Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
9 257 octets enlevés ,  4 mai 2010 à 17:43
Ligne 49 : Ligne 49 :  
== L'opposition de Gauche et la révolution chinoise de 1925-1927 ==
 
== L'opposition de Gauche et la révolution chinoise de 1925-1927 ==
   −
Avec la 2e révolution chinoise, de 1925-27, la question des révolutions coloniales commença à prendre une place considérable. Nous n'insisterons pas sur les critiques que l'Opposition unifiée adressa à la politique de Boukharine-Staline, à savoir la présence du PC chinois dans le Kuomintang, sa subordination à la politique de ce dernier, qu'il s'agisse du Kuomintang de Tchiang Kaï Chek ou de celui de Wan Ton-Wei, le freinage des mouvements des ouvriers et des paysans, le refus d'appeler les masses à créer des soviets dans la période de flux révolutionnaire, puis sa création artificielle et l'aventure de Canton dans la défaite. Mais ces critiques se situent assez tardivement et il n'est pas inutile de remonter un peu plus haut. Avant la grande montée révolutionnaire, il y eut une déclaration, diplomatique certes, mais très claire, signée à la fois par Joffe et Sun Yat-Sen disant qu'il n'était pas question d'un pouvoir soviétique pour la Chine. Le PC chinois n'avait, à l'origine, qu'une perspective de république démocratique bourgeoise. Il entra dans le Kuomintang en 1924. Le plus important recueil de textes de Trotsky sur la Chine a été publié en 1976 aux États-Unis par Monad Press sous le titre « On China ». Il est possible que d'autres textes de lui existent que nous ignorons encore, mais la lecture de « On China » est révélatrice. Dans une lettre à Radek du 27 septembre 1926, il écrit: «La participation du PC chinois au Kuomintang était parfaitement correcte dans la période où le PC chinois était seulement une société propagandiste qui se préparait seulement pour une activité politique indépendante future mais, qui, en même temps, cherchait à prendre part à la lutte de libération nationale qui était en train de se poursuivre.» (p. 114). Autrement dit, il n'avait pas fait au début d'objection à l'entrée dans le Kuomintang, la justifiant comme une sorte d'« entrisme » avant la lettre. Le PC chinois avait alors peut-être une centaine de membres à qui il fallait donner un milieu de travail. Mais « les deux dernières années ayant vu la montée d'une puissante vague de grèves » (même page), Trotsky pose alors la question de l'indépendance du parti et de sa politique. Il rencontrera pendant un temps une opposition à ses propositions, même au sein de l'Opposition de gauche, mais il finira par la convaincre, lorsque se prépara la plate-forme de 1927, de la nécessité du retrait du PC chinois du Kuomintang et du soutien à la création des soviets. Même à ce moment-là, il ne met pas en avant la perspective d'une révolution permanente. Au contraire, la plate-forme de 1927 contient un désaveu nuancé mais indiscutable de cette théorie. C'est un passage de ce document que nous ne pouvons pas faire nôtre à présent, tout en maintenant sans réserve notre jugement sur l'importance historique du document lui-même. A peu près à la même époque où la plate-forme était rédigée, zinoviev présentait au CC du PCUS et au CE de l'IC des thèses sur la révolution chinoise où il rappelait l'expérience passée en Turquie dans les termes suivants : « La Turquie nous fournit un exemple encore plus intéressant. Le mouvement national en Turquie, dirigé par Kemal Pacha, a eu pendant longtemps un caractère indubitablement révolutionnaire et méritait parfaitement d'être appelé un mouvement révolutionnaire national. Il était dirigé contre le vieux régime féodal dans le pays, contre le sultanat, aussi bien que contre l'impérialisme, en premier lieu contre l'impérialisme britannique, Ce mouvement entraîna avec lui une masse énorme de paysans et, dans une certaine mesure, la classe ouvrière turque, le parti kemaliste de ce temps ressemblait dans une certaine mesure au Kuommtang d'aujourd'hui. (Mais il ne faut pas oublier un seu instant que la classe ouvrière était évidemment beaucoup plus faible en Turquie qu'en Chine). Le parti kemaliste avait son « conseil des commissaires du peuple », il soulignait sa solidarité avec la Russie soviétique, etc. Dans un télégramme de Kemal à Tchitcherine, du 29 novembre 1920 il est dit oralement : « Je suis profondément convaincu que le jour où les travailleurs de l'Ouest d'une part, et les peuples opprimés d'Asie et d'Afrique, d'autre part, comprendront que le capital internationales utilise pour se détruire et s'asservir mutuellement, seulement au profit de leurs maîtres, que le jour où la conscience des crimes de la politique coloniale pénétrera les coeurs des masses laborieuses du monde, le pouvoir de la bourgeoisie sera à sa fin ». Cela n'empêcha pas le même Kemal de couper le cou des dirigeants communistes quelque temps plus tard, de placer le mouvement ouvrier dans l'illégalité, de réduire la réforme agraire à un minimum, et, dans sa politique intérieure, de suivre une voie dirigée vers la bourgeoisie et les paysans riches. Ceci eut lieu parce que le prolétariat turc était trop faible pour créer un pouvoir de classe indépendant et aider la paysannerie à créer, sous l'hégémonie du prolétariat, un centre directeur de la révolution qui ne dépendrait pas de la bourgeoisie libérale, des officiers bourgeois, etc. Maintenant, le mouvement kemaliste n'est pas un mouvement national-révolutionnaire, ce n'est pas un secteur de la révolution socialiste mondiale. Le mouvement national en Turquie n'est pas devenu directement un mouvement révolutionnaire lié au mouvement prolétarien international.» (Zinoviev, thèses présentées le 15 avril 1927). Ces lignes contiennent une critique implicite du passé dans la comparaison qui y est faite entre Kemal et Tchiang Kaï-Chek, mais il n'y a pas une critique fondamentale de la politique qui avait été suivie, il ne s'y trouve pas du tout la perspective d'une révolution permanente. Il en était ainsi parce que Zinoviev, Preobragensky et bien d'autres oppositionnels étaient hostiles à cette théorie et aussi parce que - comme nous le verrons un peu plus loin, Trotsky ne la défendait pas alors. Nous avons signalé plus haut que la plate-forme contenait un désaveu nuancé de cette théorie. Elle contenait autre chose de beaucoup plus grave à propos de la révolution chinoise: «Le mot d'ordre des soviets, mis en avant déjà en 1920 par Lénine pour la Chine, avait sans aucun doute sa valeur dans les conditions chinoises de 1926-1927. Les soviets en Chine pouvaient devenir le moyen de grouper, sous la direction du prolétariat, les forces de la paysannerie, devenir de véritables organes de la dictature révolutionnaire démocratique du prolétariat et de la paysannerie et les organes de la véritable résistance au Kuomintang bourgeois et aux Cavaignac chinois sortis de ses rangs.L'enseignement de Lénine dit que la révolution bourgeoise démocratique ne peut être menée jusqu'au bout que par l'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie (sous la direction du prolétariat) contre la bourgeoisie. Elle est non seulement applicable à la Chine et aux pays coloniaux et semi-coloniaux, mais elle indique le seul chemin possible pour remporter la victoire dans ces pays. De là découle que la dictature révolutionnaire démocratique du prolétariat, s'exprimant sous la forme des soviets en Chine, à l'époque actuelle de guerres impérialistes et de révolutions prolétariennes et de l'existence de l'URSS, aurait eu toutes les chances de se transformer, de façon relativement rapide, en révolution Socialiste. Staline, se moquant des enseignements de Lénine, essayait de prouver que le mot d'ordre des soviets en Chine signifiait «lancer le mot d'ordre du passage à la dictature du prolétariat » tandis qu'en réalité Lénine lançait, pendant la révolution de 1905, le mot d'ordre des soviets comme organes de la dictature démocratique des ouvriers et des paysans. » Ces lignes ne se prêtent à aucune équivoque. La plate-forme, loin de contenir la théorie de la révolution permanente, envisage les soviets en Chine comme devant devenir les organes de la «dictature démocratique », celle-ci étant une étape, fut-elle courte, vers la révolution socialiste, mais une étape tout de même en est ainsi parce que, lors de la fondation de l'I.C. et au cours de ces premiers congrès, il a manqué, comme nous l'avons dit plus haut, la clarté sur la nature des partis nationalistes révolutionnaires et sur l'objectif - ouvrier - du pouvoir dans une révolution démocratique bourgeoise à la suite de la révolution d'Octobre. Sur ces questions, les oppositionnels, tout en condamnant la politique ultra-droitière, inframenchevique, pourrait-on dire, de Boukharine-Staline, n'allaient pas au-delà des positions de ces congrès que Staline avaient résumées comme suit : « Lénine a eu raison en disant que, si, autrefois, avant l'ouverture de l'ère de la révolution mondiale, le mouvement de libération nationale faisait partie du mouvement démocratique en général, maintenant, après la victoire de la révolution soviétique en Russie et l'ouverture de l'ère de la révolution mondiale, le mouvement de libération nationale fait partie de la révolution prolétarienne mondiale... » (Staline, commission chinoise du Comité Exécutif de l'I.C. 30 novembre 1926 (13)) Parce que les questions de la nature des formations nationalistes-révolutionnaires et des objectifs de pouvoir dans une révolution comme celle de la Chine étaient restées dans l'ombre, la pensée de Lénine, exprimée sous cette forme, si juste soit-elle, pouvait donner lieu à des interprétations différentes, selon qu'elle était dite par ceux qui luttaient contre la bureaucratie ou par ceux qui en étaient les porte- parole.  
+
Avec la [[Révolution chinoise de 1925-1927]], la question des révolutions [[Colonialisme|coloniales]] commença à prendre une place considérable parmi les militants et théoriciens des [[Internationale Communiste|partis communistes]]. Mais en 1927, alors que la question de la stratégie à suivre pour le [[Parti communiste chinois|PC chinois]] se pose avec une grande acuité, ni [[Léon Trotsky|Trotsky]], ni d'autres membres oppositionnels du [[Parti communiste de l'Union soviétique]] comme [[Evgueni Preobrajensky|Preobrajensky]] ou [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], ne prônent la stratégie de révolution permanente.
    
== Trotsky reprend et généralise la théorie de la révolution permanente ==
 
== Trotsky reprend et généralise la théorie de la révolution permanente ==
271

modifications

Menu de navigation