Paule Minck
Paule Minck, née le 9 novembre 1839 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), morte le 28 avril 1901 à Paris 16e arr. ; journaliste féministe et socialiste ; participante à la Commune de Paris.
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
D’origine polonaise, son nom véritable était Adèle Pauline Mekarski. Elle était la sœur de Jules Mekarski. Son père, Jean, Népomucène Mekarski, était de haute noblesse polonaise, neveu du général prince Joseph, Antoine Poniatowski et cousin de Stanislas II Poniatowski, dernier roi de Pologne.
Le comte Jean, Népomucène Mekarski avait épousé en 1839 à Clermont-Ferrand, Jeanne, Blanche Cornélie Delaperrierre, issue d’une famille française de comédiens.
Lors des événements de 1830, il prit une part active au mouvement révolutionnaire polonais et émigra en France en 1831. Il trouva à Clermont-Ferrand un poste de fondé de pouvoir d’une perception et devint un adepte du saint-simonisme. Il eut trois enfants : Pauline ; Louis, ingénieur, inventeur du tramway à air comprimé qui porte son nom ; et Jules, métreur-vérificateur, qui prit part à la Commune de Paris.
En 1861, lors de la deuxième insurrection polonaise, Paule Mink se rendit en Pologne avec son frère Jules Mekarski et un professeur de l’école polonaise de Paris, Paul Bohdanovicz, qu’elle épousa à Szydlowiec. Elle revint à Paris en 1863 pour mettre au monde sa première fille Anna Jeanne Edwige. Elle se maria une seconde fois à Londres en 1869 avec Paul Bohdanowicz pour des raisons inconnues.
Très tôt, Pauline fit montre de sentiments républicains, écrivant des articles, participant à des réunions publiques. Elle fut notamment l’auteur d’un petit pamphlet Les Mouches et l’Araignée dirigé contre Napoléon III (l’araignée) dévorant le peuple (les mouches). Vers 1868, elle se trouvait à Paris et créa une organisation féministe et révolutionnaire à forme mutualiste, la “ Société fraternelle de l’ouvrière ”. Dans des conférences tenues au Tivoli-Vauxhall, elle défendit alors avec Maria Deraismes et André Léo les droits politiques des femmes. Elle apportait aussi sa collaboration, au moins par son nom, à la Réforme sociale, organe de la Fédération rouennaise de l’AIT, janvier-octobre 1870. Voici comment la voyait alors Gustave Lefrançais :
“ Parmi les femmes qui prennent habituellement la parole dans les réunions, on remarque surtout la citoyenne Paule Mink, petite femme très brune, un peu sarcastique, d’une grande énergie de parole. La voix est un peu aigre, mais elle s’exprime facilement. Elle raille avec esprit ses contradicteurs plutôt qu’elle ne les discute et ne paraît pas, jusqu’alors, avoir des idées bien arrêtées sur les diverses conceptions qui divisent les socialistes. Mais elle est infatigable dans sa propagande. Professeur de langues ou lingère, suivant les circonstances, on la dit aussi habile à l’aiguille qu’à donner des leçons ”.
Puis vinrent la guerre et la Commune. Après avoir pris part à la défense d’Auxerre contre les Prussiens, en 1870, elle s’illustra en traversant des lignes prussiennes avec des documents et sa deuxième fille Wanda, qui se fit tuer. On lui aurait offert la Légion d’honneur qu’elle refusa. En octobre, elle écrivit dans la Liberté, participa à des réunions et tenta en vain de créer une agitation dans la ville.
De la Commune date sa liaison avec le peintre Jean-Baptiste Noro, commandant du 22e bataillon fédéré. Elle prit une part très active aux débats du club qui s’installa, à partir du 14 mai, dans l’église Saint Sulpice (VIe arr.) avec Ladoïska Kawecka, autre Polonaise dont le mari, le Dr Constantin Kawecki, était commandant du 202e bataillon fédéré (il devint lieutenant-colonel des Turcos de la Commune).
Elle avait fondé également un club qui se réunit dans l’église de Notre-Dame de la Croix (XXe arr.) et ouvert une école à Saint-Pierre de Montmartre (XVIIIe arr.). Elle se rendit à plusieurs reprises en province pour essayer de faire entendre la voix de la Commune. Elle s’y trouvait en mai et, la défaite survenant, elle réussit à passer en Suisse, cachée, dit-on, dans le tender d’une locomotive. James Guillaume la rencontra à Genève vers le 10 juillet (cf. L’Internationale, op. cit., t. II, p. 167).
Elle vécut alors difficilement, donnant des leçons tout en continuant sa propagande par la plume et par la parole.
Son mari, Paul Bohdanowicz avait disparu après 1870, Elle déclara, dans une biographie parue en 1885 dans « l’Indépandant de Mascara » que pendant l’invasion prussienne, il s’était battu à Paris pour la patrie française et qu’elle était devenue veuve pendant son exil.
De retour en France après l’amnistie, elle poursuivit son activité militante, donnant des conférences dans les principales villes de France. Le 31 mai 1881, elle fut condamnée à un mois de prison pour avoir participé à un meeting de protestation contre la condamnation de la nihiliste russe Jessa Helfman. En tant que Polonaise, donc Russe à cette époque, elle allait être expulsée. Un ouvrier mécanicien, compagnon anarchiste, Maxime Negro, lui offrit de l’épouser et lui donna ainsi la nationalité française. Il reconnut et légitima en même temps Mignon et Héna, deux enfants qu’elle avait eu de Jean-Baptiste Noro. Le couple s’installa à Montpellier et eut deux fils, le premier, « Lucifer Blanqui Vercingétorix » (sic), mourut en bas âge. Le deuxième, que ses parents voulaient dénommer « Spartacus Blanqui Révolution », se nomma Maxime par décision du tribunal.
Paule Mink, adepte de la franc-maçonnerie, loge du Droit Humain fut membre actif du POF de Jules Guesde après avoir manifesté des sympathies pour le blanquisme. En novembre 1880, elle assista au congrès du Havre qui vit la scission s’opérer entre modérés et révolutionnaires qui tinrent des assises séparées, salle Franklin et salle de l’Union lyrique. Paule Mink, qui représentait, entre autres organisations, les “ ouvrières réunies de Valence ”, défendit les droits de la femme chez les révolutionnaires de la salle de l’Union lyrique. Quant aux modérés, ils adoptèrent une résolution déposée par Paule Mink réclamant “ l’instruction civile, intégrale et identique pour toutes et pour tous ”. En septembre 1882, elle assista avec son mari au sixième congrès du POF qui se tint à Saint-Étienne. Déléguée par les groupes de Beaucaire, Arles et Albi, elle tenta en vain la conciliation entre guesdistes et partisans de Paul Brousse. En 1884, elle participa au congrès du POF à Roubaix. L’année suivante, avec Jules Guesde, elle fit à Marseille des conférences de protestation contre le colonialisme. Fixée alors à Montpellier, elle faisait de la propagande socialiste dans tout le Midi tout en collaborant au Socialiste, organe hebdomadaire du Parti. Entre 1881 et 1883, elle fut souvent présente à Perpignan (Pyrénées-Orientales), où elle anima les cercles socialistes affiliés formellement au POF. Elle mena dans les Pyrénées-Orientales, une intense propagande, multipliant les réunions publiques. Elle fut, en 1882 et en 1883, la rédactrice en chef et rédactrice du premier organe de presse socialiste du département, un hebdomadaire, Le Socialiste des Pyrénées-Orientales (Voir aussi : Hortala Pierre, Mouton Charles. En 1892, elle fut la seule femme parmi les 131 délégués venus assister au Xe congrès du POF à Marseille. L’année suivante, elle revint habiter Paris et adhéra au Comité Révolutionnaire Central blanquiste dirigé par Édouard Vaillant.
On peut citer, parmi ses collaborations de cette époque, la Revue socialiste, l’Almanach de la question sociale et du centenaire de la République pour 1892, la Petite République (1894). En 1893, Paule Mink vint habiter Paris et l’année suivante fit jouer deux pièces au Théâtre social : Qui l’emportera ? et Le Pain de la honte.
Pour le premier numéro de La Fronde, du 9 décembre 1897, organe féministe, elle avait préparé une enquête sur la condition des femmes à la journée. Cette étude demeura inédite ; elle se trouve à la Bibliothèque Marguerite Durand, mairie du Ve arr. section des autographes, dossier Paule Mink.
Vers 1900, elle était une des trois femmes membres du conseil d’administration du Syndicat des journalistes socialistes.
Paule Mink mourut le 28 avril 1901. Elle fut incinérée le 1er mai au Père-Lachaise où de nombreux discours furent prononcés. Ses cendres reposent au colombarium du Père Lachaise dans la case 1029.
Des deux filles nées de l’union avec Paul Bohdanowicz, la plus jeune mourut en bas âge près d’Auxerre. L’aînée se maria à Montpellier en 1889 avec un étudiant en médecine polonais. Elle partit avec lui en Pologne quelques années plus tard.
Quant aux deux filles, Mignon et Héna, nées en exil, la première mourut assez âgée, mais sans enfant, la seconde épousa un militant allemaniste, Jullien Henri, qui fut secrétaire de la section de Boulogne-sur-Seine du POSR, et de cette union naquirent cinq enfants. Des deux garçons qui naquirent du mariage de Paule Mink avec Maxime Negro, seul Maxime survécut. Après avoir connu Biribi, il devint chef d’une grande entreprise pharmaceutique et mourut octogénaire en 1964, membre du Parti Communiste Français auquel il avait adhéré en 1920 (cf. L’Humanité).
Un petit-fils de Paule Mink, avocat au barreau de Marseille, conservait un revolver qui avait appartenu à sa grand-mère et l’avait parfois accompagnée dans ses tournées de conférences.
À la fin de sa vie, Jean-Baptiste Noro vivait en Tunisie où il était connu pour ses peintures et ses écrits sous le pseudonyme de Jacques Didier. Il serait décédé en 1910. Sa petite-fille Line Noro était une actrice de cinéma des années 1920 à 1940.
2 Source[modifier | modifier le wikicode]
Le maitron : https://maitron.fr/spip.php?article24873