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La situation sociale empire avec la [[Première_guerre_mondiale|Première guerre mondiale]], dans laquelle la Russie est engagée aux côtés de la France et l'Angleterre en tant qu'alliée. Malgré quelques succès des troupes russes en août 1914, la situation tourne rapidement en défaveur de la Russie, qui n'est pas capable de soutenir un effort de guerre moderne, avec son [[Industrie|industrie]] insuffisante, ses [[Transports|transports]] lacunaires et son très mauvais ravitaillement. Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records (1 700 000 morts et 5 950 000 blessés) et des mutineries éclatent, le moral des soldats se trouvant au plus bas. Ceux-ci supportent de moins en moins l’incapacité de leurs officiers (on a ainsi vu des unités monter au combat avec des balles ne correspondant pas au calibre de leur fusil), les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. En mai 1915, les armées russes reculent puis, au cours de l'hiver 1915-1916, le front se stabilise. À l'arrière, la situation se dégrade : les [[Grève|grèves]] se multipliaient dans les usines (plus d'un million de grévistes en 1916), et les accrochages avec la police se font plus fréquents. Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan.
 
La situation sociale empire avec la [[Première_guerre_mondiale|Première guerre mondiale]], dans laquelle la Russie est engagée aux côtés de la France et l'Angleterre en tant qu'alliée. Malgré quelques succès des troupes russes en août 1914, la situation tourne rapidement en défaveur de la Russie, qui n'est pas capable de soutenir un effort de guerre moderne, avec son [[Industrie|industrie]] insuffisante, ses [[Transports|transports]] lacunaires et son très mauvais ravitaillement. Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records (1 700 000 morts et 5 950 000 blessés) et des mutineries éclatent, le moral des soldats se trouvant au plus bas. Ceux-ci supportent de moins en moins l’incapacité de leurs officiers (on a ainsi vu des unités monter au combat avec des balles ne correspondant pas au calibre de leur fusil), les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. En mai 1915, les armées russes reculent puis, au cours de l'hiver 1915-1916, le front se stabilise. À l'arrière, la situation se dégrade : les [[Grève|grèves]] se multipliaient dans les usines (plus d'un million de grévistes en 1916), et les accrochages avec la police se font plus fréquents. Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan.
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La période précédant 1914 avait été marquée par de fortes grèves, notamment à Petrograd où les [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont influents. En 1914, la mobilisation et le [[Nationalisme|nationalisme]] mettent dans un premier temps un coup d'arrêt à la [[Lutte_de_classes|lutte de classes]]. Mais la situation économique et sociale se dégrade vite. La guerre a brusquement coupé le pays des marchés européens dont il dépendait largement. Dans les villes comme dans les campagnes, la misère s’aggravait, pendant que l’opulence et la corruption régnaient à la Cour, dans l’[[Aristocratie|aristocratie]] et la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. L'hiver 1916-1917 fut très rude. A Petrograd, il n’y avait plus de viande et presque plus de farine. Une cinquantaine d’usines avaient fermé leurs portes faute de fuel ou d’électricité. Dans le vaste pays, les paysans pauvres réclament des terres, et les minorités nationales opprimées se révoltent. Le 9 janvier, à l’occasion du 12<sup>e</sup> anniversaire de la [[Révolution_russe_(1905)|révolution de 1905]], le nombre de grévistes, à Petrograd, s’élevait à 145 000, soit près d’un tiers de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] de la capitale. Au cours de cette grève, des manifestations se déroulèrent à Petrograd, Moscou, Bakou, Nijni Novgorod. L'idée de [[Grève_générale|grève générale]] se fait jour. Un rapport de l'[[Okhrana|Okhrana]] sur la situation à Petrograd au début de l'année conclut ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;la société aspire à trouver une issue à une situation politique anormale qui devient, de jour en jour, de plus en plus anormale et tendue&nbsp;»''.
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La période précédant 1914 avait été marquée par de fortes grèves, notamment à Petrograd où les [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont influents. En 1914, la mobilisation et le [[Nationalisme|nationalisme]] mettent dans un premier temps un coup d'arrêt à la [[Lutte_de_classes|lutte de classes]]. Mais la situation économique et sociale se dégrade vite. La guerre a brusquement coupé le pays des marchés européens dont il dépendait largement. Dans les villes comme dans les campagnes, la misère s’aggravait, pendant que l’opulence et la corruption régnaient à la Cour, dans l’[[Aristocratie|aristocratie]] et la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. L'hiver 1916-1917 fut très rude. A Petrograd, il n’y avait plus de viande et presque plus de farine. Une cinquantaine d’usines avaient fermé leurs portes faute de fuel ou d’électricité. Dans le vaste pays, les paysans pauvres réclament des terres, et les [[Minorités_nationales_en_Russie|minorités nationales opprimées]] se révoltent. Le 9 janvier, à l’occasion du 12<sup>e</sup> anniversaire de la [[Révolution_russe_(1905)|révolution de 1905]], le nombre de grévistes, à Petrograd, s’élevait à 145 000, soit près d’un tiers de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] de la capitale. Au cours de cette grève, des manifestations se déroulèrent à Petrograd, Moscou, Bakou, Nijni Novgorod. L'idée de [[Grève_générale|grève générale]] se fait jour. Un rapport de l'[[Okhrana|Okhrana]] sur la situation à Petrograd au début de l'année conclut ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;la société aspire à trouver une issue à une situation politique anormale qui devient, de jour en jour, de plus en plus anormale et tendue&nbsp;»''.
    
== Historique ==
 
== Historique ==
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== Perception de la révolution à l'étranger ==
 
== Perception de la révolution à l'étranger ==
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La révolution de février 1917 a été lue par les Occidentaux en fonction de la [[Première_Guerre_mondiale|Grande Guerre]] en cours, et en général sans grande connaissance des réalités russes. Les démocraties de l'[[Triple-Entente|Entente]] (France et Grande-Bretagne surtout) sont soulagées d'être débarrassées de l'allié encombrant qu'était Nicolas II, le maintien de l'autocratie tsariste les mettant en porte-à-faux avec leur propagande sur la «&nbsp;guerre du droit&nbsp;». Ni la presse (soumise à la [[censure|censure]]) ni les opinions ne prennent la mesure du rejet croissant et massif de la guerre dans l'opinion russe. La révolution est interprétée au contraire comme une volonté populaire de mener la guerre jusqu'au bout avec un gouvernement plus compétent<ref>Marc Ferro, ''L'Occident devant la révolution russe'', 1969.</ref>.
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La révolution de février 1917 a été lue par les Occidentaux en fonction de la [[Première_Guerre_mondiale|Grande Guerre]] en cours, et en général sans grande connaissance des réalités russes. Les démocraties de l'[[Triple-Entente|Entente]] (France et Grande-Bretagne surtout) sont soulagées d'être débarrassées de l'allié encombrant qu'était Nicolas II, le maintien de l'autocratie tsariste les mettant en porte-à-faux avec leur propagande sur la «&nbsp;guerre du droit&nbsp;». Ni la presse (soumise à la [[Censure|censure]]) ni les opinions ne prennent la mesure du rejet croissant et massif de la guerre dans l'opinion russe. La révolution est interprétée au contraire comme une volonté populaire de mener la guerre jusqu'au bout avec un gouvernement plus compétent<ref>Marc Ferro, ''L'Occident devant la révolution russe'', 1969.</ref>.
    
On ne prend pas davantage conscience de l'ampleur de la révolte sociale. L'historien monarchiste Jacques Bainville prétend ainsi dans ''L'Action française''&nbsp;: ''«&nbsp;Il faut que la rénovation russe ne devienne pas ce que jusqu'ici elle ne veut pas être, une révolution<ref>Jacques Bainville, « Journées révolutionnaires à Pétrograd », dans ''L'Action française'', 17 mars 1917.</ref>&nbsp;»''. Le socialiste chauvin [[Gustave_Hervé|Gustave Hervé]] écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Qu'est-ce que Verdun, qu'est-ce que la Marne même à côté de l'incommensurable victoire morale que viennent de remporter les Alliés à Petrograd<ref>Cité par ''Chronique du {{s-|XX|e »'''', Ed. Chroniques, « Le tsar abdique face à la révolution de Février », p. 221.</ref>&nbsp;!''<span class="citation">»</span>
 
On ne prend pas davantage conscience de l'ampleur de la révolte sociale. L'historien monarchiste Jacques Bainville prétend ainsi dans ''L'Action française''&nbsp;: ''«&nbsp;Il faut que la rénovation russe ne devienne pas ce que jusqu'ici elle ne veut pas être, une révolution<ref>Jacques Bainville, « Journées révolutionnaires à Pétrograd », dans ''L'Action française'', 17 mars 1917.</ref>&nbsp;»''. Le socialiste chauvin [[Gustave_Hervé|Gustave Hervé]] écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Qu'est-ce que Verdun, qu'est-ce que la Marne même à côté de l'incommensurable victoire morale que viennent de remporter les Alliés à Petrograd<ref>Cité par ''Chronique du {{s-|XX|e »'''', Ed. Chroniques, « Le tsar abdique face à la révolution de Février », p. 221.</ref>&nbsp;!''<span class="citation">»</span>

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