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=== Une bourgeoisie moderniste<br>  ===
 
=== Une bourgeoisie moderniste<br>  ===
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Mais l'[[Industrie|industrie]] chinoise se développe rapidement, ce qui donne son essor à la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] du pays. Celle-ci est à la fois issue de l'[[Artisanat|artisanat]] ancestral (soie, porcelaine, bois, laque) et d'une nouvelle couche formée à l'étranger. Attirée par la modernité, mais désireuse de sortir de la tutelle des grandes puissances, cette bourgeoisie va se tourner vers la [[Politique|politique]]. L'ennemi principal : la dynastie mandchoue corrompue qui livre le pays aux occidentaux.  
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Mais l'[[Industrie|industrie]] chinoise se développe rapidement, ce qui donne son essor à la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] du pays, principalement dans le Sud littoral, depuis longtemps plus ouvert. Celle-ci est à la fois issue de l'[[Artisanat|artisanat]] ancestral (soie, porcelaine, bois, laque) et d'une nouvelle couche formée à l'étranger. Attirée par la modernité, mais désireuse de sortir de la tutelle des grandes puissances, cette bourgeoisie va se tourner vers la [[Politique|politique]]. L'ennemi principal&nbsp;: la dynastie mandchoue corrompue qui livre le pays aux occidentaux.  
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L'impératrice Ci-Xi était très conservatrice, mais elle était obligée de concéder des modernisations. D'un côté elle mit fin aux « [[cent jours de Kang|cent jours de Kang]] » (1898), de l'autre elle proclame quarante édits : réformant les écoles, créant l’Université, instaurant un système judiciaire, un réseau postal, un code du commerce modernes, remplaçant les examens confucéens traditionnels par des concours ouverts sur la science…  
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L'impératrice Ci-Xi était très conservatrice, mais elle était obligée de concéder des modernisations. D'un côté elle mit fin aux «&nbsp;[[Cent jours de Kang|cent jours de Kang]]&nbsp;» (1898), de l'autre elle proclame quarante édits&nbsp;: réformant les écoles, créant l’Université, instaurant un système judiciaire, un réseau postal, un code du commerce modernes, remplaçant les examens confucéens traditionnels par des concours ouverts sur la science…  
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Les avancées concédant des formes [[Démocratie_bourgeoise|démocratiques-bourgeoises]] permettaient en retour un renforcement de la bourgeoisie. En 1909, les assemblées provinciales furent élues au [[suffrage censitaire|suffrage censitaire]], puis furent créées des [[chambre de commerce|chambres de commerce]]... <br>
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Les avancées concédant des formes [[Démocratie bourgeoise|démocratiques-bourgeoises]] permettaient en retour un renforcement de la bourgeoisie. En 1909, les assemblées provinciales furent élues au [[Suffrage censitaire|suffrage censitaire]], puis furent créées des [[Chambre de commerce|chambres de commerce]]... <br>  
    
== Le mouvement de Sun Yat-sen<br>  ==
 
== Le mouvement de Sun Yat-sen<br>  ==
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Le courant moderniste et anti-impérialiste de la bourgeoisie va notamment se regrouper autour de Sun Yat-sen. Ce dernier, médecin à Canton, est un intellectuel qui a fait ses études au Japon et aux États-Unis. Son parti (informel jusqu'en 1911-1912) recrute à l'origine principalement dans la petite et moyenne bourgeoisie (officiers, intellectuels, étudiants, commerçants, entrepreneurs des grandes villes portuaires).  
 
Le courant moderniste et anti-impérialiste de la bourgeoisie va notamment se regrouper autour de Sun Yat-sen. Ce dernier, médecin à Canton, est un intellectuel qui a fait ses études au Japon et aux États-Unis. Son parti (informel jusqu'en 1911-1912) recrute à l'origine principalement dans la petite et moyenne bourgeoisie (officiers, intellectuels, étudiants, commerçants, entrepreneurs des grandes villes portuaires).  
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Sun Yat-sen popularisait ses idées de façon synthétique, et quelque peu romancée, sous la dénomination de "Trois Principes du Peuple"&nbsp;: démocratie, bien-être, nationalisme. Il rêvait d'une [[république|république]] démocratique, qui assurerait un développement national, nationaliserait les terres et réaliserait une [[réforme agraire|réforme agraire]]. En revanche il n’est absolument pas révolutionnaire et s’oppose à la [[lutte des classes|lutte des classes]]. Ces idées se répandent rapidement dans la nouvelle bourgeoisie et à l’Université, ainsi que dans l’émigration chinoise, qui le finance.
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Sun Yat-sen popularisait ses idées de façon synthétique, et quelque peu romancée, sous la dénomination de "Trois Principes du Peuple"&nbsp;: démocratie, bien-être, nationalisme. Il rêvait d'une [[République|république]] démocratique, qui assurerait un développement national, nationaliserait les terres et réaliserait une [[Réforme agraire|réforme agraire]]. En revanche il n’est absolument pas révolutionnaire et s’oppose à la [[Lutte des classes|lutte des classes]]. On trouve également une composante [[racialisme|racialiste]] dans sa politique : c'est la "race Mandchoue" (l'ethnie des derniers emprereurs) qui serait responsable de la barbarie contre le "vrai peuple", la "race Han". Ces idées se répandent rapidement dans la nouvelle bourgeoisie et à l’Université, ainsi que dans l’émigration chinoise, qui le finance.  
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Sun commença à rassembler des soutiens politiques dans les années 1890, face à l'incapacité de la monarchie mandchoue à mettre en place des réformes
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Sun commença à rassembler des soutiens politiques dans les années 1890, face à l'incapacité de la monarchie mandchoue à mettre en place des réformes [[Démocratie|démocratiques]] . Mais il ne chercha pas à construire un mouvement politique de masse&nbsp;: son mouvement se confina essentiellement à des activités conspirationnelles et terroristes (fondation de la société secrète Tongmenghui en août 1905). En 1905, des premier soulèvements échouent.  
[[Démocratie|démocratiques]]
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. Mais il ne chercha pas à construire un mouvement politique de masse&nbsp;: son mouvement se confina essentiellement à des activités conspirationnelles et terroristes.En 1905, des premier soulèvements échouent.
      
== Evénements<br>  ==
 
== Evénements<br>  ==
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=== Soulèvement ===
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=== Soulèvement ===
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Le 10 octobre 1911, un soulèvement des partisans de Sun Yat-sen réussit à Wuchang (province de Hubei), appuyée par une insurrection des soldats contre le gouverneur général de la région. La République de Chine est proclamée. Le mouvement, qui rassemble soldats, officiers, étudiants, bourgeois et ouvriers, s’étend peu à peu dans les provinces centrales et méridionales de la Chine. <br>
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Le 10 octobre 1911, un soulèvement des partisans de Sun Yat-sen réussit à Wuchang (province de Hubei), appuyée par une insurrection des soldats contre le gouverneur général de la région. La République de Chine est proclamée. Le mouvement, qui rassemble soldats, officiers, étudiants, bourgeois et ouvriers, s’étend peu à peu dans les provinces centrales et méridionales de la Chine. <br>  
    
Le gouvernement qui en est issu est très faible, et très lâche dans son organisation. Le mouvement populaire, inorganisé, le laisse aux mains d'un vieil appareil militaro-bureaucratique, qui refuse de donner la terre aux [[Paysannerie|paysans]], et laisse inchangés les rapports de propriété.  
 
Le gouvernement qui en est issu est très faible, et très lâche dans son organisation. Le mouvement populaire, inorganisé, le laisse aux mains d'un vieil appareil militaro-bureaucratique, qui refuse de donner la terre aux [[Paysannerie|paysans]], et laisse inchangés les rapports de propriété.  
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Sun Yat-Sen tente tous les compromis. Il s'allie à la riche bourgeoisie des assemblées provinciales et des chambres de commerce, devient président de la république le 1<sup>er</sup> janvier 1912, et cherche à obtenir la reconnaissance internationale du nouveau régime chinois.  
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Sun Yat-Sen tente tous les compromis. Il s'allie à la riche bourgeoisie des assemblées provinciales et des chambres de commerce, devient président de la république le 1<sup>er</sup> janvier 1912, et cherche à obtenir la reconnaissance internationale du nouveau régime chinois. Le général Yuan Shikai pousse le jeune empereur à abdiquer le 12 février.<br>
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=== Reflux et morcèlement du pays ===
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=== Réaction militaire<br> ===
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Mais le programme bourgeois nationaliste de Sun ne convient pas aux impérialistes. Ceux-ci font pression pour qu'il abandonne son poste de président au profit de [[Yuan Shikai|Yuan Shikai]], un homme jugé plus fiable pour maintenir en place le [[Semi-colonisation_de_la_Chine|système semi-colonial]]. La grande bourgeoisie sur laquelle Sun s'est appuyée n'est pas révolutionnaire, et est prête à s'accomoder d'un statut de bourgeoisie comprador. Sun est évincé par la droite, ayant renoncé à s'appuyer sur un mouvement populaire.<br>
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Yuan Shikai est le chef de la principale armée chinoise (l'armée du Beiyang), et cela lui procure un moyen de pression colossal. Il a de plus le soutien tacite des impérialistes, qui le préfèrent de loin à Sun Yat-sen, dont le [[nationalisme|nationalisme]] met potentiellement en péril le [[Semi-colonisation de la Chine|système semi-colonial]].&nbsp;La grande bourgeoisie sur laquelle Sun s'est appuyée n'est pas révolutionnaire, et est prête à s'accomoder d'un statut de [[bourgeoisie comprador|bourgeoisie comprador]]. Sun est donc évincé par la droite, ayant renoncé à s'appuyer sur un mouvement populaire. En mars 1912, il cède la présidence à Yuan Shikai.<br>  
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Aussitôt en place, Yuan Shikai ordonne la dissolution du parlement, et se proclame empereur en 1915. Des généraux républicains du Sud de la Chine se soulevèrent, et Yuan dut démissionner. Mais la république de Chine fut rapidement démembrée par des seigneurs de guerre rivaux. Sun échoua à réunifier le pays. Malgré la survivance formelle de la république de Chine, la révolution de 1911 s'acheva en échec.
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En mars, une constitution provisoire est déclarée, et en août et septembre, une assemblée de députés créée. Le 25 août 1912, Sun Yat-sen fonde le [[Kuomintang|Kuomintang]] (littéralement "parti nationaliste") qui est d'emblée une force politique majeure du pays, et remporte notamment les élections à l'Assemblée. Mais l'éxécutif est aux mains de la [[réaction|réaction]], qui très vite montre son intention de continuité avec l'ancien régime. Il projette notamment d'importants emprunts à l'étranger, ce qui provoque la colère du Kuomintang.
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Dès la fin de 1912, une répression sournoise est orchestrée contre les militants du parti nationaliste. En novembre 1913, Yuan Shikai déchire brutalement le voile [[démocratique|démocratique]] de l'[[Etat|Etat]] et interdit le Kuomintang ainsi que tout journal d'opposition. [[Sun Yat-sen|Sun Yat-sen]] fuit au Japon et appelle à une deuxième révolution. En 1914, Yuan Shikai dissout ce qui reste du parlement, nomme des parlementaires à sa solde, des gouverneurs militaires à la place des gouverneurs civils, et remplace la constitution de 1912 par un texte lui accordant plus de pouvoir... <br>
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La réaction est à son comble lorsque Yuan Shikai s'autoproclame Empereur en 1915.
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=== Morcèlement du pays  ===
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Face à la restauration impériale de Yuan Shikai, des généraux républicains du Sud de la Chine se soulevèrent, et Yuan dut démissionner. Mais l'armée était profondément divisée en zones d'influences des différents potentats. Sun échoua à réunifier le pays, et ne contrôla plus que le Sud, où survit formellement la République de Chine. L'époque des seigneurs de guerre s'ouvrait, et bloquait la Chine pour longtemps dans des survivances de [[féodalisme|féodalisme]].
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=== Essor du mouvement communiste ===
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Parallèlement à ces événements, les grandes villes de Chine connurent un fort bouillonnement intellectuel. La révolution de 1911 libère beaucoup d'esprits, notamment dans les Universités. Les ouvrages et courants de pensée occidentaux sont découverts avec passion, et les revues se multiplient.
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Un certain [[Chen Du Xiu|Chen Du Xiu]] est alors professeur à l'Université de Shanghai et dirige ''La Jeunesse'', journal majeur de l’avant-garde de l'époque. Mais ce n'est qu'à partir de 1917, avec le coup de tonnerre de la [[Révolution d'Octobre|Révolution d'Octobre]] du lointain voisin russe, et avec l'envoi de délégués [[bolchéviks|bolchéviks]], que le marxisme se diffusera en Chine. Chen Du Xiu cofondera le [[Parti Communiste Chinois|Parti Communiste Chinois]] en 1921 à Shanghai, et bien qu'à l'origine seulement composé d'intellectuels, ils trouvera très rapidement une forte base sociale dans les concentrations ouvrières naissantes. Les bases étaient posées pour les [[Révolution_chinoise_(1925-1927)|événements révolutionnaires de 1925-1927]].
    
== Sources  ==
 
== Sources  ==

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