La Guerre civile aux États-Unis
La Guerre civile aux États-Unis est une collection d'articles, concernant la guerre de Sécession, de Karl Marx et de Friedrich Engels pour le New York Tribune et Die Presse de Vienne entre 1861 et 1862, publié comme livre en 1937.
Présentation[modifier | modifier le wikicode]
Marx et Engels se sont intéressés à la guerre civile américaine en écrivant une série d’articles pour les journaux Die Presse et New York Daily Tribune car pour eux « les États-Unis représentent le modèle classique de la propagation du capitalisme aux continents extra-européens et de la lutte contre les métropoles colonialistes d’Europe, avec les conflits qui en découlent ». L’ensemble de leurs écrits sur le sujet « préparent et illustre le chapitre du premier livre sur la colonisation qui sera publié en 1867 ».
Dans deux de ces articles parus dans Die Presse les 26 et 27 mars 1862, Marx et Engels ont présenté une stratégie ayant pour objectif une victoire rapide de l’Union sur la Confédération. Ils entendaient fournir une alternative à la stratégie dite du plan anaconda qui présente un double aspect, d’une part un blocus naval de toute la côte de la Confédération de la frontière entre la Virginie et le Maryland à l’embouchure du Mississippi accompagné par la prise des principaux ports du Sud et d’autre part la conquête par la force de la vallée du Mississippi aussi bien par terre, en partant des Etats du Nord, que par mer, en remontant le fleuve à l’aide d’une flotte fluviale. L’intérêt de cette stratégie était d’isoler la Confédération du reste du monde afin de l’asphyxier progressivement et de contraindre le gouvernement du Sud à réintégrer l’Union.
Engels et Marx, estimaient que la stratégie du plan Anaconda n’était pas la bonne car selon eux, il suffisait de concentrer ses forces sur un point pour percer l’encerclement et ensuite détruire l’ensemble pièce par pièce comme l’avait fait les français contre le « système du cordon » mis en place par les autrichiens entre 1792 et 1797. Cette constatation une fois faite, ils procèdent à une analyse de la configuration géographique de la Confédération et en arrivent à la conclusion que « la Géorgie est la clé de Sécessia ». Selon eux, si les unionistes conquéraient la Géorgie, la Confédération serait coupée en deux.
La stratégie proposée ne s’arrête pas là, en effet Marx et Engels vont plus loin en expliquant comment devrait procéder l’Union. Premièrement, l’invasion de la Géorgie devrait venir depuis le Tennessee dont l’occupation aurait pour première conséquence d’obliger la Confédération à utiliser la dernière voie ferrée reliant l’Est et l’Ouest: la ligne de chemin de fer qui relie les ports de La Nouvelle-Orléans sur la côte du golfe du Mexique en Louisiane et de Savannah sur la côte de l’Océan Atlantique en Géorgie. Les forces unionistes entreraient donc en Géorgie depuis le Tennessee en passant par Chattanooga, Dalton et Atlanta tout en y détruisant les installations ferroviaires.
Deuxièmement, ils estiment qu’il est inutile de chercher à conquérir l’ensemble de l’État puisque la seule conquête de la ligne de chemin de fer citée ci-dessus et plus précisément la partie de la voie se trouvant entre Macon et Gordon suffirait car à cette époque les communications entre des points éloignés ne pouvaient se faire efficacement que par le chemin de fer. Ces deux villes sont donc pour Marx et Engels le « centre de gravité militaire » de la Géorgie. « Pour Clausewitz, le centre de gravité est le nœud autour duquel s’articulent les forces et les mouvements de l’adversaire. C’est contre ce point que toutes les forces doivent être concentrées de sorte que l’ennemi soit déséquilibré ». En effet, leur prise « couperait Sécessia en deux et permettrait aux unionistes de battre une partie après l’autre ».
Pour les deux auteurs, la défense de ces deux positions serait relativement simple car « il est impensable que les sécessionnistes puissent reconquérir la Géorgie, car les forces militaires unionistes y seraient concentrées en une position centrale tandis que leurs adversaires, divisés en deux camps, auraient à peine suffisamment de forces pour mener une attaque conjointe ».