Die Rote Fahne
Die Rote Fahne (en français : Le drapeau rouge) était le quotidien de la Ligue spartakiste, puis du Parti Communiste Allemand (KPD).
Son premier numéro fut publié le 16 novembre 1918, et c'est véritablement Rosa Luxemburg qui en fut la cheville ouvrière.
Durant les années 20, le journal épousa les méandres de la politique stalinienne, notamment vis-à-vis des nazis. Il fut interdit par ceux-ci dès janvier 1933.
Die Rote Fahne continua sa publication dans la clandestinité avant d'être publié à Prague puis Bruxelles.
Sa publication cessa à l'automne 1939.
1 Naissance[modifier | modifier le wikicode]
Le 9 novembre, un petit groupe - Liebknecht en tête - occupe le local du Berliner Lokalanzeiger et oblige l’imprimeur à publier le premier Rote Fahne. Mais, dès le lendemain, typographes et lynotypistes, par fidélité à leur direction, arrêtent le travail. Malgré l’appel éloquent de Rosa et du Comité exécutif de Berlin, l’éditeur, couvert par Ebert, refuse tout compromis.
Le groupe Spartacus est obligé de conclure un accord financier très défavorable. Le journal ne peut paraître régulièrement que le 18 novembre (celui de l’USPD, Freiheit, ne sort que le 16). De plus, les journaux radicaux ne reçoivent qu’une faible quantité de papier, leur diffusion étant ainsi fortement limitée.
Dans ce numéro, Rosa écrit : « La révolution a commencé. Il n’y a pas lieu de chanter victoire (...) mais il faut faire une autocritique sévère et rassembler énergiquement ses forces pour poursuivre l’oeuvre commencée. Car nous avons accompli peu de choses et l’ennemi n’est pas renversé. » (p. 704 Nettl)
Et, le 24 novembre, face à l’accusation sans cesse répétée que Spartacus était un parti de terreur, elle répond : « Les Reventlow, Friedberg, Erzberger, qui ont envoyé sans sourciller un million et demi d’hommes et d’adolescents allemands à la tuerie - pour conquérir Longwy, Briey ou de nouvelles colonies ; les Scheidemann-Ebert, qui ont approuvé quatre ans durant tout ce qui a permis la plus grande saignée que l’on connût de mémoire humaine - tous ces gens s’enrouent à crier en choeur contre la « terreur », la prétendue terreur dont les menace la dictature du prolétariat ! Que ces messieurs relisent leur propre histoire. » (p. 708 Nettl)
Rosa tenait à lire la moindre ligne du journal avant l’impression. Elle écrit ainsi à Marta Rosenbaum, qui pendant sa détention avait été sa confidente : « Ma chère petite Marthe ! Avec mille pensées, je vous envoie enfin le premier numéro de la Rote Fahne qui m’a tenu en haleine du matin au soir tous ces jours derniers. » (4 janvier 19, in Nettl, p. 740)
Le 6 décembre, des groupes de soldats occupent provisoirement la rédaction de Die Rote Fahne, essaient d’arrêter le Comité exécutif des Conseils, et proclament Ebert président de la République.
Lors des évènements de janvier, Rosa écrit encore alors que Liebknecht s’est fourvoyé dans une entreprise désespérée : « Quand on est engagé dans une lutte très dure contre le gouvernement d’Ebert-Scheidemann, on ne s’empresse pas d’ouvrir des « négociations » avec ce même gouvernement (...) Les masses sont prêtes (...) à traverser feu et flammes pour la cause du socialisme. Il faut leur donner des mots d’ordre clairs et leur proposer une attitude conséquente et résolue (...) L’Allemagne était jusqu’ici la terre classique de l’organisation, et surtout du fanatisme de l’organisation ; disons le, on en faisait parade (...) et aujourd’hui, que voyons-nous ? Au moments décisifs de la révolution, ce « talent d’organisation » tant vanté fait fiasco de la plus piteuse façon qui soit (...) L’expérience des trois derniers jours crie à voix haute aux organes directeurs des ouvriers : « Ne parlez pas ! Ne négociez pas ! Agissez ! » (Die Rote Fahne, 8 janvier 19, in Nettl p. 744)
Le 14 (« L’ordre règne à Berlin ») et le 15 janvier (« Malgré tout »), ce sont les derniers articles de Rosa et de Karl. C’est aussi la dernière fois que paraît légalement le journal avant de plonger dans la clandestinité. Il ne reparaît officiellement qu’en février et se donne pour tâche de dépister les assassins et les commanditaires des deux « ailes ». Mais de nouveau, il va cesser de paraître, de mai à décembre 1919.
Ainsi, dans les vagues de grèves de février à avril, dans la répression du mois de mars, il ne jouera aucun rôle. La voix du KPD, au moment le plus déterminant, est alors quasiment étouffée !