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Le [[Parti communiste indochinois]] est fondé en 1930 à Hong Kong par les réseaux du [[Internationale Communiste|Komintern]] et en particulier du  [[Parti communiste chinois]]. Il sera dirigé par Nguyên Ai Quôc ([[Hô Chi Minh]]).
 
Le [[Parti communiste indochinois]] est fondé en 1930 à Hong Kong par les réseaux du [[Internationale Communiste|Komintern]] et en particulier du  [[Parti communiste chinois]]. Il sera dirigé par Nguyên Ai Quôc ([[Hô Chi Minh]]).
 
[[Fichier:Ta-Thu-Thau 1906-1945.jpg|vignette|[[Tạ Thu Thâu]] lors de son arrestation en 1930]]
 
[[Fichier:Ta-Thu-Thau 1906-1945.jpg|vignette|[[Tạ Thu Thâu]] lors de son arrestation en 1930]]
L’[[Opposition de gauche]]  s’y était constituée dès 1929-1930 parmi les étudiants vietnamiens qui avaient fait « le voyage de France » comme disaient alors ceux qui pouvaient venir terminer leurs études dans les universités françaises. Au contact des  oppositionnels en France, ces étudiants  avaient été marqués par les critiques de [[Léon Trotsky|Trotsky]], en particulier sur la ligne politique catastrophique du [[Internationale Communiste|Komintern]]  en Chine (l’alliance jusqu’auboutiste avec le [[Kuomintang]]). Parmi  eux, [[Ta Thu Thâu]], qui sera expulsé en 1930 à la suite d’une manifestation qu’il avait organisé le 24 mai devant l’Élysée pour protester contre les condamnations à mort des révoltés de Yen Bay. À Saigon, il deviendra la figure emblématique du trotskysme vietnamien et sa popularité dépassa largement les frontières de son mouvement. Aux élections municipales de 1939, il obtint 80 % des voix. Un autre groupe trotskiste, le [[Groupe octobre (Viêt Nam)|Groupe octobre]], était quant à lui très bien implanté dans le syndicat des transports de Saigon.
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L’[[Opposition de gauche]]  s’y était constituée dès 1929-1930 parmi les étudiants vietnamiens qui avaient fait « le voyage de France » comme disaient alors ceux qui pouvaient venir terminer leurs études dans les universités françaises. Au contact des  oppositionnels en France, ces étudiants  avaient été marqués par les critiques de [[Léon Trotski|Trotski]], en particulier sur la ligne politique catastrophique du [[Internationale Communiste|Komintern]]  en Chine (l’alliance jusqu’auboutiste avec le [[Kuomintang]]). Parmi  eux, [[Ta Thu Thâu]], qui sera expulsé en 1930 à la suite d’une manifestation qu’il avait organisé le 24 mai devant l’Élysée pour protester contre les condamnations à mort des révoltés de Yen Bay. À Saigon, il deviendra la figure emblématique du trotskysme vietnamien et sa popularité dépassa largement les frontières de son mouvement. Aux élections municipales de 1939, il obtint 80 % des voix. Un autre groupe trotskiste, le [[Groupe octobre (Viêt Nam)|Groupe octobre]], était quant à lui très bien implanté dans le syndicat des transports de Saigon.
    
===Le trotskysme en France===
 
===Le trotskysme en France===
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À la suite de l’expulsion des délégués ONS vers le Viêt Nam dont les plus connus étaient Hoàng Nghinh, Bui Dinh Thiêp, Nguyên Dinh Lâm… un certain relâchement dans la bonne tenue du camp se fit ressentir, ce qui fut, pour les soi-disant militants du groupe Salut National l’occasion d’investir la place. Quoique très minoritaire ce groupe se livra à des provocations diverses, et multiplie les violences physiques à partir de février 1948. Au début du  mois de mai le Lao Dong menance : ''« Aux traîtres trotskystes vietnamiens nous disons : le jour de l’extermination de votre clique est arrivé. Plus vous crierez fort plus vite vous serez détruits. Aux camarades encore hésitants nous disons revenez à la patrie. La patrie généreuse acceptera tous ses enfants vietnamiens. Chaque jour où vous resterez liés aux traîtres trotskystes vietnamiens est un crime de plus à votre actif. Ne tardez plus vous en supporteriez les conséquences avec eux. »''<ref>Journal La Vérité n° 219, 18 juin 1948.</ref>
 
À la suite de l’expulsion des délégués ONS vers le Viêt Nam dont les plus connus étaient Hoàng Nghinh, Bui Dinh Thiêp, Nguyên Dinh Lâm… un certain relâchement dans la bonne tenue du camp se fit ressentir, ce qui fut, pour les soi-disant militants du groupe Salut National l’occasion d’investir la place. Quoique très minoritaire ce groupe se livra à des provocations diverses, et multiplie les violences physiques à partir de février 1948. Au début du  mois de mai le Lao Dong menance : ''« Aux traîtres trotskystes vietnamiens nous disons : le jour de l’extermination de votre clique est arrivé. Plus vous crierez fort plus vite vous serez détruits. Aux camarades encore hésitants nous disons revenez à la patrie. La patrie généreuse acceptera tous ses enfants vietnamiens. Chaque jour où vous resterez liés aux traîtres trotskystes vietnamiens est un crime de plus à votre actif. Ne tardez plus vous en supporteriez les conséquences avec eux. »''<ref>Journal La Vérité n° 219, 18 juin 1948.</ref>
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Le 15 mai, la situation dégénère en [[Massacre de Mazargues|massacre]].  Dang Van Long : ''« Le soir du 15 mai le Comité d’autodéfense chargé de la sécurité du camp apprit que le groupe Salut National organisait une réunion dans un réfectoire. Comme par le passé ils avaient dressé des listes de personnes à éliminer, et comme les violences des jours précédents ne laissaient rien présager de bon, la nouvelle se répandit qu’ils préparaient l’élimination de leurs opposants les plus farouches. En un clin d’œil des dizaines d’ONS sortirent des baraques pour se joindre au groupe d’autodéfense se munissant de manière préventive de toutes sortes d’armes et d’objets divers. Jamais, nous Trotskystes, n’avons donné l’ordre d’aller attaquer cette réunion. L’extrême tension des jours précédents avait rendu Mazargues comme un baril de poudre, cette réunion a été l’étincelle fatale. Nous avons essayé de calmer la situation, mais c’était impossible. Des gens qui n’avaient rien à voir avec tout ça ont même été menacés ; c’était une nuit d’horreur. »''
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Le 15 mai, la situation dégénère en [[Massacre de Mazargues|massacre]].  Dang Van Long : ''« Le soir du 15 mai le Comité d’autodéfense chargé de la sécurité du camp apprit que le groupe Salut National organisait une réunion dans un réfectoire. Comme par le passé ils avaient dressé des listes de personnes à éliminer, et comme les violences des jours précédents ne laissaient rien présager de bon, la nouvelle se répandit qu’ils préparaient l’élimination de leurs opposants les plus farouches. En un clin d’œil des dizaines d’ONS sortirent des baraques pour se joindre au groupe d’autodéfense se munissant de manière préventive de toutes sortes d’armes et d’objets divers. Jamais, nous Trotskistes, n’avons donné l’ordre d’aller attaquer cette réunion. L’extrême tension des jours précédents avait rendu Mazargues comme un baril de poudre, cette réunion a été l’étincelle fatale. Nous avons essayé de calmer la situation, mais c’était impossible. Des gens qui n’avaient rien à voir avec tout ça ont même été menacés ; c’était une nuit d’horreur. »''
    
Une violente dispute éclate entre les deux groupes. Soudain, la lumière est éteinte dans tout le camp<ref>Les descriptions de cette nuit de violence diffèrent selon les sources, témoins ou journaux en particulier à propos de la coupure d’électricité et de l’heure à laquelle la police est intervenue. Lors du procès de 1952, les mêmes incohérences subsistent à propos de la coupure d’électricité.</ref>, l’affrontement éclate, violent, meurtrier, des détonations, des clameurs et des cris sont entendus jusqu’aux abords du camp. La police est prévenue mais reste à la lisière n’entrant qu’au matin pour découvrir cinq morts<ref>Les décédés sont Bui Van Ngo (matricule TJ 901), Lê Van Dich (TJ 1257), Bui Van La (TJ 927), Pham Van Doai (TJ 746) ; une dernière personne ne put être identifiée. En fait, deux d’entre eux décédèrent à l’hôpital.</ref> et une soixantaine de blessés dont certains, très gravement atteints, resteront handicapés à vie. Lê Van Dich le responsable du Salut National est parmi les victimes. Beaucoup d’ONS ont quitté le campement après les violences, certains sont partis en ville, d’autres au camp Colgate.  
 
Une violente dispute éclate entre les deux groupes. Soudain, la lumière est éteinte dans tout le camp<ref>Les descriptions de cette nuit de violence diffèrent selon les sources, témoins ou journaux en particulier à propos de la coupure d’électricité et de l’heure à laquelle la police est intervenue. Lors du procès de 1952, les mêmes incohérences subsistent à propos de la coupure d’électricité.</ref>, l’affrontement éclate, violent, meurtrier, des détonations, des clameurs et des cris sont entendus jusqu’aux abords du camp. La police est prévenue mais reste à la lisière n’entrant qu’au matin pour découvrir cinq morts<ref>Les décédés sont Bui Van Ngo (matricule TJ 901), Lê Van Dich (TJ 1257), Bui Van La (TJ 927), Pham Van Doai (TJ 746) ; une dernière personne ne put être identifiée. En fait, deux d’entre eux décédèrent à l’hôpital.</ref> et une soixantaine de blessés dont certains, très gravement atteints, resteront handicapés à vie. Lê Van Dich le responsable du Salut National est parmi les victimes. Beaucoup d’ONS ont quitté le campement après les violences, certains sont partis en ville, d’autres au camp Colgate.  
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Du 2 au 21 avril 1948 se tint à Paris le second congrès de la [[IVe internationale|IV<sup>e</sup> internationale]]. Deux ans auparavant, une Conférence Internationale avait réussi à regrouper les militants épars, survivants du cataclysme de la [[seconde guerre mondiale]] et nouveaux venus à travers les luttes de la [[Résistance (France)|Résistance]] et de la [[Libération de la France|Libération]]. Ce congrès réunissait vingt-deux organisations issues de dix-neuf pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Afrique et d’Asie. Le discours d’ouverture prononcé par le Secrétaire de l’Internationale, [[Michel Raptis]], alias Pablo, rappela le sacrifice des militants tombés au cours des dernières années ''« assassinés par la Gestapo ou la police impérialiste japonaise, le Guépéou ou la terreur stalinienne »''. La délégation indochinoise était représentée par deux délégués du Groupe Communiste Internationaliste Vietnamien en France. Le groupe vietnamien, constitué lors du congrès du 28 au 30 juin 1947 était représenté au Comité Exécutif Européen de la IV<sup>e</sup> Internationale depuis juin 1945. Un autre délégué siégeait avec le statut d’observateur pour le [[Groupe octobre (Viêt Nam)|Groupe Octobre]] de Saigon. Ce statut d’observateur provenait du fait que le camarade Antony, récemment arrivé en France, ne pu prouver qu’il venait bien au nom du Groupe de Saigon (on mesure bien à cet exemple la difficulté des moyens de communications avec les militants du Viêt Nam). «  ''Le camarade Antony affirme qu’il a un mandat du groupe Octobre, mais n’a pu fournir aucun élément à ce sujet, par ailleurs son point de vue n’est pas approuvé par le camarade Lucien (Lu Sanh Hanh) qui appartient au même groupe ; le groupe reconnu en Indochine était le groupe La Lutte de Ta Thu Thau ; en l’absence de renseignements sur l’état des organisations, la commission [des mandats ndlr] propose que le camarade Antony soit présent à titre d’observateur. »''<ref name=":0">Les congrès de la IV<sup>e</sup> internationale, tome 2, L’internationale dans la guerre 1940-1946.</ref>
 
Du 2 au 21 avril 1948 se tint à Paris le second congrès de la [[IVe internationale|IV<sup>e</sup> internationale]]. Deux ans auparavant, une Conférence Internationale avait réussi à regrouper les militants épars, survivants du cataclysme de la [[seconde guerre mondiale]] et nouveaux venus à travers les luttes de la [[Résistance (France)|Résistance]] et de la [[Libération de la France|Libération]]. Ce congrès réunissait vingt-deux organisations issues de dix-neuf pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Afrique et d’Asie. Le discours d’ouverture prononcé par le Secrétaire de l’Internationale, [[Michel Raptis]], alias Pablo, rappela le sacrifice des militants tombés au cours des dernières années ''« assassinés par la Gestapo ou la police impérialiste japonaise, le Guépéou ou la terreur stalinienne »''. La délégation indochinoise était représentée par deux délégués du Groupe Communiste Internationaliste Vietnamien en France. Le groupe vietnamien, constitué lors du congrès du 28 au 30 juin 1947 était représenté au Comité Exécutif Européen de la IV<sup>e</sup> Internationale depuis juin 1945. Un autre délégué siégeait avec le statut d’observateur pour le [[Groupe octobre (Viêt Nam)|Groupe Octobre]] de Saigon. Ce statut d’observateur provenait du fait que le camarade Antony, récemment arrivé en France, ne pu prouver qu’il venait bien au nom du Groupe de Saigon (on mesure bien à cet exemple la difficulté des moyens de communications avec les militants du Viêt Nam). «  ''Le camarade Antony affirme qu’il a un mandat du groupe Octobre, mais n’a pu fournir aucun élément à ce sujet, par ailleurs son point de vue n’est pas approuvé par le camarade Lucien (Lu Sanh Hanh) qui appartient au même groupe ; le groupe reconnu en Indochine était le groupe La Lutte de Ta Thu Thau ; en l’absence de renseignements sur l’état des organisations, la commission [des mandats ndlr] propose que le camarade Antony soit présent à titre d’observateur. »''<ref name=":0">Les congrès de la IV<sup>e</sup> internationale, tome 2, L’internationale dans la guerre 1940-1946.</ref>
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Ce congrès, placé sous le signe du centenaire du ''Manifeste communiste'' de Karl Marx et Friedrich Engels, eut pour fonction de réaffirmer les positions fondamentales du marxisme révolutionnaire. Si la nature de l’URSS et du stalinisme fut, bien entendu, débattu, un long rapport de Pierre Franck, l’ancien secrétaire de Léon Trotsky, sur « la lutte des peuples coloniaux et la révolution mondiale » attira particulièrement l’attention des Vietnamiens. ''« Partant des nouveaux rapports de force entre États capitalistes, ce document soulignait que les États-Unis tendaient à prendre la relève des anciens impérialismes affaiblis devenus incapables de maintenir leur domination sous la forme qu’elle avait eue dans le passé. Il relevait aussi que ces impérialismes, du moins certains d’entre eux, procéderaient à une retraite stratégique dans un assez grand nombre  de pays coloniaux où ils substituaient aux formes de domination directe des formes nouvelles de domination indirecte avec l’aide des couches possédantes indigènes auxquelles ils remettaient formellement le pouvoir tout en conservant presque totalement leur suprématie économique. Le congrès saisissait là, dès le début du processus, une orientation des impérialismes dans le domaine colonial qui a reçu plus tard le nom de néo-colonialisme. »''<ref name=":0" /> C’est bien dans cette optique que le groupe entreprend une campagne contre le fantoche Bao Dai qui, de toute façon, ne bénéficie que de très peu de soutien chez les Vietnamiens de France. Le congrès était à peine terminé que plusieurs dirigeants du PCI se voyaient condamner  à des amendes pour « atteinte au moral de l’armée » dans le cadre de la lutte contre l’intervention de l’armée française en Indochine.
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Ce congrès, placé sous le signe du centenaire du ''Manifeste communiste'' de Karl Marx et Friedrich Engels, eut pour fonction de réaffirmer les positions fondamentales du marxisme révolutionnaire. Si la nature de l’URSS et du stalinisme fut, bien entendu, débattu, un long rapport de Pierre Franck, l’ancien secrétaire de Léon Trotski, sur « la lutte des peuples coloniaux et la révolution mondiale » attira particulièrement l’attention des Vietnamiens. ''« Partant des nouveaux rapports de force entre États capitalistes, ce document soulignait que les États-Unis tendaient à prendre la relève des anciens impérialismes affaiblis devenus incapables de maintenir leur domination sous la forme qu’elle avait eue dans le passé. Il relevait aussi que ces impérialismes, du moins certains d’entre eux, procéderaient à une retraite stratégique dans un assez grand nombre  de pays coloniaux où ils substituaient aux formes de domination directe des formes nouvelles de domination indirecte avec l’aide des couches possédantes indigènes auxquelles ils remettaient formellement le pouvoir tout en conservant presque totalement leur suprématie économique. Le congrès saisissait là, dès le début du processus, une orientation des impérialismes dans le domaine colonial qui a reçu plus tard le nom de néo-colonialisme. »''<ref name=":0" /> C’est bien dans cette optique que le groupe entreprend une campagne contre le fantoche Bao Dai qui, de toute façon, ne bénéficie que de très peu de soutien chez les Vietnamiens de France. Le congrès était à peine terminé que plusieurs dirigeants du PCI se voyaient condamner  à des amendes pour « atteinte au moral de l’armée » dans le cadre de la lutte contre l’intervention de l’armée française en Indochine.
    
Il était dans les intentions des Vietnamiens en France de créer une ''« puissante section vietnamienne de la IV<sup>e</sup> Internationale »'' comme le déclarait un article du journal ''La Vérité'' de mai 1947. Tout concordait pour que cette espérance se voie concrétisée. Le poids qu’avait eu ''La Lutte'' de Ta Thu Thau avant-guerre et l’influence de la L.C.I. dans le prolétariat de Saigon, l’importance numérique de la section vietnamienne en France donnaient à penser que, au regard de la situation en Indochine, c’était une chose réalisable. La manière dont s’effectua le retour des militants au Viêt Nam, suite aux rafles et à l’internement plus ou moins long qui suivit compliqua la tâche des militants.
 
Il était dans les intentions des Vietnamiens en France de créer une ''« puissante section vietnamienne de la IV<sup>e</sup> Internationale »'' comme le déclarait un article du journal ''La Vérité'' de mai 1947. Tout concordait pour que cette espérance se voie concrétisée. Le poids qu’avait eu ''La Lutte'' de Ta Thu Thau avant-guerre et l’influence de la L.C.I. dans le prolétariat de Saigon, l’importance numérique de la section vietnamienne en France donnaient à penser que, au regard de la situation en Indochine, c’était une chose réalisable. La manière dont s’effectua le retour des militants au Viêt Nam, suite aux rafles et à l’internement plus ou moins long qui suivit compliqua la tâche des militants.
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==A travers la Guerre du Viêt Nam==
 
==A travers la Guerre du Viêt Nam==
[[Natalia Sedova]], la veuve de Trotsky, s’éteignait le 26 janvier 1962 à Paris. [[Hoang Khoa Khoi]], qui comptait parmi ses amis intimes, se souvenait avec plaisir de ses discussions et de l’émotion que lui procurait la compagnie de cette vieille dame, ''« comme si à travers elle, on touchait à la révolution d’Octobre 1917 »''.
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[[Natalia Sedova]], la veuve de Trotski, s’éteignait le 26 janvier 1962 à Paris. [[Hoang Khoa Khoi]], qui comptait parmi ses amis intimes, se souvenait avec plaisir de ses discussions et de l’émotion que lui procurait la compagnie de cette vieille dame, ''« comme si à travers elle, on touchait à la révolution d’Octobre 1917 »''.
    
[[Jean-Michel Krivine]] raconte qu'il fut le seul membre non Vietnamien du groupe trotskyste vietnamien, qui dans les années 1960 se réunissait toutes les semaines chez [[Hoang Khoa Khoi]], rue Saint-Ambroise dans le 11<sup>e</sup> arrondissement de Paris.<ref>[http://www.inprecor.fr/article-HOANG-KHOA-KHOI-(Robert)-%E2%80%93-1917-2009?id=712 HOANG KHOA KHOI (Robert) – 1917/2009], Revue Inprecor, 2009</ref>
 
[[Jean-Michel Krivine]] raconte qu'il fut le seul membre non Vietnamien du groupe trotskyste vietnamien, qui dans les années 1960 se réunissait toutes les semaines chez [[Hoang Khoa Khoi]], rue Saint-Ambroise dans le 11<sup>e</sup> arrondissement de Paris.<ref>[http://www.inprecor.fr/article-HOANG-KHOA-KHOI-(Robert)-%E2%80%93-1917-2009?id=712 HOANG KHOA KHOI (Robert) – 1917/2009], Revue Inprecor, 2009</ref>
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''« la plupart des anciens staliniens, surtout au Viêt Nam, n’ont pas une culture marxiste suffisante pour analyser les problèmes d’un point de vue matérialiste. Dans leur critique du système, ils jettent le bébé avec l’eau du bain comme aurait dit Lénine. Trop souvent, et faute d’une réelle boussole marxiste, une juste colère contre les méfaits du stalinisme a été exploitée à des fins étrangères au socialisme ». Beaucoup de Vietnamiens étaient en fait plus nationalistes que communistes. Pour un nationaliste la notion de classe n’existe pas  et encore moins la lutte des classes, il n’est guère étonnant alors qu’ils basculent de manière si extrême »''.
 
''« la plupart des anciens staliniens, surtout au Viêt Nam, n’ont pas une culture marxiste suffisante pour analyser les problèmes d’un point de vue matérialiste. Dans leur critique du système, ils jettent le bébé avec l’eau du bain comme aurait dit Lénine. Trop souvent, et faute d’une réelle boussole marxiste, une juste colère contre les méfaits du stalinisme a été exploitée à des fins étrangères au socialisme ». Beaucoup de Vietnamiens étaient en fait plus nationalistes que communistes. Pour un nationaliste la notion de classe n’existe pas  et encore moins la lutte des classes, il n’est guère étonnant alors qu’ils basculent de manière si extrême »''.
 
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Parallèlement à la revue, le petit groupe, s’employa à traduire et à diffuser les œuvres fondamentales de [[Trotsky]] et à les introduire au Viêt Nam même. Une dizaine de titres furent ainsi édités ainsi qu’un ouvrage de Nguyên Van Liên, un ancien ONS, sur Lénine sa vie et son œuvre et 3 tomes sous le titre : « Dossier des Trotskistes Vietnamiens en France ».
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Parallèlement à la revue, le petit groupe, s’employa à traduire et à diffuser les œuvres fondamentales de [[Trotski]] et à les introduire au Viêt Nam même. Une dizaine de titres furent ainsi édités ainsi qu’un ouvrage de Nguyên Van Liên, un ancien ONS, sur Lénine sa vie et son œuvre et 3 tomes sous le titre : « Dossier des Trotskistes Vietnamiens en France ».
    
Dang Van Long, l’autodidacte, après un roman publié à Hanoi en 1996 (Linh tho ONS) s’était attaché à la publication d’un énorme ouvrage de 611 pages intitulé  ''Nguoi Viêt o Phap 1939-1952'' (Les travailleurs indochinois en France 1939-1952)<ref>Dang Van Long a aussi publié un recueil de poèmes : Tho long” (poèmes) Westminster Californie 1996.</ref>.
 
Dang Van Long, l’autodidacte, après un roman publié à Hanoi en 1996 (Linh tho ONS) s’était attaché à la publication d’un énorme ouvrage de 611 pages intitulé  ''Nguoi Viêt o Phap 1939-1952'' (Les travailleurs indochinois en France 1939-1952)<ref>Dang Van Long a aussi publié un recueil de poèmes : Tho long” (poèmes) Westminster Californie 1996.</ref>.

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