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{{See also|Massacre de Mazargues}}
 
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Le camp de Mazargues situé dans la banlieue Est de Marseille est le plus grand de France. C’est une des places forte du mouvement des ONS où, dès 1944, il fut mis fin aux jeux et aux trafics divers. Environ 2 000 Vietnamiens  y vivent. Par manque de place, les autorités ont créé un second camp à environ deux kilomètres, appelé Colgate. Il est surtout utilisé pour regrouper les ONS en partance pour l’Indochine. Là, la discipline est quasiment inexistante et c’est là que vous se regrouper les éléments dénoncés par les trotskystes comme ''« malandrins, voyous et criminels »''.
 
Le camp de Mazargues situé dans la banlieue Est de Marseille est le plus grand de France. C’est une des places forte du mouvement des ONS où, dès 1944, il fut mis fin aux jeux et aux trafics divers. Environ 2 000 Vietnamiens  y vivent. Par manque de place, les autorités ont créé un second camp à environ deux kilomètres, appelé Colgate. Il est surtout utilisé pour regrouper les ONS en partance pour l’Indochine. Là, la discipline est quasiment inexistante et c’est là que vous se regrouper les éléments dénoncés par les trotskystes comme ''« malandrins, voyous et criminels »''.
[[Fichier:Camp-Mazargues-Manifestation.png|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Camp-Mazargues-Manifestation.png|vignette|436x436px|Manifestation devant le camp de Mazargues]]
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[[Fichier:Camp-Mazargues-Manifestation.png|link=|vignette|436x436px|Manifestation devant le camp de Mazargues]]
 
À la suite de l’expulsion des délégués ONS vers le Viêt Nam dont les plus connus étaient Hoàng Nghinh, Bui Dinh Thiêp, Nguyên Dinh Lâm… un certain relâchement dans la bonne tenue du camp se fit ressentir, ce qui fut, pour les soi-disant militants du groupe Salut National l’occasion d’investir la place. Quoique très minoritaire ce groupe se livra à des provocations diverses, et multiplie les violences physiques à partir de février 1948. Au début du  mois de mai le Lao Dong menance : ''« Aux traîtres trotskystes vietnamiens nous disons : le jour de l’extermination de votre clique est arrivé. Plus vous crierez fort plus vite vous serez détruits. Aux camarades encore hésitants nous disons revenez à la patrie. La patrie généreuse acceptera tous ses enfants vietnamiens. Chaque jour où vous resterez liés aux traîtres trotskystes vietnamiens est un crime de plus à votre actif. Ne tardez plus vous en supporteriez les conséquences avec eux. »''<ref>Journal La Vérité n° 219, 18 juin 1948.</ref>
 
À la suite de l’expulsion des délégués ONS vers le Viêt Nam dont les plus connus étaient Hoàng Nghinh, Bui Dinh Thiêp, Nguyên Dinh Lâm… un certain relâchement dans la bonne tenue du camp se fit ressentir, ce qui fut, pour les soi-disant militants du groupe Salut National l’occasion d’investir la place. Quoique très minoritaire ce groupe se livra à des provocations diverses, et multiplie les violences physiques à partir de février 1948. Au début du  mois de mai le Lao Dong menance : ''« Aux traîtres trotskystes vietnamiens nous disons : le jour de l’extermination de votre clique est arrivé. Plus vous crierez fort plus vite vous serez détruits. Aux camarades encore hésitants nous disons revenez à la patrie. La patrie généreuse acceptera tous ses enfants vietnamiens. Chaque jour où vous resterez liés aux traîtres trotskystes vietnamiens est un crime de plus à votre actif. Ne tardez plus vous en supporteriez les conséquences avec eux. »''<ref>Journal La Vérité n° 219, 18 juin 1948.</ref>
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==A travers la Guerre du Viêt Nam==
 
==A travers la Guerre du Viêt Nam==
 
[[Natalia Sedova]], la veuve de Trotsky, s’éteignait le 26 janvier 1962 à Paris. [[Hoang Khoa Khoi]], qui comptait parmi ses amis intimes, se souvenait avec plaisir de ses discussions et de l’émotion que lui procurait la compagnie de cette vieille dame, ''« comme si à travers elle, on touchait à la révolution d’Octobre 1917 »''.
 
[[Natalia Sedova]], la veuve de Trotsky, s’éteignait le 26 janvier 1962 à Paris. [[Hoang Khoa Khoi]], qui comptait parmi ses amis intimes, se souvenait avec plaisir de ses discussions et de l’émotion que lui procurait la compagnie de cette vieille dame, ''« comme si à travers elle, on touchait à la révolution d’Octobre 1917 »''.
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[[Jean-Michel Krivine]] raconte qu'il fut le seul membre non Vietnamien du groupe trotskyste vietnamien, qui dans les années 1960 se réunissait toutes les semaines chez [[Hoang Khoa Khoi]], rue Saint-Ambroise dans le 11<sup>e</sup> arrondissement de Paris.<ref>[http://www.inprecor.fr/article-HOANG-KHOA-KHOI-(Robert)-%E2%80%93-1917-2009?id=712 HOANG KHOA KHOI (Robert) – 1917/2009], Revue Inprecor, 2009</ref>
    
Malgré une presse aux moyens limités (un seul mensuel de 8 à 12 pages et un trimestriel plus théorique) le Viêt Nam était régulièrement présent dans les colonnes de la section française de la IV<sup>e</sup> Internationale dès 1963. Certains articles sont écrits par [[Luu Thanh Kiem]]. Le Viêt Nam devient une question brûlante d'[[internationalisme]] lorsque [[Guerre du Viêt Nam|les Etats-Unis envoient en 1965 des centaines de milliers de soldats]] soutenir le régime moribond du Sud Viêt Nam, et bombardent massivement le Nord « socialiste ».
 
Malgré une presse aux moyens limités (un seul mensuel de 8 à 12 pages et un trimestriel plus théorique) le Viêt Nam était régulièrement présent dans les colonnes de la section française de la IV<sup>e</sup> Internationale dès 1963. Certains articles sont écrits par [[Luu Thanh Kiem]]. Le Viêt Nam devient une question brûlante d'[[internationalisme]] lorsque [[Guerre du Viêt Nam|les Etats-Unis envoient en 1965 des centaines de milliers de soldats]] soutenir le régime moribond du Sud Viêt Nam, et bombardent massivement le Nord « socialiste ».
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==Chroniques vietnamiennes==
 
==Chroniques vietnamiennes==
En novembre 1986, le groupe trotskyste vietnamien en France (membre de la [[LCR]]) commence la publication de la revue trimestrielle ''Chroniques Vietnamiennes''. Cette publication faisait suite à l’arrêt de ''Nghiên Cuu'' jusqu’alors édité en vietnamien par le Groupe. Animée par [[Hoang Khoa Khoi]], [[Dang Van Long]], et quelques autres, cette publication en français avait pour principale ambition de s’adresser d’abord à la seconde génération des Vietnamiens de France qui souvent ignorait ou maîtrisait mal la langue de leurs parents. Mais aussi aux ''« anciens des mouvements de solidarité…/… qui, en criant FNL Vaincra, étaient persuadés  que la victoire entraînerait  l’éclosion d’une société plus juste…/… Tout en soutenant de toutes nos forces le combat anti-impérialiste du PCV jusqu’en 1975, nous n’avions pas toutes ces illusions partagées par la plupart de nos camarades français. La société qui s’édifie sous nos yeux est une copie conforme des sociétés  soviétique, bulgare ou polonaise »''.  Cette publication intervint alors qu’en Union Soviétique Mikhaïl Gorbatchev et son équipe avaient initié, depuis  l’année précédente, la ''glasnost'' (transparence) et la ''perestroïka'' (reconstruction). Ces initiatives pour libéraliser le système  laissent à penser  que ces changements en cours pourraient bien se produire dans les pays frères dont le Viêt Nam. Tout en suivant de près et en commentant l’actualité du Viêt Nam (on note à la lecture des numéros une réelle connaissance  de la société via certains correspondants sur place), la revue s’attache à faire connaître l’histoire du trotskysme vietnamien et son implication dans le mouvement des travailleurs indochinois alors quasiment inconnu en France.  En 1988 un dossier complet apportait bien des précisions sur le sujet ainsi que sur l’itinéraire particulier du D<sup>r</sup> Nguyễn Khắc Viện. Cet intellectuel vietnamien rénovateur au soir de sa vie avait séjourné en France de 1937 à 1963.  Passant d’un nationalisme étroit (il avait accepté avec d’autres étudiants l’offre faite par l’Allemagne nazie d’un voyage d’étude dans le Reich en 1943) au stalinisme le plus servile après avoir, un moment, collaboré avec les trotskystes investis dans le mouvement des ONS.
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En novembre 1986, le groupe trotskyste vietnamien en France (membre de la [[LCR]]) commence la publication de la revue trimestrielle avec un tirage de 2000 exemplaires, ''Chroniques Vietnamiennes'' (il était noté sur la couverture : « Edité par le groupe trotskiste vietnamien en France (LCR) »). Cette publication faisait suite à l’arrêt de ''Nghiên Cuu'' jusqu’alors édité en vietnamien par le Groupe. Animée par [[Hoang Khoa Khoi]], [[Dang Van Long]], et quelques autres, cette publication en français avait pour principale ambition de s’adresser d’abord à la seconde génération des Vietnamiens de France qui souvent ignorait ou maîtrisait mal la langue de leurs parents. Mais aussi aux ''« anciens des mouvements de solidarité…/… qui, en criant FNL Vaincra, étaient persuadés  que la victoire entraînerait  l’éclosion d’une société plus juste…/… Tout en soutenant de toutes nos forces le combat anti-impérialiste du PCV jusqu’en 1975, nous n’avions pas toutes ces illusions partagées par la plupart de nos camarades français. La société qui s’édifie sous nos yeux est une copie conforme des sociétés  soviétique, bulgare ou polonaise »''.  Hoang Khoa Khoi en rédigea presque tous les éditoriaux en signant Ha Cuong Nghi. [[Jean-Michel Krivine]] signait parfois de son nom, parfois Bui Thien-Chi.
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Cette publication intervint alors qu’en Union Soviétique Mikhaïl Gorbatchev et son équipe avaient initié, depuis  l’année précédente, la ''glasnost'' (transparence) et la ''perestroïka'' (reconstruction). Ces initiatives pour libéraliser le système  laissent à penser  que ces changements en cours pourraient bien se produire dans les pays frères dont le Viêt Nam. Tout en suivant de près et en commentant l’actualité du Viêt Nam (on note à la lecture des numéros une réelle connaissance  de la société via certains correspondants sur place), la revue s’attache à faire connaître l’histoire du trotskysme vietnamien et son implication dans le mouvement des travailleurs indochinois alors quasiment inconnu en France.  En 1988 un dossier complet apportait bien des précisions sur le sujet ainsi que sur l’itinéraire particulier du D<sup>r</sup> Nguyễn Khắc Viện. Cet intellectuel vietnamien rénovateur au soir de sa vie avait séjourné en France de 1937 à 1963.  Passant d’un nationalisme étroit (il avait accepté avec d’autres étudiants l’offre faite par l’Allemagne nazie d’un voyage d’étude dans le Reich en 1943) au stalinisme le plus servile après avoir, un moment, collaboré avec les trotskystes investis dans le mouvement des ONS.
    
En novembre 1988, Dang Van Long directeur de la revue écrivait à Claude Evin ministre de la Santé et de la Sécurité sociale et à Michel Charasse alors ministre du budget afin d’attirer leur attention sur le sort des  Vietnamiens anciens ONS. Tous avaient cotisé à la [[Sécurité sociale]] durant leur séjour en France, ceux restés en France bénéficiaient normalement de leur [[Retraites en France|retraite]] mais pas ceux retournés au Viêt Nam. Un comité de soutien aux anciens travailleurs et tirailleurs vietnamiens en France fut créé, mais ne put obtenir satisfaction. Il restait alors quelques milliers d’anciens ONS au Viêt Nam susceptible d’obtenir une retraite mensuelle de 250 francs (38 euros) une somme non négligeable au regard du marasme économique de l’époque.
 
En novembre 1988, Dang Van Long directeur de la revue écrivait à Claude Evin ministre de la Santé et de la Sécurité sociale et à Michel Charasse alors ministre du budget afin d’attirer leur attention sur le sort des  Vietnamiens anciens ONS. Tous avaient cotisé à la [[Sécurité sociale]] durant leur séjour en France, ceux restés en France bénéficiaient normalement de leur [[Retraites en France|retraite]] mais pas ceux retournés au Viêt Nam. Un comité de soutien aux anciens travailleurs et tirailleurs vietnamiens en France fut créé, mais ne put obtenir satisfaction. Il restait alors quelques milliers d’anciens ONS au Viêt Nam susceptible d’obtenir une retraite mensuelle de 250 francs (38 euros) une somme non négligeable au regard du marasme économique de l’époque.
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Dang Van Long, l’autodidacte, après un roman publié à Hanoi en 1996 (Linh tho ONS) s’était attaché à la publication d’un énorme ouvrage de 611 pages intitulé  ''Nguoi Viêt o Phap 1939-1952'' (Les travailleurs indochinois en France 1939-1952)<ref>Dang Van Long a aussi publié un recueil de poèmes : Tho long” (poèmes) Westminster Californie 1996.</ref>.
 
Dang Van Long, l’autodidacte, après un roman publié à Hanoi en 1996 (Linh tho ONS) s’était attaché à la publication d’un énorme ouvrage de 611 pages intitulé  ''Nguoi Viêt o Phap 1939-1952'' (Les travailleurs indochinois en France 1939-1952)<ref>Dang Van Long a aussi publié un recueil de poèmes : Tho long” (poèmes) Westminster Californie 1996.</ref>.
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Un numéro spécial sortit à l’automne 1997 avec un article écrit par Hoang Khoa Khoi en 1992 : « Qui a assassiné Ta Thu Thau et les trotskistes vietnamiens ? » Un dossier spécial sur le sujet avait été imprimé en 1987.
    
A l’automne 1997 un dernier numéro des ''Chroniques Vietnamiennes'' parut avec le récit de l’arrestation des « révisionnistes anti-parti » dont Vũ Thư Hiên fit le récit dans son livre ''La nuit en plein jour''. La revue s’arrêta faute d’avoir trouvé une relève suffisante.
 
A l’automne 1997 un dernier numéro des ''Chroniques Vietnamiennes'' parut avec le récit de l’arrestation des « révisionnistes anti-parti » dont Vũ Thư Hiên fit le récit dans son livre ''La nuit en plein jour''. La revue s’arrêta faute d’avoir trouvé une relève suffisante.

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