Vers la nouvelle internationale de jeunesse

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La discussion actuelle dans le bureau de Stockholm est de la plus grande importance pour le développement de notre organisation de jeunesse. Du fait que le représentant du S.A.P. se sent obligé de signer la déclaration de notre délégué[1], il semble que la situation soit très favorable. Pour qu'elle produise tous les résultats souhaités, il nous faut poursuivre jusqu'au bout, sans la moindre concession. Toutes nos sections jeunes devront déclarer qu'elles refusent catégoriquement de collaborer sous quelque forme que ce soit avec le Mot Dag[2] ‑ lequel, soit dit en passant, a refusé de laisser notre délégué assister à ses réunions et prendre part à la vie de son organisation.

Si les Suédois acceptent de retirer au Mot Dag son mandat et d'être directement représentés, nous n'aurons pour le moment rien d'autre à faire que de renouveler notre proposition de réorganiser de façon plus équitable le bureau de Stockholm, c'est‑à‑dire de l'organiser conformément au rapport de forces réel, avec un bureau de cinq membres (S.I., France, Hollande, S.A.P., Suéde). Même si cette solution est adoptée ‑ ce qui n'est pas sûr du tout ‑ elle ne pourrait constituer qu'une étape, puisque l'avenir de l'organisation internationale de la jeunesse est totalement lié au développement de la IV° Internationale.

Dès que la « Lettre ouverte pour la IV° Internationale » aura été signée, elle devra, bien entendu, être adressée au bureau de Stockholm ‑ ou, plus exactement, à celui qui va être constitué demain.

Quand le bureau pour la IV° Internationale sera créé, la jeunesse se regroupera évidemment en fonction de ses positions politiques : pour ou contre la IV° internationale.

La proposition du camarade Held[3] de créer à Paris un secrétariat provisoire et de convoquer une conférence internationale extraordinaire de la jeunesse doit être subordonnée aux progrès du travail spécifié ci‑dessus. Si la convocation d'une conférence pour la IV° Internationale se révèle réalisable dans un délai relativement court, il serait tout à fait juste de convoquer en même temps une conférence de la jeunesse, et au même endroit, pour des raisons qu'il est inutile de développer. Sinon, il est évidemment possible d'envisager de convoquer de façon indépendante une conférence de la jeunesse en fonction des ressources matérielles, des possibilités techniques, etc.

En tout cas, si le bureau de Stockholm est définitivement brisé, ce qui est parfaitement possible, il appartiendra au S.I., en accord avec les jeunes, de garantir l'existence à Paris d'un secrétariat provisoire.

  1. Le bureau de la jeunesse avait vécu depuis sa création dans un état de crise chronique. Les jeunesses de Suède, à qui la conférence de fondation avait confié le secrétariat, en avaient été absentes. Aussi sa direction avait‑elle confié son mandat aux jeunesses du groupe norvégien Mot Dag. Quelques mois plus tôt, au lendemain de la conférence de I'I.A.G., Trotsky, mécontent de l'hégémonie exercée dans le bureau par le représentant du S.A.P., Willy Brandt, avait demandé que Walter Held, le représentant de la L.C.I. au bureau, soit mandaté pour exiger une réorganisation comportant notamment l'élargissement du bureau aux représentants de la jeunesse du R.S.A.P., la R.S.J.V., et aux jeunesses socialistes françaises. Depuis, cependant, la situation semblait s'être modifiée. En effet, le Mot Dag, qui se rapprochait très vite des positions politiques du D.N.A. depuis l'accession de ce dernier au pouvoir en Norvège, avait en outre approuvé les déclarations de Staline à Pierre Laval et se félicitait du tournant des sections de l'I.C. vers la défense nationale. Held avait immédiatement proposé une lettre du bureau aux jeunesses suédoises exigeant qu'elles désavouent le Mot Dag et retirent le mandat qu'elles lui avaient confié. Willy Brandt avait accepté de signer cette lettre.
  2. Le groupe Mot Dag s'était créé au sein du D.N.A. dans le début des années vingt, sur la gauche, autour du journal du même nom. Il avait participé à la conférence de Paris des partis socialistes de gauche en 1933, et Trotsky ‑ qui avait rencontré en 1932 à Copenhague son dirigeant Erling Falk ‑ espéra un moment le gagner au bloc des quatre. Mais en 1935, Falk, gravement malade, était sur le point de mourir et son groupe se décomposait très vite, adhérant aux positions social-patriotes et se rapprochant du D.N.A. Le groupe Mot Dag avait refusé toute participation de Held à son activité en Norvège.
  3. Heinz Epe, dit Walter Held, au printemps de 1934, s'était fixé en Norvège pour participer aux activités du bureau de la jeunesse où il était le représentant de la L.C.I.