Catégorie | Modèle | Formulaire |
---|---|---|
Text | Text | Text |
Author | Author | Author |
Collection | Collection | Collection |
Keywords | Keywords | Keywords |
Subpage | Subpage | Subpage |
Modèle | Formulaire |
---|---|
BrowseTexts | BrowseTexts |
BrowseAuthors | BrowseAuthors |
BrowseLetters | BrowseLetters |
Template:GalleryAuthorsPreviewSmall
Special pages :
Thèses de Colquri - San José
Auteur·e(s) | Guillermo Lora |
---|---|
Écriture | 12 juillet 1958 |
La Fédération Syndicale des Travailleurs Miniers de Bolivie doit se placer à la tête du peuple bolivien
Programme de revendications immédiates proposé par les syndicats de Caracoles, Viloco, Santa Fe. Approuvé par l'Assemblée du Congrès des travailleurs de l'industrie minière de Bolivie, le 13 juillet 1958
Introduction
1 Nous sommes entrés dans une période d'ascension révolutionnaire des masses, dans laquelle le prolétariat minier occupe l'avant-garde. La différence de rythme dans la marche des exploités est si extrême qu'elle risque d'isoler la FSTMB du reste du pays. Les villes se réveillent à peine de leur léthargie. La campagne est entrée très tard dans une phase de profonde dépression, et est loin de l’avoir surmontée. Cet état de fait permet même aux latifundistas de récupérer une partie de leur pouvoir économique.
2 Nous évoluons vers un plan supérieur de l’ascension. La majeure partie du prolétariat s'émancipe du contrôle du parti petit-bourgeois, et cherche à résoudre ses problèmes en recourant à ses organisations et à ses propres forces, ce qui doit être accentué et généralisé.
3 La tâche politique la plus importante du moment est d'élever le gros des masses au niveau des mineurs, et de convertir la FSTMB en une direction du mouvement syndical, en une direction de la nation révolutionnaire.
4 L’actualité recommande d'adopter une plate-forme de revendications qui serve de véritable fondement à l'unité des organisations syndicales, des exploités, et de l'ensemble du pays. L'expérience montre que les divisionnistes au service du gouvernement actuel n'ont qu'un moyen de les écraser : s’assurer du soutien de certains secteurs de travailleurs trompés par un programme de revendications juste.
Politique classiste et unité ouvrière
1 La fédération des mineurs n'est pas apolitique - cette position ne peut que profiter à la Rosca - elle est révolutionnaire et classiste et n’a rien à voir avec les secteurs, qui, directement ou indirectement, servent la réaction. Elle préconise que les syndicats ne deviennent pas des agences des partis, même s'ils sont au pouvoir et se disent révolutionnaires. La FSTMB ne soutient pas l'apolitisme, mais une politique indépendante de classe.
2 Le syndicat est la forme élémentaire du front uni de classe. Les tendances les plus diverses des travailleurs et des religions coexistent en son sein, à la seule condition que celles-ci s'inspirent des principes révolutionnaires. La FSTMB reconnaît la plus grande démocratie syndicale comme norme organisationnelle de base. Personne ne peut être persécuté ni expulsé pour ses idées politiques, si celles-ci sont subordonnées aux intérêts des exploités.
3 La FSTMB peut former des fronts politiques avec des tendances ou des partis ouvriers qui s'identifient à ses intérêts historiques, et peut prendre des engagements avec d'autres secteurs du monde du travail. Ce comportement doit être subordonné à la nécessité de préserver la révolution bolivienne de la menace de l'impérialisme yanquee et de la réaction.
4 L'unité de la classe ouvrière est un besoin urgent pour gagner les batailles futures. Cette unité sera structurée de bas en haut. La FSTMB appelle tous les secteurs du monde du travail à forger un front de granit, contribuant ainsi au développement des mouvements populaires et de la libération nationale, et s'appuyant sur la présente plate-forme de revendications. La FSTMB doit devenir le pilier de soutien le plus important de la CENTRAL OBRERA BOLIVIANA (COB). La centrale ouvrière doit être révolutionnaire, totalement démocratique et débureaucratisé.
Les ouvriers et les plans gouvernementaux
1 Le comportement anti-national du gouvernement actuel se heurte lentement aux travailleurs, qui cherchent à consolider ce qu'ils ont réussi à surmonter. L'évolution politique aboutit à la configuration de deux domaines clairement définis : a) le gouvernement soumis aux intérêts impérialistes et bourgeois et b) le mouvement ouvrier qui cherche à ce que le processus bolivien consolide la libération nationale et sociale. Les bases des syndicats se sont formées depuis longtemps dans ce dernier secteur, et il incombera aux cadres de leur direction de s’orienter correctement dans un tel antagonisme.
2 Le gouvernement actuel est anti-populaire, parce qu'il s'efforce de mettre en œuvre une politique contraire aux intérêts fondamentaux du pays. Le mouvement syndical ne peut être tenu pour responsable de tels excès puisqu'il n'a été consulté, ni aucune de ses propositions pris en compte.
Les plans économiques du gouvernement, qui causent tant de malaise au peuple bolivien, ont été imposés par l'impérialisme américain. L’essence de ces plans, principalement le plan dit de stabilisation monétaire, n’est rien de moins que la réduction des coûts de production, la diminution des salaires et traitements réels, et la réduction du nombre de travailleurs employés, c’est-à-dire l’accentuation du chômage. Dès le début, les travailleurs organisés ont répudié de telles mesures, et ont montré que leur volonté était de lutter contre l'impérialisme et contre ceux qui sont ses serviteurs dans le pays.
3 Si la politique du gouvernement est contraire aux intérêts des travailleurs et du pays et si elle a été imposée contre leur volonté, il est clair que leur lutte ne peut être subordonnée au maintien, ou à la simple réforme des plans impérialistes. En réalité, c'est le plan de l'agent impérialiste Eder qui a été strictement rejeté par les travailleurs et, en premier lieu, par le FSTMB. Ce serait donc une contradiction de subordonner notre lutte pour de meilleurs salaires à un plan que nous avons répudié. La stabilisation monétaire a été établie par l’impérialisme et le gouvernement, comme une question de vie ou de mort. Les mineurs ont répondu que nous ne sommes pas opposés à ce que le pays ait une monnaie forte et stable. Plus, nous voulons un tel taux monétaire, sachant qu'il ne s'agit que d'une simple mesure de la valeur ; mais, réalistes comme nous le sommes, nous soutenons que la stabilisation monétaire dépend d'une augmentation effective des taux de production. Le bien-être économique et la stabilisation sont subordonnés aux facteurs suivants: a) l’obtention de prix compensatoires pour nos matières premières, qui sont liés, au moins, aux coûts de production; b) réaliser la diversification de l'industrie minière, par l'installation de fours de fusion, d'installations de concentration et d'enrichissement, en prenant en outre toutes les mesures souhaitables dans cet ordre; e) expansion de la production vers de nouvelles lignes économiques; d) commercialisation de nos matières premières avec tous les pays et principalement avec ceux du bloc soviétique.
La FSTMB déclare qu'elle n'est pas responsable du plan de stabilisation monétaire, qui n'est pas son œuvre, et n'a pas à le défendre. Nous luttons pour de meilleures conditions de vie, car nous ne pouvons permettre à la misère de détruire le foyer prolétarien et de donner lieu à la prostitution des dirigeants syndicaux.
L'impérialisme est vivement intéressé par la stabilisation monétaire, car il facilite l'exploitation des sources de matières premières et rien de plus logique que de le financer entièrement. Il est temps de lui dire d'arrêter de faire pression, d'imposer ses plans de pillage au gouvernement, et de décharger tout le poids de la crise économique sur le dos de la classe ouvrière et de la majorité de la nation.
4 L'impérialisme a imposé ses plans au gouvernement du MRN, et à travers lui, il exploite impitoyablement le pays. Les mineurs ne veulent rien avoir à faire avec la livraison de pétrole, d'or, de zones forestières. Nous dénonçons les arguments avec lesquels ils essayent de justifier la vente du pays à l'impérialisme comme une imposture, à balayer et à combattre.
La lutte pour notre libération ne peut qu’être liée à la lutte pour la défense des sources de matières premières, et pour arracher le pays à l'oppression impérialiste. Nous sommes les champions de la libération nationale, et c'est pourquoi nous combattons les attitudes de soumission. C'est notre volonté de défendre le pétrole et de renforcer l’YPFB. (entreprise nationalisé).
Les milices armées
1 L'armement du prolétariat et des paysans est l'une des grandes conquêtes de notre classe, et en particulier des mineurs. La révolution n'a pas de plus grandes garanties ni défense que les milices ouvrières. C'est pourquoi l’homme de la droite Siles Zuazo et l'impérialisme se battent si obstinément pour détruire les milices et réorganiser l'armée des massacreurs. La FSTMB déclare qu'elle luttera contre les projets visant à réorganiser l'armée et toute autre organisation similaire. La seule armée dont nous avons besoin est celle basée sur les milices armées d'ouvriers et de paysans.
2 Les milices doivent être renforcées, leur commandement centralisé et leur discipline doivent être fondés sur la conviction politique de classe la plus profonde. La FSTMB armera les travailleurs et, en même temps, les renforcera idéologiquement en leur apportant une délimitation de classe. L'éducation syndicale et politique des travailleurs doit être l'une des tâches les plus importantes de notre organisation.
3 La FSTMB ne cessera pas de lutter pour la dissolution totale des milices gouvernementales dans les centres ouvriers, qui agissent comme des organisations typiquement fascistes et antisyndicales.
4 Le FSTMB organisera un musée social sur l'histoire de la lutte des classes en Bolivie et publiera un bulletin d'information mensuel d’éducation de classe.
La situation économique des travailleurs
1 La misère des ouvriers a atteint son expression extrême. La famille prolétarienne court le risque d’être détruite par la faim ; Beaucoup de camarades de combat sont corrompus par le gouvernement, car ils ne peuvent plus apporter de pain à leurs enfants. Le chômage aggrave encore plus ce tableau, déjà sombre en soi.
2 Sur la base des accords de Pulacayo et de Potosí, le FSTMB se bat pour concrétiser l'augmentation des traitements et salaires, déterminant ainsi un salaire de base vital, complété par le régime de l'échelle mobile des salaires. Si le gouvernement a gelé les salaires pendant deux ans, il a montré son incapacité à mettre un terme à la course rapide de la hausse des prix. Le salaire réel diminue constamment, et parallèlement, la pauvreté des travailleurs s’aggrave.
3 Nous déclarons que le chômage est le fléau honteux qui afflige le mouvement ouvrier. En conséquence, des efforts doivent être déployés pour empêcher, par la mobilisation des travailleurs, la fermeture ou la paralysie de mines ou d'usines. La FSTMB propose l'exploitation des minerais de zinc, de cuivre, de plomb, d'antimoine, de bismuth et de matières radioactives par l'État, en interdisant son acheminement vers les grandes entreprises impérialistes. Les zones destinées à la réserve fiscale doivent être intégrées à la Comibol.
4 Le FSTMB conquerra la prime d'ancienneté en faveur de tous les travailleurs des mines, à titre d'avantage pour le mineur âgé, et un barème progressif sera mis en place.
Défense des conquêtes sociales
1 Pour avancer de nouvelles revendications, nous devons savoir défendre nos conquêtes. La FSTMB établit la solidarité comme règle de conduite vis-à-vis de tout secteur du travail qui se bat pour le maintien et la défense des acquis sociaux. La solidarité des travailleurs est un principe sacré.
2 Le gouvernement anti-travailleurs de Siles est fermement intéressé à la liquidation du contrôle dans les mines, le tout pour satisfaire les souhaits de l'impérialisme. La FSTMB recourra à tous les moyens pour défendre et perfectionner le contrôle ouvrier.
3 Le droit de veto, en faveur du contrôle ouvrier sera généralisé, quelle que soit la branche d’activité.
4 Les mineurs dénoncent les insuffisances des services et prestations sociales accordées par la caisse nationale de sécurité (CNSS) et soulignent que le fait pour l'État de ne pas respecter leurs contributions et de permettre aux employeurs de contourner les obligations indiquées par la loi est criminel. Le FSTMB va conquérir au sein de la CNSS le droit de veto des représentants des travailleurs. On doit combattre pour l’autonomie de la CNSS, car l’ingérence du gouvernement anti-ouvrier dans son administration provoque plus de perturbations que d’avantages. La CNSS doit être gérée par les assurés, et libérée de la bureaucratisation.
5 Parallèlement, la FSTMB préconise la tenue d'une conférence nationale de tous les travailleurs du pays afin d'examiner conjointement les problèmes de sécurité sociale, afin de s'informer des carences de l'administration actuelle et, surtout, pour que les travailleurs connaissent en détail la situation financière de la CNSS. Par la suite, les réformes seront formulées en fonction des besoins.
Unité avec le mouvement révolutionnaire mondial
1 La FSTMB déclare qu’elle se solidarise avec le mouvement ouvrier et révolutionnaire du monde entier. Elle cherchera à établir des liens étroits avec toutes les organisations similaires dans tous les pays, et encouragera l'échange de relations syndicales sans aucune discrimination.
2 L’internationalisme prolétarien est la conséquence de la nature même du régime capitaliste. La lutte contre l’oppression impérialiste exige l’unité des exploités du monde entier.
3 La révolution bolivienne doit établir des relations diplomatiques et commerciales avec tous les pays du monde, sans exception. La libre commercialisation de nos minéraux est une forme de défense de la nationalisation des mines.
4 Les problèmes aigus de la révolution bolivienne ne peuvent totalement être surmontés dans le cadre des limites nationales et doit être formulé, au moins, dans le cadre continental. Le triomphe des mouvements de libération national dans n’importe quelle partie du monde consolide la révolution bolivienne plus que toutes manœuvres diplomatiques.
Colquiri-San José, 12 juillet 1958