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Special pages :
Sur la maladie et la mort de Lénine
Auteur·e(s) | Nikolaï Semachko |
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Écriture | 7 février 1924 |
[Source : « L’Intransigeant », jeudi 24 janvier 1924, p.1.]
Sémachko, Commissaire de la Santé publique à Moscou, vient de faire les déclarations suivantes sur la maladie qui enleva Lénine :
Les symptômes du mal apparurent à la fin de 1923. La première grande consultation de médecins eut lieu en mars 1922, la dernière date seulement du 15 janvier 1924.
Pendant les deux dernières années, vingt-cinq des plus célèbres professeurs ont soigné Lénine. Durant tout ce temps, il y eut une seule période d’amélioration, en novembre 1922, quand Lénine, revenu à l’activité politique, put prononcer trois importants discours-programmes.
L’affection organique du cerveau qui l’emporta avait été découverte en mai 1922. Puis, les attaques de paralysie se répétèrent de plus en plus fréquemment. Le 9 mars 1923, une attaque plus forte que les autres lui enleva l’usage de la parole et atteignit toute une moitié de son corps. On crut alors qu’il mourrait. Cependant, vers le milieu de mai, il fut transporté à Gorki [1] , aux environs de Moscou, et sa santé se rétablit peu à peu. Il commença à apprendre à écrire de la main gauche, fit des exercices progressifs pour recouvrer l’usage de la parole, d’abord sous la direction de ses médecins, puis aidépar sa femme, Kroupskaïa, qui ne l’a pas abandonnéun instant jusqu’à sa mort.
En septembre, Lénine pouvait déjà gravir un escalier en se tenant à la rampe sans besoin d’aide étrangère ; il marchait dans la maison, appuyé sur une canne, avait repris ses promenades en fauteuil à roulettes. Il fit même en forêt des promenades plus longues en automobile et suivit des chasses en traineau. Le jour de Noël, un arbre fut préparé pour les enfants des paysans, et Lénine joua avec eux. Le 21 janvier [1924], il était frappé d’une dernière attaque qui dura une heure, pendant laquelle il resta sans connaissance. À 6h50, une paralysie des voies respiratoires le saisit en même temps que sa température s’élevait jusqu’à 42,3°. À ce moment, le professeur allemand Förster et deux médecins russes se trouvaient auprès de Lénine.
L’autopsie a révélé une artériosclérose à l’état aigu. C’est une maladie héréditaire dans la famille de Lénine – son père en était décédé au même âge, et sa mère en a souffert également. La fatigue intense du travail qu’il s’imposa augmenta ses prédispositions et son artériosclérose est exclusivement due à l’usure.
Tous les docteurs s’étonnent que Lénine, aussi profondément atteint, put encore lire les journaux, s’intéresser aux événements. La rupture des vaisseaux sanguins cervicaux fut la dernière atteinte qui détruisit enfin l’équilibre si fragile et si miraculeusement conservé de ses facultés mentales. Le poids de sa cervelle s’élève à 1.340 grammes.
L’insouciance de Lénine envers sa santé, son travail intellectuel surhumain, la vie agitée qu’il a menée sans cesse, la perpétuelle tension nerveuse où il s’est tenu l’ont conduit à la mort.
***
Bulletin de l’autopsie du corps de Lénine
Moscou, 23 janvier 1924
L’autopsie faite le 22 janvier à 14 heures a révélé des altérations importantes dans les artères cérébrales et une hémorragie récente des vaisseaux méninges dans la région des tubercules quadrajumeaux, ce qui a été la cause immédiate de la mort.
Signé : Förster, Ossipov, Abukosov, Déchine, Bunak, Geftier, Elistratov, Rozanov, Obukh, Weissbrot, Sémachko.
- ↑ Il s’agit de la seconde résidence de Lénine à Gorki (aujourd’hui appelée Gorki Leninskiye, littéralement : « Les collines Lénine »), localité située à 35 Km au sud de Moscou. Lénine y meurt le 21 janvier 1924.