplacé par un bourgeois propriétaire et l'ancien censitaire par un locataire.
    
=== Bretagne ===
 
=== Bretagne ===
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Le droit allemand distinguait, le «&nbsp;serf passif&nbsp;» et le «&nbsp;serf réel&nbsp;». Mais seul, le «&nbsp;serf réel&nbsp;» possédaient des droits sociaux et/ou politiques à l'instar des hommes libres.
 
Le droit allemand distinguait, le «&nbsp;serf passif&nbsp;» et le «&nbsp;serf réel&nbsp;». Mais seul, le «&nbsp;serf réel&nbsp;» possédaient des droits sociaux et/ou politiques à l'instar des hommes libres.
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Ainsi, le «&nbsp;serf passif&nbsp;» travaillait sur la réserve d’un seigneur, et était donc obligé de payer, outre les charges au seigneur, un [[Impôt|impôt]] public, ''la Bede'' ou ''le Schatzung''&nbsp;; alors que le «&nbsp;serf réel&nbsp;» ne travaillait pas sur la réserve d’un seigneur, mais exploitait les terres de la ferme sous toutes sortes de baux ([[Louage|louage]], [[Métayage|métayage]], [[Fermage|fermage]], etc.). Le grand juriste allemand Justus Möser s'est constamment attaché dans ses écrits à définir, et si possible développer, les capacités politiques et sociales liées à ces deux formes de servage.
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Ainsi, le «&nbsp;serf passif&nbsp;» travaillait sur la réserve d’un seigneur, et était donc obligé de payer, outre les charges au seigneur, un [[Impôt|impôt]] public, ''la Bede'' ou ''le Schatzung''&nbsp;; alors que le «&nbsp;serf réel&nbsp;» ne travaillait pas sur la réserve d’un seigneur, mais exploitait les terres de la ferme sous toutes sortes de baux (métayage, fermage, etc.). Le grand juriste allemand Justus Möser s'est constamment attaché dans ses écrits à définir, et si possible développer, les capacités politiques et sociales liées à ces deux formes de servage.
    
=== Scandinavie ===
 
=== Scandinavie ===
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Le servage est étroitement lié au [[Féodalisme|féodalisme]] et en Scandinavie (Finlande, Norvège et Suède) où le féodalisme ne fut jamais vraiment établi, le servage n'a jamais réellement existé. Cependant en Suède, une forme de contrat proche du servage a existé entre le 18<sup>e</sup> siècle et jusqu'en 1945, le [[Statare|statare]].
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Le servage est étroitement lié au [[Féodalisme|féodalisme]] et en Scandinavie (Finlande, Norvège et Suède) où le féodalisme ne fut jamais vraiment établi, le servage n'a jamais réellement existé. Cependant en Suède, une forme de contrat proche du servage a existé entre le 18<sup>e</sup> siècle et jusqu'en 1945, le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Statare statare].
    
=== Russie ===
 
=== Russie ===
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Dans l'[[Empire_russe|Empire russe]], le servage généralisé, touchant des millions de personnes (les «&nbsp;âmes&nbsp;»), a duré du début du 17<sup>e</sup> siècle jusqu'en 1861. Lors de son abolition par Alexandre II le 19 février 1861, on estimait à 40&nbsp;% de la population le nombre de serfs. En 1785, un rapport remis à Catherine II de Russie précise que&nbsp;: «&nbsp;Les effectifs de l’armée russe sont de 500 000 hommes avec 9&nbsp;% de nobles, 3&nbsp;% de bourgeois et 50&nbsp;% de serfs&nbsp;; le reste de soldats&nbsp;».<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Abolition_du_servage_de_1861</ref>
 
Dans l'[[Empire_russe|Empire russe]], le servage généralisé, touchant des millions de personnes (les «&nbsp;âmes&nbsp;»), a duré du début du 17<sup>e</sup> siècle jusqu'en 1861. Lors de son abolition par Alexandre II le 19 février 1861, on estimait à 40&nbsp;% de la population le nombre de serfs. En 1785, un rapport remis à Catherine II de Russie précise que&nbsp;: «&nbsp;Les effectifs de l’armée russe sont de 500 000 hommes avec 9&nbsp;% de nobles, 3&nbsp;% de bourgeois et 50&nbsp;% de serfs&nbsp;; le reste de soldats&nbsp;».<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Abolition_du_servage_de_1861</ref>
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== Le servage en Asie ==
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== Évolutions du servage en Asie ==
    
Dates d'abolition du servage (ou lien assimilé)&nbsp;:
 
Dates d'abolition du servage (ou lien assimilé)&nbsp;:
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Au Tibet, le servage a existé jusqu'à son abolition en 1959. Les taxes et corvées concernaient les familles et non pas les individus<ref name="KB">Katia Buffetrille, [http://books.google.fr/books?id=OUq0F1W0MxIC&pg=PA352&lpg=PA350&ots=R8eT5JgPYb&dq=servage+tibet+buffetrille&hl=fr&output=html_text ''Le Tibet est-il chinois : Conditions de vie''], 2002.</ref>. Selon le sociologue chinois Rong Ma<ref> Rong Ma, ''Population and Society in Tibet'', Hong Kong University Press, 2010</ref>, la société tibétaine se divisait en deux grands groupes, d'une part les abbés et les nobles, d'autre part les ''mi-ser'', répartis en trois sous-groupes&nbsp;:
 
Au Tibet, le servage a existé jusqu'à son abolition en 1959. Les taxes et corvées concernaient les familles et non pas les individus<ref name="KB">Katia Buffetrille, [http://books.google.fr/books?id=OUq0F1W0MxIC&pg=PA352&lpg=PA350&ots=R8eT5JgPYb&dq=servage+tibet+buffetrille&hl=fr&output=html_text ''Le Tibet est-il chinois : Conditions de vie''], 2002.</ref>. Selon le sociologue chinois Rong Ma<ref> Rong Ma, ''Population and Society in Tibet'', Hong Kong University Press, 2010</ref>, la société tibétaine se divisait en deux grands groupes, d'une part les abbés et les nobles, d'autre part les ''mi-ser'', répartis en trois sous-groupes&nbsp;:
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*les ''tre-ba'', serfs attachés de façon héréditaire au domaine d'un monastère ou d'une famille noble; outre un lopin personnel, ils travaillaient la terre du seigneur (la [[Réserve_(histoire)|réserve]]) gratuitement et fournissaient divers services (corvées) au seigneur ou au gouvernement&nbsp;;  
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*les ''tre-ba'', serfs attachés de façon héréditaire au domaine d'un monastère ou d'une famille noble; outre un lopin personnel, ils travaillaient la terre du seigneur (la réserve) gratuitement et fournissaient divers services (corvées) au seigneur ou au gouvernement&nbsp;;  
 
*les ''du-jung'', au statut de serfs héréditaires mais qui, moyennant une redevance et la fourniture de corvées à leur seigneur d'origine, pouvaient louer de la terre ou s'embaucher auprès d'un ''tre-ba''&nbsp;;  
 
*les ''du-jung'', au statut de serfs héréditaires mais qui, moyennant une redevance et la fourniture de corvées à leur seigneur d'origine, pouvaient louer de la terre ou s'embaucher auprès d'un ''tre-ba''&nbsp;;  
 
*les ''nangsan'', domestiques attachés de façon héréditaire à un manoir et ayant le statut d'esclaves.  
 
*les ''nangsan'', domestiques attachés de façon héréditaire à un manoir et ayant le statut d'esclaves.  

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