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Au cours des premières années de la révolution se posa avec force le [[Question nationale|problème des nationalités]] qui avaient été opprimées par le [[Russie tsariste|régime tsariste]] ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la [[Révolution russerévolution]]. Aussi l'[[Internationale Communiste]] fut-elle amenée à prendre des positions sur la question nationale et [[Colonialisme|coloniale]], notamment à ses 2e 4e et 5e Congrès. Voici les conclusions de l'I.C. :  
 
Au cours des premières années de la révolution se posa avec force le [[Question nationale|problème des nationalités]] qui avaient été opprimées par le [[Russie tsariste|régime tsariste]] ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la [[Révolution russerévolution]]. Aussi l'[[Internationale Communiste]] fut-elle amenée à prendre des positions sur la question nationale et [[Colonialisme|coloniale]], notamment à ses 2e 4e et 5e Congrès. Voici les conclusions de l'I.C. :  
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1) L'I.C. se prononce pour le droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes, jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque. Il suffit de rappeler les critiques sur ce point de Rosa, disant en substance à Lénine: c'est la bourgeoisie qui seule en profitera. Dans le PSDOR avant la révolution cette question avait été largement méconnue. Ainsi Plékhanov niait l'existence même d'un problème ukrainien. (12) 2) L'I.C. considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier internationale que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'impérialisme sont ou peuvent être des alliés de la révolution socialiste. Dans la L'Internationale avant 1914,certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation ; celle-ci y avait même de chauds partisans. Ce ne fut pas tâche aisée de débarrasser les vieux cadres socialistes qui avaient adhéré à l'I.C. de leur ignorance ou de leurs préjugés envers les peuples colonisés. (Voir les positions de l'Italien Serrati au 2e Congrès, celles de la section de Sidi-bel- Abbès du Parti français au 4e Congrès) 3) L'I.C. se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles. Mais, dans les faits, ce point se trouvait contesté. Ainsi, dès le 2e Congrès, le Hollandais Sneevliet-Maring, qui avait combattu courageusement en Indonésie, posa la question de la participation du Sarekat-Islam. Aux 4e et 5e Congrès, le délégué chinois traita du Kuomintang en termes pour le moins ambigus. 4) L'I.C. envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste. En tout cas, elle n'était certainement pas liée dans la pensée de l'I.C. aux textes de Marx mentionnés plus haut dont la plupart étaient alors inconnus. L'apport de l'I.C. sur ces questions était sans aucun doute extrêmement considérable, mais il n'y était pas question de révolution permanente. En outre, il subsistait dans cet apport une large confusion sur la nature de classe des formations nationalistes révolutionnaires avec lesquelles il était question de faire des alliances. Il est vrai, d'autre part, que beaucoup de militants de ces nationalités n'avaient pas de leur côté une notion précise du socialisme tel que l'entendaient les bolcheviks. Une partie d'entre eux (Soldan-Zadé en Perse, le Tatare Oaliev) étaient gagnés au bolchevisme. D'autres, comme le Chinois Sun Yat-Sen se disaient des socialistes, mais on sait bien maintenant ce que sont leurs « socialismes ». En outre, même là où il était question de républiques socialistes (au 2e Congrès), il subsistait sans aucun doute de la confusion: il n'était pas clairement question de la dictature du prolétariat s'appuyant sur la paysannerie; il subsistait en fait dans la pensée de pas mal de vieux bolcheviks la possibilité de quelque chose d'intermédiaire comme la «dictature démocratique ». A côté des textes, il y a la pratique. Sans sous-estimer l'important travail effectué dans le domaine colonial par l'I.C., il faut l'examiner critiquement. A la suite du 2e Congrès, s'est tenu le «Congrès de Bakou». Ce rassemblement lança un appel aux peuples d'Orient à la lutte contre l'impérialisme, notamment contre l'impérialisme britannique qui régnait alors sur un immense empire; ce fut un appel à la « guerre sainte », le djihad; on y dénonçait les forces les plus réactionnaires dans les pays impliqués. Mais, dans les principaux discours, y compris dans celui de Zinoviev qui parla comme président de l'I.C. au nom de celle-ci, il ne fut pas question de dictature du prolétariat ni non plus de dictature démocratique, sans même parler de révolution permanente. Au 5e Congrès de l'I.C., le délégué chinois se montra favorable à l'entrée du PC chinois dans le Kuomintang, tandis que le délégué turc Faruk, rappelant l'expérience malheureuse des communistes turcs avec Kemal Ataturk, posait la question de la lutte contre ce dernier. La direction de l'I.C. soutint le premier tandis que le second se faisait réprimander. Je n'ai pas trouvé de documents sur l'expérience turque sauf une mention dans des thèses de Zinoviev d'avril 1927 sur la révolution chinoise, mention que je donnerai plus loin. A mon avis, pour autant que je puisse juger ce qui s'est passé à l'époque, s'il était correct de soutenir Kemal contre l'impérialisme britannique et ses valets grecs, il était par contre faux de ne pas poser les problèmes de la révolution turque en terme de révolution permanente. La politique que suivront Boukharine et Staline dans la révolution chinoise ne différera pas beaucoup de celle qui fut suivie à l'égard de Kemal. L'ampleur de la tragédie fut cependant beaucoup moins grande, bien que de très nombreux communistes turcs aient été exterminés au cours de ces années. Aucune leçon ne paraît en avoir été tirée, sauf le propos de Zinoviev rappelé plus loin. Il est vraisemblable que l'I.C. et la direction du PCUS - y compris Lénine et Trotsky - étaient alors préoccupés par les problèmes de la révolution socialiste en Europe, par priorité sur les problèmes des luttes en Orient, dont ils pressentaient l'impétueux développement futur, mais qui étaient encore bien limités.
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1) L'I.C. se prononce pour le droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes, jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque : par exemple [[Rosa Luxemburg]] considérait que seule la [[bourgeoisie]] en profiterait.  
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2) L'I.C. considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier internationale que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'[[impérialisme]] sont ou peuvent être des alliés de la [[révolution socialiste]]. Dans la [[Internationale Ouvrière|Seconde Internationale]] avant 1914, certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation. L'I.C. a donc dû débarrasser de leurs préjugés d'anciens cadres socialistes de l'I.C.
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3) L'I.C. se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles.  
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4) L'I.C. envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste. En tout cas, elle n'était certainement pas liée dans la pensée de l'I.C. aux textes de Marx mentionnés plus haut dont la plupart étaient alors inconnus. L'apport de l'I.C. sur ces questions était sans aucun doute extrêmement considérable, mais il n'y était pas question de révolution permanente. En outre, il subsistait dans cet apport une large confusion sur la nature de classe des formations [[Nationalisme|nationalistes]] révolutionnaires avec lesquelles il était question de faire des alliances.
    
== L'opposition de Gauche et la révolution chinoise de 1925-1927 ==
 
== L'opposition de Gauche et la révolution chinoise de 1925-1927 ==
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