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<blockquote>''«&nbsp;Les premières tâches du contrôle ouvrier consistent à éclairer quels sont les revenus et les dépenses de la société, à commencer par l’entreprise isolée&nbsp;; à déterminer la véritable part du capitaliste individuel et de l’ensemble des exploiteurs dans le revenu national&nbsp;; à dévoiler les combinaisons de coulisses et les escroqueries des banques et des trusts&nbsp;; à révéler enfin, devant toute la société, le gaspillage effroyable de travail humain qui est le résultat de l’anarchie capitaliste et de la pure chasse au profit.&nbsp;»''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Les premières tâches du contrôle ouvrier consistent à éclairer quels sont les revenus et les dépenses de la société, à commencer par l’entreprise isolée&nbsp;; à déterminer la véritable part du capitaliste individuel et de l’ensemble des exploiteurs dans le revenu national&nbsp;; à dévoiler les combinaisons de coulisses et les escroqueries des banques et des trusts&nbsp;; à révéler enfin, devant toute la société, le gaspillage effroyable de travail humain qui est le résultat de l’anarchie capitaliste et de la pure chasse au profit.&nbsp;»''</blockquote>  
 
== Historique ==
 
== Historique ==
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=== Premiers théoriciens ===
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L'idée de contrôle ouvrier commence à apparaître dans les écrits de socialistes utopiques du 19<sup>e</sup>  siècle tels que [[Charles_Fourier|Fourier]] et [[Robert_Owen|Owen]] qui voyaient dans les coopératives de petits producteurs le moyen d’échapper à l’aliénation de la société industrielle. Ce thème trouvera un écho plus tard dans l’œuvre de [[Kropotkine|Kropotkine]], particulièrement dans son ''Champs, usines et ateliers'' (1898). C’est en France, cependant, dans la dernière décennie de ce siècle que les ouvriers qualifiés, qui luttaient pour défendre la maîtrise de leur travail contre leurs employeurs, forgèrent le mot d’ordre de « contrôle ouvrier ». Les socialistes comme [[Daniel_De_Leon|De Leon]] et les [[wobblies|''wobblies'']] en Amérique, ou le mouvement des [[Guild_Socialists|''Guild Socialists'']] en Grande-Bretagne, approfondirent cette notion de contrôle ouvrier.
    
=== Pendant la révolution russe ===
 
=== Pendant la révolution russe ===
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C'est le [[Bolcheviks|parti bolchevik]] qui met en avant cette revendication pour la première fois. Un mois avant la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]], [[Lénine|Lénine]] exposa cette mesure dans sa brochure [[La_catastrophe_imminente_et_les_moyens_de_la_conjurer|''La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer'']] en raison du sabotage économique, de la famine menaçante et de l'inaction gouvernementale qui ne souhaite pas toucher à la ''«&nbsp;sacro-sainte propriété privée&nbsp;»''&nbsp;:
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Le mot d’ordre du contrôle ouvrier surgit « spontanément » parmi les ouvriers de Petrograd au printemps 1917, sans référence explicite ni au [[bolchévisme|bolchévisme]] (qui n'avait pas développé ce thème) ni aux anarchistes.<ref>Stephen A. Smith, [http://www.contretemps.eu/petrograd-rouge/ ''Pétrograd Rouge. La Révolution dans les usines (1917-1918)''], éd. les Nuits Rouges, 2017</ref>
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Néanmoins parmi les forces organisées, c'est le [[Bolcheviks|parti bolchevik]] qui met en avant cette revendication pour la première fois. Un mois avant la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]], [[Lénine|Lénine]] exposa cette mesure dans sa brochure [[La_catastrophe_imminente_et_les_moyens_de_la_conjurer|''La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer'']] en raison du sabotage économique, de la famine menaçante et de l'inaction gouvernementale qui ne souhaite pas toucher à la ''«&nbsp;sacro-sainte propriété privée&nbsp;»''&nbsp;:
 
<blockquote>la mesure de lutte fondamentale, essentielle, propre à conjurer la catastrophe et la famine […], c’est le contrôle, la surveillance, le recensement, la réglementation par l’État&nbsp;; la répartition rationnelle de la main d’œuvre dans la production et la distribution des produits, l’économie des forces populaires, la suppression de tout gaspillage de ces forces, qu’il faut ménager. Le contrôle, la surveillance, le recensement, voilà le premier mot de la lutte contre la catastrophe et la famine. Personne ne le conteste, tout le monde en convient. Mais c’est justement ce qu’on ne fait pas, de crainte d’attenter à la toute-puissance des grands propriétaires fonciers et des capitalistes, aux profits démesurés, inouïs, scandaleux qu’ils réalisent sur la vie chère et les fournitures de guerre (et presque tous «&nbsp;travaillent&nbsp;» aujourd’hui, directement ou indirectement, pour la guerre) profits que tout le monde connaît, que tout le monde peut constater et au sujet desquels tout le monde pousse des «&nbsp;oh&nbsp;!&nbsp;» et des «&nbsp;ah&nbsp;!&nbsp;». Et l’État ne fait absolument rien pour établir un contrôle, une surveillance et un recensement tant soit peu sérieux.</blockquote>  
 
<blockquote>la mesure de lutte fondamentale, essentielle, propre à conjurer la catastrophe et la famine […], c’est le contrôle, la surveillance, le recensement, la réglementation par l’État&nbsp;; la répartition rationnelle de la main d’œuvre dans la production et la distribution des produits, l’économie des forces populaires, la suppression de tout gaspillage de ces forces, qu’il faut ménager. Le contrôle, la surveillance, le recensement, voilà le premier mot de la lutte contre la catastrophe et la famine. Personne ne le conteste, tout le monde en convient. Mais c’est justement ce qu’on ne fait pas, de crainte d’attenter à la toute-puissance des grands propriétaires fonciers et des capitalistes, aux profits démesurés, inouïs, scandaleux qu’ils réalisent sur la vie chère et les fournitures de guerre (et presque tous «&nbsp;travaillent&nbsp;» aujourd’hui, directement ou indirectement, pour la guerre) profits que tout le monde connaît, que tout le monde peut constater et au sujet desquels tout le monde pousse des «&nbsp;oh&nbsp;!&nbsp;» et des «&nbsp;ah&nbsp;!&nbsp;». Et l’État ne fait absolument rien pour établir un contrôle, une surveillance et un recensement tant soit peu sérieux.</blockquote>  
 
Le contrôle ouvrier généralisé est envisagé comme une mesure consécutive à la prise du [[Pouvoir_politique|pouvoir politique]]. Il est alors urgent de faire tourner des entreprises qui pourtant restent sous la direction des capitalistes. Le contrôle ouvrier est alors nécessaire pour combattre le sabotage.&nbsp;Avant la prise du pouvoir politique, le contrôle ouvrier, voire l’administration ouvrière, étaient déjà effectifs dans certaines entreprises.
 
Le contrôle ouvrier généralisé est envisagé comme une mesure consécutive à la prise du [[Pouvoir_politique|pouvoir politique]]. Il est alors urgent de faire tourner des entreprises qui pourtant restent sous la direction des capitalistes. Le contrôle ouvrier est alors nécessaire pour combattre le sabotage.&nbsp;Avant la prise du pouvoir politique, le contrôle ouvrier, voire l’administration ouvrière, étaient déjà effectifs dans certaines entreprises.
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Le 23 octobre le [[Soviet_de_Moscou|Soviet de Moscou]] adopte, sur proposition des [[comités_d'usine|comités d'usine]], le "Décret révolutionnaire n°1" : les ouvriers et les employés dans les fabriques et les usines ne peuvent être désormais embauchés ou congédiés que du consentement des comités d'usine. Dans l'esprit des bolchéviks qui proposaient cette mesure, la résistance inévitable du gouvernement entraînerait un conflit ouvert. L'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection de Petrograd]] donna une raison plus immédiate au soulèvement.
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Le 23 octobre le [[Soviet_de_Moscou|Soviet de Moscou]] adopte, sur proposition des [[Comités_d'usine|comités d'usine]], le "Décret révolutionnaire n°1"&nbsp;: les ouvriers et les employés dans les fabriques et les usines ne peuvent être désormais embauchés ou congédiés que du consentement des comités d'usine. Dans l'esprit des bolchéviks qui proposaient cette mesure, la résistance inévitable du gouvernement entraînerait un conflit ouvert. L'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection de Petrograd]] donna une raison plus immédiate au soulèvement.
    
Mais leur généralisation ne pouvait être opérée par aucun [[Gouvernement_bourgeois|gouvernement bourgeois]], fut-ce sous la pression. Au mieux, cela aurait signifié un contrôle [[Bureaucratique|bureaucratique]] du gouvernement sur les masses.
 
Mais leur généralisation ne pouvait être opérée par aucun [[Gouvernement_bourgeois|gouvernement bourgeois]], fut-ce sous la pression. Au mieux, cela aurait signifié un contrôle [[Bureaucratique|bureaucratique]] du gouvernement sur les masses.

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