Staline dissout le Komintern. La IVe Internationale mènera le prolétariat à la victoire !

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche

Sur l’ordre de Staline, le présidium de l’IC vient de dissoudre le Comité exécutif du Komintern : ainsi, les Thorez, les Gottwald répudient officiellement l’héritage de Lénine ; ils renient solennellement son enseignement essentiel, l’internationalisme militant ; ils rompent cyniquement avec tout le passé du mouvement prolétarien et révolutionnaire : avec la tradition du « Manifeste communiste », appelant les prolétaires de tous les pays à s’unir ; avec la tradition de la Première Internationale proclamant la nécessité d’une organisation et d’une action mondiale commune du prolétariat ; avec la tradition de la IIe Internationale, érigeant le 1er Mai en journée internationale de mobilisation prolétarienne ; avec la tradition de Zimmerwald et de Kienthal, mobilisant les masses pour la lute internationale et révolutionnaire contre la guerre ; avec le programme inscrit dans le serment du soldat de la République internationale des soviets.

Staline fossoyeur de l’Internationale[modifier le wikicode]

Staline met ainsi le point final à son œuvre de liquidation de l’Internationale, enterrée en 1934 sous les auspices du « socialisme dans un seul pays ». Grand organisateur de la défaite en Angleterre en 1926, en Chine en 1927, en Allemagne en 1933, Staline, après avoir fait de l’Internationale un instrument passif dans les mains de Moscou et avoir livré la direction des parts aux éléments les plus médiocres et les plus serviles, a ravalé, au lendemain de la défaite sans combat du part allemand, le Komintern au rôle d’un instrument diplomatique pur et simple dont l’orientation change selon les manœuvres tortueuses du Kremlin, passant du vote des crédits militaires à un sabotage dépourvu de toute perspective révolutionnaire pour revenir à un chauvinisme déchaîné, suivant que Staline s’alliait à Laval, à Hitler ou à Roosevelt. Non seulement l’Internationale communiste renonçait à sa raison d’être, la lute pour la révolution mondiale, mais encore elle engageait une lute sanglante contré ceux qui entendaient rester fidèles au drapeau de Lénine : les seules victoires que Staline puisse inscrire sous son drapeau depuis vingt ans, c’est la terreur contre les révolutionnaires en Espagne, le massacre des vieux bolcheviques russes, ce sont les crimes de la Guépéou, c’est l’assassinat de Léon Trotsky.

Mais même ainsi asservie, réduite au rôle d’instrument de la contre-révolution, l’Internationale restait gênante. Par sa seule existence, elle impliquait une tactique unique à l’échelle internationale ; elle gênait les manœuvres tortueuses, inquiétait la bourgeoisie ; son existence même contraignait les agents de Staline à une phraséologie radicale. Le Kremlin avait besoin de dicter à chaque part séparément une politique « nationale » particulière, c’est-à-dire une politique conforme aux desseins diplomatiques particuliers de Staline. Pratiquement, l’Internationale était réduite à un rôle de parade ; alors que de 1919 à 1922, quatre congrès de l’IC s’étaient tenus à Moscou, ce iut seulement au bout de trois ans que se réunit le Ve et au bout de trois ans encore le VIe. Quant au VIIe, il fallut attendre sept ans sa réunion, bien que durant ces années le sort de la révolution se jouât en Allemagne. Depuis 1935, l’IC a cessé de se manifester en tant que guide mondial du prolétariat depuis la guerre, en dépit de juin 1936, en dépit de la Révolution espagnole, en dépit du pacte germano-soviétique, en dépit de la guerre : non seulement le Comité exécutif lui-même n’a pas trouvé nécessaire de se réunir, mais encore la seule manifestation du présidium au cours de quatre années de carnage impérialiste aura été l’acte de dissolution du Komintern. Rien ne saurait démontrer plus clairement que la décision de Staline ne fait que couronner la politique menée par Moscou depuis des années : l’acte de dissolution de l’IC ne fait que constater une mort survenue depuis bien longtemps ; Staline lance la dernière pelletée sur un cadavre entré en putréfaction il y a des années déjà.

Aussi bien Staline a-t-il dû iouler aux pieds sa propre légalité pour poignarder dans le dos l’Internationale : les statuts qu’il a fait lui-même adopter au VIe Congrès du Komintern prévoient formellement que seul le congrès de l’IC a pouvoir de modifier les statuts. Et quelques laquais de Staline, qui depuis longtemps ont perdu tout contact réel avec le mouvement ouvrier combattant et soufrant, se permettent de décider de leur chef la modification la plus grave, de trancher de la vie et de la mort de l’Internationale ! Des centaines de milliers, des millions d’hommes donnent leur sang, soufrent dans les bagnes, sacrifient tout pour une cause qu’ils croient la leur. Et la bureaucrate stalinienne, avec un cynisme monstrueux, brise l’objet de tous leurs espoirs, la raison de toutes leurs lutes. « L’Internationale n’est pas à vous, leur dit-elle, elle est à moi, c’est ma chose, que je peux à mon gré manœuvrer et mener, briser et détruire. » Elle démontre ainsi une fois de plus qu’elle n’a rien de commun avec les soucis et les peines, les aspirations et les espoirs du prolétariat mondial, qu’elle constitue une couche parasitaire dans l’organisme de l’Etat ouvrier et le mouvement révolutionnaire. Aucune argutie juridique ne peut dissimuler ce fait : en prenant sa décision derrière le dos du mouvement communiste mondial, seul juge véritable de l’existence de l’Internationale, Staline n’a pas seulement prouvé une fois de plus que ses phrases sur la défense de la démocrate ne sont qu’une affreuse duperie, il a encore cyniquement et délibérément avoué que le mouvement ouvrier n’est entre ses mains qu’un instrument destiné à servir les intérêts particuliers de la bureaucrate. Staline ne peut pourtant pas rompre les derniers liens qui l’attachent avec le marxisme-léninisme, avec l’internationalisme révolutionnaire, sans chercher à duper une fois de plus le prolétariat. Une fois de plus, il falsifie cyniquement l’histoire et la théorie pour tenter de 3 présenter son geste contre-révolutionnaire comme le nec plus ultra de la tactique révolutionnaire ; il cite l’exemple de Marx et de la Première Internationale, il prend argument de la maturité politique des sections de l’Internationale, il invoque les modifications de la situation internationale. Ce sont là autant de sophismes opportunistes, autant d’insultes à la mémoire de Lénine, de tous ceux qui ont combattu et sont tombés sous le drapeau de la IIIe Internationale.

Les arguments de Staline[modifier le wikicode]

La Première Internationale, minée intérieurement par l’action liquidatrice des « bakouninistes » et l’incompréhension théorique des « blanquistes », sombre définitivement dans les vagues de la réaction soulevée par la défaite de l’héroïque Commune de Paris. Marx et Engels n’ont pu alors qu’enregistrer la dislocation de l’Internationale, survenue indépendamment de leur volonté. Mais même alors, ils n’auraient pas consent à ce geste s’ils n’avaient été convaincus que le capitalisme avait encore devant lui toute une longue période de développement progressif.

Tout cela, Staline ne le dit pas. Il ne peut pas le dire. Non seulement parce que ce serait avouer que sous sa direction l’Internationale n’a subi que des défaites, mais encore parce qu’il faudrait expliquer pourquoi, au moment où il est évident à l’ouvrier le moins éduqué que le capitalisme se débat dans les affres de l’agonie, la bureaucrate liquide le part mondial qui devait être le fossoyeur du capitalisme. Il faudrait avouer que la couche de bureaucrates enrichis qu’incarne Staline a lié son sort au statu quo capitaliste, qu’elle ne craint rien tant que la révolution prolétarienne mondiale qui, en accélérant formidablement le développement des forces productives, rendrait inutile en Russie même la gestion bureaucratique.

C’est une dérision sans pareille de parler de la maturité politique des sections de l’IC, car cette maturité ressemble à s’y méprendre à la pourriture. Mûrs les partis défaits d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, qui n’ont pas été capables d’écrire une seule ligne pour tirer les leçons de leurs défaites ? Mûrs les parts anglais et américains qui ont été incapables d’arracher au réformisme les masses ouvrières ? Mûrs les parts coloniaux qui voient les masses se détourner chaque jour davantage des martyrs inconnus à la cause de De Gaulle ? Mûrs ces parts le sont pour passer définitivement sous le drapeau du réformisme et de l’impérialisme. Quelle section de l’Internationale d’ailleurs peut se vanter d’avoir produit un seul théoricien sérieux, d’avoir mis à jour la moindre étude économique ou historique, d’avoir enrichi la stratégie et la tactique prolétariennes ? Toute la littérature stalinienne mondiale est-elle autre chose que la répétition des mêmes banalités mencheviques, accommodées sans le moindre talent au goût du jour ?

Mais cet argument aux allures victorieuses n’est là que pour dissimuler l’abandon cynique des positons léninistes dans la question de l’Internationale. L’Internationale n’est pas seulement nécessaire pour établir dans la lute l’unité de iront du prolétariat des différents pays contre la bourgeoisie des différents pays. Elle est nécessaire parce qu’à l’époque du capitalisme financier l’organisation de la production forme un tout à l’échelle mondiale, parce que c’est un même ennemi que le prolétariat doit combattre dans tous les pays, parce que son but, partout, doit être aussi unique : les Etats-Unis socialistes du monde. C’est parce que la lute est aujourd’hui la lute du prolétariat mondial contre l’impérialisme mondial, et pour le règne mondial du socialisme, que le prolétariat a besoin d’un part mondial unique. L’Internationale n’a pas pour rôle de conseiller et de guider ; elle a pour rôle de diriger. Sa direction est l’organisme collectif dans lequel les représentants des différents parts prennent en commun des décisions qui sont valables pour tous les parts. Renoncer à cette direction collective en invoquant la maturité des différents parts nationaux, c’est avouer que les différents parts ont renoncé définitivement à la lute contre l’impérialisme mondial et pour la révolution mondiale.

Fidèle à la plus pure tradition opportuniste, Staline prétend naturellement que la situation a changé depuis Lénine. Mais il ne daigne pas fournir la moindre explication sur ces changements. L’impérialisme aurait-il cessé d’être le stade suprême du capitalisme ? La domination du capital financier a-t-elle cessé de précipiter l’humanité dans une période de guerres et de révolutions ? La rupture des entraves que le capitalisme impose à la production n’est-elle plus nécessaire ? La révolution n’est-elle plus à l’ordre du jour ? Le monde capitaliste a-t-il brusquement cessé d’être fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme ?s Le profit a-t-il cessé d’être son moteur économique ?s Staline ne dit pas un mot là-dessus et pour cause. Tout le déroulement de la guerre actuelle n’a-t-il pas montré que c’est pour un nouveau partage du monde, pour une nouvelle répartition du profit capitaliste entre les trusts que l’on se bat ?s Tous les événements des trente dernières années n’ont-ils pas fait la preuve que hors du socialisme il n’y avait pas de voie de progrès pour l’humanité ?s La vérité, c’est qu’il n’y a rien de changé au monde capitaliste ; ce qui est changé, c’est l’attitude de l’Internationale communiste en face de lui : à l’irréductible position révolutionnaire de Lénine succède la capitulation opportuniste de Staline.

Mais si les pronostics scientifiques de Marx et de Lénine sur l’avenir de la société capitaliste et la nécessité du socialisme se sont avérés exacts, alors aucune modification secondaire de la situation, quelle qu’elle soit, ne saurait autoriser Staline à briser l’instrument essentiel de la lute du prolétariat, l’Internationale révolutionnaire.

Pas davantage, l’évolution des rapports de forces mondiaux entre le prolétariat et la bourgeoisie ne saurait apporter la moindre justification valable à Staline. Si la classe ouvrière marchait partout victorieusement vers le socialisme, si elle était près du but, rien ne justifierait une telle mesure. Lorsque Staline dit que la situation a changé, il avoue de la façon la plus hypocrite qu’il n’a su conduire le prolétariat que de défaites en défaites. Mais pas plus que les victoires, les défaites ne sauraient justifier la disparition de l’Internationale. L’Internationale communiste n’est-elle pas née au milieu des pires défaites et des pires difficultés, en mars 1919 ? Les armées blanches étaient victorieuses sur tous les fronts ; les alliés organisaient le cordon sanitaire ; la révolution spartakiste venait d’être écrasée à Berlin. Nombreux furent les délégués qui ne purent aller à Moscou. Pendant des mois, le Comité exécutif iut coupé de toutes communications avec ses sections. Il n’en remplit pas moins sa tache, s’adressant en chaque circonstance importante, parfois par les voies les plus détournées et les plus incertaines, au prolétariat mondial, conseillant, dirigeant, guidant les sections, organisant la lute révolutionnaire mondiale. Et c’est en définitive l’action communiste mondiale, la menace de la révolution dans tous les pays de l’Europe occidentale qui sauva l’URSS, qui permit à l’Internationale de s’affermir.

Staline livre l’URSS à l’impérialisme américain[modifier le wikicode]

En définitive, Staline ne peut pas invoquer, pour justifier la dissolution du Komintern, autre chose que des raisons diplomatiques. L’alliance de l’URSS avec l’impérialisme anglo-saxon impose la liquidation de l’Internationale, la renonciation à la propagande révolutionnaire dans les pays démocratiques. Mais qui ne voit qu’un pareil argument est un terrible aveu de faiblesse de la part de la bureaucrate russe ? Malgré les résultats atteints dans le domaine de l’armement grâce à la nationalisation de l’industrie et à la planification, malgré l’héroïsme des ouvriers et des paysans russes levés pour la détense de l’héritage d’Octobre, la bureaucrate n’a donc réussi qu’à mener l’URSS au bord de l’abîme: l’insuffisance de la production des biens de consommation, la mauvaise qualité de la production, l’infériorité dans les fabrications de précision, la crise agraire, tout cet héritage de la gestion bureaucratique, ce passif qui devait résulter nécessairement de la tentative de construire le socialisme isolément, dans un pays arriéré, tout cela pèse aujourd’hui d’un poids redoutable. Ce n’est pas seulement la population civile, c’est l’armée elle-même qui a besoin de vivres, de vêtements, de chaussures, de produits pharmaceutiques ; c’est l’industrie d’armement, c’est l’industrie du pétrole qui ont besoin de machines. La bureaucrate est prise à la gorge : pour se défendre contre la tentative de conquête de l’impérialisme allemand, elle est obligée de capituler devant l’impérialisme américain. Telle est l’amère vérité que cachent les phrases sur les nécessités diplomatiques. Staline s’est incliné devant l’ultimatum de M. Wallace. Il a renoncé définitivement à la « conception trotskyste de la révolution mondiale ». Mais le programme de contre-révolution de l’impérialisme ne s’arrête pas aux frontières de l’URSS. Au contraire, l’existence d’un Etat prolétarien, si dégénéré soit-il, en face du monde capitaliste, constitue un défi permanent à la bourgeoisie, en même temps qu’il offre une proie tentante aux grands monopoles en quête de matières premières, de débouchés et d’investissements.

Le but de l’impérialisme américain, ce n’est pas seulement de briser le mouvement révolutionnaire mondial, c’est, par les méthodes de la pénétration économique, de la pression diplomatique et politique, de restaurer en URSS la domination du capitalisme. La liquidation du mouvement ouvrier dans le monde prépare pour lui la liquidation de l’Etat ouvrier russe. En brisant le mouvement communiste international, Staline ouvre la voie à la liquidation de l’économie collectiviste en URSS par le capitalisme.

En définitive, aucune combinaison diplomatique ne saurait justifier la dissolution de l’Internationale. L’Union soviétique n’a en effet qu’un allié véritable : le prolétariat international. Staline jette à bas le seul rempart qui soit capable aujourd’hui de s’opposer efficacement à la conquête de l’URSS par le capitalisme.

Assez de trahisons ![modifier le wikicode]

Ainsi, il n’est pas un seul argument invoqué par Staline qui puisse justifier son acte. Une fois de plus, il s’avère que les phrases « réalistes » sur la tactique ne visent qu’à masquer l’abandon des principes. Depuis vingt années, Staline dupe et trompe les ouvriers du monde enter en invoquant les nécessités de la tactique. Tactique, l’alliance avec la bureaucrate et le Comité syndical anglo-russe, qui, en 1925, conduisit à l’échec de la grève générale des mineurs anglais. Tactique, le bloc des quatre classes et le Kuomintang qui conduisit à l’écrasement sanglant de la révolution chinoise en 1925. Tactique encore l’inepte formule qui, sous prétexte de dresser «classe contre classe », identifiait la socialdémocrate avec le fascisme et a empêché l’unité du iront prolétarien contre Hitler en 1933. Tactique encore le Front populaire qui, sous prétexte d’union avec la pette bourgeoisie, a soumis le prolétariat aux politiciens libéraux, aux exploiteurs impérialistes de la pette bourgeoisie et du prolétariat, brisé l’assaut révolutionnaire de Juin 36, liquidé en mai 1937 la révolution espagnole sur les barricades de Barcelone et finalement ouvert la porte à Franco et Pétain. Tactique encore le défaitisme sans phrases, le sabotage militaire dépourvu de toute perspective révolutionnaire qui, en 1940, a conduit à la victoire de Hitler. Tactique toujours le pacte germano-soviétique qui a permis à Hitler de vaincre à l’Ouest, puis de se retourner contre l’URSS avec les forces de l’Europe entière. Tactique, le soutien ouvertement accordé en France, en Belgique, en Hollande en 1940 à la démagogie hitlérienne. Tactique l’union avec la bourgeoisie dans le Front national qui, de la Yougoslavie à Alger, ne fait que souder la réaction militaire et cléricale contre la classe ouvrière. La vérité, c’est que chacune de ces tactiques a constitué une nouvelle capitulation devant la bourgeoisie. Chacune de ces tactiques a about au pire désastre et au triomphe de la réaction antiouvrière.

Seul, en effet, un parti international du prolétariat, seuls des parts réellement bolcheviques peuvent, sur la base d’une fidélité inébranlable aux principes, utiliser dans l’intérêt du prolétariat les contradictions du capitalisme et pratiquer efficacement les tactiques les plus audacieuses.

Lénine traitait en 1918 avec l’officier monarchiste de Lubersac et acceptait, contre la menace pressante de l’impérialisme allemand, « les pommes de terre et les armes » de l’impérialisme français. Léon Trotsky signait quelques mois plus tard avec l’impérialisme allemand le traité de Brest-Litovsk. Tchitchérine enfin signait avec l’Angleterre le traité de Rapallo. Mais à aucun d’eux il ne serait venu un seul instant à l’idée d’appeler le prolétariat allemand, français, américain ou anglais à cesser la lute contre sa propre bourgeoisie. Ils n’approuvaient pas, comme Staline le déclarait à Laval en 1935, les armements des pays capitalistes. Ils ne rejetaient pas, comme Staline, la lute de classes et le défaitisme dans les pays temporairement alliés à l’URSS. Au contraire, ils demandaient aux prolétaires de tous les pays, groupés sous le drapeau du spartakisme et du communisme naissant, de mener plus que jamais une lute impitoyable contre leur propre bourgeoisie. Ils proclamaient que l’Union soviétique, affaiblie et exsangue au milieu d’un monde capitaliste affamé de conquêtes et de profit, ne pourrait être sauvée que par la révolution mondiale. Telle est la distance infranchissable qui sépare la tactique de Lénine des trahisons de Staline. Les arguties juridiques, les arguments « réalistes » de Staline n’ont d’autre but que de tromper et de duper une fois de plus le prolétariat, que de dissimuler à ses yeux la vérité. Et cette vérité, c’est la rupture définitive avec les principes et le programme révolutionnaires, le passage sans retour de la bureaucrate stalinienne aux côtés de l’impérialisme dans la lute contre la révolution mondiale.

Il faut reprendre la tradition de Lénine et de Liebknecht[modifier le wikicode]

L’Internationale communiste est née de la lute contre la guerre impérialiste, dans le combat impitoyable contre le social-patriotisme et les réformistes de tout poil. Au drapeau du jusqu’auboutisme et du chauvinisme sous les plis duquel les Sembat et les Renaudel, les Vandervelde et les Mussolini, les Lensch et les Ebert, les Plekhanov et les Henderson demandaient aux prolétaires de tous les pays de s’entr’égorger, l’Internationale naissante opposait le drapeau de la lute de classe jusqu’au bout, de la lute infatigable pour le renversement du capitalisme. Face au drapeau de l’union sacrée, elle levait le drapeau de la guerre civile émancipatrice. Définissant sa tache, Zinoviev écrivait dès janvier 1915 : « Nous devons lever l’étendard de la guerre civile. Ou bien l’Internationale adoptera ce mot d’ordre, ou bien elle continuera à végéter misérablement. » Ces paroles, qui ont sonné il y a bientôt trente ans le glas de la IIe Internationale, constituent aujourd’hui le commentaire le plus éloquent à la dissolution de la IIIe Internationale. Staline a renoncé à lever le drapeau de la guerre civile mondiale contre la bourgeoisie, il l’a remplacé par celui de 8 l’union sacrée dans les pays démocratiques. Il condamne ainsi l’Internationale à « végéter misérablement ». Hier, le drapeau de l’Internationale communiste, c’était celui de Zimmerwald et de Kienthal, celui de la poignée d’hommes restés malgré tout fidèles à leur classe, restés fidèles au seul programme de progrès et d’humanité, le programme de la révolution socialiste. C’était celui de Lénine, de Trotsky, de Zinoviev, de Loriot, de Rosmer. C’était celui de Liebknecht proclamant, seul contre cent dix : « L’ennemi principal de chaque prolétariat est dans son propre pays. C’est sa propre bourgeoisie. » A ce drapeau, Staline a substitué les drapeaux dégoûtants de la démocrate impérialiste, les phrases creuses empruntées aux exploiteurs repus de Wall Street et de la Cité, aux bourreaux sanglants des Indes et de Cuba. A la doctrine de la lute de classes, il a substitué les bavardages de la Charte de l’Atlantique, destinés à recouvrir la volonté des trusts de contrôler les sources des matières premières et les marchés mondiaux, à justifier le droit pour les impérialistes vainqueurs de disposer des peuples. La dissolution de l’Internationale communiste consacre le passage de Staline dans le camp de l’impérialisme. Mais la décision de Staline n’est pas seulement le couronnement de vingt années d’abandon des principes et de capitulation devant l’impérialisme. Elle pose le problème de tout l’avenir de la révolution. Au moment où le monde capitaliste craque de toutes parts, où la guerre et la misère attisent la révolte des masses, au moment même où tout exige la révolution prolétarienne et où l’Internationale révolutionnaire doit plus que jamais se préparer à jouer son rôle, le geste de Staline constitue une véritable trahison, un coup de poignard dans le dos du prolétariat au moment même où il se prépare à la bataille. La bureaucrate choisit précisément l’heure où la guerre civile est imminente pour licencier l’armée de la guerre civile. Elle divise ainsi et disloque les rangs ouvriers, donne au capitalisme une chance suprême de survie, met de nouveaux obstacles au triomphe de la révolution qui seule pourtant pourrait sauver l’humanité de la barbarie et de la décadence et la conduire à nouveau dans la voie du progrès et de la civilisation.

L’heure de la révolution a sonné[modifier le wikicode]

Partout à travers le monde, l’armée de la révolution se lève et cherche à unir ses forces. Les peuples coloniaux se soulèvent contre l’oppression impérialiste. Les coolies de Chine, les paysans des Indes, les mineurs et les ouvriers noirs des chantiers africains, les pasteurs arabes jetés dans les enfers du pétrole, les prolétaires du Chili et de Colombie, les ouvriers agricoles d’Argentine, les cueilleurs de caoutchouc de l’Amazone, meurtris par la guerre, plus exploités que jamais, se préparent à en finir avec la domination du grand capital et à arracher l’indépendance nationale de leur pays au travers de la révolution sociale, de l’expropriation de l’impérialisme anglais, français, japonais ou américain, et de leur propre bourgeoisie, vendue à l’impérialisme. Désormais, l’impérialisme ne tolérera pas dans ces 9 pays la moindre équivoque de la part de Staline, exigera de lui qu’il soutienne à fond le régime de dictature barbare et d’exploitation éhontée du prolétariat et de la paysannerie. Les parts communistes deviendront alors les chiens de garde de l’impérialisme aux colonies. Ils s’acharneront à briser le mouvement de libération nationale des peuples coloniaux comme ils se sont acharnés, sous le Front populaire, à briser le Part du peuple algérien, à briser le mouvement des Comités d'action en Indochine. Déjà, depuis un an, aux Indes, le Part communiste, sous prétexte d’unité du iront démocratique, joue le rôle de briseur de grèves : comme si l’indépendance des Indes ne devait pas constituer la défaite la plus éclatante des oppresseurs de tous les pays.

Les masses coloniales rejetteront définitivement les parts du social-impérialisme traître : elles s’uniront sous le drapeau de la IVe Internationale, fidèle, du Mexique au Chili, de l’Indochine à Ceylan, de l’Union Sud-Africaine à l’Algérie, à la cause de l’émancipation des peuples coloniaux.

Trompées et dupées par leurs gouvernements, les masses des pays démocratiques croyaient luter pour plus de liberté et plus de bien-être. Or la guerre n’a apporté que le bâillon pour la presse et la censure, la limitation du droit de grève, sous la menace des fusils, la liquidation des institutions parlementaires elles-mêmes, la hausse des prix, la baisse des salaires réels, les longues semaines de travail ; pendant ce temps, les grandes entreprises financières accumulent d’énormes bénéfices, les éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie prennent l’offensive, les militaires et les techniciens conservateurs étalent leur incapacité. Le résultat, c’est plus de peine encore et plus de sang versé pour le prolétariat. Chaque nouveau jour de guerre montre plus clairement le fossé qui sépare le but de la guerre du prolétariat qui ne peut être que le socialisme, la révolution mondiale, des buts de la guerre réels de la bourgeoisie les phrases creuses de la Charte de l’Atlantique sont oubliées, elles font place à la pire des diplomates secrètes, au pire complot réactionnaire. Au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Churchill et Roosevelt, en accord avec Staline, ont substitué le droit de l’impérialisme à disposer des peuples ; à la répartition équitable des matières premières, ils ont substitué le monopole des grands trusts internationaux ; à la lute contre la tyrannie, ils ont substitué la lute « contre le désordre et l’anarchie », c’est-à-dire contre la révolution ; à la lutte contre la misère, ils ont substitué les constructions misérables des plans Beveridge et autres qui visent uniquement à faire porter par les masses elles-mêmes le fardeau nécessaire des crises capitalistes. Chaque jour de guerre accroît ainsi l’antagonisme qui oppose les masses des pays démocratiques à leur bourgeoisie : la chaîne ininterrompue des grèves en Angleterre, aux Etats-Unis, en Australie dresse les masses ouvrières contre la coalition des patrons, de l’Etat et des bureaucrates réformistes, prépare l’explosion révolutionnaire de demain. Lorsque Staline dissout l’Internationale au moment même où, pour la première fois dans les pays démocratiques, un courant de masse profond se tourne vers elle, il donne ainsi une assurance à Churchill et à Roosevelt contre la révolution dans leur propre pays. Il ouvre la route à l’offensive patronale contre les travailleurs américains, et, non content de rendre possible l’existence d’une législation férocement réactionnaire contre les grèves, il condamne la lute des ouvriers américains pour leurs droits les plus élémentaires.

La décision prise à Moscou mènera inévitablement à la dissolution des parts communistes et à leur intégration dans les parts réformistes. Le stalinisme prendra place ainsi sous le drapeau qui iut le sien, celui de la collaboration de classes et l’union sacrée. Cela ne signifie naturellement en aucune façon que Staline renoncera à exercer dans les différents pays une pression sur la diplomate au moyen d’agents stipendiés et payés. Mais, de plus en plus, ces agents se recruteront dans le monde des politiciens en quête de contrats, des journalises en quête de public, des femmes du monde en quête d’une nouvelle mode ; à l’ère de l’Internationale succède définitivement l’ère des amis de l’URSS, l’ère des Prit et des Corliss Lamont, des Staford Cripps et des Mercier, des Pierre Cot et des Alvarez del Vayo. Quel que soit pourtant le prix que mette Staline à s’attacher des personnages honorables, il ne pourra en définitive compter que sur leur trahison au moment décisif. De même, l’orientation nationale des derniers noyaux staliniens dans les pays alliés fera en définitive d’eux les laquais de leur impérialisme, jusques et y compris contre l’Union soviétique. La parole prononcée par E. Brotder, le chei du PC américain, en 1938 —«En cas de guerre entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, je servirais naturellement ma patrie, les Etats-Unis, contre l’URSS» — prend aujourd’hui toute sa signification : ou bien la bureaucrate russe capitulera complètement devant les exigences de l’impérialisme américain, ou bien celui-ci imposera la capitulation par les armes avec l’aide des dirigeants staliniens américains. Croire qu’au dernier moment, s’il le faut absolument, on pourra faire quand même appel à l’action des travailleurs, c’est seulement préparer une nouvelle défaite sanglante pour le prolétariat : précipités, s’ils écoutaient Staline, du pire opportunisme dans la plus éphémère des aventures, les meilleurs combattants de la classe ouvrière seraient livrés à une répression impitoyable sans le moindre profit ni pour les travailleurs de leur propre pays ni pour l’Union soviétique.

Les masses des pays démocratiques ne veulent pas recommencer l’expérience du Front populaire ; elles veulent aller plus loin elles veulent faire la révolution. C’est seulement sous le drapeau de la IVe Internationale qu’elles pourront réaliser leurs aspirations. C’est seulement sous son drapeau qu’elles pourront, au travers des lutes pour leurs objectifs de classe, apporter une aide véritable à l’Union soviétique.

En Angleterre, aux Etats-Unis, en Australie, la IVe Internationale unira sous son drapeau les masses trompées et dupées, exploitées et spoliées, meurtries et saignées, et les conduira vers la prise du pouvoir.

Dans toute l’Europe, la révolté gronde. Dans tous les pays, les masses, fortes de la défaite certaine de l’impérialisme allemand, se préparent à balayer, avec les régimes réactionnaires et corrompus nés sous la protection des baïonnettes nazies, la domination de la bourgeoisie et du capital financier : la défaite militaire de l’Allemagne ne doit pas seulement donner le signal de la liquidation du national-socialisme mais aussi celui de tout l’ordre capitaliste en Europe. Les masses, par vagues dispersées, commencent à entrer en action ; à travers tout le continent, les mouvements se répondent : grève générale à Oslo, grève à Varsovie, grève à Prague, grève générale en Hollande, en Belgique ; bandes de partisans dans les Balkans, bandes de réfractaires en France ; manifestations en Italie, en Allemagne, en Hongrie ; grèves au Portugal, montée d’une nouvelle vague en Espagne. Partout les masses ne sont animées que d’un seul désir : elles veulent qu’un changement radical accompagne la liquidation de cette guerre. Les masses veulent la révolution.

L’impérialisme anglo-américain apporte la contre-révolution. Les masses veulent briser définitivement la dictature capitaliste. L’impérialisme anglo-américain veut substituer à la dictature du capitalisme allemand sa propre dictature. Les masses veulent en finir avec les Pétain, les Franco, les Horthy, et les régimes des gauleiter, elles veulent instaurer le pouvoir des ouvriers et des paysans ; l’impérialisme anglo-américain amène dans ses fourgons Giraud, Sikorski et la reine Wilhelmine ; il multiplie les négociations avec Franco et Salazar, les tractations avec Mannerheim, les marchandages avec le Vatican, les combinaisons louches avec les réactionnaires d’Ankara. La dissolution de l’Internationale ne signifie rien moins que la capitulation de Grenier devant de Gaulle et de De Gaulle devant Giraud, en dépit de tous les communiqués triomphants ; rien moins que le iront unique avec Franco-Salazar ; rien moins que l’adoption du mot d’ordre : « Tout le pouvoir aux ministres capitalistes ! » Elle signifie la subordination totale de l’action ouvrière à l’action militaire des alliés, la volonté de soumettre l’action revendicative aux perspectives stratégiques, de remettre l’arme de la grève aux mains des généraux et non des délégués ouvriers ; la volonté d’entraîner le prolétariat dans la voie de la reconstitution de l’armée bourgeoise et non de créer des milices ouvrières ; la volonté de subordonner l’action militaire des partisans aux plans stratégiques établis à Londres et à Washington ; la volonté non d’organiser et d’unifier, de pousser en avant le mécontentement des masses, mais de le comprimer jusqu’au moment où il sera possible de l’utiliser sous les drapeaux de l’impérialisme. Exaspérés par des années de famine, de misère et de souffrance, de répression et de bombardements, les masses commencent déjà à agir. Préoccupés d’empêcher le désordre et l’anarchie, les rébellions et la révolution, préoccupés de partager l’Europe avant de l’envahir, les états-majors alliés, au contraire, rassemblent avec une patente lenteur d’énormes masses d’hommes et de matériel aux portes de l’Europe, subordonnent leur action militaire à leurs plans politiques réactionnaires. En tentant, par la dissolution du Komintern, de soumettre les masses de l’Europe aux états-majors angloaméricains, la bureaucrate stalinienne ne trahit pas seulement la révolution de demain ; elle est directement responsable aujourd’hui du prolongement des souffrances des masses. Après avoir, en menant le prolétariat mondial de défaite en défaite, rendu la guerre impérialiste inévitable, Staline, par sa nouvelle trahison, contribue encore à infliger de longs mois de souffrances accrues aux masses et à barrer la route à l’issue révolutionnaire.

Le prolétariat affamé, torturé et saigné de l’Europe ne peut imposer une fin rapide à ses souffrances qu’en rompant définitivement avec l’impérialisme mondial, qu’en répudiant toute alliance avec sa propre bourgeoisie, qu’en rejetant la politique d’union sacrée de Staline. La liquidation véritable du fascisme par la liquidation du capitalisme, la liberté véritable par la dictature du prolétariat, c’est seulement sous le drapeau de la IVe Internationale que les masses peuvent l’imposer.

A travers tout le continent, les sections de la IVe Internationale en Pologne, en Espagne, en Belgique et en Grèce, en France et en Allemagne lutent pour l’émancipation socialiste de l’Europe.

Il n’est pas de pays au monde où les masses aient consent d’aussi lourds sacrifices qu’en Union soviétique. Ces sacrifices, les ouvriers et les paysans russes les ont faits parce qu’en dépit des méthodes sanglantes de la bureaucrate, en dépit de la part grandissante de profit qu’elle prélevait, ils voulaient défendre leur Etat, l’Etat ouvrier, né d’Octobre, encore vivant, malgré toutes les déviations et les dégénérescences, parce qu’ils voulaient préserver la propriété collective des usines, l’exploitation coopérative de la terre. En aucun autre pays n’était concevable l’héroïsme de Sébastopol et d’Odessa, le redressement de Rostov, la résistance de Léningrad, de Moscou, de Stalingrad. Mais la bureaucrate stalinienne n’a cessé de remettre en question chacune des conquêtes des masses : chaque victoire a été une occasion pour renforcer en URSS même les tendances réactionnaires, pour barrer la route à toute nouvelle manifestation de l’initiative de ces niasses qui venaient de sauver la patrie prolétarienne. La dissolution de l’Internationale communiste constitue dans cette voie un pas particulièrement décisif en rompant le dernier lien formel qui unissait l’URSS à la révolution prolétarienne mondiale, en faisant du national-socialisme la doctrine officielle de l’Etat soviétique, Staline creuse sa propre tombe ; il laisse à l’intérieur le champ libre aux tendances les plus réactionnaires, aux bureaucrates engraissés par le marché noir, aux paysans des kolkozes millionnaires, à la caste des officiers. La dissolution de l’Internationale communiste constitue la meilleure justification théorique et pratique des Vlassov et des Boutenko, qu’ils soient à la solde de l’impérialisme allemand ou de l’impérialisme américain. Elle prépare, au travers de la liquidation de la bureaucrate, la chute des derniers vestiges d’Octobre sous le coup des agents russes de l’impérialisme. Mais les masses soviétiques n’ont pas consent d’aussi énormes sacrifices pour qu’à l’Etat ouvrier se substitue une exploitation impérialiste de type colonial. Au programme de contre-révolution bourgeoise de l’impérialisme, les masses opposent le programme de la révolution politique ; elles veulent chasser la bureaucrate du pouvoir, prendre en main l’administration de l’économie par le moyen des comités ouvriers et paysans. Ce programme, qui est celui du retour à la tradition d’Octobre, c’est celui du trotskysme, celui de la IVe Internationale.

Ainsi, il n’est pas un seul pays dans le monde qui ne soit mûr pour la prise du pouvoir par le prolétariat. Il n’en est pas un seul qui n’appelle la révolution prolétarienne mondiale. Il n’en est pas un seul où le prolétariat ne se rassemble pour la lute, pas un où la classe ouvrière ne cherche des yeux le part mondial qui la guidera à la victoire. Ç’est ce moment précis que Staline choisit pour passer à l’adversaire, pour se ranger définitivement sous le drapeau de l’impérialisme. Le fossé qui sépare les classes passe désormais entre la bureaucrate russe et le prolétariat ; le seul rôle que puissent désormais jouer ses agents dans la classe ouvrière, c’est celui de super-Noske de la contre-révolution mondiale, de bourreaux sanglants de l’avant-garde ouvrière.

L’heure de la IVe Internationale a sonné[modifier le wikicode]

Mais Staline, pas plus que Churchill ou Roosevelt, pas plus qu’Hitler ou Franco, ne saurait arrêter la lute des classes. Il a tué de ses mains la IIIe Internationale. Déjà, la IVe Internationale se lève pour la remplacer. La IVe Internationale n’est pas seulement un espoir, elle n’est pas seulement un souhait qui, demain peut-être, prendra corps. Elle existe déjà, lute, soufre et combat dans plus de trente pays. Les masses se rassembleront demain sous son drapeau et demain elle vaincra !

La IVe Internationale n’est pas, ne pourra jamais être un instrument conçu par Staline pour on ne sait quelle monstrueuse manœuvre. Lorsque la propagande hitlérienne insinue une telle chose, elle ment délibérément ; elle voudrait rejeter sur les partisans implacables de la révolution prolétarienne mondiale le déshonneur et la honte qui s’attachent au nom de Staline. Cette manœuvre grossière sera déjouée : les masses savent déjà que la IVe Internationale, c’est l’Internationale de Trotsky ; elles savent qu’elle inscrit sur son drapeau, en même temps que la lute la plus déterminée pour la défense de l’URSS, le combat le plus impitoyable contre la bureaucrate traître et parasite de Staline.

La IVe Internationale est née au cours d’une lute de vingt années pour le programme et les principes bolcheviques. Sort en Russie de la lute pour l’industrialisation et pour la démocrate, soudé dans le combat contre la théorie du socialisme dans un seul pays, uni autour de la conception de la révolution permanente, son noyau initial s’est efforcé pendant dix ans de travailler, dans l’Internationale communiste, parmi les militants groupés à l’appel de Lénine, à la formation des cadres bolcheviques internationaux. Mais lorsqu’en 1933 l’opposition ne put empêcher le Part communiste allemand de capituler sans combat, lorsque Staline eut démontré que son seul désir était d’empêcher l’avant-garde ouvrière de tirer les leçons de la plus terrible défaite qu’ait jamais subie le prolétariat, elle leva haut et ferme, à travers le monde, le drapeau de la IVe Internationale marxiste-léniniste.

La lute pour la IVe Internationale, c’est alors la lutte pour le rassemblement de toute l’avant-garde révolutionnaire autour du programme bolchevique. Au travers de la révolution trahie en Espagne, de la révolution avortée en France, le mouvement pour la IVe Internationale affermit ses cadres, précise son programme, sépare les centristes-révolutionnaires de la phrase des militants bolcheviques révolutionnaires en acte. En 1938, affirmant, malgré la défaite en Espagne, sa confiance dans la victoire finale du prolétariat, la IVe Internationale, part mondial de la révolution socialiste, lance son déf à l’impérialisme et à la guerre qui vient. Depuis, la lute ne s’est pas arrêtée un seul instant : à travers toutes les défaites, à travers tous les tournants, méprisant toutes les calomnies et toutes les menaces, la IVe Internationale a continué sa route.

Pas un seul instant elle n’a mêlé son drapeau, le drapeau du socialisme, à ceux de l’impérialisme, ceux de la guerre et de la barbarie, pas un seul instant elle n’a pactisé avec l’adversaire ; pas un seul instant elle n’a renié son programme, le programme de la révolution prolétarienne mondiale et des Etats-Unis socialistes du monde. Pas un seul instant, elle n’a renoncé à la lutte pour la défense des intérêts ouvriers, la seule dont puisse sortir la guerre civile mondiale contre le capital et le triomphe de la révolution. Des centaines, des milliers des siens ont payé de leur vie leur fidélité inébranlable à leur programme et à leur classe : de Jofé à Blumkine, à Ertin Woli, à Rudoli Klement, à Ignace Reiss, à Léon Sedov, à Grant Dunne, à Jean Meichler, à Léon de Lee, à Léon Lesoil, la liste est longue de ceux des siens qui ont donné leur vie pour la cause ouvrière ; et Léon Trotsky, mourant à son poste de combat sous les coups d’un tueur de Staline, après une vie tout entière consacrée au service de la classe ouvrière, est le symbole le plus glorieux de l’implacable volonté révolutionnaire qui anime la IVe Internationale.

Des milliers de « trotskystes » soufrent dans les camps de concentration d’Allemagne, dans les isolateurs de Sibérie, dans les prisons de Vichy; James P. Cannon, secrétaire de l’Internationale, subit la répression démocratique de Roosevelt ; Ta-Thu-Thau, l’héroïque révolutionnaire indochinois, vit dans l’exil ; partout aux Indes, en Angleterre, au Brésil, en Pologne, en Grèce, la répression a frappé la IVe Internationale. Ce terrible martyrologue n’est pas seulement le témoignage émouvant du dévouement des militants bolchéviques-léninistes à leur classe. Il démontre mieux que de longues raisons que la IVe Internationale existe ; si faible qu’elle soit encore, si peu nombreux que soient encore ses cadres, elle n’en est pas moins l’avant-garde mondiale, le détachement avancé de la classe ouvrière internationale : dans tous les pays du monde, des militants inébranlables lutent sous son drapeau, montrent la voie de la victoire.

Certes, ni leurs souffrances, ni leurs lutes ne donnent aux militants de la IVe Internationale la vanité de croire qu’ils auront demain, par miracle, le droit exclusif de mener les masses au combat. La tâche qu’ils se donnent au contraire, c’est d’unir sous leur drapeau tous les militants de l’avant-garde ouvrière.

C’est pourquoi ils s’adressent aujourd’hui à tous les militants de l’Internationale communiste. Pour vous, le drapeau de l’Internationale communiste, c’était le drapeau de la révolution mondiale, le drapeau de la lute sans compromis contre la bourgeoisie, le drapeau de la lute pour la dictature du prolétariat, le drapeau des soviets victorieux sous Lénine. C’est pour cette cause que nombre des vôtres ont donné leur vie ; pour cette cause que vous avez souffert ; c’est cette cause que vous entendez faire triompher. La bureaucrate stalinienne peut trahir votre idéal ; vous entendez lui rester fidèles. L’heure est venue où nous devons ensemble reconstruire le part mondial de la révolution. L’heure est venue où nous devons ensemble luter pour unir les masses sous son drapeau, le drapeau de la République mondiale des soviets. L’heure est venue où nous devons, dans le combat commun, au travers de l’expérience commune, démocratiquement discutée, rassembler la grande armée mondiale, unie et disciplinée, du socialisme.

Camarades communistes, militants révolutionnaires, la Première Internationale a donné au mouvement prolétarien son programme et son drapeau. La IIe Internationale a rassemblé autour de l’idée socialiste les larges masses ouvrières. La IIIe Internationale a levé sur le monde le drapeau victorieux de l’insurrection d’Octobre. Avec la IVe Internationale, vous emporterez la victoire, vous instaurerez le socialisme !

Contre la guerre impérialiste ! Pour les Etats-Unis socialistes du monde !

Contre la réaction capitaliste mondiale et ses agents et « alliés » les bureaucraties socialdémocrate et stalinienne !

Pour la révolution mondiale !

Contre l’union sacrée ! Pour la lute de classe et l’insurrection prolétarienne !

Pour la défense des conquêtes socialistes de l’URSS contre ses ennemis extérieurs et intérieurs !

En avant sous le drapeau de Marx, de Lénine, de Trotsky, le drapeau de la IVe Internationale !

Le Secrétariat européen de la IVe Internationale, Juin 1943