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Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records (1 700 000 morts et 5 950 000 blessés) et des mutineries éclatent, le moral des soldats se trouvant au plus bas. Ceux-ci supportent de moins en moins l’incapacité de leurs officiers (on a ainsi vu des unités monter au combat avec des balles ne correspondant pas au calibre de leur fusil), les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. En mai 1915, les armées russes reculent puis, au cours de l'hiver 1915-1916, le front se stabilise. À l'arrière, la situation se dégrade : les [[Grève|grèves]] se multipliaient dans les usines (plus d'un million de grévistes en 1916), et les accrochages avec la [[Police_et_milice_en_1917|police]] se font plus fréquents (4 morts en juin 1915, 16 morts en août...). Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan. Le total des déserteurs atteint 1 million fin 1916, 2 millions en 1917. Les pertes dans l'armée provoquent aussi un renouvellement dans les cadres, des monarchistes conservateurs étant remplacés par des libéraux.
 
Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records (1 700 000 morts et 5 950 000 blessés) et des mutineries éclatent, le moral des soldats se trouvant au plus bas. Ceux-ci supportent de moins en moins l’incapacité de leurs officiers (on a ainsi vu des unités monter au combat avec des balles ne correspondant pas au calibre de leur fusil), les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. En mai 1915, les armées russes reculent puis, au cours de l'hiver 1915-1916, le front se stabilise. À l'arrière, la situation se dégrade : les [[Grève|grèves]] se multipliaient dans les usines (plus d'un million de grévistes en 1916), et les accrochages avec la [[Police_et_milice_en_1917|police]] se font plus fréquents (4 morts en juin 1915, 16 morts en août...). Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan. Le total des déserteurs atteint 1 million fin 1916, 2 millions en 1917. Les pertes dans l'armée provoquent aussi un renouvellement dans les cadres, des monarchistes conservateurs étant remplacés par des libéraux.
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En Russie, contrairement aux autres pays, les socialistes ne soutiennent pas majoritairement l'effort de guerre de leur gouvernement. Les russes sont nombreux à [[Conférence_de_Zimmerwald|Zimmerwald]]. Mais seuls les [[bolchéviks|bolchéviks]] sont sur une position intransigeante (et même la position ''« [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitiste]] »'' de [[Lénine|Lénine]] passe mal dans le parti bolchévik), tandis que la plupart sont sur une position pacifiste plus passive. La [[Paix_de_Brest-Litovsk|question de la paix]] deviendra vite une des questions centrales dans la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]].
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En Russie, contrairement aux autres pays, les socialistes ne soutiennent pas majoritairement l'effort de guerre de leur gouvernement. Les russes sont nombreux à [[Conférence_de_Zimmerwald|Zimmerwald]]. Mais seuls les [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont sur une position intransigeante (et même la position ''« [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitiste]] »'' de [[Lénine|Lénine]] passe mal dans le parti bolchévik), tandis que la plupart sont sur une position pacifiste plus passive. La [[Paix_de_Brest-Litovsk|question de la paix]] deviendra vite une des questions centrales dans la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]].
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L'expérience de la guerre qui a brassé des millions d'hommes, a arraché des paysans à leur vie cyclique, a énormément politisé le petit peuple russe, comme en témoigne par exemple ce soldat :
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«&nbsp;''C’est qu’avant je ne savais pas à quel point les riches vivaient bien. Ici [au front] on a commencé à nous loger dans des maisons réquisitionnées et j’ai vu à quel point c’était bien; j’ai vu par terre et sur les murs toutes sortes de choses qu’ils possèdent ; partout dans la maison, il y a des choses chères, belles et qui ne servent à rien. Maintenant je vivrai de cette façon et pas avec les cafards''&nbsp;» <ref>Cité par Eric Aunoble dans La révolution russe, une histoire française, op. cit., p. 183.</ref>
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== 1917&nbsp;: décomposition et insoumission dans l'armée ==
 
== 1917&nbsp;: décomposition et insoumission dans l'armée ==
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Il y eut un peu plus de conflits au front, où la violence était bien plus présente. Les officiers censurèrent dans un premier temps les nouvelles de Pétrograd. Certains soldats apprirent la révolution du côté allemand... Cela ne fit qu'augmenter la défiance envers les officiers une fois les nouvelles apprises. Les troupes qui basculaient du côté de la révolution s'accrochaient un petit ruban rouge. Des soldats s'en prenaient aux officiers qui gardaient des portraits du tsar. Des représailles eurent lieu là où les sévices des officiers avaient été particulièrement violents. Par exemple à Helsingfors (maintenant Helsinki) et à Svéaborg, le soulèvement violent dura une nuit et un jour, et les officiers les plus détestés furent précipités sous la glace. ''«&nbsp;A en juger par ce que raconte Skobélev de la conduite des autorités de Helsingfors et de la flotte – écrit Soukhanov pourtant bien peu disposé à l'indulgence à l'égard de " l'obscure soldatesque " – on doit seulement s'étonner que ces excès aient été si insignifiants.&nbsp;»'' Trotsky précise&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks tout aussi souvent que les conciliateurs allèrent prévenir des excès chez les soldats. Mais les vengeances sanglantes étaient aussi inévitables que le choc en retour après un coup de feu.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr13.htm Histoire de la révolution russe - 13. L’armée et la guerre]'', 1930</ref>''
 
Il y eut un peu plus de conflits au front, où la violence était bien plus présente. Les officiers censurèrent dans un premier temps les nouvelles de Pétrograd. Certains soldats apprirent la révolution du côté allemand... Cela ne fit qu'augmenter la défiance envers les officiers une fois les nouvelles apprises. Les troupes qui basculaient du côté de la révolution s'accrochaient un petit ruban rouge. Des soldats s'en prenaient aux officiers qui gardaient des portraits du tsar. Des représailles eurent lieu là où les sévices des officiers avaient été particulièrement violents. Par exemple à Helsingfors (maintenant Helsinki) et à Svéaborg, le soulèvement violent dura une nuit et un jour, et les officiers les plus détestés furent précipités sous la glace. ''«&nbsp;A en juger par ce que raconte Skobélev de la conduite des autorités de Helsingfors et de la flotte – écrit Soukhanov pourtant bien peu disposé à l'indulgence à l'égard de " l'obscure soldatesque " – on doit seulement s'étonner que ces excès aient été si insignifiants.&nbsp;»'' Trotsky précise&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks tout aussi souvent que les conciliateurs allèrent prévenir des excès chez les soldats. Mais les vengeances sanglantes étaient aussi inévitables que le choc en retour après un coup de feu.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr13.htm Histoire de la révolution russe - 13. L’armée et la guerre]'', 1930</ref>''
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Le témoignage d'un capitaine permet de saisir un aperçu de la lutte de classe sur front :
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«&nbsp;''Entre nous et les soldats, l’abîme est insondable. Pour eux, nous sommes et resteront des barines [maîtres]. Pour eux, ce qui vient de se passer, ce n’est pas une révolution politique, mais une révolution sociale, dont ils sont les vainqueurs et nous sommes les vaincus. Ils nous disent, maintenant qu’ils ont leur comité : «&nbsp;Avant, vous étiez les barines, maintenant c’est à notre tour de l’être!&nbsp;». Ils ont l’impression de tenir enfin leur revanche après des siècles de servitude..''. »<ref>Cité par Nicolas Werth dans 1917. La Russie en révolution, Paris, Gallimard, 1997, p. 52.</ref>
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=== Le double pouvoir ===
 
=== Le double pouvoir ===
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Les ouvriers ([[POSDR|social-démocrates]] dans leur grande majorité), qui voulaient fortement resserrer leur alliance avec les soldats, étaient aussi pour cette raison plus attirés par les [[Menchéviks|menchéviks]] qui étaient sur la même ligne.
 
Les ouvriers ([[POSDR|social-démocrates]] dans leur grande majorité), qui voulaient fortement resserrer leur alliance avec les soldats, étaient aussi pour cette raison plus attirés par les [[Menchéviks|menchéviks]] qui étaient sur la même ligne.
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Mais les socialistes [[Conciliateurs|conciliateurs]] ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Parti_SR|SR]]) faisaient tout pour calmer les esprits. La majorité d'entre eux soutiennent désormais l'effort de guerre : il s'agit, maintenant que le pays est démocratique, de ''«&nbsp;défendre la révolution&nbsp;»'' contre le monarchisme allemand. La [[Paix_de_Brest-Litovsk|revendication de la paix immédiate]] devient le trait distinctif des bolchéviks.
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Mais les socialistes [[Conciliateurs|conciliateurs]] ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Parti_SR|SR]]) faisaient tout pour calmer les esprits. La majorité d'entre eux soutiennent désormais l'effort de guerre&nbsp;: il s'agit, maintenant que le pays est démocratique, de ''«&nbsp;défendre la révolution&nbsp;»'' contre le monarchisme allemand. La [[Paix_de_Brest-Litovsk|revendication de la paix immédiate]] devient le trait distinctif des bolchéviks.
    
=== Les Organisations militaires ===
 
=== Les Organisations militaires ===
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=== Insoumissions et fraternisations ===
 
=== Insoumissions et fraternisations ===
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Les actes d'insubordination face aux officiers se multiplient sur le front, avec des rythmes différents selon les zones. Pour déployer le front, il fallait fréquemment envoyer les [[cosaques|cosaques]] contre les récalcitrants. Comme du temps du tsar, sauf que maintenant ils étaient dirigés par des ''«&nbsp;socialistes&nbsp;»''...
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Les actes d'insubordination face aux officiers se multiplient sur le front, avec des rythmes différents selon les zones. Pour déployer le front, il fallait fréquemment envoyer les [[Cosaques|cosaques]] contre les récalcitrants. Comme du temps du tsar, sauf que maintenant ils étaient dirigés par des ''«&nbsp;socialistes&nbsp;»''...
    
A partir d'avril, des fraternisations entre soldats russes et allemands apparaissent.
 
A partir d'avril, des fraternisations entre soldats russes et allemands apparaissent.
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Le 4 juin, moins de 15 jours avant le début de l'[[offensive_Kerenski|offensive Kerenski]], le chef d'état-major du Grand Quartier Général envoyait ce rapport :
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Le 4 juin, moins de 15 jours avant le début de l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]], le chef d'état-major du Grand Quartier Général envoyait ce rapport&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Le front Nord se trouve encore en état de fermentation, la fraternisation avec l'ennemi continue, l'attitude de l'infanterie à l'égard de l'offensive est négative... Sur le front Ouest, la situation est indéterminée. Sur le front Sud-Ouest, on note une certaine amélioration de l'état d'esprit... Sur le front roumain, on n'observe pas d'améliorations particulières, l'infanterie ne veut pas marcher…&nbsp;»''</blockquote>  
''«&nbsp;Le front Nord se trouve encore en état de fermentation, la fraternisation avec l'ennemi continue, l'attitude de l'infanterie à l'égard de l'offensive est négative... Sur le front Ouest, la situation est indéterminée. Sur le front Sud-Ouest, on note une certaine amélioration de l'état d'esprit... Sur le front roumain, on n'observe pas d'améliorations particulières, l'infanterie ne veut pas marcher…&nbsp;»''
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Le 11 juin 1917, le colonel commandant le 61<sup>e</sup>&nbsp;régiment écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Il ne nous reste, à moi et aux officiers, qu'à nous sauver, étant donné que, de Pétrograd, est arrivé un soldat de la 5ecompagnie, un léniniste... Beaucoup des meilleurs soldats et officiers se sont déjà enfuis.&nbsp;»'' Ceux que les officiers appelaient des ''«&nbsp;léninistes&nbsp;»'' étaient souvent seulement des gens qui osaient contester ouvertement l'offensive, et cela rencontrer directement l'appui des autres parce que la fermentation avait déjà eu lieu.
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Le 11 juin 1917, le colonel commandant le 61<sup>e</sup>&nbsp;régiment écrit : ''«&nbsp;Il ne nous reste, à moi et aux officiers, qu'à nous sauver, étant donné que, de Pétrograd, est arrivé un soldat de la 5ecompagnie, un léniniste... Beaucoup des meilleurs soldats et officiers se sont déjà enfuis.&nbsp;»'' Ceux que les officiers appelaient des ''«&nbsp;léninistes&nbsp;»'' étaient souvent seulement des gens qui osaient contester ouvertement l'offensive, et cela rencontrer directement l'appui des autres parce que la fermentation avait déjà eu lieu.
      
Des batailles idéologiques avaient lieu en permanence dans l'armée, entre d'un côté le chauvinisme et le respect de la hiérarchie, et de l'autre l'esprit d'approfondissement de la révolution contre les dominants, appuyé sur un sentiment de plus en plus profond de rejet de la guerre (par lassitude, pacifisme ou internationalisme).
 
Des batailles idéologiques avaient lieu en permanence dans l'armée, entre d'un côté le chauvinisme et le respect de la hiérarchie, et de l'autre l'esprit d'approfondissement de la révolution contre les dominants, appuyé sur un sentiment de plus en plus profond de rejet de la guerre (par lassitude, pacifisme ou internationalisme).
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{{Article détaillé|Offensive Kerenski}}
 
{{Article détaillé|Offensive Kerenski}}
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En juin, poussé par les Alliés, Kerenski lança une offensive contre les Allemands. Certains officiers et généraux de l'armée russe et même certains Alliés alertaient pourtant sur l'état de décomposition de l'armée. Le général Pétain disait par exemple : ''«&nbsp;L'armée russe n'est qu'une façade, elle s'écroulera si elle bouge.&nbsp;»'' Dans le même sens s'exprimait, par exemple, la mission américaine. Mais d'autres considérations l'emportèrent, comme la volonté de soulager le front Ouest. Par ailleurs beaucoup étaient convaincus que remobiliser l'esprit belliqueux était justement le seul moyen d'enrayer la décomposition. Painlevé expliqua ainsi plus tard : ''«&nbsp;La fraternisation germano-russe faisait de tels ravages, qu'en laissant l'armée russe immobile on risquait de la voir se décomposer rapidement.&nbsp;»''
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En juin, poussé par les Alliés, Kerenski lança une offensive contre les Allemands. Certains officiers et généraux de l'armée russe et même certains Alliés alertaient pourtant sur l'état de décomposition de l'armée. Le général Pétain disait par exemple&nbsp;: ''«&nbsp;L'armée russe n'est qu'une façade, elle s'écroulera si elle bouge.&nbsp;»'' Dans le même sens s'exprimait, par exemple, la mission américaine. Mais d'autres considérations l'emportèrent, comme la volonté de soulager le front Ouest. Par ailleurs beaucoup étaient convaincus que remobiliser l'esprit belliqueux était justement le seul moyen d'enrayer la décomposition. Painlevé expliqua ainsi plus tard&nbsp;: ''«&nbsp;La fraternisation germano-russe faisait de tels ravages, qu'en laissant l'armée russe immobile on risquait de la voir se décomposer rapidement.&nbsp;»''
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Kerenski multipliait les parallèles entre sa tentative de remobilisation ''«&nbsp;pour défendre la révolution&nbsp;»'' et la vague de ferveur des troupes pendant la [[révolution_française|révolution française]], qui avait permis de tenir tête aux armées monarchistes. Mais il ne jouissait pas du tout d'une ferveur comparable, parce que son gouvernement n'apparaissait pas comme allant de l'avant, mais comme un gouvernement bourgeois freinant la révolution.
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Kerenski multipliait les parallèles entre sa tentative de remobilisation ''«&nbsp;pour défendre la révolution&nbsp;»'' et la vague de ferveur des troupes pendant la [[Révolution_française|révolution française]], qui avait permis de tenir tête aux armées monarchistes. Mais il ne jouissait pas du tout d'une ferveur comparable, parce que son gouvernement n'apparaissait pas comme allant de l'avant, mais comme un gouvernement bourgeois freinant la révolution.
    
Les préparatifs de l'offensive réussirent partiellement à raffermir l'unité de l'armée. Les fraternisations diminuèrent, d'autant plus que les soldats russes voyaient bien que les soldats allemands étaient encore loin de désobéir à leurs officiers.
 
Les préparatifs de l'offensive réussirent partiellement à raffermir l'unité de l'armée. Les fraternisations diminuèrent, d'autant plus que les soldats russes voyaient bien que les soldats allemands étaient encore loin de désobéir à leurs officiers.
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=== Menaces allemandes sur Petrograd ===
 
=== Menaces allemandes sur Petrograd ===
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Le 3 septembre, les troupes allemandes prennent Riga (Lettonie, alors territoire russe). Cela provoque un sursaut de chauvinisme que l'état major exploite abondamment. Le jour même, la conférence des commissaires (du gouvernement) du front Nord et des représentants des organisations d'armée décida d'appliquer plus systématiquement des mesures de répression. Des hommes furent fusillés pour avoir fraternisé avec les Allemands. Beaucoup de commissaires couvraient cela d'un discours évoquant la discipline appliquée dans l'armée pendant la [[révolution_française|révolution française]].
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Le 3 septembre, les troupes allemandes prennent Riga (Lettonie, alors territoire russe). Cela provoque un sursaut de chauvinisme que l'état major exploite abondamment. Le jour même, la conférence des commissaires (du gouvernement) du front Nord et des représentants des organisations d'armée décida d'appliquer plus systématiquement des mesures de répression. Des hommes furent fusillés pour avoir fraternisé avec les Allemands. Beaucoup de commissaires couvraient cela d'un discours évoquant la discipline appliquée dans l'armée pendant la [[Révolution_française|révolution française]].
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<blockquote>''«&nbsp;Ils ne comprenaient pas que les commissaires jacobins s'étaient appuyés sur la base, n'avaient pas épargné les aristocrates et les bourgeois et que, seule, l'autorité plébéienne les armait implacablement pour implanter dans les troupes une rigoureuse discipline. Les commissaires de Kérensky n'avaient aucune base populaire sous les pieds, aucune auréole morale sur la tête. Ils étaient, aux yeux des soldats, des agents de la bourgeoisie, des fourriers de l'Entente, tout simplement.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr35.htm Histoire de la révolution russe, Les masses exposées aux coups]'', 1932</ref>''</blockquote>  
''«&nbsp;Ils ne comprenaient pas que les commissaires jacobins s'étaient appuyés sur la base, n'avaient pas épargné les aristocrates et les bourgeois et que, seule, l'autorité plébéienne les armait implacablement pour implanter dans les troupes une rigoureuse discipline. Les commissaires de Kérensky n'avaient aucune base populaire sous les pieds, aucune auréole morale sur la tête. Ils étaient, aux yeux des soldats, des agents de la bourgeoisie, des fourriers de l'Entente, tout simplement.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr35.htm Histoire de la révolution russe, Les masses exposées aux coups]'', 1932</ref>''
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En septembre-octobre, la menance allemande sur le nord de la Russie est réelle. Le gouvernement envisage même à moment donné de s'installer à Moscou (Rodzianko assumant même que cela permettrait de détruire ce maudit foyer révolutionnaire), mais doit reculer face aux protestations populaires.
 
En septembre-octobre, la menance allemande sur le nord de la Russie est réelle. Le gouvernement envisage même à moment donné de s'installer à Moscou (Rodzianko assumant même que cela permettrait de détruire ce maudit foyer révolutionnaire), mais doit reculer face aux protestations populaires.
  

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