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==Les erreurs courantes==
 
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Lancer des interpellations qui n'ont absolument aucune chance d'aboutir n'a pas beaucoup d'intêret. Si même la base de l'organisation interpellée n'est pas sensible au mot d'ordre qui est mis en avant, c'est soit que le mot d'ordre est [[Gauchiste|gauchiste]] (pas nécessairement faux, mais qui reste de l'ordre de la [[Propagande|propagande]] révolutionnaire), soit que l'organisation en question est trop à droite, et que ceux qu'elle organise ne sont pas gagnables à court terme.
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Lancer des interpellations qui n'ont absolument aucune chance d'aboutir n'a pas beaucoup d’intérêt. Si même la base de l'organisation interpellée n'est pas sensible au mot d'ordre qui est mis en avant, c'est soit que le mot d'ordre est [[Gauchiste|gauchiste]] (pas nécessairement faux, mais qui reste de l'ordre de la [[Propagande|propagande]] révolutionnaire), soit que l'organisation en question est trop à droite, et que ceux qu'elle organise ne sont pas gagnables à court terme.
    
Par exemple, en général la plupart des membres d'une organisation réformiste, même s'ils sont plus à gauche que leur direction, ne sont pas convaincus des idées révolutionnaires. Interpeller leur organisation pour leur demander d'appliquer un programme révolutionnaire n'a souvent pas d'intérêt, sauf en [[Période_révolutionnaire|période révolutionnaire]] où la base devient sensible à ce discours. Cela n'a pas non plus d'effet pour faire la moindre démonstration.
 
Par exemple, en général la plupart des membres d'une organisation réformiste, même s'ils sont plus à gauche que leur direction, ne sont pas convaincus des idées révolutionnaires. Interpeller leur organisation pour leur demander d'appliquer un programme révolutionnaire n'a souvent pas d'intérêt, sauf en [[Période_révolutionnaire|période révolutionnaire]] où la base devient sensible à ce discours. Cela n'a pas non plus d'effet pour faire la moindre démonstration.
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=== Dans la révolution allemande ===
 
=== Dans la révolution allemande ===
Début janvier 1921, une réunion unitaire de métallos de Stuttgart interpellent (initiative des communistes) un appel aux dirigeants des syndicats réclamant d’eux qu’ils organisent le combat pour les revendications urgentes (baisse des prix, hausse des allocations chômage, baisse des impôts sur les salaires et imposition des grosses fortunes, contrôle ouvrier sur le ravitaillement, l’inventaire de la production, désarmement des bandes réactionnaires et armement du prolétariat contre elles). Le VKPD publie cette adresse et la reprend à son compte. Il envoie le 7 janvier à toutes les organisations ouvrières (partis et syndicats) une «lettre ouverte» proposant une action commune sur un certain nombre de revendications recoupant largement celle des métallos de Stuttgart. Aucun parti ou centrale syndicale ne répond positivement à cette lettre . Mais, en mettant en avant la nécessité d’une action unitaire sur des revendications "transitoires", c’est-à-dire tournées contre les capitalistes et leur politique sans faire un préalable de l’adoption de son programme, le VKPD va remporter des succès considérables et élargir son audience. Des assemblées ouvrières se tiennent dans tous les secteurs et adoptent la lettre ouverte. Un pont est ainsi lancé entre les travailleurs communistes et ceux qui suivent les sociaux-démocrates. Les dirigeants syndicaux sont contraints, par le succès de la lettre ouverte, de durcir le ton à l’égard du gouvernement et de lancer eux-mêmes des combats partiels. La "Lettre ouverte", les revendications transitoires, le front unique, sont attaqués au sein du parti par sa "gauche" mais aussi par Bela Kun, et derrière lui Zinoviev. Ils considèrent cette tactique comme de l’opportunisme. Bela Kun, émissaire arrogant de l’I.C. aux moeurs d’aventurier qui repoussent nombre de vieux dirigeants communistes, utilise le prestige de l’Internationale pour pousser le PC "à l’offensive", "théorie" qu’il oppose au combat pour gagner la majorité de la classe ouvrière. Lénine tranchera le débat en soutenant, par écrit, puis au troisième congrès de l’I.C., la "Lettre ouverte": "ceux qui n’ont pas compris que la tactique de la «lettre ouverte» était obligatoire doivent être exclu de l’Internationale dans un délai maximum d’un mois après le congrès".
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Début janvier 1921, une réunion unitaire de [[Métallurgie|métallos]] de Stuttgart interpellent (initiative des [[Kommunistische Partei Deutschlands|communistes]]) un appel aux dirigeants des syndicats réclamant d’eux qu’ils organisent le combat pour les revendications urgentes (baisse des prix, hausse des [[allocations chômage]], baisse des [[impôts]] sur les salaires et imposition des grosses fortunes, [[contrôle ouvrier]] sur le ravitaillement, l’inventaire de la production, désarmement des bandes réactionnaires et [[armement du prolétariat]] contre elles). Le [[Vereinigte Kommunistische Partei Deutschlands|VKPD]] publie cette adresse et la reprend à son compte. Il envoie le 7 janvier à toutes les organisations ouvrières (partis et syndicats) une «lettre ouverte» proposant une action commune sur un certain nombre de revendications recoupant largement celle des métallos de Stuttgart. Aucun parti ou centrale syndicale ne répond positivement à cette lettre. Mais, en mettant en avant la nécessité d’une action unitaire sur des revendications "[[Programme de transition|transitoires]]", c’est-à-dire tournées contre les capitalistes et leur politique sans faire un préalable de l’adoption de son programme, le [[Vereinigte Kommunistische Partei Deutschlands|VKPD]] va remporter des succès considérables et élargir son audience. Des assemblées ouvrières se tiennent dans tous les secteurs et adoptent la lettre ouverte. Un pont est ainsi lancé entre les travailleurs communistes et ceux qui suivent les [[Sozialdemokratische Partei Deutschlands|sociaux-démocrates]]. Les dirigeants syndicaux sont contraints, par le succès de la lettre ouverte, de durcir le ton à l’égard du gouvernement et de lancer eux-mêmes des combats partiels. La "Lettre ouverte", les revendications transitoires, le [[front unique]], sont attaqués au sein du parti par sa "gauche" mais aussi par [[Bela Kun]], et derrière lui [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]]. Ils considèrent cette tactique comme de l’[[opportunisme]]. [[Bela Kun]], émissaire arrogant de l’I.C. aux mœurs d’aventurier qui repoussent nombre de vieux dirigeants communistes, utilise le prestige de l’Internationale pour pousser le PC "à l’offensive", "théorie" qu’il oppose au combat pour gagner la majorité de la classe ouvrière. [[Lénine]] tranchera le débat en soutenant, par écrit, puis au troisième congrès de l’I.C., la "Lettre ouverte": "ceux qui n’ont pas compris que la tactique de la «lettre ouverte» était obligatoire doivent être exclu de l’Internationale dans un délai maximum d’un mois après le congrès".
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=== Recommandations de Trotski ===
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[[Léon Trotski|Trotski]] a souvent préconisé dans la [[Quatrième internationale]] que les partis nationaux aient recours à de l'interpellation des dirigeants réformistes, combinés avec une politique pour s'adresser aux masses influencées par ces dirigeants. Cette politique d'interpellation pouvait inclure un soutien aux réformistes pour qu'ils accèdent au pouvoir, dans l'idée que cela pourrait conduire à une situation de lutte de classe plus poussée, même si les révolutionnaires doivent conserver leur autonomie et leur capacité à dénoncer les tentative de capitulation qui ne manqueraient pas d'avoir lieu dans un tel cas.
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Par exemple en 1934, après les [[6 février 1934|émeutes du 6 février 1934]] en France, Trotski défend l'importance du [[front unique ouvrier]] non seulement pour l'autodéfense face aux fascistes (par l'[[armement du prolétariat]]), mais pour poser la question du pouvoir. Il défend ainsi l'idée d'un ''«&nbsp;gouvernement socialiste-communiste, un ministère Blum-Cachin&nbsp;»''<ref name="OVLF2">Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ouvalafrance/ovlf2.htm Où va la France ?]'', Fin octobre 1934</ref>.
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Ou encore, vis-à-vis du [[Parti travailliste (Royaume-Uni)|Labour Party]] au Royaume-Uni, Trotski résumait ainsi la ligne qu'il proposait à ses partisans en 1939  :
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« Je dirais aux ouvriers anglais : « Vous refusez d'approuver mes idées ? Bien, peut-être me suis‑je mal expliqué. Peut‑être êtes‑vous stupides. De toute façon, j'ai échoué. Mais, maintenant, vous croyez en votre parti. Allez‑vous laisser Chamberlain garder le pouvoir ? Portez votre parti au pouvoir. Je vous aiderai de toutes mes forces. Je sais qu'il ne fera pas ce que vous voulez, mais, puisque vous ne me croyez pas et que nous sommes petits, je vous aiderai à l'y porter. » »<ref>C.L.R. James, Léon Trotski, [[:fr:Discussion sur l’Histoire|Discussion sur l’Histoire]], avril 1939</ref>
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==Notes et sources==
 
==Notes et sources==
    
<references />
 
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[[Catégorie:Tactique et stratégie]]
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[[Catégorie:Mouvement ouvrier]]

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